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Titre : Études : revue fondée en 1856 par des Pères de la Compagnie de Jésus

Auteur : Compagnie de Jésus. Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1962-12-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34416001m

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34416001m/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 95704

Description : 01 décembre 1962

Description : 1962/12/01 ([T315,N3])-1962/12/31.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k4417689

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, D-33939

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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ÉTVDES DÉCEMBRE 1962

Situations et positions

J. DELANGLADE Réflexions sur l'euthanasie. A propos du et R. Araud procès de Liège

A. Brien L'homme moderne devant la vie éternelle M. EcK L'éducation du sentiment de culpabilité Perspectives sur le monde

G.-M. SCHENCK Algérie naissance d'un État

P. Rondot Nouvelles attitudes de Nasser?

X. TILLIETTE Panorama espagnol

L'affaire du « Spiegel »

Recherche et avenir

A. GÉRARD Progrès dans la conquête de l'espace Arts, formes et signes

R. ABIRACHED Un jeune auteur nommé Vitrac

J. PORCHER L'art européen vers 1400

Gilbert Bécaud et Carl Orff

Témoins d'hier et d'aujourd'hui

CH. D'YDEWALLE Joseph Cardyn

L. BEIRNAERT Le Père Bruno et la psychologie religieuse La mort de Louis Massignon

La vie de l'Église

R. ROUQUETTE Lettre de Rome

Du nouveau sur Loisy?

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ÉTVDES

Revue mensuelle fondée en 7856

par des Pères de la Compagnie de Jésus

Les abonnements partent du début de chaque trimestre. L'échéance de l'abonnement est indiquée sur la bande-adresse, l'étiquette rose signale la 6n de l'abonne.ment.

TARIFS DES ABONNEMENTS

FRANCE Un an NF. 30 ÉTRANGER Un an NF. 35 Six mois 16 Six mois 18 Le numéro 3,30 Le numéro 3,50 Abonnement de soutien à partir de 40 NF.

ABONNEMENTS PAYÉS EN MONNAIES ÉTRANGÈRES

BELGIQUE Un an F. B. 350 SUISSE Un an F. S. 32,50 Six mois 180 Six mois 17 Le numéro 35 U. S. A. et CANADA Un an $8 8 Le montant de l'abonnement peut être réglé par mandat, chèque bancaire ou postal à l'ordre de M. l'Administrateur des ÉTUDES, C. C.P. PARIS 155-55. Dans les pays suivants Allemagne occidentale, Autriche, Belgique. Danemark, Finlande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède, Suisse et Cité du Vatican, il est possible de souscrire directement des abonnements aux ÉTUDES, et de les régler en monnaie du pays dans tous les bureaux de poste.

Prière de joindre 0,50 NF. et une bande d'abonnement à toute demande de changement d'adresse.

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ŒCUMÉNISME SPIRITUEL Les écrits de l'abbé Paul Couturier

Présentation et commentaire de Maurice Villain

Préface de S. B. Maximos IV

Ce livre ne remplace pas la biographiede VABBÊ PAUL COUTURIER, apôtre de CUniiê chrétienne, publiée par le Père Villain en 1957. mais il en est un complément indispensable. Prépaie pour le dixième anniversaire de sa mort, U a pour but, d'abord de montrer que l'abbé Couturier non seulement s'insère très à Taise dans l'activité œcuménique de nos jours, mais, regardant l'avenir avec sérénité, ne cesse de Porter ~t; .uit,, de grouper nos « » l'ensemble de de nous porter en avant; ensuite, de grouper en une « somme » d* œcuménisme spirituel l'ensemble de ses écrits, aujourd'hui introuvables, afin de nous renouveler dans son esprit et de nous aider à prolonger son action.

14,5 X 21 cm., 248 pages 12 NF VLADIMIR GHIKA

PRINCE ET BERGER

par Suzanne-Marie DURAND

Ces pages ne sont pas l'œuvre d'un historien. Pas davantage d'un portraitiste. Et cependant à travers les souvenirs vécus d'un témoin qui n'évoque ici que ce qu'il à vu et entendu, se dégagent et l'histoire (dans se. grandes lignes) et le portrait (dans ses moindres détails) du prince Vladimir Chika. Ajoutons que cette histoire est celle « d'un échec », et il n'est pas fréquent qu'un écrivain évoque un échec auquel il fut associé. Mais à travers cet échec prend toute bb valeur « l'incontestable sainteté » de ce grand seigneur d'Orient qui passa de la religion orthodoxe à la foi catholique au début de ce siècle, qui, de riche et puissant, devint pauvre volontaire et, prince du sang, fut le plue fraternel des hommes à l'égard des petits et des humbles. Le prince Vladimir Ghika fut appelé au sacerdoce dans l'a rclii diocèse de Paris; il avait alors cinquante ans. 11 tenta, sana succès apparent, une fondation dont subsiste encore l'esprit chez ceux qui furent ses disciples. Enfin, après avoir secrètement désiré le mar- tyre, comme en témoigne ce récit, il mourut de misère et d'épuisement, incarcéré en haine de sa foi dans un infect cachot de Roumanie.

A l'heure où l'ouverture du Concile Œcuménique attire et retient l'attention du monde entier eur du message chrétien et sur une unité de l'Église ardemment désirée, ce prince moldave, i romain et si parisien, si universel pour tout dire, a sans doute quelque secrète parole à faire entendre à la chrétienté.

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On trouvera ici l'appréciation d'Origène sur la philosophie hellénique, ses diverses écoles, son idéal intellectuel, moral et religieux. La pensée païenne présente-t-elle encore un intérêt pour le chrétien? Peut-il l'utiliser pour élaborer sa science des Écritures? Entre la philosophie et le Christianisme y a-t-il une collaboration possible? Telles sont les questions qu'étudie cet ouvrage, tel est aujourd'hui encore un des problèmes de l'Église.

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HISTOIRE ET PASTORALE

DU CATÉCHUMÉNAT

ET DU BAPTÊME

par Thierry MAERTENS

Une étude aussi fouillée sur l'origine du Rituel du Baptême risque d'étonner les pasteurs habitués à trouver dans la collection Paroisse et Liturgie des expériences pastorales ou des études permettant une application immédiate.

Réflexion faite, il semble cependant utile de publier cette étude dans un cadre pastoral. Si elle a effectivement cherché à répondre aux exigences les plus sévères de la méthode historique, elle a voulu en même temps que le Pasteur accompagne le chercheur à travers toute son enquête. Aussi cette étude n'est pas le fruit d'une érudition qui se refuserait toute conclusion doctrinale ou toute application pastorale. Bien au contraire, le Pasteur découvrira les dimensions exactes de son rituel de baptême et s'apercevra avec joie que sa constitution a été essentiellement le fruit d'une pastorale d'Eglise, pastorale encore valable aujourd'hui.

C'est avec joie que ce travail a été mené par l'auteur, il n'est pas douteux qu'à travers l'aridité de certaines pages, le lecteur préoccupé de pastorale n'y trouve une pleine satisfaction et les lumières qu'il cherche.

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Elle continue à travers l'histoire d'Israël, éclate avec le Christ, se manifeste toujours par l'Église. Cet ouvrage voudrait fournir « à tous ceux qui militent pour le règne de la Charité dans un monde plus juste, par l'Action Catholique ou les oeuvres de miséricorde », un thème à la réflexion et à la prière.

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Avez-vous remarqué que certains d'entre nous semblent tout retenir avec facilité, alors que d'autres oublient rapidement ce qu'ils ont lu, ce qu'ils ont vu ou entendu. D'où cela vient-il?

Les spécialistes des questions de mémoire sont formels cela vient du fait que les premiers appliquent (consciemment ou non) une bonne méthode de mémorisation, alors que les autres ne savent pas comment procéder. Autrement dit, une bonne mémoire ce n'est pas une question de don, c'est une question de méthode. Des milliers d'expériences et de témoignages le prouvent. En suivant la méthode que nous préconisons au Centre d'Etudes, vous obtiendrez des résultats stupéfiants. Par exemple, vous pourrez, après quelques jours d'entraînement facile, retenir l'ordre des 52 cartes d'un jeu que l'on effeuille devant vous, ou encore rejouer de mémoire une partie d'échecs.

Naturellement, le but essentiel de la méthode n'est pas de réaliser des prouesses de ce genre, mais de donner une mémoire parfaite dans la vie courante c'est ainsi qu'elle vous permettra de retenir instantanément le nom des gens avec lesquels vous entrez en contact, les courses ou visites que vous avez à faire (sans agenda), la place où vous rangez les choses, les chiffres, les tarifs, etc..

La même méthode donne des résultats peut-être plus extraordinaires encore lorsqu'il s'agit de la mémoire dans les études. En effet, elle permet d'assimiler, de façon définitive et dans un temps record, des centaines de dates de l'histoire, des milliers de notions de géographie ou de sciences, l'orthographe, les langues étrangères, etc. Tous les étudiants devraient l'appliquer et il faudrait l'enseigner dans les lycées.

L'étude devient alors tellement plus facile. Si vous voulez avoir plus de détails sur cette remarquable méthode, vous avez certainement intérêt à demander le livret gratuit « Comment acquérir une mémoire prodigieuse Il vous suffit d'envoyer votre nom et votre adresse à: Service 13 3 H, Centre d'Etudes, 3, rue Ruhmkorff, Paris 17". Il sera envoyé gratuitement à tous ceux de nos lecteurs qui ressentent la nécessité d'avoir une mémoire précise et fidèle. J. PETERS.


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L'ACTION POPU LAI RE DÉCEMBRE 1962

A. P. Alerte sur Cuba

Fr. RUSSO La socialisation selon Teilhard

J.-Y. CALVEZ Actualité de la propriété privée

R. THÉRY Propriété privée et consommation

Fr. BLOCH-LAINÉ L'appropriation privée des moyens de production dans l'industrie

P. DECAMPS Liberté ou dirigisme des revenus ?

L. GUELFI La législation du travail en Afrique

J. BERTHON Les militants de la CFTC

R. BOSC Une expérience d'éducation internationale ACTUALITÉ SOCIALE EN FRANCE

H. PERROY Le budget économique pour 1963

Où va la Sécurité sociale ? Un rendez-vous morcelé – Les syndicats devant la réforme constitutionnelle-Surpopulation scolaire •– Une récolte de blé exceptionnelle La loi d'orientation agricole.

Revue des livres. Tables 1962.

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Autres chapitres Préparation du Concile. Préparation doctrinale dans les 5 Commissions. – Les méthodes de travail. Constitutions « Dai Filius » et « Aeternus Pastor ». Appendices Documents sur le règlement. Les deux schémas «De Ecclesia», La question sociale à Vatican I.

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H. RONDET Synthèse d'histoire doctrinale H. M. MANTEAU-BONAMY Marie Mère du Christ, Mère des hommes PHILIPPON O. P. Nolure de lu Maternité Spirituelle de Marie M. J. NICOLAS O. P. Concept de Maternité et vie de la grâce. 1959 16,00 NF 1960 16,00 NF Prospectus de la collection sur demande

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Mgr L. A. Elchinger, Y. M Congar, H. Urs von Balthasar, H.Cazelles J. Schmitt, A. Feuillet, A Chavasse, C.Vogel, M. Nédoncelle, C. Robert, Dom H. Duesberg, J. Wagner, H. Oster, P. Bockel, B. Fischer, E. Baas, P. Adam, A. M. Burg, C. Pfleger. Parole de Dieu et Sacerdoce Ce recueil d'études a été préparé à l'occasion

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Situations et positions

RÉFLEXIONS SUR L'EUTHANASIE A PROPOS DU PROCÈS DE LIÈGE

Le 5 novembre 1962, comparaissait devant la Cour d'Assises de Liège 1 Mme Vandeput sous l'inculpation d'avoir volontairement donné la mort à sa fille Corinne, âgée de quelques jours victime comme bien d'autres de la Thalidomide absorbée par sa mère au cours de sa grossesse, l'enfant était venue au monde privée de bras.

Un aussi tragique événement ne pouvait laisser personne indifférent. Stupeur devant le spectacle de ce petit corps que ses infirmités exilaient en quelque sorte aux frontières de l'humanité. Pitié à la pensée de l'angoisse dans laquelle les parents durent prendre leur terrible décision. Malaise, enfin, de voir traduits en justice des hommes qui avaient agi en assumant tous les risques en conformité avec les valeurs qu'ils estimaient les plus hautes.

Il est donc normal que, dès avant le procès, de larges débats se soient institués dans la presse et à la radio et que bien des positions aient été prises. Si quelques-unes d'entre elles sont restées bien superficielles, si quelques autres ont été imprégnées d'on ne sait quel ressentiment vis-à-vis des règles morales traditionnelles prises en flagrant délit d'irréalisme et d'inhumanité, la plupart ont eu la gravité qui convenait à un problème humain d'une urgence exceptionnelle. A travers le cas de cette mère chaque homme se sent impliqué. Une question fondamentale est posée qu'est-ce que l'homme? cet être infirme fait-il partie de l'humanité? Question 'qui 1. Cet article a été envoyé à l'impression le lendemain du verdict; il n'a pu tenir compte des réactions que celui-ci a suscitées. (N.D.L.R.)


se retourne vers l'interrogateur lui-même en quoi suis-je membre de l'humanité? Le cas Vandeput dépasse les limites d'une ville belge. Posé devant la justice des hommes, il demande à tout homme de se situer face à lui.

Comment juger un tel fait? Chacun sait qu'il condamnerait une mère qui froidement ôterait la vie à l'enfant qu'elle a mis au jour. Mais, s'il s'agit d'un bébé difforme en qui elle ne peut se reconnaître, dont l'avenir sera fortement handicapé, il devient difficile de juger la responsabilité réelle de cette mère. Seul Celui qui sonde les reins et les cœurs peut débrouiller cet écheveau de motivations où amour et crainte, horreur et sens maternel, se compénètrent. Mais dans la mesure où l'acte de Mme Vandeput nous concerne, ne devonsnous pas nous élever à une vue plus rationnelle, découvrir à travers ces sentiments multiples les valeurs fondamentales du cœur humain?

Désensibiliser le débat? Oui, ou plutôt dépasser la première réaction émotionnelle pour toucher des affections plus profondes, car le conditionnement affectif est partie intégrante du cas 1. Le mettre de côté, c'est refuser d'aborder la réalité, se replier sur des principes abstraits qui ne correspondent plus aux données de fait.

Ceux qui ont connu ces situations humaines doivent au contraire éclairer notre route. Or, respect de la vie, respect de l'homme qui vit encore telle est la requête dernière de tant de personnes qui ont eu à se dépenser longtemps auprès d'infirmes ou de malades. Ces mêmes personnes ont pu, il est vrai, par lassitude, désirer parfois la fin de cette servitude, « réflexe d'un être humain vis-à-vis d'un autre être humain » Pourtant, après s'être repris, considérant que la mort est « une chose irrémédiable », ils ont fini par reconnaître qu'« il faut 1. On lit par exemple dans les Cahiers de l'Enfance « Quant au malheureux petit, appelé au malheur total, l'option du non-être s'impose. Elle évitera d'amères épreuves, follement inutiles, et, aux parents, l'affreux spectacle d'urie inépuisable douleur. (Mme Suzanne LAconnE, ancien sous-secrétaire d'Etat à l'Enfance, in Cahiers de l'Enfance, 88, août-sept. 1962 Faut-il supprimer l'enfant-monstre? Enquête.)

Cette accumulation de mots chargés affcctivement ne risque-t-elle pas de situer le débat dans une ambiance tragique, au-delà de toute rationalité?


à tout prix en retarder l'échéance » 1. Combien ont connu ce conflit, se voyant partagés entre le désir de voir mourir, ou même de mourir soi-même, pour mettre un terme à cette vie de souffrances, et le sentiment, plus radical encore, que l'homme ne doit pas donner la mort, qu'il doit respecter cette vie, aussi diminuée soit-elle!

I. Le respect de la vie humaine.

Cette obligation de respecter une vie innocente est un des principes fondamentaux de la morale. Quiconque en douterait s'exclurait de l'humanité. Mais la complexité des situations humaines fait que rares sont les problèmes qui peuvent être correctement résolus par l'application d'un principe unique. Bien souvent, l'impératif de la loi qui rappelle le respect de la vie humaine semble entrer en conflit avec d'autres valeurs essentielles; ce n'est que de leur confrontation dans une conscience vivante que peut jaillir une décision. Encore faut-il que cette conscience se détermine dans la sincérité et la lucidité. Une insuffisante réflexion ouvrirait la porte à un double danger conserver une mauvaise conscience dans l'accomplissement d'actes pourtant légitimes, par impuissance à surmonter les mouvements d'une sensibilité hérissée devant le tragique d'une situation; ou, au contraire, glisser comme par paliers insensibles d'attitudes moralement justifiables à d'autres qui ne le sont plus, parce que n'a pas été nettement perçu le point critique où l'entrée en jeu d'une valeur essentielle barre la route d'une manière catégorique. Ce double danger n'a pas toujours été évité dans les réflexions exprimées à propos du procès de Liège. Il nous 1. France-Soir du 20 mars 1962. Ce témoignage est tiré d'une série d'articles t L'émission impossible l'euthanasie ». MM. Etienne Lalou et Igor Barrère préparaient une émission télévisée « Faire Face sur l'euthanasie. A la lecture des milliers de lettres reçues ils perçurent, en approfondissant toujours plus le problème, les limites d'une information inhumaine. Pouvaient-ils aborder ce sujet, risquer que les malades prennent conscience, « en regardant la télévision, qu'ils étaient condamnés », étouffer l'espérance qui soutenait encore ces vies? Avec courage ils renoncèrent à cette émission périlleuse et publièrent dans France-Soir un ensemble de faits extrêmement poignants.

2. Nous laissons hors de nos perspectives la question du droit éventuel de la société de mettre à mort ses membres coupables, par décision de justice ou par fait de guerre, ainsi que celle de la légitime défense individuelle. Nous ne traiterons pas non plus du problème de l'avortement.


semble donc utile d'introduire ici une réflexion plus didactique sur le principe de respect de la vie humaine pris dans toute son ampleur.

La vie, chez l'homme, est un bien éminemment personnel. Avant de traiter de la légitimité de l'intervention sur la vie d'autrui, il faut donc nous interroger sur nos devoirs envers notre propre vie.

Qu'il ne dépende pas de l'homme de mettre fin à son existence temporelle, qu'il doive sagement conserver et entretenir sa vie, c'est un devoir communément reconnu, du moins par quiconque admet que chaque personne, créature de Dieu, est investie d'une mission qu'il ne lui est pas loisible de déserter à son gré. Nul n'irait cependant jusqu'à prétendre que l'urgence de ce devoir soit telle qu'il faille lui sacrifier toute autre valeur. Qu'un biologiste, par exemple, atteint de radiodermite abrège positivement et sciemment sa vie en poursuivant ses travaux, bien loin de réprouver sa conduite, on le saluera du titre de martyr de la science 1. Bien plus, même lorsque n'est en jeu aucune valeur supérieure à l'individu, l'autonomie de la personne est assez grande pour que, au jugement des moralistes catholiques, on ne soit pas tenu d'employer des moyens « extraordinaires » de conserver la santé; pour commenter ce terme d'« extraordinaire », ils fournissent traditionnellement les exemples suivants renoncer à un mode de vie auquel on est attaché, comme s'expatrier pour jouir d'un climat plus favorable, se soumettre à une opération douloùreuse ou aléatoire dont on a horreur 2. On considère donc qu'une personne humaine, du fait de sa liberté, dispose sur sa vie d'un pouvoir qui, sans être souverain, est cependant réel le devoir général de conserver 1. Certains religieux, tels les Chartreux, ont pour vocation propre dans l'Eglise de proclamer par une vie d'extrême mortification la transcendance du Royaume de Dieu. Mis dans l'alternative d'adoucir l'austérité de sa règle ou de consentir à un abrègement de sa vie, un moine peut juger que son devoir personnel de rendre témoignage l'emporte sur le devoir ordinaire de prolonger sa vie.

2. La distinction entre moyens «ordinaires» et moyens c extraordinaires est classique. Sans doute, avec l'évolution des temps et des mœurs, tel moyen considéré autrefois comme c extraordinaire » devra-t-il être qualifié aujourd'hui d'« ordinaire ». Il suffit à notre propos de rappeler l'existence de ces deux catégories de moyens; ou n'est pas obligé de tout mettre en œuvre pour conserver sa propre vie.


sa vie peut entrer en conflit avec des valeurs, ou même simplement avec des intérêts, et il se peut que ceux-ci puissent légitimement dispenser de celui-là.

Venons-en maintenant au devoir de sauvegarder la vie d'autrui et aux principes qui doivent en régler l'exercice. Affirmons tout de suite qu'il ne saurait être question de pouvoir de disposition sur la vie d'autrui 1. Seule la personne peut, dans les limites que nous avons indiquées, disposer d'elle-même. Toute décision relative à la vie d'autrui devra donc se référer à ce droit. On ne pourra renoncer à prolonger la vie d'un patient incapable de s'exprimer qu'en interprétant une volonté qu'il aurait pu légitimement concevoir. Dans certains cas où il semble à première vue que le médecin ne fasse que céder à une nécessité sociale, il reste cependant l'interprète d'une volonté présumée de son patient pleinement informé, celui-ci devrait accepter que le soin de sa propre vie soit subordonné à une nécessité encore plus urgente.

Ces principes justifient bien des comportements habituels de médecins. Quelque attaché qu'il soit au serment d'Hippocrate, le médecin sait bien qu'arrive parfois l'heure où il se demande s'il doit continuer à maintenir artificiellement une vie qui n'est plus que végétative 2. Ses soins et son dévouement sont requis par d'autres tâches. En décidant d'interrompre son effort, il ne s'arroge pas un pouvoir sur le malade, mais il cède à une nécessité objective, susceptible d'être reconnue par tous et, s'il le pouvait, par le patient lui-même. Plus évident encore est le cas du chirurgien militaire qui voit affluer à son poste de secours de nombreux blessés également voués à la mort s'il n'intervient pas, et qui choisit d'opérer, pendant les quelques heures dont il dispose, ceux qu'il peut mettre hors de danger rapidement, plutôt que ceux dont l'état exigerait une longue intervention.

Parfois même, il sera licite de poser des actes qui abrègent la vie du patient. Ainsi Pie XII affirme la légitimité pour le 1. Sauf sans doute intervention d'autorités sociales contre les criminels ou légitime défense, problème qui, rappelons-le, reste en dehors de notre perspective.

2. Cf. Dr Escoffieb-Lambiotte, dans Le âlonde du 'A novembre 1962.


médecin d'administrer, dans certains cas, une dose de narcotique destinée à apaiser des souffrances intolérables, même si elle avait aussi pour effet de réduire la durée de la vie. Pour justifier sa pensée, le Pape déclare « Si entre la narcose et l'abrègement de la vie n'existe aucun lien causal direct posé par la volonté des intéressés ou par la nature des choses. et si au contraire l'administration de narcotiques entraîne par elle-même deux effets distincts, d'une part le soulagement des douleurs, et d'autre part l'abrègement de la vie, elle est licite; encore faut-il voir s'il y a entre ces deux effets une proportion raisonnable et si les avantages de l'un compensent les inconvénients de l'autre 2. En d'autres termes, la licéité de cet emploi du narcotique provient de ce qu'il est un remède spécifique pour la douleur, employé comme tel pour atténuer les grandes souffrances, que la mort soit proche ou non. Cet usage n'est pas interdit, même lorsque la mort en est accélérée, puisque l'effet premier calmer la souffrance n'est pas de soi lié au second. Le narcotique est vraiment un remède et non un poison.

Nous rapprochant de plus en plus du cas de Liège, comment devons-nous apprécier l'attitude du médecin qui, en présence d'un enfant phocomèle, atteint en outre de malformations organiques léthales, susceptibles d'être corrigées par des interventions chirurgicales complexes, envisagerait de s'abstenir et le proposerait aux parents? Le problème se fait ici angoissant. Conformément aux principes que nous avons énoncés plus haut, on peut admettre qu'un adulte placé dans une situation analogue pourrait refuser une telle opération. Mais dans le cas de cet enfant peut-on dire que ses parents aient le droit de se substituer à lui et d'interpréter sa volonté dans un sens de mort?

1. Pie XII, Discours aux anesthésistes italiens, du 4 février 1957 « En résumé vous nous demandez < La suppression de la douleur et de la conscience par le moyen des narcotiques (lorsqu'elle est réclamée par une indication médicale) est-elle permise par la religion et la morale aux médecins et aux patients (même à l'approche de la mort si l'on prévoit que l'emploi des narcotiques abrégera la vie)? Il faut répondre c S'il n'existe pas d'autres moyens, et si, dans les circonstances données, cela n'empêche pas l'accomplissement d'autres devoirs religieux et moraux oui n. (Documentation catholique, 1957, col. 340.)

2. Ibid., col. 339.


On pourrait en douter. La faiblesse de tout enfant, son état de dépendance totale exigent des parents qu'ils fassent pour lui plus qu'ils ne feraient pour eux-mêmes. Mais si la vie de l'enfant est en train de s'éteindre et, sans des soins exceptionnels, devrait glisser vers une mort certaine, les parents 1 peuvent être amenés à décider, en considérant que sa vie restera toujours infiniment précaire, de ne pas mettre en jeu tous les moyens de la science médicale et de laisser la mort faire naturellement son œuvre. Au nom de quel droit pourrions-nous les condamner?

Nous sommes ici à un moment capital de notre réflexion. Rien ne saurait dispenser de respecter une vie humaine quelle qu'elle soit. Mais l'attitude que nous venons d'analyser est encore conforme à ce respect, car elle revient à refuser, pour des raisons suprêmement graves, d'intervenir dans un processus dans lequel nous sommes immergés. Alors que la sensibilité ressent peut-être à peu près de la même façon l'acte de celui qui s'abstient d'intervenir par des moyens extrêmes et l'acte de celui qui donne positivement la mort, fût-ce en accomplissant son geste avec la plus maternelle tendresse, la réflexion y voit une différence radicale d'une part, attenter à une valeur qui ne dépend pas de l'homme; de l'autre, s'en remettre simplement à Celui qui est maître de la vie et de la mort. Sans doute, à qui partagerait le sentiment d'un journaliste mal inspiré qui titrait à propos du drame de Liège « Un petit monstre a rejoint le néant», nous n'aurions rien à dire 2. Mais pour qui croit que l'enfant le plus disgracié par la nature reste une personne spirituelle, toute vie doit être respectée absolument et une intervention positive pour faire cesser cette vie ne peut recevoir qu'un « non possumus » catégorique.

Tous les arguments contraires sont ici sans force. Non seulement l'argument sordide qui, heureusement, n'a été émis par personne dans ce débat, fondé sur la charge que repré1. Après avis du médecin, l'entourage familial appelé à jouer un rôle dans l'épanouissement de cet enfant a son mot à dire; il ne peut exercer une pression telle que la liberté de décision des parents, seuls responsables, en soit altérée.

2. Paris-Jour du 5 novembre l'J62 « A-t-on le droit de tuer un bébé anormal?» (pages centrales).


senterait pour la société l'entretien d'êtres incapables de subvenir d'une manière quelconque à leurs besoins, mais aussi celui qu'on peut dire tiré de la charité et qui a été exprimé avec une simplicité émouvante par la mère de la petite victime. Lorsqu'il lui fut proposé de placer son enfant dans une institution spécialisée, elle repondit « C'est une solution pour moi, pas pour elle », et elle ajoutait « Ma fille me reprocherait toute sa vie de l'avoir laissée vivre. » A ceci, il faut répondre sans détours, en sachant que nous proclamons le principe fondamental sur lequel repose toute notre conception de l'homme nul ne peut par charité prétendre dispenser un autre du devoir fondamental de vivre qui lui a été imposé d'en haut. Nul ne peut craindre de reproches justifiés pour un acte conforme à la condition humaine de celui qui en est bénéficiaire.

II. Aux frontière de la justice.

Le 10 novembre 1962, Mme Vandeput et ses co-inculpés sont acquittés purement et simplement par la Cour d'Assises de Liège.

Dès l'ouverture du procès, on savait que le verdict, quel qu'il fût, serait imparfait 1, car il ne pouvait apporter au drame de Liège aucune conclusion vraiment satisfaisante pour l'esprit et le cœur.

A la justice humaine est assignée une double tâche déterminer, à la lumière de la loi naturelle et des lois que la société estime indispensables à sa propre conservation, ce qui doit être considéré comme un crime; frapper les transgresseurs de peines qui, tout à la fois, leur donnent occasion de s'amender et préviennent par leur exemplarité une extension de la criminalité.

Frapper l'accusée de peines afflictives aurait semblé ajouter d'une manière dérisoire et cruelle à sa douleur de mère. Quel amendement prétend-on obtenir d'elle? Et quelle serait l'exemplarité d'une peine de quelques années de prison? 1. Dans sa présentation du procès de Liège pour le Figaro du 5 novembre 1962, James de Coquet donne pour titre à sa conclusion « Un verdict qui ne résoudra rien».


Une mère, placée dans la situation de Mme Vandeput et qui croit de son devoir de fouler aux pieds son attachement naturel à son enfant pour lui arracher la vie, en sera-t-elle détournée par la perspective de la prison?

Un verdict d'acquittement pourrait être interprété comme une approbation entière des principes qui ont conduit à poser une action en elle-même criminelle. A la veille du jugement, le R. P. Riquet lançait cet avertissement « Qu'on approuve leur geste et qu'on encourage ainsi son renouvellement, ce serait trahir l'homme, non moins qu'offenser le Maître unique de la vie et de la mort 1. Aux douze jurés de Liège incombait de proclamer les normes dont le mépris entraînerait la déshumanisation et la ruine de la société. A ce devoir ils ont failli 2.

Loin de nous cependant l'idée de tenir ces douze hommes, soumis à des pressions psychologiques puissantes, dans une atmosphère surchauffée de passions, pour uniques responsables. Même s'ils avaient eu le courage et la lucidité de qualifier exactement l'acte de Mme Vandeput, il n'aurait pas dépendu d'eux de prévenir le retour de semblables crimes. Seule l'action de la société entière peut le faire. Y a-t-il place dans notre monde moderne pour ceux que la naissance a physiquement déshérités? Certains d'entre eux sans doute grâce à la sympathie et au soutien total de leur entourage sont parvenus à force de volonté à prendre dans le monde une place d'homme 3. Mais pour une réussite combien d'échecs, d'enfants délaissés et finalement achevés à coup de mépris? Comment un monde tellement orienté vers les valeurs d'efficacité, de réussite, de rentabilité, peut-il assimiler un être diminué, qui réclame de nombreux soins et retarde la marche vers le progrès?

Une voisine de Mme Vandeput remarquait que Mme Yerma, 1. « La pitié homicides. Figaro du 8 novembre 1962. Cf. également la déclaration de Radio-Vatican du 7 novembre.

2. Il n'est pas inutile de rappeler ici la protestation de Mgr Weber, évêque de Strasbourg, à propos de l'acquittement de Luigi Faïta, inculpé d'avoir tué de trois balles de revolver son frère incurable La conscience chrétienne, et même la conscience humaine tout court, n'admettront jamais la légitimité de pareils actes, et il appartient aux chrétiens de manifester leur réprobation absolue devant certains essais de leur justification. » (Docum. Caih., 4 mars 1962, col. 342.)

3. Cf. Denise Lt^ni.i, Née comme ça, Editions Segep-Kent.


sa mère, avait travaillé dur pour installer son commerce de librairie-papeterie. Comment pouvait-elle concevoir la vie d'un enfant sans bras qui ne pourrait les aider? Et pourtant, que deviendrait cette société si tout respect pour les petits et les faibles s'éteignait, si tout amour gratuit, désintéressé, s'effaçait? Les excès hitlériens sont trop près de nos mémoires pour qu'il soit utile d'insister. Mais nous ne devons pas oublier non plus le radical mépris de la vie innocente dont se sont rendues coupables des civilisations par ailleurs très hautes dans l'Athènes de Périclès et de Platon, les nouveau-nés rejetés par leurs parents allaient rejoindre les détritus et les ordures. En laissant porter atteinte au respect radical de la vie humaine, ne remettons-nous pas en question une des plus nobles acquisitions de l'humanité?

Un réquisitoire en règle contre la société serait injuste. Des centres hospitaliers spécialisés sont fondés, des cadres éducatifs formés, des facilités matérielles accordées. Efforts, insuffisants peut-être, qui montrent le souci de la société d'assumer sa responsabilité devant ses enfants, de leur donner leurs chances pour qu'ils soient « le plus normaux possible » ou arrivent au moins « au maximum de bonheur possible dans leur cas » 1. Tâche épuisante pour les éducateurs qui doivent souvent surmonter leur désespoir devant la vanité de leur travail, qui sont écrasés par l'accumulation de difficultés 2.

Il est certes préférable de réunir ces enfants, dont les parents ne peuvent assumer l'éducation, plutôt que de les laisser vivoter. Mais le cri de Mme Vandeput revient à nos oreilles « C'est une solution pour moi, mais pas pour elle. » Phrase terrible où éclate tout un sentiment maternel, sentiment qui ne peut pourtant se porter sur cet enfant qui physiquement lui fait horreur. Toute mère ne sent-elle pas que le meilleur milieu éducatif pour l'enfant est la famille, et combien davantage dans ces cas extrêmes! Comme le dit Emile Maussat « Tous ces infirmes, qui s'étaient adaptés 1. Propos d'un éducateur de Saint-Cloud, tirés de l'excellente émission de Georges Fillioux, le 4 novembre 1962, sur les antennes d'Europe I. 2. Dans cette même émission, un autre éducateur avouait l'échec permanent de ceux qui n'ont affaire qu'à des monstres 4 qui ne sont même pas conscients de ce qu'ils ingurgitent».


à leur infirmité et étaient devenus des gens éminents, avaient été entourés d'amour; leur mère, une sœur, une épouse les avait en quelque sorte mis au monde une seconde fois 1. » Accepter ce petit être infirme, l'entourer de son affection, vouloir le faire naître une seconde fois, cette solution est une folie pour un monde qui ne veut plus faire face à la souffrance, à cette part de souffrance physique que le savoir des biologistes et l'art des chirurgiens n'a pas encore éliminée. On comprend que Mme Vandeput n'ait pu entrevoir cette possibilité si étrangère à la mentalité actuelle. Si un être humain se définit par des canons de beauté ou d'efficience, quels titres au bonheur peut avoir un bébé phocomèle, et par surcroît une fille? Victime de la thalidomide, Mme Vandeput ne l'est-elle pas davantage d'un monde qui, dans de larges proportions, n'est plus habité par la foi? Dans son effort pour conquérir la terre et le ciel, l'homme n'en vient-il pas à oublier sa condition première? Or « tous ces malades, ces infirmes, ces monstres font partie, qu'on le veuille ou non, de notre communauté, et ils nous sont infiniment précieux. Ils nous rappellent que nous ne sommes rien de nousmêmes et que personne n'est à l'abri du sort 2 ».

Le drame de Liège est là. Certes ceux qui ont fabriqué et répandu la thalidomide ont aussi leur responsabilité. Et il faudra bien que la société prenne des mesures pour éviter, autant qu'il est possible, le retour de pareille tragédie. Mais l'essentiel et les jurés de Liège ne l'ont pas compris est que, à travers tout ce drame, la question de l'homme est gravement posée. Accepter et approuver l'acte de Mme Vandeput, c'était ouvrir la porte à tous les arbitraires, aux pires cruautés envers les innocents et les incurables. Mais réprouver cet acte, pourraient-ils nous rétorquer, n'est-ce pas condamner l'homme à une tâche apparemment impossible? Impossible absolument, non. Reporters et journalistes l'ont bien senti. A toute personne qui faisait front à cette situation difficile, ils demandaient « Etes-vous chrétien? ». N'y avaitil pas en ces hommes une autre dimension humaine qui leur permît d'assumer et de vivre cette souffrance? Comme le 1. Emile Maussat, dans les Cahiers de l'Enfance. RR, p. 22. 2. Cécile Roi.in-Chadenieh, dans Témoignage Chrétien, 29 juin 1962, p. 11.


dit l'un d'eux « Une jeune mère qui ne fût pas surhumaine, ne pouvait admettre cet enfant sans long apprentissage d'une matière qu'on n'enseigne pas dans les cours d'accouchement sans douleur la sainteté 1. »

Le cas de Liège nous contraint d'avouer que notre humanité ne peut se maintenir qu'en s'ouvrant à une vision religieuse de l'homme qui dépasse sa saisie immédiate et rend seule compte de tous ses éléments. Il est surhumain en effet pour celui qui recherche son propre bonheur sensible d'avoir à se dévouer constamment, sans résultat apparent, sans profit, pour un être clos sur lui-même, ou d'aider un infirme intelligent à surmonter ce que d'autres appellent un handicap irrémédiable. Mais rien de plus humain pour celui qui reconnaît à travers ces traits difformes le visage de l'HommeDieu « sans beauté ni éclat, et sans aimable apparence, objet de mépris et rebut de l'humanité2», pour celui qui les aime comme un « petit Christ » parmi eux 3.

Jacques DELANGLADE et Régis Araud.

1. Robert Collin, dans Paris-Match, n° 709, 10 nov. 1962, p. 35. 2. Isaïe, ch. 53, vv. 2-3.

3. Lettre d'Emmanuel Mounier à sa femme, à propos de leur fille atteinte d'encéphalite « Si nous ne faisons que souffrir subir, endurer, supporter nous ne tiendrons pas et nous manquerons ce qui nous est demandé. Du matin au soir, ne pensons pas à ce mal comme quelque chose qu'on nous enlève, mais comme quelque chose que nous donnons, afin de ne pas démériter de ce petit Christ qui est au milieu de nous, de ne pas le laisser seul travailler avec le Christ. »

On trouvera ce texte et d'autres de même élévation dans les Cahiers d'Action religieuse et sociale, n" 350, 1 oct. 1962, sous le titre « Aimer ou tuer? ».


L'HOMME MODERNE

DEVANT LA VIE ÉTERNELLE

L'enseignement du christianisme sur la vie éternelle est paradoxalement celui dont le monde a le plus besoin et celui qu'il semble le plus incapable de recevoir. Rien dans les préoccupations, le langage et la conception de l'homme auxquels se réfère la mentalité actuelle ne semble capable de saisir une telle doctrine. Traduite dans les termes qui sont familiers à nos contemporains, elle apparaît inconsistante ou dérisoire. Pour beaucoup elle se réduit à une fable, dépourvue de rigueur scientifique et ne possédant même pas la puissance d'entraînement des mythes totalitaires. Et pourtant elle seule apporte à l'homme moderne ce qu'il recherche avec le plus d'anxiété l'affirmation du prix de son existence personnelle. Tous ceux qui nous entourent sont, en effet, plus ou moins consciemment angoissés par l'anonymat auquel la technique moderne et la vie dans les grandes villes condamnent les personnes. Depuis Emmanuel Mounier et les débuts du « personnalisme», un cri d'alarme a été jeté sur cette situation de l'homme dans le monde actuel. Notre civilisation, qui exalte la puissance de l'humanité, étouffe en même temps, d'une manière déconcertante, l'attente d'absolu des individus et le sens qu'ils peuvent avoir de leur propre grandeur. Elle les ramène à des normes abstraites de capacité professionnelle, de rendement ou de cas social, qui produisent souvent dans les esprits un tel conditionnement que beaucoup arrivent à s'identifier eux-mêmes à ces symboles en oubliant presque ce que leurs existences possèdent d'unique et d'irréductible.

L'Eglise se trouve donc à la fois dans l'obligation de faire entendre aux hommes plus clairement que jamais l'appel du Seigneur à la vie éternelle, puisque seul cet appel vient à la rencontre de leur capacité d'infini, et dans la quasi-impossibilité de le leur transmettre sans le rendre dérisoire. Comment sortir d'un tel dilemme? Comment présenter à nos


contemporains la vie éternelle d'une manière qui éclaire, en les dépassant, leurs aspirations et soit pourtant recevable pour la raison?

Que la vie éternelle suscite dans la pensée contemporaine une impression de gêne, c'est un fait patent. La plupart des auteurs n'en parlent jamais ou ne l'évoquent que pour dire aussitôt qu'elle est impossible. En lisant certains essais ou en écoutant certaines conversations, on a souvent l'impression que beaucoup d'hommes modernes considèrent le procès de la vie éternelle comme définitivement clos et terminé par une condamnation sur laquelle aucun esprit rigoureux ne peut revenir. Céder de nouveau aux attraits d'une telle représentation signifierait se laisser reprendre par la pensée mythique. Cette négation constituerait donc une ascèse nécessaire de l'intelligence, c'est-à-dire la mortification de ses tendances spontanées à l'affabulation. Ce dépouillement serait la pierre de touche des esprits rigoureux, qui ne veulent pas se laisser contaminer par le nébuleux. Sur ce point, Sartre et Camus ont toujours été d'accord.

Pourquoi la croyance en la vie éternelle paraît-elle donc si corrosive de l'intelligence? Avant tout, parce qu'elle semble contradictoire et qu'on ne peut accepter le contradictoire sans renoncer à la cohérence. Exister signifie en effet pour beaucoup de nos contemporains se heurter à des limites. Que pourrait signifier dès lors une existence sans limites? Ne serait-elle pas l'expression même de l'inexistence? L'homme moderne ne pense plus comme le faisaient les disciples de Platon. Pour eux, les idées étaient des essences éternelles auxquelles il fallait accéder par la méditation ou l'extase en se détachant des contingences corporelles. Mais, pour les modernes, penser, c'est d'abord agir les idées n'ont de prix qu'en tant qu'elles sont des instruments d'action. Elles viennent de l'expérience, elles préparent des réalisations futures. Toute idée même fort abstraite porte en elle un projet; c'est pourquoi, lorsqu'elle est mise en œuvre, sa


vérité se reconnaît à son succès. Une idée qui permet de faire avancer la recherche ou d'utiliser des applications techniques paraît solide, une idée inapplicable semble stérile et donc fausse.

Or, quel projet l'idée de vie éternelle peut-elle impliquer? Quelle utilité peut-elle avoir pour une action future? N'implique-t-elle pas cessation de toute attente, de toute orientation vers un but, donc totale passivité? Comment pourrait-elle être vraie, au sens que donnent à ce terme tant d'esprits modernes, si le vrai est ce qui porte en avant, c'est-à-dire permet d'obtenir une réalisation nouvelle?

D'autre part, toute action se développe dans une situation particulière. Elle a comme but de vaincre les résistances qui entravent l'affirmation de la vie. Une pensée mise au service de l'action se fixe toujours sur des résistances et cherche à découvrir comment elles peuvent être dépassées. Ces obstacles sans cesse vaincus, mais aussi sans cesse renaissants, représentent donc le cadre nécessaire de l'action humaine. Ils tracent de constantes frontières autour de l'existence et marquent sa finitude. Ainsi la liberté se heurte-t-elle continuellement à des limites qui sont pour elle en même temps un carcan et un tremplin. Car c'est en se ruant sur elles et en développant pour les détruire sa puissance de rupture qu'elle peut rebondir pour aller plus loin. S'il n'y avait plus de finitude, il n'y aurait plus de tremplin, donc plus de possibilité de bond l'action disparaîtrait. Ainsi la domination d'une finitude conditionne-t-elle l'essor de la liberté. Cela ne veut-il pas dire que sans finitude il n'y aurait plus de liberté? De plus, si l'on reconnaît que la liberté est la vie même d'un être spirituel, il faut affirmer qu'en dehors de la finitude et de la corporalité qui la ressent, il ne pourrait même plus y avoir de vie. La vie éternelle serait donc une notion impossible, puisqu'il ne pourrait y avoir de vie que corporelle, c'est-à-dire sans cesse confrontée à des limites.

Cette difficulté majeure est étroitement liée pour nombre d'esprits contemporains à deux autres. N'étant plus un combat ou une action créatrice, la vie éternelle, telle qu'elle est ordi-


nairement présentée, paraît ennuyeuse. II est évidemment toujours plus facile de représenter la lutte et la souffrance que le bien. Déjà aux porches des cathédrales médiévales (comme à Notre-Dame de Paris) les élus dans le sein d'Abraham ont un air bien pâle en face des réprouvés s'agrippant à tout pour échapper aux démons qui les entraînent. Tout l'arsenal des palmes, des auréoles ou des instruments de musique, employé pour illustrer cette vie bienheureuse dans l'imagerie de Saint-Sulpice n'arrive pas à la rendre attrayante. Il lui manque, en effet, une des caractéristiques fondamentales de la vie l'aventure qui entraîne vers l'inconnu et mobilise les énergies pour faire face au péril imminent. La vie éternelle donne ainsi une impression de détente, d'irénisme, qui finalement paraît synonyme d'inconsistance. Bref, elle semble être une mort, une inexistence.

Il suffit enfin d'indiquer les incompatibilités qu'aperçoit la science moderne entre ses conclusions et le dogme de la Résurrection de la chair. Dès que celui-ci est rapproché des perspectives de la biologie moderne, il prend un air mythique. Comment des corps peuvent-ils se reconstituer, lorsque la matière a repris ses droits sur la vie et que les molécules constitutives des organismes ont été entraînées, à travers de multiples échanges chimiques, à entrer dans la composition de corps nouveaux? Envisagées dans de telles perspectives, les difficultés classiques sur l'âge ou la forme corporelle des bienheureux lors de la Résurrection, prennent plus de force que jamais. Ces apories traditionnelles dans les cours de théologie, sources de plaisanteries faciles pour les initiés (il suffit d'évoquer à ce propos la célèbre proposition d'Origène sur la forme sphérique des bienheureux), deviennent pour des esprits habitués à la rigueur scientifique un scandale intellectuel. Elles paraissent démontrer l'impossibilité même de toute foi religieuse.

Cependant cette croyance, qui renconlre auprès des philosophes et des savants comme auprès de l'homme de la rue de si graves objections, correspond à une attente fondamentale de nos contemporains. Jamais, peut-être, autant qu'à


notre époque, les hommes n'ont tellement désiré vivre éternellement, car jamais la personne humaine n'a été tellement menacée. La caractéristique fondamentale de notre temps est en effet l'impersonnalité, la dissolution des individus dans des masses ou des statistiques. La technique qui domine de plus en plus notre monde exige que les problèmes de destinée personnelle soient ramenés à des cas prévus, appréciables en fonction de critères objectifs, et susceptibles d'être résolus par l'application de normes générales. Toute singularité qui résiste à ce traitement passe pour une anomalie qu'il faut « réduire » Cette manière de traiter les problèmes humains possède un immense avantage elle permet de développer la planification. Elle a pourtant un défaut la personne, avec ce qu'elle a d'unique et de précieux, n'y est jamais reconnue en tant que telle. C'est pourquoi elle est toujours menacée de décomposition. Ne rencontrant rien qui s'adresse à sa capacité d'aimer, de créer ou de s'engager dans une destinée nouvelle, elle se dégrade progressivement. Beaucoup de nos contemporains attendent donc, sans en avoir une conscience claire, qu'on vienne jusqu'à eux, qu'on les reconnaisse dans ce qu'ils ont d'unique et qu'on les sauve de ce lent étouffement. Ils désirent qu'un appel leur révèle que le moi qu'ils portent en eux est capable d'une vie vraiment personnelle et qu'une destinée unique leur soit offerte au-delà de l'écrasement que fait peser sur eux l'organisation du travail, des loisirs ou de la société. Une telle attente est déjà attente de vie éternelle, car qui peut permettre à l'homme de vaincre de si puissantes forces de dépersonnalisation toutes apparemment orientées vers son bonheur sinon la conviction qu'il porte en lui-même quelque chose qui dépasse les déterminismes ? Or, ceux-ci se fondant tous, en dernière analyse, sur des structures phystologiques ou physiques, l'homme désire obscurément pouvoir accéder à une vie plus forte que le corps. Mais qu'est-ce qu'une vie dépassant le corporel et ce qu'il conditionne, le vieillissement et la mort, sinon la vie éternelle? -̃̃$ *j D'autre part, les hommes du xx. siècle sont assoiffés de liberté. Sans cesse ils rappellent sa grandeur ou revendiquent ses droits. Rien ne leur paraît plus dégradant ou


plus déplorable pour un individu ou une collectivité que l'esclavage. Sans doute envisagent-ils d'abord cette liberté comme une libération, c'est-à-dire comme la suppression d'une oppression ou d'une servitude actuelle. Cependant, même alors, ils postulent déjà la vie éternelle car ils veulent pouvoir accomplir des actes d'hommes; or seuls peuvent mériter ce titre des actes qualifiés intérieurement, c'est-àdire confrontés aux exigences de la justice et de la vérité. Dès que ces exigences s'éveillent en l'homme, le sens de la vie éternelle s'y réveille également, car la justice et la vérité dépassent le successif. Elles ne viennent pas de la simple succession des phénomènes ou des événements elles lui sont antérieures et elles conduisent au-delà. Les respecter, ce n'est pas rechercher simplement l'utile, c'est se soumettre à une grandeur et à une sainteté qui dépassent le temps, c'est mettre de l'éternel dans le temporel et donc affirmer déjà, d'une manière obscure, la vie éternelle. Mais il faut aller plus loin non seulement l'homme moderne veut se sauver de l'anonymat et faire reconnaître sa liberté, mais de plus il veut être reconnu dans ce qu'il a d'unique et invité à donner le meilleur de lui-même. Sans doute des amitiés ou des amours terrestres satisfont ordinairement cette attente. Mais tous ceux qui ont une certaine expérience du mal ou de la solitude savent quelles sont les limites des liens humains. Nombre de romans ou de films actuels soulignent les échecs de l'amour et montrent que des rapprochements, même passionnés, sont impuissants à vaincre l'emmurement spirituel que subissent nombre d'hommes et de femmes. Les foyers les plus unis savent eux-mêmes qu'un secteur de l'être de chaque époux, le plus secret, ne pourra jamais être «reconnu» » par son conjoint. Tous les regards humains, limités, doivent en effet s'arrêter à certaines frontières de l'existence profonde. Quelle que soit leur force de sympathie, ils sont incapables d'atteindre et d'appeler au don ce qu'il y a de plus incommunicable dans un autre. Pour « savoir ce qu'il y a dans le cœur de l'homme et lui adresser une parole libératrice, il faudrait être présent en lui, être plus intime à lui-même que lui-même. Il faudrait être Dieu, à la fois immanent et transcendant. Attendre cette reconnais-


sance de tout ce qu'on est et cet appel qui inviterait au don et à la communion, c'est donc attendre une vie avec Dieu et en Dieu, c'est-à-dire une vie plus forte que les vicissitudes terrestres, une vie éternelle.

Ainsi voyons-nous que, malgré sa fièvre de production et de jouissance immédiate, malgré aussi son inhabileté à qualifier ses intuitions ou ses attentes spirituelles, l'homme de l'ère technique est avide de vie éternelle. Il soupçonne en effet qu'il doit sauver le meilleur de lui-même et que, s'il n'accède pas à une vie plus forte que la mort, son existence successive elle-même perdra sa signification. Cependant il n'en demeure pas moins incapable de se représenter cette vie à laquelle il aspire. Il se croit même obligé de la considérer comme impossible alors qu'au fond de lui-même il voudrait pouvoir la tenir pour réelle.

Comment lui faire comprendre que ce déchirement intérieur peut être dépassé et qu'il est possible d'admettre la vie éternelle sans renoncer à aucune exigence légitime de la raison?

Les difficultés que nous avons évoquées en commençant viennent de deux sources fondamentales nous ne pouvons pas concevoir qu'une vie éternelle puisse encore impliquer une action personnelle et créatrice; nous n'arrivons pas à imaginer, selon les normes de la science contemporaine, ce que serait une vie incorporelle ou un corps glorieux. Cependant tout ce qu'il y a de plus profond en nous, le sens de notre propre grandeur, l'absolu dans lequel s'enracine notre volonté, enfin notre désir d'une communion infinie, nous fait aspirer à une vie plus forte que la mort. Disons net que, lorsqu'on ne considère que l'homme, la contradiction semble insurmontable. On se trouve presque contraint à reconnaître, avec Albert Camus et nombre d'« existentialistes» français, que la condition humaine est absurde, puisqu'elle postule quelque chose dont elle doit, en même temps, admettre l'impossibilité.

Cependant, le christianisme ne demeure jamais fixé en


un tel dilemme. Au-delà de la nature temporelle de l'homme et de son aspiration à la vie éternelle, il considère toujours un troisième terme, l'appel du Dieu Vivant. La béatitude n'est jamais pour lui un état auquel l'homme pourrait se hausser par son seul effort, elle est toujours un don libre. Elle ne met pas en oeuvre les seules virtualités de la nature, mais elle rend l'homme participant de la vie même de Dieu. On ne peut donc pas exposer ce qu'est la béatitude, sans faire redécouvrir ce qu'est la vie de Dieu.

Dès que la pensée s'engage sur cette voie, elle parvient à sortir de l'impasse dans laquelle la tenait prisonnière la première objection que nous avons rapportée. Celle-ci partait du fait qu'une vie éternelle ne peut être qu'une existence vide, donc une inexistence, parce qu'elle ne serait plus une lutte contre la finitude, un incessant dépassement de frontières. Or, ce qu'affirme la foi, c'est que dans la béatitude l'homme ne vit plus d'une vie solitaire, d'une tension de sa volonté propre affrontée à d'incessants obstacles, mais de la vie de Dieu. L'objection des existentialistes a du poids, lorsqu'on envisage Dieu comme un pur concept, un Etre Suprême, une force cosmique inconsciente ou un principe de cohérence du monde. Dans tous ces cas évidemment, il ne peut pas être question pour l'homme de participer à une nouvelle vie, puisque ce Dieu n'est pas vivant. La vie éternelle ne peut alors apparaître elle-même que comme un manque, c'est-àdire comme une suppression d'action et de personnalité. Au mieux, de telles représentations de Dieu ne peuvent aboutir qu'à une dissolution de la vie personnelle dans un absolu sans substance, dans un Nirvana, ou, au contraire, dans un jaillissement de vitalité inconsciente, c'est-à-dire dans un panthéisme. Dans un cas comme dans l'autre, il ne saurait plus être question de liberté ou d'amour personnel. Au contraire, dès que Dieu est reconnu comme un Dieu vivant, la béatitude se présente dans une lumière tout autre. Elle cesse de paraître passivité pour devenir activité, relation, échange, don. Elle n'est plus un naufrage dans un infini sans fond et sans rives, mais une participation au mouvement même de la vie divine. Si Dieu est créateur, communier à


sa vie ce qui est l'essence de la béatitude signifie vouloir et créer le monde avec lui donc porter en lui la multitude des êtres et soutenir leur devenir. Mais Dieu n'est pas simplement Agir, il est aussi Amour, ou plutôt son Agir est son Amour. Etre associé à sa vie, c'est donc être associé à son amour, c'est-à-dire à l'œuvre de rédemption et de sanctification que déploie la grâce du Verbe incarné. Ainsi vivre éternellement en Dieu, c'est tant que l'humanité n'est pas parvenue à son terme porter avec le Christ la multitude des hommes et la faire parvenir à la gloire de la Résurrection. Cependant, le Christ nous fait connaître que non seulement Dieu aime, mais qu'il est substantiellement Amour, c'est-àdire que sa vie est totalement don et réponse d'amour. Entrer en Dieu, participer à sa vie, c'est donc entrer dans cet échange de don, dans cette communication d'amour que constituent les relations mutuelles des personnes de la Sainte Trinité. Quoi de plus étranger à cette dissolution dans le vide, à cette désintégration et stérilisation de la personnalité qu'imaginent ceux qui ne connaissent pas le Dieu vivant, que cette participation au retour total du Fils vers le Père dans l'Esprit Saint que nous décrit saint Paul: « Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Vous n'avez pas reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit d'adoption en qui nous crions Abba, Père! » (Rom. 8, 15). Voilà ce don plénier dans lequel toute liberté de l'être est engagée et dans lequel l'homme, appelé à la béatitude, participe totalement à la vie d'Amour de Dieu Trinité.

Plus l'œuvre de Dieu et sa vie trinitaire sont découvertes dans leur mouvement profond, plus la béatitude qui rend l'homme participant de la vie divine apparaît donc active et dilatante. Ainsi la découverte du sens de la vie éternelle dépend-elle de la reconnaissance du Dieu vivant. Sans doute la doctrine catholique de la vie éternelle ne peut-elle pas tout « expliquer ou présenter imaginativement. Une différence absolue de nature existe entre la vie temporelle et la vie éternelle. La première est le fait d'un sujet séparé qui, sans doute, existe en Dieu, mais doit mener ici-bas une action définie, irréductible à celle que mènent


autour de lui ses autres frères humains. La vie éternelle, au contraire, est une participation à la vie de Dieu, ce qui veut dire qu'elle n'implique plus pour l'homme des tâches et des opérations distinctes de celles de Dieu. L'homme y participe à l'agir divin. Son action lui est propre, elle met en œuvre ses puissances spirituelles, sans pourtant s'isoler de l'action divine. Il crée, lutte contre le mal, rassemble les êtres dans l'unité, se livre totalement en une relation d'amour, et pourtant il accomplit tous ces actes en Dieu, uni à lui. L'esprit ne peut pas se représenter cela, sans mettre à l'épreuve son imagination l'enseignement chrétien ne doit pas le cacher, bien qu'il puisse offrir, dans le rappel des collaborations que permettent l'amitié, l'amour ou l'acceptation commune d'une même mission, des analogies qui aident à pressentir ce que doit être cette participation à l'action du Dieu Vivant. La seconde objection à la vie éternelle que nous avons évoquée, l'impossibilité de se représenter scientifiquement une vie séparée du corps ou un corps glorieux, paraît encore plus difficile à surmonter. Elle semble décisive à nombre d'esprits que la première difficulté ne frappe pas. En effet, dans les pays occidentaux, presque tous les individus ont reçu un minimum de culture scientifique. Or, il n'est pas nécessaire d'être très savant pour appliquer ce que l'on sait de physique ou de chimie aux affirmations de l'Eglise concernant la vie d'outre-tombe ou la résurrection des corps, et pour constater sur ce point d'apparentes incompatibilités entre la science et la foi. Ces incompatibilités semblent même tellement fortes qu'elles conduisent à taxer tout l'enseignement chrétien de mythique ou de primitif.

