©.
GRAMMAIRE
DES DAMES,
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NOUVEAU TRAITÉ
D'ORTHOGRAPHE FRANÇOISE,
Réduite aux regles les plus simples, & justifiée par des morceaux choisis de Poésie, d'Histoire, &c.
OUVRAGE DÉDIÉ
A Madame la Comtesse de GENLIS.
PAR M. l'ABBÉ BARTHELEMY, de Grenoble.
A GENEVE,
Cher PAUL BARDE, Imprimeur-Libraire.
MDCCLX XV.
- A M A D A ME LA COMTESSE DE GENLIS.
MADAME,
Cet Ouvrage tend à
la partie la plus essentielle
l'éducation : à ce titre, il mérite
de vous être offert. La protection
éclairée dont vous honorez les succès ou les efforts des Auteurs d'ailleurs un motif assez puissant pour autoriser ceux mêmes qui réufsifsent le moins, à mettre au jour, sous vos auspices, des ouvrages qu'ils ne composent dans le dessein de Vous plaire. Je m'estimerois fort heureux, sans doute, si le public jugeoit ce foible essai digne de sa Protectrice !
Je suis avec le plus profond respect,
MADAME,
Votre très-humble & très-obéissant serviteur,
L'ABBÉ BARTHELEMY.
PRÉFACE.
L'ON ne s'est point encore avisé d'exiger d'une personne bien née qu'elle fût savante ; on lui feroit même un crime d'étaler l'érudition: mais la connoissance dont on ne fait point de grâce, est celle de fa propre langue. En effet l'ignorance de ses réglés n'est excusable que parmi le peuple.
» La Langue françoise, dit M. l'Abbé » Girard, est peut-être celle qui a le plus » de disposition à la perfection ; son carac» tere consistant dans la clarté, la pureté, » la finesse & la force. Propre à tous les » genres d'écrire, elle a été choisie prê» férablement aux autres Langues de l'Eu» rope, pour être celle de la politique
» générale de cette partie du monde ; & » par conséquent, elle est la seule qui ait » triomphé de la Latine. »
Dans cet Ouvrage, destiné principalement aux Demoiselles, les élémens de notre Langue feront présentés de la maniéré la plus simple & la plus précise. Plus les principes d'une science seront clairs & dégagés de tout ce qui n'a avec elle qu'un rapport indirect, plus on peut espérer de la rendre facile à saisir : c'est le but que nous nous sommes proposés dans cet essai. Sans en vouloir fonder le mérite sur l'imperfection de ceux qui ont paru jusqu'à présent, qu'il me soit permis d'observer que le principal avantage de celui-ci tient à une maniéré différente d'envisager l'objet.
La plûpart des traités de la Langue Françoise, & presque tous font ou incomplets ou diffus. D'ailleurs l'orthographe que nous avons ici en vue, avoit besoin d'être présentée sous des dehors moins arides & moins rebutans. L'on a donc cherché à faire disparoître autant qu'il a été possible, par des morceaux choisis de poésie & d'histoire, la monotonie & la sécheresse des préceptes. Je ne crains point de déclarer que je fuis quelquefois compilateur ; s'il n'y a pas grand honneur à en jouer le rôle, il y a au moins de la bonne foi à en convenir. Si cet ouvrage n'a pas le mérite de la nouveauté dans le choix de la matière, soumis à la critique judicieuse de deux Académiciens, j'ose dire qu'il aura celui
de la clarté. Ainsi pour peu qu'on réfléchisse en le lisant, on pourra apprendre l'orthographe sans le secours d'un Maître, ressource qu'on n'a point dans les Grammaires françoises. Que pourroit-on exiger de plus dans un ouvrage élémentaire ?
ERRATA.
Page 7 , ligne 7 , en cu ou en oix, lisez en cu, en oix, en au & en ou.
57 ,
ligne 13 ,
orvrir,
lisez ouvrir.
80,
ligne 12 ,
fui ven,
lisez suivent.
122 ,
ligne 14,
AEgiptia,
lisez AEgyptiac.
— 128,
ligne ire,
lorsqu'on,
lisez lorsqu'on.
150,
ligne 11 ,
Quelle,
lisez Quel.
215 ,
ligne 11 ,
haine,
lisez haine.
— 237,
ligne 24 ,
faite,
lisez fait.
Ibid. ligne dern. mise, lisez mis.
L'ORTHOGRAPHE
L'ORTHOGRAPHE
DES
DAMES.
Explication succincte des termes de la Grammaire Françoise & des parties du discours.
DE LA GRAMMAIRE.
LA Grammaire nous enseigne à parler & à écrire correctement ; ce qui se sait par des lettres dont les différentes combinaisons forment les syllabes qu'on appelle les mots.
DES SYLLABES. Une syllabe est un son formé par une seule émission de la voix. La syllabe cil indivisible ; mais le mot se divise en autant de parties qu'il a de syllabes comme dans celui-ci ar-ti-fi-ci-eux composé de cinq syllabes. On appelle Monosyllabe.
un mot qui n'a qu'une syllabe ; dissyllabe, celui qui en a deux ; trisyllabe, celui qui en a trois ; quadrissyllabe, celui qui en a quatre ; & Pollissyllabe, celui qui en a plusieurs fans en fixer le nombre.
DES VOYELLES ET DES CONSONNES.
Les mots sont composés de deux sortes de lettres, les voyelles & les consonnes. On compte cinq voyelles a, e, i, o ; u. Elles expriment chacune un son simple qui peut se prolonger long-tems, sans varier le mouvement de la bouche ; les autres lettres sont appellées consonnes, parce qu'elles ne peuvent se prononcer sans le secours des voyelles. On met encore au nombre des voyelles l'y qui doit être moins regarde dans notre langue , comme une voyelle, que comme une ligature qui exprime le son de deux ii. Les Grammairiens appellent voyelles simples, celles qui s'écrivent par une lettre comme a, e, i, o, u. Voyelles composées, deux ou trois voyelles jointes ensemble , ne formant qu'un son,
comme dans ces mots maison, château voyelles nasales, celles qu'on prononce un peu du nez , comme dans les mots temple, impie, main, dessein ; voyelles longues, celles fur lesquelles on appuyé, en les prononçant comme dans les mots âme, gîte, tempête, flûte : enfin ils nomment voyelles breves, celles où l'inflexion de voix n'est pas considérable comme dans les mots audace, glace, préface.
DES DIPHTHONGUES. Plusieurs voyelles sont-elles réunies dans une syllabe , pour se prononcer par une seule émission de voix ? c'est ce qu'on appelle diphthongue. Ainsi dans ces vers :
Il n'est point de coeur sans desir, Ni d'espérance sans plaisir ;
Je jouis quand mon coeur s'amuse A se repaître avec ma muse Des chimères de l'avenir.
Les voyelles des mots coeur, plaisir, jouis, repaître, sont des diphthongues
parce qu'elles se prononcent par une seule émission de voix.
DIPHTHONGUES.
PRONONCEZ. •
Caen sans e : cân.
Faon,
Laon,
Paon,
| sans o : fân, lân, pân.
Aoriste,
Saône,
Taon,
^ fans a : ôrisle, sône, tôn.
Août fans a ; oût : mais il sonne dans août.
Vuide,
Vuider,
Vuidanges,
> sans u : vide, vider, vidanges.
Paille ,
T ravailler,
Versailles,
en mouillant, l, & non J païe, travaïe, Versaïe,
oeil , comme s'il y avoit euil.
Euridice,
Heureux,
Polieucte,
avec un son mixte ; & non ) uridice, hureux, poliucte.
Boîte ,
Coiffe,
Poêle ,
ì à peu près avec le son d'o a. On N. ne doit point écrire boëte, coësse, poële.
Croire,
Croître,
Froid,
à peu près aussi avec le son f d'o a ; croare, croatre ; & non avec le son de l'è ou■J vert crère, crêtre.
Les mots poëte, poëme sont trissyllabes, on doit prononcer comme s'il y avoit po-è-me, po-è-te.
De la différence des mots.
Les lettres, par leurs différentes combinaisons , forment les parties du discours qui servent à l'expression de nos pensées ; je veux dire les mots dont on distingue neuf diverses espèces ; savoir le Nom , l'Article, le Pronom, le Verbe, le Participe, l'Adverbe, la Préposition, la Conjonction & l'Interjeclion, qu'on appelle parties du discours. Il n'est aucun mot dans la langue, qui par son essence & su propriété , ne doive être mis dans l'une de ces classes.
Avant de parler de ces neuf parties du discours , il convient de donner une idée
générale de ce que l'on appelle Genre & Nombre.
Des Genres.
Il y en a de deux sortes, le Masculin.
& le Féminin. Le Masculin se connoît par le ou un qu'on peut mettre avant le nom. Le Féminin, par la ou une. Dans ces vers :
O mon aimable solitude,
Reçois le tribut de mes chants ! Le vrai bonheur est, je le sens, L'absence de l'inquiétude.
A l'ombre du laurier sacré Qui fleurit devant ma cabane,
Loin d'un monde faux & profane Je goûte un repos desiré.
Les mots tribut, laurier, bonheur, monde, repos, sont du masculin ; parce qu'étant pris séparément, on peut mettre avant eux les mots le ou un ; & solitude, cabane, sont du féminin, parce qu'on peut mettre la ou une.
Du Nombre.
Le Nombre marque l'unité ou la pluralité d'une chose. Le singulier indique l'unité. Le pluriel marque la pluralité. On termine toujours par une s les noms qui font au pluriel , pourvu que leur finale ne soit pas en eu ou en oix ; ainsi dans cc quatrain.
Les courtisans sont des jetons :
Leur valeur dépend de leur place ;
Dans la faveur des millions ;
Des \éros dans la disgrâce.
Les mots saveur, valeur, place disgrace , sont au singulier ; & courtisans, jetons, zéros, millions, sont au pluriel par l's finale qui l'indique.
Au Genre & au Nombre plusieurs Grammairiens ont ajouté les Cas dans leurs traités d'orthographe françoise, & les ont répétés jusqu'à la satiété , ils ont voulu que le génie de la langue françoise fût celui de la langue grecque & de la latine ; ils se sont trompés ; notre langue n'a pas diffé¬
rentes terminaisons. Nous disons toujours château, bijou, diamant ; je passerai donc fous silence cette matiere qui exige le travail de l'esprit sans le piquer, sans l'encourager. D'ailleurs il importe fort peu aux Dames de savoir ce que c'est que Nominatif, Génitif, Datif, &c. Ce langage n'est point fait pour elles. .
Des parties du Discours.
Comme nous l'avons déjà vu , il y a neuf parties dans le discours , le Nom , l'Article, le Pronom, le Verbe, le Participe, l'Adverbe, la Préposition, la Conjonction & l'Interjection.
Du Nom.
Le Nom est un mot qui exprime le sujet dont on parle, ou l'objet d'une idée. Il y en a de deux sortes le Substantif & l'Adjectif.
Du Nom Substantif.
Le Nom Substantif exprime un objet déterminé , subsistant par lui-même, sus¬
ceptible d'une épithète, & n'ayant pas besoin d'être joint à un autre pour être compris. Ainsi dans ces vers à la Marquise du Châtelet :
» Une étrenne frivole à la docte Uranie » Peut-on la présenter ? oh très-bien, j'en réponds.
” Tout lui plaît, tout convient à son vaste génie :
» Les livres, les bijoux, les compas, les pompons ,
» Les vers, les diamants, les biribis, l'optique, » L'algèbre, les soupers, le latin, les jupons, » L'opéra, les procès, le bal & la physique.
Les mots renfermés dans le quatrième, cinquieme, sixieme & septieme vers, sont des substantifs , parce qu'il s'entendent sans le secours d'aucun nom.
Nous appellons nom propre celui qui exprime une idée singuliere, une personne, une chose unique comme César, Pompée, Alexandre ; noms communs ou appellatifs ceux qui expriment des idées générales &
communes , qui conviennent à plusieurs choses semblables, comme les noms d'ange, d'homme, de royaume, qui conviennent à tous les anges , à tous les hommes, à tous les royaumes.
Nous donnons le nom de collectif à celui qui, quoique au singulier, présente à l'esprit plusieurs personnes ou plusieurs choses. Ainsi le nom de forêt fait concevoir plusieurs arbres, celui d'armée plusieurs soldats , quoique l'un & l'autre soient au singulier.
Du genre des Noms Substantifs.
Chaque Substantif n'est ordinairement que d'un genre. Il est ou du Masculin ou du Féminin. Ainsi écrivez & prononcez . Ce jeune pivoine,
De bons épinards,
Des ongles bien longs ,
D'excellents légumes,
Un bel orgue ,
Un fatal incendie,
Un épisode bien amené ,
Un bon Evéché,
Le meilleur Archevêché de France , Le chiffre Romain,
Un cep ,
De bons ciseaux,
Un joli éventail.
Tous ces noms Substantifs dont Masculins.
Dites : Une Sentinelle,
Une cuiller ,
Une belle épée,
Une jolie pantomine, Une magnifique horloge ; Une idole ,
De l'orge levée,
Une bonne épigramme, Une brillante épithete,
Une froide énigme,
De cruelles insomnies,
Une belle alcove,
Une vipere dangereuse, De bonnes poires ,
Une élégante idylle.
On trouve plusieurs Substantifs de daix genres , mais fous différentes signification , voici ceux qui sont ordinairement ignorés :
Aide.
Masculin quand il signifie celui qui aide un autre, exemples : l'aide des cérémonies est mort. Un Aide de Camp.
Il est Féminin quand il marque le secours, l'assistance ; vous me serez d'une grande aide. Ce cheval a des aides fines.
Aigle.
Féminin dans Aigle Impériale, Aigle Romaine, Aigle éployée ( terme de blason) & dans Aigle constellation. Hors de là, Masculin : Chevalier de l'Aigle blanc, de l'Aigle noir, l'Aigle courageux n'engendre point la timide Colombe.
Amour.
Masculin au Singulier & Féminin au Pluriel ; il n'y a point de laides amours.
Ange.
Masculin lorsqu'il désigne une
créature purement • spirituelle : les bons, les mauvais Anges.
Ange,
Féminin, poisson de mer. L' Ange est peu délicate.
Automne.
L'Académie s'est décidée pour le Masculin : un bel Automne.
Couple.
Féminin quand il marque le nombre, comme une rouple d'oeufs, une couple de pigeons. Marquant l'union, Masculin, voilà un couple bien assorti.
Délice.
Masculin au Singulier ; c'est mon délice ; Féminin au Pluriel : Louis XIII faisoit de Versailles ses plus cheres délices.
Enseigne.
Masculin ; Officier qui porte le Drapeau, par-tout ailleurs Féminin : il loge à une telle Enseigne.
Evangile.
Toujours Masculin ; on ne dit point la premiere Evangile, la seconde Evangile. C'est une faute
très-grossiere quoiqu'en dise M. de Wailly.
Enfant.
Masculin : c'est un bon enfant, il est aussi Féminin : c'est la meilleure enfant du monde.
Equivoque.
Masculin ou Féminin : on a le choix.
Exemple.
