Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Journal des débats politiques et littéraires

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1870-12-31

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 200316

Description : 31 décembre 1870

Description : 1870/12/31.

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k457830f

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87%.


.̃-•̃• .FRANGE

PARIS, 50 DECEMBRE,

Toujours continuation du bombardement sur les mêmes points, sans grands dommages pour nous jusqu'à présent. Quelques journaux, entre autres la Patrie et l'Electeur libre, assurent avoir appris de bonne source, c'est-à-dire par des journaux allemands parvenus à nos avant-postes, que le général de Chanzy aurait fait sa jonction avec les forces de l'Ouest et du NordOuest. Nous répétons ce bruit sous toutes réserves, mais ce qui semble certain, c'est que le mouvement de résistance de la province s'accentue de plus en plus, et que de notre côté nous n'allons pas rester longtemps encore sur la défensive. S'il faut en croire une lettre adressée au Siècle, M. deKératry, après avoir subi un échec à latête del'armée qu'il commandait, aurait envoyé au gouvernement de Tours sa démission, en lui demandant de servir avec un grade inférieur sous les ordres de son successeur. Il n'y aurait rien de plus honorable pour M. de Kératry qu'un pareil trait de patriotisme et d'abnégation.

Nos réflexions sur la brochure justificative de M. Benedetti ont déplu au National. Il prend aujourd'hui contre nous et contre M. Benedetti la défense de la majorité de l'ancien Corps-Législatif, ce qui nous étonne un peu, car si nous avons bonne mémoire, ce journal s'inspirait des idées la minorité, et il avait pris place dans la presse de l'Opposition. Mais c'est là un point sans intérêt, et sur lequel nous croyons inutile d'insister, Nous tenons seulement à relever dans son argumentation une erreur défait quiest le pointde départde son attaque contre nous. Il nous reproche de n'avoir pas voulu la guerre contre la Prusse, et à cet égard il est pleinement dans le vrai Non certes, nous n'avons pas voulu la guerre, et ce qui se passe aujourd'hui montre que nous avions cent fois raison de ne pas la vouloir. Mais il ajoute « Il nous semble pourtant que la lumière est faite à présent, et que pour empêcher cette guerre, ce qu'il aurait fallu, c'eût été simplement laisser faire à la Prusse une nouvelle enjambée qui eût rendu ladite guerre non moins inévitable, mais plus terrible encore. Voit-on la Prusse installée en ce moment en Espagne, et lançant sur nos frontières pyrénéennes d'autres armées hispano-prussiennes? » Voilà où le National commet une erreur matérielle. Il oublie que la candidature du prince Léopold de Hohenzollern avait été retirée, et que cet incident politique était terminé à notre satisfaction lorsque de nouvelles et inutiles exigences du gouvernement français firent éclater la guerre. Il était donc non seulement possible, mais très facile de conserver la paix, sans l'acheter au prix de l'établissement des Hohenzollern en Espagne, établissement qui, pour le dire en passant, n'aurait du reste eu aucune des conséquences que prévoyait le National; il suffisait de le Vouloir. Voilà tout ce que nous avons à répondre au JVafàjJtaZ. U setrétaire de la reddition, p. bavi».

BOURSE BE PAHÎS.

CLOTURE la 29. le 30. EADS88. BAISSE.

:9 Oή

Comptant. 32 5 51 80".?" 23 Fin cour. 32 51 30 iEsnprcnt.

Comptant. 52 83 B2 80 5 Fin cour.. 83 52 80 20 •t 8/© ©/©

Comptant. 79 75

Nouvelle» de la guej'pe.

Rapports militaires.

29 décembre.

Aujourd'hui le bombardement a redoublé d'intensité ses effets sur le plateau d'Avron, qui n'a cessé d'être canonné, ont démontré l'anp portunité de l'évacuation qui a été opérée la nuit dernière. Les 74 pièces d'artillerie qui ont é, retirées à peu près intactes auraient été complétement désorganisées par le feu violent de la journée il a été plus particulièrement dirigé contre les forts de Rosny, Nogent et Noisy, qui ont fait bonne contenance sous une pluie d'obus d'une dimension extraordinaire, lancés à grande distance.

