Voici les principales causes qui restreignent les chances d'accidents. Les wagons américains peuvent, beaucoup mieux que nos fragiles voitures, résister à des chocs violents; ils sont spécialement construits en vue des collisions : leurs parois n'ont pas moins de dix centimètres d'épaisseur. Chaque voiture est munie de barres prismatiques qui font saillie à l'avant comme à l'arrière, et vont s'engager sous le tablier de la voiture voisine, de telle sorte que tous les wagons sont, pour ainsi dire, rivés ensemble, et ne forment qu'un seul tout. Ces engins, qu'on désigne, je ne sais trop pourquoi, sous le nom de ielescop, ont pour but d'empêcher les wagons de grimper les uns sur les autres en cas de rencontre : c'est aussi simple qu'ingénieux, et je m'étonne que cette belle invention n'ait pas encore été adoptée en Europe. Les voitures sont attelées par le système Miller coupler qui permet de les dételer instantanément pendant la marche des trains. Sur la plupart des lignes on a adopté les freins Westinghouse : sous les wagons sont fixés des cylindres à air comprimé, qui communiquent entre eux au moyen de tuyaux de caoutchouc. Un cylindre de plus grande dimension est fixé à la locomotive ou au ten-der, et le machiniste peut, en appuyant la main sur un levier, faire agir cette force dans toute l'étendue du convoi. Avec l'appareil Westinghouse, un train lancé à toute vitesse peut être arrêté en moins de deux minutes dans un intervalle de trois cents pieds. Les courbes, même de petit rayon, n'occasionnent jamais de déraillements. C'est en prévision des courbes que les voitures