D'écriture Féminin : voilà une exemple bien faite. En tout autre sens, Masculin : un exemple édifiant. Des exemples tirés des . meilleurs Auteurs.
Eouire.
Masculin en pariant d'un grand Capitaine : M. de Turenne étoit un foudre de guerre. On dit aussi d'un grand vailíèau dont on se sert en Allemagne, qui contient plusieurs muids de vin : c'est un foudre immense : quand ce mot signifie le tonnerre ou son effet, suivant la plus commune opinion des Grammairiens il. est Fémi¬
nin , quoique Corneille ait dit dans Polieucte,
» Ces foudres impuissants qu'en leurs mains vous peignez.
Frangipane.
Toujours Masculin , parfum exquis. On doit dire : de la pommade de frangipane ; des tourtes de frangipane ; & non de la pommade à la frangipane ; des courtes à la frangipane.
Carde.
Masculin dans ce sens : un garde Chasse, un garde Magasin. Féminin dans une autre signification ; la garde d'une épée ; les gardes Françoises.
Cens.
La gent au Singulier ne se trouve que dans le burlesque, & toujours du Féminin, mais au Pluriel ce mot est du Masculin , en parlant des gens d'Eglise, de Guerre, de Justice, & généralement en tout sens lorsque l'Adjestif marche après.
I
exemples : il y a des gens bien singuliers, bien sots ; au contraire , si l'Adjectif précede le Substantif , ce mot devient Féminin , exemples : qu'il y a de sottes gens ! les vieilles gens sont soupçonneux ; on dit aussi : tous les gens de bien ; tous les habiles gens ; toutes les vieilles gens.
Le gueules.
Masculin , terme de blason : couleur rouge.
Gueule.
Féminin: la gueule d'un Lion.
Guide.
Pour conducteur, Masculin. Féminin, quand il désigne les longes de cuir avec quoi les Cochers conduisent les chevaux. Les guides sont neuves.
Hymne
qu'on chante à l'Eglife, Féminin : Santeuil a composé les belles hymnes adoptées dans le plus grand nombre des Diocèses. En tout autre sens
il
il est Masculin , comme dans ces vers faits à M. le Marquis de Puyscgur.
» De l'Etre bienfaisant dont vous êtes l'image, » J'ose esquisser les divins attributs ; » D'un hymne immortel, je vous dois l'hommage
» C'est le fruit des loisirs que vous m'avez rendus ;
” C'est le plus beau de mes tributs ; ” Et je l'adresse à son plus digne ouvrage ».
M. DE FEUTRy.
Lettres & Prisons.
du Féminin : on dit cependant : j lettres royaux ; prisons royaux.
OEuvre
Masculin en terme de Chymiste ; le grand oeuvre : & en parlant d'un recueil d'Estampes ou de Musique : tout l'OEuvre de Wateau ; hors de là Féminin : une belle oeuvre, de bonnes oeuvres.
Orgue
Masculin au Singulier : un bel
orgue. Féminin au Pluriel : de belles orgues.
Personne
Masculin, lorsqu'il est construit avec la négation ne, ou qu'il est interrogatif : personne n'est plus plaisant que Roquelaure. Personne a-t-il jamais exprimé plus vivement le sentiment que Racine ?
Pleurs.
Masculin, comme dans ces vers:
» Quels pleurs vois-je couler ? qu'ils ont de charmes !
» Ainsi que la douleur, le plaisira ses larmes.
Quelque chose.
Se construit avec le Masculin. Mademoiselle a quelque chose de spirituel, de malicieux, de séduisant dans le regard : on ne doit point dire : un quelque chose.
Voilà ce qu'on peut dire fur les genres des Substantifs. Enfin on connoîtra qu'un nom est Substantif, lorsqu'on ne pourra pas
y joindre les mots chose ou personne. Ainsi les mots diamant, colifichet, bracelet, jupon, toquet sont des noms Substantifs, parce qu'on ne peut y joindre les mots chose ou personne.
Du Nom Adjectif.
L'Adjectif differe du ubstantif, en ce qu'il a plus d'un genre. On lui donne le nom d'Adjectif parce qu'il ne peut guere subsister seul dans le discours , & qu'on ne peut l'entendre clairement qu'en y joignant un nom Substantif ; ainsi les mots charmant, gracieux, joli, sont des noms Adjectifs parce qu'on ne peur guere les entendre qu'en y joignant des noms Substantifs ; on dira : une jolie femme, un homme savant, un sourire gracieux.
Souvent l'Adjectif n'a qu'une terminaison ; tels font ceux-ci, honnête, agréable, aimable ; pour le connoître il n'y aura qu'à le construire avec deux Substantifs d'un genre différent : un jardin agréable,
une salle agréable, un homme honnête, une femme honnête, un jeune homme aimable, une Demoiselle aimable.
Il est aussi des circonstances où le nom Adjectif est dans la phrase sans l'appui d'un Substantif : un sage, un fou, un ignorant, le joli fait plus d'impression sur le coeur que le beau. Tous ces Adjectifs sont considérés comme Substantifs parce qu'ils s'entendent.
Des Adjectifs communément appellés Noms de Nombre.
EN VOICI LE TABLEAU.
un,
neuf,
dix-fept,
deux,
dix,
dix-huit,
trois,
onze,
dix-neuf,
quatre ,
douze,
vingt,
cinq ,
treize,
vingt & un,
six,
quatorzje,
vingt-deux,
sept,
quinze,
trente & un,
huit,
seize,
trente-deux,
trente-trois,
quarante,
quatre-vingt-un,
quarante & un,
quatre-vingt-deux,
quarante-deux, &
quatre-vingt-dix,
cinquante ,
cent,
cinquante & un,
cent un,
cinquante deux,
cent deux,
soixante,
deux cents,
soixante & un,
trois cents, &
soixante-deux,
mille,
soixante & dix,
mille & un,
soixanfe & onze,
mille & deux
quatre-vingt,
deux mille,
trois mulle.
Des degrés de Comparaison.
Les degrés de comparaison ne conviennent qu'aux noms Adjectifs. On en compte trois ; le Positif, le Comparatif, le Superlatif. Le Positif n'est autre chose que l'Adjectif simplement : ainsi les mots joli, aimable, gracieux, affable, sont des Adjectifs au Positif Le Comparatif augmente d'un degré le
Positif, si le mot plus est mis avant l'Adjectif ; c'est un Comparatif d'excès ; si c'est le mot moins, c'est un Comparatif de défaut ; si un de ces mots-ci autant, auffi, se trouve également mis avant, c'est alors un Comparatif d'égalité. On trouvera ces différents degrés de comparaisons dans ces vers.
» Qu'est-ce que l'amitié ? — chimere : » Un nom auffi vain, profané douteux ; » C'est l'ombre du destin prospère,
” Mais qui fiait l'homme malheureux, ” L'àmour est chose moins réelle ;
» Et la beauté plus fiere en fait un jeu. » C'est pour la seule tourterelle » Que s'est réservé ce beau feu.
Où l'on voit que l'Adjectif vain est au Comparatif d'égalité ; réelle au Comparatif de défaut ; & fiere au Comparatif d'excès.
Le Super augmente au plus haut degré le PoSfífcjîi un de ces mots très ou fort est mis avant l'Adjectif, ce fera un
Superlatif absolu , exemple : votre procédé est très ou fort honnête. Si un de ceux-ci, le plus, la plus, du plus, à la plus, au plus, se trouve également avant l'Adjectif, ce sera un Superlatif rélatif, exemples : Madame est la plus agréable des femmes, vous êtes le plus charmant des hommes.
Des Articles.
Les Articles sont de petits mots qui se mettent avant les autres. En voici le nombre ; le, la, les, de, du, des, à, au, aux, ô, un, une.
On les trouvera dans ces vers du célébré Rousseau qui dépeint ainsi l'avarice.
O monstre insatiable !
Superbe tyran des humains !
Qui seul du bonheur véritable,
A l'homme as fermé les chemins ;
Pour appaiser sa soif ardente ,
La terre en trésors abondante
Fait germer l'or fous ses pas ;
Il brûle d'un feu sans remede ;
Moins riche de ce qu'il possede,
Que pauvre de ce qu'il n'a pas.
Les mots de, du, des, ô, un, sont les Articles.
Des Pronoms.
Un Pronom est un nom qui tient la. place d'un autre. L'Académie a réduit les. Pronoms à fix, quoique M. Restaud en. veuille absolument sept..
Les Pronoms personnels, Les Pronoms possessifs,
Les Pronoms démonstratifs , Les Pronoms rélatifs,
Les Pronoms absolus,
Les Pronoms indéterminés..
Les Pronoms personnels pour la premiere personne du Singulier sont je, me, moi , exemples : je chante , je me flatte ,, ç'est moi.
Nous pour la premiere personne du Plu¬
ricl des deux genres : nous promenons, nous nous coëssons, pour la seconde personne du Singulier, tu, te, toi, pour les deux genres : tu promenes, tu te signales, est-ce toi ?
Vous pour la seconde personne du Pluriel & du Singulier : du Pluriel, quand on parle à plusieurs, comme quand je dis ; Mesdames, voulez-vous jouer ? du Singulier quand on ne parle qu'à une feule personne , exemple : vous plaisantez , Monsieur.
Pour la troisième personne du Singulier, il, elle, lui, exemples : il charme, elle rit, c'est lui. Ils, eux, elles, pour la troisième personne du Pluriel. Ils s'en vont, elles jouent, la dissension est entr'eux.
Les mots se, soi, sont encore mis au nombre des Pronoms personnels, exemples : il est aussi aisé de se tromper sans s'en appercevoir, qu'il est difficile de tromper les autres sans qu'ils s'en apperçoivent. On est au désespoir d'être trompé par ses
ennemis , & trahi par ses amis ; & on est souvent satisfait de l'être par soi-même. Les Pronoms possessifs , ainsi appelles , parce qu'ils marquent la possession de l'objet, sont mon, ma, mes, ton, ta, tes, son, sa, ses, nôtre, vôtre, leur, le mien, la mienne, le tien, la tienne, le sien, la sienne, le nôtre, le vôtre, les nôtres, les vôtres, les miens, les miennes, les tiens, les tiennes, les siens, les siennes, nos, vos, leurs , exemples : notre maison, votre château , son jupon, sa coëfe, ses bijoux, mon diamant, vos rubans, ton bracelet, nos plumets.
Les Pronoms démonstratifs indiquent l'objet, les voici : ce, cet, cette, ces, celui, celle, celui-ci, celle-ci, celui-là, celle-là, ceux-là, celles-là, exemples : cette filoche, ce hameau, ces coteaux, &c.
Les Pronoms relatifs sont qui, que, quel, lequel, laquelle, dont, de qui , duquel, de laquelle, à qui, auquel, à laquelle, auxquels. On les appelle Pronoms
rélatiss parce qu'ils se rapportent ordinairement à un Nom ou à un Pronom qui précédé & qu'on nomme Antécédent.
Ces Pronoms sont désignés dans ce passage de la Jérusalem délivrée, où Monsieur de Mirabeau peint ainsi le palais d'Armide.
"Le superbe palais d'Armide étoit d'une ,, forme ronde. Au centre il y avoit un » jardin à la beauté duquel rien ne peut » être comparé. Il étoit environné de bâ” timents vastes & magnifiques dans les-” quels on avoit pratiqué un si grand nom» bre de détours, qu'il étoit impossible de » pénétrer dans l'intérieur de ce merveil” leux édifice. Sa grande porte étoit d'ar» gent, & les gonds en étoient d'or. Mais » cependant l'ouvrage dont elle étoit or» née, surpassoit infiniment la matière. » Les figures qu'on y avoit gravées, étoient » si bien faites, & on leur avoit donné » tant d'expression, qu'elles paroissoient » animées. Les parterres émaillés de fleurs,
» les bosquets toujours verds, les fontai» nes crystallines prodiguoient leurs eaux » fous mille formes différentes ; les grot» tes ; les riants côteaux, les vallons frais ” & sombres ornoient à l'envi ce délicieux » séjour. Mais ce qui en faisoit la plus » grande beauté, c'est que l'Art y étoit » tellement caché, que ce jardin sc'mbloit ,, devoir à la nature feule tous ses ornements
ornements
Les mots dont, duquel, qui, lesquels, dans ce morceau sont appellés Pronoms relatifs parce qu'ils se rapportent au Nom ou au Pronom qui les précédé.
OBSERVATION.
L'Académie a mis au nombre des Pronoms rélatifs les mots le, la, les, en, y, lorsqu'ils dépendent d'un Verbe. Un Verbe est un mot avant lequel on peut mettre les Pronoms personnels je, tu, il, &c. Ainsi les mots aime, joue, chante, &c. font des Verbes. Les Pronoms ci-dessus
établis par l'Académie sont dans ces différents quatrains.
» Oui, je le crois ; j'y consens avec vous ” Que tous les Poëtes sont fous ; » Mais sachant ce que vous étés,
» Tous les fous ne font pas Poëtes.
» Que me veut donc cette importune ? » Que je la compare au Soleil. » Il est commun ; elle est commune : » Voilà ce qu'ils ont de pareil.
” Tes vers font beaux quand tu les dis ; ” Mais ce n'est rien quand je les lis , » Tu ne peux pas toujours en dire :
» Fais en donc que je puisse lire.
Dans ces différents morceaux de poësie les mots le, la, les, en, y, sont Pronoms rélatifs parce qu'ils dépendent des Verbes qui font mis immédiatement après eux. Les Pronoms absolus sont, qui, que, quoi, lequel, laquelle, &c. on les appelle Pronoms absolus parce qu'ils n'expriment
point de rapport ; voilà en quoi ils diffèrent des Pronoms rélacifs qui en expriment toujours un. Ils sont sur-tout d'usage dans les phrases interrogatives, & dans celles qui marquent le doute ou l'incertitude. Ces Pronoms font marqués dans ce petit Dialogue de Madame de * * *.
LE CHEVALIER D'AUMER dit : « Que vois-je au fond de ce jardin ?
Mdlle. D'ANCI.
» Rien Monsieur.
LE CHEVALIER. ” Quoi, rien ? je crois que vous plai» santez, Mademoiselle ; je n'ai pas un » bandeau devant les yeux.
Mdlle. D'ANC r. » Qui vous dit que vous. en avez un ? si c'est seulement le fruit de votre imagi»
imagi» exaltée quel est celui d'entre
,, les hommes dont le cerveau n'auroit pas ,, besoin d'être souvent purgé par l'ellébore ?
Les Pronoms indéterminés, c'est-à-dire,
ceux qui expriment un objet vague, indéterminé, sont quelqu'un, chacun, quiconque, ou, rien, autrui, l'un, l'autre, plusieurs, quelque, tout, quoi que ce soit, aucun, même, nul, pas un, personne ; les mots quoi, que, sont mis également au nombre des Pronoms indéterminés , comme dans ces vers de Boileau :
Quoique vous écriviez, évitez la bassesse ; Le style le moins noble a pourtant sa noblesse.
Cette définition des Pronoms extraits des Mémoires de l'Académie, suffira pour en avoir une notion claire, pour peu qu'on veuille s'y arrêter. M. Restaud principalement , & tous nos Grammairiens Classiques , pour traiter cette matière, ont usé bien du papier qui auroit pû être employé plus utilement ;
Des Verbes.
