observer d'autres moeurs, d'autres types, il faut franchir la frontière qui sépare l'Union de la nation canadienne.
On entend peu parler de ce peuple qui se développe silencieusement à côté de la fiévreuse et turbulente république américaine. Le peuple anglo-canadien parle la même langue que le peuple américain ; il descend de la même origine, et cependant l'Anglo-Canadien a sa physionomie à lui : nul ne le confondra avec le Yankee. La population de l'Amérique anglaise forme une nationalité bien distincte de celle des Etats-Unis.
Cette nationalité a pris un nouvel essor depuis la création de la grande Dominion, depuis la réunion en 1870, sous un même gouverneur et sous un même Parlement, des diverses provinces britanniques. De l'Atlantique au Pacifique, s'étend maintenant, au nord des Etats-Unis, le nouvel empire d'un grand peuple uni, indépendant, économe, soumis aux mêmes lois, aux mêmes impôts, possédant d'admirables voies navigables, d'immenses forêts, de vastes régions agricoles. Qui peut prévoir l'influence que les Norlhmen du Canada exerceront un jour sur leurs voisins du Sud, dont les moeurs ont une tendance visible à se relâcher ?
Toronto offre peu d'attraits au touriste. Son nom est emprunté à la langue iroquoise, et signifie lieu de réunion. La ville est tirée au cordeau suivant la mode américaine, et rues et maisons se ressemblent tellement, que l'étranger ne saurait les distinguer les unes des autres. Le bois étant très-abondant au Canada, les rues sont planchéiées au lieu d'être pavées; les artères principales sont couvertes