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Titre : Causes célèbres de tous les peuples. I., Les chauffeurs. La bande d'Orgères. Lacenaire. François et Avril. Papavoine. Henriette Cornier. Mme Lafarge. Verger. Soufflard et Lesage. Montcharmont le braconnier. De Praslin. Damiens. Louvel. De Bocarmé. Léotade. Louis XVI et Marie-Antoinette. Béranger. Mingrat et Contrafatto. Fieschi, Moret, Pépin, Boireau / par A. Fouquier,...

Auteur : Fouquier, Armand (1817-18..?). Auteur du texte

Éditeur : H. Lebrun (Paris)

Date d'édition : 1858

Sujet : Procès -- 19e siècle

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb44452029z

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb444520305

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. : ill., couv. ill. ; in-4

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k42526b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 4-F-70 (1)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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derrière le banc des accusés, Soufflard s'arrêta « J'ai soif, s'ccria-t-il, j'ai soif, donnez-moi de l'eau. M Et comme on le poussait pour le faire avancer, il se cramponna et répéta d'une voix rugissante « J'ai soif. M Un gendarme se détacha de F escorte, puisa un verre d'cauauncfontaine quisc trouvait dans lecouloir, el sur laqucUcSoufflard jetait des regards désespérés. Lcgcndarmc présenta l'eau au condamne, qui l'avala d'un trait. Puis, les condamnés descendirent. Un silence sinistre régnait durant ce trajet et on n'entendait que le pas mesuré des gendarmes, des gardiens de la Conciergerie et des soldats du poste de service, désignés pour prendre les factions dans les cellules de chacun des condamnés a mort. Une fois seulement, Soufnard qui ouvrait la marche, se retourna en entendant un sanglot échappé a la fille Alliette. Puis, il haussa les épaules et hâta le pas.

On arriva au guichet de la Conciergerie là, les gardiens s'emparèrent de Soufflard et. de Lesage, pour leur mettre la camisole de force. Lcsage s'abandonna sans résistance; mais Soufflard, sortant. de la morne impassibilité dans laquelle il paraissait plongé, entra tout à coup dans un violent accès de fureur, accablant doses imprécations le Tribunal, la police, les jurés, mais surtout Micaud, qui aurait, dit-il, à répondre de sa mort.

On le contint, mais un des chefs du service de sûreté s'aperçut que les traits de Soufuard étaient horriblement altérés son teint était livide, ses yeux -injectés de sang étaient entourés d'un cercle bleuâtre, ses lèvres blanches et convulsivement serrées rejetaient une écume épaisse « Ah! mon Dieu, s'écria-t-i!, Soufnard) vous vous êtes empoisonné! –Oui, eh bien oui s'écrie Soufflard d'une voix courte et sourde; oui, je me suis empoisonné? »

Et tout à coup il tomba en proie a d'atroces convulsions dont il avait eu, jusque-là, la force de dominer les épouvantables étreintes.

« Malheureux, dit le chef du service de suretc, comment avez-vous pu vous empoisonner? Na compromettez pas par votre silence les gardiens dont vous avez été entouré. Quel poison avez-vous pris? Je ne le dirai pas, non, je ne le dirai pas on me donnerait du contre-poison. »

On cuurut ennuie chercher du. lait et on en présenta une tasse à Soudard. Il la saisit par un mouvement instinctif, car sa gorge était en feu mais il s'arrêta, un instant, puis, souriant d'un sourire horrible « Il est trop tard, dit-il,lecoup est fait; ça a. touché au cœur. » Et il but.

Un interne de l'Hôtel-Dieu arriva à la hâte son premier soin fut de faire administrer un vomitif au condamné. Aussitôt des vomissements se déclarèrent, et les matières rejetées, soumises à l'action du feu, exhalèrent une forte odeur d'ail. C'était avec une quantité énorme d'arsenic que SouiQard s'était empoisonné. Le poison avait été pris évidemment pendant le prononcé de l'arrêt.