Un Verbe est un mot qui marque uné action faite ou reçue par le SujeT. ON con¬
hoir qu'un mot est un Verbe lorsqu'on peut mettre avant lui les Pronoms personnels qui sont je, tu, il, nous, vous, ils ; ainsi dans cette description de l'Eté paf M. le Cardinal de Bernis :
Soleil, c'est aujourd'hui ta fête ; L'Eté chargé de blonds épis,
Étale ses riches habits ,
Et fait rayonner fur fa tête L'or, les Saphirs, & les rubis. Leves-toi, répands la lumière ,
Brille, triomphe à tous les yeux ; Poursuis la nuit dans sa carriere, Et chasse du trône des Cieux Sa pâle & tremblante courriere.
Les mots étale, fait, leves, répands brille, triomphe, poursuis, chasse, sont des Verbes, parce qu'on peut mettre avant eux les Pronoms personnels , & qu'on peut dire ; je brille, tu brilles, il brille, nous brillons, vous brillez, ils brillent ; je triomphe, tu étales, tu poursuis, il répand ;
nous
nous triomphons, vous étalez, vous poursuivez ; chasse, tu chasses, &c.
Avant d'entrer dans les différentes forres de Verbes, il convient de savoir ce qu'on entend par sujet & attribut.
Le sujet est la personne ou la chose dont on parle. L'attribut est ordinairement l'Adjectif. M. de Buffon dans fa description du Serin de Canarie , dit :
“ Forme élégante, taille légere & sou» ple, gentil plumage, chant mélodieux, » cadences perlées, tout enchante dans ce » joli petit Musicien de Nos appartements. ” Il a le talent de plaire aux Dames & aux » Demoiselles qui font leur amusement de ” son éducation. Petits soins, complaisan» ces extrêmes, attentions inouies , baisers » tendres, caresses vives, rien n'est : épar»
épar» Où l'on voit que les mots
forme, taille, plumage, chant, cadences, soins, complaisances, baisers, caresses, font le sujet ; & les noms dont ils font
suivis, tels que légere, souple, gentil, mélodieux, &c. sont l'attribut ou l'Adjectif.
Des différentes sortes de Verbes.
Il y a trois sortes de Verbes, le Verbe actif, le Verbe passif, & le Verbe neutre.
Le Verbe actif marque une action faite par le sujet : Mademoiselle joue, chante, danse à merveille.
Le Verbe passif marque une action reçue , soufferte par le sujet , exemples : tu seras puni, tu seras châtié de ta témérité. . Le Verbe neutre n'exprime que l'état du sujet : je repose, je dors.
Il y a encore des Verbes pronominaux, des Verbes impersonnels, des Verbes réfléchis , des Verbes réciproques.
Un Verbe pronominal est celui qui se conjugue avec les deux Pronoms de la méme personne : je me coîfe, nous nous coifons.
Un Verbe impersonnel est celui qui ne
se conjugue qu'à la troisième personne du Singulier : il saut, il importe.
Le Verbe réfléchi marque une action qui réjaillit sur le sujet : Lucrece s'est tuée.
Le Verbe réciproque exprime l'action de plusieurs sujets qui agissent les uns fur les autres, exemple : nous nous heurtons.
De la Conjugaison des Verbes.
Conjuguer un Verbe, c'est le rendre avec toutes les modifications dont il est susceptible, lesquelles consistent en nombre, personnes, temps & modes.
Quant au nombre je désigne le Singulier dans les Verbes, & nous indique le Pluriel , exemples : je ris, nous chantons.
Quant aux personnes , il y en a trois : celle qui parle, je plaisante ; celle à qui l'on parle, tu plaisantes ; & celle de qui l'on parle, il plaisante, ou toute autre chose qui fait le sujet du discours.
Des Tems.
A proprement parler, il n'y a que trois
tems ; le présent, je joue ; le passé, je jouai ; le futur, je jouerai. Il y en a d'autres dont nous ferons connoícre la propriété en parlant des modes.
Des Modes.
Les Modes sont les différentes maniérés d'employer le Verbe ; il y en a quatre : l'indicatif, l'Impératif, le Subjonctif, & l'Infinitif.
De l'indicatif, 1er. Mode.
l'Indicatif marque une affirmation simple de ce qui est signifié par le Verbe, Dans ce quatrain :
Tantôt pour un plaisir, tantôt pour une affaire, Nos soins sont prodigués, notre tems est perdu ; Et nous songeons à la vertu , Quand nous n'avons plus rien à faire.
Les Verbes songeons, avons, sont à l'Indicatif.
Des tems de l'Indicatif.
: Les tems de l'Indicatif sont le présent,
l'Imparfait, le Passé ou Parfait ; (selon les Grammairiens, Parfait ou Passé, c'est la même chose.) Le Parfait indéfini, le Parfait antérieur, le plus-que-Parfait, le Futur, le Futur passé, le Conditionnel présent & le Conditionnel passé.
Le Présent marque une chose qui est ou qui se fait au tems ou l'on parle ; ainsi dans ces vers :
» Dieu nous vend, il est vrai, le bien qu'il nous envoie : „ Mais les maux qu'il y mêle, il sait les tempérer. » Je ne sais quoi d'amer naît du sein de la joie ; » Et je ne sais quel charme on éprouve à pleurer.
Les Verbes écrits en lettres italiques font au Présent, parce qu'ils désignent une chose qui est ou qui se fàit au tems où l'on parle,
L'Imparfait ou Présent rélatif exprime une action qui n'est pas entiérement terminée ; ce tems est ttès-bien exprimé dans les vers suivants :
« Simonnet annonçoit un méchant caractere : » A le moriginer, chacun perdoit son tems. » C'étoit un villageois, il n'avoit que douze ans
„ Et déjà ne trouvoit du plaisir qu'à mal faire. » Les bergers le fuyoient : lorsqu'il venoit aux champs, „ Il frappait sans pitié les troupeaux innocents, „ Enlevoit un agneau quand il tettoit sa mere, » Et lorsque du hameau, quelque jeune bergere, » Admiroit ses appas, au bord d'un clair ruisseau, » Le malin enfant troubloit l'eau,
» Etant bien sûr de lui déplaire.
Les Verbes fuyoient, annonçoit, frappoit, venoit, &c. sont à l'Imparfait, parce qu'ils marquent une action commencée & non achevée.
Le Parfait marque une chose faite acomplie. Dans cette Epitaphe par M. Collin :
» Ci-gît Grégoire. Au monde en sept cent trente il vint, » Et rendit l'ame en sept cent quatre-vingt.
» Vous savez en deux mots tout ce qu'a fait Grégoire : „ Il naquit, il mourut ; c'est toute son histoire.
Les Verbes vint, rendit, naquit, mourut, sont au Parfait parce qu'ils marquent une chose accomplie.
Le Parfait indéfini marque une chose passée dans un tems qu'on ne désigne pas ; pu dans un tems désigné, mais qui n'est
pas entiérement écoulé : exemple des deux Cas Le François a toujours été furieux lorsqu'on lui a résisté, & toujours plein de douceur & de générosité pour un ennemi désarmé. Il s'est battu comme un. lion2 & a traité le vaincu comme son meilleur ami. A résisté, s'est battu, a traité sont au Parfait indéfini parce qu'ils marquent des choses passées dans un tems qu'on ne désigne pas. Mais quand je dis ; le François a remporté aujourd'hui la victoire fur les Anglois à la bataille de Fontenoy. A remporté désigne une action passée dans un tems qui n'est pas encore tout-à-fait écoulé.
Le Parfait antérieur marque une chose, faite avant une autre, exemples : " Lorsque » les Espagnols furent entrés dans le Mexi” que , & que le barbare Alderete eut u chargé de fers, & eut fait mettre fur « de charbons ardents l'infortuné Empe» reur Guatimozin, & son favori, pour ” les obliger par ce supplice à déclarer où.
» étoient les trésors de l'Empire ; le Mi»> nistre cédant à sa douleur, jette quelques » cris. Guatimozin le regarde : & moi , ” lui dit-il : suis-je sur un lit de roses? ., Histoire d'Espagne.
On voit dans ce trait d'histoire que les Verbes furent entrés, eut chargé, eut fait, sont au Parfait antérieur parce qu'ils désignent une action faite avant une autre. Nous ne parlerons point du Parfait antérieur défini, ce tems n'étant pas usité dans les conjugaisons.
Le plus-que-Parfait marque une chose faite depuis très-long-tems, exemples.… Henri IV avoit témoigné pendant long-tems à Madame de Pons de Guercheville toute l'inclination qu'il avoit pour elle : & toujours cette Marquise, par sa sage résistance, avoit inspiré de l'estime à ce même Prince qui lui dit ensin : " Puisque vous êtes vé» ritablement Dame d'honneur, vous le ” ferez de la Reine ma femme ”.
Avoit inspiré, avoit témoigné, sont au
plus-que-Parfait, par l'action qu'ils désignent faite depuis long-cems.
Le Futur marque une chose qui n'est pas, mais qui fera ou quisfe sera ; on trouvera le tems dans cette Strophe, où M. de Saint Samson fait l'éloge de M. de Voltaire.
» Le tems entassera ruines sur ruines ;
» Du Pôle à l'Equateur il roulera les mers ;
„ Les volcans vomiront les entrailles des mines ;
» Leurs laves changeront les cités en déserts.
» Un jour, dans leurs brûlants abîmes,
» Les monts ébranlés de leurs cimes,
» Avec fracas s'écrouleront.
» Tout naît, meurt, renaît sur la terre :
» Mais d'avoir enfanté Voltaire
» Les siecles se reposeront.
Le Futur passé marque une chose qui sera faite, lorsqu'une autre arrivera , exemple : lorsque vous aurez guéri mon charmant Manitou, (a) disoit une Dame au fameux Lyonnois, (b) je vous récompenserai au-delà de toute espérance.
(a) Petit chien.
(b) Célebre Médecin de l'espece canine.
Le Conditionnel présent marque une chose qui se feroit, moyennant certaines, conditions, exemple : « Votre Excellence » s'abaisse jusqu'à saluer un esclave, disoit » quelqu'un à un Gouverneur de la Virgi- « nie ? sans doute , reprit le Gouverneur : » je serois fâché, si un esclave se morttroit » plus honnête que moi.
Le Conditionnel passé marque une chose, qui se seroit faite si on l'avoit voulu, exemple : " Les François assiégeoient une place.
L'Officier qui les commandoit fit pro” poser aux Grenadiers une somme considé” rable pour celui qui, le premier plantes ” roit une fascine dans le fosse exposé à ” tout le feu des ennemis. Aucun des Gre» nadiers ne se présenta. Le Général éton” né , leur en. fit des reproches ; nous nous » serions offerts lui dit un de ses braves » Soldats, si l'on n'avoit pas mis cette ” action à prix d'argent ». Serions offerts ” est au Conditionnel passé, parce qu'il,
désigne une action qui se seroit faite si on l'avoit voulu.
De l'Impératif, 2me. Mode.
L' Impératif désigne l'action de commander , de prier, d'exhorter :
Dans Zaïre, Orosmane dit à son confident dans un noir accès de jalousie & de fureur :
» Court chez elle à l'instant ; va, vole Corasmin ; » Montre-lui cet écrit.... qu'elle tremble.... & soudain » De cent coups de poignard que l'infidelle meure.
» Mais avant de frapper… Ah ! cher ami, demeure
» Demeure, il n'est pas tems. Je veux que ce Chrétien
» Devant elle amené… non… je ne veux plus rien ;
» Je me meurs.... je succombe à l'excès de ma rage.
Les Verbes va, vole, &c. sont à l'Impératif par l'action de commander qui les accompagne.
Du Subjonctif, 3me. Mode & de ses tems.
Les tems du Subjonctif, ainsi appellé, parce que ce Mode se met ordinairement
après la Conjonction que, (*) sont le Présent,
l'Imparfait , le Parfait, & le plus-que-Parfait. Exemples du Subjonctif.
» Je te salue, ô chêne antique !
» A ton aspect majestueux,
» Qu'on t'honore d'un cantique ;
» Qu'on baisse un front respectueux !
» Et les oiseaux par leur ramage,
» Qu'ils chantent ta gloire d'âge en âge !
» Ici tous les jours attiré,
»Que je t'apporte mon offrande ;
» Et d'une superbe guirlande,
» Que je ceigne ton pied sacré.
On voie dans ces vers que les Verbes honore, baisse, chantent, &c. sont au Subjonctif par le mot que qui indique ce Mode, toutes les fois qu'il est mis avant un Verbe.
Nous avons déjà dit ce que c'étoit que
l'Imparfait, le Parfait, & le plus-que-(*)
plus-que-(*) Conjonction est un mot indéclinable qui sert à en lier deux ou plusieurs ensemble ; tels sont ceux-ci ; ou, &, si, que, &c.
Parfait en parlant des tems de l'Indicatif ; nous ne le répécerons point ici, quoique le Subjonctif soit susceptible des mémes tems.
Des tems de l'Infinitif, 4me. Mode.
Les tems de l'Infinitif sont le Présent, le Parfait, le Participe actif présent, le Participe passif, le Gérondif présent, & le Gérondif passé.
Tous les Infinitifs des Verbes sont terminés ou en er, ou en ir, ou en oir, où en re. Ainsi toutes les fois qu'un Verbe aura cette terminaison , on connoîtra parlà , qu'il est à l'Infinitif.
Dans Xercès, Darius dit à Artaxerce son frere :
« Va, je n'ai pas besoin de conseils pour mourir ; » La mort, sans m'effrayer, à mes yeux peut offrir : » C'est le supplice, & non le trépas qui m'offense ; » C'est de te voir, cruel, braver mon innocence ; » Te plaire en ton erreur, chercher à t'abuser.
On voit dans ces vers que les Verbes
effrayer, voir, plaire, offrir, &c. sont à l'Infinitif par les terminaisons qui caractérisent ce Mode.
Le Parfait de l'Infinitif marque un passé relatif au Verbe qui le précede , exemple : je crois vous avoir vu hier à la promenade.
Le Participe, ainsi appellé , parce qu'il participe de la nature du Verbe & de celle de l'Adjectif, est actif ou passif.
Lorsqu'il est Participe actif il se termine par ant, demeure indéclinable, & réjaillit sur la personne à qui l'on parle , exemple : je vous ai vu de ma fenêtre cueillant les plus jolies fleurs de mon jardin. Le Verbe cueillant est au Participe actif parce qu'il marque une action qui réjaillit fur la personne à qui l'on parle.
Lorsqu'il est Participe passif il est ter-miné ordinairement ou en é , ou en i, ou en ert, ou en u , & désigne une chose passée , exemples : c'est cet ingrat que j'ai aimé.... quels maux pour lui n'aí-je pas • soufferts.... victime de ma bonté, le ciel
m'a puni... & toutes ces calamités.....
comment ne les avois-je pas prévues?.... Madame de B * * *.
