les fleurs : ces arts si délicats, qui font le charme de notre vie, sont laissés aux dames, et considérés comme indignes d'occuper le temps d'un Yankee. Pauvres Yankees ! S'ils pouvaient comprendre tout ce que la musique peut procurer de délassements et de jouissances à l'esprit fatigué par les calculs et les soucis de la vie positive, ils seraient, certes, moins taciturnes, moins sombres que je ne les ai vus.
L'école militaire de West-Point et tout le plateau qui en dépend sont la propriété exclusive du gouvernement fédéral, qui en a fait l'acquisition à l'État de New-York. Nul ne peut bâtir une maison, tenir un hôtel sur les terres avoisinantes sans la permission des autorités militaires. On me fit voir succesivement le manège, le laboratoire, l'observatoire, la bibliothèque, l'hôpital, le réfectoire, la chapelle, la caserne. Puis on me montra des reliques de la guerre d'indépendance, des canons enlevés aux Mexicains, un mortier et des drapeaux pris aux Anglais, et bien d'autres objets qui semblent avoir été mis là pour exalter le patriotisme des futurs défenseurs de la patrie.
La caserne des cadets est un imposant bâtiment en pierre contenant cent soixante-seize chambres, dont cent trente-six pour les cadets. Ces chambres sont meublées avec la plus grande simplicité : on accoutume les élèves à souffrir toutes les rigueurs de la vie militaire à laquelle ils se destinent. Chaque chambre est occupée par deux cadets : tout l'ameublement se compose de deux lits en fer, de chaises, de tables et autres objets de stricte néces-