Des dispositions sont prises pour que cette artillerie soit contre-battue par les plus gros calibres dont dispose la défense. Il y a eu au fort de Nogent 14 blessés, dont 2 canonniers auxiliaires

Au fort de Rosny, 3 tués, dont 2 artilleurs de la garde nationale 9 blessés, dont 4 artilleurs de la garde nationale

Au fort de Noîsy, quelques contusionnés 'seulement.

L'ennemi a ouvert le feu sur Bondy, où nous avons eu 2 hommes tués et 6 blessés.

2e secteur, le 28 décembre, dix heures cinquante-cinq minutes du soir.

Général commandant 29 secteur au gouverneur de Paris, ministre de l'intérieur. Le rapport de mon officier d'état-major à la porte de Montreuil donne les renseignemens suivans

On estime à 5 ou 6,000 les projectiles lancés aujourd'hui par les batteries prussiennes. Le chemin entre Rosny et Avron était impraticable, les projectiles y arrivant en très grand n'ombre. Il y a des blessés dans le village et sur le chemin de fer.

Créteil, le 29 décembre, neuf heures l dix minutes matin.

Colonel Le Mains à général Ribourt, i, à Vincennes.

Nuit très calme. Rien de nouveau sur notre ligne hier, à huit heures et demie du soir, quatre coups de canon tirés de Choisy sur la batterie placée de l'autre côté de la Seine à hauteur de notre première tranchée. Les projectiles' prussiens passaient au-dessus de nous. Quelques Prussiens se dé-.ployèrent en tirailleurs et échangèrent des coups de feu avec les gardes nationaux placés à la batterie. Les balles ricochaient jusque dans nos tranchées. Nos hommes n'ont pas tiré. Personne n'a été atteint.

Neuilly, le 29 dicembre, dix heures dix minutes du matin.

Général de Beaufort au général Vinoy, à Rosny.

Hier matin, attaque par 2 ou 300 hommes sur la maison Crochard, venant de Longboyau, repoussée par la première décharge ne s'est plus reproduite.

L'ennemi se barricade, dans Chatou et semble renforcer ses lignes. Il brûle aux abords de la Malmaison les maisons qui le gênent.

Hier, dans la soirée, petite alerte au poste de la station de Rueil.

Mont Valérien, le 29 décembre, J

une heure quinze minutes

du soir. (

Général Noël au gouverneur de Paris. 3 Le pont du chemin de fer de Rouen est 1 toujours dans le même état, c'est-à-dire J que la partie entre l'ile et nous est intacte, tandis que l'autre partie, au nord-ouest de l'île, est non seulement rompue près de l'île, mais encore la culée de la rive ennemie a été, il y a environ un mois, presque complètement détruite par les boulets des batteries de la presqu'île. C'est le pont du chemin de fer de Saint-Germain que l'ennemi a fait sauter il y a deux jours. < Mes renseignemens se confirment l'en- ] nemi a augmenté ses forces de ce côté, i Cette nuit encore, une de ses* reconnais- i sances est venue tâter le poste de la station dS Rueil sans le moindre succès. Il tra- vaille à reconstruire le pont de bateaux de 1 l'île de la Loge. Des maladies de toute sorte, s'il faut en croire les rapports des ] espions, déciment l'armée ennemie. (

30 décembre, soir.

Le feu de l'ennemi a recommencé ce matin à sept heures quarante-cinq minutes. Il a été vif pendant une partie de la journée, mais il n'a pas produit de sérieux effets. Il n'y a eu que 3 blessés au fort de Nogent, sur lequel se sont portés principalement ses efforts, et 2 au fort de Rosny. Le fort de Nogent a cependant été bombardé de huit heures du matin à quatre heures et demie du soir.