Le Gérondif est présent ou passé. On fait que les Gérondifs désignent ou l'érat du su,'et, la raison, le fondement de faction ; ou un moyen de parvenir à une fin ; & ils différent du Participe en cé qu'ils marquent une action qui réjaillit fur la personne qui parle ; au lieu que le Participe en désigne une qui rejaillit sur la personne à qui l'on parle. Les Gérondifs, ainsi que les Participes actifs , ne prennent ni genre , ni nombre. Exemple du Gérondif présent. Dans ces vers à Madame de B * * *.
Vive & douce Eléonore,
On croit vous lire en vous voyant,
Heureux qui peut jouir de ce double agrément. Plus heureux le mortel qui vous ignore.
Voyant est au Gérondif présent par l'action qui réjaillit sur la personne qui parle. Exemple du Gérondif passé.
Tancrede & Regnaud ayant été délivrés
des enchantemens de la perfide Armide, mirent en suite l'armée des infidelles : Jérusalem délivrée, Tom. I.
Table des Conjugaisons.
Les diverses terminaisons de toutes les parties du Verbe, & principalement de l'infinitif, forment les différentes conjugaisons.
Nous avons déjà dit que les Infinitifs de nos Verbes se terminoient en er, en ir, en oir ou en re ce qui fait en général quatre conjugaisons. Mais comme les Verbes en ir & en re se conjuguent différemment aux mêmes tems & aux mêmes personnes , on peut distinguer jusqu'à onze conjugaisons dans notre langue nous avons deux Verbes auxiliaires, ainsi appellés, parce qu'ils aident à conjuguer les autres ; ce sont les Verbes avoir & être.
La table des Conjugaisons de M. de * Wailly, faite d'après le sentiment de l'Académie , nous a paru la plus simple. Il
seroit
seroit difficile d'en donner une qui fût plus à la portée de nos jeunes Orthographistes : nous l'avons adoptée. Ainsi dans la table, suivante on conjuguera en même tems les Verbes avoir, aimer, être. Au Verbe avoir, sera joint le Substantif soin afin que les jeunes personnes voient que j'ai avec un Substantif, marque un Présent ; & qu'avec un Participe, il marque un Passé. Après le Verbe être, on mettra le Participe aimé, par ce moyen, on aura le Passif du Verbe aimer : & l'on verra plus aisément l'emploi des Verbes auxiliaires.
Cependant nous ne commencerons point, comhie M. de Wailli , par l'Infinirif des conjugaisons. Cette méthode qui n'a jamais été le sentiment des quarante , ne fera point la nôtre. Ce seroit vouloir semer peu de clarté dans une matière qui en demande beaucoup. Nous observerons l'ordre qu'on garde ordinairement dans toutes les langues , qui est de mettre l'infinitif à la
fin des conjugaisons. Cet Auteur qui ne soudoit ses regles que sur l'autorité de l'Académie, auroit bien pu se dispenser de cette nouveauté. Mais, telle est la loi de l'amour propre qui ne perd rein, lors même qu'il renonce à la vanité.
( 51 )
CONJUGAISONS DES VERBES.
INDICATIF.
PRÉSENT.
J'ai (soin)
j'aime
je suis (aimé ée. )
Tu as
tu aimes
tu es.
Il ou elle a
il ou elle aime
il ou elle est.
Nous avons
nous aimons
nous sommes.
Vous avez
vous aimez
vous êtes.
Ils ou elles ont.
ils ou elles aiment.
ils ou elles sont.
IMPARFAIT.
j'avois (soin)
j'aimais
j'étois aimé ( ée),
Tu avois
tu aimoins
lu étois.
Il ou elle avoit
il ou elle aimoit
il ou elle étoit.
Nous avions
nous aimions
nous étions.
Vous aviez
vous aimiez
vous étiez.
Ils ou elles avoient.
ils ou elles aimoient.
ils ou elles étoient.
PARFAIT.
J'eus (soin)
j'aimai
je fus aimé (ée.)
Tu eus
tu aimas
tu fus.
Il ou elle eut
il ou elle aima
Il ou elle fut.
Nous eûmes
nous aimimes
nous fûmes.
Vous eûtes
vous aimâtes
vous fûtes.
Ils ou elles eurent.
ils ou elles aimerent.
ils ou elles furent.
PARFAIT. INDÉFINI.
J'ai eu (soin)
fal aimé
j'ai été (aimé ée.)
Tu as eu
tu as aimé
tu as été.
Il ou elle a eu
il au elle a aimé
il ou elle a été.
Nous avons eu
nous avons aimé
nous avons été.
Vous avez eu
vous avez aimé
vous avez été.
ns ont eu.
ils ont aimé.
ils ont été.
PARFAIT ANTÉRIEUR.
J'eus eu (soin)
j'eus aimé
j'eus été (aimé ée.)
Tu eus eu
tu eus aimé
tu eus été.
Il eut eu
il eut aimé
il eut été.
Nous eûmes eu
nous eûmes aimé
nous eûmes été.
Vous eûtes eu
vous eûtes aimé
vous eûtes été.
Ils eurent eu.
ils eurent aimé.
ils eurent été.
PLUS QUE-PARFAIT.
J'avois eu (soin)
j'avois aimé
j'avois été (aimé ée.)
Tu avois eu
tu avois aimé
tu avois été.
Il avait eu
il avoit aimé
il avoit été.
Nous avions eu
nous avions aimé
nous avions été.
Vous aviez eu
vous aviez aimé
vous aviez été.
Ils avoient eu.
ils avoient aimé.
ils avoient été.
FUTUR.
J'aurai (soin)
j'aimerai
je serai (aimé ée.)
Tu auras
tu aimeras
tu feras.
Il aura
il aimera
il fera.
Nous aurons
nous aimerons
nous serons.
Vous mirez
vous aimerez
vous ferez.
Ils auront
ils aimeront.
ils feront
FUTUR PASSÉ.
J'aurai eu (soin)
j'aurai aimé
j'aurai été.
Tu auras eu
tu auras aimé
tu auras été.
Il aura cu
il aura aimé
il aura été.
Nous aurons eu
nous aurons aimé
nous aurons été.
Vous aurez eu
vous aurez aimé
vous aurez été.
Ils auront eu.
ils auront aimé.
ils auront été.
CONDITIONNEL PRÉSENT.
J'aurois (soin)
j'aimerois
je serois (aimé ée.)
Ta aurois
tu aimerois
m seroís.
Il auroit
il aimeroit
il seroit
Nous aurions
nous aimerions
nous serions.
Vous auriez
vous aimeriez
vous seriez.
Ils auroient
ils aimeroient.
ils seroîent.
Conditionnel passé
J'aurois eu (soin)
J'aurois aimé
j'aurois été.
Tu aurois eu
tu aurois aimé
tu aurois été.
Il auroit eu
il auroit aimé
il auroit été.
Nous aurions eu
nous aurions aimé
nous aurions été.
Vous auriez eu
vous auriez aimé
vous auriez été.
Ils auroient eu.
ils auroient aimé.
lis auroient été.
Autrement.
J'eusse eu (soin)
j'eusse aimé
j'eusse été.
Tu eusses eu
tu eusses aimé
tu eusses été.
Il eût eu
il eût aimé
il eût été
Nous eussions eu
nous eussions aimé
nous eussions été.
Vous eussiez eu
vous eussiez aimé
vous eussiez été.
Ils eussent eu.
ils eussent aimé.
ils eussent été.
IMPÉRATIF,
Point de premiere personne.
Aie (soin)
aime
sois (aimé ée.)
Qu'il ait.
qu'il aime
qu'il soit.
Ayons
aimons
soyons.
Ayez
aimez
soyez.
Qu'ils ayent
qu'ils aiment
qu'ils soient.
SUBJONCTIF.
Que j'aye (soin)
que j'aime que je sois (aimé ée.)
Que tu ayes
que tu aimes
que tu sois.
Qu'il ait
qu'il aime
qu'il soit
Que nous ayons
que nous aimions
que nous soyons.
Que vous ayez
que vous aimiez
que vous soyez.
Qu'ils ayent.
qu'ils aiment
qu'ils soient.
IMPARFAIT.
Que j'eusse (soin)
que j'aimasse
que je fusse (aimé ée.)
Que tu eusses
que tu aimasses
que tu fusses.
Qu'il eût
qu'il aimât
qu'il fût.
Que nous eussions
que nous aimassions
que nous fussions.
Que vous eussiez
que vous aimassiez
que vous fussiez.
Qu'ils eussent.
qu'ils aimassent.
qu'ils fussent.
PARFAIT.
Que j'aye eu
que j'aye aimé
que j'aye été.
Que tu ayes eu
que tu ayes aimé
que tu ayes été.
Qu'il ait eu
qu'il ait aimé
qu'il ait été.
Que nous ayons eu
que nous ayons aimé
que nous ayons été.
Que vous ayez eu
que vous ayez aimé
que vous oyez été.
Qu'ils ayent eu.
qu'ils ayent aimé.
qu'ils ayent été.
PLUSQUE-PARFAIT.
Que j'eusse eu (soin)
que j'eusse aimé
que j'eusse été.
Que tu eusses eu
que tu eusses aimé
que tu eusses été.
Qu'il eût eu
qu'il eût aimé
qu'il eût été.
Que nous eussions eu
que nous eussions aimé
que nous eussions été.
Que vous eussiez eu
que vous eussiez aimé
que vous eussiez été.
Qu'ils eussent eu.
qu'ils eussent aimé.
qu'ils eussent été.
INFINITIF PRÉSENT.
Avoir (soin)
aimer
être (aimé ée.)
PARFAIT.
Avoir eu
avoir aimé
avoir été.
Participe actif présent.
Ayant
aimant
étant.
Participe PASSIF.
Eu, cue
aimé, aimée
été.
GÉRONDIF PRÉSENT.
Ayant ou en ayant
en aimant
étant.
GÉRONDIF PASSÉ.
Ayant çu
yam aimé
ayant été ;
REMARQUE. L'Imparfait de l'Indicatif, les Parfaits composés, j'ai aimé, j'eus aimé, que j'aie aimé, les Plusque-parfaits, les Fururs , les Conditionnels, se conjuguant de méme dans toutes les conjugaisons , pour abréger, nous ne mettrons que la premicre personne de ces tems ; on conjuguera les autres personnes comme dans aimer.
Conjugaison en ir.
INDICATIF PRÉSENT.
I
2
3
4
Je si n li
sens
ouvre
tiens.
Tu finis
sens
ouvres
tiens.
il fuit
sent
ouvre
tient.
Nous finissons
semons
ouvrons
tenons.
Vous finissez
sentez
ouvrez
tenez.
Ils finissent
sentent
ouvrent
tiennent
IMPARFAIT.
Je finissois
se o toit
ouvrois
tenois.
PARFAIT.
Je finis
sentit
ouvrit
tins.
Tu finit
sentis
ouvris
tins.
Il finie
sentie
ouvrit
tint.
Nous finîmes
sentîmes
uvrlmcs
tinta et.
D 4
Vous finîtes
sentîtes
ouvrîtes
tin tei r
Ils finirent
sentirent
ouvrirent
tinrent.
PARFAIT INDÉFINI.
J'ai fini
senti
ouvert
tenn.
PARFAIT ANTÉRIEUR.
J'eus fini
senti
ouvert
tenu.
PLUSQUE-PARFAIT.
j'avois fini
senti
ouvert
tenu.
FUTUR.
Je finirai
sentirai
ouvrirai
tiendrai,
FUTUR PASSÉ.
J'aurai fini
senti
ouvert
tenu.
CONDITIONNEL PRÉSENT.
Je finirois
sentirois
onvrirois
tiendrois.
CONDITIONNEL PASSÉ.
J'aurois fini
senti
ouvert
tenu.
Ou j'eusse fini
senti
ouvert
tenu.
IMPÉRATIF.
Finis
feus
ouvre
tiens.
Qu'il finisse
qu'il fente
qu'il ouvre
qu'il tienne.
Finissons
sentons
ouvrons
tenons.
Finissez
sentez
ouvrez
tenez.
Qu'ils finissent.
qu'ils sentent.
qu'ils ouvrent.
qu'ils tiennent.
SUBJONCTIF. PRÉSENT.
Que je finisse
fente
ouvre
tienne,
Que tu finifsses
sentes
ouvres
tiennes.
Qu'il finisse
fente
ouvre
tienne,
Que nous finissons
sentions
ouvrions
tenions.
Que vous finissiez
sentiez
ouvriez
teniez.
Qu'ils finissent
sentent
ouvrent
tiennent.
IMPARFAIT.
Que je finisse
sentisse
ouvrisse
tinsse.
Que tu finisses
sentisses
ouvrisses
tinsse
Qu'il finit
sende
Ouvrit
tint.
Que nous finissions
fendífioni
ouvrissions
tinssions.
Que vous finissiez
sentissiez
ouvrissiez
tinssiez.
Qu'ils finissent
sentissent
ouvrissent
tinssent.
PARFAIT,
Que j'aye fini
senti
ouvert
tenu.
PLUSQUE-PARFAIT.
Que jeusse fini
senti
ouvert
tenu.
INFINITIF,
Finir
sentir
orvrir
tenir.
P A R F A I T.
Avoir fini
sent
ouvert
tenu.
PARTICIPE. ACTIF PRÉSENT.
Finissant
sentant
ouvrant
tenant.
PARTICIPE PASSIF.
Fini
senti
ouvert
tenu.
GÉRONDIF PRÉSENT.
En finissant
sentant
ouvrant
tenant
GÉRONDIF PASSÉ.
Ayant fini
senti
ouvert
tenu
( 5 )
Conjugaison des Verbes en oir & en re.
INDICATIF. PRÉSENT.
I
[texte manquant]
3
4
Je reçois
Je plais
je parois
je réduis.
Tu reçois
tu plats
tu parois
tu réduis.
Il reçoit
il plaît
il pnroît
il réduit.
Nous recevons
nous plaisons
nous paroissons
nous réduisons !
Vous recevez
vous plaisez
vous paroissez
vous réduisez.
Ils reçoivent
Ils plaisent
ils paroissent
ils réduisent.
IMPARFAIT.
Je recevois
plaisais
paroissois
réduisois,
P A R F A I T.
JE REÇUS
plus
partis
réduisis.
Tu reçus
plus
parus
réduisis.
Il reçut
plut
parut
réduisit.
Nous reçûmes
plûmes
parümes
réduisîmes.
Vous reçûtes
plûtes
parûtes
réduisîtes.
Ils reçurent
plurent
parurent
mmiurcttn
PARFAIT INDÉFINI.
J'ai reçu
plu
paru
réduit.
PARFAIT ANTÉRIEUR.
J'eus reçu
plu
paru
réduit
PLUSQUE-PARFAIT.
J'avois reçu
plu
paru
réduis. ,
FUTUR.
Je recevrai
plairai
paroîtrai
réduirai.
FUTUR PASSÉ.
J'aurai reçu
plu
paru
réduit.
CONDITIONNEL PRÉSENT.
Je recevrois
plairoi
paroîtrois
reduirois !
CONDITIONNEL PASSÉ.
J'aurois reçu
plo
paru
réduit.
Ou j'euisse reçu
plu
paru
réduit.
IMPÉRATIF.
