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Titre : Causes célèbres de tous les peuples. I., Les chauffeurs. La bande d'Orgères. Lacenaire. François et Avril. Papavoine. Henriette Cornier. Mme Lafarge. Verger. Soufflard et Lesage. Montcharmont le braconnier. De Praslin. Damiens. Louvel. De Bocarmé. Léotade. Louis XVI et Marie-Antoinette. Béranger. Mingrat et Contrafatto. Fieschi, Moret, Pépin, Boireau / par A. Fouquier,...

Auteur : Fouquier, Armand (1817-18..?). Auteur du texte

Éditeur : H. Lebrun (Paris)

Date d'édition : 1858

Sujet : Procès -- 19e siècle

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb44452029z

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb444520305

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. : ill., couv. ill. ; in-4

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k42526b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 4-F-70 (1)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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7<'c~~M~ H y avait encore une porte mystérieuse fermée a cinq serrures et qui, disait-on, faisait, quand on l'ouvrait retentir le g!as prolonge d'un tam-tam invisible.

Rien de plus bourgeois cependant que ce château féodal, depuis que IcsYisart de Bocarme, comtes de Bury, en étaient devenus possesseurs. Grand nom, petite fortune.

La famille de Bocarme s'était illustrée, au xvuf siècle, par des services militaires rendus à l'Autriche, et elle avait été, en récompense, ennoblie par l'impératrice Marie-Thérèse, en 1753. La noblesse des comtes de Bury et de Bocarme remontait même plus haut, mais leurs titres s'étaient perdus pendant la guerre de Sept-Ans, et ils furent, a vrai dire, seulement renouvelés par Marie-Thérèse~ le 6 septembre 1753, pour récompenser Louis Visart, capitaine au régiment de Prié, de l'infanterie wallonne. L'uu des dermers comtes de Bocarme avait été lieutenant-gouverneur de la viMc et de la chatellenie d'Ath~ place forte située entre Mons et Leuze.

L'avant-dernicr comte de Bocarme~ père du héros déplorable de cette sinistre histoire, le comte Julien de Bocarme fut, quelque temps après la guerre européenne de 1815, nommé inspecteur-général des domaines à Java, il y emmena sa femme, née marquise de Chastellcer, et nièce du général de ce nom, femme de vertus éminentcs et d~une intelligence supérieure.

Pendant la traversée, presque en vue de Java, un fils leur naquit. Ce fils, HippôN<e de Bocarme~ fut nourri a Java du lait d'une de ces métisses au sang ardent, aux passions violentes, qui, sous un ciel de feu, se multiplient dans les habitations coloniales comme les fleurs empoisonnées du climat s'épanouissent dans les serres-chaudes. Il eut pour amis d'enfance les fils de ces féroces Malais dont les prOs agiles écument la merdes Indes. On dit que, suivant les usages mystérieux de sa race, sa nourrice malaise lui fit manger un cœur de lion, pour en faire un homme de courage.

Après quelques années de séjour a Java, le comte Julien revint en Belgique. Mais il avait goûté de !a vie sauvage, il se déplut bientôt en Europe~ et le jeune Hippolyte fut emmené en Amérique par son père qui venait d'acheter une importante concession dans l'Arkansas, au pied des Montagnes-Rocheuses. Les premiers rudiments d'une éducation et d'une instruction mal dirigées dans la colonie hollandaise, ne furent guère développés par cette vie de .~M~er. Il fallait déblayer la hache a la main, le sol de l'établissement futur; semer, le fusil au poing et l'oreille aux aguets; la nèchc empoisonnée ou le tomahawk des PeauxHougcs menaçaient l'imprudent qui s'aventurait à quelque distance du quartier-général de la colonie. Belle et libre vie que celle de ces pionniers de la civilisation dans le Nouveau-Monde, si vous la regardez à travers le prisme amusant des romans de F~nimore Coopère mais vue de près, la réalité n'est pas des plus attrayantes. L'énergie de l'homme se double et se trempe dans ces luttes incessantes contre l'homme et contre la nature; mais le sens moral s'obhtère facilement dans cette vie d'attaque et de défense, et Basde-Cuir, héros de la forêt et de la prairie, pourrait bien n'être dans nos villes qu'un dangereux coquin. Hippolyte de Bocarme retrempa dans cette existence aventureuse sa constitution débite; mais il n'y gagna de vertus que celles de l'Indien la patience, le sang-froid et la ruse.