Il ne s'agit pas tellement pour une réflexion chrétienne de répondre à de telles objections que de les dépasser, c'est-àdire de situer la vie éternelle à un tel degré de réalisme qu'elles apparaîtront comme non décisives. Comment cela? Avant tout, en faisant écho à l'enseignement de saint Jean qui présente la vie éternelle comme une réalité actuelle « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu et Celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jean 17, 3). A partir du moment où la vie éternelle n'est plus montrée


comme une vie après la mort, mais comme une vie plus forte que la mort, les difficultés concernant la survivance des âmes séparées, la résurrection des morts ou l'existence des corps glorieux sont surmontées. En effet, la vie éternelle implique tout cela, mais elle ne se réduit pas à cela. Elle est avant tout une énergie de renouveau, de résurrection, communiquée au croyant par la grâce de Jésus-Christ ressuscité. Avant d'être une force qui domine la mort, rassemble pour la résurrection les éléments dispersés du corps humain et confère à celui-ci une splendeur et des propriétés que ne possède ici-bas aucune espèce biologique, elle est une force de résurrection de notre esprit. Entrer dans la vie éternelle, c'est entrer dès maintenant dans un renouveau de l'intelligence qui, par la foi, atteint, au-delà du temporel, à l'intimité divine; dans un renouveau du désir qui, par l'espérance, se fixe sur un bien qu'aucune force terrestre ne pourra lui arracher enfin dans un renouveau de la liberté qui, par la charité, participe à la force même de l'amour créateur et rédempteur de Dieu. Vivre de la foi, de l'espérance et de la charité, c'est donc vivre dès maintenant de la force divine, c'est recevoir « ce poids éternel de gloire », dont parle saint Paul, qui n'a rien à redouter du dépérissement de notre corps de chair (2 Corinth. 4, 16). Comment cette énergie de grâce, qui est assez forte pour renouveler tout notre être spirituel, ne seraitelle pas suffisante pour recréer ensuite notre être charnel et le rendre participant de la gloire divine?

La vie de grâce menée dès ici-bas avec Dieu ne peut pas être atteinte par la mort. Pourquoi ne continuerait-elle pas ensuite à agir et n'acquerrait-elle pas, lors du retour du Christ à la fin des temps, une plénitude, une force de rénovation, qui lui permettrait de rassembler pour constituer un corps glorieux les énergies biologiques désagrégées par la mort? Sans doute, lorsque nous avons dit cela, ne sommes-nous apparemment pas plus avancés sur le plan scientifique nous n'avons précisé ni les processus psychologiques qui permettraient l'exercice des fonctions spirituelles en dehors du corps, ni les processus physico-chimiques qui permettraient à la résurrection dernière la reconstitution et la glorification de celui-ci. Nous avons cependant mis en lumière l'énergie qui


rend tout cela possible. Or, si la science est avant tout une découverte des dynamismes qui permettent d'expliquer l'apparition et la succession des phénomènes, la reconnaissance du dynamisme de la grâce et de sa puissance de rénovation apporte dans cette recherche un élément totalement nouveau.

Celui-ci échappe par nature à ce que la science peut saisir et expliquer. Cependant, s'il dépasse ses certitudes, il ne les nie pas. Une pensée scientifique ouverte admettra toujours l'existence d'un autre plan de réalité que celui sur lequel elle fait porter ses enquêtes. En reconnaissant les virtualités de la grâce et en constatant dans les saints ses effets, elle comprendra que ses connaissances sont transcendées mais non bafouées. Elle s'inclinera devant le jeu d'une énergie qui ne supprime en aucune manière l'exercice des forces qu'elle étudie, mais qui appartient à un autre ordre. La curiosité de l'homme ne sera pas plus apaisée qu'avant, car elle ne pourra imaginer ni la vie d'outre-tombe ni la résurrection des morts; ,mais la raison éclairée par la foi sera satisfaite, car elle pourra comprendre à quelle puissance l'homme participe, lorsqu'il accède par la grâce à la vie bienheureuse.

Deux principes se dégagent clairement de ces réflexions. Le premier est celui de l'unité du message chrétien. Un enseignemcnt sur la vie éternelle, donné d'une manière isolée sans référence à une présentation d'ensemble du christianisme se heurte immédiatement à d'apparentes absurdités; il est déconcertant pour l'intelligence et accumule les difficultés sans nourrir la foi. La vie éternelle, en effet, n'a de sens que par rapport à Dieu, dans la mesure où la béatitude qu'elle promet est une vie en Dieu. C'est donc la découverte du Dieu Vivant, manifesté par Jésus-Christ, actuellement présent dans l'Eglise, qui ouvre les portes de la vie éternelle. Dans la mesure où le mystère de Dieu qui est action, communication d'amour, relation de personnes, a été dit, la vie éternelle prend sa signification, elle apparaît comme un agir et non plus comme une passivité. C'est de même uniquement


lorsqu'a été présentée la Résurrection du Christ, et la force de renouveau qu'elle apporte à l'humanité, que peut être mise en lumière l'énergie qui permet à l'homme de vaincre la mort et d'entrer dans la gloire. Un enseignement sur la vie éternelle développé pour lui-même indépendamment de la contemplation de la vie divine et de la résurrection du Christ prend un air faussement naturaliste qui l'expose à toutes les critiques de la science et le fait inévitablement taxer de mythique.

Les réflexions que nous venons de faire nous montrent également que la vie éternelle n'a pas de sens en dehors de la charité. En effet, seul le rappel constant de la place que tient la charité dans la vie divine et dans l'existence chrétienne peut vaincre l'impression de statisme produite par certaines présentations de la vie éternelle. Mais, pour qu'un tel rappel soit expressif, il ne suffit pas qu'il soit donné de temps en temps, à propos de certains sujets, il faut qu'il imprègne en profondeur tous les aspects du message chrétien. Car, si l'amour qui fait vivre et rassemble n'est pas manifesté à travers tous les dogmes et toutes les formes de l'enseignement moral, il perd sa signification. En effet, un amour qui ne serait pas continuellement à l'œuvre ne serait plus l'amour de Dieu, car Dieu agit sans cesse (Jean 5, 17). Seule la présentation constante de l'amour de Dieu qui crée, rachète et rassemble fera donc pressentir à quel point la vie éternelle est action et incessante nouveauté.

André BRIEN.


L'ÉDUCATION

DU SENTIMENT DE CULPABILITÉ S'il est un problème commun à la psychologie, à la pédagogie et à la pathologie mentale, c'est bien celui du sentiment de culpabilité. Avant d'étudier sa place dans l'éducation, il importe de rappeler quelques données fondamentales. Le sentiment de culpabilité, vrai ou faux, implique toujours l'hypothèse d'un certain absolu de la faute et par suite une certaine transcendance des références morales. Cette transcendance demeure, quelles que soient les options métaphysiques explicites de chacun.

Tout sentiment de culpabilité implique la conscience d'une responsabilité et de tout ce que celle-ci suppose, en premier lieu la liberté.

Possibilité de se juger en fonction d'une certaine transcendance, et dans un climat de liberté; cela peut suffire à indiquer, d'entrée de jeu, qu'il ne peut y avoir une formation du sentiment de la culpabilité chez l'enfant sans qu'il y ait en même temps éducation de la liberté et du jugement. On doit reconnaître, cependant, dans le sentiment de culpabilité un aspect passif il est subi. La responsabilité, au contraire, implique la possibilité d'assumer activement ce qu'on dit, pense ou fait. Au sens strict, le sentiment de culpabilité n'est encore qu'un symptôme; il explique une réaction subjective. C'est pourquoi toute une mode éducative, en dépendance de certaines positions philosophiques et psychanalytiques, a tendance à reporter sur l'aspect passif et négatif du sentiment de culpabilité ce qui appartenait autrefois au concept de « conscience morale ». Il est incontestable que le phénomène « culpabilité » envahit facilement la conscience. Il est non moins certain qu'être « une personne », c'est être capable de penser réflexivement, de se juger, de porter la responsabilité de ses pensées comme de ses actes.

Ce que nous devons retenir des données de la psychologie


moderne, c'est que le sentiment subjectif de culpabilité précède le sens objectif de la faute. Ce que l'homme sait d'abord, c'est qu'il est coupable 1. Il ne s'agit pas ici de discuter les bases métaphysiques de ce sentiment de culpabilité; il est certain qu'on en trouve la trace dans toutes les religions. Disons seulement que le christianisme, non seulement n'a aucun mal à s'accommoder de cette vue des choses, mais qu'il est le seul avec son dogme du péché originel à pleinement assumer ce sentiment. Ce dogme permet seul de rendre compte par les sommets de l'universalité du sentiment de culpabilité, préexistant à l'analyse objective de la faute. Mais la reconnaissance de cette réalité fondamentale ne doit pas nous empêcher de faire sa place à une autre réalité, également constitutive de l'existence humaine la réalité de la conscience morale. Non sans raison le Dr Cossa s'étonnait, dans un livre récent, que cette notion de conscience morale soit presque totalement abandonnée par les psychologues, pédagogues et psychiatres, qui la laissent dans l'oubli des vieux manuels de théologie morale. Et cependant, quel que soit son pays, sa couleur, son âge, la conscience morale existe et conditionne chez tout homme le sentiment de culpabilité; on est obligé d'en constater la permanence, même si celle-ci peut être modifiée dans sa forme par un milieu, une éducation, une discipline sociologique ou religieuse. Elle peut trouver des résonances particulières, mais c'est elle qui acheminera toujours au mode adulte, responsable de l'existence humaine.

On peut même dire que l'absence de conscience morale relève proprement de l'aliénation. Si, à certaines époques, il s'est produit une confusion entre la perte du sens moral et la folie, il est évident qu'une des caractéristiques de certaines folies est l'absence totale du sentiment de la responsabilité. Au contraire, la persistance d'une certaine conscience morale, même à travers les déviations les plus extrêmes, permet un espoir de restauration mentale. C'est que la conscience morale implique la possibilité d'une action réflexive sur soi-même, en fonction d'un monde extérieur et d'un système de valeurs 1. C'est la culpabilité « endogène du Dr Hesnard.


reconnu. Or, c'est là un des éléments essentiels de la personnalité humaine.

Les premiers mécanismes du sentiment de culpabilité. Le sentiment de culpabilité est très antérieur, nous l'avons dit, à la possibilité réflexive qui appartient aux stades évolués. La vision freudienne du sentiment de culpabilité comporte beaucoup de vrai, tout en étant trop limitée. Elle explique surtout les mécanismes primaires, non évolués, de ce'sentiment, avec les possibilités de conséquences névrotiques. Freud a montré que le système initial de la culpabilité de l'enfant est extérieur à lui-même. L'enfant ne se fait et ne peut se faire une opinion sur ce qui est bien ou mal qu'en fonction de ce qui lui est permis ou interdit. Pour lui, la première transcendance est la volonté du monde qui l'entoure, et donc au premier chef celle de ses parents.

Même si l'on a voulu mettre dans l'éducation première de l'enfant des valeurs supérieures, il n'en reste pas moins que, dans le plus jeune âge, l'action mauvaise est celle qui entraîne une punition. « Pourquoi ne fais-tu pas cela? » demande le camarade. « Parce que je me ferais gronder. » C'est exceptionnellement qu'il répondra « Parce que c'est mal. » L'enfant ne peut prendre conscience du bien et du mal qu'à travers permissions et interdictions, qui proviennent uniquement du tout-puissant domaine des grandes personnes. Ce domaine, c'est ce que Freud,appelle le monde du « Sur-Moi » Le Sur-Moi se plaque au-dessus du sujet, extérieurement à lui, et le sujet ne peut lui échapper. L'enfant a d'abord l'impression d'être prisonnier d'un système incompréhensible, le système des grandes personnes. L'ultima ratio regum devient ici la prima ratio la raison à la fois première et dernière est la sanction.

Il n'en est pas moins capital d'essayer d'introduire dès que possible dans la décision du très jeune enfant des valeurs qui se situent au-delà de la sanction, soit qu'on puisse rapidement lui faire comprendre que le bien commun l'emporte sur le bien individuel, soit que, dépassant une transcendance sociologique, on le fasse accéder au sens des valeurs proprement spirituelles du bien et du mal.


De toute façon, les éducateurs doivent veiller à ne pas brandir seulement la sanction qui provoquerait des comportements d'angoisse et de dissimulation. Ce comportement est fréquent chez les peuplades primitives où mensonges, vols, ne sont considérés comme coupables que dans la mesure où ils sont découverts. Tous les enfants passent peu ou prou par ce stade de la honte. Mais il faut le faire dépasser rapidement. Nous touchons cependant ici le point à la fois le plus important et le plus subtil de l'éducation. Eduquer un enfant, ce n'est pas seulement lui assurer la plénitude dans le moment où nous le considérons, c'est également prévoir sa plénitude future, lorsqu'il sera adulte. Or cette préoccupation implique présentement la mise en jeu d'un certain nombre de contraintes. Ces contraintes, condition d'un épanouissement futur, ne peuvent être entièrement comprises par l'enfant. On doit du moins veiller à ce que la conscience de l'enfant ne soit pas envahie par un sentiment infra-moral, et facilement morbide, de culpabilité.

Le développement du sentiment de culpabilité.

Pour esquisser une description du développement du sentiment de culpabilité, nous pouvons de nouveau recourir à certaines données positives des analyses freudiennes. Toute l'histoire du comportement moral de l'enfant parait celle d'un conflit entre les instincts hédoniques (c'est-à-dire de la recherche du plaisir) et la coercition morale exercée par l'entourage. Cette tension devra être résolue harmonieusement si l'on veut aboutir à une affectivité et une moralité normales. Que l'évolution se fasse de façon anarchique, le même processus conduira à des comportements anormaux et à des développements névrotiques.

Les premiers stades sont caractérisés par Freud comme stade oral et stade anal, car ce sont les disciplines digestives qui sont alors primordiales. La vie relationnelle de l'enfant s'inscrit alors dans cet horizon. Mais déjà apparaît dans ces premiers mois une relation avec autrui, la relation avec la Mère. Le problème du Bien et du Mal, dans sa forme embryonnaire et combien matérielle, est déjà lié à une dynamique affective.


Nous ne nous arrêterons pas aux déductions scientifiques que la psychanalyse a opérées à partir de ces premiers stades. Celui qui nous intéresse directement ici est le suivant le stade œdipien, ou génito-sexuel. A ce stade, il y a chez le garçon une fixation affective prédominante sur la Mère, et, en corrélation, une hostilité envers le Père. Cette fixation affective sur la mère est plus qu'une affection filiale. C'est une fixation passionnelle, avec tout ce que cela comporte. Parmi les mères et les pères de famille qui me liront, la plupart sans doute n'auront jamais observé l'existence de ce complexe œdipien, et cependant sa constance est indiscutable. Mais il est souvent masqué par toute une structure familiale évoluée, dans laquelle ni l'amour pour la mère, ni l'aversion pour le père ne se manifestent de façon choquante 1. Je n'ai jamais rencontré, et aucun psychanalyste vraisemblablement n'a jamais rencontré, de cas dans lequel on puisse dire qu'il n'y a pas eu de complexe d'Œdipe dans le développement normal d'un enfant. On observe au contraire que toutes les fois que le complexe d'Œdipe ne s'est pas développé, il y a risque de conflits névrotiques pour l'avenir. Le complexe d'Œdipe est en effet la première manifestation affective réelle, qui fait sortir l'enfant de son égoïsme, de son narcissisme des premières années. Il est ouverture sur autrui et la possibilité d'une vie affective normale et riche passe par l'Œdipe, à condition que celui-ci se liquide de façon harmonieuse.

Ainsi sommes-nous ramenés directement au problème de la culpabilité. On peut dire en effet que le complexe d'Œdipe est le péché originel de l'amour. Mais c'est une felix culpa puisque tout notre pouvoir d'aimer et de bien aimer en découle.

Ainsi le crime d'Œdipe laisse-t-il, dès les premières années de la vie d'un homme, le sentiment d'une faute; sentiment 1. Chez les filles ce stade existe aussi, mais il est inverse c'est la fixation paternelle et l'aversion maternelle qui s'exercent. Mais, chez la fille, les choses se passent de façon plus compliquée, car le rôle du Père dans le développement de l'enfant est d'une nature moins précise et moins immédiate que celui de la Mère. Ce qu'on a appelé le complexe d'Electre chez la fille n'a pas la rigueur schématique du complexe d'Œdipe chez le garçon dès leurs premières années les filles sont déjà des êtres compliqués 1


refoulé au plus profond de son être, car il est intolérable de se sentir coupable à ce point. Aussi bien nous crevons-nous les yeux comme Œdipe, qui ne pouvait accepter de vivre, voyant, dans un monde marqué par sa souillure. Plus de deux mille ans avant Freud, la sagesse grecque reconstituait la genèse de cette culpabilité qui pèse sur chacun des hommes. Il nous faut analyser cependant de plus près les « crimes » d'Œdipe, car nous y trouverons tous les éléments de la fausse culpabilité. « Fausse culpabilité » presque un pléonasme pour les psychologues d'aujourd'hui, car le terme de « culpabilité » leur suggère déjà l'idée d'un sentiment parasite dénué de fondement. Culpabilité fausse et névrosante, qu'il importe pour nous de bien distinguer de la faute, ou, en termes religieux, du «péché».

La faute, le péché supposent la clairvoyance de ce qui a été volontairement fait en pleine conscience et cela entraîne la nécessité d'en assumer le poids et de réparer. La conscience objective de cette situation est sentiment « vrai » de culpabilité, participation de l'être coupable à un jugement de valeur, que tout le monde porterait si tout le monde connaissait les faits et les intentions. En ce sens se reconnaître coupable, se reconnaître pécheur, c'est se reconnaître comme un agent libre et conscient que réprouve non seulement notre conscience morale, mais aussi tout un système de références auquel participe cette conscience morale. Le sentiment pathologique de culpabilité, la « fausse culpabilité, est au contraire indépendante de la conscience et de la liberté et elle est essentiellement subjective.

Regardons Œdipe au début de l'Œdipe Roi, Sophocle le montre parfaitement objectif au sujet de la faute qui a été commise, le meurtre de Laïos. Dans son appel aux Cadméens, il parle en justicier et il condamne le meurtre, le meurtrier et tous les complices qui pourraient essayer de dissimuler à la justice celui qui a tué. Il s'écrie « Si d'aventure je venais à l'admettre consciemment à mon foyer, je me voue moimême à tous les châtiments que mes imprécations viennent à l'instant d'appeler sur d'autres. » Ce terme de « consciemment (suneidolos) est suffisamment étranger à la pensée grecque en ce domaine de la responsabilité, pour qu'il prenne


ici tout son poids dans le développement du drame. A ce début de la tragédie, selon la logique et la sagesse grecques, Œdipe veut la justice.

Mais voici que se découvre la vérité Œdipe a tué son père et épousé sa mère. Il a tué son père sans le savoir, au cours d'une rixe accidentelle où il ignorait qui était réellement l'adversaire. Il a épousé sa mère Jocaste sans savoir que c'était elle qui l'avait mis au inonde. Il n'est coupable ni du parricide, ni de l'inceste; il les a commis, mais ne le savait pas. Nous voyons alors la tragédie grecque se renverser la justice qui était nécessaire pour délivrer Thèbes de la peste va se transformer en poids d'une fatalité, d'une Mdïra, et Œdipe, le devin clairvoyant, sent tout le poids de cette fatalité qui instantanément le transforme en coupable. Confusion, fréquente chez les Grecs, entre la souillure et le péché, entre la faute volontaire et l'acte mauvais involontaire. Œdipe se punit lui-même en se crevant les yeux double symbolisme, celui du châtiment et celui du refoulement de la faute. Œdipe ne veut plus voir, il se refuse à jouir d'une lumière qui éclaire ses forfaits.

Toutefois Freud, qui rappelle tout cela, n'a pas été jusqu'au bout du drame d'Œdipe. Le premier Œdipe en effet, celui de l'Œdipe Roi, celui qui se punit lui-même d'un crime qu'il n'a pas commis, n'est pas le même que l'Œdipe vieilli, qui s'affirme non coupable dans Œdipe à Colone, la tragédie qui est en quelque sorte la déculpabilisation d'Œdipe Roi. Œdipe s'est puni, il s'est crevé les yeux, mais s'il s'accepte puni, il ne s'accepte plus coupable. Il rejette la fausse culpabilité de son inconscient, il cherche à se libérer du « Sur-Moi » que représente « le bon plaisir des dieux» « Car en moimême tu ne saurais trouver nulle faute infamante qui devait me mériter de devenir l'auteur de celles que j'ai pu commettre à l'égard de moi-même et des miens. Si, par un malheur aussi éclatant que fut le mien, j'en suis venu aux mains avec mon Père et je l'ai tué, sans avoir conscience de mon crime ni de ma victime, comment d'un acte involontaire pourrait-on raisonnablement me blâmer? » Cette évolution du mythe grec de la culpabilité à travers le personnage d'Œdipe est capitale. L'histoire d'Œdipe, telle que la raconte Sophocle, distingue


bien les deux plans, celui de la souillure involontaire, fait du destin et source de culpabilité fausse, et celui de la vraie faute consciente et volontaire.

L'étonnante vérité humaine exprimée par le mythe d'Œdipe ne doit pas nous faire oublier que, dans la plupart des cas, le conflit originel se dilue heureusement et se résout, sans laisser de trace, dans l'harmonie d'une saine vie familiale. Ce serait aussi une grossière erreur que de réduire à l'histoire d'Œdipe celle de la culpabilité humaine. On trouverait autant de richesses à exploiter dans le mythe de Prométhée, dans Ainsi parlait Zarathoustra, dans l'histoire de Job et plus encore dans la Genèse. Mais c'est dans le drame d'Œdipe que l'histoire de la culpabilité inconsciente est le mieux mise en évidence.

Notons enfin que le refoulement dans l'inconscient de nombreux faits générateurs de culpabilité n'est pas nécessairement générateur de névroses. L'inconscient est un peu la poubelle où vont s'enfouir nombre de possibilités névrotiques. Pour un certain nombre de conflits qui resurgissent sous forme de névroses, combien y restent définitivement enfouis et finissent pas disparaître complètement, l'inconscient normal devenant cette fosse septique où tout s'épure 1. Nous avons abandonné l'histoire du développement de la culpabilité chez l'enfant au stade œdipien, qui s'étend aux environs des 4e, 5e et 6» années. On arrive alors à un stade la raison, le jugement, vont permettre à l'enfant de saisir, 1. A lire les auteurs contemporains qui se sont penchés sur le problème de la culpabilité, on a parfois l'impression qu'ils ont beaucoup plus en vue le sentiment névrotique de culpabilité que le vrai sens de la culpabilité, autrement dit la conscience morale. C'est un peu le reproche que l'on peut faire au livre du psychanalyste Hesnard, Morale sans péché. Ce livre, qui dérive de son œuvre beaucoup plus importante L'univers morbide de la faute, a le très gros avantage de démythiser la culpabilité en écartant précisément tout ce qui peut avoir une origine morbide dans le sentiment de culpabilité. Ce qu'on peut lui reprocher, c'est de négliger la faute vraie, non morbide, génératrice d'une véritable culpabilité. Nous avons dit déjà, d'ailleurs, que longtemps on a tendu à confondre maladie, erreur et faute et, inversement, à identifier folie et comportement moral. Cette erreur n'est pas totalement disparue, c'est elle qu'on retrouve encore chez le Dr Daim, psychanalyste viennois, qui dans son livre Transvaluations de la psychanalyse confond hardiment problèmes pathologiques et problèmes moraux. Il est inquiétant d'écrire c La névrose, sans doute aussi la psychose, sont déterminées par une constellation à la fois fonctionnelle et religieuse. A cet égard l'élément déterminant est le facteur religieux. Plus inquiétant encore de déclarer


d'une façon rudimentaire, le pourquoi de sa culpabilité. Le sentiment de faute se détache alors de la notion de l'interdit et de la soumission à la toute-puissance de la grande personne. Par une pensée réflexive, l'enfant commence à juger du bien et du mal. Ce jugement n'est plus extérieur, ni seulement subi. L'enfant construit un système de références qui dépasse celui de la sanction; ce système est peut-être plus celui de l'obligation que celui de la raison, qui ne fait que poindre. Ce n'est pas sans motifs qu'on a placé l'âge de raison aux environs de la 7" année. On pourrait presque dire que c'est le stade kantien du sentiment de la faute l'obligation morale prend la relève du tabou.

Quels que soient les systèmes philosophiques ou métaphysiques auxquels on se réfère, on doit admettre que la morale résulte de la rencontre d'une intériorité, celle du jugement personnel, et d'une double extériorité, celle des exigences du monde où l'on vit et celle d'une certaine transcendance qui s'inscrit au-delà du temps et de l'espace.

La formation de la conscience morale de l'enfant est l'aboutissement d'un certain renoncement au monde des pulsions instinctives personnelles, pour arriver à un dialogue harmonieux avec autrui, en respectant un certain nombre de principes (que ces principes découlent d'une certaine épuration psychologique ou d'une instance métaphysique, ou des deux). L'éducation de la conscience morale, donc du sens des responsabilités et de la vraie cupabilité, va être essentiellement d'apprendre à l'enfant à se dégager de la morale inconsciente, subie, pour donner de plus en plus à la morale consciente, acceptée et voulue.

Il ne s'agit pas cependant de faire table rase de tout ce qui appartenait à la formation inconsciente des impératifs que « la névrose est en définitive un conflit avec Dieu ». Le vrai but de la psychiatrie est de désangoisser le malade en le délivrant de ses fausses culpabilités. En fait, la théorie de Daim enfonce le malade dans un mal encore plus profond en le persuadant que, s'il souffre, c'est qu'il est pécheur. Confusion des plans désastreuse, qui pourrait conduire certains malades aux pires extrémités, voire même au suicide. Il faut préférer de beaucoup le livre du Dr Hesnard sur Morale sans péché si l'on est averti qu'il néglige trop l'intériorité et la transcendance de la faute, il cherche à expurger une fausse morale qui s'encombre par trop d'une culpabilité névrotique. Suivant l'expression de Ricœur, il « décrasse la faute.


moraux, mais surtout de démythiser ceux-ci, de les épurer, de les dépouiller de tout ce qui demeurait hors du domaine de la raison. La conscience morale la plus évoluée ne peut renier la partie d'elle-même qui a pris le départ au sein du monde obscur du Sur-Moi, de même que la sagesse apollinienne des Grecs suppose les mythes tragiques et la frénésie dionysiaques dont elle est l'épuration. L'essentiel d'une éducation parfaite serait de rendre accessible au jugement critique toutes les obligations. Sans doute la saisie en pleine clarté du sens des obligations représente un point de perfection situé à l'infini des perspectives humaines. Mais « ne pouvoir prétendre arriver à ne signifie pas « ne pas devoir tendre vers ». L'imperfection finale n'est pas condamnation de la recherche. Telle est sans doute la signification d'un autre mythe antique, celui de Sisyphe, qui pour moi est davantage celui de la persévérance que celui de l'échec. L'enjeu d'une éducation du sentiment de culpabilité. Pour nous mieux persuader de l'importance d'une éducation intelligente du sentiment de culpabilité, il convient de nous arrêter aux graves conséquences névrotiques entraînées par nos erreurs ou négligences en ce domaine.

Le vrai sentiment de culpabilité, celui de la faute, du péché, est en réalité totalement indépendant de la maladie. C'est, il est vrai, dans la perspective du péché que l'on éprouve le mieux le sentiment de la vraie culpabilité. Mais ce qui domine alors, c'est moins l'impression de la loi transgressée, la complaisance du pécheur en lui-même, que l'immensité de la Personne offensée. La notion de châtiment s'estompe et par là même s'éteint le caractère morbide de la faute, qui demeure cependant intégralement « faute »

Puis-je dire que cela m'est apparu un jour, très particulièrement, en présence d'un patient? Il s'agissait d'un religieux d'une quarantaine d'années qui venait me trouver par ordre de ses supérieurs. Il commença ainsi sa consultation « Docteur, je viens vous trouver par ordre de mon supérieur, parce qu'il pense que la faute que j'ai pu commettre ne peut relever que de la maladie; mais je puis vous assurer que je ne suis pas malade; je suis seulement un pécheur.» Celte


déclaration ne m'impressionna pas au départ, et je soupçonnais déjà quelque masochisme latent, quelque désir d'exhibitionnisme de la faute à la façon d'un héros de Dostoïevsky, ou bien encore je ne sais quelle déviation pathologique. A priori ce comportement de coupable me semblait devoir être sous-tendu par toute une série de complexes et de refoulements. Je lui dis « Même si vous n'êtes pas un malade, nous pouvons toujours parler. Je vois tant de soi-disant pécheurs qui ne sont que de pauvres malades. L'intéressé accepta la conversation, qui ne fut d'ailleurs qu'un long et émouvant monologue. Cet homme ne trahissait dans son exposé aucune anomalie psychologique, mais au contraire un sain jugement sur soi-même, présenté en toute simplicité et humilité. Il n'insistait pas sur l'importance de la loi qu'il avait transgressée. L'idée du châtiment était là, évoquée sans angoisse, car il avait foi dans le pardon. Peu à peu n'apparaissait plus dans l'exposé que la grandeur et la bonté du Dieu offensé, avec le sens profond d'une atteinte à l'immensité du Dieu de puissance et d'amour. Tout cet exposé, il faut encore le souligner, était fait sans angoisse; nous étions bien loin de ces sentiments frelatés de culpabilité qui sont la monnaie courante de nos cabinets de consultation.

Le type de névrose de fausse culpabilité est la névrose scrupuleuse, qui n'est elle-même qu'une forme particulière de la névrose obsessionnelle, étant entendu que chacun alimente sa névrose obsessionnelle avec ce qu'il a sous la main, c'est-à-dire ce qui l'intéresse le plus. Toute névrose obsessionnelle est, pour une part plus ou moins grande, névrose de culpabilité. Les débuts en sont très discrets chez l'enfant; les premiers scrupules apparaissent souvent à l'occasion de la première communion, au moment où l'on commence à s'interroger sur sa responsabilité. Souvent il s'agit d'enfants peureux. Le sujet se sent menacé et ne peut se défendre de l'idée que cette menace correspond à une faute cachée ainsi Œdipe prenait la peste de Thèbes comme la sanction de crimes inconnus et inexpiés. Souvent, après une crise de scrupules, tout rentre dans l'ordre, puis les scrupules réapparaissent au moment des premières difficultés sexuelles. Ils s'estompent encore, mais réapparaîtront au moment des enga-


gements de l'âge adulte. Il reste que les causes les plus profondes remontent à des stades primitifs de la petite enfance, stade de la morale inconsciente ou préconsciente. C'est pour cela qu'il importe essentiellement à l'éducateur de déceler précocement les premières manifestations scrupuleuses pour pouvoir les réduire par une éducation ouverte. S'il y manque, il contribuera à grossir la cohorte des névrosés. Nous devons comprendre en effet que si les scrupuleux apparaissent au premier abord comme avides de sainteté, de pureté surtout, et veulent écarter d'eux tout ce qui peut être atteinte à loi du Seigneur, le Seigneur en réalité compte peu pour eux c'est la loi qui domine tout, la loi et le châtiment. Le Dieu d'amour est oublié, et ces sujets n'aiment pas.

Le repentir authentique du « vrai péché », conçu ou accompli, comporte d'ordinaire une absence d'angoisse, cette angoisse qui marque les fausses culpabilités. Les larmes de saint Pierre ne furent jamais sans doute l'expression d'une angoisse morbide. J'ai connu le cas de deux scrupuleux anxieux, qui avaient été amenés, dans des circonstances que nous n'avons pas à rapporter, à commettre deux meurtres. Ces deux meurtres avaient été ressentis par l'un et l'autre comme des fautes immensément graves, mais ils en acceptèrent le poids et le pardon, alors que sur des points ridicules ils ne purent jamais se défaire de culpabilité angoissante. L'angoisse de la fausse culpabilité peut même entraîner des comportements extrêmes et étranges. Telle malade torturée par des fausses culpabilités ne peut trouver un semblant de paix que lorsqu'elle accomplit délibérément un acte dont elle se sait certainement coupable. Elle a un amant dont le seul rôle est de lui donner périodiquement la certitude du péché qui fait cesser l'angoisse du doute. Ces exemples montrent bien l'abîme qui sépare le véritable sens moral du sentiment morbide, faux, de la culpabilité, tel qu'il s'exprime en particulier dans le scrupule et l'angoisse.

Pour prévenir les faux sentiments de culpabilité, il importe donc de donner d'abord à nos enfants le sens de la hiérarchie des valeurs. Mais il faut aussi développer chez eux le sens des vraies culpabilités. Car si la névrose est très souvent une façon d'introduire dans notre psyché de fausses culpabilités,


elle est aussi très souvent un moyen de placer, sous un masque de fautes imaginaires, un écran entre nous-mêmes et nos culpabilités vraies. C'est pour cette raison qu'il n'est pas rare, au cours d'un travail psychanalytique, d'avoir l'impression que « déculpabiliser » quelqu'un consiste beaucoup moins à effacer une culpabilité qu'à transférer celle-ci sur un terrain authentique, et faire passer le patient du terrain du mythe à celui de la responsabilité vraie.

Assurer la rigueur de la conscience morale de l'enfant, réduire l'influence de la fausse morale inconsciente, ellemême génératrice des fausses culpabilités, voilà la tâche de l'éducateur. L'enfant, nous l'avons dit, passe nécessairement par un premier stade où les impératifs et les interdits de la morale inconsciente l'emportent sur la conscience morale raisonnée; période où la fermeté de l'autorité est donc nécessaire. Mais l'autorité elle-même devra de plus en plus se faire reconnaître par une liberté.

D'autre part, il faut se souvenir que, pour se développer, la conscience morale n'a pas à vivre nécessairement sous le signe de la culpabilité, et que l'angoisse de la faute n'est pas une perfection de la conscience. « Transporter dans le temple, écrivait Péguy, la mémoire même et le souci de la boue, et la préoccupation et la pensée de la boue, c'est encore transporter de la boue dans le temple. Qu'il entre propre (le pèlerin) et les pieds propres, et qu'ensuite il ne pense pas toujours à ses pieds et à la boue de ses pieds. »

N'oublions pas enfin que, s'il ne faut pas vivre dans le négatif de l'angoisse et de la culpabilité, il ne faut pas davantage oublier ses propres limites. C'est la leçon qui ressort du grand travail de Ricceur sur Finitude et culpabilité, celle de la faillibilité humaine. La plénitude de l'être serait la disparition de cette faillibilité, mais personne, hormis Dieu, n'a la plénitude de l'être. La grandeur de l'homme, parce que c'est sa vérité, est de connaître ses limites et sa faiblesse. Les oublier, c'est, en fin de compte, la vraie culpabilité. Dr Marcel Eck.


Perspectives sur le monde

ALGÉRIE NAISSANCE D'UN ÉTAT Les orientations.

Le 1er juillet 1962, l'Algérie fêtait son indépendance. Journée historique et enthousiaste. Peut-être demeurera-t-elle la seule à avoir été spontanément enthousiaste.

Nous ne reviendrons pas sur les discussions qui, un mois durant le mois qu'il ne fallait pas perdre ont retardé l'élection de l'Assemblée Constituante et la proclamation du Gouvernement. De ce moment, le convoi « Algérie » s'ébranlait. Il partait tel qu'il était, c'est-à-dire incomplet. Certaines places demeuraient inoccupées, qui n'auraient pas dû l'être. Mais trop de temps avait été déjà perdu pour qu'on pût reprocher au chef de train d'éviter d'en perdre plus encore. Et ce furent les discours qu'on pourrait appeler « d'orientation ». Le premier, celui de M. Ferhat Abbas, président de l'Assemblée Constituante, ne pouvait passer pour tel. Si l'on excepte que ce fut lui qui donna au nouvel État son nom de République Algérienne Démocratique et Populaire, on peut dire que ses propos ne mordirent pas sur le domaine politique dont il avait, de toute évidence, voulu réserver à M. Ben Bella la primeur de tracer les contours. Et ce fut à une majorité des quatre cinquièmes des voix que M. Ben Bella fut désigné, puis investi, comme chef du premier gouvernement de la République Algérienne.

Ceux qui attendaient pour se déterminer le discours-programme de M. Ben Bella ne furent pas déçus. Ils surent tout de suite de quel pied ils devraient partir, ils connurent les thèmes qui désormais devraient obligatoirement assortir leurs propos. Le principal leitmotiv était le socialisme. L'État Algérien serait socialiste il le serait dans sa politique intérieure comme extérieure (gouvernement flanqué et orienté par la direction du « Parti qui contrôlerait son orthodoxie), dans ses amitiés de peuple à peuple, avec cependant privilège du non-alignement la possibilité de solliciter indistinctement toutes les nations, au moins pendant la difficile période de démarrage compte tenu de ce que la France, ne semblant pas apprécier ce que le Bureau Politique appelait pudiquement des « dépassements », ne paraissait pas disposée à puiser sans contrepartie dans son escarcelle.


L'Algérie sera donc une démocratie populaire « par le peuple et pour le peuple », soulignera à diverses reprises le président du Conseil. Elle doit être aussi laïque.

Le régime étant défini au reste plus affirmé que défini restait le programme. Analysons-le.

Commençons par l'intérieur. D'abord, assurer l'ordre et la sécurité ce dont justement la France se préoccupait et qui différait son aide et qui n'a été jusqu'ici que partiellement réalisé. Ensuite, relancer l'économie, une économie exsangue; et, pour ce faire, lutter contre le chômage et le résorber dans toute la mesure du possible. Faire les « labours », opération difficile, profondément compromise par un matériel insuffisant et très usagé, par l'absence de pièces de rechange, par le petit nombre de conducteurs et de mécaniciens. Mettre en place le complexe d'Arzew », prévu au plan de Constantine, et plus appelé, semble-t-il, à faire rentrer des devises étrangères qu'à atténuer le chômage, avec un emploi limité à 1 000 ouvriers, pour la plupart qualifiés. Ce qui précède constituant les tâches d'urgence.

Mais, toujours pour l'intérieur, il y a la ferme volonté de faire la Révolution, M. Ben Bella précisant que les deux pierres angulaires sur lesquelles elle doit s'appuyer sont la Réforme agraire et la Paysannerie. Elles ont entre elles, on le voit, une étroite parenté. Ceci dit, le président du Conseil ne s'est pas perdu dans les détails ces détails justement que l'on aimerait connaître. La Réforme agraire aura, dit-on, un caractère qui n'a encore marqué aucune des entreprises de ce genre. Mais, même si elle est parfaitement conçue et rationnellement opérée, elle n'échappera pas au sort de toutes les réformes agraires, celui d'être d'une rentabilité lointaine.

Pour ce qui est de la politique extérieure, M. Ben Bella a d'abord défini ce que serait l'Algérie dans le monde une puissance « non alignée ». De là découlent naturellement les premières alliances Cuba et le Yémen. Et aussi les premières déclarations d'inimitié le Portugal pour l'Angola, l'Afrique du Sud et son Apartheid.

Avec la France, on réaffirme les accords d'Évian, mais en suggérant qu' « il faut les adapter ». Et, dans son grand discours des Fêtes de l'Indépendance, M. Ben Bella n'en prononcera même pas le nom. Enfin, et c'est vraiment un problème à part, la reconversion de l'A. L. N. Nommer dorénavant celle-ci A. N. P. et faire précéder, chaque fois qu'on l'emploie, le mot Willaya du préfixe ex, ne résout pas la question. Et, surtout, n'unifie pas les deux armées. Tout le monde est d'accord pour y parvenir, mais, tant qu'on ne saura pas qui, du Gouvernement ou de l'Armée, a le pas sur l'autre, cet accord ne pourra être que formel. Il serait surprenant qu'à l'heure où l'A. N. P. jouit


de privilèges qu'elle est la seule à connaître, elle acceptât l'idée de se faire hara-kiri.

La conclusion de ce programme ne pouvait être que la demande d'admission à l'O. N. U., consécration de l'entrée de l'Algérie dans le « concert des nations ».

Cependant, avant de cingler vers les Amériques, arrêtons-nous un instant sur les ministres. Certains étaient connus comme militants de la première heure, tels MM. Rabat Bitat, Ahmed Francis, Amar Ouzgane, Ahmed Boumendjel, Tewfik El Madani. D'autres personnalités aussi notoires que celles-ci parurent avoir été oubliées. Par contre, on s'étonna du choix de la plupart des autres ministres dont les noms n'étaient familiers que dans des cercles restreints. Et comme ils étaient jeunes et que, quelques jours auparavant, le colonel Nasser avait remanié son cabinet en y intégrant de jeunes « exécutants », d'aucuns pensèrent que c'était une intention semblable qui avait guidé le choix du président du Conseil. Là encore, il sera difficile de savoir si cette interprétation correspond à la réalité ou si, plus simplement, c'est à la suite de refus imprévus que M. Ben Bella fut amené à constituer ainsi son cabinet. Ce fut alors, très vite, le départ vers le Nouveau-Monde. Entre-temps, l'Algérie avait, à la quasi-unanimité des voix, été admise à l'Organisation des Nations Unies. A cette occasion, M. Ben Bella prononça, à la tribune de l'O. N .U., un discours d'une forme remarquable. Mais ce morceau d'éloquence n'apportait rien de nouveau à ce que l'on savait de l'orientation du nouvel État algérien. Nous ne nous étendrons pas plus sur la randonnée qui, de New York, devait, via Washington, amener M. Ben Bella à La Havane. Aussi bien survolerons-nous d'autres manifestations et d'autres discours pour en venir à l'essentiel les fort officielles confidences que le chef du Gouvernement Algérien devait faire le 3 novembre à quelques journalistes et qui contiennent, arrêtée si l'on peut dire à cette date, la substantifique moelle de son programme et de sa proche action.

Les accords d'Évian. Ils sont perfectibles, donc ils seront modifiés. Il ne s'agit pour l'instant que de poser un principe. Les problèmes seront abordés en temps voulu. Mais on sent que le million de paysans qui ne possèdent pas un seul lopin de terre posera en premier le problème de la redistribution des terres. La Réforme agraire. Ce sera une révolution agraire. Elle s'inscrit dans un plan général de redistribution des biens vacants. Il nous faudra redistribuer des terres, des entreprises, des appartements. C'est sur ce point d'abord. que devront être réadaptés les accords d'Évian. Nous rouvrirons les usines fermées, nous les mettrons entre les mains des ouvriers comme nous mettrons la terre aux mains de ceux qui la cultivent. L'action que nous serons amenés à réaliser entre dans cette perspective socialiste.

Et comme on soulevait la question des investissements que cette politique


n'encouragerait guère le président déclarait On ne peut contenter tout le monde et son père. Nous acceptons l'aide de tous les capitaux, mais à condition que l'on comprenne dans quel cadre nous comptons les utiliser. Nous entendons mêler l'État à tout ce qui sera entrepris ici.

Mais cette politique dépasse le cas des seuls investissements, puisque, à propos des sociétés étrangères susceptibles de venir s'installer en Algérie, M. Ben Bclla laissait entendre que leur création impliquerait une participation de l'État à 5o Le Maghreb. Comme ses voisins immédiats, le président du Conseil est très circonspect lorsqu'on évoque cette question. L'unité du Maghreb se fera. Mais quand? Il nous faudra, précise M. Ben Bella, parvenir à avoir les mêmes conceptions, les mêmes perspectives tant dans le domaine intérieur que dans celui de la politique extérieure t. C'est dire qu'on en est aux tout premiers pas.

Le non-alignement. L'Algérie sera un pays non aligné. même avec les autres pays non alignés. Nous prendrons position sur chaque problème (.) En ce qui nous concerne, sur Cuba, nous ne sommes ni avec les U.S.A., ni avec l'U.R.S.S., ni avec les non alignés.

En somme, chez M. Ben Bella, le non-alignement est simplement la volonté d'être soi, fût-ce dans l'isolement.

La coopération. Elle a commencé avec la France et dans tous les domaines prévus. Elle s'est déjà traduite dans les faits (enseignement, rentrée scolaire). Ça va. Mais l'Algérie ne veut plus d'expériences nucléaires sur son sol. La politique intérieure. Il y a là une conception-clé. Et, à diverses reprises, M. Ben Bella l'a exprimée avec force. Elle peut se résumer ainsi On peut tout dire, mais à l'intérieur du Parti. Qu'il s'agisse de l'U.G.T.A., qui vient de manifester des velléités d'autonomie politique, ou même du Parti Communiste, les militants peuvent agir, mais dans le cadre du Parti du Front de Libération Nationale parti unique, il faut le dire. Et le président du Conseil a violemment dénoncé I'i ouvriérisme », cette action issue de la stratégie révolutionnaire qui en faisait alors une contribution à la lutte, mais abusivement prolongée depuis l'Indépendance Le tort de certains syndicats, c'est de continuer sur cette lancée parce que les ouvriers, s'ils continuent à revendiquer, finiront par devenir ou apparaître comme une fraction privilégiée au sein de la nation, compte tenu des revenus des paysans. Or, notre économie est agricole à 80

Le vide laissé par les Français.

Il est difficile de donner un chiffre exact en ce qui concerne les Français qui ont regagné la France. A partir de calculs étudiés sur les arrivées en Métropole et de recoupements faits en Algérie, il semble que, sur les quelque 1 100 000 Européens qui vivaient en Algérie, il doit en rester environ 175 000.

Encore faut-il remarquer que la plupart de ceux qu'il est convenu de nommer des « cadres font partie des « émigrés ». Il en va de même pour les professions libérales sur 6 000 médecins, pour ne citer que cet exemple, quelques dizaines seulement sont demeurés en Algérie. Dans les petites et moyennes industries, 70 des commerçants sont partis.


De nombreuses usines ont fermé et toutes travaillent au ralenti. Le manque d'ingénieurs, de techniciens se fait cruellement sentir. L'économie algérienne est très durement frappée. Il lui faudra du temps, non pour retrouver le rythme qu'elle a connu naguère, mais seulement pour l'approcher.

Les 175 000 « restants » au 30 octobre se répartissaient à peu près ainsi Algérois 100 000; Constantinois 30 000; Oranie 40.000. Encore que variablement abandonnées, les campagnes sont quasi désertées.

La pénurie sous toutes ses formes est un des aspects frappants de la situation actuelle de l'Algérie pénurie de cadres (nous l'avons notée plus haut) entraînant celle de l'efficacité et celle des idées, pénurie de capitaux et, parallèlement, pénurie de crédits. Et les déclarations très précises du président du Conseil sur la participation de l'État aux entreprises ne pallieront pas la pénurie des investissements. Sans doute les attentats, les destructions et les mots d'ordre de l'O. A. S. sont-ils responsables pour la plus grande part de l'exode des Français. Mais il faut pourtant admettre qu'après une date qu'on pourrait fixer aux environs du 15 juillet 1962, le climat d'insécurité créé par les enlèvements, les occupations de fermes ou d'appartements, les « impôts » arbitrairement perçus, en un mot par les « dépassements », n'a pas été sans incidence sur le rythme des départs.

Que pensent les Français demeurés en Algérie? Ils pensent qu'en demeurant ils ont déféré au désir formellement exprimé par les deux gouvernements français et algérien de les voir rester. Et qu'aucun de ces deux gouvernements ne paraît leur accorder une estime, voire une attention particulière. La Métropole a accueilli les rapatriés, leur a offert des facilités, fourni des allocations et accordé des moratoires qui deviendront sans doute définitifs. Les Français d'Algérie n'ont rien eu ou su, des deux États dont ils dépendent, qu'un communiqué leur enjoignant, avec une sécheresse toute officielle, d'avoir à payer sans délai leurs impôts en retard ce sous peine des majorations et autres pénalités de droit.

Il faudra attendre encore quelque temps et la tournure que prendront les choses pour savoir si ce dernier carré des Français d'Algérie rejoindra ou non en France leurs compatriotes qui les y ont précédés. Les composantes algériennes.

Les Français constituent une de ces composantes. Mais, rodés par une dure expérience, Ils laisseront s'écouler du temps et beaucoup de temps avant de s'occuper de politique en Algérie. Dans les autres forces a nous pouvons dénombrer, sauf erreur ou omission L'U.G.T.A. Ou peut dire qu'au moment de la crise 'lui a seooiié l'Algérie


en juillet dernier et qui a été bien près, de l'aveu même des dirigeants, de déboucher sur la guerre civile l'U.G.T.A. a joué un rôle primordial, débordant même et heureusement les frontières syndicalistes qui étaient les siennes. Elle a été, à cet instant historique, on peut presque le dire, la conscience du peuple algérien. C'est elle qui a mobilisé ce peuple et l'a montré assoiffé de paix. assoiffé aussi d'être commandé parce que, pour lui, être commandé, c'était répudier la guerre civile et l'arbitraire pour se soumettre dans la légalité à un pouvoir institutionnel.

A l'heure où j'écris ces lignes, il existe un conflit dont il ne faut pas exagérer l'importance entre l'U.G.T.A. et le Gouvernement. L'U.G.T.A. tendrait à réclamer une liberté de manœuvre qui équivaudrait à une autonomie politique ce que ne peut accepter un État qui a fait un slogan de l'expression à l'intérieur du parti. Autonomie de gestion, d'accord, dit M. Ben Bella, mais pas au-delà. Il est à prévoir que l'U.G.T.A. se soumettra.

L'U.G.E.M.A. Elle a déjà fait acte d'allégeance. Étroitement fédérée en juillet et en août avec l'U.G.T.A., elle semble avoir compris que, n'ayant ni les effectifs ni les ressources de la grande centrale, mais dépendant beaucoup plus que celle-ci de la sollicitude gouvernementale, son intérêt était, en attendant mieux, de se ranger aux côtés du Pouvoir. Elle l'a fait et l'a explicitement manifesté.

La Kabylie et la Willaya III. Il est bien entendu que la fin de la crise a entraîné la fin du Willayisme et du Régionalisme. On aimerait le croire, et pourtant ? On ne peut pas ne pas être frappé du peu d'importance qu'a le personnel politique d'origine kabyle dans la conduite des affaires de l'État. L'absence de personnalités telles que MM. Krim, Boudiaf, Aït Ahmed se fait sentir. Mandaté un peu par tout le monde, le colonel Mohand Ou El Hadj, chef de la Willaya III, fait tout ce qu'il peut pour maintenir avec le gouvernement une liaison assez distendue et qui, d'ailleurs, n'approche jamais les problèmes vitaux de l'État. Les Oulémas. Demeurés un temps sur la réserve, les Oulémas ont enregistré avec satisfaction, de la part des dirigeants algériens, des propos et des gestes qui, en apaisant leurs inquiétudes, les ont rapprochés du pouvoir. Ils ont gardé dans leur sillage la puissante communauté mozabite qui semblait craindre, un moment, de se voir boycotter, mais qui paraît aujourd'hui rassurée. Quoi qu'il en soit, les Mozabites, dont la principale activité est l'épicerie, sont durement touchés par le départ des Français qui étaient leurs meilleurs et presque leurs seuls clients. 9 L'Armée. Il en a été parlé plus haut. En attendant sa reconversion qui s'annonce longue et difficile, il faudrait essayer de la réunifier. Pour l'instant, en fonction de sa division, elle ne peut être que par moitié du côté du pouvoir. On l'a vu lors des derniers mois.

L'inconnue rurale.

La Révolution algérienne, M. Ben Bella y a insisté à diverses reprises, doit se faire par la paysannerie et par la réforme agraire. Cette réforme, nous a-t-on déclaré, aura un caractère original, inédit à ce jour. Mais on n'en connaît pas le programme. Tout ce qu'on en sait, et on le sait


par déduction, c'est qu'elle est trop agricole pour ne pas s'inscrire contre le Plan de Constantine. Ainsi le Plan de Constantine première manière, de caractère trop industriel, se trouve-t-il renversé.

En avant-garde de la Réforme agraire, se poursuit l'opération a labours ». Des jugements divers ont été portés sur son démarrage. Il faut attendre pour juger et surtout pour juger la suite, car labourer est le premier acte d'un cycle trop connu pour que nous en rappelions les lignes. Disons seulement qu'il ne faut pas oublier des facteurs tels que l'argent et le crédit, aussi importants que les facteurs agricoles. Mais la première condition d'un mouvement basé sur la paysannerie est que cette paysannerie soit stable, attachée à sa terre. Est-ce le cas de la masse paysanne d'Algérie? On peut en douter. Dès longtemps, on pouvait souligner l'équilibre précaire du monde rural algérien dans lequel, à la différence de ce que l'on observe dans les pays agricoles, le paysan des plaines, loin d'être un « sédentaire », n'est qu'un nomade sédentarisé, un « nomade par destination », qui s'est fixé là pour un temps dont la durée dépendra moins de son amour de la terre que d'éléments extérieurs. Sauf dans certaines régions de Kabylie, l'enracinement n'est pas le propre ni l'essentiel du monde rural algérien. Mais aujourd'hui, à ce non-enracinement, il faut ajouter le déracinement né de la guerre et principalement des opérations de regroupement qui ont porté sur près de deux millions d'êtres. Beaucoup de ceux-là se sentiront attirés par des régions où l'agriculture est plus facile et plus rentable, demanderont à être installés dans les « biens vacants ». D'autres, cependant, et peut-être aussi nombreux, seront fascinés par la ville, venant grossir une population que la crise économique laisse, dans une large mesure, dépourvue d'emploi. Certains, enfin, poussés par leur seule détresse, s'infiltreront vers le tell et les capitales, allant au-devant des vivres qui trop souvent ne sont pas allés jusqu'à eux.

Est-il utile de souligner le danger que présente une telle situation? On ne peut que donner raison au Gouvernement lorsqu'il rappelle à une U. G. T. A. trop étroitement calquée sur les Centrales des pays industriels que « l'économie algérienne est agricole à 80 ». Évidence dont il faut tenir compte et vite si l'on veut éviter sur le territoire des migrations désordonnées.

Ce tableau est fait de lumières et d'ombres, portrait indécis et mouvant d'un État en train de naître. Mais, à l'étudier dans ses premiers aspects, la question se pose de savoir si le dynamisme révolutionnaire, qui a permis de constituer la République Algérienne, demeurera assez puissant pour en soutenir et en charpenter la croissance.

Georges-M. Schenck.


NOUVELLES ATTITUDES

DE GAMAL ABDEL NASSER?

Dans la crise aux aspects divers, aux rebondissements imprévus, qui remue de nouveau l'Orient arabe depuis le printemps 1961 le conflit arabo-israélien occupe une place tout à fait secondaire. Un seul incident sérieux s'est produit, durant ces dix-huit mois, sur les confins palestiniens il a opposé, en mars dernier, forces syriennes et forces israéliennes. A cette occasion, certes l'Égypte a soutenu la Syrie, comme tous les États arabes l'ont fait; mais, en dehors de cet appui platonique et de quelques déclarations de pure forme, la seule contribution du gouvernement égyptien à la lutte traditionnelle contre Israël a été l'exhibition au Caire de bombardiers et de fusées, sur la destination desquels aucun doute n'a été laissé.

Cette passivité au moins apparente, qui contraste si vivement avec la violente agitation naguère encore entretenue en Égypte contre Israël, a suscité, dans quelques pays arabes, suspicion et blâme.

Le roi Séoud d'Arabie, cherchant à réveiller l'intérêt du monde arabe pour une restauration du blocus d'Israël dans le golfe d'Aqaba, n'a pas hésité à mettre directement en cause Gamal Abdel Nasser seule la coupable complaisance du Raïs, a-t-il déclaré, permet aux forces de l'O. N. U. de se maintenir, à la pointe.méridionale du Sinaï, en territoire égyptien, et d'assurer ainsi le libre passage aux navires israéliens dans les détroits de Tiran.

Plus hardiment encore, le chef du Baas syrien, M. Akram Haurani, qui fut naguère un des pionniers de l'union syro-égyptienne, a proféré contre le Rais de graves accusations s'il faut en croire le leader socialiste syrien, Gamal Adbel Nasser aurait, durant le régime de l'union, trahi les intérêts supérieurs arabes au bénéfice d'Israël; non seulement il a permis que le golfe d'Aqaba restât ouvert à la navigation israélienne, mais il aurait donné son agrément à un projet, patronné par les ÉtatsUnis, d'établissement définitif des réfugiés arabes dans les pays d'accueil; enfin et surtout, il se serait catégoriquement refusé à prévoir aucune action de force contre Israël, dans le cas où celui-ci aurait mis à exécution son projet de prélèvement des eaux du lac de Tibériade. Quant à ce dernier point, le plus important à ses yeux, M. Akram Haurani affirmait même que la modification des plans d'Israël, transférant le point de 1. Voir Études, octobre 1961, p. 65-72; juillet-août 1962, p. 72-79


pompage sur la rive occidentale du lac, c'est-à-dire hors de portée des réactions des troupes syriennes, avait été suggérée par Gamal Abdel Nasser au président Eisenhower, lequel l'aurait fait accepter à M. Ben Gourion. C'est pourquoi, ajoutait M. Akram Haurani, ses amis et lui-même avaient résolu, le 23 décembre 1959, de renoncer aux charges ministérielles qu'ils détenaient dans la République Arabe Unie 1. La propagande égyptienne a vigoureusement réagi aux accusations séoudites et baasistes; elle a rétorqué qu'elles étaient inspirées, dans le premier cas par la jalousie et l'esprit réactionnaire d'un tyran, dans le deuxième cas par le désarroi d'un politicien en mal de a dédouanement »; elle a stigmatisé, derrière les unes et les autres, les intrigues de l'ancien grand mufti de Jérusalem, Hadj Aminé el Husseini, aujourd'hui brouillé avec le Raïs. Cette polémique rebondissait fin août, lors de la réunion de la Ligue Arabe à Chtaura en accusant l'Egypte d'entretenir la subversion en Syrie, le gouvernement de Damas articulait à l'encontre de Gamal Abdel Nasser le reproche supplémentaire de chercher délibérément à affaiblir l'État syrien « au moment où le danger israélien n'avait jamais été aussi grand a ». Quelques semaines plus tard, un autre motif de suspicion était, dans les mêmes milieux syriens, allégué à l'égard de l'Égypte lorsque les États-Unis livrèrent à Israël des missiles défensifs sol-air, évidemment destinés à prévenir les attaques de bombardiers arabes, le gouvernement et l'opinion du Caire parurent ne s'associer qu'à peine, et avec une extrême mollesse, aux protestations enflammées jaillies des autres pays arabes.