Le gouverneur a pu juger #ar lui-même de la solidité du moral des défenseurs des forts. L'artillerie de la garda nationale,' éprouvée dès le premier jour, est pleine d entrain et dé dévouement.

Le gouverneur de Paris.

Par ordre

Le général, chef d 'état-major général, SCHMITZ.

Pour copie conforme

Le ministre de l'intérieur par intérim, JULES FAVRE.

Les obsèques de l'abbé Gros, vicaire à Saint-Ambroise,' aumônier volontaire du 6* bataillon des mobiles de la Seine, tué par un obus sur le plateau d'Avron, ont eu lieu aujourd'hui à Saint-Ambroise.

M. Gaston'de Belzunce, âgé de vingt ans à peine, engagé volontaire au 12Se de ligne, vient de mourir, à l'ambulance du GrandHôtel, des blessures qu'il avait reçues à Villiers.

Tandis que dans certains clubs démagogiques on désespère absolument de la situation à moins que « la Commune » n'intervienne sans aucun retard comme le Deus ex machina pour nous tirer d'affaire, au club de la salle Valentino on est rempli d'espoir. Tout lejmonde, à commencer par le président, M. Vrignault, croit au succès final. Le citoyen Henricy y croit aussi, et cette conviction est chez lui d'autant plus méritoire, qu'il n'a malheureusement qu'une bien faible confiance dans le gouvernement de la défense nationale. Le citoyen Henricy n'hésite pas cependant à soutenir le gouvernement, mais c'est un peu, fauWl le dire? comme la corde soutient le pendu. Il lui reconnaît de l'honnêteté, de bonnes intentions et même un certain talent d'organisation seulement il l'accuse de manquer d'énergie et de ne compter dans son sein aucun homme de génie. À la vérité, ce n'est pas tout à fait sa faute, car « il n'y a plus d'hommes, en France », et il n'y en aura, d'après l'orateur, que dans quinze ou vingt ans. L'assemblée a trouvé que ce délai était un peu long, et elle a écouté avec plus de plaisir M. Simonin qui lui a donné des nouvelles rassurantes du fort de Rosny, que les Prussiens ont couvert d'une pluie d'obus, en faisant plus de bruit que de besogne. D'après l'orateur, il ne faudrait pas moins de six mois à l'assiégeant pour s'emparer de la double ligne des forts et de l'enceinte continue. Nous pouvons donc être en repos de ce côté, et il nous importe en réalité assez peu" de savoir si ce bombardement du fort de Rosny manque ou non de « logique

comme l'a recherché un troisième orateur. Le gouvernement, a-t-il dit aux applaudissemens de l'auditoire, a fait de Paris la première forteresse du monde, et l'on ne saurait équitablement l'accuser d'être dépourvu d'énergie comme l'a prétendu M. Henricy tout au plus pourrait-on lui reprocher un peu de mollesse. L'auditoire a souri en songeant peut-être à la fable de « l'ours et l'amateur des jardins » puis M. Prevet a appelé l'attention de l'assemblée sur les violations de domicile dont certains gardes nationaux se sont rendus coupables, en vue de découvrir des jambons ou des fromages « cachés. » M. Privet a vigoureusement protesté au nom de la liberté individuelle, et sa protestation a été accueillie par d'énergiques applaudissemens. Que dirons-^ nous encore de la motion d'un honnête citoyen engageant les journalistes à pardonner aux Allemands, qui sont un simple troupeau d'esclaves, et à s'en prendre exclusivement à Guillaume, à Bismark et à leurs suppôts? Cette motion n'a pas été du goût d'un autre citoyen, qui non seulement ne pardonne pas aux Allemands, mais qui ne leur pardonnera jamais. Ce citoyen, qui est tapissier de son état, s'est engagé solennellement à ne plus entretenir de relations d'amitié ou d'affaires avec les Prussiens et leurs alliés saxons, bavarois ou wurtembergeois. Ce serment, qui demeurera consigné dans les archives du club, ne rappelle-t-il pas de loin le serment d'Annibal? Au moins, s'il pouvait nou&^valoir un Annibal L'assemblée a applaudi avec modération, et la séance a été levée. P. DAVID.