En i839, M. de Bornstctt avait été frappé de l'étran-

gcté de caractère de ce jeune sauvage. il dirait de sun séjour dans les forets vierges de l'Arkansas « Nous couchions sur les peaux des animaux tués et leur chair faisait notre nourriture. Un vieux serviteur et une servante négresse furent pendant deux ans les seuls êtres humains qui fr~nchh'ent ic seuil des cabanes que nous avions nous-mêmes construites. » Revenu en Europe, le jeune comte de Bocarmé y apporta les allures violentes du éolon américain. Deux passions partageaient sa vie l'amour de l'or et les désirs des sens. Pour satisfaire a ces deux passions. rien ne l'arrêtait. Son imagination déréglée lui faisait convoiter toutes les femmes, e.t, pour ses rêves de fortune, il cherchait dans les sciences agricoles et industrielles mille moyens mal étudiés d'acquérir la

richesse.

Tel était, en 18~3, le propriétaire dcBitremont. Dans ce pays d'honnêtes cultivateurs, d'esprits pratiques, de laborieux courages, les excentricités du comte, ses inventions agricoles, presque toujours malheureuses, avaient donné de lui une triste opinion. Il faisait peindre en blanc ses voitures pour faciliter, disait-it, la réfraction des rayons solaires. Il semait an mois d'août; il plantait ses pommes de terre à cinq pieds de profondeur. Ces hérésies lui avaient valu, dans le pays, les surnoms de~M~/bM, de ~o/-C6W~. Un reproche plus grave, aux yeux de cette population religieuse, c'était l'impiété patente, amenée du comte. Jamais on ne l'avait vu aller a la messe, e!~ depuis qu'il habitait le château, la chapelle n'en avait jamais été ouverte à un ministre du culte. Le comte avait encore un autr~ surnom dans le pays C'est un losse, disaient les paysans; ce qui veut dire non pas tout à fait un fripon, mais un homme de mauvaise foi. Si une discussion s'élevait entre lui et quetque fournisseur au sujet d'un reçu, le comte demandait a revoir 'la quittance et l'escamotait s~ii était possible.

Hippolyte de Bocarmé avait distingué, dans la petite viMedePeruwciz, une ,jeune fille élégante et remplie de distinction naturelle. C'était Lydie Fougnies. Son père, ~icotas-François-Joseph Fougnies, né en H76, avait longtemps habité Mous il y avait exercé la profession d'épicier. Il épousa à Cambrai une demoiselle Tabary, qui mourut au commencement de l'année 1837, pendant l'instance d'un procès en séparation car les époux Fougnies ne vivaient pas en bonne intelligence, et la femme avait dû chercher un asile dans sa famille.

De ce mariage étaient nés deux enfants, Gustave Fougnies et sa sœur aînée Lydie, née le 3 novembre d8i8. Depuis longtemps, le père était retiré à Peruwclx, et s'y occupait de l'administration de ses propriétés. Lydie, à vingt-quatre ans, avait., outre la grâce et la beauté des traits, une instruction peu ordinaire, plus d'imagination que de sensibilité, plus de dispositions pour le plaisir et pour le luxe, que pour les soins obscurs du ménage. D'une conduite irréprochable d'ailleurs, elle se complaisait aux inventions, alors assez mal réglées, de la littérature romanesque. Elle avait mémo écrit son roman, et la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, accepta l'envoi de ce livre, J~e~'Me ~e~e~tout en accompagnantses éloges d'une critique d'ailleurs toute littéraire.

La recherche d'un homme comme le comte Hippolyte ne pouvait que flatter les penchants de la jeune fille.

L'amour de l'ostentation et la manie des distinctions nohiliaircsscmblaicnt héréditaires dans sa famille. Fougnies, l'aïeul, avait~ dès les premières années de 1:<