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Dans l'état de nos informations, il est difficile de faire le point quant au bien-fondé de tous ces griefs. Peut-être reste-t-il aventureux de prétendre, comme on n'hésite pas à le faire à Damas, que Gamal Abdel Nasser, circonvenu par les États-Unis, prête en secret ses bons offices à la liquidation progressive et discrète du conflit arabo-israélien. Tout se passe cependant comme si ce conflit avait effectivement cessé d'être, comme il le fut jadis, au premier plan des préoccupations du Raïs. Depuis la sécession de la Syrie, le gouvernement du Caire ne manifeste plus la même solidarité à l'égard des autres gouvernements arabes; ce n'est plus à leur niveau, c'est à celui des masses, qu'il a résolu de rechercher dorénavant l'unité arabe. Les dispositions de la « Charte Nationale » qu'il a promulguée le 2 juillet, et qu'il offre non seulement aux habitants de la vallée du Nil, mais à tous les peuples arabes ne laissent à cet 1. Note, remise à la presse syrienne, du 12 juin 1962. Cf. l'Orient (Beyrouth), 13 juin 1962.

2. Analyse de la plainte syrienne, dans l'Orient (Beyrouth), 23 août 1962. 3. Voir Éludes, juillet-août 1962, p. 78-79, et septembre 196A p. iiUlKiui.


égard aucun doute. Gamal Abdel Nasser estime avoir été trahi, en Syrie, par « la réaction »; la lutte contre celle-ci, et donc contre les dirigeants arabes qui lui semblent en procéder et la soutenir, revêt pour lui un caractère d'urgence; elle supplante à ses yeux la nécessité, naguère primordiale, de la lutte contre Israël.

Mais le changement d'attitude du Raïs procède peut-être aussi de causes plus lointaines, et mettant en jeu des intérêts encore supérieurs. En septembre 1955 est intervenu dans le Proche-Orient un événement capital l'immixtion soviétique, manifestée en particulier par la livraison d'armes russes et tchèques aux pays arabes 1. Gamal Abdel Nasser, qui, sous l'empire des craintes et des jalousies suscitées en lui par le Pacte de Bagdad, fut le principal instigateur et bénéficiaire de cette démarche soviétique, n'a certainement pas ignoré les dangers que pareille immixtion comportait; il a dû réfléchir à ses conséquences, et en tirer des conclusions.

Le Raïs estimait, en l'absence délibérée de livraisons occidentales, avoir besoin des armes soviétiques; elles lui étaient nécessaires non seulement pour tenir Israël en lisière, voire éventuellement pour l'attaquer, mais aussi pour gagner le poids nécessaire à la conquête du leadership arabe il lui fallait supplanter l'Iraq, armé par les Anglo-Saxons en exécution du Pacte. Selon l'expression de cet autre neutraliste arabe, le cheikh Moustafa Sebaï, il avait donc accepté un accord avec « le diable »; mais il lui répugnait de s'engager trop à fond.

Gamal Abdel Nasser, croyant sincère, ne cessait en effet pas d'être un irréductible adversaire du communisme il a continué de pourchasser celui-ci à l'intérieur des frontières de l'Égypte, puis de la République Arabe Unie. Sur ce point, l'U.R.S.S. fermait en fait les yeux peu confiante dans les possibilités des faibles éléments communistes locaux, elle se résignait à les sacrifier; et elle espérait gagner bien davantage en se rendant indispensable, sur le plan de l'aide technique, financière, économique et militaire, au gouvernement bourgeois, mais « antiimpérialiste », du Caire.

Mais cette manœuvre ne devait pas non plus échapper au Raïs. Celui-ci recourut à une double parade. A l'extérieur, il s'efforça d'obtenir une aide occidentale, et plus particulièrement américaine, en concurrence avec l'aide soviétique. A l'intérieur, il se mit en devoir de construire un « socialisme arabe », suffisamment séduisant et prometteur pour dissuader les masses de songer au communisme.

A l'heure actuelle, la double parade nassérienne semble jouer pleinement. L'Égypte bénéficie largement des deux aides rivales, et dès lors 1. Nous nous permettons de renvoyer à notre ouvrage, Destin du Proche-Orient, Ed. du Centurion, 1959, p. 171 et suiv.


son neutralisme, comme on a pu le constater en juillet lors de la Conférence des Pays en voie de Développement prétend effectivement s'équilibrer, sans plus d'hostilité de principe à l'égard de l'Occident. Et le « socialisme arabe », s'il ne paraît pas en mesure, pour le moment du moins, d'alléger la misère du paysan et du faubourien égyptiens, est exporté à grand bruit, la Syrie demeurant rétive, vers le Yémen libéré du joug féodal 2, ce qui permettra peut-être d'ébranler, à plus ou moins long terme, le bastion séoudite. Aussi, en flèche par rapport aux autres États arabes, Séoudie et Jordanie combattent en fait Gamal Abdel Nasser, en soutenant par les armes les « légitimistes » du Yémen.

Si tel fut effectivement l'enchaînement des faits, le changement d'attitude de Gamal Abdel Nasser à l'égard du problème palestinien apparaît assez logique, et la politique souvent déconcertante qu'il a menée durant ces dernières années se révèle très cohérente. Cette politique semble aussi se montrer payante, et, paradoxalement, sur des plans très différents sinon même opposés.

Hors d'Égypte, les révélations de M. Akram Haurani ont désormais emporté, dans l'ensemble sinon dans tous leurs détails, la conviction de la presque totalité des observateurs. On admet volontiers que le Caire et Washington ont dû tomber d'accord sur une sorte de modus vivendi: le Raïs, considéré comme représentant une valeur d'ordre, d'autorité et de résistance à la subversion, se verrait offrir le champ libre par le Département d'État; mais, en contrepartie, sans nécessairement devoir renoncer à des manifestations de prestige telles que des exhibitions de fusées, il s'abstiendrait dorénavant de s'opposer à une solution progressive du problème palestinien, et en premier lieu à un arrangement au sujet des réfugiés arabes.

C'est là ce qu'à tort ou à raison l'on pense un peu partout. Mais les chancelleries arabes semblent généralement affecter de ne rien savoir. Aucune conclusion effective n'est donc tirée de cette « trahison palestinienne » du Raïs. Lors de la récente session de la Ligue Arabe à Chtaura, tous les moyens de conciliation ont été mis en œuvre afin de retenir l'Égypte au sein de l'Organisation; et le gouvernement syrien lui-même, comme nous l'avons noté ci-dessus, tout en accusant celui du Caire de tentatives de subversion, s'était borné à lui reprocher de faire indirectement ainsi le jeu d'Israël, et s'était abstenu de toute allusion à une véritable collusion.

D'ailleurs, même pour l'opinion syrienne la plus hostile au Raïs, il n'est pas question de prendre automatiquement fait et cause pour ses 1. Voir Étude*, ortohn 1962, p. 60-69.

2. Voir Études, novembre 1962, p.275-276.


ennemis. Dans l'affaire du Yémen, M. Akram Haurani lui-même recommande d'aider le gouvernement républicain de Sanaa, bien que celui-ci soit soutenu par l'Egypte1; comment le leader socialiste pourrait-il, en effet, prendre le parti des imâm et des féodaux? La Syrie, comme l'Iraq, reconnaît donc le général Sallal. Gamal Abdel Nasser, de son côté, se garde de prêter le flanc à un reproche d'impérialisme; en son nom, M. Anouar Sadat déclare que la question d'une fédération avec le Yémen n'est pas actuelle; il s'agit seulement, en soutenant les républicains yéménites, de concourir au relèvement et au bonheur de ce peuple longtemps opprimé.

A l'égard du monde arabe, une des grandes forces de Gamal Abdel Nasser est d'apparaître comme le champion du progrès; à le combattre, on risque de passer pour un suppôt de la réaction; M. Akram Haurani le sait bien, qui pour l'avoir osé s'est vu abandonné par une fraction de son propre parti.

Si même le Raïs a transigé au sujet d'Israël, il s'agit sans doute, pensent bien des Arabes, d'une simple habileté tactique, destinée à le couvrir du côté de l'Occident comme il l'est déjà vers l'Est; la liberté d'action ainsi acquise doit lui permettre, grâce au « socialisme arabe », de réaliser enfin ce grand rassemblement qui donnera la puissance au monde arabe et le mettra en mesure, nonobstant toutes les concessions provisoires, de régler son compte à Israël.

Nul parmi les Arabes ne pourrait d'ailleurs contester à Gamal Abdel Nasser ce rare mérite d'avoir fait accepter aux Américains l'idée du neutralisme arabe au nom de ce principe ainsi consacré, toutes les positions de force ou de simple préférence que l'Occident détient encore dans le monde arabe et sur ses confins pourront désormais être ébranlées. Telles semblent les raisons par lesquelles l'arabisme se rassure sous un tel éclairage, les manœuvres du Rats peuvent cesser de lui paraître troubles, et troublantes. Mais ces mêmes considérations devraient, en Occident, susciter de sérieuses réflexions quant à la valeur réelle des garanties éventuellement reçues.

La souplesse opportuniste de la politique égyptienne ne permet pas de présumer que ses objectifs lointains aient changé. Résignation au fait israélien et neutralisme équilibré n'ont, selon toute probabilité, que la valeur d'expédients provisoires. Si les nouvelles attitudes adoptées par Gamal Abdel Nasser, ou à lui imputées, ne soulèvent en Orient que des réactions locales et partielles, c'est sans doute que la finesse politique du peuple arabe se refuse de voir en elles autre chose que des gestes de circonstance.

Pierre RONDOT.

1. Déclaration du 14 octobre, L'Orient (Beyrouth), 15 octobre 1962.


PANORAMA ESPAGNOL

Le 1er octobre, anniversaire de l'accession du général Franco à la tête de l'État, est habituellement férié en Espagne. Mais, cette année, il s'est mué en jour de deuil national. Sous un soleil redevenu estival, Barcelone enterrait les victimes du cataclysme du 26 septembre. Tandis qu'affluaient en Catalogne les dons et les témoignages de sympathie, un peuple encore visité par une terrible catastrophe après Valence, Ribadelago et Séville donnait à nouveau l'exemple de la dignité et de la solidarité dans l'épreuve.

L'ampleur de ces drames inhumains fait oublier passagèrement la tragédie interminable de l'histoire. Puis l'on revient, une fois éteint le grondement des grandes eaux, au bruit et à la fureur des événements, des menaces, des polémiques.

Au cours des mois précédents, l'attention s'était à plusieurs reprises braquée sur l'Espagne, où se produisaient des faits assez insolites grève des mineurs asturiens au printemps, campagne de presse au début de juin contre les congressistes de Munich, remaniement ministériel en juillet, quelques explosions et plasticages à des dates diverses, seconde vague de grèves locales, vite amortie, à la fin d'août. A ces faits, assurément plus significatifs que l'équipée théâtrale du Campesino, la publicité malgré tout excessive accordée par les observateurs étrangers a provoqué chez nos voisins les coutumières doléances irritées. Combien nous les comprenons lorsqu'ils se plaignent des importunes sollicitudes, lorsqu'ils dénoncent l'hypocrisie d'accusations aussi âpres que partiales 1 Le calme réel de l'Espagne et le calme de l'Espagne réelle chagrinent des esprits obnubilés par des préférences idéologiques. Or l'Espagne « sans mirages' » et « sans bâillon est plus mythique encore que l'Espagne « sans problème ». Toutefois, le ton de la réplique surprend; son acrimonie, sa virulence de louables exceptions mises à part démentent la prétendue sérénité du régime. Il faut dire que les reproches lancés du dehors frappent un monde où l'opinion se tait. Ils n'atteindraient pas ce degré de sonorité s'ils rencontraient un milieu moins propice aux échos. Et la réaction de la presse n'aurait pas cette anormale vivacité si le droit de critique pouvait s'exercer d'abord entre concitoyens. Le 1. Cf. « L'Espagne sans mirages., par J. Bloch-Michel (Preuves, janvier 1961); L'Espagne sans bâillon. Éditions_ [du ^Témoignage Chrétien 1961; Esprit, février 1961.


dénigrement, les commentaires tendancieux, les suppositions malveillantes forment la conséquence à peu près inévitable d'une information parcimonieuse et aseptisée. Celle-ci, d'ailleurs, engendre même sur place la défiance et la satire; et l'on ferait un recueil, parsemé d'humour et de chistes, des propos que murmurent à la cantonade tous les barbiers de Vallecas et tous les roseaux du Manzanarès.

Mais nous ne voulons pas prêter l'oreille aux voix moqueuses ou agressives. Bien plutôt nous essayons de discerner parmi les sourds mécontentements l'intonation d'inquiète sincérité que les éclats de l'autorité n'étouffent pas. D'ailleurs, le simple comportement du peuple espagnol suflit à rectifier les deux propagandes antagonistes, l'intérieure et l'extérieure. Sa spontanéité, sa gentillesse, sa patience s'opposent également au sombre tableau d' « humiliés et offensés » et à la majesté prude et protectrice dont s'enveloppe un pouvoir jubilaire. Quiconque a connu l'oppression soupçonneuse des dictatures totalitaires mesure aisément la distance qui en sépare l'État franquiste. Mais l'écart d'avec les démocraties occidentales n'est pas moins béant.

On aimerait mieux se dispenser du préambule obligé à toute préserç tation attentive de l'Espagne actuelle, dans les limites d'un point de vue restreint et d'une brève enquête. La sympathie et l'effort de comprendre nous animent, non l'intransigeance hostile ou la froideur d'un regard inadapté. L'attitude contraire abuserait odieusement d'une hospitalité généreuse, d'une cordialité cent fois éprouvée. On nous croira sur parole, et peut-être sur preuves, si la critique est pesée dans les mêmes balances que l'éloge, comme nous ferions pour notre patrie. Cette Espagne en lente mutation est une énigme. Elle a surmonté son complexe de Persépolis, elle se complaît moins que naguère dans l'évocation d'une hispanité fabuleuse. La thèse récemment accréditée exalte un « avenir positivement nôtre », une avance (desfase) d'un quart de siècle sur les autres nations ce qui amène un sourire d'incrédulité. Quoi qu'il en soit, des indices apparaissent en effet d'une renaissance encore fragile et problématique. L'Espagne d'aujourd'hui, toujours sans scandales, sans affiches électorales, sans inscriptions sur les murs et à peu près sans criminalité, n'est sûrement plus l'Espagne de 1945 ni même de 1956. Pour attester les progrès, la propagande fait largement état de l'invasion touristique. Ce phénomène remarquable n'est cependant pas aussi probant que le voudraient les courtisans du régime il est dû surtout aux avantages pécuniaires qu'offrent pour les 1. Demain est positivement nôtre. Nous avons beaucoup d'années d'avance sur l'évolution du monde. Notre déphasage d'avec le monde n'est que provisoire. Un jour proche nous les verrons arriver par le même chemin que nous foulons » (discours du Général Franco au Cerro de Garabitas, le 27 mai).


estivants étrangers des vacances en Espagne, et il fait ressortir par contraste le bas niveau de vie des habitants 1.

Enfin, pour nous prémunir contre nos propres affirmations et parer aussi à la contradiction, nous recourrons au bref et savoureux dialogue imaginé par Antonio Machado

« La vérité est la vérité, que ce soit Agamemnon qui la dise ou son porcher. AGAMEMNON D'accord.

LE PoncHEn Cela ne me convainc pas s. »

Problème économique et social.

Alors que l'agitation estudiantine de 1956 avait entraîné un durcissement de l'autorité, la crise somme toute bénigne de 1962, dont nous avons rappelé quelques symptômes, l'infléchit au contraire vers un dégel et une « libéralisation », car tel est le mot consacré. C'est qu'en l'espace de six années l'Espagne a émergé de sa réclusion atavique et d'une politique économique à la petite semaine; elle a assaini sa monnaie, rétabli ses finances (1 179 millions de dollars de réserves en or et devises) et surtout demandé, en février, l'entrée dans le Marché commun. L'application du « plan de stabilisation » amorcée en 1959 a donc constitué une réussite 8 et, malgré l'austérité redoublée à laquelle il contraignait une partie de la classe ouvrière, le secteur social est resté calme, du moins jusqu'à ces derniers mois, car l'arrêt de travail des mineurs asturiens a été une conséquence tardive de l'opération; en même temps il donnait un avertissement et comme un coup de semonce à l'euphorie officielle. Ce fut une grève disciplinée, sans violences, et 1. En contrepartie il faudrait souligner l'accroissement considérable de l'exode ouvrier. Par milliers les travailleurs et leurs familles franchissent la frontière, et beaucoup ne rentreront pas 35 323 vers l'Allemagne en 1961 (portant le total à 80 000), 40 082 vers la France (où ils sont 3 ou 400 000), 18 000 vers la Suisse contre 35 495 émigrants d'outremer. La saignée est d'autant plus grave que les ouvriers spécialisés sont les premiers à partir, en quête de hauts salaires. Il ne suffirait pas de mettre le garrot des interdictions. Seule l'élévation de la rémunération intérieure retiendra les prolétaires espagnols chez eux. Les statistiques gouvernementales donnent 7 000 exilés politiques au Mexique, et autant en France. 2. Juan de Mairena, t. I, début.

3. La balance des comptes en 1962 est excédentaire. Elle représente 1750 millions de dollars. Les paiements totaux s'élèvent à 1 550 millions. Donc un superavit de 200 millions. Les entrées et sorties de capitaux portent sur 3 300 millions, plus 250 millions non connus. La rente nationale (ou produit économique réparti entre tous les Espagnols) est de 500 milliards de pesetas (8 300 millions de dollars). Elle a augmenté en 61 et 62, de même que la rente per capila; mais celle-ci, d'une moyenne de 17 000 pesetas annuelles en province, reste inégale dans 12 provinces, par exemple en Biscaye, elle est de 30 000 pesetas; ailleurs, au centre et au sud, de 9 à 10 000 seulement. Depuis 1959, date de la dévaluation, la capacité d'investissement est passée de 77 milliards de pesetas à 135, en 1961, soit une augmentation de 70 Ips revenus se sont accrus de 62 (de- 795 à 1 290 millions ri« dollars). Ce bilan a été indiqué par le ministre Ullastres à plusieurs reprises.


d'autant plus impressionnante; elle menaçait de faire tache d'huile, et le gouvernement a eu l'habileté de comprendre qu'il n'avait pas intérêt à la laisser pourrir. Il a donc réagi avec circonspection, évitant les mesures drastiques qui eussent envenimé le conflit. Après avoir temporisé et manœuvré quelque peu, il a accepté de traiter directement avec les délégués spontanés des grévistes, et pratiquement il a cédé à toutes leurs revendications. La face était sauve, puisque le gouvernement s'interposait en arbitre entre les employeurs et les salariés; mais en définitive le dialogue engagé par-dessus la tête des syndicats impotents signifiait un succès des travailleurs.

La grève a mis crûment en lumière l'impossibilité d'ajourner une politique sociale préconisée au reste par le régime lui-même. Mais les concessions accordées ont creusé une faille dans un équilibre économique encore précaire; elles ont retenti aussitôt sur le coût de la vie. C'est là le problème majeur, crucial, de l'Espagne actuelle et, dans une certaine mesure, il dépasse la compétence pourtant incontestable des dirigeants. Il leur faut à toute force consolider l'expansion, par conséquent thésauriser, et juguler la fièvre des prix, le danger d'inflation. Mais, d'autre part, contenir les salaires à leur niveau présent insuffisant malgré des hausses notables paraît chose impossible, car le leitmotiv de la justice sociale a pénétré profondément les couches de la population laborieuse. La tâche du « plan de développement mis en œuvre cette année est ardue et complexe. A travers les propos rassurants des ministres spécialement intéressés, notamment du ministre du Commerce, l'avisé Ullastres, se profile une ombre d'inquiétude. Ils prêchent la prospérité imminente, mais l'immédiate réalité commande un ordre des urgences, et la conjoncture économique favorable serait gravement compromise si l'on donnait la priorité à un programme de générosité sociale. Le raisonnement est irrépréhensible. Il s'agit avant tout de stimuler l'industrie, de sortir l'agriculture et la petite entreprise de leur ankylose, de secouer la routine séculaire des méthodes. Dans ces conditions, le reste, c'est-à-dire une amélioration décisive du standard, ne peut être qu'un miroitement lointain, et la route du renouveau, malgré les objectifs déjà atteints, comporte encore bien des aléas. Il n'est pas certain que le temps de l'effort, comme on le proclame, ait définitivement relayé l'ère des privations

Toutefois, dans la lutte engagée, l'État ne manque pas d'atouts qui justifient sa confiance. Une information savante met le public au courant des aspects techniques de la tâche amorcée, lui fournit les éléments de la situation. Les colonnes des journaux, déjà monotones, deviennent fastidieuses comme un bulletin de société immobilière. 1. Maintenant on va demander aux Espagnols l'effort, et non le sacrifice » (Ullastres, dans ABC, 26 juin).


Mais c'est un signe révélateur et de bon augure que l'édition de l'Information de la Banque Mondiale sur l'Espagne, un gros volume tiré à 10 000 exemplaires, ait été enlevée en une semaine, tandis que la presse reproduisait les extraits les plus encourageants. Il y a là un phénomène symptomatique. Quelque chose bouge dans la mentalité collective, une évolution s'est ébauchée. Le pays veut rattraper son retard, guérir de sa pauvreté endémique et sans doute renoncer à son mode de vivre « à l'espagnole », sous le regard de la Providence. Outre cet esprit nouveau 1, l'essor économique peut compter sur des garanties solides la stabilité politique, un cartel de ministres techniciens, l'aide des investissements étrangers, enfin la patience et la frugalité légendaires du peuple.

Reste à savoir si le régime, tel qu'en lui-même le temps l'a changé, possède assez de ressources, de dynamisme et d'ingéniosité, pour mener à bien la révolution industrielle et la réforme agraire'; s'il recèle encore une mystique capable de galvaniser les énergies. Et cela, à une époque d'accélération historique, en face de la concurrence et de la convoitise extérieures, malgré un équipement vétuste et l'ingratitude du sol et du climat. Plus d'un se prend à en douter. Et, même parmi les moins suspectes, des voix s'élèvent de plus en plus nombreuses pour exiger une refonte des structures. Or en ce pays partiellement infra-développé la conversion des structures implique l'abandon du cadre capitaliste; elle suppose une forme de socialisme que le monolithisme étatique et syndical simule plutôt qu'il ne la représente. Mais sinon, l'Espagne risque de végéter davantage en marge d'une Europe florissante. 1. Le lyrisme factice des journaux traduit une réalité, quoique très exagérée « (les touristes racontent) qu'en Espagne règne une paix paradisiaque, jamais troublée, sans nulle altération, sans manifestations de rues, sans problèmes; les habitants sont en bonne santé, joyeux, bien habillés, mieux nourris, nos hôtels égalent ou surpassent les meilleurs en qualité et en quantité, nos routes sont carrossables, bien qu'il y ait à les améliorer, la nourriture est saine et bon marché, et la vie économique à tous points de vue; le peuple espagnol vit heureux, dans l'ordre et la liberté; les beautés naturelles et artistiques sont extraordinaires et inépuisables, Madrid est une des plus belles capitales de l'Europe et une ville que nul ne désire quitter, etc.. » Une fièvre d'activité, de dépassement, frémit d'une extrémité à l'autre. De l'isolement, de l'immobilisme, du désenchantement sceptique, de la propension à tout abandonner au lendemain incertain, nous sommes passés à l'inquiétude dynamique et ambitieuse, à la transfiguration des terres et des agglomérations. Une rumeur de ruche se fait entendre dans le pays tout entier. L'initiative privée, moins entravée, se lance résolument aux conquêtes les plus audacieuses. > (Lu dans ABC).

2. La seconde plus urgente que la première, mais d'application extrêmement délicate. Dans le Nord où dominent les microfundia, avec un outillage désuet, il importe de fomenter la coopération, de réduire les parcelles. Dans le Sud, où règnent les latifundia, il faut au contraire distribuer les terres, mais la plupart sont sèches et de rendement nul; l'incertitude du travail saisonnier y pousse à la transhumance vers les villes. Partout l'exode rural devra être organisé. Le monde paysan, plus misérable que la population urbaine, compte un excédent d'un million de travailleurs, que l'industrie aurait à réabsorber dans les prochaines années.


Il serait injuste cependant de rendre le régime responsable d'une situation dont l'origine remonte à la guerre civile et à l'anarchie antérieure, abusif également de l'accuser de n'avoir rien fait, ou d'avoir mal administré l'État. Le progrès social n'est pas un objectif postiche, et le mot d'ordre du Caudillo Pas un foyer sans lumière, pas un Espagnol sans pain », date du temps de la Croisade ». A côté de dépenses somptuaires et peut-être inopportunes, on a su investir à bon escient; on a construit durablement et œuvré beaucoup, en matière de logements, de routes, de barrages, d'irrigation, de reboisement. Toutefois le redressement a souffert d'une certaine incohérence de programme et d'une espèce de stagnation périodique. Certes, le plan Badajoz, mis en train il y a une dizaine d'années, fertilise les terres rétives d'Extramadure, et le plan Jaén, plus récent, est en voie de l'imiter en Andalousie. Mais, sous leur croûte sèche, d'immenses étendues restent léthargiques.

No se gana Zamora en una hora. Affrontée sur une grande portion du territoire à « neuf mois d'hiver et trois mois d'enfer A, la vitalité du peuple espagnol se manifeste plus par l'endurance que par l'initiative. Son âme virile, forgée par le sublime paysage métaphysique de la mesela castillane, est accordée à ces sites immuables. Mais les données permanentes ne doivent pas masquer dans la réalité présente une certaine asthénie pratique, d'ailleurs compatible avec l'élan de ferveur religieuse. Il s'en faut que le traumatisme consécutif à l'épreuve de 1936-1939 ait été exorcisé. Un million de morts ensanglantés pèsent encore très lourd sur le comportement espagnol et paralysent les velléités de rébellion. D'où l'anxiété diffuse, la peur inavouée qui transissent secrètement les dirigeants aussi bien que le peuple. Le fratricide hante encore des hommes condamnés à vivre ensemble, et l'interprétation manichéenne de la guerre civile a trop longtemps prévalu. Il est vrai que Franco, maintenant, souligne de plus en plus la réconciliation et reconnaît les justes aspirations qui animaient le combat de ses adversaires d'autrefois 1. Il ne semble pas désormais, Dieu merci -.c'est là le gain de vingttrois ans de paix ininterrompue que les camps d'hier doivent de nouveau s'entredéchirer. Mais la lutte commune qui les requiert aujourd'hui coïncide avec l'usure fatale du pouvoir et l'érosion lente des idéaux généreux de la révolution. Ayant substitué le slogan européen à la résistance « obsidionale », le gouvernement tente d'insufiler un enthousiasme de conquête; mais l'unanimité sur la fin la justice sociale cache une redoutable incertitude sur les étapes et les moyens. Que le conflit asturien ait été à l'origine strictement professionnel est incontestable. Le général Franco lui-même a parlé dans un discours, r 1. Ainsi à Valence, le 18 juin, ou lors de l'inauguration des blocs d'habitations du Gran San Blas, à Madrid, le 17 juillet.


avec un euphémisme admirable, de « différences formelles entre les classes laborieuses. La grève du milieu de l'été a fourni la contre-épreuve. Issue de motifs futiles, assortie d'agitation politique et d'exigences exorbitantes, elle a manqué de combativité et s'est résorbée seule, les mineurs regagnant peu à peu les puits. Si elle devait constituer une « répétition » de la grève générale, les agitateurs clandestins ont certainement perdu des illusions.

Attitude de l'Église.

On a monté en épingle, à l'étranger, un prétendu soutien, une caution, apportés par l'Église aux grévistes d'avril. La vérité est qu'elle ne s'est pas départie d'une attitude de prudente réserve et de sage expectative. Mais elle ne s'est pas prononcée en faveur de l'autorité établie; au contraire elle a pris nettement la défense de ses militants impliqués dans le conflit et parfois calomniés. Le fait ne surprendra que ceux qui confondent les deux pouvoirs ou qui n'ont pas observé le comportement du clergé vis-à-vis du régime, depuis plusieurs années. L'Église espagnole a pris ses distances, ou plutôt elle maintient rigoureusement, contre ce que l'on croit généralement, la démarcation entre le temporel et le spirituel. Il était inconcevable que la hiérarchie fît pression sur le gouvernement, comme il était impensable que le gouvernement obtînt une intervention de la hiérarchie.

Il y a bien eu toutefois quelques grincements. Le général Franco, que le logion du denier de César ne laisse pas de tracasser un peu, s'est emporté contre « les excès de tel clerc basque séparatiste ou les erreurs cléricalistes de tel autre prêtre exalté »; il est vrai qu'il s'adressait dans ce discours mémorable et discuté, prononcé au Cerro de Garabitas, aux alferéres provisionales, ses féaux. Et la démarche ferme du primat, le cardinal Plà y Deniel, vieillard vertueux et juriste intègre, auprès du chef de l'État, n'est un secret pour personne. Le clairvoyant ministre Ullastres, au reste membre de l'Opus Dei, ayant plus tard évoqué les abus auxquels peut donner lieu l'utilisation de l'Encyclique Mater et Magislra, s'est attiré une réplique voilée du même cardinal 1. L'organe phalangiste Pneblo avait accusé la H.O.A.C. (l'A.C.O. espagnole) d'être l'instigatrice de la grève. Le comité directeur de l'Action Catholique a relevé sèchement ces insinuations, et une brève polémique s'en est suivie. Nous sommes loin de l'image mensongère d'une hiérarchie opportuniste et veule, et les laïcs engagés savent qu'ils peuvent, le cas échéant, compter sur l'appui de leurs pasteurs bien qu'il subsiste un 1. Ullastres, à Barcelone, le 1" juin; le Cardinal, le 1" juillet, à Madrid, en clôturant les journées nationales de l'Action Catholique des hommes.


décalage entre l'option des militants et d'une fraction du jeune clergé, et les directives lénifiantes du magistère.

Il n'est pas sûr non plus qu'il y ait sur ce point délicat une parfaite uniformité de vues entre les évêques. Mais leur préoccupation commune est de maintenir la concorde et la bonne entente, l'harmonie même, qui règnent entre le pouvoir civil et l'Église. Qui ne les comprendrait? Jamais l'Église ne retrouvera des conditions aussi favorables à sa tâche spirituelle, une aide aussi munificente. On reproche aux chefs ecclésiastiques de se produire dans les cérémonies civiles, de proclamer en maintes occasions leur allégeance dans les termes les plus flatteurs Mais, outre qu'il faut tenir compte de l'élégance oratoire propre à la langue, on devrait plutôt s'étonner que l'Église ne soit pas davantage inféodée et qu'elle puisse dès demain se passer de l'appui du régime. Elle ne s'est pas laissé enchaîner de liens dorés, et l'État ne songe pas non plus à l'asservir indirectement. Ni ingérence de l'une, ni intrusion de l'autre 2. Certes, on est en droit de regretter que les nominations épiscopales ne soient pas en ultime ressort le privilège du Vatican; on constate aussi que la hiérarchie approuve l'engagement des laïcs bien plus qu'elle ne l'encourage; enfin, telle décision ou telle lettre pastorale rend un son étrangement anachronique, par exemple lorsque l'excellent Mgr Gurpide, de Bilbao, interdit à ses prêtres, sauf permission autographe, la fréquentation des salles de cinéma paroissiales, ou lorsque l'évêque de Cuenca, don Inocencio Rodriguez Diaz, assimile les mauvaises récoltes ou les accidents de travail à un châtiment punissant la profanation des dimanches. Mais plusieurs prélats éminents, et l'A.C.A. espagnole elle-même, notamment dans une déclaration collective fameuse du 15 juin 1960, ont articulé fortement la doctrine sociale de l'Église dans son intégrité.

A ce propos, nous ne nous faisons qu'une faible idée du retentissement considérable qu'a connu outre-Pyrénées l'encyclique sociale de Jean XXIII. La Mater et Magistra, comme on la désigne, a suscité un nombre impressionnant d'études, de commentaires et de sermons. Elle fournit au leitmotiv de la justice sociale un cadre d'applications concrètes. L'Église y trouve des arguments pour étayer les aspirations des défavorisés, et le gouvernement s'en est emparé pour patronner son programme de rénovation, tout en enflant la condamnation du progressisme.

Il reste que la hiérarchie espagnole, dans son ensemble moins timorée que pondérée, répugne à harceler son bienfaiteur. Elle respecte le plus 1. Cf. la brochure de propagande La Ig(esia y el Estado espan'ol, Madrid 1962 (parmi d'autres, les textes d'hommages récents du cardinal Bueno Monreal et de M" Herrera).

2. Cette doctrine vient d'être rappelée avec une grande clarté par Don Marcelino Olaechea, archevêque de Valence, dans une lettre pastorale.


strictement possible la séparation des domaines. La recommandation réitérée est no meterse en politica. On craint, excessivement peutêtre, les frondeurs, les turbulents. Dans la querelle de prestige heureusement résolue qui a opposé vivement l'année dernière l'Université et l'enseignement privé (des religieux), les évêques n'ont soutenu que mollement les instances des religieux contre les mesures vexatoires du ministère de l'Éducation. Le souci de trancher les parts et d'éviter les confusions est dominant aussi chez le puissant et, par bien des aspects, remarquable Institut séculier de l'Opus Dei. Sa position est d'autant plus délicate qu'il compte un de ses membres et trois affiliés parmi les ministres de Franco. Et son succès foudroyant excite les jalousies ou les craintes. Il a obtenu gain de cause pour son école supérieure de Pampelune l'indépendance complète et la parité aux Facultés d'État Mais ses porte-parole, par des articles et des communiqués, répètent à l'envi que l'activité professionnelle et la fonction sociale d'un membre laïc n'engagent nullement l'Institut2. e.

Les réprouvés de Munich.

Il est sans doute superflu de rappeler les faits. Un groupe important de libéraux 3, sous la direction de l'ancien leader monarchiste Gil Robles', les uns situés à la frange du régime, les autres acquis à l'opposition, avait accepté de se rendre au début de juin à Munich, pour assister à la réunion du Mouvement européen, présidé par Maurice Faure et notoirement anticommuniste. Ils l'avaient fait en prenant soin d'avertir le gouvernement et de lui signaler les thèses démocratiques qu'ils comptaient défendre. Des émigrés espagnols de l'extérieur, en moins grand nombre, avaient également été invités, entre autres le célèbre polygraphe Salvador de Madariaga. A Munich, les 5 et 6 juin, soit avant la session plénière, le secrétaire belge du Mouvement, le remuant Robert Van Schendel, s'entremit pour ménager une rencontre entre les deux délégations et, après d'assez épineuses mais cordiales tractations, on négocia les termes d'un communiqué, rédigé par 1. Grâce à l'appui de l'ancien Nonce, M" Antoniutti. En avril le bulletin officiel des Cortès (n° 731) publiait le texte d'une convention avec le Saint-Siège, reconnaissant a efectos civiles les études de sciences non ecclésiastiques dans les universités ecclésiastiques espagnoles. L'université navarraise, qui peut présenter dans son encadrement professoral 75 de caledraticos, jouit d'une autonomie complète et régit seule ses oposiciones. D'autres universités, avec 50 seront soumises à un contrôle proportionné.

2. P. e. Julian Herranz. El Opus Dei y la Politica (Nuestro 1'iempo, 34, avril 1957).

3. Parmi lesquels Joaquin Satrùstegui, Jaime Miralles, F. Alvarez de Miranda, Vicente Piniès, Fernandez de Castro, Prados Iriarte, Alfonso Prieto, Dionisio Ridruejo.

4. Président de l'A. E. C. E. (Assoclaclon Espanola de Cooperacion Europea) depuis 1954.


Gil Robles, qui fut approuvé et applaudi lors de la séance de clôture. Il n'y avait pas là de quoi soulever les colères. Mais le malheur voulut qu'un reporter de France-Soir, Marcel Niedergang, cablât à son journal un compte rendu fantaisiste et gravement inexact. L'agence de presse espagnole E. F. E. argua de cette dépêche pour confectionner à son tour une relation tendancieuse, qui jetait le discrédit sur des hommes de bonne volonté. La réaction du gouvernement franquiste fut immédiate et cassante. Dès le 8 juin, avant que le mobile en fût connu, paraissait un décret suspendant pour deux ans l'article 14 du Fuero de los Espanoles, concernant la liberté de résidence. Des sanctions furent prises, et plusieurs des participants du Congrès eurent à choisir entre l'exil et l'assignation à résidence 6 ne revinrent pas, 9 prirent le chemin des Canaries. Mais surtout la presse, la radio, la télévision se déchaînèrent pour flétrir les « traîtres ». Ceux-ci n'eurent pas la possibilité de se disculper, ou plutôt de défendre leur honneur. Ils ne rétablirent la vérité et la matérialité des faits que dans des lettres dignes et fières au Caudillo dont des copies ronéotypées circulent. L'épilogue et le couronnement de cette campagne a été un discours sévère du ministre de l'Intérieur, le général Camilo Alonso Vega, devant les Cortès, au milieu de juillet.

On peut se demander pourquoi le gouvernement a crié si fort au scandale et orchestré des calomnies, s'il est vrai que les libéraux ne représentent qu'une poignée de transfuges inoffensifs, complètement en marge de la réalité espagnole. En d'autres temps, sans doute, il eût fermé les yeux. Mais le contubernio de Munich survenait dans un contexte plus chargé d'électricité, juste après le règlement laborieux des grèves. Une hypothèse plausible est que l'autorité s'est énervée, qu'elle a perdu son calme et n'a pas voulu ensuite faire machine arrière. Les dissensions qui surgirent à ce propos au sein du Conseil des ministres accréditent une telle vue des choses. Le gouvernement se serait avisé ensuite, mais trop tard, du faux pas ou de l'erreur, tout au moins de l'injustice flagrante commise à l'égard d'adversaires loyaux. Et faute de pouvoir se déjuger officiellement, le remaniement ministériel de juillet, qui vit disparaître deux des hommes les plus hostiles à Gil Robles et partisans des représailles, constituerait un désaveu indirect de la tempête dans une chope de bière.

Mais on peut penser également que le gouvernement a prémédité ou du moins calculé son coup, qu'il a saisi le premier prétexte pour régler définitivement leur compte à des hommes qui représentent pour lui le seul danger réel, parce qu'ils ne sont pas suspects de sympathie pour le communisme. En les perdant de réputation dans l'opinion publique, il se débarrasse d'un obstacle réduit mais tenace. L'événement prouve que, toutes réserves faites sur les méthodes, il y a réussi. Rien ne


coalise mieux les Espagnols de tous bords que l'impression d'une conjuration ourdie du dehors et d'une complicité étrangère. On l'a bien vu lors du blocus de l'après-guerre. Et la voix anonyme et zélée qui, dans la foule de Valence, a crié sous la tribune du Caudillo « Ceux de Munich, à la potence 1 » reflétait en le grossissant un sentiment populaire. Peut-être le régime, tout-puissant mais tenaillé par une crainte sourde, se fait-il illusion sur l'audience des éléments libéraux; ceux-ci, après comme avant, multiplient leurs conciliabules au milieu d'une désaffection croissante. Ce que nous écrivons là peinera plus d'un Espagnol ami. Mais les générations montantes, plus réalistes, plus techniciennes, sont déprises des jeux politiques, qu'elles soient ralliées au régime ou qu'elles l'observent avec froideur. En ce sens, le palabre munichois a fait l'effet d'un révélateur; il pourrait bien marquer la fin des survivants de l'ancien temps. Ce qui ne veut pas dire que le régime seul a l'avenir pour lui.

Le plus triste en cette affaire est le préjudice moral causé aux hommes incriminés. Il est indéniable, et immérité. Au point de vue du gouvernement, toutefois, il n'est pas sans quelque excuse, car, si les intentions manifestes des voyageurs étaient pures comme neige, leurs arrièrepensées étaient effectivement dirigées contre la dictature bien tempérée. Mais la falsification du vrai, l'utilisation de la puissance politique contre des individus privés du droit de défense, sont des fautes infiniment plus graves, surtout dans un État régi par les principes chrétiens. Bien sûr, l'autorité elle-même a pu être abusée. Elle aurait dû alors donner la preuve de sa sincérité en réhabilitant les congressistes, une fois connues leurs explications. Or, de telles rétractations, aucun gouvernement, aucun parti, aucun journal ne les font jamais, en notre monde impitoyable. Il y aurait donc hypocrisie à exiger de l'Espagne nationale une autre attitude. Seulement, le drame est qu'en cette Espagne infaillible, personne ne se charge de contredire, nulle opposition n'a voix au chapitre. La vérité est un monopole. Il manque à la présentation toujours unilatérale des faits ce contrepoids indispensable et périlleux, la liberté de la presse.

Libéralisation?

Or le régime semble aujourd'hui décidé à avancer d'un pas timide dans cette direction. Une loi de la presse va être promulguée en décembre. Elle est depuis des années à l'étude, mais le dossier traînait, et il a fallu l'impulsion du nouveau ministre de l'Information, Fraga Iribarne, qui succédait au scrupuleux Arias Salgado (mort subitement le 26 juillet), pour hâter l'achèvement du projet. Fraga est un homme jeune, ambitieux, dynamique, ouvert au monde extérieur; il était jusqu'à ces derniers temps directeur de l'Institut d'Études Politiques. Il a inauguré sa


fonction par des déclarations et des promesses qui ont fait entrer une bouffée d'air frais dans le conformisme de la littérature officielle. C'est sur ses déclarations principalement que se fonde l'espoir d'une véritable libéralisation.

Les sceptiques font remarquer, non sans apparence de raison, que Fraga est avant tout un franquiste intelligent à un poste subalterne, que ses intentions restent évasives et que ses interviews, lues attentivement, ne sont guère percutantes. La réforme envisagée s'annonce anodine et cauteleuse, un organe d'opposition ne sera probablement pas toléré, et la loi traitera surtout du statut professionnel des journalistes, et de leurs devoirs beaucoup plus que de leurs droits. Mais il faut attendre. C'est au pied du mur qu'on reconnaît le maçon.

Un progrès important paraît acquis la suppression de la censure préalable, réclamée respectueusement par la plupart des journaux. Déjà un essai de suspension a été tenté depuis l'arrivée au ministère de Fraga Iribarne. Les ciseaux sont rentrés dans l'étui et les contrôleurs besogneux ont respiré. L' « étape expérimentale » a été concluante, en ce sens que personne n'a enfreint les habitudes contractées de longue date. Un test significatif, cependant, a été offert par la grève du mois d'août. Les journaux n'ont pas attendu la reprise du travail pour faire mention de l'événement. Certes, ils en parlaient sur un ton neutre et blême, comme s'il se fût agi d'une contrée lunaire. Mais l'indice avait son importance.

Écoutons néanmoins les pessimistes. La substitution de l'autocensure à la censure gouvernementale est une mesure pour rien. Accroître leur sentiment de responsabilité revient concrètement pour les directeurs de périodiques à augmenter leur dépendance et leur servilité à l'égard de l'ordre établi à les rendre, par peur, plus rigoureux et sourcilleux que les fonctionnaires appointés. En plus, ils ont lié leur sort à l'apologie et à la permanence du système; ce n'est pas d'eux que l'on peut escompter un bouleversement, ni même une modification perceptible. A vrai dire, ce pronostic désenchanté ne vaut que pour la grande 1. Nous ne résistons pas au malin plaisir de transcrire cette coupure de presse « (l'accueil de Barcelone au Caudillo le 1er octobre) est le résultat d'un processus humain, moral et politique qui trouve en Francisco Franco sa plus éclatante expression vivante. Tout indiquait que ce n'était pas une explosion involontaire d'hystérie collective, mais la libération de cette substance nationale qui à l'état chimiquement pur vit une existence mystérieuse au sein le plus profond du peuple. C'était le baume épais, frais et parfumé qu'a pu pétrir dans les entrailles populaires plus d'un quart de siècle de prestige et de force accrue, de préoccupation Infatigable, de service exigeant, de volonté indomptable, de tension vigilante, de diversités ressoudées, de charpentage national, d'invention d'une Espagne, etc.. » (Arriba, 3 octobre Quand les paroles défaillent). Pourtant le 2 août, ABC s'élevait contre une presse convertie en médiocre service de thuriféraires ». Or le chapitre sur l'Espagne, si objectif, de R. Cartier dans les Dix-Neuf Europes, a été omis dans la traduction


presse, et encore le Ya, quotidien de l'Action Catholique, présente-t-il un cas particulier. Les publications littéraires ou techniques, les revues à modeste tirage, certaines feuilles cléricales 1 témoignent depuis longtemps d'une indépendance de jugement qui ne s'exprime pas seulement à mots couverts. D'autre part, les organes phalangistes, moins surveillés, donnent paradoxalement l'exemple sinon de la critique, du moins de la polémique. Un mouvement est déclenché, qui correspond trop à une nécessité et à une aspiration généralisée pour qu'il soit enrayé. Nul ne peut prévoir jusqu'où ira l'éveil d'une conscience politique. Il y a seulement dix ans, on n'aurait pas osé parier que le théâtre de Lorca triompherait à Madrid en 1961 et 1962. Le souci des autorités de no abrir la mano se justifie en partie, car l'Espagne a trop d'efforts à déployer ailleurs pour se payer le luxe de luttes partisanes. Malgré tout, nous sommes convaincu qu'elles ont tort de ne pas admettre une opposition ouverte. Le régime ne s'écroulerait pas pour autant, n'en déplaise aux prophètes. Il n'est pas un château de cartes. Et l'Espagne ne ferait plus alors bande à part dans le monde libre.

« El dia en que Franco muera. »

C'est en effet une constatation qui s'impose au voyageur alarmé par les fausses alertes de l'information étrangère l'Espagne n'est pas une poudrière, le régime franquiste est solide, bien implanté. Il a pour lui la durée, la force de l'accoutumance, la garantie de sécurité. Il repose sur un pilier sans faille, l'armée, qui a fait son unité autour de lui. Il bénéficie de l'appui discret et loyal de l'Église. Il ne règne pas, quoi qu'on prétende et malgré quelques abus, sur la répression et la terreur 2. Il conserve une certaine souplesse théorique qui peut encore donner du jeu aux institutions discutables (dans la réalité, puisqu'il n'y a pas de structure idéale), comme le syndicat étatisé a. Assurément il n'est pas aimé, il est obéi en rechignant, et il ne faut trop faire fond sur les énormes recrutements de foule, les ovations et les acclamations qui, cette année encore, à Séville, à Valence, à Saint-Sébastien, etc., ont accompagné 1. Beaucoup plus qu'Ecclesia ou Incunable, l'intéressant bulletin des propagandistes d'Action Catholique (A. C. N. de P.)

2. La population incarcérée ne dépasse pas le chiffre relativement bas de 15 000. (conférence à Bogota, le 11 août, du ministre de la Justice, Iturmendi). 3. Les possibilités d'élargissement et de renouvellement au sein d'un cadre donné expliquent l'action persévérante et intelligente des Pères de Fomenta Social (Del Valle, Brugarola.) Les adjurations pathétiques du ministre du Travail, Romeo Gorria, après un arbitrage en faveur des mineurs de pyrite du Riotinto (Huelva), témoignent d'une sollicitude réelle Les yeux du ministère du Travail sont ouverts pour examiner quelque problème qu'on nous expose. Nos oreilles sont attentives à écouter les réclamations qu'on nous présente. Nos bras sont levés pour secourir tout besoin et accueillir tout travailleur dans la nécessité. » Une des initiatives prometteuses est la création du Fonds de Igualdad de Oportuni dades, pour faciliter la promotion populaire.


les visites du Caudillo. Mais il n'est pas honni non plus. La plupart s'en accommodent, un peu comme on s'habitue à vivre avec son ulcère familier ou son eczéma, me disait trop cruellement un libéral. Et dans les cercles proches du pouvoir, dans la fonction publique, s'installe ce que l'on peut appeler un néo-franquisme, un ensemble d'experts laborieux, compétents, apolitiques, qui dans le sillage du régime rêvent de mettre sur pied un pays moderne.

Les chances de survie, sinon de métamorphose, sont donc palpables. La seule faiblesse est interne, mais elle est grave. Elle tient à l'existence mortelle de l'homme autour duquel tout le système gravite. El dia en que Franco muera. ces mots reviennent comme un refrain et répercutent l'inquiétude latente du lendemain ou de la transition qui travaille les Espagnols. Il existe bien une loi de succession rétablissant la monarchie héréditaire; personne ne pense qu'elle pourra s'appliquer sans heurt. Le jour de l'accident de chasse dans les bois du Pardo, un frisson de panique rétrospective a parcouru palais et chaumières. Certes, le Caudillo rassure ses adulateurs et leur déclare qu'il se sent plus jeune que jamais. Mais il leur a donné une plus tangible garantie en nommant un vice-président du Conseil, en la personne du capitaine général Mufloz Grandes, qu'il désignait par là comme le gardien d'un intérim éventuel. Ç'a été un sédatif.

Cependant l'ancien chef de la Division Bleue, soldat intègre, sans détours et sans fard, n'a rien d'un dauphin. Il est presque aussi âgé que son compagnon d'armes, et sa santé est précaire. On n'imagine pas, et lui non plus, qu'il remplace quelque jour le Caudillo, dont le prestige, l'habileté manœuvrière, la proverbiale astuce de gallego et l'impavidité apparente ont fait leurs preuves depuis un quart de siècle. Il paraît donc sage de s'en remettre à la Providence et de continuer à prier dévotement avec les litanies pour Franciscus dux noster, qui. suscepit regni gubernacula.

Mais les adversaires et les impatients ne l'entendent pas de cette oreille. Ils insinuent non sans impertinence que le Caudillo, grand amateur de pêche en mer, excelle dans l'art de louvoyer et de contourner les récifs, mais que son rôle essentiel se borne à être là et à rester. Accusation maligne et injuste. Plus sérieusement ils attirent l'attention sur sa pâleur, ses ternes discours d' « archevêque de Grenade », ses brusques accès d'émotion. Ils suggèrent que sa présence est devenue un frein au lieu d'un levier, et qu'il y a un déphasage entre l'immobilisme du chef, dû à l'âge et au tempérament, et la volonté de renouveau de nombreux cadres. Nous n'avons pas envie de les suivre sur cette voie de la médisance. Franco est le plus énigmatique des chefs d'État, mélange de droiture et de ruse, de ténacité et de timidité, d'énergie laborieuse et de mysticité. C'est une ironie du destin que d'avoir mis à la tête de l'Espa-


gne haute en couleurs un personnage en somme peu représentatif des vertus et des défauts de sa race. Mais, lorsqu'on fait le tri des jugements divers portés sur lui, celui qai revient le plus souvent est Franco es buena persona. Ce qui traduit une adhésion au moins résignée. « Ahora a trabajar. »

Nous empruntons la conclusion à son ministre Ullastres déjà cité, après un discours-fleuve, lors de l'inauguration de la Foire de Barcelone, un discours où quelques ombres tranchées donnaient du lustre au tableau de l'opulence future. Ce n'est pas une parole historique, ni même une sentence. Mais la phrase toute simple, à l'emporte-pièce, mérite d'être la devise et la consigne de l'Espagne en mue Y ahora, senores, a trabajar! Et maintenant, Messieurs, au travail

Xavier TILLIETTE.

L' "AFFAIRE" DU SPIEGEL

Un an après avoir été bouleversée par l'édification du mur de Berlin, l'opinion publique allemande est secouée par un événement qui n'affecte plus le pays comme une violence subie de l'extérieur, mais comme l'irruption d'une maladie qu'il portait cachée en soi. Le mur de Berlin suscitait la révolte et réclamait la réplique; l' « affaire » du Spiegel suscite l'indignation et réclame la lumière. Elle ne passionne pas seulement le pays comme pourrait le faire n'importe quel procès à sensation. Elle l'inquiète, et c'est une véritable crise, indissociablement politique et morale, qu'elle a déclenchée 1.

On se rappelle l'essentiel des faits. Le 26 octobre, le directeur et plusieurs rédacteurs de l'hebdomadaire hambourgeois sont arrêtés pour avoir publié dans leur numéro du 10 octobre un dossier de dix-sept pages qui, dans le style habituel du journal, « dévoilait » de nombreuses données importantes concernant la défense et, en général, la politique militaire. « Trahison du pays était le motif principal mis en avant pour justifier l'incarcération préalable.

Il n'est pas toujours facile, dans une démocratie, de déterminer exactement la limite qui sépare la légitime information de ce qui peut 1. Dans son numéro du 2 novembre 1962, l'hebdomadaire protestant Christ und Welt, de tendance chrétienne démocrate, se demande s'il ne s'agit pas d'une réplique allemande du scandale de Panama.


être taxé de trahison. Indépendamment des précisions techniques qu'il apportait, le dossier incriminé aboutissait à montrer que, à l'intérieur de l'O. T. A. N., c'était l'état-majpr allemand qui soutenait la thèse de la nécessité de l'attaque préventive. Témoignage précieux, bien sûr, pour la propagande communiste, qui n'a d'ailleurs pas manqué de l'exploiter rapidement

Est-il cependant toujours possible d'éviter que cette propagande ne tourne un propos ou une critique à ses propres fins? D'autre part, pour constituer son dossier, le Spiegel n'aurait-il pas pu se contenter de réunir un certain nombre de documents épars, déjà plus ou moins connus, en les présentant seulement de manière synthétique, dans une interprétation originale? S'il s'agit de véritables divulgations de secrets importants, comment l'hebdomadaire a-t-il pu se les procurer? Ce sont des questions que tout le monde attend de voir tranchées par le tribunal compétent.

Disons-le en passant, plus d'un Allemand étranger à l'affaire se réjouirait de voir le Spiegel une bonne fois gravement compromis et mis à la raison. Ceux-là mêmes qui tiennent le plus à la liberté de la presse reconnaissent que cette liberté implique en retour le sens de ses responsabilités 2. Or ce sens des responsabilités est loin de caractériser le Spiegel. C'est, à bien des égards, une publication odieuse. Non seulement son œuvre est toute de critique négative, mais il se complaît à détruire, à abîmer, à salir. Insinuations, présentation partiale des hommes et des événements sont ses méthodes habituelles, et il n'y a pour lui rien de sacré. Il est d'autant plus redoutable qu'il est parvenu à se procurer une très large diffusion. Tout homme tant soit peu en vue craint de voir un matin son nom y figurer et, peur ou malice, ceux-là mêmes qui vomissent son esprit résistent difficilement à la tentation de le lire. Bien que le Spiegel soit ainsi en Allemagne une sorte de réalité nationale, l' « affaire» déclenchée à son sujet a toutefois vite débordé le simple cas de l'hebdomadaire de Hambourg. Car, tout autant que le dossier incriminé, la procédure employée contre la rédaction est tout de suite apparue comme suspecte. Elle a été déclenchée à l'insu du ministre fédéral de la justice et de celui du Land intéressé. Un rédacteur a été mystérieusement arrêté en Espagne. Les perquisitions se sont éternisées. Ces « circonstances secondaires D (Begleitungsumstânde) sont maintenant considérées comme les plus intéressantes et les plus importantes a. Après avoir troublé nombre d'hommes politiques, elles amènent la plupart des citoyens de la République fédérale à se poser bien des questions. Tout d'abord ne s'agirait-il pas d'un règlement de comptes? Le ministre de la défense avait été déjà violemment attaqué par le Spiegel. N'a-t-il pas cédé à l'exaspération et au besoin de vengeance? Quelle raison a-t-il pu avoir de court-circuiter son collègue, ministre de la justice? Le procédé amena effectivement celui-ci à offrir sa démission, et, comme les deux ministres appartiennent aux deux partis (chrétiendémocrate et libéral) qui forment la coalition gouvernementale, celle-ci 1. La presse de l'Allemagne de l'Est parle de la terreur des persécutés du régime policier d'Adenauer et voit dans ces derniers de « valeureux combattants de la paix >.

2. Ainsi Le Monde dans son éditorial du 7 novembre 1962.

3. Voir, par exemple, dans Die Zeit (9 novembre 1962) Die Begleitungsumstânde der 'Spiegel'-Affâre in Wahrheit ihr Kern,


devait être gravement ébranlée. En fait, les choses s'arrangèrent un moment, par le sacrifice de deux sous-secrétaires d'État chrétiensdémocrates, mêlés à l'affaire, qui durent surtout, semble-t-il, servir de boucs émissaires.

Mais les compromissions, supposées par là, des plus hauts commis de l'État, les trafics opérés dans les bureaux, cette sorte de marchandage auquel se sont livrés les membres du gouvernement, tout cela était peu propre à apaiser l'opinion publique. D'aucuns auraient préféré voir la crise éclater plus promptement. a Qu'est-ce qui doit donc se passer en Allemagne, pour qu'il se passe quelque chose? », demandait un commentateur politique, déçu de ces compromis trop faciles conclus entre les hommes au pouvoir, aux dépens seulement de quelques-uns de leurs subalternes Au reste, l'affaire n'est pas terminée.