ÂuDirecteur-Gérant du Journal des Débats. Paris, le 24 décembre 1870.

Monsieur, r

Je ne me pardonnerais pas de laisser de côté l'une des questions les plus vitales pour la démocratie française au point de vue spécial auquel je me suis placé je veux parler de l'instruction et de l'éducation. Tout a été dit, et trop bien dit pour y reve iir,sur la nécessité impérieuse de l'universelle instruction dans un pays de suffrage universel, si l'on ne veut pas abandonner ses destinées des forces aussi aveugles que celles de la nature et faire de l'urne du scrutin une affreuse boîte à surprises, un jeu de hasard qui ne profiterait qu'aux croupiers politiques. J'admets pleinement l'instruction primaire obligatoire, je la veux gratuite partout où l'indigence est constatée. Je me rallierais à la gratuité pour tous les cas, s'il n'y a pas d'autre moyen de ménager le sentiment de l'égalité, bien que je préférasse un sacrifice modéré de la part des parens qui peuvent y consentir, car je n'aime dispenser personne de ses devoirs. Peutêtre un impôt communal comme aux EtatsUnis serait-il la meilleure solution du problème.

L'enfant doit être instruit, mais c'est au père de famille à le faire instruire 'conformément à ses convictions. L'obligation ne peut donc porter que sur une certaine somme de connaissances exigées, mais non sur la manière de les acquérir. La plus grande liberté doit régner dans ce domaine, et l'Etat est tenu dé montrer un respect absolu du choix et des préférences des parens, en donnant toute latitude à la liberté de l'instruction primaire, sous la réserve de son inspection, limitée à l'observation des lois, aux mœurs publiques et à l'hygiène. Quand il enseigne lui-même, il doit conserver un caractère exclusivement laïque. L'enseignement religieux n'est pas de son ressort. La loi d'instruction publique de 1850 réclame une révision profonde, car elle s'est bornée à faire un partage entre l'administration et l'Église qui est déplorable et blesse le droit. Si l'État est tenu de s'abstenir de l'enseignement religieux il ne lui est pas permis d'enseigner la morale comme corps de doctrine, car la morale sans Dieu est un système particulier. En lui ouvrant ses écoles, il sort de la neutralité. Si nous repoussons l'union d'une religion avec l'État, nous ne voulons pas davantage de l'union d'une doctrine philosophique quelconque avec le pouvoir civil. Qu'il se contente donc de la morale sociale et politique, et qu'il n'aille pas plus loin. Le régime universitaire, qui porte l'empreinte hautaine et étroite de la centralisation impériale, doit être également remanié de la base au faîte. Je ne saurais mieux faire que de renvoyer sur ce point aux belles pages que M. Renan consacre à ce, sujet dans ses Questions contemporaines. « La science, dit-il excellemment dans sa préface, mettra de plus en plus la force entre les mains de la raison, qui maîtrise la matière et crée par l'instruction un peuple digne de servir l'esprit. La nation la plus scientifique, celle qui aura les corps officiels les moins routiniers et les moins jaloux, sera la mieux armée. »