On avait cru un moment au vert-de-gris, sur le propos d'un prisonnier. « Il aura fait son poison lui-même, avait dit cet homme. Nous apprenons de ces secrets-là dans les prisons. On hisse se rouiller un gros sou dans l'urine et cela fait du bon vert-de-gris ( 1). » On ne put savoir comment Soufflard s'était procuré le poison on pensa qu'il l'avait reçu à l'audience même. 11 était onze heures du soir. Un médecin des prisons (1) Un des assassins de Fualdës, Bancal. s'empoisonna par ce moyen. Foye~ le procès Fualdës dans nos livraisons précédentes.

fut appelé, soigna Soufftard et veilla pendant toute. nuit, que le malheureux passa aumi!'eu de convulsions aiguës et d'ah'occs souffrances. Sur le matin, le vcncrabic ahbe Montes vint administrer au condamné les derniers secours de la religion. SoufnardI'écoutasans le repousser mais en l'interrompant de temps a autre pourlancer quelque horrible malédiction contre Micaud. Cette haine survive it a toutes les autres passions dans cet homme condamné par la justice et par lui-même. A onze heures un quart, Soufflard fut emporté par une dernière convulsion: il s'était roidi et relève sur son lit de doreur, il retomba foudroyé.

L'autopsie du corps de SoufHard, pratiquée par les docteurs Oïlivicr d'Angers, WestctBois de Loury, demontra que la quantité d'arsenic absorbé eut pu suffire u empoisonner cent personnes.

La fille Alliette, informée que Soufftard venait de mettre fin a. ses jours, dit avec indifférence «C'c~ M~ comtois <y~o~??ïc 6~ (un mensonge qu'on méfait je ne coM~erat (croirai) que quand je l'aurai vu. » Amenée dans la cellule, la même qui avait renferme Lacenaire, elle dit froidement en voyant le cadavrc « C'est bien. Il est mort. Je ne lui aurait pas cru tantdc resolution. »

Quant à Lesage, après avoir par sa contenance dans les débats révélé une véritable faiblesse, il changea tout a. coup d'attitude après sacondamnation. U protestait encore, sans trop d'énergie, de son innocence; mais il semblait supporter son sort avec résignation d ne témoignait guère d'autre inquiétude que celle de manquer des petites sommes nécessaires pour se procurer du tabac et un supplément de vin. `

On lui apprit le suicide de Soufflard et on lui fit observer que, se donner le mort dans cette position, c'était à peu-près se reconnaitre coupable. Je le sais bien, dit-il, et c'est ce qui me fâche. La cour de cassation va être frappée, comme le public de, celle idée-l't'l, et ce sera moi qui paierai pour lui. Mais çatm m'empêchera pas d'y wo~cr courageusement. M Du reste, hors l'assassinat de la femme Renault, Lesage avouait tous les faits coupables de sa vie. Ainsi, il racontait qu'au bagne il avait volé l'aumônier et qu'il avait réussi à faire sortir en ville et à faire vendre aux receleurs tous les ornements d'église. Parvenu à s'évader de Toulon, il avait commis un assassinat dans le trajet, aux environs d'Avalon. Il n'en taisait les circonstances que pour ne pas compromettre ses complices, « C'était cil, disait-il, un bon tourd'Mcw~c, et, Maire terminée, je me jetai vivement dans la première voiture pour accourir à Paris avec l'argenterie, les bijoux, l'or et les effets. Il donnait complaisamment des détails sur les vols nombreux commis par lui à Paris, et sa voix s'animait à ces récits ignobles, sa ligure, s'illuminait d'un joie crapuleuse au souvenir de ses débaucha. Toutefois, il paraissait redouter la mort.

Le 25 avril, au moment où sonnait la cloche du soir, à six heures et demie, pour le départ des ouvriers libres, profitant du mouvement qui avait lieu dans les ateliers et aux guichets extérieurs, Lesage prépara tout pour son suicide. Comme son attitude avait éloigné toute idt'e d'une tentative semblable, la surveillance s'était un peu relâchée a son égard il avait pti* se procurer un foulard, et sa camisole de force était attachée lâche. 11 monta sur un tabouret, s'accrocha au barreau de )~ persienne du cabanon, passa à son cou le foulard ex noeud coulant et repoussa le tabouret. Quant on rei)tra, à sept heures, dans le'cabanon, Lesage n'exista plus.