Il s'est pourtant déjà passé quelque chose. Jamais plus comme avant » c'est ainsi que Friedrich Sieburg intitule un commentaire de la Frankfurter Allgemeine Trop d'Allemands est-ce un monopole de l'Allemagne ? se désintéressaient encore de la vie politique de leur pays. Ils préféraient s'en remettre à leurs élus, aux partis, et surtout à ce corps de fonctionnaires, à ces Beamten, qui ont toujours outre-Rhin incarné l'ordre, régi par la conscience. Ne leur doit-on pas cette tranquillité publique grâce à laquelle chacun peut accéder chaque jour à une vie plus prospère? Or, c'est cet ordre même dont on peut craindre qu'il soit aujourd'hui en partie gangrené. De toute façon, chacun sent qu'il importe d'y projeter une lumière impitoyable et que pour cela le poids de l'opinion publique est primordial ». L' « affaire du Spiegel ne se soldera pas seulement par un déficit, si elle convainc davantage le peuple allemand et avec lui tous ceux qui peuvent être tentés de l'oublier qu'une démocratie saine et solide ne repose pas seulement sur de bonnes institutions, mais qu'elle postule aussi, de la part de tous les citoyens, la vigilance et, comme le disait déjà Montesquieu, la « vertu ». René Marlé.

1. Cf. Bonner Filzokratie. Der Koalitionshandel ging zu Lasten des Staates, » dans Die Zeit (9 novembre 1962).

2. 10 novembre 1962 Nie mehr wie vorber. »

3. Le Rheinischer Merkur, fidèle soutien du gouvernement et du parti chrétiendémocrate, ne manque pas plus que les autres journaux de réclamer cette « Aufklârung ». Cf. son article Die Verfassung rnid die Spiegel'- Aktion (9 novembre 1962).


Recherche et avenir

PROGRÈS

DANS LA CONQUÊTE SPATIALE L'heure est aux expéditions spatiales. Il ne faut pas sous-estimer l'importance du bouleversement que l'astronautique peut apporter à l'humanité. Nous n'assistons encore qu'aux premiers balbutiements d'une ère nouvelle dont l'évolution promet d'être extrêmement rapide. Il y a quelques années à peine, les premiers satellites étaient lancés autour de la terre. Spoutnik 1 ouvrait le score en octobre 1957, vers la fin de l'année géophysique internationale. Depuis lors, des progrès sensationnels se sont succédé; ils n'ont peut-être pas été appréciés suffisamment du grand public, qui n'est souvent informé que de façon fragmentaire. De nombreux satellites terrestres ont été à ce jour mis sur orbite. Quatre-vingts environ sont américains et une trentaine russes. Le programme des U. S. A. pour l'année 1962 prévoit le lancement régulier d'un satellite tous les trente jours. Ce n'est qu'un début. De tels engins apportent quotidiennement de précieux renseignements à la géophysique, la météorologie, la navigation, et de viennent, on le sait par Telstar, un nouveau moyen de télécommunication.

Déjà six satellites quatre russes et deux américains habités par des hommes ont été expérimentés avec succès depuis avril 1961, soit depuis moins d'un an et demi. Ces événements sont assez connus pour que nous n'ayons pas besoin de nous y arrêter.

Le voyage de l'homme dans l'espace va devenir courant. Un colloque international a été consacré tout récemment, dans le cadre de l'Unesco aux problèmes de physiologie humaine posés par de telles expéditions 1. Les travaux sont déjà assez avancés. L'impression d'ensemble a peut-être été formulée par l'académicien russe N. M. Sissakian, lors de la table ronde de clôture l'homme ne connaît pas encore les limites de ses ressources physiologiques. La plasticité de son organisme face à ces conditions de vie nouvelles semble aller notablement plus loin qu'on ne l'imaginait.

1. « Problèmes fondamentaux concernant les facteurs d'ambiance rencontrés par l'homme dans l'espace u, colloque international, UNESCO, 29 oct.-2 nov. 1962.


Parallèlement aux expériences péri-terrestres, l'exploration de la Lune a déjà commencé. Les Russes ont fait mouche sur la Lune, les premiers, en 1959. Ils ont également les premiers photographié sa face invisible. Trois appareils américains de la série « Ranger ont échoué; le dernier, Ranger V, en octobre dernier. Ils devaient téléviser des vues de la face inconnue de la Lune et faire atterrir un sismographe. Les Américains ne se tiennent pas pour battus. En 1964 seront lancés les « Surveyor ». Ce sont des engins plus gros, qui déposeront en douceur sur la Lune des charges d'instruments de l'ordre de 100 kilogrammes, ou bien seront satellisés autour d'elle pour étudier sa surface dans le détail. Enfin des « Prospector » sont annoncés pour 1965. Ils prépareront l'arrivée des premiers humains, prévue pour 1970.

A peine la Lune est-elle devenue un objectif accessible aux explorations spatiales, que celle-ci ne suffit plus aux ambitions des terriens. Deux planètes du système solaire sont à présent convoitées Mars et Vénus. Les Russes ont lancé le 1er novembre dernier Mars I. Il atteindra Mars en juin prochain, en le contournant à faible distance de sa surface (10 à 15 000 km). En 1964, les Américains tenteront à leur tour leur chance. Mars décrit une orbite extérieure à la nôtre par rapport au soleil. Aussi, pour l'atteindre, faut-il imprimer à l'engin balistique une vitesse supérieure à celle de la terre. L'opération est plus difficile que l'envoi d'une fusée vers Vénus, dont l'orbite est intérieure à la nôtre. De fait Vénus a déjà été un objectif assez concurrencé. Les Russes ont lancé Vénusik 1 en février 1961. La fusée passa trop loin de la planète pour pouvoir l'observer. D'autres essais échouèrent. Les Américains essayèrent à leur tour. Le deuxième lancement est un succès remarquable Mariner II a pris son vol le 27 août dernier L'engin sera à proximité de Vénus le 14 décembre. L'envoi de Mariner II représente le premier tir réussi vers une planète.

Mariner II pèse 200 kilogrammes et mesure 3 mètres de haut. En position de croisière, muni de ses panneaux solaires récepteurs d'énergie et de ses antennes déployées, son envergure est de 5 mètres. Il est doté d'une calculatrice électronique destinée à mettre en œuvre les renseignements enregistrés par les différents appareils et à donner des ordres en fonction des informations reçues. La stabilisation du satellite contre les embardées, son orientation en fonction du soleil et de la terre sont assurées par des gicleurs latéraux à azote et par trois gyroscopes. L'ensem1. L'année 1963, qui ne présente pas de période de conjonction favorable entre la Terre et Vénus ou Mars, sera surtout marquée par des essais lunaires. Il faudra attendre 1964 pour voir de nouveaux lancements vers les deux planètes. Voir A. Ducrocq Plaie-forme pour le cosmos, Julliard 1962, pp. 120-121. Ce livre, riche de renseignements fondamentaux sur les satellites artificiels, permet de saisir le fil directeur des tentatives spatiales actuelles.


ble du système permet de corriger sans cesse et de façon automatique l'orientation du satellite. Une antenne dont l'orientation est contrôlée automatiquement assure le contact avec la terre et permet l'envoi de renseignements techniques' concernant le fonctionnement de l'engin, ainsi que la transmission des observations scientifiques enregistrées au long du voyage. Elle reçoit en réponse les ordres télécommandés à exécuter.

Le satellite a été lancé par'une fusée Atlas à deux étages, qui l'a placé sur une orbite terrestre provisoire dite de parking. Une seconde mise à feu plaça l'engin sur une trajectoire de libération de l'attraction terrestre dirigée vers Vénus. Le véhicule fut alors stabilisé, et Mariner s'est trouvé dans sa phase de croisière. A mi-course de celle-ci, une ultime correction de trajectoire, télécommandée de la terre, fut effectuée au moyen d'un petit propulseur de réserve grâce à cette opération heureusement réussie, Mariner passera à moins de 18 000 kilomètres de Vénus. En raison de sa vitesse de déplacement trop faible pour contrebalancer l'attraction solaire, Mariner II décrit une orbite elliptique autour du soleil. De ce fait, il doit couper l'orbite de Vénus. Entrant dans le champ gravitationnel de la planète, il commencera à en subir l'attraction et sa trajectoire sera déviée.

Le moment précis de l'atteinte du point le plus proche de la planète est prévu à 15 minutes près. Dix heures plus tôt, un programme de préparation immédiate sera mis à exécution; il donnera le temps nécessaire pour étalonner les instruments scientifiques réservés à l'étude de la planète. Environ 65 minutes auparavant, les appareils destinés aux observations de Vénus commenceront à explorer la planète. La transmission vers la terre des données scientifiques ainsi accumulées se poursuivra 56 heures après la rencontre. A la fin de cette période, la mission d'observation de la planète sera officiellement terminée. Le véhicule spatial entrera de nouveau dans la phase de croisière et reprendra l'émission des données mécaniques et techniques, en même temps que celle des observations scientifiques interplanétaires.

Jusqu'ici, le voyage de Mariner II s'est déroulé sans incident majeur. Une alerte sérieuse fut donnée le 1er novembre. On apprit que la défaillance d'un régulateur de voltage avait diminué au moins provisoirement les ressources énergétiques de l'appareil. Mais aux dernières nouvelles tout est de nouveau en ordre.

Quelles sont les informations scientifiques qu'a déjà transmises et que transmettra Mariner? Sept séries d'instruments de mesure sont à bord du satellite. Un magnétomètre est destiné à mesurer les change1. Mariner II transmet quotidiennement à la terre 90 000 mesures portant sur 53 aspects de son propre fonctionnement.


ments des champs magnétiques interplanétaires et vénusiens. Une chambre d'ionisation et un groupe de trois compteurs Geiger-Müller permettent de mesurer les flux de particules de grande énergie rencontrées au long de la trajectoire. Un spectromètre analyse le « plasma solaire » ou atmosphère protonique du soleil, du moins dans une certaine limite. Un détecteur mesure la densité des poussières cosmiques au cours du voyage du satellite. Deux appareils sont destinés uniquement aux observations sur Vénus. Ce sont des radiomètres. Ils mesureront les températures de surface et celles des couches supérieures de l'atmosphère. Ils décèleront la vapeur d'eau existant éventuellement dans cette atmosphère, de même que les failles de la couverture nuageuse. Vénus a été longtemps considérée comme une jumelle de la terre. Son diamètre est estimé voisin de celui de notre planète, de même que son volume et sa densité. Vue de la terre, elle apparaît comme un des objets les plus brillants, le troisième dans le ciel, après le Soleil et la Lune. Ce phénomène est dû à la fois à la relative proximité du soleil et au pouvoir réflecteur élevé des nuages qui entourent Vénus. Cette couche de nuages recouvre continuellement la planète. Elle gêne considérablement l'observation et explique le peu d'informations obtenues à ce jour sur Vénus. Des configurations changeantes, foncées ou claires, apparaissent sur cette couche nuageuse. On ne sait comment les interpréter. Les températures régnant sur la planète sont encore très discutées. Il en est de même de la durée de sa propre rotation. Mariner II est susceptible d'apporter des informations du plus haut intérêt sur ces questions. Les informations recueillies pendant la phase de croisière constitueront également de précieux éléments de connaissance sur le système solaire. Peut-être pourrons-nous ainsi approfondir nos idées sur des problèmes aussi fondamentaux que ceux de la structure de la matière, l'origine du système solaire et la formation de l'univers. On ne peut qu'admirer l'extrême précision apportée au calcul et à la réalisation d'une trajectoire qui couvre plus de 300 millions de kilomètres en un laps de temps d'environ quatre mois. Il a fallu résoudre des problèmes extrêmement complexes à l'aide des machines les plus perfectionnées. De telles réalisations représentent un tour de force à l'honneur de ceux qui les ont exécutées l. Elles marqueront probablement une étape importante dans le développement humain. André Gérard.

1. Il est souhaitable que le public puisse disposer, à propos des exploits spatiaux soviétiques, d'informations équivalentes à celles que fournissent les organisations des U.S.A. Ces informations sont données jusqu'ici trop parcimonieusement.


Arts, formes et signes

UN JEUNE AUTEUR NOMMÉ VITRAC En ressuscitant au Théâtre de l'Ambigu Victor ou les Enfants au pouvoir de Roger Vitrac, Jean Anouilh répare une grande injustice et, du même coup, donne à qui peut l'entendre une belle leçon d'histoire littéraire. On oublie trop que la crise de la conscience moderne (et, par voie de conséquence, l'art nouveau qu'elle a engendré) ne date pas de la Libération issue d'un immense ébranlement de la sensibilité, précipitée par le désordre de deux guerres, elle se trouve tout entière préfigurée chez Rimbaud et Lautréamont; puis Strindberg, Freud, Jarry, Apollinaire, Kafka l'ont chacun à sa façon vécue et traduite en littérature, avant l'explosion provocante du surréalisme. C'est dire que l'avantgarde, apparue et baptisée de ce nom à partir des années quarante-cinq, n'a fait que prendre le relais de tentatives antérieures dans un monde où les valeurs de la culture classique sont plus enracinées qu'il ne paraît, elle a joué en réalité le rôle de la dernière vague d'assaut contre des bastilles à demi conservées. En d'autres termes, le problème était et demeure exactement celui-ci étant admis que la civilisation contemporaine est en mue et qu'en particulier notre univers mental n'est plus centré autour de la raison; que notre perception du monde (voire de nous-mêmes) est transformée et que nous n'accordons plus le même pouvoir que jadis au langage; que, la psychologie et la science traditionnelles étant révoquées en doute, notre sentiment du beau se trouve à son tour ébranlé, il reste à créer un art en accord avec ces données de notre époque ou à se replier nostalgiquement sur le passé. Est-il besoin d'ajouter que la mise en demeure qui nous est ainsi faite concerne en profondeur, au-delà de la littérature et des beaux-arts, notre comportement social et toute notre attitude spirituelle?

On a vite fait, cependant, de reconstruire le monde en paroles ce n'est pas à partir d'une table rase que nous sommes invités à rebâtir, mais dans un cadre structuré depuis des siècles et à l'encontre d'un confort solidement établi. Tout essai de révolution ou de réforme est, semble-t-il, voué à se dégrader en anarchie ou en verbalisme chimérique, tant que le ferment du renouveau n'aura pas saisi la masse de la société mais que ne s'avise-t-on du progrès qui chemine tout de même et de la lumière qui vient lentement au jour, au milieu des malentendus, des disputes et des drames? Oui, nombre d'artistes, de politiques et de


philosophes sont apparemment disqualifiés pour avoir eu raison trop tôt ou pour avoir donné forme à ce que le public ne ressentait pas encore clairement il n'importe, puisque les brandons qu'ils ont jetés reprennent feu plus tard, à l'heure dite. Il faut s'apercevoir enfin que la culture moderne a commencé de prendre corps, dans les directions les plus variées, depuis au moins un demi-siècle que cet enfantement se produise dans le trouble et dans l'incertitude, c'est vrai, mais ce n'est pas une raison pour en nier la réalité et l'importance.

Voici, par exemple, l'histoire d'un écrivain nommé Roger Vitrac surréaliste de 1924 à 1927, exclu du groupe en même temps qu'Antonin Artaud, il a participé aux querelles littéraires des années trente 1, aux côtés de Prévert, Queneau, Leiris et Desnos; joué dès 1928 au Théâtre Alfred-Jarry qu'avait fondé Artaud, il a écrit six pièces dont les meilleures ont pris moins de rides que celles de Giraudoux, et devancé Ionesco sur la voie d'un burlesque féerique et désespéré; mort en 1952, il avait vu son œuvre glisser lentement dans l'oubli Michel de Ré avait bien repris son Victor en 1946, mais l'heure n'était pas encore au triomphe du nouveau théâtre, dont cet ouvrage constitue l'un des premiers et des plus beaux monuments. Seize ans plus tard, tout est changé le comique moderne franchit désormais la rampe et, au surplus, Jean Anouilh jette son autorité dans la bataille.. Après avoir collaboré mieux que personne au succès d'Ionesco, l'auteur d'Ardèle a décidé de faire lui-même celui de Vitrac et, on peut le dire d'ores et déjà, il a gagné la partie.

Issue du surréalisme, Victor ou les Enfants au pouvoir n'est pas à proprement parler une pièce surréaliste Vitrac n'a écrit pour le théâtre qu'un seul ouvrage les Mystères de l'amour conforme à l' a orthodoxie du mouvement, mais il est aisé de reconnaître dans ce drame la trace de son expérience toute récente aux côtés d'André Breton. Humour et burlesque provocants, goût de l'incongruité, refus du réalisme et de la « psychologie au profit du rêve dans ce qu'il a parfois de fantasmagorique, caricature sauvage de l'univers bourgeois, instauration d'une logique étrangère aux normes en cours dans la vie quotidienne et jusqu'au choix de cette année 1909 pour situer la pièce, voilà des éléments que le surréalisme n'aurait pas reniés. Mais l'originalité de Vitrac consiste à les avoir intégrés dans une forme de « drame bourgeois », solidement et même rigoureusement construit, en donnant à sa fantaisie le caractère de la nécessité dramatique. Rien de vraisemblable, ici, au sens ordinaire 1. Cf. le pamphlet collectif Un cadavre, dirigé contre Breton et la boutique surréaliste ̃.

2. Gallimard, en deux volumes, 1946 et 1948.


du terme, mais rien non plus de gratuit, jusque dans les plus hauts caprices de l'imagination.

Nous sommes dans un appartement parisien, le jour du neuvième anniversaire de Victor. Cet enfant, affreux jojo avant la lettre, « terriblement intelligent (au point d'inspirer en effet de la terreur), mesure 1 m 80, ce qui lui assure déjà une suprématie physique dans l'enclos où les grandes personnes s'agitent pour regarder sans trop ciller le monde comme il va, il est de bonne méthode de le renverser d'abord. Vous voilà d'emblée dépaysé, spectateur, et contraint d'adopter le point de vue de l'enfant terrible; de sa hauteur, ce sont les adultes qui sont renvoyés au royaume dérisoire de Lilliput reste à percer à jour leurs secrets et à mourir peut-être de rire ou de dégoût. Car telle est bien l'extraordinaire trouvaille de Roger Vitrac, qui commande toute la pièce les personnages s'ordonnent autour de Victor, à qui le public s'identifie de gré ou de force. Aussi le vaudeville qui va suivre prendra-t-il des proportions inusitées et dangereuses oui, nous connaissons bien ces quadrilles de l'adultère bourgeois, ce général gâteux, ce papa bricoleur qui a établi son autorité sur le mensonge, ce visiteur cocardier, ces papotages et ces idées reçues. Mais est-ce du Feydeau, cette avalanche de coups de théâtre, cet automatisme maniaque qui préside au développement de l'action, ces chassés-croisés, ces « mots s et ce mouvement trépidant? Le spectateur aurait tort de se carrer béatement dans son fauteuil, car voici en même temps l'action qui se détraque, les paroles qui crépitent dans le vide, la satire qui explose en lyrisme cocasse. Victor et son amie Esther (six ans) miment sans les comprendre les gestes de leurs parents, et le rire se glace dans votre gorge, car vous vous apercevez que l'enfant va goûter à l'arbre de la connaissance et découvrir que l'univers des hommes, où une place lui est dès à présent ménagée, est dominé par le Mal hideux. Il saura en l'espace d'une journée la lèpre du langage, la bêtise, la laideur, le mensonge et l'amour en faillite aucune valeur ne sortira intacte de ce jeu de massacre 1. A l'acte II, cependant, une étrange visiteuse se présente, achevant de faire basculer la pièce du côté de la féerie burlesque c'est Ida Mortemart, pétomane, symbole grinçant de la mort, « sphinx modern-style », selon l'auteur. Quelle autre forme le destin saurait-il prendre dans cette « Belle Époque » que celle de ce fantôme inconvenant? De sa bouche, Victor apprendra ce qu'il lui reste à savoir et recevra la promesse de son imminent départ car l'enfant géant doit mourir ce soir, mourir tout simplement de la Mort, parce qu'il a eu la révélation de la vie. En vérité, il y a quelque chose de terrible dans l'intelligence, quand elle est trop grande pour la pureté d'une âme.

1. Faut-il préciser que Vitrac n'est pas chrétien et soumet ici ou là les valeurs religieuses à la même satire?


C'est une erreur, on s'en aperçoit peut-être maintenant, d'aller à l'Ambigu dans l'espoir de passer une bonne soirée hilarante l'ironie de Vitrac est noire et sa fantaisie la plus saugrenue plonge ses racines dans le tragique. Si le premier acte emporte l'adhésion unanime des spectateurs, c'est que l'écrivain n'y a pas encore abattu ses cartes et semble inviter à un rire innocent, mais le piège se referme bientôt sans qu'on vous crie gare c'est alors que le malaise envahit insidieusement la salle et va crescendo jusqu'à la dernière réplique, gêne salutaire, à mon sens, et tonique pour qui consent à ne point l'éluder. Que tout cela grince et pique, j'y consens, mais le moyen d'oublier que cette pièce est une fable dédiée à la mémoire de l'enfance? Jean Anouilh en est le premier convaincu, qui a fait part à plusieurs reprises de la dilection spéciale qu'il porte à Victor depuis qu'il le connaît Vitrac a su aller jusqu'au bout de leur angoisse commune et lui donner une expression mythique, sans complaisance ni dérobade.

Anouilh mettant en scène Vitrac c'est un peu Anouilh méditant sur lui-même, retrouvant des personnages qu'il a toujours portés en lui, dialoguant comme en songe avec son double déchaîné d'où l'admirable réussite du spectacle qu'il nous présente. La rigueur quasi mécanique de la progression du drame, les éclats de la farce progressivement entravés par des éclairs inquiétants, la réalité travestie puis immergée dans le fantastique, l'ironie vengeresse mais d'autant plus blessante d'être elle-même blessée, tout cela est exprimé avec une souveraine justesse. Même bonheur dans les décors de Jacques Noël qui, de quelques traits précis, évoquent « ce monde des Lettres à Françoise de Marcel Prévost, de l'iris noir, du Métropolitain, du corset Mystère, des femmes à dessous et du pétomane de l'Eldorado (Roger Vitrac). Même équilibre surtout dans la distribution, subtilement dosée au milieu de Monique Mélinand, Nelly Benedetti, Alain Mottet, Hubert Deschamps et Bernard Noël, qui créent tous les cinq une extraordinaire ambiance de loufoquerie froide, Claude Rich a l'immense talent de faire croire à Victor, maîtrisant de bout en bout son difficile personnage et lui conférant autant de poésie que d'exacte vérité aidé par Uta Taeger qui lui donne une excellente réplique dans le rôle de la petite Esther, il offre de l'enfant précoce une image tendre, moqueuse et triste qu'on n'oubliera pas de sitôt.

Robert Abirached.

1. Avec Roland Pietri.


L'ART EUROPÉEN VERS 1400

Bien que la dernière exposition organisée à Vienne sous les auspices du Conseil de l'Europe ait fermé ses portes à la fin de juillet, il n'est, il ne sera pas d'ici longtemps, trop tard pour en parler. Le programme était lourd, la matière innombrable et dispersée de par le monde, le sujet lui-même difficile à limiter tant d'obstacles n'ont pas arrêté le Professeur Vincenz Oberhammer, Directeur général du Kunsthistorisches Museum de Vienne, commissaire responsable, qui a su définir un plan, diriger (et minuter avec une ferme courtoisie) le travail de ses collaborateurs autrichiens et étrangers, donner à la manifestation un éclat digne de la vibrante capitale danubienne et laisser à tous en souvenir un catalogue monumental où les travailleurs présents et à venir trouveront belle matière à réflexion.

Mais pourquoi 1400? Depuis que Louis Courajod a, vers 1890, inventé le terme ingénieux de « gothique international », une foule de chercheurs s'est penchée sur les années qui correspondent à peu près, en France, au règne de Charles VI, années où le style issu de l'entourage de saint Louis, après avoir formé des écoles locales dans toute l'Europe au nord des Alpes, revêt un aspect général, s'unifie sous des traits communs qui n'excluent pas d'ailleurs les accents régionaux et opère comme une sorte de rassemblement avant de s'épanouir dans l'immense floraison flamande et italienne du xve siècle, puis dans la Renaissance européenne. Ces chercheurs ont marqué avec une force grandissante l'importance unique de cette époque à tous égards, en particulier dans le domaine artistique, et son caractère singulier. « Il y en a peu, écrit excellemment Otto Pâcht dans l'étude qu'il a donnée au catalogue (p. 59), où ce qu'on appelle le style du temps soit si facile à reconnaître le plus souvent, en voyant un tableau ou une sculpture de 1400, nous déterminons tout d'abord sa date, et ensuite seulement qu'il doit être originaire de France, de Lombardie ou de Bohême. Et même il n'est pas rare que cette deuxième question demeure sans réponse. Pour la plupart des autres périodes, c'est le contraire qui se produit on est frappé au premier abord par le style personnel des œuvres d'art ou par son rattachement à telle école régionale, et c'est ensuite seulement, à supposer qu'on y parvienne, qu'on retrouve dans sa physionomie stylistique l'expression d'une période déterminée. » Cela est si vrai que les spécialistes sont encore loin de s'accorder sur l'attribution à tel ou tel pays de bien des œuvres de ce temps et que leur meilleur recours


en la matière est le manuscrit à peintures, toujours localisé à coup sûr, terme de comparaison précieux par conséquent mais qui manque, hélas! en mainte occasion. Diffusé à dose égale partout, style européen par excellence, le « gothique international devait d'autant mieux attirer l'attention du Conseil qui siège à Strasbourg que les questions que pose son étude sont plus difficiles et qu'une exposition solidement établie fournit toujours les éléments de bien des réponses. Celle-ci n'a pas failli à la règle sans entrer dans le détail de ces problèmes particuliers, marquons ici en quelques mots l'importance des années qui environnent 1400, tentons de les situer dans l'évolution générale. Elles forment charnière, non entre deux époques, mais entre deux âges car c'est ici que se termine ce que nous appelons le Moyen Age, en dépit de la tradition scolaire qui fixe cette fin à la prise de Constantinople en 1453. L'histoire artistique médiévale, qui suit une marche parallèle à celle de l'histoire intellectuelle et politique, n'a jamais cessé de tendre à la fusion de deux traditions hostiles, la tradition classique et la tradition barbare, et cette fusion ne s'est faite totale, après des siècles d'essais, qu'à l'aube du temps des Van Eyck. Ces longs efforts ont produit des fruits merveilleux et disparates, mais le moins admirable n'est pas que l'une et l'autre aient survécu à tant de luttes jusqu'à la conclusion finale qui les a trouvées à égalité, et que cette conclusion même, acquise semblait-il depuis les environs de 1400 précisément, paraisse aujourd'hui remise en question.

Tradition classique, c'est celle dont nous nous réclamons encore et que nous a léguée la civilisation grecque et romaine. C'est, dans le domaine artistique, celle de l'univers à la mesure de l'homme, un univers dont l'art s'efforce de donner l'illusion. Nos ancêtres barbares, eux, n'ont connu que le décor; et la découverte des formes naturelles, grâce aux invasions qui les menèrent au contact de la tradition classique, a donné les effets de dislocation les plus étranges, jugés incompréhensibles et grotesques jusqu'au jour tout récent où nous avons connu avec nos fauves divers un phénomène analogue, des chocs du même ordre, fertiles, comme ceux d'alors, en résultats. Les Carolingiens mirent ordre aux effervescences barbares par un retour forcé à l'Antique mais une Antiquité qu'ils ne séparaient pas de la Bible et qu'ils ne concevaient que christianisée, et c'est pourquoi leur passage scellera d'une marque indélébile tout le Moyen Age occidental. A la différence de la Renaissance des xve et xvie siècles, la Renaissance carolingienne (le terme n'est pas impropre) se fonde essentiellement sur l'idée chrétienne, et l'art européen s'unifie sur cette base pour la première fois. La chute des Carolingiens sonne le réveil barbare, mais l'action carolingienne a été trop profonde pour n'avoir pas laissé de traces et l'époque que nous nommons romane à la suite d'Arcisse de Caumont (ce vocable recouvre


des modalités fort diverses) n'est pas un simple retour aux formules qui les avaient précédés et que leur intervention, en les enrichissant, avait sauvées de la sclérose; toujours est-il que le décor règne en maître de nouveau, tempéré par des souvenirs qu'entretient avec une insistance grandissante l'héritière des Anciens, Byzance. Et c'est grâce à celle-ci, à son action en partie double, que s'opère une division qui rappelle celle d'antan et que réapparaissent, bien tranchées, les traditions hostiles classique en Italie qui va tendre, seule et libre, à retrouver les règles de la perspective et du trompe-l'oeil, le sens du volume et des masses; barbare dans le reste de l'Europe, où les acquisitions techniques, les apports divers vont, par la France et autour d'elle, se fondre en décors incomparables. Le terme « gothique », inventé par mépris au xvne siècle, qui désigne la forme la plus indépendante, la plus vivante de l'art médiéval, n'est pas aussi absurde qu'il paraît si les Goths n'ont rien à faire ici, si les Gothiques étaient loin de se poser en anti-classiques, bien au contraire, il reste que l'art du Nord s'oppose à celui d'Italie et qu'en dépit de contacts répétés dès le début du xive siècle, et même de coexistence pacifique antérieure dans certaines régions, la situation se prolongera, à peine modifiée, jusqu'au temps du « gothique international ».

Alors se déclare, partout à la fois, une émulation incroyable, une activité d'échanges inouïe; ce mouvement couvre toute l'Europe cette fois, y compris l'Italie, dont le Nord va tirer des enseignements essentiels et apprendra en particulier à regarder la nature d'un œil non prévenu il est dû aux circonstances politiques et aux relations entre familles princières, mais il atteint des milieux bourgeois que gagnent la culture et la curiosité littéraire et artistique; il s'attache solidement en profondeur, moins gêné en France qu'on ne pense en général par les bouleversements que subit notre pays et les ruines accumulées par la guerre de Cent Ans. Paris, Dijon, Avignon, Prague, la Catalogne, la Lombardie, les pays rhénans et mosans rivalisent d'ardeur inventive, et ce travail va transformer la physionomie artistique européenne trente années à peine y auront suffi, de part et d'autre de 1400, et c'est pourquoi elles méritaient qu'on les présentât spécialement. Pour ce qui est de la France, son rôle, non pas unique mais primordial, avait été en grande partie de liaison Paris, déjà, attirait les artistes et les révélait à eux-mêmes, par une sorte de maïeutique dont on verra plus tard maint exemple. Le mécénat des princes (un Jean de Berry par exemple) n'est pas seul en cause, il n'explique pas tout les frères de Limbourg ont été appelés par Philippe le Hardi, mais, à côté de nombreux Français dont on sait les noms, un Jacques Coene, un « Maître de Rohan », un « Maître de Bedford (sans doute étranger comme eux) ont travaillé en atelier indépendant, et de même un groupe de peintres


venu des Pays-Bas qu'on désigne sous l'appellation globale de « Maître de 1402 ». L' « école de Paris » commence au xve siècle. Et ce n'est pas le moindre résultat d'une exposition comme celle de Vienne que d'avoir permis justement de comparer les objets et de préciser des rapports tant il est vrai que rien ne vaut le contact de l'œuvre elle-même, non pas même la meilleure photographie; de mystérieux échanges semblent résulter de leur rapprochement temporaire.

Dans deux ans, en 1964, une nouvelle exposition du Conseil de l'Europe nous présentera Byzance ce sera la dixième depuis 1955, année où la série commença avec l'Humanisme (Bruxelles); puis vinrent le Maniérisme (Amsterdam), le xvir3 siècle (Rome), le Rococo (Munich), le Romantisme (Londres), les Sources du xxe siècle (Paris), l'Art roman (Barcelone). Les sujets ne manquent pas, et les pays non encore pleinement « européens » ne sont pas les derniers, on le voit, à accueillir ces vastes enquêtes qui montrent l'unité de notre vieux continent à travers les siècles et donnent de ses divers aspects une image attrayante et neuve. Jean Pobciier.

GILBERT BÉCAUD ET CARL ORFF

Gilbert Bécaud ayant décidé de se lancer dans la musique classique, il était intéressant d'examiner sa première œuvre, l'Opéra d'Aran. Elle pouvait en effet révéler un aspect jusqu'à présent inconnu de son talent, car un certain nombre d'artistes de variétés sont des transfuges d'un conservatoire de musique et sont par suite capables d'écrire des pièces plus élaborées qu'ils ne le font d'ordinaire.

Ce n'est pas tout à fait le cas de Gilbert Bécaud. L'audition attentive de son opéra révèle, certes, des études pianistiques, mais il ne semble pas que l'harmonie, le contrepoint, la fugue et la composition aient beaucoup retenu l'attention de l'auteur, car l'oeuvre manque d'assise. La partition symphonique se compose d'une succession d'airs ou de chansons utilisés d'une façon imparfaite et mal articulés. Bécaud a parfois de bonnes idées, mais il ne sait pas en tirer parti. Un thème se développe, se varie, s'amplifie, s'orchestre, s'enchaîne au suivant, réapparaît, etc., suivant des règles que l'on apprend en classe. Elles varient suivant les époques et les styles. Un compositeur de talent y apporte souvent des modifications, mais elles sont dictées par le métier. Celui qui n'en a guère ne fait pas plus un opéra avec cinquante ou cent chansons, qu'un apprenti une maison avec un tas de pierres.


L'inspiration de Bécaud dans l'Opéra d'Aran est d'autre part inégale. Quelques airs sont bienvenus et bénéficient d'une instrumentation heureuse d'autres, en revanche, font appel à la musique douce ou au jazz symphonique, ce qui convient très mal au sujet, d'allure dramatique et rude.

La partie vocale est mieux traitée. Méditerranéen, Bécaud professe beaucoup d'admiration pour le bel canto. Les romantiques français et italiens de la fin du siècle dernier (Léo Delibes et surtout Verdi) paraissent l'avoir fortement impressionné. L'Opéra d'Aran fourmille de grands airs. Il y en a en nombre presque illimité pour tous les rôles. Dans l'ensemble, leur mélodie est agréable et leur ligne bien dessinée. Mais l'auteur abuse du procédé, car il crée un état de tension permanent qui ne devrait être réservé qu'aux nœuds de l'action. Les chanteurs ont une voix convenable, mais ils articulent mal. Il en est de même des choristes dont la partition est pauvre, car l'auteur ne paraît connaître pour eux que l'unisson.

Le sujet du drame manque d'originalité; c'est celui à peine modifié d'Enoch Arden un marin, parti dans le « grand Univers », revient au moment où sa fiancée, lasse de l'attendre, décide de s'unir et de partir avec un ancien naufragé italien recueilli par les pêcheurs de l'île d'Aran. Les décors, les costumes et surtout la mise en scène sont excellents. Margherita Wallmann, qui travailla pour tous les théâtres lyriques du monde, utilise au théâtre des Champs-Elysées une scène tournante dont on ignorait jusqu'à présent l'existence. Le groupe des pêcheurs au premier tableau, la maison délabrée de Maureen (la fiancée) dont les différents aspects servent à figurer tous les lieux du drame, le retour impromptu de Sean (le fiancé) et le départ en barque d'Angelo et de Maureen fuyant les terres rudes et désolées d'Irlande sont autant de trouvailles scéniques donnant à l'action un caractère très vivant. L'opéra de G. Bécaud possède bien des imperfections, mais la spontanéité de certains passages est parfois séduisante. Enfin il faut rendre hommage à l'auteur d'avoir accepté de risquer des sommes élevées pour monter dans un théâtre privé une œuvre qui fera vivre pendant plus de deux mois (du 22 octobre 1962 jusqu'à la fin de l'année) une centaine de musiciens et de chanteurs classiques. La corporation lui en est très reconnaissante.

Outre l'Opéra d'Aran, la principale manifestation musicale de ces temps derniers fut l'exécution à Paris en deux séances consécutives de trois oeuvres du compositeur allemand Carl Orff par l'Orchestre Philharmonique de la R. T. F. avec les chœurs de la Frankfurter Singakademie dirigés par Ljubomir Romansky. Ces concerts, qui ont eu un très grand succès, ont été enregistrés et diffusés par la radio (France III) les 12 et 15 novembre 1962.

Contemporain d'Honegger', Carl Orff, comme son confrère suisse, 1. Carl Orff est né en 1895 et Honegger en 1892. Ce dernier est certes de nationalité suisse, mais il semble que l'on puisse, sur le plan musical, le considérer comme français, car 11 naquit et mourut dans notre pays où il fit ses principales études et vécut pendant plus de quarante ans.


a voulu rénover le langage musical par un retour aux anciennes formes d'écriture. Pour que son message puisse être immédiatement compris par un vaste public, il exclut tous les procédés savants d'harmonisation, d'orchestration ou de développement thématique. Il emprunte aux polyphonistes de la Renaissance leurs règles contrapuntiques pour le traitement des chœurs et brosse à grands traits les parties symphoniques, utilisant de nombreux airs populaires (souvent d'inspiration slave), répétant avec force les motifs principaux et confiant aux cuivres et à la percussion une part importante de son message. Bien que claire et dépouillée, son écriture est solide, elle rappelle, sans pour autant l'imiter, le langage d'Honegger et de Florent Schmitt dans le Roi David et le Psaume XLVII. Il s'agit dans les deux cas d'une musique puissante, vivante et colorée, convenant parfaitement à l'évocation de la vie rude des peuples de l'Antiquité ou du Moyen Age.

Les Carmina Burana1, ou chants du Monastère bavarois de Beuron, les Catulli Carmina, ou chants de Catulle et Il Trionfo de Afrodite sont inspirés par des textes anciens que l'auteur n'a pas voulu traduire. Cela est d'ailleurs préférable car, affirmait le programme, ces chants de taverne ou d'amour ne sont pas toujours d'une moralité irréprochable. Mais comme tout cela est interprété en grec ancien, en latin plus ou moins décadent, en vieux français et en allemand archaïque, personne n'y comprend rien, pas même les choristes.

Les deux meilleurs volets du triptyque sont le premier et le troisième: les Carmina Burana et II Trionfo de Afrodite, où la partie orchestrale est importante. Les Catulli Carmina confiés presque uniquement aux chœurs sont plus ternes. L'importance du sujet entraîne en effet l'auteur à de longs développements qui conviennent mal à l'écriture polyphonique conçue pour des œuvres courtes traitées à la manière d'une miniature.

Le mélange subtil des voix donne en effet à l'édifice une légèreté qui ne lui permet pas de supporter un trop grand nombre de mesures. Certes une remarquable fugue, Audite Catulli, apporte aux Catulli Carmina un élément de solidité fort utile, mais il aurait fallu en trouver d'autres, peut-être en utilisant la forme du choral. Le même défaut, quoique à un degré moindre, se manifeste dans la partie centrale des Carmina Burana, mais certaines pages confiées aux solistes, notamment celles du baryton, apportent souvent de la diversité. Le début d'II Trionto de Afrodite enfin fait preuve de déséquilibre, car l'auteur n'utilise qu'un petit groupe de musiciens et de choristes parmi l'immense orchestre dont il dispose, donnant ainsi l'impression d'une écriture étriquée. A part ces quelques défauts, le triptyque de Carl Orff, présenté pour la première fois à Paris dans son intégralité les 5 et 6 novembre dernier, est une œuvre qui crée sur le public un choc considérable, car l'école allemande contemporaine, volontiers intellectuelle ou abstraite, ne nous avait pas habitués à un style aussi riche.

H. de Carsaladf. du PONT.

1. L'œuvre est éditée par Philips, disque n" 1472, dir. Eugène Ormandy. Ces Carmina sont dei chansons d'étudiants du xin* s., dont les paroles seules nous sont parvenues.


Témoins d'hier et d'aujourd'hui

JOSEPH CARDYN

Joseph Cardyn, enfant de Schaerbeek, le Billancourt bruxellois, a quatre-vingts ans. Le fondateur de la J.O.C. a des cousins et neveux dans ce quartier où il a grandi, poulbot, moineau, saute-ruisseau ni plus ni moins que les autres mômes de sa rue, gavroche à l'accent truand, fils d'un cocher'et d'une femme de chambre, fait pour le métier de camelot dégourdi comme le sont tous les vibrions des longs, longs faubourgs, primesautier, graine de loustic, et de conducteur de tramways. Son père, Henri Cardyn, sa mère, Louise Van Daele, gens de droiture romaine et de plèbe exemplaire, seraient oubliés dans la piétaille innombrable du siècle si Joseph, un de leurs cinq enfants, n'avait témoigné, dès l'âge de quinze ans, d'une santé spirituelle miraculeuse. Nos aînés l'ont connu petit séminariste et petit vicaire, taillé en poulet maigre, ou en haricot sec, le visage, comme celui de Lamennais, <c éclairé en dedans ». Or il n'est aujourd'hui, sauf en pays soviétisés, pas une ville au monde où il n'ait ses ouailles. Neuf universités d'Europe et d'Amérique l'ont nommé docteur honoris causa. Sa Jeunesse Ouvrière Chrétienne est née en 1924, quand Pie XI, avec une extraordinaire intelligence, donna sa première audience au prêtre fils d'ouvriers. Elle connut sa grande apothéose romaine en août 1957, quand 32 000 jeunes ouvriers, noirs, blancs et jaunes mêlés, venus de 56 pays, s'agenouillèrent sur la Place Saint-Pierre. La J.O.C. mondiale venait de rédiger sa charte, à la dimension planétaire.

Le prélat octogénaire, dans sa thébaïde actuelle, à Sainte-Marie de Schaerbeek, a gardé l'accent rocailleux de son terroir brabançon, en français et en flamand. Pour la langue anglaise, nous pensons que sa diction n'est pas plus académique. La porte noire de sa maison grise, sa permanence, que de fois nous l'avons franchie, ne fût-ce que pour écouter ses récits de voyages, en Asie surtout, le pays où Kipling nous apprenait à « penser impérialement n, celui où Cardyn nous apprit à penser évangéliquementl A quatre-vingts ans, le visage est demeuré fidèle aux portraits de jeunesse, cheveux en brosse, profil d'émouchet, nez en proue de chaloupe, sans lorgnons ni besicles, front plissé de rides en portée de musique où la pensée inscrit des dièzes et des bémols, dents intactes, teint pâle mais frais d'ouvrier mécano du genre « extra-sec »


dont les os ni la peau n'ont jamais connu la fatigue ou dont la fatigue n'a jamais été qu'un état normal sous la lampe du soir, un stade régulier dans la cadence du travail. Et ses mains? Des mains d'artiste, de pianiste d'autant plus doué pour le clavier que les mots lui viennent en désordre, arsenal vibrant mais limité. Pour peu qu'un adjectif lui fasse défaut, il a recours à « formidable. quelque chose de for-mi-dâ-ble ». Qu'il s'agisse du Parlement de Camberra ou du bourdonnement mystérieux des prières des deux cent mille bonzes du Siam. « Car, nous dit-il, en Siam et Birmanie, cela fait cinq cent mille bonzes, drapés de robes orangées, le crâne tondu, tendant leurs bols, chaque matin, à la générosité du passant, avant les heures d'oraison. Une existence cistercienne. Vous m'entendez? Cistercienne. Je vous le dis formidâble. » Troubadour sacré répétant, de l'Himalaya au Cap Malabar, sous tous les cieux, sa même chanson, son histoire a la vertu suprême de fidélité, ce que Saint-Simon appelait « une suite enragée ». Son bureau-studio de protonotaire apostolique est tout pareil à'celui de son premier presbytère à Laeken. « A soixante-sept ans, déclarait-il, en 1949, j'ai encore toujours dix-sept ans. » Cette vigueur première, il l'a encore en 1962. Ses mains, pour expliquer un thème cher à son cceur, dessinent toujours des arabesques de harpiste, de prestidigitateur, de plumeur de dindons ou de vendeur de rubans. A table, devant son bœuf au jus et une salade de choux-fleurs, il va du couteau, la pointe en l'air ou martelant de la crosse une nappe innocente. Les rides ont beau, au coin des yeux, dessiner leur filigrane de patte d'oie, le plissé du front a beau se serrer davantage auprès du toupet neigeux, Cardyn n'aura jamais rien de vieux. De sa parole nous pouvons trouver le miel rude. Mais le parfum? Que nous sommes loin de ces chanoines dont Chateaubriand disait qu'ils « tisonnent le siècle au coin du feu ».

Cardyn a vécu son Nazareth à Schaerbeek et aussi à Hal, gros bourg à 15 kilomètres au sud de Bruxelles. A vrai dire, Schaerbeek n'avait été pour ses parents qu'une étape où, à force de travail, ils avaient amassé quelque pécule, de quoi reprendre à Hal un petit commerce de charbon. L'affaire, bien menée, fut saine comme son fondateur lequel, bon bougnat, demeura toute sa vie authentique bougnat. Joseph Cardyn, dans les rues de Hal, poussa la brouette, comme un ramoneur du bon vieux temps, entre deux leçons de grammaire et d'arithmétique. Rien d'espiègle ne lui était étranger. Sa mère avait l'esprit vif et il tenait de sa mère. Son père, de son emploi de cocher, avait gardé un humour solide, celui des rouliers, voituriers et postillons, tous familiers des embarras de la rue. Quel virtuose du volant il eût fait aujourd'hui! Leurs portraits sont plaisants parce que leurs sourires droits et cordiaux en disent plus long que vingt rouleaux de parchemins. Le père analphabète, la mère ne connaissant d'autre livre que l'Histoire Sainte, l'enfant Cardyn,


avant l'école primaire, avait fait ses délices des récits maternels, sur les enfants d'Abraham jusqu'à l'avènement du fils de David, le charpentier de Nazareth. Vie cachée, vie publique, calvaire, tout lui fut conté, au coin du poêle, à la chandelle, par cette femme qui, pas plus sotte qu'une autre, avait ses lettres à elle, les plus belles qui aient, de leur chanson, bercé l'immense peine des hommes. Joseph Cardyn, en 1892, n'était pas premier de sa classe. Une vocation sans histoire, un enfant de quatorze ans qui rêve de se faire prêtre et qui, sur ce chemin tout simplement tracé, va tout droit, tels sont ses débuts.

L'événement de sa vie s'accomplit pendant ses vacances de séminariste, à quinze ans.

On sait qu'en Belgique flamande, à la fin du siècle dernier, la structure paroissiale était demeurée aussi puissante qu'au Moyen Age, exemplaire situation telle qu'on en voit en Irlande et au Canada. Enfin, le temps des classes révolu, l'enfant des villes passait à l'usine, apprenti au maigre salaire et du coup s'émancipait. Avec une brutalité, une véhémence de petit sauvage, il retournait à la vie animale. Le coup classique du premier communiant de l'année 1890 qui, en 1892, court les filles et passe le blouson noir. Autour de Hal le glissement de l'école pieuse à la maraude des petits marlous s'accomplissait d'entrée de jeu. Quelquefois une rafle policière, mettant tout le quartier en émoi, conférait à ces exploits tout l'attrait supplémentaire du fruit défendu, en nimbant d'une auréole celui qui en revenait, sûr désormais de ses cocoricos au milieu de la basse-cour commune. Cardyn élève à Malines, Cardyn étudiant à Louvain, Cardyn professeur au petit séminaire de Basse-Wavre, Cardyn vicaire à Laeken, restera toujours marqué par cette première leçon. De celle-ci toute sa philosophie va découler. Il s'est arrêté pour regarder. Ses yeux de jeune clerc se sont fixés sur un problème donné, un seul, celui-là, la déchristianisation de la jeunesse ouvrière. Aussitôt est née sa méthode avec son principe premier comment?. pourquoi? »

Il est très remarquable que la J. O. C. naquit en Belgique, pays de tradition catholique et de violente révolution industrielle. On n'imagine pas un Cardyn paysan ou un Cardyn grand bourgeois. S'il fut l'ami de Ben Tillett en Angleterre et de Marc Sangnier en France, c'est que ses curiosités apostoliques l'y poussaient. S'il fut l'élève de Léon Harmel, patron chrétien, c'est qu'il ne voyait en lui que le chrétien. Notre héros aura tôt fait de découvrir à Manchester et à Roubaix des villes sœurs de Hal, ce Brabant où, depuis quelques temps, les commandes spirituelles ne répondaient plus et où i les engrenages de la vie morale » tournaient dans le vide. La cassure était plus frappante à Hal, ville flamande épanouie sous le signe de Notre-Dame. La vierge noire miraculeuse, but de pèlerinage, authentique trésor du xme siècle, est coiffée d'un baptistère du xve, dont la toiture bulbeuse s'aperçoit à si grande distance


à travers la plaine brabançonne. Étranges ruelles, vieille ville historique serrée, cramponnée autour de sa basilique. L'hôtel de ville en style Renaissance est de 1616, avec des statues de la Justice et de la Vérité, par Duquesnoy le Vieux. Il y a un parc, il y a des jardins, il y a la Senne et le canal de Bruxelles à Charleroi, avec surtout, bien apparent, le rail, cet inexorable chemin de fer qui, tranchant la chair de la Belgique, en bouleverse la substance humaine. Pays de passions politiques furieuses où entre 1919 et 1939 un certain nationalisme flamand convulsionnaire eut ses héros. Un député nationaliste, Gustave Declerck, type de gros géant barbu que nous connûmes sur les banc de la Chambre, pactisa avec l'ennemi de 1940 à 1944, si bien que, mourant de sa belle mort avant la Libération, sa tombe fut encore entourée, accablée d'un opprobre tel qu'au mois de septembre 1944 la foule des Hallois se porta au cimetière. Là, des fanatiques n'ayant pu abattre le traître pendant l'occupation, firent sauter la pierre tombale, en arrachèrent le cercueil et le cadavre en fut tiré, pour que chacun pût lui arracher furieusement les poils de sa fameuse barbe. Dans le fond de l'âme de ces calmes populations flamandes, certains fanatismes sont toujours prêts à éclater, comme au temps de l'occupation espagnole et des guerres de religion. C'est une chose bien étrange que l'homme dont nous évoquons ici l'histoire ait su se dépouiller de tant de traits barbares, ait su trouver dans sa vie spirituelle un si puissant, un si étonnant équilibre. Joseph Cardyn, dès l'enfance, est un triomphe de génie équilibré. On dirait qu'une grâce spéciale dirige chacun de ses pas, le tenant à l'abri des passions qui peuvent conduire les meilleurs vers des convulsions insensées.

En 1898 (Cardyn a 16 ans), le cardinal Mercier, dans une réunion décanale, lance un appel aux sonorités nouvelles « Aujourd'hui le faisceau est relâché. le zèle de conquérir doit être au moins égal au zèle de conserver, et il faut travailler hors du bercail autant et peut-être plus qu'au dedans. Les hommes de tous âges nous échappent ». Qui était l'abbé Cardyn à 25 ans? J'ai trouvé un de ses camarades, l'abbé Van Engeland, aumônier des Dames du Sacré Cœur à Jette, un petit moine au poil blanc et serré, au profil accusé de lapin de garenne. Lui pouvait nous décrire le temps où Cardyn, au Petit Séminaire de Basse-Wavre, en Brabant wallon, était un Petit Chose, un prêtre ardent et pétillant d'esprit mais de si pauvre prestance, un asthmatique et que chacun croyait tuberculeux (sa sœur mourut de la tuberculose) et les réveils de Cardyn le matin tôt étaient un drame. Tout un combat physique terrible se livrait en lui quand il lui fallait procéder à ce drame quotidien, se tirer de son lit. Être habité, quelle force, quel magnétisme mystérieux devaient ainsi s'emparer de lui. Ses collègues, stupéfaits, voyaient ce


petit abbé se passionner pour l'aviation et, pour son ordination à Malines, l'avaient surnommé vociferanto. Et c'étaient bien lui et toute sa jeunesse qui éclataient dans cette exubérance. Il passait ses vacances en Westphalie industrielle, investiguant et, comme on dit en langage de peintre, « traitant le motif en pleine pâte ». Nous trouvons ses premiers articles dans \a Revue Sociale Catholique de Louvain en 1907. Il y va d'une étude solidement charpentée sur les salaires et les journées de travail des femmes dans l'industrie textile. Même zèle objectif dans l'étude du travail à domicile, même scepticisme aussi. On reconnaît le pionnier réaliste et qui ne s'embarrasse pas de formules. Il lui fallait toucher du doigt chaque chose, avant d'en parler. Les enfants employés dans les fabriques de jouets eurent ses premières préférences, non par attendrissement inutile sur le sort des enfants mais parce qu'il avait visité sérieusement, en Allemagne, les usines de jouets, spécialité bien allemande, et qu'il ne voulait parler qu'en connaissance de cause.

Au val des Bois, il fut trouver Léon Harmel, après une Semaine Sociale d'Amiens et chez lui découvrit sa devise où le bien du travailleur devait lui venir « avec l'ouvrier, par l'ouvrier, jamais sans l'ouvrier, donc jamais malgré l'ouvrier ». Ce que Cardyn, un jour, traduira par la formule cassante comme trois luisants silex « Entre eux, par eux, pour eux ». De Marc Sangnier, Cardyn connut l'éloquence, le romantisme, une certaine générosité dont Victor Hugo n'était pas absent. La phrase de Cardyn ne fut jamais académique. Prenons-y garde cependant. Il fut très vite orateur, amoureux des tréteaux, le vociférant, et aussi le gesticulant, imagé, interpellant, flattant la foule par la mitraille des arguments, une certaine mousqueterie verbale qui, sous ses dehors faciles, demeure très calculée. Un orateur sacré pour salles de cafés enfumés, faisant claquer les syllabes comme des castagnettes, avec des r qui craquaient comme des noix.

Après Harmel ce fut Ben Tillett, le syndicaliste d'origine irlandaise qui lui dit « Elle est intelligente, l'Église catholique. Jamais l'Église anglicane ne songerait à nous envoyer un de ses prêtres D. Le cardinal Manning avait complaisamment encouragé en 1889 la grève de Tom Mann et Ben Tillett. Ces incursions dans le temporel avaient provoqué des rumeurs dans les milieux que fascine la pièce d'or, le dieu couleur de lune. Puis Cardyn retournait à Bruxelles et faisait oraison. Un trait le marquait déjà asthmatique et bronchiteux, il était pressé. En voiture, toute sa vie, il dira au chauffeur « Vite, plus vite. Qu'attendez-vous? Pourquoi traînez-vous? » Pour lui des chroniqueurs anglais ont répété la maxime du quaker américain Stephen Grellett « Je ne traverserai ce monde qu'une fois. Si je peux faire une bonne action, traiter un être humain avec bonté, que ce soit tout de suite. Je ne puis le remettre à plus tard, car je ne reviendrai pas sur ce chemin. » Cela se savait à l'archevêché.


En 1912, Cardyn, nommé vicaire à Laeken, n'y fut nullement parachuté par une distraction d'un bureau folâtrant avec les mutations, un étatmajor jouant avec les pions sur un échiquier, ou tartinant des rapports avec des fiches. Cardyn, à Malines, on savait qu'il était un « tempérament ».

Le doyen Cooreman, un certain Jeudi Saint de 1912, réunissait à Laeken les curés de son doyenné pour la bénédiction des Saintes Huiles. La bonne frappa à la porte, annonçant l'arrivée du vicaire Cardyn. Celui-ci relevait d'une bronchite et toussait. Le doyen, homme aux épaules solides, reçut avec des mots bénins ce collaborateur déconcertant, chat de gouttière osseux aux pattes chétives, emmitouflé, mal guéri d'un méchant coryza, chevalier de la piteuse figure. Il rejoignit, mécontent, son conseil canonique, en soupirant « A quoi pense-t-on à Malines? Je réclame un homme d'action, un homme dans le siècle. Et on m'expédie un petit intellectuel bronchiteux. »

Six mois plus tard, Cardyn fondait, dans la gouaille de la rue voisine, la rue Mathieu-Desmaré, une impasse de vingt maisons pourries, venelle poisseuse, la mission de Laeken.

Le mot, cette année-là, ne fut pas prononcé.

Mais Cardyn avait déjà dans l'esprit une « suite enragée ». En terre si rocailleuse il jeta ses premiers grains de blé, autour d'une demeure quelconque, devenue École de Coupe pour futures cousettes. En cette même année 1912, un jeune ouvrier en orfèvrerie et bijouterie, fils d'artisan et petit-fils de meunier, nommé Guérin, un Français de Lorraine et parisianisé, un conscrit de la classe 1911, rejoignait un régiment d'infanterie qu'il ne devait quitter que sept ans plus tard, pour entrer au grand séminaire et fonder, en 1926, à Clichy, une mission de J. O. C. Lui aussi, nous lui avons rendu visite, au sixième étage d'un ancien hôtel désaffecté, dix fois démeublé et remeublé, au fond de l'avenue de la Sœur Rosalie, quartier des Gobelins. Nous pensons bien que l'homme de notre temps qui aura le mieux connu Cardyn est ce prêtre si curieusement pareil, au physique, au pape Pie XII. Assis, plus petit et plus voûté que n'était Pie XII, il n'en est que plus hallucinant de ressemblance par les commissures des lèvres, les rides et les pommettes, les lunettes sur le nez busqué, les yeux étrangement cernés par la passion de la charité. Lui peut nous raconter comment, après ses premiers échecs à Clichy, en juillet 1926, quatorze ans après le démarrage de Cardyn à Laeken, il en découvrit la leçon en lisant les bulletins. C'était le temps où, en bon démobilisé, il déclarait « II nous faut la paroisse sur le front. »

Cardyn, en peu de jours, émerveilla son propre doyen par son expé-


rience. A trente ans, que de choses il savait déjà! Et toute sa vie fut et demeure une perpétuelle enquête, en pleine masse.