Ces paroles sont douloureuses à relire aujourd'hui, mais elles n'en sont pas moins vraies. La liberté de l'instruction secondaire et supérieure est une victoire déjà remportée par l'opinion une fois réalisée, elle réagira heureusement sur l'enseignement de l'Etat. Il n'aura plus de philosophie et d'histoire patentées; ses Facultés sa rapprocheront du type des Universités alle- mandes qni sont ouvertes à toute doctrine. Les cours d'apparat seront remplacés par un enseignement plus modeste et plus solide, tout en conservant les grandes et bril- lantes qualités qui font la gloire des chaires françaises. Le système dangereux des con- i

cours sera aboli. L'uniformité rejoindra les uniformes dans le vestiaire des vieilles choses. La mission des maîtres futurs de nos jeunes générations est d'une incomparable grandeur. Puissent-ils la remplir en poursuivant avant tout le développement moral de leurs élèves, en les ramenant du culte de la forme à l'amour de la vérité, sûr moyen de sauver la forme elle-même, car le beau style est inséparable des fortes pensées. Ils auront à remplacer les dangereux stimulans de l'émulation par le sentiment de la responsabilité. Il faut faire désormais des hommes et des citoyens, bien plus que des lauréats, mettre les choses au-dessus des mots, et travailler à fortifier l'intelligence elle-même bien plus qu'à broder et à orner son vêtement.

Je n'ai garde d'oublier la large part qui devra être faite à l'instruction de la femme dans cette France nouvelle qui va sortir du milieu de tant de ruiùes. Il faudra sortir de la routine, et, par une culture large et tien entendue, demander les fruits sérieux de l'esprit là où l'on n'avait trop souvent cherché que les fleurs. Rien ne contribuera davantage à l'éducation morale de la nation et au relèvement du foyer domestique où s'élabore son avenir.

Je fais rentrer la question de l'armée dans celle de l'éducation. L'une des plus salutaires leçons infligées par nos malheurs, c'est d'avoir appris, ce que vaut le militarisme, c'est-à-dire le système qui sépare l'armée de -la nation, sinon par ses origines, du moins par sa constitution. Qu'on relise l'admirable livre du général Trochu sur la question militaire et l'on comprendra mieux l'histoire de ces derniers mois. La France n'a commencé à sauver son honneur, en attendant de sauver son sol, que quand elle s'est levée tout entière. Les armées de sa délivrance sont les sublimes improvisations de son patriotisme. Nous voudrions à l'avenir supprimer cette improvisation de l'armée nationale en en faisant une institution permanente, organisée de telle sorte que les fils de la France soient, sans exception, toujours prêts pour sa défense, tout en ne l'étant jamais pour la guerre de conquête. Cette préparation même, en coupant court aux molles habitudes du bien-être en mêlant à intervalles réguliers toutes les classes de la nation, sera une excellente école de dévouement, de vigueur morale et de fraternité. On ne lira plus ces mots qui bles- saient nos yeux On demande un remplaçant. Hélas I n'était-ce pas à bien des égards, la devise de la France, et ne demandait-elle pas des remplaçans à tous les degrés de l'échelle politique pour se décharger du soin de s'administrer et de se gouverner? Elle sait aujourd'hui où la conduit le système des remplaçans de toute sorte, à commencer-par le maire choisi par le préfet et à finir par l'empereur. Aussi n'en veut-elle plus, ni en haut, ni en bas, ni au civil, ni au militaire, ce qui entraîne une transformation non moins radicale de son armée que de son administration. Une fois l'éducation mise à la portée de tous et l'impôt du sang également réparti, la question sociale aura fait un grand pas. Elle n'en subsistera pas moins et elle devra être abordée dans un esprit de justice et de largeur. Par question sociale, je n'entends point la mise en question de la société elle-même et de ses principes fondamentaux. Si par socialisme on désigne un de ces nombreux systèmes qui font de la société ou plutôt de l'Etat, le producteur et le pourvoyeur universel, et par conséquent le répartiteur et le maître de nos destinées, il n'est point nécessaire de dire à quel point je le repousse, puisque je n'espère le relèvement du pays que par le réveil des libertés individuelles et le développement de l'être moral. Rien n'est plus opposé aux systèmes socialistes qui ne rêvent qu'une fausse égalité décrétée d'autorité. Mais n'est-on pas en droit d'espérer que la science économique/vivifiée par un sentiment profond de la solidarité humaine etde l'équité, neàpuisse éleverdeplus en plus le niveau général par la répartition mieux proportionnée des charges publiques, par le développement fécond du principe d'association et par bien d'autres mesures qui tendront à mettre aux mains de chaque homme les moyens efficaces de suffire à son existence et à celle des siens sans offrir néanmoins aucune garantie à la paresse et au vice? Le véritable individualisme, celui qui puise sa force dans la vie morale, n'aboutit pas à l'égoïsme et à l'isolement. La conscience nous tient un autre langage la justice n'y est pas gravée comme sur une froide table de pierre; elle y est inscrite en lettres de feu; elle a le dévouement pour inspiration et pour foi car la loi la plus élevée de notre être c'est la fraternité. Ne pas vi- n vre pour soi, c'est "la morale elle-même. Il nous faut sortir à tout prix de l'isole- ment qui élève /des barrières de classes où l'organisation politique n'en reconnaît plus. Tous les citoyens se sont mêlés aux remparts et aux bivouacs pour défendre la patrie commune ils ne se sépareront

