Il faut savoir que Lachine, dont j'ai déjà mentionné le nom à propos des rapides, n'a absolument rien de commun avec l'empire du Milieu : je n'y ai pas vu l'ombre d'un Chinois. C'est tout simplement à une erreur géographique que cette localité doit son nom. Les premiers explorateurs du Saint-Laurent s'imaginèrent que ce fleuve n'était qu'un bras de nier qui offrait une nouvelle route vers la Chine et l'Inde. Dans cette conviction, ils remontèrent le Saint-Laurent au-dessus de Montréal, et lorsqu'ils arrivèrent à l'endroit où le fleuve s'élargit et forme ce que l'on appelle le lac Saint-Louis, ils tombèrent en extase et s'écrièrent : « La Chine ! la Chine ! » Avant d'atteindre les rivages du Céleste Empire, ces braves navigateurs auraient eu encore une jolie étendue de pays à parcourir !
Mais le nom de Lachine réveille des souvenirs plus dramatiques. Les massacres de Lachine forment l'un des épisodes les plus sanglants de l'histoire du Canada. Les premiers colons qui vinrent s'établir dans la Nouvelle-France furent souvent victimes de la perfidie des Indiens. L'un de ceux-ci surtout nourrissait une haine profonde contre les blancs : c'était le chef huron dont le nom authentique était Michillimakina. Les Français étaient en train de conclure un traité de paix avec les Six Nations, mais ce chef résolut de rompre les négociations entamées. Les députés indiens venaient de quitter Montréal et retournaient paisiblement à leurs tribus pour leur soumettre le traité, quand le Huron fondit sur eux avec une poignée de guerriers, en massacra