Que plus d'une prairie aurait, été bien aise De me donner passage et de me recevoir. Mais ce n'était pas là mon compte
J'en fusse arrivé un peu plus tard en ce lieu; Et par une fuite assez prompte,
Gazouillant finement, je leur disais adieu. It faut vous dire tout, la feinte est inutile, J'en trouvais la plupart dignes de mes refus; Les unes, entre nous, sont d'accès si facile, Que tous ruisseaux y sont les bien venus. Elles veulent toujours en avoir un grand nombre, Et moi dans le grand nombre aussitôt je me perds; D'autres sont dans des lieux un peu trop découverts, Et moi j'aime à couler à l'ombre.
J'étais b!cn inspiré de me garder pour vous, Vous êtes bien mon fait, je suis assez le votre; Mais aussi moi reçu, n'en recevez point d'autres, Car je suis un ruisseau jaloux.
A cela près, qui n'est pas un grand vice J'ai d'assez bonnes qualités.
Ne craignez pas que jamais je tarisse,
Je puis déRer les étés.
Je sais que certaines prairies
D'un ruisseau comme moi ne s'accommodent pas, Il leur faut ces torrens qui font tant de fracas; Mais fort souvent on voit leurs eaux taries. Mon cours en tout temps est égal,
Je suis tranquille et doux, ne fais point de ravage; De plus, je viens vous faire hommage
D'une eau pure comme cristal.