émergent à trois cents pieds au-dessus de l'eau, et dont la partie immergée plonge à une profondeur sept fois plus considérable. Presque tous ces icebergs étaient échoués sur la côte de Terre-Neuve. Quelques-uns flottaient au large, se laissant aller au fil du courant avec toute la majesté de la force inerte. Malheur au navire qui irait butter à toute vapeur contre ces murailles de glace !
On ne peut se figurer les teintes fantastiques des ice j bergs sans les avoir vus. La plupart, couverts d'une fourrure de neige, sont d'une blancheur éblouissante. D'autres sont trop escarpés pour que la neige puisse y rester adhérente : ceux-là sont d'une teinte vert pâle avec des reflets d'émeraude, et semblent, pour ainsi dire, transparents lorsque le soleil fait miroiter leurs parois. Ces miroitements les font apercevoir à des distances énormes.
Ce que nous vîmes de baleines dans les eaux de Terre-Neuve ne se peut imaginer. Elles abondent tellement dans ces parages, que nous en avions parfois une douzaine en vue. Leur présence s'annonce par les jets d'eau qu'elles lancent par leurs évents. Elles m'ont semblé d'une taille beaucoup plus petite que celles que j'ai rencontrées dans la mer Glaciale. Ces cétacés ont ici un redoutable adversaire : c'est une espèce de requin que les matelots anglais appellent thrasher: ils sont presque aussi nombreux que les baleines. Parfois ces squales passaient si près de nous, que nous pouvions entendre leurs mugissements caverneux.