Reçoir
plais
parois
réduis.
Qu'il reçoive
qu'il plaise
qu'il paroisse
qu'il réduise.
Recevons
plaisons
paroissons
réduisons.
Recevez
plaises
paroissez
réduisez.
Qu'ils reçoivent
qu'ils plaisent
qu'ils paroissent
qu'ils réduisent
SUBJONCTIF.
Que je reçoive
plaise
paroisse
rédutse.
Que tu reçoives
plaises
paroisses
réduises.
Qu'il reçoive
plaise
paroisse
réduise.
Que nous recevions
plaisions
paroissions
réduisions.
Que vous receviez
plaisiez
paroiíucz
réduisiez.
Qu'ils reçoivent
plaisent
paroissent
réduisent.
IMPARFAIT.
Que Je reçusse
plaise
parusse
riduisisse.
PARFAIT.
Que j'aye reçu
plu
paru
réduit.
. PLUSQUE-PARFAIT.
Que j'eusse reçu
plu
paru
réilait.
INFINITIF.
Recevoir
plaire
paroltre
réduire.
PARFAIT.
Avoir reçu
plu
paru
ridait.
PARTICIPE ACTIF PRÉSENT.
Recevant
plaisent
paroissant
réduisant
PATICIPE PASSIF.
Reçu
plu
paru
réduit.
GÉRONDIF PRÉSENT.
En recevant
plaisant
paroissant
réduisant.
GÉRONDIF PASSÉ.
Ayant reçu
plu
paru
réduit.
Conjugaison des Verbes pronominaux.
INDICATIF. PRÉSENT,
4
5
Je me plains
je me rende.
Tu te plains
tu te rends.
Il se plaint
il se rend.
NOUS nous plaignons
nous nous rendons.
Vous vous plaignez
vous vous rendez.
Ils se plaignent
ils se rendent.
IMPARFAIT.
Je me plaignois
je me rendois.
P A RF A IT.
Je me plaignis
je me rendis.
PARFAIT INDÉFINI.
Je me suis plaint
je me suis rendu.
PARFAIT ANTÉRIEUR.
Je me fus plaint
je me fus tendu.
PLUSQUE -PARFAIT.
Je m'étois plaint
je m'étois rendu.
FUTUR.
Je me plaindrai
je me rendrai.
FUTUR PASSÉ
Je me serai plaint
je me serai rendu.
CONDITIONNEL PRÉSENT.
Je me plaindrois
je me rendrois.
CONDITIONNEL PASSÉ.
Je me serois plaint
je me serois rendu.
Ou je me fusse plaint
je me fusse rendu.
IMPÉRATIF.
Plains-toi
rends-toi.
Qu'il se plaigne
qu'il se rende.
Plaignons-nous
rendons-nous.
Plaignez-vous
vendez-vous.
Qu'ils se plaignent
qu'ils se rendent.
SUBJONCTIF.
Que je me plaigne
que je me rende.
IMPARFAIT.
Que je me plaignisse
que je me rendisse.
PARFAIT.
Que je me sois plaint
que je, me sois rendu.
PLUSQUE-PARFAIT.
Que je me fusse plaint
que je me fusse rendu.
INFINITIF PRÉSENT.
Se plaindre
se rendre.
PARFAIT.
S'être plaint
s'être rendu.
PARTICIPE ACTIF PRÉSENT.
Se plaignant
se rendant.
PARTICIPE PASSIF.
Plaint
rendu.
GÉRONDIF PRÉSENT.
En se plaignant
en se rendant.
GÉRONDIF PASSÉ.
S'étant plaint
s'étant rendu.
Conjugaison du Verbe Impersonnel.
Indicatif. Présent.
Il faut.
Imparfait.
Il faloit.
Parfait.
Il fallut.
Parfait indéfini.
Il a fallu.
Parfait antérieur.
Il eut fallu.
Plusque-parfait.
Il avoit fallu.
Futur.
Il faudra.
Futur passé.
Il aura fallu.
Conditionnel présent
Il faudroit.
Conditionnel passé.
Il auroit fallu.
Subjonctif.
Qu'il faille.
Imparfait.
Qu'il fallût.
Parfait.
Qu'il ait fallu.
Plusque-parfait.
Qu'il eût fallu.
Gérondif passé.
Ayant fallu.
Les autres Tems de ce Verbe & l'Impératif ne font point en usage. Les autres Verbes impersonnels comme il tonne, il pleut, il neige, &c. subissent la méme loi, & ne se conjuguent jamais qu'à la troisieme
personne du Singulier, ainsi que nous l'avons déjà observé en parlant des Verbes, Page 34.
De la formation des Tems.
Les Tems sont ou simples ou composés. Les Tems simples sont ceux qu'on emploie fans le secours des Verbes avoir ou être ; ainsi dans cette Epigramme :
“Pour tous les vers qu'il fait, le Poëte Lubin » Ressent une tendresse extrême :
» Mais des enfans gâtés ses vers ont le destin ; » Leur pere est le seul qui les aime ».
M. J A M E.
Les Verbes fait, ressent, gâtés, aime, sont des Tems simples, parce qu'ils n'empruntent point ceux des Verbes avoir ou être.
Les Tems composés sont formés de quelque Tems des Verbes avoir ou être.
M. Simon s'exprime ainsi fur la recherche de la vérité :
“ La vérité gît dans un trou » A dit le rieur démocrite ?
» Mais on ne sait pas encore où » La nature a caché son gîte. » Si, selon un proverbe ancien, » Dans le vin elle s'est sauvée » Alidor la trouvera bien
» S'il ne l'a pas déjà trouvée ».
Où l'on voie que les Verbes dit, caché, sauvée, sont aux Tems composés , parce qu'ils sont précédés des Tems des Verbes avoir ou être.
Des Verbes irréguliers de la seconde Conjugaison en ir.
Les Verbes irréguliers sont ceux qui ne suivent pas dans leur Conjugaison la regle ordinaire des autres Verbes.
Un tableau entier des Verbes irréguliers seroit d'une longueur fatigante , celui - ci m'a paru assez étendu dans sa brieveté, pour avoir une idée suffisante de ces sortes de Verbes.
Bouillir, présent de l'indicatif je bous,
tu bous, il bout. Nous bouillons &c. Futur je bouillerai ou bouillirai. Conditionnel je bouillerois ou bouillirois, le reste est régulier.
Courir & quelquefois courre participe couru. Parfait je courus futur je courrai ; conditionnel je courrois ; on prononce les deux rr.
Acquérir, participe acquis, gérondif acquérant ; indicatif préfent j'acquiers, tu acquiers, il acquiert, nous acquérons, vous acquérez, ils acquierent ; parfait j'acquis ; futur j'acquerrai ; conditionnel j'acquerrais en prononçant les deux rr. On ne doit point dire j'acquérerai, j'acquererois ; ce sont des fautes très-grossieres.
Conquérir, ne s'emploie qu'à l'infinitif présent ; au participe ; conquis ; gérondif conquérant, ayant conquis ; au parfait je conquis ; à l'imparfait du subjonctif que je conquisse.
Haïr, indicatif présent, je haïs, tu haïs, il haït, en prononçant je hès tu hès, il hèt.
Hais à l'impératif est aussi d'une syllabe ; prononcés Hès. Dans le reste du verbe a & i font deux syllabes ; comme haïssons, haïssez, haïssent &c.
Vêtir, dévêtir, revêtir, survêtir ; participe vêtu, dévêtu, &c. Le reste est régulier. Dans vêtir, le singulier du présent indicatif, je véts, tu vêts, il vêt, n'est guere en usage.
Tous ces verbes irréguliers appartiennent à la seconde conjugaison en ir, excepté le Verbe haïr, qui se conjugue sur la premiere , ainsi que ceux dont le présent de l'indicatif se termine en is , à la premiere personne du singulier.
Conjuguez comme ouvrir, les Verbes découvrir, entrouvrir, rouvrir, recourir, offrir, mésoffrir, souffrir, & les suivants qui ont quelques irrégularités.
Cueillir, accueillir, recueillir, participe cueilli, accuelli, recueilli ; futur je cueillerai ; conditionnel je cueillerois ; le reste . est régulier.
Saillir, pour s'avancer en dehors, n'est d'usage qu'à l'infinitif & aux troisiemes personnes. Gérondif saillant, indicatif présent il saille, ils saillent ; imparfait il sailloit, futur il faillera ; conditionnel il sailleroit ; subjonctif qu'il saille.
Saillir, pour s'élancer, s'élever en l'air, sortir avec impétuosité, n'a que les troisiemes personnes, & il se conjugue comme finir. On dit : Les eaux saillissent de tous côtés. Son sang saillissoit, a sailli fort loin.
Assaillir & tressaillir, participe, assailli, tressailli, futur, ]'aissaillirai, tressaillerai ; le reste est régulier. Il convient d'observer qu'assaillir n'a point de singulier au présent de l'indicatif. Les Verbes irréguliers en oir font :
Choir, qui ne le dit guere qu'à l'infinitif & au participe qui est, chu.
Déchoir, présent, je déchois, tu déchois, il déchoit. Nous déchoyons, vous déchoyez, ils déchoient, point d'imparfait. Parfait, je déchus ; futur, je décherrai ;
conditionnel, je décherrois. Dans les tems composés il prend le Verbe être. Je suis déchu. Ce Verbè n'a point de gérondif présent.
Echoir , se conjugue comme déchoir, indicatif présent il échoit, qu'on prononce quelquefois il échet. Ce Verbe ne se dit Ordinairement que des choses qui arrivent par fort ou par cas fortuit.
Seoir, pour être convenable, ne s'emploie qu'aux troisiemes personnes , présent il sied, ils siéent ; imparfait, il séioit ; ils séioient ; futur, il siéra, ils siéront ; conditionnel, il siéroit, ils siéroient ; subjonctif, qu'il siée, qu'ils siéent. Il n'a point de tems composés.
S'asseoir, présent je m'assieds, tu t'assieds, il s'assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, il s'asseyent. Imparfait, je m'asseyois, tu t'asseyois &c. Parfait, je m'assis. Futur, je m'assiérai, ou je m'af-seyerai. Impératif assieds-toi, qu'il s'asseye. Conditionnel présent, je m'assiérois, ou je
m'asséyerois. Imparfait que je m'assisse ; que tu t'assisses, qu'il s'assît ; point de premiere & seconde personnes du pluriel; qu'ils s'assissent.
On dit, qu'un oiseau s'est allé asseoir sur une branche, sur un arbre, pour dire qu'il s'yr est allé percher.
Mouvoir & émouvoir, présent je meus &c. Nous mouvons vous mouvez, ils meuvent ; imparfait, je mouvois ; parfait, je mus ; futur, je mouvrai. Impératif meus. Subjonctif que je meuve , &c. que nous mouvions, &c. imparfait du subjonctif que je musse. Participe, mu ; gérondif, mouvant. —
Savoir, indicatif présent, je fais &c. Nous savons, vous savez, ils savent. Parfait je sus, tu fus, il fut ; nous sûmes vous sûtes, ils surent. Futur, je saurai, &c. Impératif sache, qu'il sache ; sachons, sachez, qu'ils sachent ; subjonctif présent que je sache &c. On peut dire : je ne sache point, pour je ne sais point ; je ne
saurois, pour je ne puis : Dans ces vers , fur la calomnie, M. * * * dit :
Viens donc, implacable ennemie,
Non, je tic saurois vivre plus long-tems : Viens m'arracher la vie :
Elle m'est un fardeau pesant ;
Peut-être un jour, en me plaignant, On s'écriera l'ame attendrie ;
Hélas ! il étoit innocent !
Valoir, indicatif présent, je vaux, tu vaux, il vaut, nous valons, vous valez, ils valent. Parfait je valus ; futur, je vaudrai ; subjonctif que je vaille, que tu vailles, qu'il vaille, que nous valions, que vous valiez, qu'ils vaillent. Imparfait du subjonctif que je valusse &c. Participe valu ; gérondif valant. Conjuguez de méme équivaloir & prévaloir, mais ce dernier fait au subjonctif que je prévale.
Les Verbes qui se conjuguent sur le Verbe plaire, sont déplaire, faire, défaire, refaire , &c. Voici ceux qui sont irréguliers : Braire , ne se dit qu'à l'infinitif, & aux
troisiemes personnes du présent & du futur de l'indicatif, il brait, ils braient ; il braira , ils brairont.
Faire , indicatif présent, je sais, tu fais, &c. Nous faisons, vous faites, ils sont r. Parfait je fis, &c. Nous fîmes, vous fîtes, ils firent. Futur je ferai. Subjonctif que je fasse. Imparfait du subjonctif que je fisse , que tu fisses qu'il fît, que nous fissions que vous fissiez qu'ils fissent.
On conjugue de même les Verbes contrefaire, satisfaire & autres semblables.
Mal-faire, indicatif présent, nous faisons-mal, & non pas, nous mal-faisons. Ce Verbe n'est guere d'usage qu'à l'infinitif.
Traire, participe trait ; gérondif trayant ; indicatif présent je trais, tu trais, &c. point d'imparfait du subjonctif. Le reste est régulier ou formé de ces tems. On conjugue de même. Attraire, distraire, extraire, soustraire, & autres semblables.
Les Verbes de la seconde conjugaison
en re & qui sont irréguliers, peuvent se réduire à ceux-ci.
Naître, présent, je nais, tu nais, il naît, nous naissons, &c. Parfait je naquis & conjuguez de même le Verbe renaître.
Paître, présent, je pais tu pais, il paît, nous paissons, &c. Je paissois. Je paîtrai ; paissez. Que je paisse ; conditionnel, je paîtrois. Gérondif paissant. Les autres rems ne font pas en usage. Les Verbes de la troisième conjugaison en re sont lire, écrire, dédire & autres semblables. Les irréguliers sont : Dire & redire. Indicatif je dis, tu dis, il dit, nous disons, vous dites, vous redites, &c.
Les Verbes dédire, contredire, interdire, médire, prédire, sont à la seconde personne du pluriel de l'indicatif, vous dédisez, vous contredisez, vous médisez, &c. Confire, parfait, je confis ; imparfait du subjonctif que je confisse.
Suffire, parfait, je suffis ; imparfait du subjonctif que je suffise ; participe suffi.
Lire, élire & relire, parfait, je lus, élus & relus ; imparfait du subjonctif, que je lusse, élusse, relusse.
Rire, parfait, je ris tu ris, &c. Nous rîmes vous rîtes ils rirent. Imparfait du subjonctif que je risse. Le Verbe sourire se conjugue de la même maniere.
Frire, est régulier ; mais il n'a que le futur, le conditionnel, les tems composés & la seconde personne de l'impératis au singulier, je frirai, je frirois, j'ai frit, j'avois frit, &c. Impératif fris. L'on se sert de faire & de l'infinitif frire, pour suppléer aux tems qui manquent.
Les Verbes irréguliers en uire sont :
Bruire , point d'autre tems en usage que l'imparfait à la troisieme personne : il bruyoit, ils bruyoient.
Luire, reluire & nuire, participe, lui, relui, nui sans t, ainsi aux tems composés j'ai nui j'avois nui.