plus.

Tout nous ramène à cette conclusion, que notre relèvement dépend de notre amélioration. Entrons résolument dans ces, voies nouvelles et fondons ainsi définitive- ment le régime républicain. Plus de retour en arrière; plus de restaurations plâtrées. Lamartine disait en 1848 que si la Repu- blique périssait, il perdrait sa partie avec la destinée. Je reprends celte parole pour notre pays dans les circonstances actuelles, 1 l car son honneur est attaché à ce qu'il eu

ressorte renouvelé, moralement agrandi. Il est certain que, quelle que soit l'issue de la lutte, la France demeurera appauvrie pour longtemps; ce serait un appauvrissenent sans compensation si elle s'embourbait de nouveau dans les ornières d'un doctrinarisme étroit. Donnons-lui la glorieuse revanche de la liberté, elle retrouvera ainsi plus que ce qu'elle aura perdu, en attendant de tout recouvrer. L'Allemagne, enivrée de son triomphe avant même qu'il soit certain, se donne un empereur. La France en perd un, et le gain est pour elle si elle parvient à fonder une république qui soit la garantie.dé toutes les libertés. Elle aura du coup rétabli l'équilibre européen, car elle sera l'épouvante de tous les despotïàines et de toutes les usurpations, comme en 1789. La crise actuelle fait passer au creuset notre grande Révolu,tion elle se purifie de son alliage à ce feu terrible. Le métal en ressortira plus brûlant que jamais, mais purifié de ses scories. Jetez dans les balances de l'Europe le glaive flamboyant de la Révolution française ainsi retrempé, il y pèsera plus que l'épée de Camille dans celles de Brennus. Nous retrouverons d'autant plus rapidement l'ascendant, que notre adversaire se sera montré plus audacieusement le contempteur du droit. Mais, en attendant, il s'agit de combattre sans métaphore, de combattre jusqu'au bout sans se lasser, sans se décourager. Nul relèvement moral n'est possible sans la prolongation de la lutte. C'est le devoir présent que rien ne peut remplacer. Notre cœur frémit d'enthousiasme en voyant comment il est accompli d'une frontière à l'autre. Que Dieu sauve la France, et que ce salut soit tout ensemble la victoire sur elle-même et sur l'étranger I

Recevez, monsieur le Directeur, l'assurance, de mes sentimens les plus distingués. EDMOND DE Pjressensé.

On lit dans l'Electeur libre de ce soir « Les avant-postes ont quelquefois connaissance des journaux allemands qui n'arrivent que plus tard au siège du gouvernement, quand ils y arrivent.

» D'après ces communications, que nous tenons de bonne source, il paraît certain que l'armée de Chanzy aurait fait sa jonction avec les forces de l'Ouest et du NordOuest. <r.

» Un corps d'armée français est apparu à Châteaudun, disent les journaux du 20 décembre.

» Les mêmes journaux annoncent également des levées d'hommes considérables dans les départemens envahis, même en Lorraine.