De cette première expérience au cœur des masses, nous avons gardé les témoins bien vivants. Un patronage existait pour les jeunes filles à Laeken et Cardyn y forma dès le début, dès le printemps 1912, un petit peloton de sept ouvrières. Parmi elles, cinq sont encore heureusement vivantes et nous décrivent ce petit abbé dont la santé visiblement ne se devait maintenir que par miracle. Il était tout en nerfs, nous disent-elles, et, ne vivant que sur ses nerfs, défiait chaque jour les lois les plus élémentaires de la santé. Ces jeunes filles étaient groupées en un patronage édifiant, où le dimanche après-midi, de 5 heures à 7 heures, on jouait. Point de sports, mais quelques jeux de société. La révolution de Cardyn éclata quand il pria chacune de ces enfants de faire enquête et rapport sur leur milieu de travail. Mlle Vanderjeugd nous a fait une description détaillée de cet âge héroïque. Elle avait alors dix-sept ans. De tout temps il y avait eu à Laeken deux patronages, un pour les garçons et un pour les filles. C'était du catholicisme en vase clos. Toutes ces filles avaient fait leur première communion et, dans le village qu'était Laeken à l'époque, les bruits de la grande ville n'arrivaient qu'assez atténués. La Ligue Pie X fondée par Cardyn pour la communion fréquente établit parmi elles un surcroît de dévotion et le nouveau vicaire stupéfia ses trois collègues et son curé-doyen quand il fut sonner à chaque porte de chacune de ses paroissiennes pour s'informer de leurs conditions de vie, de leur milieu social, de leur milieu familial. Il taillait enfin en pleine pâte humaine » et, procédant toujours par questions, il allait d'enquête en enquête et de chacune de ses élèves exigeait quelque enquête nouvelle. L'idée n'était jamais venue à aucun vicaire ou curé de l'énorme Bruxelles d'éduquer les jeunes filles ou les jeunes garçons par le travail et dans le travail. S. Vanderjeugd nous décrit l'atmosphère de ce temps et comment tout y était commandé par la crainte du lock-out et des grèves.

A ces enfants, à peu près illettrés, garçons et filles, Cardyn posait la question, puis la série des questions « Êtes-vous content de votre travail? », puis « Pourquoi êtes-vous content? » ou Pourquoi n'êtes-vous pas content? » Ainsi enveloppé dans un lacet de « Pourquoi », l'interrogé est amené en toute cordialité à la cause première et le talent de l'apôtre est d'établir en conclusion un rapport entre le baptême et le travail. A-t-il jamais songé au rapport qui existe entre son travail et le baptême de son voisin? Songe-t-il, cet ouvrier, que le Christ travaille en lui et qu'au Dieu qui existe, à ce Christ, qui se trouve là, dans ce tabernacle, il faut répondre, par une action quotidienne? Cardyn et ceci nous paraît singulier dans sa nouveauté s'est adressé d'abord aux femmes. Avec quelle bonhomie amusante nous a-t-il décrit les petites filles modèles


de son premier patronage, enfermées par de saintes religieuses parfaitement étrangères au milieu de l'usine, chaudron de sorcières. L'idée du vicaire de Laeken était de grouper, au lieu d'ouvrières patronnées, des jeunes filles patronnant elles-mêmes leurs semblables. En 1923 le professeur Carrel, de son tle bretonne, chercha la rencontre avec Cardyn et lui écrivit de longues lettres à l'encre violette. Et si intéressantes 1 « Mais pendant la deuxième guerre elles se sont perdues ». Les bonnes sœurs de Laeken s'étonnèrent le jour où Cardyn envoya leurs élèves soigner les filles-mères. « Car enfin, leur disait le vicaire, pendant six ans, vous leur apprenez des cantiques à la Sainte Vierge pour les lâcher dans le milieu de l'usine où, vos leçons de pureté, elles les oublient en huit jours, »

En 1915, le cardinal Mercier le nommait directeur des œuvres sociales de l'arrondissement de Bruxelles. Le 2 novembre de la même année, le Jour des Morts, Cardyn montait en chaire à Sainte-Gudule et exalta le rôle des héros tombés au combat avec un couplet où les demoiselles de vie facile accordant leurs faveurs aux feldgrau étaient traitées avec la sainte colère qui anime les scribes inspirés. Le surlendemain, de sa petite écriture serrée, le cardinal félicitait le prédicateur qui, le 6 décembre, était jeté en prison sur l'ordre d'une Kommandantur qui ne plaisantait pas avec l'Action catholique. La vie publique commençait, sous les verrous.

Cardyn, prélat en manteau violet, le Monseigneur Cardyn de 1962, restera toujours pour nous le vicaire de Laeken. Il a fait quatre fois le tour du monde. L'Amérique latine, pour ne citer qu'elle, il en a fait le tour huit fois. L'apostolat chez les « sous-développés » de Laeken de 1912, il l'a étendu en 1962, au monde entier, celui que vise l'encyclique Mater et magistra.

Pour nous, Cardyn demeure l'homme enseignant qu'il n'y a pour un ouvrier pas de séparation possible entre la messe et la vie quotidienne. Or lorsque le prêtre prononce « Ite, missa est », la messe est terminée, mais la vie chrétienne commence. Le « Ite » signifie « allez et travaillez ». Cardyn s'adresse d'abord aux ouvriers manuels, aux tisserands, aux mineurs, aux cheminots. Aux journalistes aussi.

Charles D'YDEWALLE.


LE P. BRUNO

ET LA PSYCHOLOGIE RELIGIEUSE Avec la disparition du P. Bruno, les psychologues ont perdu l'un de leurs meilleurs amis. Le P. Bruno, c'était pour chacun de nous la chaleur d'un accueil assuré, la liberté de s'exprimer dans les congrès des Etudes Carmélitaines, les rencontres exceptionnelles qu'il ménageait, le sentiment de créer ensemble quelque chose de rare le climat d'un moment de grâce, un recueil précieux. Nous sentons de nouveau cette solitude dont il nous avait aidés à sortir. Il nous avait permis d'être entendus des théologiens et des savants et nous les avait fait entendre dans des réunions où la nature et la grâce se composaient harmonieusement. Ce fils de l'Église et de saint Jean-de-la-Croix n'avait rien d'ecclésiastique. Humain, il nous accueillait tout entiers. En vérité, il nous traitait bien de corps et d'âme. Ce charme qu'il exerçait sur chacun de nous, il le devait, je crois, beaucoup moins à son besoin de créer de la sympathie qui était grand qu'à sa participation à une expérience humaine et spirituelle en laquelle nous reconnaissions la nôtre. Pourquoi parler ainsi de l'homme? C'est que l'apport du P. Bruno à la psychologie religieuse passe par son apport aux hommes que sont les psychologues. Il n'était pas un spécialiste et n'a pas enrichi la psychologie comme science; il a fait autre chose, il était autre chose, de plus essentiel peut-être pour la psychologie et pour les psychologues il leur a donné une audience, il les a fait entrer dans un dialogue étonnamment large, il a contribué à leur assigner place et sens dans la recherche religieuse, il les a accueillis et parfois- recueillis comme des frères en l'homme et en Dieu. Les rencontres de la rue Scheffer et les congrès d'Avon, en tant qu'événements, restent pour nous le plus précieux de ce qu'il nous a donné.

Cela devait être dit avant d'aborder l'œuvre écrite du P. Bruno et de ses collaborateurs des Études Carmélitaines.

Lors de la publication de La Belle Acarie en 1941, certains critiques se sont offusqués de la part accordée par l'auteur à l'étude de la vie conjugale de son héroïne, et de l'insistance qu'il mettait à défendre la compatibilité de l'état de mariage et de la vie mystique. Le ton, certes, est parfois passionné et la plume aurait pu se faire plus légère, mais face à des habitudes trop tenaces ne fallait-il pas montrer, fût-ce avec véhémence, que la vie spirituelle, jusque dans ses plus hauts états, se mène


dans une psychologie humaine, avec ses traits propres, et que la sainteté la plus comblée peut fleurir dans une vie d'épouse, au sens plein du terme, aussi bien que dans le célibat consacré. Pour le P. Bruno, une biographie de mystique ne serait pas complète sans que l'étude psychologique n'y ait sa place, et pour la bien mener il faisait appel, non seulement aux ressources de sa finesse propre, mais aux méthodes que lui fournissait la psychologie contemporaine il en accueillit largement les diverses orientations dans les Études Carmélitaines.

La psychiatrie classique est spécialement entendue à' propos des phénomènes extraordinaires de la vie religieuse manifestations sensibles de la vie mystique ou pseudo-mystique, apparitions, cas de possessions, etc. La compétence du psychiatre est reconnue pour rendre compte de certains phénomènes ou de certains aspects. Mais en même temps il est soigneusement mis en relief que tous ces phénomènes, et souvent la totalité de l'un d'eux, ne peuvent se réduire à un conditionnement psychopathologique. Les études sur la Madeleine de Pierre Janet, sur le P. Surin, sur Marie-Thérèse Noblet, sur les apparitions de Beauraing, sur divers cas de possession, sont caractéristiques de ce double souci de faire une place à la psychiatrie et d'en marquer les limites. Cette place est loin d'être incontestée, même aujourd'hui, et il fallait un courage certain pour affronter et mettre en question ce besoin de merveilleux qui hante l'imagination de beaucoup de croyants. La même préoccupation de délimiter un domaine se manifeste à propos de la psychanalyse, à laquelle les Études Carmélitaines ouvrent leurs pages largement après la dernière guerre. Problème délicat, que celui de faire une place à une discipline qui suscitait alors une grande défiance, de par son projet de dire son mot non seulement dans les manifestations extraordinaires de la vie religieuse, mais dans le domaine entier de celle-ci. Le P. Bruno reprend à son compte la distinction de Dalbiez entre méthode psychanalytique et doctrine freudienne, et, rejetant la doctrine en ce qu'elle a de réducteur, il demande au psychanalyste d'appliquer sa méthode pour rendre raison d'aspects particuliers, excessifs, ou pathologiques, de la vie religieuse. Ici encore, une place est reconnue, mais des limites sont tracées les conflits inconscients n'expliquent pas tout, et surtout il ne saurait être question pour la psychanalyse de réduire l'inquiétude humaine en ce qu'elle a de fondamental. Ces positions peuvent paraître faciles, voire banales. Beaucoup les tiennent de bouche, mais il en est peu qui les tiennent fermement lorsqu'il s'agit des applications. Ce n'était pas là sous la plume du P. Bruno concessions apparentes, mais conviction génératrice d'actes. L'ouverture est certaine; elle était courageuse; elle prenait la forme d'une délimitation de domaines et de compétences. Une dualité demeurait le psychologique d'une part, le religieux de l'autre. D'où l'impres-


sion d'une coexistence à laquelle manquait un principe d'unité. Le P. Bruno ne pouvait pas ne pas le sentir. C'est alors qu'il s'est tourné vers la psychologie analytique de Jung pour tenter une réconciliation entre psychologie et religion, psychologue et croyant. Et ici, alors que sa démarche était toute de prudence à l'égard de la psychanalyse freudienne, il accueille largement les perspectives jungiennes. Il ne manque certes pas de faire les réserves d'usage sur la portée uniquement psychologique des propositions de Jung, et sur leur insuffisance au plan métaphysique, mais il les fait siennes. Elles lui permettaient, tout ensemble, de placer la tendance religieuse au cœur de la psychologie, de restaurer sur le plan psychique la valeur d'un merveilleux détruit comme fait historique, de mettre en relief la parenté archétypale des grands symbolismes des diverses religions, de donner un sens à la fois psychologique et religieux aux productions artistiques, en un mot de manifester que le psychique en son fond est religieux, et que le religieux est psychique (sans pourtant n'être que cela). On comprend sans peine la séduction évidente que la psychologie jungienne a exercée sur lui durant la dernière décade de sa vie. Ce rassembleur, profondément épris d'harmonie, a cru trouver en elle une synthèse, au moins sur le plan empirique et phénoménal, car au niveau métaphysique il adhérait à la synthèse thomiste et demandait régulièrement aux théologiens d'en proposer un des aspects à l'audience de ses congrès.

S'il faut caractériser la démarche qui fut celle du P. Bruno et de beaucoup de ses collaborateurs, nous dirons donc qu'en un premier temps elle s'efforce de remplacer la guerre par la coexistence -faut-il dire pacifique? Et qu'en un second temps elle tente de fusionner le psychologique et le religieux au niveau empirique. Le métaphysicien thomiste, et surtout le spirituel, continuant à affirmer et avec quelle ferveur la transcendance et l'amour de Dieu.

Cette position a ses faiblesses qu'il ne faut pas cacher. On peut mettre en question la psychologie jungienne, et se demander alors ce qui reste de cette tentative de réconciliation à laquelle s'est livré le P. Bruno. La quête de cette dernière ne requiert-elle pas que l'on remonte jusqu'au mouvement même par lequel l'existence pose des phénomènes susceptibles d'être qualifiés, les uns de pathologiques, les autres d'authentiquement religieux? Pour tout dire il ne suffit pas de parler de « concomitance n à propos des phénomènes pathologiques et des phénomènes mystiques, chez Surin par exemple; encore faudrait-il montrer comment cette double orientation répond d'un côté à une existence qui se ferme et retombe, et de l'autre à une existence qui s'ouvre et progresse. On en arrive alors à concevoir que l'expérience pathétique du schizophrène et celle du mystique répondent toutes deux aux mêmes questions fondamentales, mais en sens inverse. Dès lors le psychotique n'est pas


pour nous un « autre », il est une possibilité, une virtualité vivante en chacun, tout autant que le mystique. Toute problématique qui se contente de délimiter des domaines, et de situer des phénomènes dans un champ, à côté d'pn autre, ne peut rendre raison de cette humanité essentielle de la maladie mentale, et donc de cette unité en mouvement qui lie et oppose phénomènes pathologiques et phénomènes religieux. Ce qui vaut pour la psychiatrie vaut, à plus forte raison, pour la psychanalyse. S'il est vrai que cette dernière n'est pas, comme on le dit trop souvent encore, une entreprise de réduction du « supérieur » à « l'inférieur », mais une recherche pour manifester à quel point la destinée du « supérieur » est déjà engagée dans les plus humbles traits de ce qu'on appelle l' « inférieur », et une immense question adressée à l'homme moral et religieux « Et toi à quelle expérience et à quel affrontement de ce qui est toi-même te dérobes-tu derrière ta vie morale et religieuse? de quel esprit es-tu? », on entrevoit que le sujet ne peut pas ne pas être concerné par elle dans sa totalité, jusque, et y compris, dans son inquiétude que la psychanalyse ne fera que purifier et qu'aviver. Expérience psychanalytique et expérience mystique ne se confondent pas, mais elles sont sous-tendues toutes deux par un mouvement de mise en question radicale, par une négativité, qui débouche dans le premier cas sur une question à laquelle la psychanalyse ne répond pas, et dans le second cas sur une question à laquelle Dieu répond. Qu'on nous comprenne bien. Il ne s'agit pas ici de rompre une lance avec le P. Bruno, mais de reprendre son travail au point où celui-ci s'est arrêté. Car il y a eu un arrêt. Quelle œuvre humaine n'a le sien? Cet étonnant chef d'orchestre qui a tenu sous sa baguette certains des chercheurs les plus éminents de ce temps, n'a jamais donné le départ en ses congrès aux théologiens et aux philosophes qui sont les plus engagés aujourd'hui dans une perspective historique, dialectique et existentielle. De grands noms sont absents au sommaire des Études Carmélitaines. On a dit que c'était par prudence. Mais le P. Bruno n'a-t-il pas montré qu'il était capable d'audace? Je crois plutôt qu'il s'agissait chez lui d'une crainte sourde, d'une sorte de défense devant ce qui risquait de l'entraîner plus loin qu'il ne voulait, qu'il ne pouvait aller. Il avait besoin de cadres et d'appuis à l'abri desquels il pouvait œuvrer pour ce qui fut un de ses grands desseins acclimater la psychologie dans le domaine religieux. C'est parce qu'il sentait qu'il ne pouvait faire de la psychologie religieuse sans être concerné jusqu'à l'angoisse, qu'il est allé jusqu'à un certain point, mais pas plus loin.

Là aussi nous le sentons fraternel. Ses craintes et ses limites rencontrent les nôtres. Ce ne sont pas les mêmes, bien sûr, mais ce sont toujours des craintes et des limites. Quelles que soient notre démarche et notre


philosophie, il y a toujours des moments où le chemin se mue en barrière, et la pensée vivante en système arrêté.

Et voici qu'en terminant je m'interroge sur le sens de ces quelques pages. Qu'ai-je voulu faire? Me situer devant vous, P. Bruno? Vous reconnaître et vous témoigner ma reconnaissance? L'un et l'autre probablement. Je vous revois avec votre finesse et votre fragilité. si peu dissimulée, homme dans un sens plein, fort et faible, si vrai. Quel appel vous nous adressez 1 Et je reviens toujours à ces rencontres d'Avon. On s'y sentait bien. On n'était plus seul. On ne pouvait certes pas tout dire. Il ne fallait surtout pas tout dire, et pourtant. C'était bien ainsi. Nous n'étions là que pour préparer autre chose, et en attendant pour goûter la joie d'une recherche commune, malgré tout. Nos rencontres étaient à la place d'une autre. Tout ici-bas est irrémédiablement blessé. Cela aussi, vous l'avez appris aux psychologues, P. Bruno, mais avec quelle tendresse!

Louis BEIRNAERT.

LA MORT DE LOUIS MASSIGNON

Avec Louis Massignon disparaît une des plus grandes figures du catholicisme français contemporain. Je l'avais rencontré pour la première fois en 1928, au cours d'une conférence qu'il était venu faire aux étudiants de la Maison de la Jeunesse. Je me souviens encore de l'impression extraordinaire qu'il me fit par la précision aiguë de sa pensée, par la prodigieuse mémoire qui lui permettait de citer des faits et des documents qu'il était seul à connaître et de faire des rapprochements vertigineux, par la splendeur de son langage. Mais plus encore on sentait en lui à la fois la présence d'une vie spirituelle, d'un esprit d'adoration exceptionnels, et en même temps d'une sympathie humaine très large, allant vers les plus abandonnés, et s'exprimant de la façon la plus effective. C'était un être de feu, qui allait jusqu'au bout de tout ce qu'il entreprenait, avec une ardeur consumante.

D'autres rappelleront mieux que moi le grand savant qu'il fut. Rien de ce qui concernait le monde arabe ne lui était étranger. Il était grand philologue, et les racines sémitiques étaient chargées pour lui d'un trésor de signification inépuisable. Sa thèse sur le mystique musulman Al-Hallaj est un chef-d'œuvre. Les traductions, en particulier, sont d'une qualité littéraire incomparable. Professeur au Collège de France, il a donné aux études arabes une grande impulsion. Tous ceux qui marquent dans cet ordre sont ses disciples, de Corbin à Berque, du Père de Menasce à l'abbé Moubarac. Mais c'est aux musulmans eux-mêmes qu'il a révélé les richesses de leur langue, de leur culture, de leur religion. Combien ont été ses disciples et ses amis 1

Massignon a été un lien exceptionnel entre le monde français et le monde arabe, le monde chrétien et le monde musulman. Il avait pour


l'Islam un profond amour et en sentait profondément les valeurs religieuses. Aussi bien Hallaj n'avait-il pas été une des causes qui avaient fait du jeune athée qu'il était un chrétien très fervent? C'est dire quel déchirement tragique fut pour lui la guerre d'Algérie. Elle dressait l'un contre l'autre deux mondes que toute sa passion avait été d'unir. Il sentait cruellement le manque de compréhension de beaucoup de Français par rapport aux valeurs du monde arabe. Mais il était aussi profondément patriote. Il se donna tout entier pour prévenir, puis pour arrêter cette guerre fratricide. Il était prêt à sacrifier sa vie. Je le vois encore, le visage meurtri, le lendemain d'une conférence au C. C. I. F. où il avait été frappé par de jeunes fanatiques.

Car ce grand savant, ce grand écrivain était un homme donné, qui savait s'engager à fond quand une cause lui paraissait juste. Comment énumérer les innombrables pétitions qu'il accepta de signer, sans souci de voir voisiner son nom avec ceux d'hommes qui ne partageaient pas ses idées? On sait son intervention personnelle auprès du président Coty pour les députés malgaches emprisonnés. Mais les misères spirituelles le sollicitaient autant que les misères sociales. Que d'enfants perdus n'a-t-il pas essayé de sauver Il était le premier à prier près du surréaliste René Crevel, après le suicide de celui-ci.

Car, au-delà de tout, Massignon était un homme de Dieu. Il avait été terrassé par la grâce au cours d'un séjour en Orient, dans une circonstance dramatique où sa vie était en danger. Et il était resté marqué de cette grâce, non sans de durs combats. La rencontre du Père de Foucauld avait été pour lui décisive. Il entretint une longue correspondance avec lui. Ils avaient des points communs. Après la mort du Père, il fonda avec quelques autres l'Association des amis du Père de Foucauld et publia le texte de sa règle, son « Directoire », qu'il rééditait récemment. Massignon était un homme de prière. Et nombre d'entre nous se souviennent de l'avoir vu en oraison, profondément prosterné à la manière orientale, dans la chapelle des Études dont il était voisin. Bien que marié, il aspirait au sacerdoce; il reçut l'autorisation de se faire ordonner prêtre de rite oriental. C'est là un des traits extraordinaires de sa vie. Mais qu'est-ce qui n'était pas chez lui extraordinaire? Outre son livre sur Hallaj, dont il préparait pour la N. R. F. une nouvelle édition, il laisse de nombreux articles où il s'exprime tout entier et que l'abbé Moubarac rassemble actuellement en quatre volumes. Il y a en particulier ceux qu'il donna à Dieu vivant, dont il fut un des animateurs avec Marcel Moré, et où il put s'exprimer en toute liberté. Mais les textes essentiels, ceux où il a livré le testament et la clef de sa vie, sont sans doute les « Trois prières d'Abraham », la prière pour Isaac, la prière pour Ismaël, la prière pour Sodome. Là s'exprime pleinement sa dévotion pour Abraham. Je me souviens de la joie profonde qu'il eut quand, au cours d'un voyage en Palestine, il put célébrer la messe à Hébron. Je pense que ce fut un sommet spirituel de sa vie. Abraham lui apparaissait celui en qui juifs, chrétiens et musulmans devaient retrouver leur racine commune et reprendre en quelque sorte la tragique histoire de leur séparation. Marie, fille d'Abraham, mère de Jésus, vénérée par le Coran, lui apparaissait comme le gage de cette possible réunion, qui fut son message propre. Il meurt, après en avoir salué dans le Concile une espérance.

Jean Daniélou.


La vie de l'Église

C'est une entreprise difficile que de rendre compte dans une revue mensuelle d'un événement tel que le concile. L'évolution en est imprévisible et l'on risque toujours, à cause des délais d'impression, d'être ridiculement en retard quand paraît la revue. C'est donc seulement une rétrospective du déroulement du concile, de la mi-octobre à la mi-novembre, que je puis tenter 1.

Les commissions conciliaires.

Le premier événement qui appelle notre réflexion est la constitution des dix commissions conciliaires, dont huit des membres devaient être désignés par le pape et seize élus par la congrégation générale, c'est-à-dire par le concile en séance plénière. Ces commissions ont une importance primordiale; elles sont chargées de donner leur rédaction définitive aux projets de décrets et de constitutions. Le scrutin devait avoir lieu le 13 octobre. Le secrétariat du concile s'était contenté de distribuer, en vue des élections, la liste des membres des commissions préparatoires. Il semble qu'on espérait que les Pères reconduiraient simplement ces commissions. Le Saint-Office, de son côté, proposait, à quelques évêques seulement, une liste de candidats que peu de gens ont vue; on prétend qu'en étaient exclus Allemands et Français. Il y avait un danger à reconduire simplement les commissions préparatoires. Certaines représentaient des tendances qui n'étaient pas nécessairement celles de la majorité des Pères; certaines avaient été dominées par quelques théologiens romains qui, par des procédés plus ou moins directs, avaient imposé pratiquement leurs vues aux autres membres. C'est pourquoi, pour assurer une saine 1. Le journal La Croix donne, chaque jour, un compte rendu vraiment remarquable des travaux du concile, que je recommande vivement. Henri Fesquet, dans Le Monde, écrit des articles quotidiens très bien informés et intelligemment critiques. La grande presse française a fait dans tes premières semaines du concile un effort d'information objective. L'Aurore, cependant, s'est distingué par des articles qui étalent des tissus de bourdes énormes; il est vrai que, après l'ouverture du concile, ce journal qu'on dit fort lu par le clergé parisien n'a plus parlé du concile et est retourné aux crimes sensationnels. Actuellement les grands journaux et les agences de presse, lassés par l'absence d'informations officielles et par la lenteur des travaux, ont rappelé pour la plupart leurs envoyés spéciaux. Je fais moi-même chaque semaine a Radio-Canada et à Radio-Luxembourg une courte analyse de la semaine conciliaire.

LETTRE DE ROME


liberté des élections, dans la première séance, deux cardinaux ont demandé, parlant en fait au nom des épiscopats allemand et français, quelques jours de réflexion et d'enquête avant le scrutin. Ce délai a permis l'apparition spontanée d'un double phénomène. D'une part, des conférences nationales d'évêques se sont constituées, pour étudier les problèmes du concile e-t pour assurer une souple cohésion de grands groupes. D'autre part, ces conférences nationales sont entrées en rapport les unes avec les autres; des assemblées internationales sont nées, telle celle des Africains, fort bien organisée, ou celle, toute récente, des évêques du Moyen-Orient de divers rites. Ces conférences ont élaboré des listes de candidats pour les élections ces listes furent imprimées et officiellement distribuées aux Pères le 16 octobre, au matin du scrutin. Trois surtout étaient importantes la liste des épiscopats d'Europe occidentale et centrale, élaborée par les Allemands et à laquelle se sont ralliés les évêques d'Autriche, de Belgique, de Scandinavie, de Suisse, de Yougoslavie, de Hollande et de France; la liste commune des évêques africains; enfin la liste italienne. Cette dernière a une histoire dans le fascicule imprimé des listes de candidats distribué le 16, figure une liste italienne qui ne comporte de candidats non italiens que pour la commission dogmatique de fide et moribus. La presse italienne, étonnamment bien informée des moindres secrets du concile, a prétendu que l'épiscopat italien croyait pouvoir emporter quatre ou cinq sièges par commission grâce au prestige de la curie, presque exclusivement italienne, et grâce à la masse considérable des 480 évêques italiens, à laquelle on espérait que se rallieraient une grande partie des 239 évêques des U. S. A., en majorité conservateurs, et des 723 évêques d'Amérique centrale et méridionale. Mais il semble qu'au dernier moment les Italiens aient compris qu'ils risquaient d'indisposer le concile en présentant une liste trop nationale et, dans un sentiment d'universalisme qui leur fait honneur, ils ont ajouté à leur liste primitive les noms de candidats non italiens. Cette deuxième liste italienne n'a pas pu être imprimée dans le fascicule distribué aux Pères et je ne connais personne qui ait pu se la procurer.

Le règlement prescrivait, conformément à la règle générale du droit canon en la matière (canon 101, § 1, 1"), une majorité absolue aux deux premiers tours, une majorité relative au troisième. Pour gagner du temps, le conseil de présidence a demandé au pape de modifier cette règle, comme il est prévu d'ailleurs à l'art. 39, § 1, du règlement, et de ne faire qu'un tour de scrutin à la majorité relative. Bien des Pères ont regretté que le concile n'ait pas été appelé à voter sur l'opportunité de cette requête au pape.

Le résultat des élections a révélé l'influence prépondérante de trois


facteurs. Il est indéniable que la liste d'Europe a remporté un large succès à cause de son caractère international et des tendances modérées de ses candidats presque tous ses candidats ont été élus, de 5 à 11 par commission, la plupart du temps en tête de liste avec la majorité absolue de 2.000 à 1.200 voix. Mais il ne faut pas exagérer ce succès apparent; en effet, la plupart des élus, 90 sur 160, avaient fait partie des commissions préparatoires. On peut donc dire que la liste présentée par le secrétariat du concile et qui ne contenait que les membres des commissions préparatoires remporte un succès égal à celui de la liste européenne. Enfin, il faut aussi souligner que les Italiens reçoivent un nombre considérable de sièges. Sans doute, ce nombre est-il inférieur à celui qu'escomptait la presse; sans doute, aussi, les élus italiens le sont-ils souvent en fin de liste et à la majorité relative de 700 ou 800 voix. Mais enfin ils ont 19 sièges, c'està-dire la plus forte proportion nationale (U. S. A. 18, France 16, Allemagne 10, Canada 8, Pologne 7, Brésil 7, Inde 6, etc.).

Le pape, dès avant l'ouverture du concile, avait désigné les 10 présidents des commissions, tous cardinaux de curie, huit italiens sur dix, tous présidents déjà des commissions préparatoires. D'après le réglement, le pape devait en plus choisir lui-même huit membres par commission. Ce nombre a été porté en fait à 9, sans qu'aucune explication ait été donnée. Le communiqué de pressé déclare que c'est pour obtenir un nombre impair 25 au lieu de 24; mais c'est oublier qu'avec le président les membres sont, en fait, maintenant 26 au lieu de 25! L'explication la plus vraisemblable paraît être la suivante lors de la proclamation du résultat des élections pour 7 des 10 commissions, le 22 octobre, le pape n'avait désigné de commissaires de son choix que pour la commission de liturgie; ces commissaires étaient au nombre de 8, mais, on ne sait par quel oubli, parmi eux ne se trouvait pas le secrétaire de la congrégation des rites, qu'il était vraiment difficile d'éliminer; c'est sans doute pour lui faire place que le nombre des commissaires pontificaux a été porté à 9 dans toutes les commissions, le 27 octobre.

Les choix pontificaux du 27 octobre modifient notablement les résultats des élections par le concile. Il est probable d'ailleurs que le pape a conduit ses choix d'après les propositions des présidents des commissions. Les nouveaux membres ainsi désignés sont assez généralement conservateurs, curialistes et en grand nombre Italiens le nombre des Italiens passe de 19 à 52, plus les 8 présidents italiens, donc 60 sur 260, soit 23 (40 des Européens). Cette énorme proportion des Italiens est due surtout au fait qu'aucun membre de la curie n'avait été élu par le concile. Il était impossible de ne pas en inclure dans les commissions; or, la presque totalité des postes-clefs


de la curie sont tenus par des Italiens. En plus de cette orientation conservatrice, italienne et curialiste, les choix pontificaux révèlent nettement l'intention de représenter dans les commissions les nations qui étaient mal ou pas du tout représentées parmi les élus. C'est donc une manifeste volonté d'équilibre qui a déterminé les choix du pape, un équilibre géographique et idéologique. Les votes de l'assemblée indiquaient une majorité en faveur de réformes prudentes mais substantielles, le pape a voulu assurer aussi dans les commissions une forte influence des tendances opposées. Cependant, le discours inaugural du 11 octobre, dont nous avons rendu compte dans notre chronique de novembre, semblait signifier que Jean XXIII était personnellement en faveur d'un réel aggiornamento. Cette politique de bascule a déconcerté certains Pères du concile. En fait, elle montre, chez Jean XXIII, la résolution de ne pas imposer sa pensée personnelle au concile, le désir aussi de garder un frein puissant aux initiatives possibles de l'assemblée.

Confirmation de cette exégèse d'autres interventions pontificales compensent, toujours selon la même économie subtile de bascule et d'équilibre, le coup de frein conservateur et curialiste que représentent les choix du 27 octobre.

Ainsi, la présidence du concile est confiée à une commission de dix cardinaux de dix nations différentes, un seul Italien et qui n'est pas de curie. Seuls, dans ce présidium, l'Américain et l'Italien peuvent être considérés comme résolument conservateurs. Dans ma chronique de novembre, je notais que le présidium, lors de la première congrégation générale, avait paru un peu hésitant. C'est qu'avant l'ouverture du concile il n'avait jamais tenu de réunion de ses membres. Très vite, il s'est montré parfaitement efficace, agissant en corps, siégeant tous les soirs, entrant en rapport avec le pape.

Le secrétariat est au service du présidium. Le pape a élargi et internationalisé ce secrétariat en adjoignant au secrétaire italien cinq sous-secrétaires de cinq nations différentes, dont un Oriental. Le secrétariat forme un corps; il assiste tous les soirs à la réunion du présidium; chaque sous-secrétaire, cependant, a une fonction spéciale; la plus importante est confiée à Mgr Morcillos Gonzalez, archevêque de Saragosse, un homme modéré et ouvert, chargé de trier les amendements proposés par les Pères, de regrouper ceux qui sont analogues, et aussi, tâche plus délicate et plus subjective, d'éliminer ceux qui pourraient être moins «convenables».

Autre mesure compensatrice le 22 octobre, à l'ouverture de la 4* congrégation générale, le secrétaire du concile, Mgr Felici, a annoncé que le pape assimilait complètement le secrétariat pour l'union, du cardinal Bea, aux commissions conciliaires. Ce secrétariat


reste tel qu'il était pendant la période préparatoire; aucun de ses membres n'a été élu par le concile. Comme une commission, il peut présenter ses propres schémas, les discuter et les modifier; il peut être appelé «à à collaborer avec les autres commissions dans les matières mixtes qui ont un lien avec l'union des chrétiens > 1. Or, presque toutes les questions ont un lien avec les problèmes de l'unité, en particulier celles qui sont en discussion actuellement sur la liturgie, celles qui vont l'être bientôt, sur les sources de la foi. On peut donc prévoir que, en ces matières, le secrétariat pour l'union des chrétiens pourra exercer une action modératrice et élargissante. De plus, le pape a adjoint trois nouveaux membres à ce secrétariat, tous trois Orientaux, le Rme Père Minisci, abbé nullius de l'abbaye de rite oriental de Grotta Ferrata, l'évêque Katkoff, russe d'origine résidant à Rome, et le chorévéque Mansourati, procureur à Rome du patriarche syrien. Tous les trois ont fait partie de la commission préparatoire pour les Eglises orientales. Jusqu'ici, aucun oriental ne figurait dans le secrétariat du cardinal Bea, les relations avec les Eglises orientales étant du ressort de la commission des Eglises orientales, ce qui était assez gênant il y a ainsi deux schémas sur l'unité, l'un présenté par la commission pour les Eglises orientales, l'autre par le secrétariat pour l'union.

L'assimilation du secrétariat aux commissions conciliaires introduit une nouveauté fort importante. Il n'est pas composé uniquement de Pères du concile; il compte, en effet, un cardinal, huit évêques, un abbé nullius, tous membres du concile, et neuf prêtres.

Le message au monde.

Les discussions au concile n'ont commencé que le 22 octobre. Mais, auparavant, au cours de la 3e congrégation générale, le 20 octobre, le présidium, avec l'approbation du pape, a proposé au concile un message au monde. Après une demi-heure de réflexion et une courte discussion, le message a été voté par levé et assis. La première ébauche de ce message avait été rédigée par un dominicain français, le P. Chenu. Son texte a été traduit en style plus ecclésiastique par le présidium, sans que la substance en ait été fortement modifiée, sauf, peut-être, en ce qui touche aux problèmes de l'unité. Pourquoi ce message? Le concile a voulu proclamer, selon l'esprit de Jean XXIII, que l'Eglise n'est indifférente ni aux souffrances du monde, ni à ses aspirations, ni à son progrès. Le concile souhaite 1. Cardinal Bka, conférence de presse (8.11.1V62).


donc que le renouveau spirituel qu'il voudrait introduire ait aussi une répercussion sur tous les hommes, un « élan dont bénéficient les valeurs d'humanité les découvertes de la science, le progrès technique et la diffusion de la culture ». Il se veut attentif aux souffrances des hommes, des pauvres, des affamés, de ceux qui, « faute d'une entraide suffisante, n'ont pas encore pu parvenir à un développement humain». Aussi est-il résolu à donner dans ses travaux « une part importante à tous ces problèmes terrestres qui touchent à la dignité de l'homme et à une authentique communauté des peuples». Et, avec Jean XXIII, il insiste en ce sens sur deux points les exigences d'une paix authentique, fondée sur l'unité fraternelle des peuples, et les exigences de la justice sociale « L'Eglise est plus que jamais nécessaire au monde, pour dénoncer les injustices et les inégalités criantes, pour restaurer la vraie hiérarchie des valeurs, pour rendre la vie plus humaine et plus conforme aux principes de l'Evangile. » Et les Pères terminent par un appel à tous les chrétiens, de quelque confession qu'ils soient, et à tous les hommes de bonne volonté, pour « qu'ils s'unissent à nous pour travailler à bâtir eux-mêmes en ce monde une cité plus juste et plus fraternelle ».

Le schéma sur la liturgie.

C'est le schéma sur la liturgie qui a été proposé en premier au concile 1. C'est probablement le présidium qui a demandé au pape de commencer les travaux par ce schéma, de préférence aux schémas dogmatiques qui figurent en tête du volume imprimé pour la première session. Ce choix est significatif. Le but des schémas liturgiques est tout pratique et pastoral, conformément aux intentions souvent exprimées de Jean XXIII. Il ne touche pas directement de questions dogmatiques c'est pourquoi il est intitulé Constitution et non Décret. Il est rédigé en termes clairs, intelligibles à tous, il évite la langue technique de la scolastique, il est biblique d'inspiration. Il consacre, en fait, le mouvement de pastorale liturgique qui a été l'un des ferments les plus puissants de renouveau spirituel en Europe occidentale. Ce mouvement liturgique a un triple but. D'abord, redonner à la liturgie, avant tout celle de la messe et des sacrements, son rôle de messagère et d'éducatrice de la foi. Pour cela, en second lieu, il tend 1. Selon le canon 222. c'est le Souverain Pontife qui Oxe les matières à traiter au concile et l'ordre à suivre. Cependant le canon 226 ajoute « Aux questions proposées par le Pontife romain, les Pères peuvent en ajouter d'autres, pourvu qu'elles aient été approuvées auparavant par le président du concile. Le règlement du Vatican 11 prévoit un secrétariat des questions extraordinaires (art. 7) qui est chargé 4 d'examiner les nouvelles questions particulières proposées par les Pères et, si c'est nécessaire, de les soumettre au Souverain Foutite», ce qui semble restreindre le pouvoir du présidium.


à rendre cette liturgie intelligible aux hommes d'aujourd'hui, en redonnant leur valeur authentique de signes aux symboles, gestes et paroles de la liturgie, en les adaptant aux besoins des esprits contemporains. C'est-à-dire qu'il veut sauver la substance signifiée en modifiant les signes qui ne l'expriment plus adéquatement. C'est une application du principe plus général que Jean XXIII a si nettement posé dans son discours-programme du 11 octobre « Autre, disait-il, est la substance de l'antique doctrine du dépôt de la foi, autre la formulation dont elle est revêtue 1. Le 4 novembre, au cours de la messe anniversaire de son courronnement, Jean XXIII, parlant en italien, a repris clairement le même thème «Il est bien naturel, a-t-il déclaré, que la nouveauté des temps et des circonstances suggère des formes et des méthodes diverses pour transmettre extérieurement la même doctrine et lut donner un nouveau revêtement; mais la substance vive est toujours la pureté de la vérité évangélique et apostolique, parfaitement conforme à l'enseignement de la Sainte Eglise qui souvent se prête avec avantage à l'application de la maxime un seul art, mille formes. »

Mais la liturgie n'a pas une fin simplement catéchétique elle est avant tout sacramentaire, elle tend à faire participer les chrétiens au mystère du Christ mort et ressuscité. Une telle participation, pour être digne de l'homme, c'est-à-dire consciente et libre, ne peut pas être passive; elle exige que tous prennent une part active, intérieurement et extérieurement, aux rites. Enfin, étant donné la nature sociale de l'homme naturel et surnaturel, la participation à la liturgie ne peut pas être individualiste en s'unissant à la mort et à la résurrection du Christ, que la messe et les sacrements représentent et appliquent eflicacement, prêtres et fidèles sont constitués en une communauté de frères, préfigure et anticipation concrète, visible, de la cité éternelle des fils de Dieu, frères du Christ ressuscité. Tels sont les grands. principes qui sous-tendent implicitement le schéma liturgique. Rien de révolutionnaire; rien de plus traditionnel. Cependant, durant la période préparatoire, ce schéma a provoqué, dans certains milieux romains, une véritable tempête d'opposition. On a affecté d'y voir une entreprise « iconoclaste », tendant à ruiner la «dévotion», la «piété» traditionnelle de l'Eglise. Tellement que le secrétaire de la commission préparatoire, le P. Bugnini, lazariste, a été l'objet d'une disgrâce totale et écarté de l'enseignement. Il y a là une injustice qu'un évêque italien, m'a-t-on assuré, a eu le cou1. Une fois de plus, nous constatons une différence notable entre le texte latin qui est officiel et le texte Italien qui est probablement originel. En italien on lit « Altra é la aostanza dell'antica dottrina del depositum fldei ed altra è la formu- lazione del suo rivestimento. En latin « Est enim allud Ipsum deposltum fidéi seu veritatis quae veneranda doctrina nostra continentur, aliud moduin quo cadem cnuntiantur, eodem tamen sensu eademque sententia. »


rage de dénoncer devant la commission liturgique. Il faut espéçer que, si le schéma est adopté, cette injustice sera réparée. L'opposition vient de milieux conservateurs par principe et aussi, il faut le dire, souvent d'hommes qui n'ont pas une expérience pastorale directe. Il faut ajouter que le mouvement liturgique, qui semble tellement nécessaire en Europe ocidentale, a peu pénétré en Italie, à Rome spécialement. Il n'est que de visiter un dimanche quelques églises paroissiales de Rome pour le constater un évêque, m'a-t-on dit, l'a fait remarquer au concile. Presque nulle part les prescriptions du synode romain en matière liturgique ne sont appliquées. Jusqu'à maintenant je n'ai vu personnellement de messe dialoguée avec lecture de l'Ecriture en italien qu'à une messe du soir au Gesù. Presque partout ailleurs, les fidèles assistent à la messe, mais n'y participent pas; rarement de missel; le sermon se poursuit indéfiniment pendant que le sacrifice se célèbre on dirait un office presbytérien doublant une messe catholique; trop de gens bavardent et plaisantent pendant la messe. L'habitude en est prise dès l'enfance il est certes charmant de voir les bambini jouer librement sous les yeux du Seigneur pendant la messe dans les larges allées centrales des églises, et les beaux dallages en marbre polychrome sont un don de Dieu pour jouer à la marelle; mais, pour délicieuses que soient ces danses devant l'arche, il faut avouer qu'elles ne donnent guère le sens du sacré 1.

Dans la discussion qui s'est engagée au concile, trois tendances se font jour. Un petit groupe très actif et intelligent manifeste une opposition systématique à toute innovation importante; il se recrute surtout parmi les hauts prélats de trois congrégations romaines, le Saint-Office, la congrégation des rites et la congrégation des séminaires l'un des présidents, le cardinal Ruffini, s'y rattache et aussi une partie de l'épiscopat anglo-saxon avec les cardinaux Spellman, Mac Intyre, Godfrey l'opposition de ces derniers tient au conservatisme irlandais et aussi à des raisons pastorales locales ces prélats craignent que les fidèles se scandalisent si le catholicisme, surtout par l'introduction d'une liturgie en anglais, semble se rapprocher des 1. Les fastueuses cérémonies qui se déroulent à Saint-Pierre sont comme l'antithèse de la liturgie communautaire que cherche à instaurer le mouvement liturgique. Elles sont un des plus admirables spectacles qui soit au monde, mais un spectacle, et auquel on se contente d'assister. La musique polyphonique Interdit toute participation des assistants. Le spectacle est si prenant pour les yeux que peu de gens prient seul le pape est profondément recueilli. Les assistants bavardent et se communiquent leurs impressions. Il arrive que les évêque disent leur bévlaire pendant la messe. Lors de la cérémonie inaugurale du 11 octobre, dans la tribune où j'étais, un prêtre à côté de moi suivait avec un transistor bruyant les explications des speakers italiens de la radio, un journaliste irlandais donnait charitablement, mais à haute voix, des explications à un confrère protestant. Détails mesquins, me dira-t-on, mais leur accumulation même crée une atmosphère de grand spectacle, qui n'est pas religieuse. Aussi bien ces immpeB actuiduiiseut-eUes les observateurs protestants.


liturgies anglicanes, épiscopaliennes ou protestantes. Mais la grande masse des évêques, pour autant qu'on puisse en juger avant les votes, est en faveur d'une adaptation modérée des formes du culte; la plupart des évêques français qui, à dessein, parlent relativement peu au concile, se rattachent à cette tendance modérée. Enfin une large minorité, très active elle aussi, recrutée surtout parmi les évêques des jeunes chrétientés, préconise des réformes plus radicales, une profonde adaptation des rites, pour répondre aux mentalités des peuples en pleine évolution. S'y joignent des liturgistcs professionnels qui n'ont pas toujours une expérience pastorale quand ils appartiennent à des ordres monastiques et qui ne se rendent pas toujours compte que, dans des pays de vieilles chrétientés, il n'est pas possible de revenir à la pureté originelle des symboles liturgiques sans bouleverser trop brutalement les habitudes cultuelles des fidèles. Le premier chapitre du schéma pose les principes généraux d'une réforme liturgique. Deux points ont très longuement retenu l'attention du concile la langue liturgique et les pouvoirs des assemblées d'évêques en matière liturgique.

Quant au latin, il s'agit de savoir si l'on introduirait les langues vulgaires dans une partie de la messe et dans le rituel des sacrements. Les arguments des adversaires se réduisent à deux le latin est un signe nécessaire d'unité; le latin est le support obligatoire de l'orthodoxie. A quoi il a été facile de répondre l'unité de l'Eglise n'est pas menacée aujourd'hui et, en tout cas, unité n'est pas uniformité. Depuis plusieurs années, Rome a accordé, comme une faveur, de nombreux rituels, partiellement en langue vulgaire, ce que la plupart des Italiens ignorent parce qu'aucun n'est en usage en Italie, et que la congrégation des rites se refuse à publier les indults qui les autorisent 1. Enfin, il est difficile de soutenir que le latin est le véhicule nécessaire de l'orthodoxie, puisque une grande partie de l'Eglise catholique ne l'emploie pas et que ni le Christ, ni Paul, ni la plupart des grands docteurs de l'antiquité ne l'ont utilisé. L'Eglise admet pour les rites orientaux de nombreuses langues modernes; la messe qui ouvre chaque séance de la congrégation générale au concile est souvent célébrée en rite oriental. Si beaucoup- d'évêques souhaitent une messe partiellement en langue moderne, au moins la liturgie de 1. Messe chantée avec chants du peuple en langue moderne Allemagne, 1958; i Pologne, 1961 Inde (Agra), 1958. Missel entièrement en chinois, 1949. Proclamation des lectures bibliques en langue moderne Inde (Agra), 1958; Pologne, 1962; France, 1957; Allemagne, 1959 (y compris, ad experimentum pour un an, lectures bibliques pendant la semaine sainte). Rituels bilingues italien (Lugano, Suisse), 1955; indoustani, 1950; konkani (Inde), 1955; Marathi (Inde), 1953; portugais (Brésil), 1958; espagnol (Amérique latine), 1962; japonais, 1958; anglais (U. S. A.), 1954, étendu Australie et Canada; anglais-gaélique (Irlande), 1959; français, 1947, étendu à Belgique, Suisse Canada; flamand, 1958; français-breton, 1950; françaisallemand (Strasbourg); allemand, 1950.


la parole, c'est pour que les fidèles puissent participer consciemment à la messe. Un évêque, après avoir assisté au concile à une messe en langue orientale, me disait y avoir réalisé la difficulté qu'éprouvent, devant notre liturgie, les fidèles ne comprenant pas le latin. Mais, au fond, la question de la langue liturgique n'est qu'un aspect, relativement secondaire, d'un problème plus vaste, celui de l'intelligibilité directe des gestes, signes et symboles liturgiques. Il ne sert de rien, en effet, de traduire en langue moderne un langage liturgique fait de formules difficilement assimilables par l'homme moderne et qui accompagne des gestes symboliques tellement surchargés par l'histoire qu'ils ont perdu leur transparence. Un évêque européen, dans une puissante intervention au concile, parlant au nom de la jeunesse de son pays, a pu dire que pour bien des jeunes notre liturgie semble une sorte de magie dont ils se détournent pour chercher ailleurs, dans les sectes ou dans le communisme, une expérience communautaire. Aussi bien des Pères du concile qui sont des modérés estiment-ils que s'impose une simplification de la messe, un élagage des superfétations qui en voilent le sens, un meilleur choix des textes scripturaires; toutes réformes qui, du moins dans les pays de vieille chrétienté, doivent éviter de provoquer un bouleversement insupportable à la masse des fidèles. Une rénovation plus radicale serait possible dans les jeunes chrétientés un évêque missionnaire hollandais, Mgr Van Bekkum, en a donné, dans une conférence de presse, des exemples possibles pour l'Indonésie. C'est pourquoi beaucoup de Pères seraient favorables à une plus grande diversité de rites, permettant une adaptation aux besoins de civilisations différentes. Le pape luimême, dans son discours à la messe du 4 novembre, célébrée devant lui dans l'antique rite ambrosien de Milan, a déclaré publiquement que, par la diversité des rites dans lesquels se célèbre la messe au concile, « l'image de la Sainte Eglise, dans l'unité de la foi catholique et dans la variété liturgique, apparait dans la plénitude de sa mystique splendeur s ·

Mais comment pourraient se faire ces adaptations diverses de l'antique liturgie? Le texte primitif du schéma tel que l'avait élaboré la commission préparatoire prévoyait que de larges pouvoirs en ce sens seraient reconnus aux conférences épiscopales nationales, actis recognitis a Sancta Sede, c'est-à-dire simplement sous le contrôle et l'approbation du Saint-Siège. Mais, après que ce schéma eut été approuvé en gros par la commission centrale, à la demande de la sous-commission des amendements, des modifications furent apportées au texte. Elles furent introduites par obéissance par le secrétaire de la commission, assisté de huit membres de cette commission, de huit nationalités différentes d'ailleurs. Ni la commission liturgique,


ni la commission centrale n'ont eu matériellement la possibilité d'examiner ces modifications, ni de les approuver 1.

Les modifications du schéma liturgique ont porté surtout sur trois points. Une note a été ajoutée au début, sans qu'elle ait été imposée par la sous-commission des amendements; c'est le secrétaire de la commission qui en a pris l'initiative, pour défendre le schéma contre les critiques violentes dont il était l'objet dans la curie; elle spécifie que le schéma ne propose que des principes généraux et laisse au Saint-Siège l'exécution dans chaque application. Certains membres de cette commission préparatoire pensent qu'il eût été plus conforme à l'esprit des auteurs du schéma de dire qu'on confiait l'exécution aux commissions pontificales mises en place par le concile sous le contrôle du Saint-Siège. Par ailleurs, un des paragraphes du schéma garde quelque chose de la formulation primitive et propose de donner aux évêques ou aux conférences épiscopales de plus larges pouvoirs pour opérer les adaptations liturgiques, y compris ce qui concerne la langue, sous le contrôle du Saint-Siège. Dans un autre paragraphe, pour ce qui est de l'adaptation en pays de mission, les conférences épiscopales n'auraient que le pouvoir de faire des propositions au Saint-Siège et de demander l'autorisation de faire des expériences. Parmi les Pères, les uns jugent que ce serait attenter aux prérogatives du Saint-Siège que de donner un pouvoir autonome, même contrôlé, aux conférences épiscopales, et ils craignent la renaissance des nationalismes religieux. Les autres pensent et disent que ce n'est pas la peine de réunir un concile pour donner un pouvoir, que tout le monde possède, de présenter des pétitions.

Ainsi est posée implicitement la question du rôle du corps épiscopal universel dans l'Eglise, de ses rapports avec l'autorité suprême du Siège apostolique, que personne ne songe à diminuer. Cette question capitale, on le sait, avait été laissée ouverte par Vatican I. C'est déjà un résultat très important qu'elle soit posée de manière aiguë par les discussions sur le schéma liturgique. Elle ne pourra être tranchée que par la discussion des schémas sur l'Eglise et l'épiscopat, dont les Pères n'ont pas encore le texte. Beaucoup désirent que ces schémas soient examinés le plus tôt possible.

Les autres points qui ont été touchés, soit dans le chapitre il sur la messe, soit dans le chapitre m sur les sacrements et les sacramen1. La commission centrale approuvait globalement les schémas, et chacun de ses membres proposait individuellement des modifications sans que la commission se prononçât en corps sur ces propositions; l'ensemble des modifications ainsi proposées était transmis par la sous-commission des amendements à la commission compétente qui les acceptait ou les refusait; en fait la sous-commission des amendements pouvait en imposer certains. La commission centrale n'a pas eu, après sa dernière session, la possibilité de revoir, comme il eut été normal, les textes ainsi modifiés. Il a manqué quelque six mots à la préparation du concile, pour longue et sérieuse qu'elle ait été.


taux sont de moindre importance, même si beaucoup de temps leur a été consacré.

Quant à la messe, deux questions ont fait difficulté la communion sous les deux espèces, la concélébration des prêtres.

Le texte primitif du schéma prévoyait que tous les fidèles de rite latin pourraient, au moins quelquefois dans leur existence, à l'occasion des grandes étapes de leur vie (baptême des adultes, première communion, mariage, viatique, profession religieuse), recevoir l'eucharistie telle que le Christ l'a instituée, sous la forme du pain et du vin. L'Eglise latine a pratiqué la communion sous les deux espèces jusqu'au xn" siècle pour tous les fidèles; les Eglises orientales la conservent toutes, et aussi les Eglises protestantes. Le texte remanié sur l'injonction de la sous-commission des amendements ne la prévoit que pour certains cas bien déterminés par le Saint-Siège et ne donne qu'un exemple la messe d'ordination des prêtres. De nombreux évêques souhaitent le rétablissement du texte primitif, par respect pour la forme même de l'institution, par solidarité œcuménique aussi. Les adversaires alignent des arguments pratiques d'hygiène ou de commodité. Je me suis laissé dire que deux ou trois évêques ont même invoqué l'inconvénient qu'il y aurait à marquer de rouge à lèvres le bord du calice! J'ai entendu un évêque prétendre qu'un Père du concile aurait soutenu que le Christ n'avait accordé la communion sous les deux espèces qu'aux apôtres; je pense que cet évêque a voulu éprouver ma naïveté, car j'ai peine à croire qu'un Père du concile n'ait pas lu le chapitre xi de la première aux Corinthiens. Plus sérieuse est la crainte exprimée que les fidèles se figurent que la communion sous les deux espèces est plus complète que sous la seule espèce du pain.

Quant à la concélébration, elle aussi est pratique primitive; courante dans les rites orientaux, le rite latin l'a conservée pour la messe d'ordination des prêtres et de consécration des évêques; elle exprime le caractère communautaire du culte; elle tend à éviter que la messe ne soit une « dévotion » privée et individualiste. Le texte originel du schéma l'admettait largement pour les réunions de prêtres, retraites pastorales et congrès, où jusqu'ici chacun célébrait dans ce que, d'un mot affreux, on a appelé des « usines à messe » il l'autorisait aussi pour les communautés sacerdotales, à condition que les exigences pastorales ne l'interdisent pas. Le texte remanié ne la retient que pour la messe de consécration des saintes huiles le jeudi-saint et pour les réunions de prêtres, si on ne peut pas faire autrement par suite du nombre insuffisant des autels, donc comme un pis-aller. De nombreux évêques demandent le rétablissement du texte primitif; les abbés monastiques désirent la concélébration pour


leurs monastères. L'évêque de Lourdes, m'a-t-on dit, a fait une forte impression en décrivant la manière presque scandaleuse dont la messe peut être célébrée dans les grands pèlerinages.

Les discussions sur les autres sacrements ont été dominées, elles aussi, par les mêmes préoccupations pastorales rendre les rites plus simples, plus intelligibles, d'un symbolisme moins hermétique, d'une portée plus communautaire. Ainsi on propose un élagage des cérémonies du baptême des enfants qui, dans leur état actuel, sont un digest artificiel des étapes successives de la liturgie primitive; pour le mariage, on voudrait des rites qui expriment mieux la part réciproque des époux, leur devoir d'amour mutuel, leur responsabilité familiale et éducatrice; on demande un changement du nom même de l'extrême-onction pour en faire un sacrement, non des mourants, mais des malades; il faudrait que les rites insistent sur l'espérance chrétienne et la valeur surnaturelle de la souffrance; on la réitérerait durant la même longue maladie; on pourrait la donner, non seulement en cas de grave danger de mort, mais aussi avant une opération par exemple.

Le chapitre iv traite de l'office divin, c'est-à-dire du bréviaire. Il semble qu'il y ait un assez large accord pour reconnaître le besoin d'une réforme définitive. La commission préparatoire avait, paraîtil, préparé un projet assez radical, mais le président, feu le cardinal Cicognani, l'aurait fait abandonner, le pape ayant semblé peu favorable, sans avoir cependant imposé une décision. Quoi qu'il en soit, beaucoup d'évêques voudraient une répartition des heures correspondant à la vie moderne et non à la vie des moines de l'antiquité, une plus large utilisation des textes du Nouveau Testament, l'élimination des psaumes qui correspondent à la situation sociologique d'Israël ou à une étape dépassée de la révélation biblique (ce qui, soit dit en passant, méconnaît peut-être l'unité de développement de la révélation et la valeur d'attente d'Israël; la récitation fructueuse du bréviaire suppose une bonne initiation spirituelle aux grands thèmes de l'Ecriture que les hommes d'un certain âge n'ont peutêtre pas reçue). On désire aussi la suppression des légendes. Une assez forte opposition se dessine contre un raccourcissement de la longueur de l'office et contre l'emploi de langues vulgaires dans la récitation. Sur ce dernier point, on constate des retournements de position tels cardinaux anglo-saxons, fortement adversaires de l'emploi de l'anglais dans la messe à cause du scandale possible'des fidèles, sont favorables à son emploi pour le bréviaire, parce que c'est une prière personnelle du prêtre qui ne risque pas de provoquer l'étonnement des laïcs. Rien de bien net ni de bien constructif ne semble se dégager de ces discussions.