A certe conjugaison l'on peut rapporter les Verbes, boire, clore, conclure.
Clorre, indicatif présent, je clos, tu clos, il clôt, point de pluriel. Futur je clorrai , conditionnel je clorrois ; il a les tems composés, j'ai clos, j'avois clos, &c.
Eclorre, indicatif, il éclôt, ils éclosent ; futur il éclorra, ils éclorront ; conditionnel il éclorroit, ils éclorroient. Subjonctif présent qu'il éclose, qu'ils éclosent. Les tems composés font formés avec être : il est éclos, ils sont éclos.
Conclure, exclure, indicatif , je conclus, j'exclus, nous concluons, vous con, nous excluons, vous excluez, ils concluent, ils excluent. Imparfait je concluois, tu concluois, &c. Nous concluïons, vous concluïez, ils concluoient. Participe conclu, exclus, ce dernier avec une s , au masculin ; excluse, ou exclue au féminin.
Les Verbes de la quatrieme conjugaison en re a les Verbes en aindre, eindre, oindre, comme craindre, restreindre, joindre qui se conjuguent comme plaindre.
Ceux de la cinquieme conjugaison sonr ; prendre, vaincre, rompre, mettre, vivre & aurres donc les terminaisons sonc semblables. Voici les irréguliers les moins faciles à conjuguer.
Coudre, indicatif, je couds, tu couds, il coud. Nous cousons, vous cousez, ils cousent. Parfait, je cousis, &c. Conjuguez de la même maniere, recoudre & découdre. Je décousus, cousus, recousus cette robe , sont des fautes grossieres. Il faut dire, je décousis, cousis, recousis cette robe.
Moudre, indicatif présent, je mouds tu mouds, il moud, nous moulons, vous moulez, ils moulent. Parfait, je moulus, les autres tems réguliers.
Soudre, n'est d'usage qu'à l'infinitif.
Absoudre, indicatif, j'absous, tu absous , il absout, nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent, imparfait j'absolvois, &c. Point de parfait simple. Parfait indéfini, j'ai absous. Futur j'absou¬
drai , conditionnel présent, j'absoudrois ; participe absous, absoute, gérondif en absolvant. Conjuguez de même dissoudreRésoudre,
dissoudreRésoudre, je résous, tu résous, il résout, nous résolvons, vous résolvez, ils résolvent, Imparfait, je résolvois, &c. Parfait simple, je résolus, &c. Futur, je résoudrai. Impératif, résous-toi ; résolvez-vous ; qu'ils se résolvent. Imparfait du subjonctif, que je résolusse, &c. Participe résolu.
Vivre, présent, je vir , tu vis, il vit ; nous vivons, vous vivez, ils vivent. Parfait , je vécus & non je vêquis. Impératif vis ; qu'il vive. Imparfait du subjonctif, que je vêcusse. On conjugue de même revivre & survivre.
Les Verbes vaincre & convaincre, sont réguliers ; mais la lettre c se change en qu avant a, e, i, o, comme vainquant convinquant, que je vainque, je vainquis, nous vainquons, nous convainquons.
De l'Adverbe.
L'Adverbe est une partie indéclinable de l'oraison, qui se joint avec les Verbes &c avec les adjectifs , pour en exprimes les manières ou les circonstances. On divise ordinairement l'Adverbe, en Adverbes de lieu, en Adverbes de tems, en Adverbes de quantité, & en Adverbes de maniere. Ici & là, sont des Adverbes de lieu. Aujourd'hui, demain, bientôt, son des Adverbes de tems. Beaucoup & peu , sont des Adverbes de quantité. Doucement & fortement, sont des Adverbes de qualité & de maniere. On trouvera ces différentes sortes d'Adverbes dans le morceau de poésie qui fuit :
» En vous disant adieu, malgré moi je soupire ; » On voit tomber mes pleurs en ce fâcheux moment ; » Je sens deux passions, quoiqu'inégalement, » Regner sur mon esprit avec beaucoup d'empire. » Je ne saurois penser au bonheur où j'aspire,
» Sans témoigner l'excès de mon contentement ; » Mais, d'un autre côté, ce triste éloignement,
» Lorsque je songe à vous, fait aussi que j'expire, » Pour vaincre mon amour, j'ai long-tems combattu, » Et j'aurois vainement employé ma vertu, » Si Dieu, par ses bontés, n'eût aidé mes faiblesses. » C'est lui, qui dans mon coeur vient combattre aujourd'hui,
» Votre humeur, vos discours, vos soins & vos tendresses ;
» Vous ne voudriez pas l'emporter dessus lui.”
(Ce Sonnet est de Mademoiselle de Montreuil. Elle l'adressa à M. de * * * , lorsqu'elle se retira dans un Courent de Religieuses Ursulines : Dans ce Sonnet l'on voit que les mots long-tems, aujourd'hui sont des Adverbes de tems ; où un Adverbe de lieu ; beaucoup un Adverbe de quantité ; inégalement, vainement, des Adverbes de qualité & de maniere.
De la Préposition.
La Préposition est bien comme l'Adverbe un mot indéclinable ; mais elle se met devant le mot qu'elle régit , aulieu que l'Adverbe ne peut régir aucun nom.
Les Prépositions qui marquent la place sont chez, dans, devant, derriere, parmi, sous, sur, vers.
Celles qui marquent l'ordre, sont avant, après, entre, depuis.
Celles qui marquent l'union, c'est-àdire , qui servent à unir & à rapprocher les choses, sont avec, durant, outre, pendant, selon, suivant.
Celles qui marquent la séparation, sont sans, excepté, hors, hormis.
Celles qui marquent l'opposition, font contre, malgré, nonobstant.
Celles qui marquent le but, font envers, touchant, pour.
Celles qui marquent la spécification sont à, de & en.
Cette partie du discours est assez bien exprimée dans ce morceau de poésie où M. Lemiere fait le portrait d'Young, d'une maniéré cependant un peu hasardée.
» Détracteur de la vie, Young, Anglois farouche, » Noctambule pressé que le Soleil se couche,
» Pour méditer en paix, tes funebres tableaux » Apôtre de la mort, prêchant sur des tombeaux » A travers quel nuage ou quel verre infidelle, » Vois-tu donc les devoirs de la race mortelle ? » Lorsque Loin des vivants, tu vis auprès des morts ; » Rêveur infortuné, crois-tu veiller ? tu dors. » Young, pourquoi, semblable à l'orage en furie, » Viens-tu coucher les fleurs dans le champ de la vie.
Où il est aisé de voir que les mots en sur, à travers, loin, auprès, dans, sont des Prépositions, parce qu'ils régissent les noms qui les fui ven.
De la Conjonction.
Pour distinguer la Conjonction de l'Adverbe & de la Préposition, il suffit de savoir que cette partie de l'oraison joint les membres du discours, ce que ne font pas l'Adverbe & la Préposition. Ainsi les mots oui, oui-dà, point du tout, peut-être, aussi, &, ou, à la bonne heure, mais, néanmoins, pourtant, si, c'est-à-dire, comme, en effet, or, à peine, cependant ,
dant, dis que, aussi-tôt, tandis que, &c. dans ce portrait de l'amitié par M. * * *.
Oui sans l'amitié, ses douceurs La vie, hélas, est importune !
Que fait le rang ou la fortune ? Ah ! l'on n'est rien que par le coeur.
Que je plains l'étre qui s'isole ! Il perd le fruit de ses malheurs.
Desque l'amitié me console Je jouis même de mes pleurs.
Les mots oui, ou, desque, même, sont des conjonctions parce qu'ils lient plusieurs mots ensemble ; ce qui les distingue de la Préposition & de l'Adverbe qui peuvent s'entendre dans le discours fans lier les membres d'une phrase.
De l'Interjection.
L'Interjection est un mot indéclinable dont on se sert pour exprimer les pallions, comme la douleur, la colere, la joie, la haine, l'admiration : ainsi les mots ah ! hélas ! fi ! fi donc ! oh ! sont des Interjec¬
tions : cette partie du discours est exprimée avec assez d'énergie dans ce quatrain :
Daraon, que fais-tu là, rêveur ?
Je m'entreriens avec moi-même !
Ah ! prends garde au péril extrême De causer avec un flatteur.
*
DE L'ORTHOGRAPHE.
VOULOIR écrire comme on parle, parlâton méme avec pureté, est une assertion fausse & ridicule, qui cependant trouve encore, aujourd'hui, beaucoup de partisans. Ne sait-on pas que dans une langue vivante, l'Orthographe est sujette à des régies toutes différentes de celles de la prononciation ? L'usagé général veut qu'on écrive paon, faon, Août, Caen, Saône, à jeun, Europe, &c. cependant on doit prononcer pan, fan, oût, Can, Sône, à jun, Urope, &c. on entreprendroit donc envain d'assujettir la langue à une prononciation & à une Orthographe systématique, & d'en fonder les réeles sur des principes invariables qui demeurassent toujours les mêmes. L'usage, qui en matière de langue est plus fort que la raison , auroit bientôt transgressé les lois. Il est donc vrai de dire
qu'on doit se conformer non pas à l'ufage qui commence, mais à l'ufage généralement établi.
Dans les réglés que nous allons donner pour bien orthographier , nous ne nous appuierons fur aucune autorité particuliere, qu'elle ne soit fondée sur celle des Quarante : nous savons l'efpece de schisme qu'a causé l'orthographe parmi beaucoup d'Auteurs. L'Académie, à qui toute déférence est dûe, fera le juge que nous consulterons.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
Des Accents.
Les accents font une petite marque qui se met sur une voyelle , soit pour en faire connoître la prononciation, soit pour distinguer le sens d'un mot, d'avec celui d'un autre mot qui s'écrit de même. Il y a trois accents ; l'accent aigu (') de droite à gauche, l'accent grave O de gauche à droite ; &
l'accent circonflexe ( * ) qui prend la forme des deux premiers. Ainsi on met un accent aigu fur un é, pour marquer que c'est un é fermé, & qu'il doit être prononcé comme dans ces mots, santé, charité , café. On met un accent grave fur un é, pour marquer que c'est un é ouvert, comme dans procès, succès. On le met aussi sur là Adverbe de lieu, pour le distinguer de la Article ; sur où Adverbe de lieu pour le distinguer de ou Conjonction ; enfin on mec l'accent grave fur l'à final des mots suivants voilà , déjà & çà, Adverbe tantôt de mouvement , tantôt de repos. On mec l'accent circonflexe fur les syllabes longues comme dans ces mots, âge, tête, gîte, côte, flûte. Il convient d'observer que l'accent grave se mec également sur les è ouverts quoiqu'ils ne soient point suivis d'une s finale. Dans le quatrain suivant on trouvera les différences sortes d'accents.
Vénus a fait la paix, dit-on,
Avec Minerve, sa rivale :
C'est fait du pauvre Cupidon,
Sa mère nuit & jour, lui prêche la morale,
(In-promptu fait en jouant au Gage-touché pour une jeune Demoiselle à qui la lecture des ouvrages Philosophiques avoit fait perdre sa gaîté naturelle.)
De l'Apostrophe (').
L'apostrophe marque la suppression d'une voyelle , & sert de séparation entre deux mots ; c'est une petite virgule ( ' ) qui se met au haut de la voyelle supprimée, comme dans l'esprit, l'ame, j'adore, où fans l'apostrophe, il faudroit écrire le esprit, la ame, je adore.
Nous avons onze Monosyllabes qui admettent l'apostrophe, devant une voyelle & l'h non aspiré (*).
(*) Il y a deux sortes d'h, l'h aspiré & l'h non aspiré, L'h aspiré se prononce du gosier, avec effort, comme dans la haine, le hibou, le hareng. L'h non aspiré se prononce sans effort comme dans les mots l'hommage, l'honneur ; ce dernier est susceptible de l'apostrophe, toutes les fois qu'il se trouve devant une voyelle.
Le, la : l'épervier, l'hirondelle.
Je, me : j'aime l'étude & je m'y livre.
Te, ce : je t'assure que c'est mal.
Se, de : s'enivrer d'orgueil.
Ne, que : il n'y a qu'un moment.
Les mots lorsque, quoique, puisque, jusque, prennent l'apostrophe comme dans ces mots ; lorsqu'il viendra, quoiqu'on en dise, puisqu'elle est arrivée, jusqu'à présent.
Si ne reçoit l'apostrophe que devant il & ils ; s'il vient, s'ils viennent, nous les arrangerons. — Ma foi s'il m'en souvient, il ne m'en souvient guère. On observera que si la construction avec le mot qui suit, est rare, il vaut mieux n'e pas effacer l'e muet par l'apostrophe, & écrire : lorsque Alexandre vainquit Porus ; puisque aider les malheureux est un bonheur ; quoique épris des charmes de la vertu.
Ecrivez entr'acte, presqu'île, entr'eux, entr'elles. Mais conservez l'e muet dans presque égal ; presque entier.
Grande abandonne l'e muet dans les constructions suivantes : il a grand'peur, il fait grand'chère, à grand'peine, une grand'messe, la grand'chambre, il n'a pas grand'chose, grand'mère, la grand'rue, il est à la grand'salle, il me fait grand'- pitié.
De la cédille (3).
Petite marque en forme de c tourné de droite à gauche qu'on met fous la lettre c , quand elle précédé un a, un o, ou un u , pour faire qu'on la prononce comme s. Petit garçon, venez çà ; avez-vous reçu les bonbons que maman vous avoit promis ?
L'articulation du c devant l'e & l'i, étant douce par elle-même, la cédille feroit une faute , par son inutilité. Ainsi écrivez sans cédille célibat cicatrice , & autres mots semblables.
Du Trema (¨) ou voyelles qui portent deux points en tête.
Le trema se dit d'une voyelle accentuée
de deux points qui avertissent que cette voyelle forme feule une syllabe & ne doit pas s'unir avec une autre. Ces deux points ne se mettent que fur trois voyelles , ë, ï , ü comme dans les mots suivants poëte, ïambe, naïf, Saül, ciguë.
Trait de Séparation (—).
Lorsque, dans un récit, on amene un Dialogue, & que, par élégance, on supprime les dit-il, reprit-il, le trait de séparation en tient lieu , & annonce le changement d'Interlocuteur, exemple :
Mariez-vous : — j'aime à vivre garçon ;
J'aurois pourtant un parti : — Dieu m'en garde.
Tout doux : peut-être il vous plaira ; — chanson. Quinze ans ! — tant pis : fille d'esprit ; — bavarde. Sage ; — grimace ; & belle : — autre danger.
Grand nom ; — orgueil : le coeur tendre : — jalouse. Des talents ; — trop pour me faire enrager.
Et par de-là, cent mille écus : — j'épouse.
