Et pour cet entretien Eraste est éveillé
Avant que sur les monts le soleil ait brillé. Quelques momens après il appelle Tityre Depuis que le berger pour son Iris soupire Tityre a pris le soin des troupeaux du berger; Ils allaient tous périr sans ce maître étranger. Eraste ose lui faire un injuste reproche
Vous dormez, lui dit-il, lorsque le jour approche Les troupeaux devraient être aux plaines d'alentour Partez. En le hâtant, il croit hâter Je jour. Le jour est loin encore aux yeux d'Eraste même; Il ne découvre rien quelle lenteur extrême Quel siècle jusqu'au soir! Il mesure des yeux Le tour que le soleil doit faire dans les cieux; II faut que sur ces monts ce grand astre renaisse, S'élève lentement, et lentement s'abaisse
Et se perde à la fin derrière ces grands bois Il mesure ce tour, et frémit mille fois.
Le jour si souhaité le jour enfin arrive
Mais son inquiétude en est encor plus vive Ses désirs, ses transports, ses divers mouvemens, Lui font de tout ce jour sentir tous les momens. Souvent pour modérer cette ardeur empressée, Il voudrait éloigner Iris de sa pensée
Tantôt de ses troupeaux tâchant à s'occuper Tantôt dans ses vergers s'amusant à couper D'un arbre trop chargé l'inutile branchage Tantôt de joncs tissus commençant quelque ouvrage • En vain, toujours Iris toujours cet heureux soir, L'agitent malgré lui par un trop doux espoir. 11 vaut mieux qu'à l'amour tout son cœur s'abandonne I! prend ce doux hautbois qui sans cesse résonne De l'excès de sa flamme et des beautés d Iris