» Le conseil du gouvernement a duré jusqu'à une heure et demie du matin; mais la séance avait commencé tard. » Le général Trochu ne rentre presque jamais qu'à une heure avancée de ses courageuses excursions aux forts, dont certaines routés sont aujourd'hui labourées par les obus.

» La discussion a été longue, et nous ne doutons pas' que les mesures nécessitées par l'attitude offensive de l'ennemi, ne soient prises dans un bref délai.

» M. Eugène Collonnier, lieutenant- de la garde mobile de la Vendée, officier d'ordonnance de M. le général Fournès, a été tué le 22 décembre au matin sur le plateau d'Avron.

» Une instruction est commencée contre plusieurs officiers de mobiles, accusés d'avoir pris la fuite lors de l'affaire de la VillaEvrard, où le général Blaise a trouvé la mort. » Encore un souvenir historique qui disparaît.

» On sait que La Malmaison était devenue un nid de Prussiens. Après l'avoir canonnée plusieurs fois, le mont Valérien vient de l'incendier tout à fait.

» A l'heure qu'il est, il ne reste plus là qu'un monceau de ruines, comme à SaintCloud. »

On lit dans le Constitutionnel r

« Le plateau -d'Avron est aux Prus» siens! »

» Voilà ce qu'on nous écrivait bien avant l'envoi du bulletin militaire officiel de trois heures après-midi, qui a confirmé authentiquement la nouvelle. » Il est vrai que, pour qui sait lire, le rapport inséré dans le Journal officiel de ce matin laissait prévoir que l'évacuation aurait lieu. Elle s'accomplissait en effet aujourd'hui dès l'aube.

» Voici les renseiguemens particuliers que nous avons recueillis à cet égard » A trois heures du matin, nos troupes quittaient Rosny, et se repliaient sur Neuilly-sur-Marne et Plaisance.

» Des soldats on! dû placer sur des prolonges un certain nombre de blessés, afin de ne pas les abandonner à l'ennemi. » Les bombes prussiennes atteignaient les villages que nous venons de nommer, au moment où nos soldats y arrivaient. » Une de nos batteries de marine établie sur la gauche de la route, à l'entrée de Bondy, a été éteinte et démontée.

» Gomme on manquait de chevaux; nos braves marins se sont mis, au nombre de vingt-quatre hommes, à traîner avec des cordes doux pièces de très fort calibre qu'ils ont sauvées en les roulant sur des pentes abruptes et au milieu des obstacles opposés par une neige épaisse.

Pendant ce temps, l'ennemi le criblait

de boulets et d'obus.

» Le colonel Reille a tenu à Bondy avec son baiailloa (3° mobile du Tara). Le colonel avait aussi la jarde républicaine. » Parmi les braves soldats qui oiït été blessés sur ce point, on nous a cité le nom de Nicolas André, atteint d'un éçiai d!'Q-

bus à la jambe. Un autre a eu le visage mutilé.

» II paraît que le docteur Rousseau, chirurgien de marine, a montré un dévouement au-dessus de tout éloge.

» Nos troupes se sont repliées en deçà des forts de Paris. Elles sont arrivées, très nombreuses, à Vincennes. »

On lit dans le Soir

« Deux grosses pièces seulement dont les affûts avaient été brisés ont dû être momentanément abandonnées; mais il est à peu près impossible que les Prussiens s'en emparent, d'abord parce qu'elles se trouvent sur le côté du plateau directement commandé par le fort de Rosny, et ensuite parce que leur poids énorme rend leur enlèvement extrêmement difficile, surtout sous l'œil de nos artilleurs de la marine. D'un autre côté, on nous annonce que les mesures sont prises pour que ces deux pièces puissent être prochainement ramenées dans nos lignes.

» Quatre mobiles atteints par des projectiles se trouvent grande rue Saint-Denis, 5.7.

» Un obus est tombé sur la maison occupée par le chef d'escadron de gendarmerie prévôt de la 2' division.