Le Mariage à la mode par M **
Le trait de séparation s'emploie aussi dans la prose, exemple :
Deux amis , qui depuis long-tems ne s'étoient vus, se rencontrerent par hasard. Comment te portes-tu ? dit l'un , pas trop bien , dit l'autre, & je me fuis marié depuis que je t'ai vu. — bonne nouvelle ! — pas tout-à-fait, car j'ai épousé une méchante femme. — Tant pis ! — pas trop tànt pis, car fa dot étoit de deux mille louis. — eh bien, cela console. — Pas absulument, car j'ai employé cette somme en moutons, qui font tous morts de la clavelée. — C'est en vérité bien fâcheux ! — pas si fâcheux , car la vente de leurs peaux m'a rapporté audelà du prix des moutons. — En ce cas te voilà donc indemnisé ? — pas tout-à-fait ; car ma maison où j'avois déposé mon argent , vient d'être consumée par les flâmes. — Oh ! voilà un grand malheur. —. Pas si grand non plus, car ma femme & la maison ont brûlé ensemble.
Guillemets ( » ).
Coupe-t-on le récit par un discours ? on
marque par des guillemets le premier mot
& le commencement de chaque ligne.
L'exemple suivant est tiré de Mademoiselle de Gaudin :
Adélaïde en soir dans un cercle nombreux ,
Où de l'indifférence elle plaidoit la cause ,
S'exprimoit en ces mots. “Heureux ! cent fois heureux,
» Celui qui de l'amour ne ressent point les feux!
” Pour lui dans tous les tems la nature est riante ;
” Il fait jouir de tout : une ame indifférente
» A peu de frais peut goûter le bonheur ;
» Le vol d'un papillon , le parfum d'une fleur,
» Tout l'intéresse, tour l'enchante...
» Loin de l'objet aimé, rien ne plaît à Pamant.
» Sombre, distrait, rêveur, impatient,
» S'il veut parler, sa langue s'embarrasse :
» Il entend fans comprendre, & regarde fans voir.
» L'espérance l'enflamme, & la crainte le glace ;
” Le plus léger soupçon le met au désespoir.
» S'il dort, la triste jalousie ” Vient troubler son repos par uin songe fatal, " Qui luî fait voir un amant, un rival , » Aux pieds de son ingrate amie :
» Il en frémit, il s'éveille indigné, » Et croit sans cesse entendre une voix qui lui crie :
» Est-il vrai que tu sois aimé ?
» Ce doute affreux empoisonne sa vie.
» Je le répéte encor : heureux ! cent fois heureux, » Celui qui de l'amour ne ressent pas les feux » !
Parenthèse ( ).
Ce signe orthographique ne se met guere aujourd'hui, que dans les interpositions qui interrompent, qui coupent le sens, pour y répandre un plus grand jour : exemples ; que peuvent contre lui (contre Dieu) tous les Rois de la terre ? Racine.
Il (l'incrédule) porte dans son coeur le juge qui le condamne.
YOUNG.
Un Seigneur fort riche fit, dans son testament, des legs à tous ses Officiers ; ( nous dirons cependant qu'il en excepta son Intendant. ) » Je ne lui donne rien, dit-il, parce qu'il me sert depuis plus de vingt ans. ”
Des Lettres Capitales ou Majuscules.
Les lettres majuscules se mettent au commencement des noms propres d'Homme,
de Lieu, de Bourg, de Ville, de Village, d'Ange, de Dignité, de Fête, de Royaume, de Province, de Riviere, de chaque Vers, & de chaque Phrase.
Il faut observer qu'on ne doit pas mettre une lettre majuscule à un adjectif, sans en donner une à son substantif auquel il s'accorde : ainsi il ne faudroit pas écrire la soi Catholique avec une petite & un grand C. Quelquefois on personifie les êtres moraux ; & alors ils suivent la regle des noms d'homme. Envie prend une majuscule dans ces vers de la Henriade :
Là gît la sombre Envie à l'oeil timide & louche, Versant sur des lauriers les poisons de sa bouche.
DES LETTRES.
De la lettre A.
Les composés de cette lettre ont été pendant Ioms-tems susceptibles de beaucoup des changements. L'Académie en a fixé aujourd'hui l'orthographe.
Quoique plusieurs personnes veu'llent écrire encor à présent Anglais, Français, fi elles vouloient recourir à l'étymologie, elles abandonneroient bientôt cette maniéré d'orthographier. On doit donc écrire Anglois, François ; il avoit, il promenoit, il jouoit ; & non il avait, il promenait, il jouait. Mais dira-t-on ? chacun ne peut pas connoître l'étymologie des mots. Nous répondons qu'il faut alors avoir recours à l'usage généralement établi, &. non à Celui qui commence. (Voyez page 83 ) si l'esprit de néographisme ( * ) doit céder à l'étymologie & à la raison, pourquoi seroit-il préférable à l'usage universellement reçu ?
Liste des mots où le doublement, après la lettre A, doit avoir lieu.
Accéder. Accélérer. Accepter. Accident. Acclamation. Accommoder.
(*) Nouvelle Orthographe contraire à l'usage reçu, & aux regles de la Grammaire.
Accroire.
Accroître.
Accumuler.
Accourir.
Accuser.
Affable.
Affecter.
Affection.
Afficher.
Affilier.
Affirmer.
Affliger.
Affluer.
Aggraver,
Aggréger.
Aggresseur.
Allouer.
Alléguer.
Alléger.
Allécher.
Allier.
Allusion.
Annexer.
Annihiler.
Annorer.
Annoncer.
Apprêter.
Apparoître.
Appeller.
L'Académie.
écrit Appeler.
Apprendre.
Appendice.
Appétit.
Applaudir.
Appliquer.
Apposer.
Apporter.
Apprécier.
Appréhender.
Approuver.
Approcher.
Approximation.
Arroger.
Attenter.
Atténuer.
Arteffer.
Atteindre.
Attirer.
Attribuer.
L'Académie néglige le doublement ditis les mots agréger, agrégation, agresseur ; agression, abréger, abreviateur, abrévia¬
tion. On peut suivre cette maniere d'écrire sans inconvenient.
Liste des mots où le doublement n'est point exigé par l'Académie.
Abaisser.
Abâtardir.
Abatre.
Abatement.
Abatures.
Abatis.
Aboner.
Abonir.
Aborder.
Aborner.
Aboucher.
Aboutir.
Abreuver.
Abrutir.
Adoner.
Adosser.
Adoucir.
Adresser.
Adroit.
Agrandir.
Agréer.
Agrifer.
Aguerrir.
Aligner.
Aloi.
Alonger.
Alourdir.
Amatir.
Amaigrir.
Amener.
Amenuiser.
Ameublir.
, Amincir.
Amoindrir.
Amolir, ou Amollir.
Amortir.
Anéantir.
Anoblir.
Anuiter.
Apaiser.
Apercevoir.
Apetisser.
Aplanir.
Aplatir. •
Aposter.
Apostiller.
Apurer.
D'après les exemples précédents, on pourroit négliger le doublement dans les
mots
mots suivants : cependant il vaut mieux ne pas l'abandonner. Ainsi écrivez :
Accoupler.
Accourir.
Accréditer.
Accrocher.
Accroupir.
Acculer.
Affadir.
Affaire.
Affamer.
Affermer.
Affermir.
Affiler.
Affiner.
Affaiblir.
Affoler.
Affourcher.
Affranchir.
Affréter.
Affriander.
Affronter.
Affûter.
Allaiter.
Allumer.
Annuler.
Appareiller.
Apparenter.
Apparier.
Appauvrir.
Appesantir.
Appointer.
Apprendre.
Apprivoiser.
Approfondir.
Approprier.
Approvisionner.
Arranger.
Arriver.
Arrondir.
Attabler.
Attendrir.
Atterrer.
Attiédir.
Attrister.
Attrouper.
De la lettre B.
Dan» quelques provinces & dans la Gascogne, sur-tout, on confond le b avec
le vé ou v consonne. Ainsi pour dire, Valence, vin, boire, les uns disent Balance, bin, voire. Il ne seroit pas étonnant d'entendre dire à un Gascon, ou à un Habitant du Velay : allons à Balance, pour y voire du von bain : pour dire : allons à Valence pour y boire du bon vin.
On doit écrire par b, abcès, obstacle, substance, substituer, subterfuge, quoique le p s'y fasse entendre. Le mot plomi doit être terminé par un b.
De la lettre C.
Le c devant a, o, u, emprunte le soit du k. Mais lorsque devant les mêmes voyelles on veut lui donner le son d's, alors on met dessous une queue que l'on nomme cédille. ( Voyez page
On confond très-souvent la lettre c avec les lettres ti, mais pour faire la différence de ces deux manieres d'écrire, il faut avoir recours au simple du mot : ainsi pour savoir si le c doit être préféré à ti
dans les mots suivants audacieux, délicieux, négociant, audiencieux, licencieux & autres semblables ; recourez à leurs simples qui sont audace, délices, négoce, audience, licence : par cette maniéré de procéder, vous ferez sûr de ne pas en altérer l'orthographe. Exceptez de cette règle pénitentiaux, & pénitentiels, à cause de l'étymologie qui demande le r à la quatrième syllabe.
Cette lettre s'écrit & ne se prononce pas dans les mots suivants :
Almanach,
Cotignac,
Estomac ,. Tabac,
Lacs de foie,
Marc d'or ,
Broc de vin,
Elle a presque le son de g dans
Cicogne,
Claude,
Claudine,
Nécromancie,
Second,
Secret & dans leurs dérivés.
Les mots suivants ont la prononciation douce.
Achéron,
Joachim,
Chérubin,
Mardochée,
Ezéchias,
Psyché,
Ezéchiel,
Zachée.
Ecrivez Archiépiscopat, Michel-Ange ; & prononcez Arkiepiscopat Mikel-Ange.
De la lettre D.
, Cette lettre se met à la fin des mots pied, grand, froid, courtaud, Crapaud, échafaud : elle se conserve & se prononce dans les noms propres, Galaad, Lamed, David, Nemrod, Abiud. Mais elle ne se prononce pas dans Laid, grand, chaud, nid & autres semblables.
Le d prend le son du t devant les
voyelles & l'h non aspiré : ainsi prononcez gran-t-homme, de pié-t-en cap, un froi-t-extrême ; & écrivez : grand homme, froid extrême, &c. Prononcez répond-il, comme dit-il, blé, nu, cru sans d. n'écrivez point, comme M. Leroi, un rameau verd, mais un rameau vert.
De la lettre E.
On confond souvent les mots qui doivent commencer par an, am, avec ceux qui commencent par en, em. Voici quelques regles pour en connoître l'orthographe.
i°. Toutes les fois que le mot qui écrit, ne pourra pas se décompose commencera par an ; tels sont Angleterre, Androgyne, cien, angoisses, ange. tueux, angle, & aut ceptez de cette re/
encenser, envey labe comme
m
qui ne peuvent se décomposer, la premiere lettre de la seconde syllabe commençât par un B, une m , ou un p, alors il faudroit les écrire par am ; tels font, par exemple , les mots amphibie, ambulant, ambassade, ambitieux, ambre, ambigu & autres semblables. ,
2°. Tous ceux qui pourront se décomposer , commenceront par en ; tels font les mots enraciner, entretuer, entretenir, &c. dont les simples sont racine, tuer, tenir, &c. s'il arrivoit également que la premiere lettre de la seconde syllabe commençat par un B, une m , ou un p, alors on écriroit le mot par em, tels sont ceuxci : embaucher, empailler, embaumer, embeguiner, embélir, embrocher, embaras, embâter, empêcher, &c. Mais ce qui est plus difficile à distinguer, ce sons nos terminaisons par ant, ent.
Regle pour les noms qui doivent se terminer par ant.
En général on terminera par ant les noms
dont on trouvera les Verbes. Ainsi écrives
suffocant, commençant, négociant, con-vincant, fabricant, perçant, &c. par ant ; parce que leurs Verbes font suffoquer, commencer, négocier, convaincre. fabriquer, percer. Exceptez de cette regle les mots précédent, résident, & quelques autres dont la terminaison est par ent.
Regle pour les mots qui doivent se terminer par ent.
Terminez par ent les noms adolescent ardent, décent, indécent, innocent, récent , prudent, imprudent, évident, & tous ceux dont vous ne pourrez former un Verbe. En effet, les mots adolescent, décent, indécent, & ceux qui suivent, n'ont point de Verbe.
De la lettre F.
Si cette consonne est doublée & qu'ellesoit précédée d'un é fermé ne mettez point d'accent sur cet e. Ainsi écrivez effacer
effet, effectuer , &c. sans accent aigui Si le même é fermé étoit suivi d'un x, on supprimeroit également l'accent aigu , comme dans les mots suivants ; examen, exiger, exemple, l'x étant une lettre double.
Retranchez le f du mot apprenti dont le feminin est apprentie. Supprimez-le aussi dans le mot Bailli ; & conservez le dans Clef en prononçant Clé.
F est nul dans Cerf, Cerf-volant, & sonore dans serf esclave.
Quoique cette lettre se prononce dans boeuf, oeuf, neuf & nerf, elle ne sonne point au pluriel : des boeus, des oeus, des habit neus, des ners agacés.
On dit encore du boeu salé, un oeu dur, neu personnes, un ner de boeuf.
L'articulation embarasseroit sa lecture.
De la lettre G.
G devant e , i, y, emprunte le son de l'i consonne. Mais pour l'adoucir avant
a, o, u, on mec l'e muet comme dans les mots il nagea, geolier, gageure, nous mangeons, je nageois, &c. L'on prononce gajure, jolier, nous manjons, il naja. Ecrivez second, secret ; prononcez segond, segret. (*)
Cette lettre ne sonne point dans Legs, sang-sue, signifier, fauxbourg ; elle approche du son du k dans bourg. Gn a le son ferme dans Gnome, gnostique, progné. Elle est articulée dans Guise, nom propre & dans aiguille. Elle ne se prononce pas dans Guise maniere, ni dans anguille. Mais elle sonne dans aiguiser, aiguillon.
Cette lettre conserve son articulation forte avant la lettre H, soit au commencement , soit au milieu des mots ; ghisleri, malpighi.
(*) N'imitez pas cependant nos petits Maîtres qui prononcent mon geval, mes gevaux, pour mon cheval, mes chevaux. Ce langage respire la mollesse.
A la fin des mots le G se prononce dans les noms propres, Agag, Doëg, Magog, Sarug. Dans les mots communs & d'un fréquent usage , on ne le prononce pas ; rang, sang, étang, long se prononcent sans g : Si cependant ces mots sang, rang, long , se trouvoient suivis d'une voyelle ou d'une h non aspiré , on y prononceroit le g comme si c'étoit un k ; prononcez : un san-k-épais ; un ran-k-èlevé ; un lon-k-hiver ; & écrivez un sang épais, un rang élevé, un long hiver.
On écrit oignon & l'on prononce ognon en mouillant gn.
On doit écrire & prononcer châtaigne & non çhâtagne.
De la lettre H.
Nous avons dit qu'on diflinguoit deux forces d'h (voyez page).
Liste des mots les plus usités ou l'h est aspiré.
Ha ! Interjection. Habler. Hableur.
Hache.
Hagard.
Haie.
Haillon.
, Haine.
. Hâle.
Halle.
Hâler.
Haller. ,
Hallebarde.
Haleter.
Halte.,
Hameau,
Hampe.
Hanche. .
Hannpron.
Hanse.
Hanter.
Happer.
Haquenée.
Haquet ;
Harangue.
Haras.
Harceler.
Hardes,
Hardi.