Au moment où j'écris, on aborde les quatre derniers chapitres année liturgique (où l'on admet la possibilité d'une date fixe pour Pâques), vêtements liturgiques, musique sacrée et art sacré. Cette discussion du premier schéma, qui n'est pas achevée un mois après l'ouverture du concile, a été fort longue. Un vieil évêque anglais, célèbre par son humour, m'a dit « En arrivant, je pensais bien que je ne verrais pas la fin du concile; mais maintenant je crois que mon successeur ne la verra pas non plus. Il y a en effet 73 schémas prévus; si l'on continue au même rythme, on n'en épuisera pas plus de 5 par an, ce qui nous donnerait un concile de quelque 14 ans! Cette marche si lente est due à la volonté du présidium de laisser une entière liberté de parole dont les Pères ont usé largement, malgré la difficulté que beaucoup éprouvent à parler et surtout à comprendre le latin à l'audition. Cette liberté a frappé les observateurs protestants; ils ne la croyaient pas possible dans le catholicisme. Elle a cependant ses limites. On vient de décider sagement que, lorsque le présidium estime que tous les arguments ont été largement présentés sur un chapitre, il peut demander à l'assemblée de voter la fin de la discussion. Une autodiscipline s'établit peu à peu; les évêques africains en donnent l'exemple; ils parlent toujours au nom de la conférence d'Afrique. Le concile, ainsi, découvre peu à peu son économie et s'initie aux méthodes parlementaires. Plusieurs, cependant, souhaitent qu'après la discussion générale d'un schéma une motion d'ordre, présentée par un groupe considérable d'évêques, puisse demander un vote immédiat sur l'ensemble du schéma pour accepter d'en entreprendre la discussion détaillée ou pour le rejeter. Un tel vote n'est pas prévu par le réglement, et c'est une lacune.

Au moment où j'écris, on est dans l'incertitude sur la date et les modalités du vote sur le schéma liturgique. Quand la discussion sera achevée, on passera, sans attendre le vote, au schéma dogmatique sur les sources de la révélation, qui nous promet d'ailleurs de vives discussions. Pendant ce temps, la commission de la liturgie étudiera les amendements proposés par les Pères. Il semble que cette commission fasse traîner les choses en longueur c'est une méthode utilisée ici pour lasser les initiatives. Il est difficile de savoir comment le scrutin aura lieu. J'ai recueilli, auprès de hauts officiers et de Pères du concile, des renseignements contradictoires. Il semble bien, à suivre la lettre assez vague du règlement, qu'un premier vote devrait en principe être émis en congrégation générale, pour âécider des amendements à renvoyer à la commission, laquelle aurait pour tâche de modifier le texte du schéma conformément aux amendements acceptés par l'assemblée. Cette méthode semble normale. Mais il paraît, soit


que j'aie mal compris le règlement, soit que le présidium en ait décidé autrement, que ce premier vote n'aura pas lieu et que la commission incorporera directement au texte ceux des amendements qu'elle jugera bon de retenir, la congrégation générale n'étant appelée qu'à voter sur les textes ainsi modifiés. C'est donner un pouvoir exagéré à la commission qui peut indirectement bloquer indéfiniment la volonté de la majorité du concile, surtout si elle fait traîner ses travaux pendant la période intermédiaire entre les sessions. On sent que de nombreux évêques sont inquiets de ce danger.

Il y a, semble-t-il, une assez nette majorité de Pères en faveur d'un aggiornamento modéré de la liturgie, en faveur d'un certain usage des langues modernes, en faveur de pouvoirs positifs bien délimités donnés aux conférences épiscopales. Mais cette majorité atteindrat-elle les deux tiers prescrits par le règlement pour qu'un schéma soit accepté Une minorité d'un tiers, qui n'est pas impossible, suffirait à tout arrêter. Et, à supposer que la majorité nécessaire soit atteinte, ce qui n'est pas sûr, le travail de réforme sera confié à des commissions qui, elles aussi, pourraient tourner la volonté du concile. Cependant, ne soyons pas trop pessimistes. Même si l'opposition conservatrice triomphe, même si le concile échoue, comme certains le désirent ouvertement, un grand résultat a déjà été obtenu. L'épiscopat a pris conscience de sa collégialité, de son pouvoir; le concile réalise que, selon les termes du droit canon, il est « l'autorité suprême dans l'Eglise», même si cette autorité n'arrive pas à triompher des routines solides qui peuvent s'y opposer. Les épiscopats nationaux, eux aussi, prennent de plus en plus conscience de leur unité et de leur tâche commune; certains, comme les Italiens, ne s'étaient encore jamais réunis en assemblée nationale. Les conférences d'évêques fournissent un travail collectif intense et constant d'information, de réflexion, d'élaboration pastorale et doctrinale avec l'aide de leurs théologiens, et cette conjonction de l'Eglise enseignante et de l'Eglise renseignante est assez nouvelle. Ces assemblées d'évêques sentent, cependant, le danger qu'il y aurait à se fermer sur elles-mêmes; elles entretiennent des rapports constants entre elles; elles s'ouvrent les unes aux autres. Il y a en tout cela comme une structuration de fait, nouvelle dans l'Eglise, qui aurait été impossible sans le concile. Il faut ajouter quelque chose qui est assez délicat, mais qu'il faut avoir le courage de dire. Les évêques réalisent le poids de la centralisation romaine telle qu'elle existe actuellement. Il y a eu des paroles dures prononcées au concile sur l'autorité trop oppressive que des officiers inférieurs de la curie romaine font peser sur les évêques ou les assemblées d'évêques; tels applaudissements trop marqués ont salué l'interruption du discours d'un cardinal de curie qui avait


dépassé le temps marqué. Ces petits incidents sont immédiatement rapportés dans Rome par mille bouches; la presse s'en empare, les grossit et les envenime. Il ne faut pas parler d'une opposition à la curie. Mais un malaise se manifeste devant l'attitude hostile à toute réforme de certains membres de la curie, devant la prétention de certaines congrégations à tout régler dans l'Eglise j'entends souvent dans des bouches romaines distinguer Rome et. la périphérie, c'està-dire le reste de la catholicité. Un malaise, aussi, devant une identification trop poussée entre le pouvoir suprême et incontesté du pontife romain et l'administration centrale de l'Eglise; le président de la congrégation générale du 10 novembre a indisposé une partie de l'assemblée en la priant de cesser de critiquer la curie romaine, parce que ses membres sont les auxiliaires immédiats du pape. Un malaise, enfin, devant certaines habiletés trop méditerranéennes, qui se sont exercées dans quelques-unes des commissions préparatoires pour imposer pratiquement à tous leurs membres les vues personnelles de quelques théologiens romains qui, parfois, donnent un peu l'impression qu'ils s'identifient à l'orthodoxie et qu'ils participent de l'infaillibilité pontificale.

Je traduis en termes trop crus quelque chose de beaucoup plus subtil, un mouvement encore timide de conscience collective qui est peut-être un événement historique plus important que des réformes concrètes. Rien n'en sortira sans doute immédiatement; la curie romaine est une machine puissante et nécessaire, dont le pape luimême doit respecter le mécanisme sous peine de catastrophe. Mais l'historien sait que c'est un sentiment diffus qui a couru pendant les xv" et XVIe siècles, en face d'abus autrement graves, qui a fini par imposer les réformes du concile de Trente, même si le résultat est intervenu trop tard pour éviter la rupture de la chrétienté. Rome, 12 novembre 1962.

Robert RouQuETTE.

Lettre du là novembre.

Comme je le prévoyais dans ma lettre du 12, la situation a évolué. La journée du 14 marque un tournant décisif. Un vote est enfin intervenu. Un cardinal avait pu dire que, jusqu'ici, les Pères avaient parlé, mais que jamais encore le concile n'avait pu faire entendre sa voix. Comme je l'écrivais le 12, on avait trop l'impression que la commission de liturgie faisait trainer les choses en longueur pour retarder les scrutins jusqu'à la deuxième session. De nombreuses plaintes ti'évêques et de groupes d'évèqiies s'étaient élevées. Aussi, le 11, le


cardinal Tisserant, qui présidait, a proposé à l'assemblée de procéder à un vote de principe. Il a été spécifié que cette proposition émanait du président et non du présidium, afin de laisser pleine liberté aux Pères si la proposition avait été faite par le présidium, les Pères auraient pu penser qu'elle émanait du pape lui-même et leur déférence envers le Souverain Pontife aurait pu déterminer leurs votes. Le président demandait de voter sur le texte suivant

1° Le concile œcuménique du Vatican, après avoir examiné le schéma sur la liturgie, en approuve les principes directifs, qui tendent, avec prudence et compréhension, à rendre les différentes parties de la liturgie plus vitales et plus formatrices, conformément aux exigences actuelles de la pastorale.

2° Les amendements proposés dans les discussions conciliaires, dès qu'ils auront été examinés et mis en forme par la commission conciliaire de re liturgica, seront soumis sans retard aux suffrages de la congrégation générale, afin que ces textes servent à la rédaction du texte définitif.

Il ne s'agissait pas d'approuver le schéma, mais son esprit général. Les questions controversées, en particulier ce qui touche à la langue liturgique et aux pouvoirs des assemblées d'évêques, ne sont pas tranchées. Mais le concile a exprimé nettement sa volonté de voter rapidement les amendements. Je me suis abstenu, dans ces chroniques, de faire état des bruits qui courent dans Rome; il doit, cependant, y avoir un fondement dans celui qui voudrait qu'une intervention soit venue de très haut pour que les amendements puissent être votés avant la fin de la session.

La motion du cardinal Tisserant a été votée à la presque unanimité 2162 oui sur 2 215 votants, 46 non et 7 bulletins nuls. Sans doute, elle ne porte pas sur le fond des choses, mais sur la méthode de travail mais, comme telle, la majorité qui l'approuve est très significative. Un bon connaisseur des choses romaines estime que cette énorme majorité montre, peut-être, que les orateurs, si nombreux, de l'opposition parlaient en leur nom propre et. non en celui d'un groupe important; et, également, que les membres de certains épiscopats qui subissent plus fortement l'influence de la curie et qui n'ont pas osé parler dans le concile ont exprimé leur pensée personnelle par ce vote.

Les évêques obtiennent encore satisfaction sur un point très important. Les schémas sur l'Eglise et l'Episcopat vont leur être remis incessamment. Ils impliquent la question primordiale, sous-jacente à la discussion sur la liturgie, celle des rapports entre le primat et la collégialité épiscopale. Il est probable qu'ils feront l'objet de la deuxième session.


Ainsi, le concile trouve sa méthode et affirme nettement sa volonté contre certaines manœuvres dilatoires. Un homme qui touche de près à la curie m'a dit récemment « Certains feront ce qu'ils peuvent pour que le concile échoue, mais, s'il échoue, ce sera la faute des évêques. Constatons que les évêques sont décidés à faire ce qu'il faut pour que le concile n'échoue pas.

R. R.

DU NOUVEAU SUR LOISY?

En 1902, paraissait un petit livre, L'Évangile et l'Église, de l'abbé Loisy, auteur déjà connu comme l'un des meilleurs exégètes du temps, avocat très persuasif de l'emploi des méthodes scientifiques, ou a critiques » comme l'on disait alors, dans l'étude de l'Écriture. Le livre se présentait comme une défense du catholicisme contre les théories protestantes de l'Allemand Harnack. Ce n'était pourtant pas une apologie conventionnelle, car l'auteur y soutenait notamment que Jésus s'était trompé sur la date de la Parousie « II est certain, par exemple, que Jésus n'avait pas réglé d'avance la constitution de l'Église comme celle d'un gouvernement établi sur la terre et destiné à s'y perpétuer pendant une longue série de siècles. Jésus annonçait le royaume, et c'est l'Église qui est venue » (p. 111).

La discussion autour du livre de l'exégète éminent et déjà suspect fut passionnée. Les questions de doctrine et celles de méthode s'entremêlaient. Les condamnations successives de Loisy par la hiérarchie, sa sortie de l'Église, l'encyclique Pascendi (1907) contre le modernisme, les révélations ultérieures de Loisy dans ses Mémoires, où il avouait avoir perdu la foi longtemps avant la publication de L'Évangile et l'Église, firent que, du côté catholique, on porta généralement des jugements très durs sur l'homme et l'œuvre. Les très vives critiques d'un de ses anciens amis, un autre prêtre qui avait quitté l'Église, Houtin, en confirmèrent beaucoup dans leur sévérité.

Une histoire équilibrée du modernisme reste à faire. Certaines peurs encore latentes comme certains engouements pourraient s'élucider par l'éclairage historique. Les documents sortent peu à peu des archives. Chercheur parmi d'autres, M. Émile Poulat a d'abord publié il y a deux ans la vie de Loisy par Houtin et Sartiaux Alfred Loisy, sa vie et son oeuvre. Cette année, il nous offre un gros volume: Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste (Coll. « Religion et société », Caste rman). C'est un grand dossier qui est mis sous nos yeux. Partant de


L'Évangile et l'Eglise, il analyse les écrits de Loisy, et les réactions que l'ouvrage suscita, dans l'Église catholique et en dehors. Le livre s'achève sur l'étude de la réponse catholique la plus célèbre Histoire et dogme, de Blondel.

On ne saurait trop louer l'effort d'objectivité de l'auteur. Il a fouillé minutieusement les archives mises à sa disposition; il expose à satiété la pensée de polémistes de deuxième et troisième ordre; il analyse par le menu les textes ambigus, utilise les rapprochements possibles, suit les courbes chronologiques, se méfie soigneusement des réinterprétations anachroniques.

La présentation publicitaire au dos du volume insiste, assez lourdement, sur ce point

C'est dans l'esprit des plus rigoureuses méthodes universitaires qu'a été conduite cette thèse de doctorat-ès-lettres, récemment présentée à la Sorbonne. Un total désengagement, une froide objectivité sans doute était-ce la meilleure façon, sur ce terrain brûlant, d'approcher les êtres de chair et de sang qui se sont affrontés en ces années tumultueuses et douloureuses, et, à travers eux, d'entrer dans des problèmes qui, en se transformant, n'ont pas cessé d'être les nôtres. Il ne s'occupe d'ailleurs ni de la validité scientifique des conclusions exégétiques de Loisy, ni de porter un jugement sur la compatibilité de telle ou telle opinion avec le dogme catholique. Son point de vue, nettement indiqué dans la préface, est celui du sociologue des religions En son sens le plus général, le modernisme peut se définir comme la rencontre et la confrontation actuelles d'un passé religieux, depuis longtemps fixé, avec un présent qui a trouvé ailleurs qu'en lui les sources vives de son inspiration. Comme les sciences et comme les sociétés, les religions sont aujourd'hui amenées sinon à réviser, du moins à reconsidérer leurs fondements. Ainsi s'explique, s'agissant d'une religion historique comme le catholicisme, que la crise moderniste y ait éclaté d'une application des méthodes critiques aux origines chrétiennes le prêtre commémore, mais l'exégète veut remémorer, et l'écart, de l'un à l'autre, s'est parfois avéré considérable, trop brutal pour être supporté par le premier. Le choc surmonté, de meilleurs rapports s'établissent entre eux. Cette patiente reconquête d'un lointain passé prend ainsi un visage d'actualité loin de rester l'affaire privée de quelques savants, elle devient le moteur d'une évolution raisonnée et provoquée des croyances religieuses. Un fait majeur et nouveau transparaît ici l'intervention, dans le jeu de la conscience religieuse, des sciences religieuses, dont les acquisitions, par le relais de transformateurs successifs, descendent du spécialiste érudit au simple fidèle, dans une société dont la vie quotidienne est, par ailleurs, façonnée en laboratoire et bureaux d'études (p. i5-i6).

Ou encore, parlant de la critique biblique

II s'agissait, tout en maintenant intégral le plan de la révélation chrétienne transmise par les voies traditionnelles, de préparer, à l'âge scientifique, un nouvel état historique de la conscience chrétienne (p. 17).

Voilà ce que représente le modernisme pour le sociologue des religions qu'est M. Poulat. Nous comprenons mieux sa sympathie pour Loisy: n'est-ce pas définir fort exactement l'objectif que le savant s'était tout


d'abord proposé? Même si l'Église a dogmatiquement condamné Loisy, même si les conclusions de l'exégèse critique d'aujourd'hui sont loin des siennes, le sociologue constatera la fécondité de son entreprise. Quelles sont l'ampleur et la véritable nature des transformations de la conscience religieuse que le modernisme a introduites dans le catholicisme, M. Poulat ne nous le dit pas encore. Il nous promet ses conclusions pour la fin d'un second volume en préparation.

Pour l'instant, retenons cette description sociologique des discussions modernistes

La discussion scientifique n'est jamais exclusivement scientifique, et elle n'est pas davantage entre purs croyants; elle se poursuit entre gens dont chacun, pour son compte, établit une relation entre les exigences de la foi et les exigences de la science. Or celle-ci se révèle être du type d'une relation d'incertitude d'une part, un mur infranchissable que semble imposer le souci de l'orthodoxie, mais qui, à la limite, rend impossible tout travail scientifique; de l'autre, une recherche qui ne connaît pas son terme et dont l'autonomie nécessaire tend à exclure tout critère extérieur (p. 16).

A ce point, nous nous demandons si M. Poulat n'est pas entraîné dans une description « loisyste » du modernisme. La certitude sur les faits historiques, selon Loisy, pourrait être atteinte par des voies qui, en soi, seraient totalement étrangères, celle de la recherche scientifique et celle de l'orthodoxie. De la science, on se fait une idée positiviste. De l'orthodoxie, une image simplifiée, où la distinction, pourtant essentielle à la foi catholique, entre les divers types de certitude comme entre dogme et théologie, se trouve nivelée.

Il est vrai que Loisy, pendant une longue période de sa vie, a cherché à concilier science critique et foi. Ce débat intérieur provoquait bien en lui une « relation d'incertitude ». Se sachant autre qu'un savant pur, il pouvait écrire « La critique pure est un mythe, et aussi l'historien purement objectif. » M. Poulat commente lui-même « Cette attitude a toujours été une constante de sa pensée » (p. 522, n. 22). Dans la phrase de Loisy, le second membre explique le premier. Loisy n'a jamais renoncé pour autant à son positivisme critique.

Dans l'histoire de la crise moderniste, il est utile que le point de vue de Loisy soit intelligemment exposé. C'est ce qu'a fait M. Poulat. Mais, pas plus que l'historien, le sociologue ne peut prétendre à l'objectivité pure. M. Poulat, moins naïf que les louanges qui accompagnent son livre, ne l'ignore certainement pas.

Henri de LAVALETTE.


LIVRES D'ETRENNES

POUR ENFANTS ET ADOLESCENTS L'imagination est décidément une fée aux yeux innombrables. Chaque année, à l'approche de Noël, en ouvrant les colis de livres d'étrennes que nous envoient les Éditeurs, nous croyons d'abord que nous allons relire les mêmes histoires, revoir les mêmes illustrations, mais bientôt nous sommes éblouis récits, images, présentations sont toujours nouveaux. Explorons donc encore une fois ces trésors en souhaitant que nul enfant, fût-il le plus pauvre, n'en soit totalement exclu. BONNE PRESSE Centurion. Les Éditions du Centurion publient un ouvrage très important, inventé par Pierre-Paul Pelen Manuel de la Musique ce manuel est doublé et, pour ainsi dire, illustré par une collection de disques L'Histoire de la Musique par te disque. Cet ensemble est, à notre connaissance, absolument unique et il est appelé à rendre de très grands services à tous les musicologues, jeunes et vieux. Des Écrits Spirituels du P. Peyriguère, ce disciple et émule du P. de Foucauld, le P. Michel Lafon a extrait Laissez-vous saisir par le Christ, c'est-à-dire un choix de textes qui définissent admirablement la spiritualité de l'ermite d'El Kbab. Aux A. et Ad., qui se posent avec angoisse le problème du devenir de l'Afrique et cherchent à le résoudre, pour eux-mêmes, avec générosité, Jean Kestergat présente une biographie d'une très haute noblesse André Ryckmans. CASTERMAN. Commençons par les livres destinés aux T. P. et aux jeunes E. La coll. « Plaisirs des Contes tient ses promesses, du moins avec Tiline (et autres contes), racontés par Marcelle Vérité et imagés par Élisabeth Ivanovsky; et avec un excellent André Dhôtel, La plus belle main du monde, imagé par Colette Fovel;. Conte de mes bêtes au vent, par Louise Bellocq et (pour les illustrations) Romain Simon, n'apparait pas de la même veine. M. Sasek rappelle à notre attention (sans doute à cause du Concile?) son album colorié sur Rome, mais surtout il nous offre, dans la même série, un Venise qui est, à coup sûr, une de ses meilleures réussites texte, dessins, teintes, mise en page, tout cela s'harmonise en un merveilleux humour. (E. et PA.). L' Encyclopédie Casterman fournit encore à nos champions de courses en herbe une Histoire de l'Automobile, dont on ne nous indique pas l'auteur, mais qui n'en est pas moins fort alléchante. J'aurais aimé louer sans réserve les deux très beaux volumes de « Globerama » La vie et ses merveilles et L'Aventure de la terre que préface l'Inspecteur Général César Santelli tout y est d'une habileté pédagogique indiscutable, sauf, et ceci éteint d'un coup notre admiration, l'esprit. Touchant à une question aussi grave que L'Aventure de la terre, les 1. Nous ne dirons rien ici des livres que nous avons déjà présentés dans notre chronique des Livres de vacances, de juillet-août 1962. Le lecteur voudra bien s'y reporter, sinon il négligerait des indications précieuses pour éclairer ses choix.

Afin de ne pas surcharger cette chronique, nous avons généralement omis les noms des traducteurs et des dessinateurs qu'ils veuillent bien nous en excuser. Pour la même raison, nous n'avons pas toujours signalé les titres des collections d'ailleurs recommander un livre n'est pas recommander la collection.

Voici la clé de nos sigles T. P. les Tout-Petits qui savent à peine lire; E. les moins de dix ans; PA. les pré-adolescents; A. les jeunes adolescents; Ad. les grands adolescents et les adultes. Quand cette précision sera utile, F. désignera les filles et G. les garçons.


Éditions Casterman, à notre grande surprise, n'évoquent pas le récit biblique et présentent l'histoire des origines du monde dans un contexte difficilement conciliable avec l'idée de création; bien plus, lorsqu'il s'agit des « religions », le christianisme se trouve confondu avec l'Islam, l'hindouisme, le bouddhisme, etc. L'existence historique de Jésus-Christ n'est même pas mentionnée; du moins, pour l'Islam, nous cite-t-on Mahometl J'avais, dans une précédente chronique, loué La Puissance et l'Honneur, de José-Luis Martin Vigil. Voici, du même auteur, un nouveau roman destiné, je pense, aux A. et aux Ad., Scandale à Bilbao. Faut-il oser évoquer, à propos de ce roman, comme le voudrait l'auteur, Les Saints vont en enfer? Je ne le pense pas; il reste que le drame d'Ernesto, le jeune médecin, et de Ramon, le jeune prêtre, trouvera des échos dans l'âme de maint adolescent. Je ne conseillerais ce livre qu'à des jeunes ayant une formation spirituelle solide et décidés à discuter l'ouvrage avec des conseillers qualifiés, sinon il risque de leur faire plus de mal que de bien. Voyage dans le Cinéma, par H. et G. Agel, introduit agréablement PA. et A. dans une réflexion fort pertinente sur le septième art. DELAGRAVE. Dans la coll. « Aventure et Jeunesse », Ch. Fontugne publie Okiepa, le bison blanc, type classique du roman Peaux-Rouges, et G. Bayard, Les Pionniers du déluge, qui relève du roman policier (PA. et A.). Venons-en vite à un petit livre exquis, Contes du Soleil et de la Brume, que nous donne Anatole Le Braz dans la collection « Bouton d'Or » nous sommes ici en pays de Bretagne, et ces contes restent empreints de l'âcre poésie des « Terres Funèbres », qu'exagèrent encore les fines et tristes illustrations de Paul Durand (PA., A. et Ad.). Paul Durand, c'est lui encore qui anime et illumine de ses images La Dernière Harde, cette histoire de cerfs, de chasseurs et de chiens que Maurice Genevoix a transfigurée en un merveilleux récit. Sous le même habillage de grand livre d'art, André Demaison présente La Comédie Animale, suivie de trois autres contes la Clause de Chaleur, Zib le Chacal, Une bête vraiment sauvage. Pour n'avoir pas le même éclat que celles de Paul Durand, les illustrations de Odette Denis n'en sont pas moins fort attrayantes elles nous introduisent à leur façon en ces espaces démesurés et cruels que préfère André Demaison pour ses admirables contes. Desclée DE BROUWER. II convient de faire une place à part, tant elle est ravissante, à cette variation enfantine sur les Béatitudes dont Geneviève Duhamelet vient de doter la coll. « Albums du Petit Berger (T. P.) Au jardin de mon Père est un pur chef-d'œuvre; et, du coup, J. et S. Boland ont, pour l'illustrer, renouvelé et approfondi leur verve. Le symbolisme de la Petite Donatrice, par S. Boland si ingénieux soit-il sera-t-il saisi par les T. P.? Je n'en suis pas sûr, mais le conte est bien gracieux. La coll. « Belle Humeur ̃ (E.) présente cinq titres nouveaux. Je les cite dans l'ordre de préférence d'un enfant-test Koniev cheval cosaque, par Claude du Bousquet; Pompei, an 19, par Maria de Crisenoy; La Guillermé corsaire, par Hugues Varnac; Maisons de papier, par Yvette Jeandet; Au mépris du danger, par Marguerite Serge. Il est vrai que le petit juge était garçon; peut-être une fillette aurait-elle préféré les deux derniers titres, dont les vedettes sont des jeunes filles ou des femmes! Quoi qu'il en soit de ce palmarès, ces cinq livres sont charmants, et on aime y retrouver cette note chrétienne qui marque les productions D.D.B. ÉDITIONS du Chalet. Aux parents soucieux d'offrir à leurs filles déjà grandelettes (A.) des livres utiles, la naissante collection Piolet offre dès le départ trois titres, tous signés de Paula Hoesl Mon bel Amour, Pureté, mon beau souci, Chante ma joie! Ce sont livres sérieux, mais qui ont fait rapidement leurs preuves et auxquels on ne peut que souhaiter beaucoup de lectrices. Pour les T. P. et les E., une série à bandes illustrées Le Grand-Père des Esquimaux, Chez le lion de


la Montagne, Vagabond du Christ, Avec les Chasseurs de bisons pour signifier la valeur de ces opuscules, il suffira de dire que le premier est signé d'un évêque, M«r A. Clabaut, et les trois autres de l'excellent conteur qu'est le P. Aimé Roche, o.m.i. Au P. Roche nous devons encore un passionnant récit missionnaire Le secret des iglous (PA., A.). En avril 1962, a paru, dans la très belle coll. « Biographies par l'image », un Saint François de Sales dont il m'est délicat, en étant l'auteur, d'apprécier le texte; du moins puis-je affirmer que l'iconographie (très importante en ce genre d'ouvrage) et les notices historiques, dues à la science de l'Abbé Devos, sont d'une rare qualité, et en quelque sorte uniques dans toute la bibliographie salésienne (A. et Ad.)

Flammarion. Plaçons au premier plan de cette présentation deux livres (au prix abordable) qui raviront les enfants et sans doute aussi maints adultes d'abord les Contes de Grimm, ce classique de la littérature folklorique, illustrés en taches de couleur sur un mode gentiment moderne par Janusz Grabienski, et dont l'édition originale parut à Vienne en Autriche. Illustrés par le même peintre et dans le même style, voici encore Les plus beaux contes d'animaux, glanés à travers toutes les littératures du monde. Ces deux ouvrages procureront à leurs lecteurs, jeunes et vieux, des heures merveilleuses. En éditions plus simples, mais bien gracieuses encore, les Contes de Perrault, suivis de la Belle et la Bête, égayés par les ravissantes illustrations de Éliane Haroux-Metayer, et le roman d'une sentimentalité discrète Sans Patrie, par Johanna Spyri, illustré par J. Minot. Deux nouveaux albums du Père Castor pour les T. P. une légende irakienne, imagée par Etienne Morel, Le calife Cigogne, et les amusantes onomatopées d'Albertine Deletaille Si, si, si. c'était un ami?

GAUTIER-LANGUEREAU. II convient de signaler en tout premier lieu un livre qui ravira tous les jeunes épris de musique Dix grands musiciens, de Lulli à Honegger. Bernard Gavoty est l'auteur de cette étude, c'est une garantie de compétence technique, de goût et d'intimité spirituelle. Marcelle Vérité continue, pour la plus grande joie des E. et des PA., la série de ses beaux albums voici, cette année, Animaux des Montagnes; illustré par Romain Simon, l'ouvrage ne déroge pas à la qualité de la collection. Berthe Bernage affronte un problème aigu quelle .attitude prendra « Brigitte », une Brigitte « d'âge mûr », en face de l'évolution actuelle du monde? Brigitte choisit l'espérance est un livre courageux et d'un optimisme sain (F. A. et Ad.). Le 42' volume de la coll. « Nouvelle Bibliothèque de Suzette reproduit pour nous le très beau roman Pâtira; nous ne ferons qu'une réserve l'œuvre de Raoul de Navery s'adresse-t-il bien à « Suzette »? Nous le conseillerions plutôt à sa Maman ou du moins à sa grande sœur. La coll. « Jean-Francols » PA.) publie Aventures sur le Nil, par L. N. Larolle.

Hachette. – Les « Contes de tous les Pays sont à inscrire sur la liste des livres dont on voudrait doter toutes les bibliothèques d'enfants. Ces grands albums sont enchanteurs tout y est agencé de telle sorte que s'ouvrent à l'imagination les portes du rêve. Dieu sait si Les plus beaux contes français nous sont familiers; mais les relire en cette typographie libérale, élégante et parmi cette féerie de couleurs dont es enveloppe Santin est comme une redécouverte. Que dire alors s'il s'agit, comme- dans les Contes, indiens de l'histoire peu connue des Trois princes hindous? Laissezvous conduire par le conteur dans la ville des éléphants »; vous ne quitterez plus ce récit de feu, que vous n'ayez retrouvé ludistira roi parmi les rois et près de lui, la belle et sage Draupali. Parmi les « Encyclopédies en couleurs », L'ExlrémeOrient constitue, à coup sûr, une nouvelle réussite le livre est écrit et illustré par Martha Sawyers et William Reusswig. Le texte, quoique de vulgarisation,


informe avec précision comme un répertoire, et il est soutenu par des dessins en couleurs, parmi lesquels on ne peut pas ne pas remarquer la qualité assez exceptionnelle des visages. « Idéal-Bibliothèque propose aux PA. trois livres, de tonalités très différentes, mais tous intéressants d'abord le récit, par Thor Heyerdahl luimême, de L'Expédition du Kon-Tiki, où la préhistoire rejoint l'actualité la plus passionnante; puis quatre contes chinois, que la célèbre romancière Pearl Buck groupe sous le titre évocateur Le Dragon magique; enfin un roman thibétain, La Marque de Grichka, auquel René Guillot confère une allure d'épopée. Parmi les vedettes de la Bibliothèque verte (A. et Ad.), éminent Les Carnets du major Thompson, par Pierre Daninos, que tous les Français auraient avantage à relire à la lumière d'aujourd'hui, et un récit d'aventure vécue Mon chien, mon île et moi, que nous raconte avec verve un Robinson Crusoé moderne, Jacques Talrich. Mais si Michel et les Routiers, par Georges Bayard, offre encore des qualités appréciables de roman policier, Il semble que Marc Soriano, dans Le Colonel introuvable, franchisse la limite au-delà de laquelle l'aisance du style tourne à la faconde. Et voici, pour les E. et les PA., trois titres de la « Nouvelle Bibliothèque Rosé » je ne me suis jamais montré très enthousiaste, en cette chronique, pour le Clan des Cinq ni le Clan des Sept, ces favoris de Enid Blyton et, j'en conviens, de beaucoup d'enfants; et ce n'est pas Le Téléscope du Clan des Sept qui changerait mon humeur, mais il me faut reconnaître que dans Le Club des Cinq et le Trésor de Vile résonne, bien frêle encore il est vrai, une petite note inaccoutumée de tendresse humaine qui force la sympathie dommage que l'image, cette fois, ne rejoigne pas le texte en son effort d'amélioration. Par contre, Fifi Brindacier, par Astrid Lindgren, dont l'humour suédois et les images griffées (de Noëlle Lavaivre) déconcertent d'abord plus d'un lecteur, s'avère en définitive un livre très amusant, riche de cœur autant que de fantaisie. Enfin les T.P. auront grande joie à suivre les évolutions gracieuses de Sandra, la Petite Girafe de Walt Disney, ou à passer La Veillée de Noël avec Clément C. Morre et Gyo Fujikawa, encore qu'en cette veillée ils ne rencontrent qu'un Père Noël distributeur de friandises et grand fumeur de pipes HATIER. La « Bibliothèque de l'Amitié (E. et PA.) s'enrichit de quatre titres dont chacun a son mérite. C'est une très douce histoire de petite orpheline irlandaise que nous raconte avec une émotion mesurée Patricia Lynch dans La chance de Sally. Mystère à Carnac, par M. A. Baudouy, enclôt en une aventure provinciale tout le charme fané des vieux domaines campagnards et le piquant d'une chasse au cambrioleur. Elsie, dans Le Diamant Rose, profite d'une folle histoire de vol au dénouement funambulesque pour évoquer gentiment sous nos yeux le Paris de Montmartre. Quant à L'Appel du Renard Blanc, c'est l'héroïque et tendre récit, par W. Lindquist, de l'amitié qui lie Marc le petit civilisé n, Oka la jeune esquimau et Kali, un renardeau blanc recueilli sur la Toundra. Le regret que l'on éprouvait toujours en feuilletant ces livres de la « Bibliothèques de l'Amitié semble, à propos de ces récents ouvrages, s'amenuiser un peu on dirait que les quatre photographiescouleurs qui ornent chaque volume sont choisies avec plus d'exigence et reproduites avec plus de soin. mais, dans cette amélioration d'ensemble, il reste des lacunes graves (cf. par exemple, p. 64 du roman de W. Lindquist). Dans l'excellente collection La Vie des Grands Musiciens », G. Guillemot-Magitot révèle aux jeunes un admirable F. Chopin au sous-titre très heureux Musique et poésie le génie précoce et fragile de Chopin y est évoqué avec une admiration attendrie qui ne cherche en aucune façon à se voiler et qui donne à ce livre un rythme incantatoire. T. P. et E. riront et pleureront tour à tour en feuilletant l'album cocasse, dont 1p texte est dû à M. Bosco et les illustrations à M. Chevalier, Babagi (le babouchier) el le roi Patap.


Larousse. C'est un beau livre, excellent et tonique, que l'Encyclopédie de l'Aventure, par Gilles Saint-Cérère. « Dans toutes les langues, ce mot d'Aventure résonne, tourbillonne et éclate de jeunessc l'auteur et les imagiers ont su garder à l'ouvrage quelque chose de ce privilège. Sa présentation en fait le livre d'étrennes par excellence des PA. et même des plus jeunes A. Des deux somptueux albums d'art consacrés au Palais et Musée du Louvre, je ferais cadeau aux Ad. ou à ceux des A. qui sont déjà assez initiés aux choses de l'art pour qu'on les laisse errer à leur guise au hasard d'une exposition de tableaux ou de sculptures. Chacun de ces albums contient plus de 150 illustrations en noir et en couleurs, que commente avec compétence et sur un ton charmant Maximilien Gauthier. Par eux s'inaugure avec bonheur la collection « Musées et Monuments d'Europe ». Trois autres ouvrages paraltront en ces prochains jours, que nous pouvons dès à présent recommander sans témérité Raphaël (dans la Coll. « Les plus grands peintres •), La Nature (dans la Coll. « Pour connaître .) et le cinquième tome de l'Encyclopédie Larousse pour la Jeunesse avec ce dernier ouvrage s'achève une oeuvre considérable. qui constitue désormais un des plus précieux instruments de culture personnelle pour les enfants et les adolescents.

NATHAN. Des deux « nouveautés de la coll. « Contes et Légendes «, la meilleure incontestablement est Contes et Légendes des Hommes volants par Louis Sabatié d'Icare aux chevaux enchantés des princes des mille et une nuits, les plus célèbres histoires d'« hommes qui volent sont ici recueillies. Parmi les Contes et Légendes Arabes, nous sommes surpris de trouver plutôt des histoires puériles que des textes poétiques ou vraiment religieux comme il en existe tant et de si charmants dans la tradition folklorique arabe (A. et Ad.). La coll. Junior F. N.. acquiert un roman passionnant, quoique assez brutal, d'Armstrong Sperry, Les Pierres de Feu (G. A. et Ad.). Dans la coll. « Jeunes Filles d'Aujourd'hui Ma Cousine Anne par Ann Mari Falk est le type même du roman suédois de l'adolescence, avec ses franchises ambiguës livre qui peut être bienfaisant ou délétère selon les tempéraments (A. et Ad.). Dans la coll. « Pays et Cités d'Art », Mathieu Méras présente avec ingéniosité Ch'teaux de France, en s'appuyant sur une iconographie choisie (PA. et A.). Dominique Darbois enrichit la coll. « Enfants du Monde (collection dont, à une exception près, elle est l'unique auteur) d'un remarquable Gobai, enfant de l'Inde (E. et PA.). Enfin, parmi les Encyclopédies pour les jeunes, voici un album qui passionnera les E. et les PA., Histoire des Armes et des Soldats, qu'enluminent avec un succès. fluctuant Lise Martin et Jean Steen; D. Halévy en a écrit le texte; certains passages sont fort contestables. ROUGE ET Or. – Les Éditions G. P. fourniraient, à elles seules, en cadeaux de NoN tous les parents et tous les mécènes du monde. Nous avons signalé dans notre chronique de juillet 1962 plusieurs ouvrages parus entre janvier et juin. Voici d'autres titres récents. Commençons par la coll. « Souveraine », qui concerne en général PA. ou A. viendraient en tête, s'il fallait dresser un palmarès, ce roman qui fleure l'adolescence sauvageonne et la Camargue, Les Secrets de l'Étang, par André Massepain, qu'image avec beaucoup de poésie Jacques Pecnard (F.); Gulla se marie, auquel la sensibilité rêveuse de Martha Sandwall-Bergstrom et les ravissantes couleurs de Daniel Dupuy, confèrent un tour très féminin (F.); et un Paul Berna, discret, spirituel et gouailleur, La Piste du Souvenir. Suivraient deux romans d'Yvonne Meynier, l'un tendre et émouvant, Une petite fille attendait, qui valut à l'auteur le Prix Enfance du Monde 1961 (F.), le second, qui constitue une intéressante rétrospective des dramatiques années 40, Un lycée pas comme les autres (F. et G.). Puck va bon train, par Lisbeth Werner, apparatt plus pâle que les précédents ouvrages peut-être cela provient-il de la traduction? Parmi les nou-


veautés de la coll Spirale », deux titres paraissent très remarquables d'abord Le Rallye fantastique, par Pierre Castex, où le récit dépasse souvent l'habileté littéraire pour atteindre à l'art véritable (G. PA. et A.); et Shirley, hôtesse de l'air, par E. Home-Gall, où tout concourt pour envoûter le lecteur (PA. et A.). Tout de suite derrière ces vedettes, un groupe de quatre livres mérite une mention très honorable, Kidnappé, par R. L. Stevenson, respire la poésie écossaise, c'est un livre de fidélité, de sang et de noblesse (G. PA. et A.). La Montagne interdite, par J. P. Pays, transpose en un roman pur un drame terriblement humain; il donnera à réfléchir aux plus généreux de nos garçons (A. et Ad.); Le Lac aux Sortilèges, par Jacqueline Cernon, mérite d'être lu par nos adolescents au moment où s'éveille en eux le premier amour (G. et F.). Et quel charme étrange dans ce conte de fées, La Petite Fille d'ailleurs, par Hertha von Gebhardt l'auteur, par une réussite trop rare, garde à son récit ce mélange de réalisme et de rêve qui fait le fond des visions enfantines (PA. et A.). Signalons, pour être complet, Titabou joue aux pirates (G. PA.) par R. Garrus et On tourne au village où les images burlesques de R. Péron font passer les incorrigibles et très discutables trivialités de L. Bourliaguet. Dans la coll. c Dauphine a, E. et PA. trouveront à leur tour de quoi s'ébaubir et s'ébaudir à souhait Les Trois Mousses, par Jacques Christophe, éveillera nos jeunes garçons à la générosité, voire à l'héroïsme; La Famille Cherry, de la Maison sur la Rivière, est un batifolage sans méchanceté qui unira grands et petits en un même éclat de rire; Nicki le petit phoque, par Edith Grotkop, et Le Chalet aux joues roses, par Renée Aurembou, parleront d'amitié, chacun sur son registre, aux cœurs des petits garçons et des petites filles; Les Mémoires du Père Noël, par Georges Chaulet, ne manque pas de charme; je le réserverais pour de très jeunes E. ainsi qu'Isabelle et la Maison qui roule, par Véronique Day. Les deux albums de Rouge et Bleue (T. P.), Piou et le Père Noël, par Gilles Saint-Cérère et Lnce Lagarde, et Babette à Paris, par Jean Sidobre, sont des petits livres exquis. QUELQUES ISOLÉS. Il manquait à notre collection de livres d'étrennes un roman astronautique; Michel Jansen comble cette lacune avec Mer des Pluies (Édit. Spes) et nous fait participer à la première expédition des Terriens sur la Lune (PA. et A.). Les Édit. Bourrelier publient le Prix Jeunesse 1962 Le mystère de l'ancre coralline, par Magda Contino et le prix Jean Macé 1962, L'Express du soir, par E. Cattin; deux prix qui couronnent la bonne volonté et les promesses plutôt encore que le talent mûri. La coll. ̃ Mission sans bornes des Éditions Fleurus romancent pour les jeunes (E. et PA.) de nouveaux épisodes de l'histoire missionnaire L'Ile donnée à Dieu, par Isabelle Gendron, ravive la mémoire du P. Vaz, qui établit une mission oratorienne à Ceylan; Vacances en terre de soif, par Roger Vhaler, situe son action dans le Sud-Ouest africain; Croix sur les Caraïbes, par Simone Roger-Vercel, est un hommage au P. Labat, un missionnaire dominicain qui vécut au début du xvme. Deux opuscules de l'Apostolat de la Prière rendront le plus grand service aux jeunes de quatorze ou quinze ans Découvertes avec le Christ par le P. Messié et Mon année avec le Christ. Les Éditions Alsatia ne nous présentent qu'un livre cette année, mais un livre magnifique, le plus beau livre peut-être, en tout cas le plus poignant, le plus émouvant qui se puisse offrir à un garçon de treize ans Faon l'Héroïque. Maurice Vauthier l'a écrit visiblement avec toute son âme Après le passage de cet enfant, le monde ne sera plus exactement ce qu'il était. Un peu changé. Un peu meilleur. Ce mot du D' Le Quen, quand meurt Faon Dargal, nous servira de conclusion et. de vœu puissent nos jeunes chrétiens choisir, parmi tous ces livres d'étrennes, ceux dont la lecture leur mettra au cœur le désir de changer le monde et de Ip rendre nn peu meilleur ̃. André Ravier.


QUESTIONS RELIGIEUSES

Sainte Thérèse D'AviLA. Ma vie. Édition du quatrième centenaire. A. Fayard. 1962. 497 pages. 15,42 NF. La traduction des œuvres de sainte Thérèse avait été entreprise et réalisée par les Carmélites de Paris (actuellement à Clamart) au début de ce siècle (1907-1910). Cette traduction, appréciée et souvent redemandée, était épuisée. Elle est rééditée par les Éditions A. Fayard, et M. DanielIlops a donné une préface savoureuse à ce premier volume, qui contient la traduction de l'autobiographie de sainte Thérèse. Nous sommes heureux de signaler cette reprise, présentée avec une sobre élégance, d'une estimable traduction et de lui souhaiter de nombreux lecteurs.

DANIEL-Rops, de l'Académie française. Saint Bernard et ses fils. Marne, 1962, 215 pages et 36 pages d'illustrations liélio, relié pleine toile. 26 NF.

On appréciera d'abord ce volume pour ses magnifiques illustrations hors-texte qui nous rendent déjà présentes par ellesmêmes l'histoire et la vie monastique cisterciennes. Le récit comprend deux parties. La première retrace brillamment, mais en toute objectivité, la carrière de saint Bernard, en ce siècle de chrétienté, où un Saint arbitrait l'Europe ». La seconde partie nous décrit une histoire beaucoup moins connue celle des différentes réformes de l'Ordre cistercien. La plus célèbre, celle de l'Abbé de Rancé, s'insère comme un épisode dans une suite d'entreprises qui se poursuivent jusqu'à nos jours et se présentent, à des titres divers, comme des retours aux sources des ̃ batailles pour la fidélité ». Finalement c'est toute l'évolution de l'Ordre cistercien qui se trouve évoquée dans ces pages si attachantes et de si haute qualité spirituelle.

P. 131. Nous avons noté une curieuse rédaction qui pourrait faire croire aux lec-

REVUE DES LIVRES

H. Holstein.

teurs que le concile de Trente n'a même pas duré deux ans « Et ce fut, dans la petite ville alpine de Trente, de janvier 1562 à décembre 1563, les sessions du fameux concile. »

Joseph LECLEH.

M. J. GERLAUD. Personnes et politique. Coll. Points d'appui. Éditions ouvrières. 1962. 208 pages. 8,40 NF. Réflexion d'un théologien, qui devait être sa dernière œuvre achevée à la veille de sa mort. Quelle est la signification et la valeur chrétiennes du politique, comme disait volontiers le P. Gerlaud, employant la langue de saint Thomas? Cette question fut de longues années l'objet d'une réflexion suscitée et entretenue par l'enseignement et les contacts apostoliques. Elle conduisit le Père à insister sur l'importance de la personne, comme fondement et norme de l'activité politique. Disciple de Pie XII, et à sa suite, le P. Gerlaud met en lumière dans ces pages claires, proches de l'actualité sans être partisanes ou empiriques, les lignes doctrinales qui inspirèrent tant de messages et d'enseignements du Pontife. II. II.

Mgr Jean Kerleveo. – L'Église Catholique en Régime français de Séparation. Le prêtre catholique en droit français. Desclée et CIe. 1962. 582 pages.

Mgr Kerlevco mène bon train le vaste travail qu'il a entrepris et qui est indiqué par le titre général de l'ouvrage. En voici le troisième volume. Il nous semble que c'est le plus important et le plus intéressant de ceux qui doivent composer l'ensemble, le plus pratique aussi. Il est divisé en trois parties. Le prêtre catholique en Droit civil, le prêtre catholique en Droit pénal, et le prêtre catholique en Droit fiscal. Impossible de tout indiquer. Signalons le prêtre et a responsabilité civile, le prêtre et l'antériorité du contrat civil par rapport au mariage religieux, le prêtre et le secret professionnel.


En ce qui concerne le mariage in extremis nous croyons que les solutions canoniques de la page 201 ne sont pas indiscutables. Mais cette réserve est peu de chose. Il apparaît évident que désormais la matière de cet ouyrage doit être comprise dans l'enseignement des séminaires, en notre pays. Il sera, d'ailleurs, utile à bien d'autres, spécialement aux évoques et à leurs proches collaborateurs.

On nous signale que le t. 1 vient d'être réimprimé.

Georges CASALIS. Luther et l'Eglise confessante. Collection Maires spirituels. Éditions du Seuil, 1962. 189 pages.

Une bonne introduction à Luther qui ne laisse pas de tourner à l'apologie. L'auteur reconnaît qu'il suit surtout H. Strohl et L. Febvre. Il serait temps que l'historiographie luthérienne se détache de Febvre. Le mérite de Fevbre est d'avoir mis en lumière cette vérité élémentaire que l'aventure de Luther est avant tout religieuse; mais on oublie trop que Febvre est un comtiste attardé et que pour lui le grand mérite de Luther est d'être un précurseur de l'agnosticisme, comme Rabelais, et d'avoir, sans s'en douter, aidé à passer de l'âge métaphysique à l'âge positiviste. Il faudrait aussi une bonne étude de psychologie de la crise de désespoir de Luther dont 11 est trop facile de rendre responsable la piété populaire du catholicisme de son temps; ce n'est pas nuire à l'incontestable génie religieux de Luther que de voir dans cette crise une obsession plus ou moins morbide dont il ne se débarrassera jamais, bien qu'il ait trouvé un apaisement relatif dans l'expérience fondamentale, authentiquement spirituelle, même si elle a été moins soudaine qu'il ne l'a dit après coup, par laquelle il découvre et « réalise au sens newmanien du mot, que Dieu est amour gratuit et que l'attitude spirituelle essentielle est de s'abandonner à cet amour. C'est autour de cette expérience, base de toute spiritualité chrétienne, que Luther va construire sa synthèse, plus ou moins cohérente d'ailleurs, en traduisant son expérience personnelle en une doctrine unilatérale qui laisse tomber ou minimise une partie importante de l'expérience collective de l'Église. Tout le problème est de savoir si la méthode est légitime de construire ainsi une interprétation de l'Écriture à partir d'une expérience individuelle.

E. TESSON.

Ce problème n'est pas abordé par M. Casalis peut-être le moment est-il venu pour les réformés de se demander si le principe même de la Réforme n'est pas objet de repentir. Autre problème capital que n'aborde pas M. Casalis comment se fait-il que l'expérience religieuse profonde d'un moine obscur ait eu un retentissement si violent et si large certes l'expérience de Luther correspondait à un besoin latent d'une religion plus simple, plus scripturaire, mais elle cristallise aussi des aspirations moins pures, plus profanes de son temps, qu'il est sain d'analyser objectivement.

M. Casalis s'attaçhe surtout à l'expérience originelle de Luther les dimensions de son livre ne lui permettent pas d'insister beaucoup sur la synthèse de Luther. 11 met cependant bien en lumière la tension qui existe dans cette synthèse entre l'événement et l'institution. Le livre se termine par un court exposé de l'état actuel du luthéranisme.

Robert Rouquette.

Claude Lévi-Strauss. Le totémisme aujourd'hui. Coll. Mythes et religions. Presses Universitaires de France, 1962. 155 pages. 6 NF.

La pensée sauvage. Pion, 1962. 395 pages. 19,75 NF.

Le premier de ces ouvrages sonne le glas de la théorie totémique. A peine constituée, elle s'est désintégrée par le fait que ses caractères n'avaient ni le sens ni la fréquence que l'hypothèse de départ supposait. A partir d'exemples nombreux et en remontant jusqu'à Bergson et Rousseau, le sociologue se fait un plaisir de mettre en pièces l'illusion de ses prédécesseurs. « Le prétendu totémisme relève de l'entendement, et les exigences auxquelles il répond, la manière dont il cherche à les satisfaire, sont d'abord d'ordre intellectuel. Son image est projetée, non reçue; elle ne tient pas sa substance du dehors. »

Le deuxième ouvrage fait suite au premier. Il s'agit de la pensée sauvage. Non pas la pensée des sauvages, ni celle d'une humanité primitive ou archaïque, mais la pensée à l'état sauvage distincte de la pensée cultivée ou domestiquée en vue d'obtenir un rendement (p. 289). Après l'effort de destruction du premier volume vient ici l'œuvre de reconstruction. La science du concret éclate dans les classi-


flcations botaniques et zoologiques, dans les noms de clans et de personnes, dans la conception du temps et de l'histoire. Cette étude, difficile et discontinue, éclaire le champ ethnographique et fait mieux apparaitre l'unité de l'homme dans sa diversité. Elle jette un pont entre la mentalité archaïque et la logique scientifique toutes deux débouchent sur le monde de la communication.

René Khawam. Propos d'Amour des mystiques musulmans. Coll. Lumière et Nations. L'Orante, 224 pages. 11,70 NF.

Ce qui fait le prix de ce livre ce n'est pas seulement sa couverture dorée reproduisant un manuscrit arabe du xiii0 siècle, ni sa typographie agréable et claire, mais le contenu même de l'ouvrage. R. Khawam en effet a choisi, présenté et traduit de l'arabe des textes dus à des mystiques, hommes et femmes, qui vécurent entre le vin" et le xiii« siècle. Ces textes sont pour la plupart inédits même en arabe. La traduction a su garder le rythme et la poésie de l'original. Souvent proches du christianisme, ces amis de Dieu nous parlent de détachement, de pauvreté, des contradictions, de l'amour surtout. C'est une lecture tonifiante et sublime qui nous fait mieux PHILOSOPHIE

Paul Foulquié et Raymond SAINTJEAN. Dictionnaire de la langue philosophique, P. U. F., 776 pages, 1962. 50 NF.

S'il est vrai, comme le disait Alain, que la manière la plus facile de trouver quelque chose d'original consiste à réfléchir sur les mots, ce Dictionnaire est appelé à rendre de grands services. Alors que nos grandspères disposaient de deux ouvrages analogues, l'un d'Ad. Frank, l'autre de l'Abbé E. Blanc, notre génération n'avait jusqu'ici que le Vocabulaire technique et critique de la Philosophie de A. Lalande, œuvre collective de la Société française de Philosophie, fort précieuse en particulier par tes remarques des divers collaborateurs, mais qui commence à dater, sa rédaction s'étant échelonnée de 1902 à 1926, date de sa première édition. A cet ouvrage, toujours

André RÉTIF.

connaître l'islam des sommets. Voici quelques exemples de maximes On peut reconnaitre les justes à ce que ces hommes gardent le secret sur leurs épreuves et taisent les prodiges dont ils sont l'objet. La vertu d'espérance c'est le fait de Le prier de ne pas nous en priver le long de notre route. 0 mon Dieu, si Tu me demandes compte de mes fautes, je répondrai en mentionnant ta générosité. Si Tu me places parmi ceux de la Géhenne, je passerai mon éternité à leur parler de mon amour pour Toi.

André RÉTIF.

Abbé M. Delahoutre. Le Bouddha et son message. Coll. Omnes Gentes. Fleurus, 1962. 184 pages. 9,35 NF. Voici une initiation intelligente, claire et accessible au bouddhisme, que l'on ne saurait trop recommander. Brièvement, elle envisage l'Inde au temps du Bouddha, la vie légendaire du Bouddha, la communauté et la doctrine. Elle décrit les trois formes du bouddhisme actuel, appelées curieusement Véhicules et conclut par des rapprochements avec l'Occident, l'art, la foi chrétienne. Une carte, un glossaire, deux tableaux chronologique et statistique, une bibliographie complètent cet excellent ouvrage de vulgarisation.

André RÉTIF.

indispensable pour les professionnels de la philosophie, le Dictionnaire du P. Foulquié n'entend pas se substituer-ce qu'indique du reste assez sa publication par le même éditeur. Il s'adresse à un public beaucoup plus large et devrait être dans la bibliothèque de tout homme cultivé. Ce qui me paralt en faire l'originalité, l'intérêt et la principale richesse, ce ne sont pas seulement les définitions de termes et le classement de leurs divers sens, mais le grand nombre de citations qui les accompagnent. Elles sont empruntées aux auteurs classiques, mais aussi aux modernes non seulement philosophes, mais scientifiques, littérateurs, théologiens, etc. et présentent une collection aussi précieuse que suggestive sur les principaux thèmes constamment débattus par la pensée actuelle.

Assurément, d'aucuns trouveront à cri-


tiquer soit le choix de ces citations, soit le classement de sens adopté pour tel ou tel mot. Outre que la perfection est impossible en des ouvrages de ce genre, critiquer ne sert de rien, alors que seul compte ce qui est réalisé. Or, on sait déjà tout ce que le P. Foulquié a fait pour promouvoir l'enseignement de la philosophie et la mettre à la portée du plus grand nombre. De cet immense travail antérieur, ce Dictionnaire est sans nul doute le fruit et, en un sens, le couronnement. Félicitons-en l'auteur ainsi que son collaborateur, et remercions-les, du trésor qu'ils mettent ainsi à la disposition du lecteur intelligent.

François HEIDSIECK. Plaisir et Tempérance. Initiation philosophique. PUF. 1962. 106 pages. 4,50 NF. Nous avons pris un vif plaisir, comme il sied, à lire te petit volume de F. Heidsieck. Il nous semble un modèle de philosophie vraie et vivante, dans une collection qui a parfois toléré des contributions moins alertes. Ici le style de mouvement était très approprié au sujet. Le thème est attaqué d'emblée et le problème éthique urgent abordé, dans la perspective du nouvel hédonisme moderne. C'est dire qu'on ne s'attarde pas. Dieu merci, aux vénérables théoriciens du plaisir, d'Épicure à Bentham, qui Jalonnent la chaussée fatiguée des manuels de morale. L'auteur prend acte, comme on dit aujourd'hui, de la réhabilitation effective du plaisir, mais il y discerne le sain et le malsain. Sa conclusion tend à l'optimisme, et il ne cache l'inflexion de cet optimisme et l'arrière-plan spirituel de son propos. Le paradoxe de la philosophie est de retrouver la vie dans les livres (p. 103). F. Heidsieck nous permet à son tour de vérifier cet aphorisme.

Gaston Bachelard. La flamme d'une chandelle. Presses Universitaires de France, 1961. 112 pages, 5 NF.