» Personne n'a été atteint.

» L'état-major du général d'Exéa a eu le même bonheur; un obus a fait écrouler tout un pan de mur. Aucun officier n'a été blessé. »

Enfin voici les informations de la Patrie « On assure que les batteries prussiennes qui agissent contre le plateau d'Avron se composeraient de trois espèces de bouches à feu, toutes à longue portée et à grande puissance, qui seraient des pièces de 12 en bronze, des pièces de 24 en acier fondu et des pièces de 25 en fonte. Ces pièces ont été extraites du parc de siège formé à Versailles.

» L'attitud ede nos tropues, en. présence du .feu terrible de l'ennemi, a été admirable. y> `

On lit dans le Français

« Hier, dans le 17" arrondissement, des bandes ont procédé à leur œuvre de dévastation presque sans empêchement. Des gardes nationaux en uniforme étaient parmi les pillards. Nous comptons que le gouvernement saura faire respecter sa parole. » On lit dans le même journal « On nous assure que la Gazette de Cologne du 19 décembre ne parle d'aucun succès des armées prussiennes soit contre Chanzy, soit contre Bourbaki. Le seul fait nouveau mentionné par cette feuille est l'entrée des Prussiens à Vendôme, à la suite du mouvement de Chanzy vers le Perche. »

On lit dans la Patrie

« Un journal étranger qui nous est signalé parle de la présence du duc de Mecklembourg entre Vendôme et Châteaudun à la date du 17 de ce mois. Ce fait, s'il est exact indiquerait des opérations prochaines dont les chances seraient en notre faveur.

» Le corps da duc de Mecklembourg est évalué à 40,000 hommes. En supposant qu'il ait été porté à un effectif plus considérable, il doit se trouver, dans tous -les cas, inférieur à celui de l'armée de Chanzy, augmentée par une jonction déjà faite. » Si le prince Frédéric-Charles reste sur la Loire pour continuer à tenir en échec les forces de Bourbaki, le duc de Mecklembourg ne pourra pas soutenir le choc des corps français qui ont combattu d'une manière si vigoureuse devant Beaugency. » Les nouvelles sur lesquelles portent nos observations datent déjà de douze jours. Nous ignorons ce qui s'est passé depuis, mais, à cette époque, la situation du côté du Perche continuait à être rassurante. »

La Liberté publie ce qui suit

« Nous recevons la nouvelle ci-après, que nous reproduisons textuellement « Devant le Bourget, le 29 dé-

cembre 1870.

» Suspension d'armes de ce matin (dix heures) jusqu'à nouvel ordre.

» Dédoubler les sentinelles.

» Défense de passer les avant-postes. » Ordre de réparer les cantonnemens militaires.

» Mettre de côté les cendres de bois. »

On lit dans le Journal officiel

« Depuis deux semaines, plusieurs rédacteurs de journaux ont demandé que les communications faites pendant la nuit au Journal^ officiel leur soient également adressées. Afin de faciliter ce service, nous prions les gérans et imprimeurs de faire connaître au ministère de l'intérieur quel est, pour chacun des journaux du matin, le dernier délai de leur mise en pages. »

On lit dans le Temps .•

« Hier soir a eu lieu, au ministère de 1 intérieur, une réunion générale des maires de Paris, à laquelle assistaient également plusieurs adjoints. MM. Jules Favre et Jules Ferry étaient présens.

» Une proposition -présentée par i'un des maires et tendante à adjoindre au gouvernement de la défense nationale uns commission municipale ayant voix consultative a été écartée 'par la majorité des maires. M. Jules Favre a prononcé un long discours il a tracé le tableau de la situation militaire de Paris au 4 septembre, énuméré les travaux accomplis par le gouvernement civil et par le commande-^ ment militaire, et montré, ce que l'un, l'autre avaient fait pour la défense 'Je capitale,

» L'assemblée s'est ensuite occupée de la quesliondu bois de chaail'age. »