La flamme. est un des plus grands opérateurs d'images. » Au-delà des exemples admirables apportés par l'auteur pour le manifester, chacun se souvient invinciblement des flammes dont la fascination anima son existence. Une fois encore Bachelard montre avec bonheur combien un élément du monde ne fait qu'un avec notre vie. Un chapitre fait pourtant défaut

G. Fessard.

X. T.

dans ce travail, celui qui aurait parlé de la flamme qui baisse et de celle qui meurt. Pudeur ou suspens de l'écrivain devant le sort commun? Bachelard a encore beaucoup à nous dire à la lumière de sa lampe. Louis BEIRNAERT.

J.-P. Valabrega. La relation thérapeutique. Malade et médecin. Nouvelle collection scientifique, Flammarion, 1962. 276 pages, 14,50 NF. La relation qui se noue entre malade et médecin peut aujourd'hui, grâce aux progrès des sciences humaines, faire l'objet d'une étude systématique. C'est celle-ci qu'a entreprise J.-P. Valabrega, en s'appuyant à la fois sur la psychanalyse, avec tout ce qu'elle apporte sur les relations Intersubjectives, et sur l'anthropologie, avec la masse impressionnante de ses documents. Son ouvrage, foisonnant de remarques inédites et passionnantes, donne le senti- ment d'entrer enfin dans le sens et les implications affectives d'une relation qui, pour être vécue par chacun de nous, n'en restait pas moins masquée. Certains lecteurs refuseront sans doute de suivre l'auteur dans ce qui déconcerte les façons conventionnelles de parler de la relation thérapeutique; mais d'autres, pour peu qu'ils se demandent ce qui peut bien jouer entre un sujet qui se plaint et un autre qui entreprend de le soulager, trouveront ici réponse à leur question.

Louis BEIRNAERT.

Dr Daniel Widlôcher. Le psychodrame chez l'enfant. Collection Paideia, P. U. F. 1962. 152 pages, 6 NF.

Parmi les ouvrages publiés ces derniers temps sur le psychodrame, celui-ci se recommande par sa richesse et sa clarté. Quelles sont les origines du psychodrame, quelle méthode emploie-t-il, quel champ couvre-t-il, que peut-on en attendre au triple point de vue diagnostique, thérapeutique et pédagogique? Telles sont les questions auxquelles le D r Widlocher apporte des réponses pertinentes. L'auteur, très au courant des diverses tendances des psychodramatistes, les expose et les situe avec probité. Cette absence de polémique n'est pas un des moindres mérites de son travail.

Excellent ouvrage d'initiation.

Louis Beirnaert.


HISTOIRE ET BIOGRAPHIES

Maurice Guerrini. Napoléon devant Dieu: le profil religieux de l'Empereur. Peyronnet, 1960. 318 pages, 15 NF.

Il ne s'agit pas ici de la politique religieuse de l'empereur mais de l'attitude personnelle de l'homme devant le problème religieux. Question controversée. M. Guerrini est convaincu que, né et mort dans la religion catholique, n'ayant jamais cessé de croire en Dieu et en l'immortalité de l'âme alors même qu'il avait abandonné toute pratique religieuse, Napoléon était un homme au « tempérament religieux » et que sa mort chrétienne est « le trait final de sa personnalité C'est possible, quoique assez peu probable sous cette forme. Mais, manquant singulièrement de rigueur dans la méthode et alourdie par de longs hors d'oeuvre inutiles, la démonstration qu'on nous offre n'est guère convaincante.

Guy Godlewski. Trois cents jours d'exil: Napoléon à l'île d'Elbe. Hachette, 1961. Cartonné. 284 pages, 16,50 NF.

Napoléon hors de l'île d'Elbe, plutôt ses liaisons secrètes avec l'extérieur, ses projets et ses préparatifs d'évasion. De l'œuvre intérieure dans ce royaume d'exil, il n'est guère question. M. Godlewskl nous montre avec clarté l'existence et l'étendue du service de renseignements napoléonien. 11 fait une étude nuancée et attentive des relations avec Marie-Louise, grâce à la publication récente des lettres de l'Impératrice celle-ci en sort quelque peu réhabilitée elle a été fidèle à son mari plus de cinq mois après l'abdication! Enfin il analyse avec précision les motifs du retour en France « menaces de déportation », « pénurie d'argent « décri du régime royal toutes raisons imputables aux Alliés ou aux Bourbons et dont l'existence lui semble « démontrer que l'équipée, en apparence la plus folle de tous les temps, fut l'issue logique et mûrement pesée d'une situation qui n'en avait pas d'autre ». Tout cela constitue une mise au point pondérée, apportant assez d'éléments neufs

Étienne Celier.

pour s'assurer une place honorable dans la production napoléonienne courante. Comme tous les livres publiés chez Hachette désormais, l'ouvrage se présente sous couverture cartonnée ornée d'une vignette d'époque. Est-ce pour compenser cet effort de toilette que l'éditeur y a laissé subsister d'aussi nombreuses fautes d'impression?

Étienne Celier.

Adrien DANSETTE. Louis-Napoléon à la conquête du pouvoir. His toire du second Empire, I. Hachette, 1961. 420 pages, 18 NF.

Ce livre inaugure une Histoire du Second Empire en sept volumes, répartis par matières et non pas par tranches chronologiques. En guise d'introduction, on nous offre la biographie du futur Empereur, de sa naissance (que M. Dansette tient pour légitime) au 2 décembre inclusivement suivront des études sur l'histoire intérieure, l'oeuvre économique, les entreprises diplomatiques, etc. Discutable en soi, le procédé est défendable en l'occurrence. Le présent récit est solide et clair, d'une bonne facture classique et constitue une mise au point compétente et équilibrée. Pièces en mains, il montre que la « conquête du pouvoir n'a pas été due seulement à un heureux hasard mais que, animé par une foi intrépide en son étoile et finalement servi par les circonstances après en avoir été plusieurs fois victime, Louis-Napoléon s'était de longue date préparé à se servir d'elles, le moment venu. Si le a napoléonlsme de la légende a pu engendrer le ̃ bonapartisme politique, c'est à cause de la personnalité du prétendant aucun autre Bonaparte n'aurait pu jouer le rôle qu'il a joué. Polyglotte (fait exceptionnel à l'époque), curieux des choses économiques, capitaine de l'armée helvétique, théoricien et historien estimable de l'art militaire, il y avait en lui, au jugement de son colonel suisse, plus qu'un homme ordinaire », en tout cas beaucoup plus que le séduisant viveur ou que le conspirateur utopique à quoi on le réduit parfois. Vues à la lumière de l'élection présidentielle et du 2 décembre,


même les deux tentatives de Strasbourg et de Boulogne apparaissent comme des étapes vers le trône utiles manœuvres de propagande, apprentissage du maniement des hommes et ébauches, encore malhabiles, du coup d'État final. Chemin faisant, M. Dansette nous fournit maint renseignement précieux sur l'entourage du prétendant et esquisse de celui-ci un portrait fidèle et nuancé.

Suzanne DESTERNES et Henriette Chandet. Napoléon III, homme du XX- siècle. Hachette, 1961. 368 pages, 19,50 NF.

Louis-Napoléon émerge au dessus de l'humanité moyenne des prétendants et des hommes politiques du temps par son sentiment de l'avenir » affirme M. Dansette dans l'ouvrage que nous venons de recenser. C'est ce que, sous un titre publicitaire, veut montrer le présent livre. Certains des rapprochements qu'il propose sont parfois aventureux précurseur du cartiérisme ̃, ancêtre de l'ONU ou du District parisien, voilà des titres assez douteux. Mais, sans rien offrir de bien original, ces pages contiennent cependant un choix honnête de citations et d'anecdotes et présentent de l'Empereur une série d'images somme toute acceptables.

Jean LEviE, s. j. Michel Levie (1851-1939) et le mouvement chrétien social de son temps. Louvain, Éditions de la Société d'études morales, sociales et juridiques, et Éditions Nauwelaerts, 1962. 516 pages, 350 francs belges.

Le sous-titre de ce livre en marque l'intérêt historique. Jeune avocat de Charleroi, maître Levie fut, avec quelques amis, à l'origine d'un mouvement social chrétien, qui, dès 1886, prit en charge les justes revendications des travailleurs des mines et fit connaître aux catholiques l'injustice de la condition ouvrière d'alors. Comme de Mun avait été bouleversé par quelques mots d'un communard, Michel Levie découvrit la condition ouvrière à l'occasion des grèves de mai 1886. Toute sa vie fut dès lors consacrée à une action sociale, qui lui valut, de la part d'autres catholiques, des critiques et des accusations de socialisme » dès 1891, ne réclamait-il pas, pour

Etienne CELIER.

Étienne Celier.

les houilleurs », la journée de huit heures, avec interdiction du travail des enfants? Cette action sociale, qui fit connaître de toute la Belgique le nom de l'avocat de Charleroi, se développa vite en un mouvement vigoureux, qui prit en charge, en réponse au socialisme alors puissant dans les milieux ouvriers, la défense des salariés et l'exigence d'une législation sociale mouvement qui, d'ailleurs, s'appuya beaucoup plus sur l'expérience allemande que sur les efforts contemporains de France. Ces origines lointaines de la « démocratie chrétienne sont racontées en grand détail, dans la première partie de ce livre. La seconde, qui commence en 1900, date où Michel Levie fut élu député de Charleroi, poursuit cette histoire dans le cadre plus général de la vie politique belge, du début du siècle à la guerre de 1914. Chrétien social, et donc affronté à la fois au socialisme, aux libéraux, mais aussi aux catholiques « conservateurs », qui ne cessent de dénoncer l'imprudence de leurs collègues « sociaux (et ils furent un moment écoutés à Rome, au début du pontificat de Pie X le P. Levie cite des faits et des documents, qui intéressent l'histoire religieuse de ce temps), Michel Levie obtint, à force de ténacité, le vote de lois sociales qui, peu à peu, améliorèrent sensiblement la condition des ouvriers, spécialement des mineurs qu'il représentait au Parlement. Ministre des Finances en 1911, et pratiquement jusqu'à la déclaration de guerre, Michel Levie, demeuré à Bruxelles, fut durant toute la guerre le représentant clandestin du gouvernement exilé, et organisa la résistance, puis la reprise de la vie publique en 1918. Après la guerre, il fut délégué de son pays au jeune B. I. T., et continua, jusqu'à quatre-vingts ans, à aider de ses conseils et de son éloquence le mouvement social chrétien. Cette belle figure de chrétien, de parlementaire et d'apôtre social a trouvé, dans la piété filiale de l'auteur de cette intéressante biographie, un historien précis et remarquablement informé une masse énorme de documents, dont les plus précieux sont évidemment tirés des notes accumulées par M. Levie durant sa longue vie, nous est présentée avec méthode et clarté le P. Levie a fourni aux historiens des origines du christianisme social une monographie de première importance. H. HOLSTEIN.


LITTERATURE

Paul ROBERT. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Tome V. Société du Nouveau Littré. Paris, 53, rue SainteAnne, 1962. In-4°, 844 pages.

L'énorme entreprise de M. Paul Robert approche de sa fin. Un sixième volume, et l'œuvre sera achevée. Qu'ajouter à l'éloge dont chacun des volumes antérieurs m'a fourni l'occasion? Ceci j'admire le choix des exemples. Beaucoup d'entre eux et pour cause ne se trouvent pas dans Littré. Chaque écrivain est interrogé sur ce qu'il sait le mieux. Alain parle bien du « professeur », Mounier du « personnalisme », Camus de la peste Bernanos de la ̃ paroisse », Baudelaire, Valéry et Saint-John Perse du poète ̃. Qu'est-ce qu'un potage? A Brillat-Savarin de répondre. Parfois le dictionnaire tourne à l'anthologie telle citation de Julien Green nous repose, ou de Giraudoux nous délecte. A phrase musicale », voici la page de Proust sur la petite phrase de Vinteuil. Et quel lettré ne se réjouira de retrouver ici la truculente définition du porc par Claudel? André Blanchet.

Florilège de la Poésie sacrée. Textes choisis et présentés par Jean-Pierre FoucHER. Préface de Luc Estang. Club du Meilleur livre, 1961. 306 p. En voulant trop bien faire (c'est un des huit péchés capitaux), le xvi' siècle a donné le coup de grâce au latin comme langue vivante. Et allez donc! Tout un millénaire de poésie fut jeté aux oubliettes. Chose étrange énorme et délicat l'art gothique est revenu en faveur, non pas la poésie sacrée du même âge, laquelle n'est que délicate. A croire que, dans les cathédrales, les badauds n'apprécient que l'énorme. Il faUut que Rémy de Gourmont nous révélât les beautés du latin mystique ». Son goût, par malheur, était quelque peu décadent.

Mais voici, texte et traduction, sobrement présentés et magnifiquement illustrés, quatre-vingts poèmes qui nous conduisent de saint Ambroise à ces cantiones p'où dérivent nos vieilles chansons. Un peu partout aujourd'hui, dans nos églises, on

fait réapparaître les fresques du xn* siècle, offusquées par plusieurs couches de badigeon. Au Florilège de M. Jean-Pierre Foucher nous devons la même impression d'intacte fraîcheur.

André BLANCHET.

Mme de STAEL. De la Littérature. Édition critique par Paul Van Tieghem. 2 vol. Droz et Minard, 1959. De l'Allemagne. Nouvelle édition par la Comtesse de Pange, avec le concours de Mlie Simone Balayé. Cinq volumes. Coll. Les grands Ecrivains de la France. Hachette, 19581960. Lettres à Ribbing. Texte établi et annoté par Simone Balayé. Gallimard, 1960. Lettres à Narbonne. Introduction, notes et commentaires par Georges Solovieff. Gallimard, 1960. Correspondance générale, texte établi et présenté par Béatrice W. Jasinski. T. II, Première partie Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1959. T. I, Première partie Lettres de Jeunesse, 1962. Chez Jean-Jacques Pauvert.

Une cour, sinon toujours d'admirateurs, du moins d'observateurs ceux-ci très curieux et très laborieux se reforme, ces années-ci, autour de Mm« de Staël. Sa vie tumultueuse vient d'être racontée une fois de plus, mais excellemment, par M. J. Christopher Herold. Sans doute est-ce faire œuvre plus utile encore que de rééditer ses ouvrages selon les méthodes exigeantes qui sont celles d'aujourd'hui. On a eu raison de ne pas commencer par les romans, malgré leur charme vieillot. Les essais sont remplis d'idées contestables mais excitantes, de celles qui font la joie des comparatistes. Il y a trois ans, M. Paul Van Tieghem nous donnait une édition critique, non annotée mais bien présentée, du premier en date des grands ouvrages De la Liiléralure. Puis apparut, grâce à Mma la Comtesse de Pange et à M Balayé, un véritable monument De l'Allemagne, cinq gros volumes dans la collection (que nous croyions défunte) des Grands Écrivains de la France Jt. L'établissement d'un texte sûr et les éclaircissements fournis dans les notes ne manqueront pas de susciter de


nouvelles études sur M»» de Staël et permettront d'évaluer plus exactement ce qu'elle doit à son époque et son influence. 1960 est une grande année staëlienne, puisqu'elle voit s'achever cette publication et paraître, coup sur coup, les Lettres d Ribbàig et les Lettres à Narbonne. Retrouvées récemment à New York, ces dernières bénéficient assez curieusement de deux éditions simultanées, entreprises par deux chercheurs qui, apparemment du moins, se sont ignorés. Mais les Lettres d Narbonne de Mm> Jasinski font partie de la Correspondance générale, dont un autre volume, Lettres de jeunesse, vient de paraître. Copieuse, précise, élégante, l'annotation fait revivre toute la société, toute l'Europe de ce temps et élucide bien des points demeurés obscurs. Nous ne pouvons que souhaiter bon courage à M111* Jasinski. André BLANCHET.

J. Christopher Herold. Germaine Necker de Staël. Traduit de l'anglais par Michelle Maurois. Plon, 1962. 515 pages. 22,80 NF.

M. Christopher Herold a réussi ce tour de force de faire un livre ennuyeux sur Mm' de Staël. On rêve de ce qu'aurait pu faire d'un tel sujet un Maurois dont la fille a traduit M. Herold. Mais, si le livre n'est pas brillant, il est très solide. Ce n'est pas un livre d'érudition, mais il est fondé sur une parfaite érudition. Et dans sa monotonie il ne manque ni d'humour, ni de finesse. Tel quel, c'est peut-être la meilleure initiation à l'oeuvre parfaitement illisfble de MmB de Staël; une excellente bibliographie le complète. Mme de Staël apparaît, avec ses traits déconcertants elle se jette dans la vie d'une façon impétueuse et autoritaire qui étonne le monde », avec une infinie capacité. à partager son amour entre plusieurs hommes ̃. Elle m'oppresse comme une meule. disait la mère de Goethe. Avec cela, cette grosse Suissesse bourrée de complexes était étonnamment séduisante, d'une rare intelligence, d'une influence énorme, tellement qu'elle a pu exaspérer Napoléon plus qu'aucun homme au monde. Il est piquant que cette nymphomane ait eu une fille puritaine qui a transmis quelque chose du génie de sa mère à la dynastie des Broglie qui descend d'elle. Robert Rouquette,

Christine de Pisan. Introduction, choix et adaptation par Jeanine Moulin. Pierre Segliers, 1962. 216 pages, illustré.

Christine de Pisan, un simple nom resté flottant dans nos mémoires de bacheliers, une phrase rapidement dévidée dans les manuels. et toute l'Histoire de la Littérature française écrase cette frêle fleur de ses origines. Elle mérite pourtant d'être mieux connue, non seulement parce que sa poésie est exquise de spontanéité et de musicalité, mais aussi parce que sa figure est attirante noble et gente dame, savante et sage, tendre et vertueuse, ̃ la première en tout », modèle de dévotion conjugale et avocate de l'émancipation féminine. Pour nous la conter, il fallait également unir en soi féminité et poésie, délicatesse du cœur et art d'écrire. Jeanine Moulin, qui est orfèvre, a su faire revivre avec ferveur et talent Dame Christine fraîche et très claire et rajeunir le lustre des poésies sans leur enlever leur patine. L'éditeur n'est pas en reste de générosité et de soins. Le texte est bellement imprimé, et rehaussé de ravissantes illustrations d'époque, extraites de manuscrits destinés par Christine au Duc de Berry.

X. T.

André GALLET. Gymnastique phonétique franco-anglaise. Didier et Lanore. 1962. 8 NF.

Cet ouvrage original, unique en son genre, permet de tenir un gageure s'initier seul aux éléments de phonétique indispensables à l'acquisition d'une prononciation correcte de l'anglais d'Oxford-Cambridge-Londres. Par des exercices qui progressent psychologiquement, on est conduit à produire facilement les phénomènes anglais réputés inimitables pour les Français. Vingt-quatre fiches de format commode (12 X 7 cm), transportables en poche, favorisent la répétition à tous « moments perdus ». L'usage modéré de la couleur vient renforcer l'implantation des réflexes d'articulation dans le mécanisme du subconscient. L'ouvrage s'orne de recommandations de M. Pierre Fouché (Institut de Phonétique de la Sorbonne)^et de M. A. Gimson (University Collège de Londres). Un appendice traite de la manière d'apprendre une langue étrangère. L'erreur fondamentale de l'enseignement secondaire officiel y est minutieusement exposée. Car le livre est destiné au grand public, plus capable de le comprendre, nous assure l'auteur avec une insistance communicative et sans réplique, que beaucoup de professeurs patentés.

X. T.


SOCIOLOGIE

Chanoine VERSCHEURE, Abbé Deprost, M. Tuaull. Aspects sociologi- ques de la pratique dominicale dans le diocèse de Lille. Centre diocésain d'études socio-religieuses, 39 rue de la Monnaie. 1961. In-4°, 375 pages.

Parmi les très nombreux travaux qui ont déjà été consacrés en France à des enquêtes sur la pratique dominicale, et plus spécialement, parmi ceux qui concer- nent l'ensemble d'un diocèse (Lyon et Nice notamment) celui-ci est à ranger sans conteste parmi les meilleurs, et serait peut-être le meilleur. On apprécie la sûreté de la méthode, la prudence et la rigueur dans les interprétations des données recueillies, le souci d'analyses poussées, enfin le caractère très clair et très parlant de la présentation des résultats les principales catégories de pratiquants distinguées masculins et féminins, classes d'âges, célibataires, mariés et veufs, actifs et non actifs, professions, niveau de résultats scolaires.

Entre de si nombreuses et précieuses données, retenons ces deux moyennes le taux de pratique pour l'ensemble du diocèse de Lille est de 24,53 II atteint 32,2 dans l'arrondissement de Dunkerque Ce travail constitue une base précieuse pour la réflexion pastorale. Dans le réalisme dont il procède, nous trouvons la promesse d'un plus intense effort apostolique. H. N.

Pierre LAROQUE et collaborateurs. Succès et faiblesses de l'effort social français. Collection Sciences politiques. Colin, 1961. 368 pages, 20 NF.

Œuvre d'une équipe animée par P. Laroque, ancien Directeur général de la sécurité sociale, ce livre voudrait être le pendant de l'ouvrage publié dans la même collection par J.-M. Jeanneney, avant son entrée au Gouvernement, sur l'économie française. Ce travail, objectif, sérieux, synthétique, bien organisé, excellemment informé, présente une vue d'ensemble dont nous n'avons pas l'équivalent sur les divers aspects sociaux de la vie française démographie, famille et enfance, santé, vieillesse, logement et urbanisme,

enseignement, loisirs, agriculture, classes moyennes, classe ouvrière.

Dans une remarquable préface, P. Laroque retrace l'évolution sociale de la France depuis le début du xix" siècle, soulignant les à-coups et les initiatives parfois anarchiques qui l'ont marquée, et montrant comment au paternalisme social a fait peu à peu place l'intervention de l'État. Cet ouvrage fait aussi fort bien apparaître le renouveau actuel de l'idée familiale, de l'urbanisme, et la place prise dans la vie sociale par le problème de l'enseignement.

F. Russo.

Michel VIRALLY. L'O.N.U. d'hier à demain. 1961. Le Seuil. 189 pages. 7,50 NF.

Cette étude a été écrite après l'insuccès de l'ONU à Elisabethville et la mort tragique de M. Hammarskjoeld. Elle porte la marque de ces événements récents, mais elle est beaucoup plus et mieux qu'un livre de circonstance. M. Virally examine, avec compétence et lucidité, les circonstances concrètes où s'exerce l'action de l'organisme international et ce qu'on en peut attendre dans le monde d'auhourd'hui. Entre des visées trop ambitieuses et un mépris dépité, il y a place, pense-t-il, pour la reconnaissance de succès modestes et l'espoir qu'une institution vivante s'adaptera à la vie internationale et parviendra à l'influencer. A. B.

Suzanne LABIN. Vie ou mort du Monde libre. La'Table Ronde, 1961. 380 pages, 15 NF.

L'anticommunisme a mauvaise presse. II est « négatif (comme l'antlalcoolisme.). 11 combat un appareil essoufflé et sclérosé (T. C. 8 déc. 1961), ce qui n'est guère chevaleresque et plutôt maladroit. 11 empêche le rapprochement de tous ceux qui, de la droite modérée à l'extrêmegauche, sont décidés à enrayer la montée du fascisme » fibid.). Il est donc complice, au moins involontaire, de ce même fascisme et de son avatar plastiqueur, l'OAS. Les Français lisent cela tous les jours. C'est donc un succès remarquable qu'a remporté


Mms Suzanne Labin, en réunissant, sans grands moyens matériels, une Conférence internationale de la guerre politique des Soviets », dont les rapports complets constituent ce livre. On peut y entendre les voix françaises de Maurice Schumann, Gabriel Marcel, Édouard Mïchelet, Maurice Deixonne et aussi MM. Spaak, Ilendrik Bmgmans, Salvador de Madariaga, Alexander, Cramer, Münst, Dominique Diur, Tetsuko Watanabe, etc. 407 participants des nations libres et 46 des nations captives. De ces analyses sérieuses, ressort le fait éclatant que la poussée communiste militairement stoppée par l'armement occidental se poursuit par le moyen d'un colossal appareil de guerre politique infiltration des institutions démocratiques, propagande tentaculaire investissant toutes les cellules de la société. Prodigieux travail qui ne dépense pas moins de deux milliards de dollars par an. Il faut lire ce cri d'alarme, qui monte unanime do tous les pays et continents. On connaît le sort de ces édifices rongés de l'intérieur et qui s'affaissent d'un coup. Aucune catastrophe n'est fatale, et c'est pourquoi on invite les consuls à veiller.

CAROLINA MARIA DE Jésus. Le dépotoir. Traduit du brésilien par Violante do Canto. Journal présenté par Audallo Dantas. Illustrations de Cyro del Nero. Stock, 1962. 219 pages, 15 NF.

Journal d'une « clocharde des favelas bidonvilles •> de Sao Paulo. Carolina est une noire, sans instruction, mère célibataire de quatre enfants qu'elle élève en faisant chaque matin les poubelles de la grande ville. On y trouve de tout, à condition de partir dès quatre heures du matin des vieux papiers, des bouts de fer ou de tuyaux, que l'on vend pour acheter du pain, des os que l'on garde pour la soupe (complétant par les détritus des abattoirs), des souliers usagés, que l'on met aux enfants pour aller en classe. La tournée finie, on revient au « dépotoir », immense cité de baraques en ferblanc et de ruisseaux sales, où la ville refoule tous ses déchets, matériels et humains. Promiscuité totale on entend tout on voit tout, et les enfants grandissent parmi les bagarres, les amours, les

André Bonnichon.

désespoirs et les suicides des adultes, ignorant en général quels sont leurs vrais » parents. Carolina vit cette existence depuis quinze ans chaque jour, elle parvient à se nourrir et à nourrir ses quatre enfants, sur les poubelles de Sâo-Paulo. L'étonnant, c'est qu'elle trouve le temps d'écrire (sur des cahiers ramassés aux ordures) son journal simples notations, en phrases de quelques mots (jamais de propositions subordonnées), mais étonnamment évocatrices. C'est le journal de la faim, de la misère, et du courage. Carolina veut garder sa dignité, et bien élever ses enfants elle s'interdit tout alcool (la seule < distraction de ces pauvres gens), elle sépare les combattants, appelant au besoin la police quand ses apostrophes ne suffisent pas, et corrigeant les gosses quand ils se sont attardés à un spectacle que leur mère leur interdit. Document bouleversant, qu'un journaliste en quête de reportage dans les favelas s'est fait prêter, et dont il a extrait ces pages, maintenant traduites en 16 pays étrangers, après vente de 90.000 exemplaires au Brésil. Il serait difficile de trouver quelque chose de plus direct, de plus poignant et de plus réaliste sur la misère qui habite aux abords de nos grandes villes et sur le monde de cauchemar que nos insouciances laissent subsister!

H. HOLSTEIN.

Familles inadaptées et relations humaines. Association d'aide à toute détresse, 53, rue de la Fontaine-auRoi, Paris XIe. In-8°, 130 pages. 6 NF.

Ce fascicule constitue la première partie du compte rendu d'un colloque sur ce thème, tenu sous le patronage de l'Unesco en mai 1961. Ce colloque a été dominé par la préoccupation de rétablir, entre les membres mêmes de la famille inadaptée, et entre la famille et la société, de véritables relations humaines. Parmi les conférenciers, notons les noms de MM. Chombart, de Lauwe, Jean Labbens, l'abbé Oraison, l'abbé J. Wresinski, secrétaire de l'Association, et enfln le regretté Robert Juffé. Ce colloque a abordé des questions sans doute souvent évoquées, mais moins souvent réellement affrontées. Elles y ont fait l'objet d'analyses pertinentes dont on aura grand profit à prendre connaissance. H. N.


ARTS

Brueghel. Etude historique et critique de Robert L. DELEVOY. Coll. Le goût de notre temps. Skira. 158 pages. Plus de soixante reproductions couleurs.

Voici le vingt-neuvième volume de la précieuse collection que les Ëditions Skira mettent à notre disposition. Heureux les amateurs d'art qui possèdent en leur librairie la série complète ils ont à portée de regard un admirable petit musée. Ce Brueghel ne démérite pas. Les fervents du prodigieux peintre flamand retrouveront là leurs tableaux prélérés et pourront en caresser à loisir les lignes et les couleurs. Car si décevante que soit toujours une reproduction pour quiconque a eu la chance de contempler l'original, Il faut apprécier l'effort de fidélité qui se manifeste dans les ouvrages Skira. Quant au texte de R. L. Delevoy, il est solide, documenté, non sans une discrète élégance; il soutient admirablement l'image; il en commente avec profondeur la valeur d'humanité; certaines pages doivent être méditées en gardant sous les yeux les images du peintre, tel ce dernier chapitre sur L' impassible sagesse. Un bel hommage rendu au < plus fervent poète des joies et des misères des Flandres >.

Henri Purhitchot. La vie de Gauguin. Coll. Art et Destin. Hachette, 1962. 428 pages, 15,00 NF.

Qui peut se flatter de connaître l'existence de Paul Gauguin? Les dates des événements étranges qui jalonnent sa route de vie ne sont certes pas ignorés; mais quel Daimôn le possède et le pousse vers un perpétuel ailleurs? Son hérédité (il avait pour aIeule la fantasque et révolutionnaire Flora Tristan), ses enfances péruviennes, sa vocation première de marin, tout l'incline à la bohème, et le voici soudain ̃ remisier > chez un agent de change, boursicoteur chanceux, époux « rangé de Mette la pacifique Danoise, père de famille nombreuse; puis un beau matin, à trente-quatre ans, 11 cesse d'aller au bureau, abandonne situation, femme, enfants, bonheur, argent il part, c'est l'aventure, la vie « maudite »,

A. Ravieiï.

encore qu'une part secrète de lui-même s'obstine à rester fidèle, semble-t-il, au passé sage, comme à un Paradis perdu. La Bretagne, Panama, la Martinique, Arles en Provence, Paris, Tahiti, le voient tour à tour; puis de nouveau Paris, la Bretagne, Tahiti; enfin, les Marquises, où il meurt. Ce vagabondage déborde incontestablement le besoin esthétique d'évasion quel en est donc le secret? Après avoir étudié toutes les archives qu'il a pu atteindre, et parmi elles il en est de rarissimes, Henri Perruchot croit avoir trouvé un dénominateur commun entre la vie de Gauguin et son oeuvre C'est le rêve qui explique la destinée aventureuse de l'homme, et c'est également le rêve qui explique le caractère fascinant d'une oeuvre qui compte parmi i les plus importantes de toute l'histoire de la peinture moderne. On peut discuter la thèse car ce « rêveur », par certains aspects de son caractère, apparaît singulièrement réaliste, et, pour ne rien dire de plus, prosaïque. Mais du moins l'apport de documents est-il assez considérable pour que ce livre d'H. Perruchot s'impose à présent comme l'une des meilleures sources pour Pétude, toujours ouverte, de l'âme mystérieuse de Gauguin.

A. Ravier.

Jacques CHAILLEY. 40 000 ans de musique. Coll. L'homme à la découverte de la musique. Pion. 1962. 325 pages.

Ni dogmatique, ni systématique, ni trop technique, en dépit de certaines précisions, ce livre nous propose un chemin à suivre, parmi les diverses manifestations de l'art musical de tous les temps. Route balisée de quelques doubles pages de reproduction toujours citées par l'auteur à l'endroit de son texte qu'elles illustrent le mieux, ce qui mérite une mention particulière 1 La documentation est solide, les plans clairs. L'éclectisme de l'auteur se manifeste aussi bien dans le nombre et la variété des problèmes abordés, à défuut d'être longuement traités, que dans la manière de les poser, en évitant, autant que possible, les polémiques stériles.

Sans doute, certaines prises de position


un peu décidées» notamment en ce qui concerne la musique ultra-contemporaine, irriteront certains; comme aussi la familiarité du ton de telle page.

Ln livre habile et, par moments, savoureux à la fois instrument de connaissance et de vulgarisation et histoire' romaiicée de cette grande dame qu'est la musique. Jean-Paul Holstrin.

Cuthbert Girdlestone. Jean-Philippe Rameau. Sa vie et son œuvre, Desclée De Brouwer, 1962. 654 pages. 45 NF.

Publié à Londres, en 1957, cet ouvrage qui vient d'être traduit en français forme l'étude technique la plus complète que nous possédions sur Rameau (1683-1764). S'il ne contient rien d'inédit quant à la biographie de notre grand musicien français, il analyse en détail ses œuvres majeures, notamment ses tragédies lyriques Hippolyle et Aricie, Castor et Pollux, Dardanus. Pour le plus grand profit des musicologues, l'auteur a inséré dans ses analyses plus de 300 exemples musicaux. On n'oubliera pas que Rameau n'est pas seulement un artiste, mais un savant qui a effectué des recherches importantes sur les principes scientifiques de l'art musical. M. Girdlestone apprécie moins cet aspect de son œuvre, qui a beaucoup frappé ses contemporains. Il a raison sans doute, puisque Rameau demeure l'un des plus illustres de nos classiques musicaux. Mais l'histoire se doit de lui réserver une place parmi les fondateurs de l'harmonie moderne.

Jean Renoir. Numéro spécial (22-23-24) de Premier Plan. SERDOC, Lyon, 1962. 406 pages, 18 NF.

Bernard Chardère continue son travail méritoire de décentralisation de la critique de cinéma. Ce volumineux Renoir inaugure un nouveau style de présentation. On fournit au lecteur une abondance considérable de pièces et de documents, classés et ordonnés. On fait œuvre d'archiviste plus que de critique. Le reproche de mettre la charrue devant les boeufs ne saurait atteindre

Joseph Lecler.

l'équipe de rédaction de Premier Plan, qui a pris pour devise, semble-t-il, le vers d'Eluard Je parle de ce que je sais. » Est-ce à dire que les auteurs sont totalement impartiaux, que l'invitation « A vous de juger adressée aux lecteurs n'est nullement infléchie et sollicitée dans une direction? La verve et l'intelligence de Chardère et de ses amis lyonnais ne se mettent pas si aisément sous le boisseau (qu'ils me pardonnent l'allusion évangéUque!), et c'est tant mieux, bien qu'ici elles s'exercent plutôt aux dépens d'un cinéaste pour lequel nous avons plus de sympathie que nos cadets. Il reste que Cordelier fut une erreur et le Déjeuner sur l'herbe une glissade. Mais enfin avec plusieurs hélas on ne fait pas un holà ni un haro. Les jeunes critiques vieilliront aussi. La liberté d'esprit et de plume de Premier Plan apporte plaisir et réconfort. Nous souhaitons pourtant qu'il nous donne, en plus de ses dossiers, ces études vives et mordantes auxquelles il nous avait habitués.

X. T.

Philippe BEAUSSANT. Le Jeu de la pierre et de la foi. Coll. Le Chemin. Gallimard. 1962. 168 pages 12,50 NF. « J'ai suivi l'auteur comme un compagnon de route et de méditation amoureuse ̃ déclare Marcel Arland dans la préface qu'il consacre à cet c essai de Ph. Beaussant. Et c'est bien ainsi qu'il convient de se laisser conduire en cette sorte de pèlerinage Il n'est réservé qu'à de rares savants d'être de bons guides. Ph. Beaussant possède ce don il en sait visiblement beaucoup plus long sur l'art roman qu'il ne nous en dit, mais il a choisi pour nous avec un tact discret certains lieux, certaines choses qu'il nous montrerait de préférence la nef de Cunault, ï'Isaïe de Souillac, l'Eve rampant d'Autun, le tympan et le Moulin mystique de Vézelay, etc. Pourquoi? Laissons-nous donc guider. Ph. Beaussant enferme en des formules d'une plénitude sans opacité les trésors de sa science et l'enthousiasme de sa ferveur. Ce coup d' « essai est un coup de maitre.

A. Ravieh.


ROMANS

Alain Prévost. Les amoureux d'Euville. Editions du Seuil, 1962. 188 pages.

Alain Prévost a-t-il voulu compenser, par quelques audaces voyantes, ce que son roman peut avoir de traditionnel dans la forme? Il n'a pas craint de mettre dans la bouche d'un de ses personnages certaines grossièretés, cotées en littérature, mais qui sont choquantes quand elles s'adressent à Dieu. C'est une disgrâce qu'en son fond le livre ne mérite pas. Son thème est loin d'être sans intérêt. Il s'agit du conflit des habitudes et de la liberté.

Les habitudes revêtent la cravate du notaire, la robe noire de la dévote, empruntent les impératifs de l'ordre, de la régularité, de l'économie. Quant à la liberté, nous la voyons haïr le plus volontiers ce qu'elle prisait la veille; une mère qui ne se laisse pas oublier, une épouse trop enfermée dans sa piété, un mari que les humeurs de sa jeune femme trouvent inadapté, une pauvre fille dont on saccage la vie, par crainte de sacrifier à l'amour une problématique vocation d'écrivain. En fait, les ̃ amoureux d'Euvllle ont un penchant secret pour la prison de leurs habitudes; ils ne connaissent que l'abdication ou son contraire, la révolte. Ils se calfeutrent derrière leurs barreaux ou bien ils en changent. Car il n'est plus despotique habitude que de n'en pas avoir et si les tentations de la routine éteignent l'esprit, les sirènes de la sensibilité débridée l'égarent fâcheusement. Les unes comme les autres tendent au-dessus des nostalgies humaines un plafond assez bas.

Fines, ingénieuses, imagées, les observations d'Alain Prévost n'ont pas l'ambition de l'élever.

Edouard Peisson. Grampus. Roman. Grasset, 1962. 339 pages, 12 NF. Souvent déjà, nous avons signalé les romans d'Edouard Peisson où la mer instruit les hommes de leur grandeur, à la rude école du risque et de la responsabilité. Aujourd'hui, Edouard Peisson se penche sur son passé, nous conte, et se conte à lui-

Hedwige Louis-Chevrillon.

même, sa vocation de marin et de romancier de la mer. Conte fantasuque où l'imagination et la mémoire se renvoient la balle, le merveilleux empruntant au réel, recevant de lui sa vérité. Dans la nuit de Noël, Petit Stjin engage le dialogue, Petit Stjin qui n'est autre que le romancier luimême, l'enfant qu'il fut, appelé par la mer. Car Grampus, l'épaulard légendaire, est le visage de la mer, le nom qu'elle s'est donné. Or, voici que d'autres ombres se joignent à la conversation, quelques-uns des héros du romancier, de Passage de la ligne, du Pilote, du Sel de la Mer, du Quart de Nuit, et qui en évoquent d'autres encore. Mais Vox, Naublanc, Jaubert ne sont-ils que des personnages? Quels noms portaient Godde et Bush dans le monde des vivapts? Pourquoi le commandant Val prend-il la place de Vox? Tout au long de cette nuit, nous passons et repassons du conte à l'histoire, du journal au roman. Et quand, le matin venu, Petit Stjin parle le dernier, c'est la voix de l'homme que nous entendons, celui qui, marin et romancier, a tiré du combat avec Grampus la virile leçon Tu n'as pas été vaincu puisque tu continues à te battre. ̃

Jean RIMAUD.

Giuseppe Tomasi di Lampedusa. –Le professeur et la sirène, traduit de l'italien par Louis Bonalumi. Édit. de Seuil, 1962. 156 pages. Un seul livre conquit au Prince de Lampedusa, près de mourir, une audience universelle. Ses lecteurs sont restés sur leur soit d'une source si généreuse et si soudainement tarie. Quelques pages ont échappé au définitif silence, d'autant plus dignes d'accueil qu'elles ne sont pas publiées, comme tant de textes posthumes, contre le choix précis de leur auteur disparu ce sont trois nouvelles dont une préludait à un projet de roman auxquelles s'est ajouté le rappel de certains souvenirs d'enfance, moins axés sur l'enfant lui-même que sur les lieux et les circonstances dont il a capté l'exquise poésie.

La Sicile du Guépard ressurgit, synthèse


de simplicité sauvage et de raffinement fastueux, comme en ces architectures baroques où la grâce des ̃ loggia et les terrasses superflues viennent rehausser la beauté de l'édifice central. Sur son univers natal, Tomasi di Lampedusa jette un regard d'une prophétique acuité. S'il en ressent profondément le charme original, l'intention morale et sociale de son œuvre le dépasse et le juge. A cette exigence secrète s'allie une aspiration plus essentielle. Son goût méditerranéen des voluptés naturelles rencontre en lui la nostalgie d'un amour supérieur. Une chasteté à la fois hautaine et brûlante conduit le < Professeur », fidèle au souvenir de la ̃ Sirène ̃ – être à la fois animal et divin à chercher une transcendance dans la mort au milieu des flots.

Comment ne pas reconnaître, sous un masque d'emprunt, l'aspiration chrétienne indissociable, sans doute, en Italie, de l'antique héritage du paganisme?

Hedwige Louis-Chevriixon.

Nicole CASANOVA. La ville qui penche. Roman. Gallimard. 1962. 194 pages, 8,50 NF.

Marc MANCIP. – Le temps de la terre. Roman. Gallimard. 1962. 230 pages, 9 NF.

Le même jour, nous recevions de l'éditeur commun ces deux petits romans, et le hasard d'un voyage nous permettait de les lire à la file. Les brefs renseignements biographiques nous avaient frappé par leur similitude même âge, mêmes études d'allemand, fiche signalétique identique! Les journalistes, qui savent tout, nous disent que les deux auteurs sont mari et femme.

Les sujets sont très divers Mn* Casanova évoque (vu par un Français ami) le Berlin tragique d'après-guerre, bloquant en images pitoyables les ruines de 1946 et le mur de la honte ». Marc Mancip analyse l'angoisse d'adolescents qui pressentent une rupture sans appel entre leurs parents, divisés par l'autoritarisme de la grand' mère, insupportable au père dont l'épouse demeure petite fille craintive; leur affection inventive parviendra à ramener leur père. Mais la ̃ technique » littéraire est la même, qui cherche à nous faire voir les faits, en euxmêmes insigniflants, à travers la résonance émotive qu'ils suscitent dans la conscience du narrateur (ces romans sont écrits à la

première personne), et nous fait participer à leur « sympathie ». Le Français qui raconte son séjour à Berlin (le masculin ne parvient pas à masquer une affectivité très féminine) vit intensément le malheur et la honte de ses amis allemands; les grands enfants « vivent ta souffrance de leur père, et, en s'y opposant, ils participent à son désir d'une liberté que la belle-mère lui refuse constamment. Et ces sympathies sont chrétiennes, d'un christianisme qui se veut responsable des autres et accepte de porter, de manière trop anxieuse, leur peine. Ces romans demanderaient une mise au point; l'Idée juste de porter la souffrance des autres dans la prière et les analyses très fines qui en sont proposées me paraissent marquées de quelque dolorisme inquiet, et ridée même de la prière n'est pas assez purifiée de certaine impatience d'un exaucement sensible. Du moins cette ̃ dimension » chrétienne, discrète, mais effective, nous rend très sympathiques ces essais jeunes et prometteurs.

H. HOLSTEIN.

FRISON-ROCHE. Le Rapt. Roman. Arthaud. 1962. 311 pages, 14,40 NF. Bien que le récit soit habilement conduit, l'intérêt n'est pas dans le roman avec sa double intrigue vol de troupeaux entre clans jaloux, amour de Paavi et de Kristina. Mais ayant découvert le Grand Nord, Frison-Roche veut nous faire participer à la joie de cette découverte. Or, il excelle à décrire. Mais, plus encore, il veut partager avec nous, nous communiquer sa sympathie pour les Lapons et leur sort. Simon Sokki, le chef du clan, sa fille Kristina, et le finnois Paavi occupent le devant de la scène. Mais le vrai débat est entre Fru Tideman et le docteur Olafsen. Ils ont tous les deux donné leur vie aux Lapons, avec un désintéressement égal. Mais la première veut les arracher à leur misère matérielle et morale et, pour faire leur bonheur, les sédentariser. Le second, sans illusion sur le sort qui attend les derniers nomades, pense qu'aucune autre vie que celle qu'Us mènent, si rude qu'elle soit, ne leur donnera le bonheur qui est le leur et dont la bonne Fru Tideman voudrait les priver par bonté. On devine que Frison-Roche préfère Olafsen.

Jean Rimaud.


Avant de présenter, sous différentes rubriques, des disques choisis parmi les meilleurs de l'année et jusqu'à présent passés sous silence en nos chroniques; avant de signaler également les plus récents enregistrements de valeur qui nous sont parvenus, nous voudrions attirer l'attention sur ce qui nous apparaît comme un des événements majeurs de cette « année discographique nous voulons parler de l'enregistrement de la TurangalUa-Symphonie de Messiaen. Les diverses déclarations de l'auteur au sujet de cette œuvre ne coïncident pas exactement entre elles et, finalement, elles importent peu. devant ce qu'il nous est donné d'entendre. Nous avons eu l'impression, sans cesse accrue, d'assister à la naissance même de la musique, à travers la luxuriance des timbres, la rigueur et la beauté de la ligne mélodique, émergeant de leur fouillis. Nous sommes au Royaume de l'expression, tout en soupçonnant à telle figure rythmique obstinée la prodigieuse architecture de cette composition, dont les explications de l'auteur soit dans le disque accompagnant J'album, soit dans ses entretiens avec A. Goléa permettent de se faire une idée seulement approximative. L'enregistrement réalisé en présence de Messiaen, réalisé par M. Le Roux, à la tête de l'Orchestre National, est excellent cependant certains passages nous paraissent un peu compassés on imagine un jaillissement plus dru, à l'image de la vie. La prise de son est bonne, mais le déséquilibre entre l'orchestre et le piano est-il volontaire? Cependant, malgré ces légères réserves, l'achat de cette œuvre s'impose à qui veut posséder un jalon ferme qui lui permette de mieux suivre le chemin que parcourt la musique de notre temps; ceci n'est évidemment qu'un aspect, somme toute, secondaire au-delà d'une connaissance, cette œuvre est toute musique, et de la meilleure. VEGA C 30 ST 20.033 /4 (2 X 30, en album).

Les Solistes: voici tout d'abord trois rééditions de grands interprètes de Chopin. Cortot signe les quatre ballades et la fan-

DISQUES ÉTRENNES

taisie en fa mineur; réalisé en 1933, cet enregistrement compte parmi les plus belles Interprétations de Chopin qu'il ait été loisible d'entendre à ce jour. COLUMBIA COLH 91 (30). L'intégrale des Nocturnes revient à Rubinstein il se dégage de cet enregistrement haut en couleurs un charme pénétrant, bien que nous préférions le rythme d'un Cortot. VOIX DE SON MAITRE FALP 30,240 (2 X 30). La sonate en si bémol, la fantaisie en fa mineur et la barcarolle en fa dièze majeur: tel est le programme de Nat. La re-gravure a subi une nette amélioration. L'interprétation très réfléchie, parfois trop personnelle, la splendide sonorité ne sauraient laisser indifférent. DISCOPHILES FRANÇAIS DF 730.041 (30). Richter nous offre la sonate en ut majeur « inachevée de Schubert. Maltrise du pianiste, style sobre qui rejette l'effet, sonorité profonde un ̃ grand > disque. Peut-être le ̃ romantisme de l'interprète pèche-t-U parfois par trop de discrétion! LE CHANT DU MONDE LDX S 8.295 (30). Le disque intitulé Richter à Paris a surtout valeur de document. Il conserve toute la fraîcheur et la tension d'une Interprétation publique. Avec la sonate en mi bémol majeur de Haydn, ce sont les quatre Préludes de Debussy, qui font le charme de ce disque. LE CHANT DU MONDE LDX S 8290 (30). Des duos de violons: telle est la pâture que nous proposent David et Igor Oistrakh; des œuvres jouées, retenons la belle sonate op. 26 de Prokofleff cette œuvre, toute de poésie, est magnifiée par une interprétation toute de verve et de délicatesse. LE CHANT DU MONDE stéréo XA 8280 (30). Revenons au piano, pour signaler la performance d'Idil Biret les Variations sur un thème de Haendel et sur un thème de Paganini de Brahma, qu'elle joue, justifient pleinement la réputation de cette pianiste de vingt ans. VEGA C 30 A 345 (30). La Renaissance: La Messe De Beata Virgine de Joaquin des Prés est un des chefs-d'œuvre de la Musique de tous les temps et l'enregistrement réalisé par l'ensemble vocal Roger Blanchard est à la


hauteur de l'œuvre. Si tout n'était admirable, que préférer? le dépouillement, la sobriété, le calme du Credo ou l'enthousiasme triomphant du Sanctus ? Netteté des voix, gravure parfaite, prise de son détaillée recommandent ce disque. DISCOPHILES FRANÇAIS stéréo DF 740.015 (30). Nous retrouvons les mêmes qualités de fini et d'expression dans les Chansons françaises de Janequin retenons surtout l'articulation très nette des paroles, point important en ce genre de musique. Si la Bataille de Marignan essouflle un peu le quatuor vocal, la sensibilité de ce dernier et la précision de l'architecture sonore nous ont ravi. VALOIS Stéréo MB 928 (30). Inférieurs aux précédents au point de vue interprétation et gravure, les Polyphonistes Italiens retiennent cependant l'attention ne serait-ce qu'en nous permettant d'entendre des madrigaux de Palestrfna ou d'Arcadelt nous sommes tellement habitués à ne voir en eux que des compositeurs de musique sacrée. ORPHÉE LDO B 21.030 (25).

XVIIIe siècle: les enregistrements d'oeuvres de J.- S. Bach n'ont point fait défaut cette année encore. Retenons l'intégrale des sonates pour flûte réalisée par J-P. Rampal et R. Veyron-Lacroix. Ces disques sont des merveilles de rigueur technique; on ne sait qu'admirer le plus de la précision ou de la souplesse ou de l'entente qu'ils apportent à traduire ces pages admirables. Enregistrement stéréophonique et gravure parfaits. ERATO STE 50.121 /2 (2 X 30). Continuant l'intégrale souhaitons-le! des Cantates, Werner nous offre les 4 et J4, les 43 et 182. Malgré la consécration app:> r tée aux deux premières par le grand prix qu'elles ont obtenu, nous avons préféré_.les deux dernières, surtout la 182 où Jl nous semble que Werner réussit à traduire remarquablement l'audace et la foi du Cantor, faisant chanter à ses chœurs « Jésus, ta Passion est pour moi la joie suprême. Sur les mérites de Werner, nous renvoyons à notre analyse parue dans Études, avril 1962, p. 141. ERATO STE 50.084 et 87 (2 X 30). Après les concertos pour violons et orchestre (VOIX DE SON MAITRE FALP 30.222) Yehudi Menuhin nous fait entendre les Quatre suites pour orchestre: nous n'avons pas été totalement. satisfait par cette audition (tempi discutables allure légèrement romantique prise de son correcte sans plus). Nous faisons exception pour la 4* suite qui reçoit ici

une de ses meilleures interprétations. LA VOIX DE SON MAITRE ASDF 205/6 (2 X 30). La version du Magnificat par Grischkat se hisse d'emblée au tout premier rang des versions jusqu'ici parues (tempi justes solistes exceptionnels). Réalisée en version économique, la gravure demeure honnête on rêve cependant de l'édition artistique et stéréophonique d'une interprétation aussi splendide. ORPHÉE LDO B 21.035 (25). Grandu orgues et fanfares à Nolre-Dame: neuf chorals enregistrés par P. Cochereau, secondé par un ensemble de cuivres sous la direction de A. Birbaum. Que l'on ne cherche pas ici le dépouillement tout intériorisé auquel on associe ordinairement ces pièces. Le but poursuivi est tout autre il s'agit de s'imposer avant tout par le faste et ceci intéressera tous ceux qui aiment à goûter toute la gamme des possibilités de l'instrument-roi. Signalons la netteté expressive des basses. PHILIPS L 00.568 (30). La discographie de Haendel s'est augmentée d'un inédit la découverte d*un manuscrit de la Resurrezione permet d'établir un nouveau texte de cet oratorio de Pâques. L'interprétation que nous en donnent les chœurs et l'Orchestre de Chambre Santini de Munster, sous la direction de Ewerhart, nous a séduit car elle traduit avec vigueur et précision cette joie de vivre et de chanter, un peu superficielle par endroit ce n'est pas diminuer ce disque que de reconnaitre à l'écriture du jeune Haendel quelques faiblesses. Oratorio à connaître. VOX VUX 2.012 (2 x 30).

Pierre Barbizet a enregistré les concertos 21 et 22 de Mozart sous la direction de Rampal, promu chef d'orchestre. La qualité de cette interprétation consiste surtout dans la technique très sûre du soliste. Nous aurions désiré plus de tension et d'unité entre les diverses parties des mouvements; parfois aussi plus d'élan. Prise de son stéréo excellente. BOITE A MUSIQUE 5.078 (30). Quelques extraits de motels de Delalande, interprétés par la Maitrise de Nantes, nous sont offerts par PASTORALE ET MUSIQUE. PM 25.050. Soulignons l'enthousiasme et la splendeur des voix d'enfants. Dommage que l'orchestre, dans ses interventions, ne se hisse pas à leur hauteur et qu'il lui arrive d'être en retard. Prise de son fidèle.

XIX* siècle: O. Klemperer a beaucoup enregistré ces derniers temps. Nous ne saurions dire notr* joie d'entendre un


orchestre enfin « dirigé >; la musicalité d'ordinaire est excellente, mais on pourrait lui reprocher parfois une certaine lourdeur qui, si elle nuit peu à la Septième Symphonie de Beethoven. COLUMBIA SAXF 217 (30), gâte davantage le plaisir du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn. COLUMBIA SAXF 209 (30). Par contre, nous avons applaudi à la Symphonie 4 de Schumann les alternances de détente, de rêveries et de tension, de bacchanales, le dynamisme et la précision, la prise de son très claire rendent l'audition enthousiasmante. Au revers, la Symphonie 4 de Mendelssohn nous a moins convaincu. COLUMBIA SAXF 218 (30). Si la Symphonie 4 de Dvorak bénéficie d'une interprétation satisfaisante, voire convaincante SUPRAPHON SUA ST 50.004, la Symphonie 4 de Brahms méritait mieux Hans Schmidt-Isserstedt ne commet aucune faute musicale tout cela est bien joué mais sécrète un mortel ennui. VOX STGBY 512.270 (30). Les Tableaux d'une Exposition de MoussorgskiRavel bénéficient d'un nouveau procédé technique d'enregistrement sur film et non plus sur bande magnétique. Le relief sonore est beaucoup plus accusé que d'ordinaire, mais cela ne va pas sans inconvénient quant à l'interprétation d'ensemble. Nous avons la révélation de notes jamais ou rarement entendues d'ordinaire; les contrastes sont plus impressionnants et le timbre des instruments plus pur et plus riche d'harmoniques cependant le procédé se révélera sans doute fatal à des chefs d'orchestre, sinon moins personnels, du moins pas aussi habiles que A. Vandernoot. LA VOIX DE SON MAITRE/COMMAND Stéréo ASDF 2.001.

Les contemporains: Daphnis et Chloé de Ravel a-t-il jamais été mieux servi que par Mùnch? Sans que soit omis un seul détail de l'analyse, l'œuvre entière est soulevée par une ivresse dionysiaque, une chaleur de sentiment qui ne manqueront pas de bouleverser l'auditeur d'une telle re-création. Est-il possible de faire mieux? La prise de son est sensationnelle. RCA Stéréo 640.694 (30). Cluytens, pour sa part, entreprend l'intégrale de l'œuvre pour orchestre de Ravel. Le volume 1, qui comprend le Boléro, la Valse et la Rapsodie le espagnole laisse bien augurer de la suite. Peut-être manque-t-il parfois de ce lyrisme assez sensuel qui faisait le prix de l'interprétation de Mûnchl COLUMBIA SAXF 231 (30). Quoi qu'il en soit de ce détail,

Cluytens surpasse Vandernoot qui a enregistré également la Rapsodie espagnole de Ravel de façon assez terne. Il se rachète dans Espafla de Chabrier et nous donne un bon enregistrement de l'Amour Sorcier de Falla; cependant l'Espagne de Vandernoot manque un peu de couleurs, de contrastes et de vie. Bonne prise de son. LA VOIX DE SON MAITRE ASDF 128 (30). Les admirateurs d'Honeggerpourrontse réjouir: l'interprétation des symphonies 2 et 3 « Liturgique par l'Orchestre Philharmonique Tchèque, que dirige Baudo, est en tout point remarquable. Bruit de fond parfois gênant, mais l'enregistrement stéréophonique est satisfaisant. SUPRAPHON 50.027 (30).

Musique religieuse: nous avons déjà eu l'occasion de signaler l'effort tenté par les compositeurs contemporains pour réaliser l'union d'une foule et du chœur. Après avoir jugé sévèrement certaine réalisation récente, nous avons reçu trois enregistrements d'oeuvres répondant à ce canon et qui nous ont plu davantage la Messe responsoriale des Anges, du P. Martin PASTORALE ET MUSIQUE PM 25.032 la Messe du Tiers de Boësset qu'interprète la Chorale « Alléluia •, dirigée par l'abbé Reboud SM 45-91 et la Messe Responsoriale · Orbis Factor de J. Che111ey LUMEN AMS 12.024 (45) sans jeter le moindre discrédit sur les deux premières, la composition de Chailley a nos préférences. Nous espérons revenir plus tard sur ces réalisations qu'aucun maître de chapelle, et même aucun prêtre soucieux d'animation liturgique, ne voudra ignorer. Poursuivant l'édition des entretiens donnés jadis à la Radio, JÉRICHO nous offre les n01 6 et 5 de* la Plus belle histoire du Monde, racontée par lè^. Roguet nous renvoyons nos lecteurs à notre appréciation chaleureuse parue dans Études, juillet-août 1962, p. 157. JERICHO 504/5 (2 X 17).

Ce n'est pas le dernier disque du P. Deiss, Acclame Dieu, qui nous fera revenir sur notre opinion exprimée l'an dernier dans cette critique. Sur le plan technique, ce disque est remarquable et n'appelle que des louanges. Reste le problème du genre lui-même, de son utilisation et de l'esthétique qu'il commande disons seulement qu'il n'emporte pas encore notre adhésion. SM 33-100 (30).

Signalons dans la série Hommage un excellent Dom Lucien David. SM 25M-102 et un disque-vitrail, à offrir au jour de la


communion solennelle Reste avec nous, Seigneur Jésus. SM 45-92 (17).

JÉRICHO, dans un style très dépouillé, présente Sept Motets pourlle temps de la Passion, dont chacun est précédé d'une courte méditation. Réalisation très sobre (tout spécialement en ce qui concerne la partie chantée quatuor d'hommes à cappella) et qui atteint vraiment son but susciter la prière, le simple regard de foi sur la souffrance intérieure du Christ en sa Passion. JER 401 (25),

Un disque de Noél qui nous a beaucoup plu par le choix, les harmonisations, les orchestrations et l'interprétation de ces Berceuses à l'Enfant-Dieu, est édité par PASTORALE ET MUSIQUE PM 25.022. Nous souhaitons beaucoup d'enregistrements de cette qualité.

Diction: L'enregistrement de quelquesuns des plus beaux moments du Carême de 1662 que Bossuet prêcha devant Louis XIV, sera utile à tous ceux qui se font une idée trop majestueuse du grand sermonnaire. Ils ne manqueront pas d'être étonnés, peut-être remués, par le réalisme de ces appels lancés en faveur des pauvres; par le sens aussi de la Parole de Dieu qui anime cet orateur évangélique, dont saint Vincent de Paul avait décelé la valeur. Par suite, ces extraits seront encore utiles, comme un encouragement et aussi un modèle, à tous ceux qui se soucient de rompre pour les. fidèles le pain de la doctrine. U y a là un exemple mémorable de ce que doit oser celui qui veut ouvrir les cœurs à Dieu. Les « morceaux choisis » des différents sermons forment des mouvements cohérents, auxquels le R. P. Riquet sait donner, tantôt le ton du constat objectif, tantôt celui d'une ardeur contenue. Que l'auditeur soit donc attentif à cette

progression oratoire très prenante et passe sur une certaine recherche de diction, inhérente peut-être à la reconstitution du climat historique de ce Carême. CRITÈRE CRD 330 (30).

C'est une bonne idée d'avoir conjugué des passages de la vie de M. Pascal par sa sœur, et des textes aussi célèbres que le Mémorial ou tel fragment des Pensées. L'auditeur sent ainsi quelle existence a autorisé un tel témoignage, et le poids qu'il en tire. J. Négroni prête à Pascal une voix directe, tantôt précise comme la dialectique, quelquefois sourdement lyrique, jamais apaisée, toujours passionnée. Telle fut bien l'âme de Pascal. On regrette dans le Mystère de Jésus la voix sans doute trop éthérée du Christ. L'ensemble permet une rencontre profonde avec tout un milieu spirituel, et surtout avec un homme qui ne cesse, salutairement, de nous inquiéter. Présence de Pascal: PASTORALE ET MUSIQUE. PM 25.041 (25).

Personne, pensons-nous, ne trouvera long l'exposé par lequel le P. Llégé a conclu, le débat sur l'athéisme, organisé l'an dernier par les Informations Catholiques Internationales ». Position ouverte, courageuse sur un sujet qui ne peut laisser un chrétien indifférent. Position tenue avec dynamisme il y passe comme une ferveur à la fois familière et prophétique. On aurait souhaité que le disque, dès le début, mette l'auditeur dans l'atmosphère de la salle où fut portée cette conclusion. Ce n'est là qu'une question de présentation. On a en tout cas, dans ce disque, un excellent point de départ pour une réflexion en groupe, ou même seul et en silence, en union avec les préoccupations des Pères du Concile. JÉRICHO JER 18 (30). Yves JOLLY,


N. B. Les nombres indiquent :le premier, la tomaison; le second, le numéro (correspondant au mois); le troisème, la pagination.

Abeya F. Voir JOLLY Y.

Abirached R. Carnet de théâtre, 312, 1, 118-122; 312, 3, 423-427; 313, 5, 248-251; 314, 7-8, 131-133; 315, 11, 280-283.

La Judith de Giraudoux, 312, 2, 248-252.

Le Théâtre dans la Cité Aristophane, Calderon, Behan, 313, 4, 99-103.

Mon Faust, de Paul Valéry, 313, 6, 389-393.

Un jeune auteur nommé Vitrac, 315, 12, 376-379.

AGEL H. Trois visages du sacerdoce, 312, 1, 88-95.

Grandeur du Western, 312, 3, 399-405.

Orson Welles ou le triomphe du baroque, 313, 5, 215-223.

Sainte Jeanne d'Arc, 314, 9, 262-273. AYFRE A. Cinéma, morale et culture, 312, 2, 182-201.

BARBIER J. Notre-Dame des Sans-Abri, à Lyon, 313, 5, 209-214.

BARJON L. Les Prix littéraires (P. Sollers, H. Thomas, R. Bordier, J. Cau), 312, 1, 58-65.

Les romans (J. Ferniot, J.-P. Chabrol, M. Mohrt, G. Buis), 312, 2, 241-247.

Id. (Y. Grosrichard, P. Moustiers, R. André, J. Chauviré), 313, 4, 89-98. Id. (J. Tétu, P. Courtade, G. Marcotte), 314, 7-8, 100-109.

Id. (M. Zermatten, A. Huré, Y. Chauffln, J. de Bourbon Busset), 314, 9, 252-261.

Id. (J. Ségnaire, M. Schumann), 315, 11, 251-255.

BEAUCHAMP P. Un Vocabulaire de Théologie Biblique, 314, 7-8, 120-122. BEIRNAERT L. Les vocations aux états de perfection dans le monde d'aujourd'hui, 312, 2, 268-269.

Formation au dialogue d'aide. Réflexions sur une expérience de groupe, 313, 6, 300-311.

TABLES DE 1962

(TOMES 312, 313, 314, 315)

I. ORDRE DES AUTEURS

West Side Siory Montaigus et Capulets en blousons noirs, 315, 11, 279-280.

Le P. Bruno et la psychologie religieuse, 315, 12, 394-398.

BERTHET E. L'Organisation Mondiale de la Santé, 313, 4, 53-68.

BLANCHET A. Un art chrétien traditionnel la chapelle de Bernard Buffet, 312, 3, 420-422.

– Comme à travers le feu. Un curé de campagne écrit un nouveau Journal d'un curé de campagne, 315, 11, 210-219.

Bonnichon* A. Atlantique monde où l'on s'allie, 312, 3, 350-360.

Voix chinoises derrière le rideau, 313, 5, 204-208.

Planification démocratique, 313, 6, 289-299.

Laos, Viêtnam deux claviers, 313, 6, 412-414.

Les barbelés de Hongkong, 314, 9, 232-238.

William Styron et le second Œdipe, 315, 10, 94-103.

Bosc R. Chronique de la révolution cubaine, 314, 7-8, 80-83.

BREUVERY E. de. Pays sous-développés et sources nouvelles d'énergie, 312, 1, 46-57.

BRIEN A. L'homme moderne devant la vie éternelle, 315, 12, 317-329.

CARLES J. Les animaux sont-ils intelligents ? Le sens de l'orientation, 314, 7-8, 63-71.

CARSALADE DU PONT H. de. Deux reprises à l'Opéra les Troyens et le Bal masqué, 312, 2, 274-277.

Activité des théâtres lyriques, 313, 4, 115-118.

Musique et musiciens contemporains, 313, 5, 251-254.

La saison musicale, 314, 7-8, 133139.

Technique du chant, 314, 9, 239-251. Le Martyre de Saint Sébastien, 315, 10, 80-86.


Gilbert Bécaud et Carl Orff, 315, 12, 383-385.

CHAULEUR P. Heures graves au Ghana, 312, 1, 110-114.

Le Tanganyika est devenu indépendant, 312, 2, 231-234.

Le Kénya à l'heure du choix, 313, 4, 84-88.

L'Uganda, menacé par des luttes intestines, au seuil de son indépendance, 313, 6, 381-388.

Les étapes de l'indépendance du Ruanda-Urundi, 314, 9, 225-231. Indépendance dans l'archipel des Caraïbes, 315, 10, 134-135.

Flambée raciale sous l'Équateur, 315, 11, 277-279.

Cusumano S. Une histoire à Irkoutsk, 312, 1, 72-78.

DAINVILLB F. de. L'école et le IV- plan, 314, 9, 161-184.

Daniélou J. Unité et pluralité de la pensée chrétienne, 312, 1, 3-16.

Signification de Teilhard de Chardin, 312, 2, 145-161.

L'angoisse de l'Occident devant le Tiers Monde, 314, 7-8, 3-18.

La mort de Louis Massignon, 315, 12, 398-399.

DAOUST J. Le Cardonnel et Huysmans à Ligugé (1900-1901), 315, 11, 179-192.

Dejaifve G. Le dialogue dans l'Église, 312, 3, 361-370.

Delanglade J. & Araud R. Réflexions sur l'euthanasie, à propos du procès de Liège, 315, 12, 305-316.

ECK M. L'éducation du sentiment de culpabilité, 315, 12, 330-342.

Etienne J.-P. Médecine 1962, 314, 7-8, 19-31.

FAFET G. Alexandre de Beauharnais, 314, 9, 215-224.

FARCY H. de. Refonte de l'enseignement agricole, 312, 1, 27-45.

Révolution dans l'épicerie, 313, 4, 23-36.

Fessard G. Paix et guerre comment défendre l'Occident? 313, 6, 349-368. GELINEAU J. Liturgie et Vie spirituelle, 314, 7-8, 124-126.

Gérard A. Progrès dans la conquête spatiale, 315, 12, 372-375.

GIULIANI M. Foi ou fanatisme? 315, 11, 161-165.

GOMANE J.-P. L'italianisme de Stendhal, 313, 4,.37-52.

Holstein H. Réflexion chrétienne et problèmes rnraux, 312, 1, 104-106. Étalages et jouets de Nuél, 312, 1, 106-107.

Les nouvelles régions apostoliques, 312, 1, 107-109.

Échec de l'Action Catholique? 312, 2, 260-263.

La foi et les jeunes, 312, 3, 333349.

Pour un christianisme adulte », 312, 3, 414-416.

Les sœurs missionnaires des campagnes, 312, 3, 416.

Le mémorial du Père Doncoeur, 312, 3, 417.

Action catholique rurale et ouvrière, 313, 5, 233-237.

Le secrétariat de l'épiscopat, 313, 5, 237-239.

Petits séminaires et discernement des vocations, 313, 6, 402-406.

Le nouveau rituel du baptême des adultes, 314, 9, 283-286.

L'Église, « signe parmi les nations », 315, 10, 45-59.

Les chrétiens dans le monde rural, 315, 10, 113-119.

̃ Opération trois mois 315, 10, 119-121.

– Réformes pastorales dans le diocèse de Paris, 315, 11, 267-271.

Hooo M. Une exposition d'Art français au Japon, 313, 5, 245-246.

HOUILLIER F. L'agriculteur est-il périmé .? 313, 6, 312-329.

Houhs F. Recherches nouvelles sur l'art préhistorique, 312, 2, 202214.

Jacquin R. Pour le centenaire de la mort de Taparelli, 312, 2, 235-240. JOLLY Y., avec Abeya F.; Lab arrière P.-J. & Toison L. Les disques, 312, 1, 141-143; 312, 2, 301-303; 312, 3, 445-447; 313, 4, 141-143; 313, 5, 283-285; 313, 6, 429-431; 314, 7-8, 157-159; 314, 9, 301-303; 315, 10, 157-159; 315, 11, 301-303; 315, 12, 440-443.

Labarkière P.-J. Voir JOLLY Y.

Lassevot D. Pouvons-nous aider nos élèves musulmans? 312, 2, 162181.

LATREILLE A. École et Églises, 313, 6, 330-348.

LAURAS A. Paradoxal Faulkner, 315, 10, 87-93.

Lavalette H. de. Du nouveau sur Loisy? 315, 12, 417-419.

LE BLOND J.-M. Documents d'Église et Options politiques, 312, 2, 269-270. Conservatisme et catholicisme aux États-Unis, 312, 3, 371-378.

Violence, bien commun, charité, 312, 3, 418-420.

Application de la loi scolaire, 313, 4, 110-112.

Indépendance de la Guyane britannique, 313, 4, 119-120.

La mort du P. Capello, 313, 5, 232-233.

Bilinguisme libanais, 313, 5, 244.


Le sens religieux de l'œuvre du Père Teilhard de Chardin, 314, 7-8, 122-124. R Mise en garde contre le Père Teilhard de Chardin, 314, 9, 280-283.

Lecler J. L'œcuménicité des Conciles. Un aspect de leur histoire, 315, 10, 4-20.

– Sur les doctrines du tyrannicide, 315, 11, 226-231.

Mambrino J. Le carnet des poètes, 315, 11, 232-250.

Marle R. Le cardinal Wyszynski à Rome, 313, 4, 114-115.

La réussite du Concile est-elle assurée ? 313, 5, 190-195.

L'Europe au programme des Semai- nes Sociales, 314, 7-8, 127-128.

– Aggiornamento •, 315, 10, 21-29. La Semaine Sociale de Strasbourg sur l'Europe, 315, 10, 125-132.

L' « affaire du Spiegel, 315, 12, 369-371.

Morel G. Ni animal, ni dieu. A propos du Matin des magiciens, 313, 5, 176-189.

Onimus J. Jeunesse inoccupée, 312, 3, 321-332.

Le monde moderne et le sacré, 315, 11, 166-178. l PERCHENET A. Communautés religieuses de femmes dans l'anglicanisme, I 312, 1, 17-26.

Porcher J. L'art européen vers 1400, i 315, 12, 380-383.

Quéouiner M. Inde Élections 1962, 313, 5, 241-242.

Ravier A. La jeunesse en questions, 312, 3, 306-320.

Peintures sur porcelaine de Antonietta Lande, 313, 5, 246-247.

Jean-Jacques Rousseau ou l'insecte au milieu de sa toile », 314, 7-8, 49-62.

Livres de vacances, 314, 7-8, 155-156.

Les Cercles de familles, 314, 9, 198-214.

Sur les chemins des écoliers 1963, 315, 11, 272-274.

Livres d'étrennes, 315, 12, 420-425. Rétif A. La chrétienté vietnamienne, 313, 4, 112-113.

La chrétienté de Formose, 313, 5, 239-240.

Adieu à Mouloud Feraoun, 319; 5, 243.

Progrès du christianisme en Corée, 313, 6, 406-407.

Un appel missionnaire, 314, 7-8, 119-120.

ROELANDT R. La sixième assemblée

plénière des évêques du Congo, 312, 2, 264-267.

rloNnoT P. La Syrie et l'Égypte au lendemain de la rupture, 312, 1, 66-71.

Arts de l'Asie à Paris, 312, 1, 114-117.

Restauration de la Syrie, 312, 2, 271-272.

L'échec du P. P. S. au Liban et l'équilibre oriental, 312, 3, 379-384. Trésors d'art coréen, au Musée Cernuschi, 312, 3, 422-423.

Polémiques en Israël l'Armée est-elle une valeur •?, 313, 4, 81-83. L'art ancien du Tchad, 313, 5, 247-248.

Politique occidentale dans l'Orient arabe, 313, 6, 369-380.

La crise interarabe, 314, 7-8, 72-79. Sengaï au musée Cernuschi une introduction au Zen, 314, 7-8, 128-131.

Réflexions indiennes sur la démocratie, 314, 9, 289-290.

Al Azhar et la Charte Nationale égyptienne, 314, 9, 290-291.

La Conférence du Caire et le Marché Commun européen, 315, 10, 60-69. Une nouvelle crise de l'arabisme, 315, 10, 132-133.

Crise au Yémen, 315, 11, 275-276. Nouvelles attitudes de Gamal Abdel Nasser?, 315, 12, 350-354.

RONNET G. Les Journées Universitaires de Reims, 313, 6, 407-411. RouQuETTE R. De Rome et de la chrétienté (L'encyclique Aeterna Dei sapientia »; L'enseignement du Pape; La préparation du Concile; De l'Est et de l'Ouest), 312, 1, 96-104.

Id. (Message de Noël du Pape; Indiction du Concile; Le latin, langue liturgique; Indissolubilité du mariage), 312, 2, 253-259.

Id. (La préparation du Concile; Deux conférences cardinalices), 312, 3, 406-414.

Id. (L' ouverture à gauche de la Démocratie chrétienne; Le latin, langue de l'Église; L'internationalisation de la Curie Les travaux de la Commission centrale), 313, 4,104-110. Id. (Le Consistoire secret du 19 mars. La violence. L'Algérie; La promotion cardinalice; La préparation du Concile; Relations œcuméniques), 313, 5, 224-232.

Id. (Messages du Pape; La réforme du cardinalat; La préparation du Concile; Le Concile et les Églises non catholiques; Le droit à la critique dans l'Église), 313, 6, 394-402. Id. (Le Pape et l'Algérie; Discours du Pape du sport au recrutement sacerdotal; La préparation du Concile), 314, 7-8, 110-119.


Id. (La préparation du Concile; Du monde œcuménique), 314, 9, 274-280.

Id. (A la veille du Concile; Le Comité central du Conseil œcuménique à Paris), 315, 10, 104-113. Id. (L'ouverture du Concile), 315, 11, 256-267.

Id. (Lettre de Rome), 315, 12, 400417.

Le Conseil œcuménique. New-Delhi 1961, 312, 2, 215-230.

Pauline Jaricot et les Messieurs de Lyon, 313, 4, 3-22.

Une centenaire la soutane, 314 7-8, 32-48.

De la soutane au « clergyman », 314, 9, 286-288.

Le Concile, les Orthodoxes et les Protestants, 315, 10, 30-44.

Roustang F. Morale et politique, 313, 5, 150-164.

Russo F. Les musées scientifiques, 313, 4, 69-80.

Perspectives internationales de l'enseignement, 314, 9, 185-197.

Le xxi" siècle à Seattle, 315, 11, 220-225.

SCHENCK G.-M. Algérie naissance d'un État, 315, 12, 343-349.

SCHNEYDER P. Bruit et silence, 313, 5, 165-175.

Six J.-F. L'Abbé Monchanin, 315, 10, 70-79. as

Afrique. Heures graves au Ghana, P. CHAULEUR, 312, 1, 110-114.

Le Tanganyika est devenu indépendant, P. CHAULEUR, 312, 2, 231-234.

La sixième assemblée plénière des évêques du Congo, R. ROELANDT, 312, 2, 264-267.

Le Kénya à l'heure du choix, P. CIIAULEUR, 313, 4, 84-88.

L'Uganda, menacé par des luttes intestines, au seuil de son indépendance, P. CHAULEUR, 313, 6, 381-388. Un appel missionnaire, A. RÉTIF, 314, 7-8, 119-120.

Les étapes de l'indépendance du Ruanda-Urundi, P. CHAULEun, 314, 9, 225-231.

Flambée raciale sous l'Équateur, P. CHAULEUR, 315, 11, 277-279.

Agriculture. Refonte de l'enseignement agricole, H. DE FARCY, 312, 1, 27-45.

L'agriculteur est-il « périmé «? F. Houillier, 313, 6, 312-329.

Sjôberg Y. « L'art au Canada », à l'exposition du mai de Bordeaux, 314, 7-8, 89-99.

TESSON E. Examen de conscience et accidents de la route, 315, 10, 121-124. TILLIETTE X. Les inconnus de Marienbad, 312, 1, 79-87.

La « voix vivante » d'Antonio Machado, 312, 3, 385-398.

La fin d'un règne, 313, 6, 414-415. Lequier, philosophe tragique, 314, 7-8, 84-88.

Une visite historique, 315, 10, 137138.

Panorama espagnol, 315, 12, 355369.

TOISON L. Voir JOLLY Y.

VERSET J. Peine capitale, peine perdue, 315, 11, 193-209.

Weigert G. La communauté druze en Israël, 312, 2, 273-274.

Ydewalle C. d'. Le don des langues, 313, 5, 196-203.

Joseph Cardyn, 315, 12, 386-393. Aix-en-Provence fête le centenaire de Maurice Blondel, 312, 2, 277-278. Lettre d'Alger, 313, 5, 145-149.

Vers une conception nouvelle de la Renaissance anglaise, 315, 10, 135137.

II. ORDRE DES MATIÈRES

Algérie. Lettre d'Alger, ♦♦ 313, 5, 145-149.

Algérie naissance d'un État, G.-M. SCHENCK, 315, 12, 343-349. Allemagne. L' affaire du Spiegel, R. MARLÉ, 315, 12, 369-371.

Amérique. Conservatisme et catholicisme aux États-Unis, J.-M. LE BLOND, 312, 3, 371-378.

Indépendance de la Guyane tritannique, J.-M. LE BLOND, 313, 4, 119-120.

Chronique de la révolution cubaine, H. Bosc, 314, 7-8, 80-83.

Indépendance dans l'archipel des Caraïbes, P. CHAULEUR, 315, 10, 134-135.

Anglicanisme. Communautés religieuses de femmes dans l'anglicanisme, A. PERCHENET, 312, 1, 17-26.

Arabe (Monde). La Syrie et l'Égypte au lendemain de la rupture, P. RonDOT, a 12, 1, Bo-Vl. 1.


Restauration de la Syrie, P. RonDOT, 312, 2, 271-272.

L'échec du P. P. S. au Liban et l'équilibre oriental, P. Rondot, 312, 3, 379-384.

Politique occidentale dans l'Orient arabe, P. Rondot, 313, 6, 369-380. La crise interarabe, P. RONDOT, 314, 7-8, 72-79.

AI Azhar et la Charte Nationale égyptienne, P. RONDOT, 314, 9, 290291.

La Conférence du Caire et le Marché Commun européen, P. Rondot, 315, 10, 60-69.

– Une nouvelle crise de l'arabisme, P. Rondot, 315, 10, 132-133.

Crise au Yémen, P. Rondot, 315, 11, 275-276.

Nouvelles attitudes de Gamal Abdel Nasser? P. Rondot, 315,12,350-354. Art. Arts de l'Asie à Paris, P. RONDOT, 312, 1, 114-117.

Un art chrétien traditionnel la chapelle de Bernard Buffet, A. BlanCHET, 312, 3, 420-422.

Trésors d'art coréen, au musée Cernuschi, P. Rondot, 312, 3, 422-423. Une exposition d'Art français au Japon, M. Hooo, 313, 5, 245-246. au

L'art ancien du Tchad, P. RONDOT, 313, 5, 247-248.

Peintures sur porcelaine de Antonictta Lande, A. RAVIER, 313, 5, 246247.

i L'art au Canada », à l'exposition du mai de Bordeaux, Y. Sjôberg, 314, 7-8, 89-99.

Sengaï au musée Cernuschi une introduction au Zen, P. RONDOT, 314, 7-8, 128-131.

L'art européen vers 1400, J. PorCHER, 315, 12, 380-383.

Asie. La chrétienté vietnamienne, A. Rétif, 313, 4, 112-113.

La chrétienté à Formose, A. RÉTIF, 313, 5, 239-240.

– Voix chinoises derrière le rideau, A. BONNICHON, 313, 5, 204-208.

– Indes-Élections 1962, M. QuéquiNER, 313, 5, 241-242.

Progrès du christianisme en Corée, A. RÉTIF, 313, 6, 406-407.

Laos, Viêtnam deux claviers, A. BONNICHON, 313, 6, 412-414.

Les barbelés de Hongkong, A. BONNICHON, 314, 9, 232-238.

Réflexions indiennes sur la démocratie, P. Rondot, 314, 9, 289-290.

Cinéma. Les inconnus de Marienbad, X. TILLIETTE, 312, 1, 79-87.

Trois visages du sacerdoce, H. Aoel, 312, 1, 88-95.

Cinéma, morale et culture, A. Ayfre, 312, 2, 182-201.

Grandeur du Western, H. AGEL, 312, 3, 399-405.

Orson Welles ou le triomphe du baroque, H. AGEL, 313, 5, 215-223. Sainte Jeanne d'Arc, H. AGEL, 314, 9, 262-273.

West Side Story Montaigus et Capulets en blousons noirs, L. BeirNAERT, 315, 11, 279-280.

Concile. Voir la Table des Auteurs, supra, S. v. R. ROUQUETTE.

La réussite du Concile est-elle assurée ? R. Marlé, 313, 5, 190-195. L'œcuménicité des Conciles. Un aspect de leur histoire, J. LECLER, 315, 10, 4-20.

Aggiornamento », R. MARLÉ, 315, 10, 21-29.

Le Concile, les Orthodoxes et les Protestants, R. ROUQUETTE, 315, 10, 30-44.

Congrès. Aix-en-Provence fête le centenaire de Maurice Blondel, *• 312, 2, 277-278.

Le Conseil oecuménique. New-Delhi 1961, R. ROUQUETTE, 312, 2, 215-230. Les Journées Universitaires de Reims, G. Ronnet, 313, 6, 407-411. La Semaine sociale de Strasbourg sur l'Europe, R. Marlé, 315, 10, 125-132.

Vers une conception nouvelle de la Renaissance anglaise, •• 315, 10, 135-137.

Économie. Pays sous-développés et sources nouvelles d'énergie, E. de BREUVERY, 312, 1, 46-57.

Révolution dans l'épicerie, H. de FARCY, 313, 4, 23-36.

Enseignement. Pouvons-nous aider nos élèves musulmans? D. Lassevot, 312, 2, 162-181.

Application de la loi scolaire, J.-M. LE BLOND, 313, 4, 110-112. École et Églises, A. LATREILLE, 313, 6, 330-348.

L'école et le IVe plan, F. de DainVILLE, 314, 9, 161-184.

Perspectives internationales de l'enseignement, F. Russo, 314, 9, 185-197.

Espagne. Panorama'espagnol, X.|TilLIETTE, 315, 12, 355-369.

Europe. L'Europe au programme des Semaines sociales, R. MARLÉ, 314, 7-8, 127-128.

La Semaine sociale de Strasbourg sur l'Europe, R. Marlé, 315, 10, 125-132.

Histoire. Pauline Jaricot et les Messieurs de Lyon, R. ROUQUETTE, 313, 4, 3-22.


Une centenaire la soutane, R. RouQUETTE, 314, 7-8, 32-48.

Alexandre de Beauharnais, G. FAFET, 314, 9, 215-224.

L'œcuménicité des conciles. Un aspect de leur histoire, J. Lecler, 315, 10, 4-20.

Israël. La communauté druze en Israël, G. Weigert, 312, 2, 273-274. – Polémiques en Israël l'Armée est-elle « une valeur »? P. RONDOT, 313, 4, 81-83.

Jeunesse. La jeunesse en questions, A. Ravier, 312, 3, 306-320.

Jeunesse inoccupée, J. ONIMUS, 312, 3, 321-332.

La foi et les jeunes, H. HOLSTEIN, 312, 3, 333-349.

Livres pour enfants et adolescents, A. Ravier, 314, 7-8, 155-156; 315 12, 420-425.

Les Cercles de familles, A. RAVIER, 314,9,198-214.

Sur les chemins des écoliers 1963, A. Ravier, 315, 11, 272-274.

Justice. Peine capitale, peine perdue, J. Vernet, 315, 11, 193-209.

Liban. L'échec du P. P. S. au Liban et l'équilibre oriental, P. Rondot, 312, 3, 379-384.

Bilinguisme libanais, J.-M. LE BLOND, 313, 5, 244.

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Deux reprises à l'Opéra les Trogens et le Bal masqué, H. de CARSALADE DU PONT, 312, 2, 274-277.

Activité des théâtres lyriques, H. de CARSALADE, 313, 4, 115-118.

Musique et musiciens contemporains, H. de Carsalade, 313, 5, 251254.

La saison musicale, H. de CARSALADE, 314, 7-8, 133-139.

Technique du chant, H. de CARSALADE, 314, 9, 239-251.

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Personnalités. Pour le centenaire de la mort de Taparelli, R. JACQUIN, 312, 2, 235-240.

Le mémorial du Père Doncoeur, H. Holstein, 312, 3, 417.

La mort du Père Capello, J.-M. LE BLOND, 313, 5, 232-233.

Adieu à Mouloud Feraoun, A. Rétif, 313, 5, 243.

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Paradoxal Faulkner, A. Lauras, 315, 10, 87-93.

La mort de Louis Massignon, J. Daniélou, 315, 12, 398-399.

Joseph Cardvn, C. d'YDEWALLE, 315, 12, 386-393.

Philosophie. Ni animal ni dieu. A propos du Matin des magiciens, G. MOREL, 313, 5, 176-189.

Lequier, philosophe tragique, X.TILLIETTE, 314, 7-8, 84-88.

Poésie. Le carnet des poètes, J. MAMbrino, 315, 11, 232-250.

Préhistoire. Recherches nouvelles sur l'art préhistorique, F. Hours, 312, 2, 202-214.


Psychanalyse et psychologie. Formation au dialogue d'aide, Réflexions sur une expérience de groupe, L. BEIRnaert, 313, 6, 300-311.

L'éducation du sentiment de culpabilité, M. Eck, 315, 12, 330-342. Le P. Bruno et la psychologie religieuse, L.Beirnaert, 315, 12, 394-398. Questions politiques et sociales. Atlantique monde où l'on s'allie, A. Bonnichon, 312, 3, 350-360.

Morale et Politique, F. ROUSTANG, 313, 5, 150-164.

Planification démocratique, A. BoNNICHON, 313, 6, 289-299.

Paix et guerre comment défendre l'Occident, G. Fessahd, 313, 6, 349-368.

L'angoisse de l'Occident devant le Tiers Monde, J. DANIÉLOU, 314, 7-8, 3-18.

-ï- Une visite historique, X. TILLIETTE, 315, 10, 137-138.

Questions religieuses. Voir la Table des Auteurs, supra, s. v. H. Holstein et R. Rouquette.

Unité et pluralité de la pensée chrétienne, J. DANIÉLOU, 312, 1, 3-16. Les vocations aux états de perfection dans le monde d'aujourd'hui, L. Beirnaert, 312, 2, 268-269.

Documents d'Église et Options politiques, J.-M. LE BLOND, 312, 2, 269-270.

Le dialogue dans l'Église, G. DEJAIFVE, 312, 3, 361-370.

Conservatisme et catholicisme aux États-Unis, J.-M. LE BLOND, 312, 3, 371-378.

Violence, bien commun et charité, J.-M. LE BLOND, 312, 3, 418-420.

Le cardinal Wyszynski à Rome, R. MARLÉ, 313, 4, 114-115.

Un Vocabulaire de Théologie Biblique, P. Beauchamp, 314, 7-8, 120-122. Liturgie et Vie spirituelle, J. GELINEAU, 314, 7-8, 124-126.

De la soutane au « clergyman n, R. ROUQUETTE, 314, 9, 286-288.

L'œcuménicité des conciles. Un aspect de leur histoire, J. LECLER, 315, 10, 4-20.

Foi ou fanatisme? M. GIULIANI, 315, 11, 161-165.

Le monde moderne et le sacré, J. Onimus, 315, 11, 166-178.

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Les Joyeuses Commères de Windsor, de Shakespeare, R. ABIRACHED, 312, 1, 120.

Le Soldat Schweyk. de B. Brecht, R. ABIRACHED, 312, 1, 120-121. Boulevard Durand, d'A. Salacrou, R. ABIRACHED, 312, 1, 121-122. Le Procès, de Kafka (Gide-Barrault), R. ABIRACHED, 312, 1, 122. La Judith, de Giraudoux, R. ABIRACHED, 312, 2, 248-252.

Axel, de Villiers de l'Isle-Adam, R. ABIRACHED, 312, 3, 423-425. La Pensée, de L. Andreiev, R. AbiRACHED, 312, 3, 425-427.

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La Révélation, de R.I. Clot, R. AbiRACHED, 313, 5, 248-250.

Les Rustres, de Goldoni, R. ABIRACHED, 313, 5, 250-251.

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Zschietzschmann W. De l'Olympe au Forum, 313, 5, 278.

ZUMTHOR P. La vie quotidienne en Hollande au temps de Rembrandt, 314, 9, 296.

ANONYMES ET COLLECTIFS A la rencontre de Dieu. Mémorial A. GELIN, 312, 3, 430.

Abbaye (L') bénédictine de Fécamp, t. II, 312, 3, 431.

Actes de la sixième Assemblée plénière de l'Épiscopat du Congo, 315, 11, 293.

Adulte et enfant devant Dieu (prés. par A. GODIN), 312, 1, 124.

Alessandra di Rudini, carmélite, 315, 10, 149.

André Ryckmans (prés. par J. KESTERGAT),313,5,268.

Annonce (L') de l'Évangile aujourd'hui, 315, 11, 284.

Atlas de l'Antiquité classique, 312, 3, 434.

Auguste Valensin, 313, 5, 259.

Beethoven, 313, 4, 135.

Bottin mondain 1962, 313, 4, 140. Brueghel, 315, 12, 436.

Christianisme et technique, 312, 2, 281. Christine de Pisan, 315, 12, 433. Collection Premier Plan, 312, 3, 439. Devant les Sectes non chrétiennes, 314, 7-8, 141.

École chrétienne et Monde d'aujourd'hui 313, 6, 424.

Église (L') en dialogue, 315, 10, 141. Encyclopédie pratique de l'Éducation en France (Institut Pédagogique National), 313, 5, 272.

Enfant (L') dans l'Église et le monde d'aujourd'hui, 313, 6, 424.

État (L') et le Citoyen (Club JeanMoulin). 313, 6, 426.

Familles inadaptées et relations humaines, 315, 12, 435.

Florilège de la Poésie sacrée, 315, 12, 432.

Grand Larousse encyclopédique, t. IV DesM-ilao, 312, 2, 292.

id. t. V Filar-Hydra, 314, 7-8, 152.

Histoire de l'art, t. I Le monde nonchrétien, 315, 10, 153.

Histoire (L') et ses méthodes (dir. C. Samahan), 312, 1, 127.

Histoire générale des Sciences, t. III La Science contemporaine. Vol. I, Le xix« siècle, 315, 11, 298.

Ibadan. Conférence des églises d'Afrique (1958), 314, 9, 297.

J'aime le Théâtre. J'aime le Cinéma. J'aime le Mu?ic-Hall, 313, 4, 135. Jean Renoir, 315, 12, 437.

Lecliires de vacances, 314, 7-8, 155-156. Littératures (Les) contemporaines à travers le monde, 314, 7-8, 152. Livre (Le) de la Vierge, 313, 4, 135. Livres d'étrennes, 315, 12, 420-425. Marie-Adélaïde Champion de Cicé (17491818), 313, 4, 129.

Michel-Ange, 313, 5, 277.

Mission (La) générale. Dix ans d'expérience au C. P. M. L, 312, 2, 283. M" de Marion Bresillac. Notice biographique, doctrine missionnaire, textes, 313, 5, 268.

Navire (Le) et l'Économie maritime du nord de l'Europe, du Moyen Age au xvin» siècle, 312, 1, 126.

Office de Taizé, 313, 5, 256.

Origines (Les) de l'homme (Cahiers d'études biologiques), 312, 1, 134. Parole (La) de Dieu en Jésus-Christ, 312, 3, 430.

Paul Doncœur (1880-1961), 312, 3, 417.

Pétrarque, Boccace, Chaucer, Villon, 315, 10, 152.

Prendre part au Concile, 315, 11, 285. Prières chrétiennes (Bouman et Bouyer), 314, 9, 292.

Recherche (La) scientifique et technique: quatrième plan, 1962-1965, 315, 11,296.

Régulation (La) des naissances, 314, 7-8, 143.

Renouvellement de la Catéchèse, 312, 3, 429.

Route (La) du soleil. Conférence de Samoa (1961), 314, 9, 297.

Saint Augustin, maltre de la vie spirituelle, 313, 5, 258.

Saint François de Sales, 313, 6, 418. Séparation (La) du monde, 312, 1, 123.

Sur les routes de l'Europe au xme siècle (M. T. Laureilhe), 312, 1, 127. Tableau de la littérature française, t. 1 et II, 314, 7-8, 151.

Tendances actuellps de la recherche scientifique, 315, 11, 296.


Théologie de la vie monastique. Études sur la tradition patristique, 313, 5, 255.

Théologie de la vie monastique d'après quelques grands moines des époques moderne et contemporaine, 313, 5, 255.

Ama. Amadeo Jér. Jéricho BAM. Boite à Musique Lum. Lumen Bar. Barclay Orp. Orphée Cdm. Chant du Monde Per. Pergola Col. Columbia P-M. Pastorale et Musique CRD. Critère Phi. Philips Dec. Decca RCA. R. C. A. D-F. Discophiles Français Rie. Ricordi DGG. Deutsche Grammophon S-M. Studio SM. Gesellschaft Sup. Supraphon

EdO. Editions Ouvrières UnD. Unidisc Era. Erato Val. Valois E-S. Encyclopédie Sonore Vég. Véga

Fon. Fontana Vox. Vox Production 1 GID. Guilde Internationale du VSM. Voix de son Maitre' 2 Disque

Ai.béniz. Iberia (RCA. 430.352/3), 314,9,303.

Bach J. S. Cantate 76 (Era. LDE3133) Cantate 51 (Ama. AVRS6004) Cantates 80 & 87 (Era. LDE3135) Cantates 140 & 85 (Era. LDE-3134); Cantates 6 & 65 (Era. LUE-3136); Cantates 63 & 133 (Ama. AVRS-6125); Cantates 93 & 117 (Lum. CAN-1201); Cantate 78 (Era. LDE-3179; Ama. AVRS6003), 313, 4, 142 /3.

Cantates 4 & 34; 43 & 182 (Era. STE 50.084 & 87), 315, 12, 441. Magnificat (Orp. LDOB-21.035), 315, 12, 441.

Orgelbûchlein (Era. STE-50.093 /5), 314, 9, 302.

Sonates flûte-clavecin (Era. STE50.121 12), 315, 12, 441.

Suites pour orchestre (VSM. ASDF 205/6), 315, 12, 441.

Bartok. Le Mandarin Merveilleux; le Prince des Bois (Vox. STPL512.040), 314, 9, 302.

BEETHOVEN. Concertos pianoorchestre 1 (Fon. 664.00 7), 312,1,143. Concerto piano-orchestre 3 (Fon. 664.009), 312, 1, 143.

Concerto piano-orchestre 5 (Fon. 664.011), 312, 1, 143.

Concerto violon-orchestre (Fon.

1. Vox. VBX » indique qu'il s'agit d'un Vox-Box, album de trois disques. 2. Le sigle VSM/GI signifie Voix de son Mattre, coll. Gravures Illustres.

Traité de Sociologie du Travail, 314, 9, 300.

Un concile pour notre temps, 313, 4, 121. Vie (La) de saint Herluin. par Gilbert CRÉPIN, 312, 1, 128.

Vocabulaire de théologie biblique voir Léon-Dufour.

TABLE DES DISQUES ABRÉVIATIONS.

876.001; VSM. ASDF-190; Col. SAXF-119; Col. SAXF-162), 313, 5, 285.

Missa Solemnis (Col. SAXF-177/8), 313, 5, 285/6.

Sonate violon-piano 1 (Phi. L00409 VSM. FALP-584; VSM/Gi. COLH-6;Phi.LO-1.446; VSM.FALP421 Lum. LD-3419; Cdm. LDA8191), 312, 1, 141.

Sonate violon-piano 2 (Phi. L00400 Lum. LD-3419; VSM. FALP584 Phi. L01.447; VSM. FALP421 VSM/GI. COLH-6), 312, 1, 141.

Sonate violon-piano 3 (Phi. L00400 VSM. FALP-584; VSM/GI. COLH-6),-312, 1, 142.

Sonate violon-piano 4 (Phi. L00409 VSM/GI. COLH-7),31 2,2, 301. Sonate violon-piano 5 (Cdm. LDZA-8110 VSM. FALP-626; YSM. FALP-585; Phi. LOO-409; Lum. LD-2357; RCA. 630.539; VSM/GI. COLH-8), 312, 2, 301.

Sonate violon-piano 6 (Phi. L00400 VSM /GI. COLH-8; VSM. FALP585), 312, 3, 445.

Sonate violon-piano 7 (Phi. L00412 VSM/GI. COLH-8; Cdm. LDA8129), 312, 3, 445.

Sonate violon-piano 8 (Phi. LOO412 VSM/GI. COLII-9), 312, 3, 445.


Sonate violon-piano -10 (Phi. LOO430 VSM/GI. COLH-10; Phi. LO1447 Lum. LD-3419), 312, 3, 445. Sonates piano, intégrale (DF730.003/13), 315, 10, 157.

Sonates piano 8, 14, 23 (Col. FCX30.104 Phi. 03-059; Vég. C 30 S 6; VOX. GBY 11.570; DGG. 11.227; Era. EFM-42.068), 315, 10, 157/8. Sonates piano 21, 24, 26 (Phi. 641.105; Col. FCX-553) 315, 10, 158.

Sonates piano 25, 27, 28 (Col. FCX792), 315, 10, 158.

Sonates piano 30, 31, 32 (Vox. PL9900), 315, 10, 159.

Symphonie 7 (Col. SAFX-217), 315, 12, 442.

BENDA. Concerto flûte-orchestre (Sup. MAB 1), 312, 1, 142.

BERG. Sonate piano op. 1 (Vég. C 30 A 309), 314, 9, 303.

BERLIOZ. Symphonie fantastique (Era. STE 50.015; Col. SAXF-123), 313,6,431.

Boesset. Messe du Tiers (SM. 4591), 315, 12, 442.

BOULEZ. Sonate piano 2 (Vég. C 30 A 309), 314, 9, 303.

Brahms. Requiem (Col. SAXF233/4), 315, 11, 301.

Symphonie 4 (Vox. STGBY512.270), 315, 12, 442.

– Variations (Vég. C 30 A 345), 315, 12, 440

Brûckner. – Messe 1 (Lum. AMS-7), 315, 11, 301.

BUXTEHUDE. Pièces pour orgue (Val. MB-901), 312, 3, 446.

Chailley. Messe responsoriale (Lum. AMS-12.024), 315, 12, 442.

CHARPENTIER. Messe de Minuit (Era. LDE-3198), 312, 3, 447.

CHOPIN. Ballades (Col. COLH-91), 315, 12, 440.

Études (VSM/GI. COLH-29) 312, 2, 302.

Nocturnes (VSM. FALP-30.240/1), 315, 12, 440.

Sonate si bémol (DF. 730.041), 315, 12, 440.

Chostakovitch. Symphonie 6 & Concerto piano-orchestre 2 (Cdm. LDX-S-8.267), 314, 7-8, 159.

Cokelli. Concerto grosso 8 (Dec. LXT-5.625), 312, 2, 203.

Couperin. Sonates et concerts royaux (Dam. 5.056 & LD-049) 312,3,447.

Daujat. Bases philosophiques et Entretiens spirituels, 313, 5, 286/7.

DEBUSSY. Œuvres pour orchestre (Vég. C 30 A 186/7), 314, 7-8, 159. Deiss. Acclame Dieu (SM. 33-100), 315, 12, 442.

DELALANDE. Motets (PM. 25.050), 315, 12, 441.

DITTERSDORFF. r– Quatuor 1 (Val. MAB-917), 312, 2, 302.

Dvorak. Symphonie 4 (Sup. SUA50.004), 315, 12, 442.

Franck. Symphonie (VSM. ASDF260), 315, 11, 303.

Francœur. Sonates (DF. 740.016), 315, 11, 302.

FRENC. Chansons (SM. 45-75), 414, 7-8, 158.

FRESCOBALDI. Œuvres pour orgue (Vég. C 30 X 312), 312, 3, 446. GABRIELI. Ricercari & Sacrae Symphoniae (Vox. STDL-500.540), 315, 11, 302.

Gluck. Chaconne (Dec. LXT5.625), 312, 2, 303.

DE GRIGNY. Livre d'Orgue (Val. MB-925/7), 314, 9, 301.

GUITREAU. Chansons (UnD. 25.121) 314, 7-8, 158.

HAENDEL. Concerti grossi op. 6 (Vox. VBX-22), 312, 3, 447.

Concertos orgue-orchestre (Era. STE-50.074 /77), 313, 4, 143.

Resurrezione (Vox. VUX-2.012), 315, 12, 441.

HAYDN. Concertos 1 & 5 flûtehautbois-orch. (CRD-175), 313, 5, 284.

Quatuor 17 (Val. MAB-817), 312, 2, 302.

– Quatuors 81 & 82 (Val. MB-912), 313, 5, 284.

Hoxegger. Symphonies 3 & 2 (Sup. 50.027) 315, 12, 442.

JANEQuiN. Chansons françaises (Val. MB-928), 315, 12, 441.

JOSQUIN DES Prés. Messe De Beata Virgine (DF. 740.015), 315, 12, 440. LA FONTAINE. Fables (ES. 190 E 844), 314, 7-8, 159.

LAURENTIN. Enfance de Bernadette (Jer. 17), 314, 7-8, 158.

LECLAiR. Sonates (DF. 740.016), 315, 11, 302.

LEONCAVALLO. Paillasse (COI. SAXF228/9), 315, 11, 302.

LINTANF. Terre Nouvelle (SM. 4579), 314, 7-8, 159.

Lœillet. Sonates (DF. !740.016 & bAM. LD-077), 315, 11, 302.


DE MACHAUT. Messe Nostre Dame (Lum. AMS-5.005), 313, 5, 283. MARTIN. Messe Responsoriale (PM. 25.032), 315, 12, 442.

MARTINU. Double Concerto & Fresques (Sup. SUA-ST-50.008), 315, 10, 159.

MASPERO. SOS, Amérique Latinel (Jer. 650), 314, 7-8, 158.

MENDELSSOHN. Songe d'une nuit d'été (Col. SAXF-209), 315, 12, 442. Symphonie 4 (Col. SAXF-218), 315, 12, 442.

MESSIAEN. Turangalila-Sym phonie (Vég. C 30 ST 20.033 /4), 315, 12, 440. Moussorgski. Tableaux d'une exposition (VSM. ASDF-2.001), 315, 12, 442.

Mozart. Concerto basson-orchestre (DF. 730.039; DGG. 618.631; VSM. ASDF-225), 313, 6, 430.

Concertos piano-orchestre 21 & 22 (BAM. 5.078), 315, 12, 441.

Don Giovanni (Col. SAXF-192/5), 313, 6, 429.

Les Noces de Figaro (Col. SAXF114 /7), 313, 6, 430.

Messe brève si bémol majeur (Era. STE-50.124), 315, 11, 301.

Quatuor 3 (Val. MAB-917), 312, 3, 302.

Quatuors flûte-cordes (Vox. DL830), 315, 11, 302.

MussEr. Poèmes (ES. 190 E 858), 314, 7-8, 159.

PACHELBEL. Kanon (Dec. LXT5.625), 312, 2, 303.

Petites Sœurs. Amour et joie (SM. 45-90), 314, 7-8, 158.

Ponce. Concierto Del Sur (DGG. 619.213), 312, 2, 302.

PROKOFIEFF. Concerto pianoorchestre et Lieutenant Kijé (Cdm. LDX-X-8.278), 315, 10, 159.

RAMEAU. Concerts en sextuor (Phi. 835. 492 LY), 315, 11, 302.

Pièces pour clavecin (Val. MB920), 313, 5, 283.

Ravel. Daphnis et Chloé (RCA. 640.694), 315, 12, 442.

Œuvres pour orchestre, vol. 1 (Col. SAXF-231), 315, 12, 442. Rapsodie espagnole (VSM. ASDF128), 315, 12, 442.

RICCIOTTI. Concertino 2 (Dec. LXT-5.625), 312, 2, 303.

Richter. Concerto flûte-orchestre (Sup. MAB-1), 312, 1, 142.

RIMSKI-KoRSAKOV. Tzar Saltan (Cdm. LDX-A-8.270/2), 312, 3, 447.

Rodrigo. Fantasia para un Gentilhombre (DGG. 619.213), 312, 2, 302.

Roouet. Histoires Bibliques 1 à 4 (Jer. 500/3), 314, 7-8, 157.

Histoires Bibliques 5 & 6 (Jer. 504/5), 315, 12, 442.

SCHOENBERG. Erwaertung (Vég. C. 35 A 175), 312, 2, 303.

Quintette pour vents (CRD 145); 314, 9, 303.

Schubert. Messe allemande & en si bémol (Vox. STDL-500.980), 315, 11, 301.

Messe en sol majeur (Era. STE. 50.124), 315, 11, 301.

Sonate « inachevée (Cdm. LDXS-8.295), 315, 12, 440.

Schumann. Symphonie 3 (GID. MMS-2.217; Vox. PL-11.270), 313, 6, 430.

Symphonie 4 (Vox. PL-11.270), 313, 6, 430.

Symphonie 4 (Col. SAXF-218), 315, 12, 442.

SchOtz. Oratorio de Noël (Vox. STDL-500.780), 313, 5, 283.

SEGARRA. Messe Responsoriale (Lum. AMS-5.006), 314, 7-8, 157.

SELOS. Chansons (UnD. 25.115), 314, 7-8, 158.

TARTINI. Quatuor sol majeur (Val. MB-917), 312, 2, 302.

TCHAIKOVSKI. Concerto pianoorchestre 1 (Cdm. LDX-S-8.268), 313, 6, 431.

Tournemire. – Œuvres d'orgue (Era. EJA 13), 315, 11, 303.

Vertu. Trois Chœurs (Col. SAXF229), 315, 11, 302.

Requiem (VSM. ASDF-211 /2), 313, 6, 431.

VIERNE. Œuvres d'orgue (Era. EJA 13), 315, 11, 303.

VILLON. Le grand Testament (ES 190 E 859), 314, 7-8, 159.

VIVALDI. Concertos flûte-orchestre op. 10 (CRD 170; Vox. DL-350), 313, 5, 284.

Estro Armonico (Vox. VBX-20; Ama. AVRS-6.088/90; VSM. ASDF213/5), 313, 5, 284.

Quatre Saisons (Era. STE-50.058), 313, 5, 284.

WEBERN. Variations op. 27 (Vég. C 30 A 309), 314, 9, 303.

divers

Abraham à la trace de Dieu (PM. 25-011), 314, 7-8, 158.

Berceuses à l'Enfant-Dieu (PM. 25-022), 315, 12, 443.


– Cantiques pour le temps présent (Lum. AMS-12.501), 314, 7-8, 157. Chantons Noël (Fon. 460.025), 312, 1, 142.

Chants de Noël (Bar. 82.116), 312, 1, 142.

Le Christ dans la chanson populaire (Jer. 50), 314, 7-8, 159.

Le Concile, printemps de l'Église (Jer. 16), 314, 7-8, 157.

La Confirmation, Sacrement du Témoignage (Jer. 51), 314, 7-8, 157. – Diapason 1 et 2 (Bar.), 312, 1, 142. Dimanche à Taizé (SM. 33-93), 314, 7-8, 158.

Duos de violons (Cdm. XA-8.280), 315, 12, 440.

Une femme nommé Marie (PM. 25.004), 314, 7-8, 158.

Florilège de la Musique Italienne (Vég. C 30 A 313), 312, 3, 446.

François d'Assise (PM. 30.108), 314, 7-8, 158.

Gloire au Seigneur 3 (SM. 33-90), 314, 7-8, 157.

Grandes orgues et fanfares à NotreDame (Phi. LOO-568), 315, 12, 441. – Histoires de France par les chansons (Cdm. LDY. 4.198), 314, 7-8, 159.

Histoire du Chat Botté (Per. 250.009), 312, 1, 142.

NOUVEAUX TARIFS D'ABONNEMENTS A PARTIR DE JANVIER 1963

En raison des récentes hausses de l'imprimerie, nous nous voyons obligés de porter les abonnements à un prix plus élevé. Nos abonnés voudront bien, nous l'espérons, nous continuer leur fidélité et se rendre compte que notre revue demeure encore la moins onéreuse parmi les publications analogues.

On trouvera au verso de la couverture l'indication des nouveaux tarifs.

Hommage à Dom David (SM. 25M-102), 315, 12, 442.

Hommage au Père Doncœur (PM. 25.029), 314, 7-8, 158.

La ligne d'or du Clavecin français (CRD-130), 312, 1, 142.

Sept Motets pour le temps de la Passion (Jér. 401), 315, 12, 443. Musique de Tous les Temps, 13, 312, 1, 143.

Musique vocale française de Lulli à Rameau (Era. EJA 10), 312, 3, 447.

Quatre Noëls (EdO. DMO-508 FM), 312, 1, 143.

Oeuvres d'orgue (Vég. C 30 S 304), 312, 3, 446.

Les polyphonistes italiens (Orp. LDO-B-21.030), 315, 12, 441.

Précurseurs nord-allemands de Bach (Ric. DP-630.035), 314, 9, 301. Reste avec nous, Seigneur Jésus (SM. 45-92), 315, 12, 443.

Richter à Paris (Cdm. LDX-S8290), 315, 12, 440.

Rondes enfantines (Per. 250.008), 312, 1, 142.

Les Solistes de Zagreb (Ama. AVRS-6083), 312, 3, 447.

– Trésors de la Poésie Lyrique française, vol. 7 (ES. 320 E 816), 314, 7-8, 159.


TABLE DES MATIÈRES

Situations et positions

Jacques DELANGLADE

et Régis Araud Réflexions sur l'euthanasie. A propos du procès de Liège. 305

André BRIEN L'homme moderne devant la vie éternelle 317

Dr Marcel EcK. L'éducation du sentiment de Perspectives sur le monde culpabilité. 330 Georges-M. Schenck.. Algérie naissance d'un Etat. 343 Pierre Rondot Nouvelles attitudes de Gamal Abdel Nasser?. 350

Xavier TILLIETTE. Panorama espagnol 355 Recherche et avenir L'affaire du « Spiegel » 369 André Gérard Progrès dans la conquête spatiale 372

Arts, formes et signes

Robert ABIRACHED. Un jeune auteur nommé Vitrac. 376 Jean PORCHER. L'art européen vers 1400. 380 Gilbert Bécaud et Cari Orff 383

Témoins d'hier et d'aujourd'hui

Charles d'YDEWALi.E Joseph Cardyn. 386 Louis BEIRNAERT. Le P. Bruno et la psychologie religieuse 394

La mort de Louis Massignon 398

La vie de l'Eglise

Robert RouQuETTE. Lettre de Rome. 400 Du nouveau sur Loisy? 417

Livres d'étrennes pour enfants et adolescents. 420 Les Livres

Questions religieuses Sainte Thérèse d'Avila; Daniel-Rops; M. J. GERLAUD Mgr J. KERLEVEO; G. CASALIS; C. Lévi-Strauss; R. Khawam; M. DELAHOUTRE 426 Philosophie P. Foulquié & R. SAINT-JEAN; F. Heidsieck; G. Bachelard; J.-P. VALABREGA; Dr Widlôcher 428 Histoire et biographies M. Guerrini; G. GODLEWSKI; A. DANSETTE; S. DESTERNES & A. Chandbt; J. Levik 430 Littérature: P. ROBERT; Florilège de la poésie sacrée; Mme de Staël; J. C. HEROLD; Christine de Pisan; A. GALLET. 432 Sociologie Cime VERSCHEURE, Abbé DEPROST & M. TRAULL; P. LAROQUE; M. VIRALLY; S. LABIN; Carolina MARIA DE Jésus; Familles inadaptées et relations humaines 434 Arts Brueghel; H. PERRUCHOT; J. CHAILLEY; C. Girdlestone; Jean Renoir; P. Beaussant 436 Romans A. PRÉVOST; E. PEISSON; G. TOMASI m Lampedusa; N. Casanova; M. Mancip; R. FRISON-ROCHE. 438 Les Disques Revue des étrennes 440 Tables des Tomes 312, 313, 314, 315 Ordre des auteurs. 444 Ordre des matières. 447

Bibliographie 451

Disques 460

Le Directeur gérant J.-M. LE BLOND, Imp. Firmin-Didot, Mesnil-sur-1'Estrée (Eure) D«p«t lé«i 4> trimestre 1962. d'éditeur 225


KKb

V* FACE AU MONDE ACTUEL par Jean ONIMUS

12,90 AF

PETITE HISTOIRE

DES GRANDS CONCILES

par J.-R. PALANQUE

et J. CHÉLINI

15 NF

LE MATÉRIALISME

DIALECTIQUE

par Gustave WETTER

39 NF

PHILOSOPHES

CONTEMPORAINS

par Xavier TILLIETTE

6,60 AF

Desc/ée De Brouwer


JEAN-FRANÇOIS SIX

Littré devant Dieu

Le saint laïque" s'est-il converti?

Une controverse passionnée a longtemps opposé les témoignages à ce sujet. Apportant des textes inédits, entre autres un mémoire de l'Abbé Huvelin, Jean-François Six fait le point de la question api ès avoir retracé l'itinéraire intellectuel de celui que Pasteur appelait un saint laïque

1 vol. 8,50 NF

JOSEPH HAJJAR

Les chrétiens uniates du Proche Orient

Melkites, Maronites, Chaldéennes, Coptes ou Syriennes, les communautés uniates, liées à l'Église de Rome par leur foi et leur discipline, à la tradition Orthodoxe par leur origine et leur culture, et à la civilisation arabe par leur langue et leur patrie, forment un monde 0^|9RWB extrêmement divers. L'auteur, un prêtre melkite, retrace leur longue et parfois douloureuse histoire.

̃̃̃̃̃̃I 1 vol. Collection Les Univers, 384 p. 15 NF

synopse

des

PAUL DE TARSE CDltl^CS traduction et lettre-préface du chanoine OSTY la présentation du texte complet des épîtres, permet au lecteur de saisir d'un seul coup d'oeil (d'où le mot "synopse") ce qui, dans les diverses lettres et dans chacune d'elles, se rapporte au même thème.

Table des références – index des personnes et des matières.

1 volume 270 pages 12 NF

éditions universitaires 72, bd Saint-Germain, PARIS V DAN 91-84