Hareng.
Hargneux.
Haricot. .
Harpie.
Harnois. Prononcez harnais.
Harpe. .
Harpon.
Hasard. Mieux que hazard.
Hâte.
Hausse-col.
Haut.
Haubois.
Haute-contre.
Havre.
Havre-sac.
Hé !
He ! Hem S
Interjections.
Hennir. Prononcez honnir.
Henri ; n'aspirez point h dans la conversation.
Héraut.
D'armes.
Hère.
Hérisser.
Hérifloa.
Hernie.
Héros.
Dites cependant L'héroïne mousquetaire. L'héroïque valeur. Mais conservez toujours l'haspiration dans héros.
Herse. .
Heurter.
Hibou.
Hideux. •
Hie.
Hiérarchie.
Hobéreau.
Hochet.
Holà avec l'accent grave.
Hollande.
Hongre.
Cheval hongre.
Hongrie.
Honni, honni soit qui mal y pense.
Honte.
Hoquet.
Hoqueton.
Horde.
Horion.
Hormis.
Hors.
Hotte.
Houe.
Houlete.
Houppe.
Houspiller.
Housse.
Houffine.
Huguenot.
Hurler.
Hussar,
Houssard,
Housard , tous les trois se disent.
L'h est aussi aspiré dans chat-huant ; enhardir enharnacher.
Au reste, les personnes qui voudront connoître tous les mots où h s'aspire, con¬
sulteront le Dictionnaire de M. Restaud. NOUS avons rapporté ici ceux en faveur desquels on a négligé l'oreille.
Ecrivez aussi avec un h les mots chrême ( le Saint Chrême) Choriste, Choeur, Anachorete, Théologien, Rhetoricien, Thon, Themis & autres semblables.
On écrit aussi avec ph les mots Philosophe, Philosophie, Phosphore, Phénomene, Phénix, Phoebus, Pharaon, Phaisan, Phalange, Pharisien, Saphir, Pharamon, & quelques autres.
Ecrivez Phthisie & non pas Phtisie, comme Richelet le prescrit.
De la lettre, I.
Nous en parlerons à la remarque de la lettre Y.
De la Lettre J.
L'J consonne, au milieu des mots, ne fè double jamais.
Cette consonne a la même articulation que le G devant les voyelles E, I : on
prononce Jésus & Gédéon sans aucune différence. Mais l'etymologie de ces mots veut que l'un soit écrit par J consonne , & l'autre par. G.
On doit écrire aussi avec l'J consonne les mots Jérémiade, Jérusalem, Jet, Jeter, Jeûne, Jeux floraux, Jeux Olympiques, Jeux Pythiens.
De la lettre K.
Ecrivez avec le K les mots Kermès ;
Stokolm, Yorck, Kirie, Kystotome.
De la lettre L.
La lettre L se met à la fin de ces mots quoiqu'elle ne s'y fasse pas entendre : Fusil outil, (soul ivre) aulieu de saoul.
Cette consonne ne sonne point aussi dans les mots Baril, Persil, Sourcil, Gentil.
Elle double dans les mots Pupille, Imbécille, Tranquille, Ville, Mille, Installer, Allumer, Mésalliance, & quelques autres. On n'écrit plus un Sol, deux Sols ; mais un Sou, deux Sous.
Mol n'est plus usisté ; on écrie Mou. Fol retient L seulement devant un substantif qui commence par une voyelle : un sol amour. Partout ailleurs écrivez & prononcez sou : c'est un fou. Les fous sont en. grand, nombre.
L'Académie écrit cul ; elle supprime l dans les composés cu-levé, cu-bas. On mouille cette lettre dans Gentilhomme ; & au pluriel, on prononce Gentilzommes. Mouillez les deux L dans Sully.
De la Lettre M.
C'est une regle générale, qu'avant le B, le P, & l'M on mette toujours l'M. Ecrivez embonpoint, emphase, emmaigrir, emmanché, emmariner, s'emmarquiser, emmiéler, emmeubler, empêcher, damner, condamnable, Grammaire, solemuel : ces quatre derniers se prononcent comme s'il y avoit daner, condanable, Gramaire, solanel. Ecrivez femme ; & prononcez fame. Quelques-uns écrivent flâme ; l'Académie
écrit flamme avec deux M à cause de l'étymologie.
De la lettre N.
Cette consonne ne double point dans courone, persone. On peut écrire ennoblir, ennuiter & prononcer anoblir, annuiter ; mais on conserve le son nasal dans ennui.
Ecrivez honneur avec deux n ; & honorable avec une feule, l'articulation étant différente de l'écriture.
De la lettre O.
Cette voyelle entre dans les mots Saône, Paon, Faon, Août & l'on prononce Sône, Pan, Fan, oût.
N'imitez point cet Auteur du Poëme de Carthouche qui écrit :
Lorsque pour certain vol, Mon malheureux papa fut pendu par son col.
Mais écrivez comme M.Barthe de Marseille , Cou. On ne sera peut-être pas fâché de trouver ici sa jolie Epître sur le Cou qu'il adresse à une jeune Provençale :
Ah !
Ah, le vôtre, sans le flatter,
N'a pas besoin, pour enchanter,
De diamans, de pierreries ;
A d'autres je ferois porter
Ces bagatelles si chéries ;
J'aimerois mieux vous les ôter.
Oui, votre Cou que j'idolâtre,
Me poursuit partout dans Paris ;
Je le trouve même au théâtre
Où tant de Cous sont réunis,
On en voit là de tout pays,
Et de tout rang, & de tout âge :
Cou voilé de prude sauvage,
Cou de coquette bien paré,
Cou de Marquise pétillante,
Cou de Financiere brillante,
Cou d'Actrice peu révéré,
Cou penché d'aimable indolente,
Cou rengorgé de Présidente,
Cou de jeune épouse adorée ;
TouS ces Cous, me dis-je à moi-même,
Ne valent pas celui que j'aime, &c.
Un Col court, un Col tort sont reçus dans le langage ordinaire.
On écrit par l sonore Col terme dé toi-
lette : le Col d'une chemise, un Col de
basin, un Col de mousseline, le Col d'un, rabat.
De la Lettre P.
«
Cette consonne s'éclipse dans compte, compter, exempt, sept, septieme ; mais elle se fait sentir dans Rédempteur, Rédemption, Cap, Cep, Sep, & Gap nom de Ville.
Ecrivez temps ou tems, Baptême, Baptistère, Baptiser ; mais ne faites pas sfentir le p dans les trois derniers.
Quoique vous écriviez beaucoup, trop, prononcez beaucou, tro, à moins que l'un & l'autre ne soient suivis d'une voyelle : en ce cas vous direz : il est beaucou-paimé, tro-paimé.
Le P sonne dans Baptismal, Pseaume, Pseautier, Psalmiste.
Quelques Auteurs écrivent ptisane : mais d'après l'Académie, l'on, doit écrire tisane.
De la Lettre Q.
Cette lettre doit toujours être suivie d'un u voyelle, lorsqu'elle n'est pas finale , comme dans ces mots, quelque, quiconque.
ECRIVEZ :
Aquatique,
Quadragésime,
Equateur,
Quadrature,
Equation,
Quadrupède,
In-quarto,
Quadruple, &c.
Quadragénaire.
PRONONCEZ :
Acouatique,
Couadragésime,
Ecouateur,
Couadrature,
Ecouation,
Couadrupède,
In-couarto,
Coadruple, &c.
Couadragénaire.
Le ? final ne se trouve que dans cinq & coç ; on doit toujours le faire sentir dans ce dernier. Mais dans cinq il ne se prononce que lorsqu'il est suivi d'une voyelle ou d'un h non aspiré , comme dans cinq hommes,
cinq arbres ; & l'on prononce comme s'il y avoir cin-qhommes, cin-qarbres. Cette lettre , quoique suivie d'une consonne, se fait sentir dans cinq pour cent, & dans un cinq de chiffre.
La lettre q se prononce comme cu dans les mots suivants :
Equestre,
Quinquennium,
Liquéfaction,
Quintuple,
A quia ,
Quirinal, & autres
Quinquagénaire,
semblables. ,
Quinquagésime.
Ecrivez piqûre d'après le sentiment de l'Académie.
De la lettre R.
Cette lettre est sonore dans cuiller, & nulle , dans la premiere syllabe du mot Mercredi.
Lorsque cette consonne termine l'infinitif d'un Verbe, ne la faites pas sentir à . moins qu'elle ne soit suivie d'une voyelle : ainsi, si vous écrivez : aimer Dieu, aimer
le prochain ; prononcez comme s'il y avoir aimé Dieu, aimé le prochain.
Le Gapençois & le Briançonnois tombent fréquemment dans cette erreur.
On double l'r dans enclorre & clorre, on ne le fait pas dans éclorre : la raison, est, que l'étymologie mérite d'être préférée, sur-tout lorsqu'elle ne contredit point la prononciation : mais lorsque la pronondation même s'écarte de l'étymologie, elle sollicite & exige la préférence , qui en effet, est souvent accordée par l'Académie.
De la lettre S.
Voici quelques réglés qui indiqueront dans quels mots cette lettre doit être mise à la place du C.
i°. Dans les mots composés des particules a, dé, pré, ré ou re on double s, pour lui donner le son fort quoiqu'on en prononce qu'une feule : ainsi on écrit asservir, associer, dessaisir, dessaler, dessé¬
cher, pressentir, ressentir, resserrer, ressouvenir, ressusciter. 2°. On doit la conserver dans les mots Disciple, adolescence, descendre, condescendance, convalescence & quelques autres, 3°. Cette lettre se met à la seconde personne des Verbes au singulier comme dans ceux-ci : tu aimes, tu joues , tu promenés, 4°. C'est une regle générale que l's entre deux voyelles emprunte le son du 5 comme dans ces mots phase, chaise, misere, analyse , &c.
On excepte de cette regle les mots préseance, présupposition, vraisemblance, &c.
5°, La lettre s est ordinairement dans les noms la caractéristique du pluriel ; & l'on doit toujours la mettre quoiqu'elle ne s'y fasse pas entendre. Voyez le nombre (Page 7)
De la lettre T.
Le t au milieu des mots se confond sou¬
vent avec le c. On le mettra à la place de ce dernier , toutes les fois que le simple du mot composé qu'on veut écrire ne renfermera pas la lettre c. Ainsi écrivez ambition, ambitieux, diocletien, domitien, avec ti à la place du c.
On écrit cepandant avec ti les mots essentiel, pénitentiaux quoique leurs simples soient essence pénitence.
C'est une regle générale que cette consonne ainsi que toutes les autres , ne doublent jamais entre une voyelle & une consonne. Ainsi écrivez persécution, persécuter, anse avec une feule s, comme vous écririez avec un seul T rentrer, entrevoir, tentation, &c.
C'est également une regle générale que les troisiemes personnes du pluriel des Verbes se terminent par un T comme ils aiment, ils jouent, ils promenent, &c.
De la lettre U.
Ecrivez avec u quinze & prononcez
H .
kinze. Prononcez avec un son mixte Europe, Euridice, Eunuque, Euphrate, Eucharistie.
De la lettre V.
Nous remarquerons que cet V ce double quelquefois dans des noms Allemands, Flamands, Anglois ou autres pays du Nord ; & ce double W tient de l'V consonne & de la Diphthongue ou comme on le sent dans Waast, Westminster, Westphalie, Wibourg, Worchester Wurtzbourg : Mais au milieu des mots l'articulation de l'v prévaut comme dans Barwik, Hedwige ; au contraire, à la fin on préfére le son de l'u voyelle dans Landaw, Brisgaw, Czernikow, &c.
De la lettre X.
. Son articulation varie beaucoup, parce qu'elle tient du c & du g, de l's & du
Ainsi elle se prononce comme cs dans les mots Xantippe, Xercès, Alexandre, axe, sexe, maxime, styx, taxe.
Dans les noms suivants, Xavier, Ximenès elle prend l'articulation du gz. La méme articulation a lieu dans les mots examen, exil, exaucer, exhorter, exhumer, exemple. On écrit Aix & l'on prononce Ais. Ecrivez aussi par x Auxerre, Auxerrois, Auxone, Bruxelles, soixante & prononcez Ausserre, Ausserrois, Aussone, Brusseles, soissante.
De la lettre Y.
Cette lettre doit se mettre à la place des deux ii voyelles dans les mors suivants, Paysan, moyen, Paysanne, essayer, étayer & autres semblables.
Cette lettre se met également à la place de l'i voyelle. Dans les mots tympanon ; dyssenterie, acolyte, Myrthe, hypocrite, hymne, symphonie, cristal, sycomore, Synagogue.
De la lettre Z.
Le Z se sait sentir à la fin des noms
propres de personnes ou de lieux ; & alors, il rend longue & ouverte la voyelle qui le précéde : Phaz, eliphaz, cenez, ascenez, Booz,r Ruz. On le prononce dans fez où il rend l'e très-ouvert, ainsi que dans le mot Milanez.
, Il rend l'é fermé dans nez, chez, assez. , Le se met également à, la fin des secondes personnes des Verbes du pluriel., comme vous lisez vous chantez, vous promenez, &c.
De la lettre AE.
Cette diphthongue ne se met guere que dans ces mots, AEaque, AEgilops, AEgiptia. On n'écrit plus oeconomie, mais économie.
De l'Orthographe des Noms.
Tous les noms qui feront ne au féminin , se termineront par an au masculin ; tels font les mots paysan courtisan, qui font au féminin paysanne, courtisanne, ainsi des autres.
Tous ceux qui finiront par de au féminin , áu masculin se termineront par and ; tels seront les mots Marchand, gourmand , qui font au féminin Marchande, gourmande.
Tous ceux qui seront dérivés des Verbes , fe termineront par ent ; tels font les mots encouragement, engourdissement, qui font dérivés des Verbes encourager, engourdir.
Regles pour les autres Noms Substantifs & Adjectifs.
Les mots terminés au masculin par un c , formeront leur féminin en ajoutant he ; tèls font les mots franc, blanc, qui au féminin font franche, blanche.
Il faut excepter de cette Regle les mots public, Turc, Grec, Caduc, qui veulent au féminin, publique, Turque, Greque, Caduque.
Ceux qui font terminés par un D, prennent un E après cette finale ; tels font
les mots froid, grand, laid, second, & autres semblables.
On doit excepter de cette Regle les mots Nud, Crud, qui font au féminin Nue, Crue.
Tous ceux qui font terminés en É aigu ou masculin, prennent au féminin un E muet ; tels font le mots effacé, créé, changé , qui feront au féminin, effacée, créée, changée, & autres semblables.
Ceux qui font terminés en al, ou en il, prennent seulement un E muet au féminin ; tels font les mots Egal, Subtil, & autres.
Mais ceux qui font terminés en el, ou en eil, doublent la consonne au féminin : tels font les mots naturel, pareil, qui feront au féminin naturelle, pareille.
Ceux qui font terminés en ol au masculin , au féminin doublent la consonne ; tels font les mots sol, mol, qui sont folle, molle, & autres.
Ceux qui font terminés en ien, & en
on , doublent la consonne finale pour ea faire le féminin : tels font les mots ancien, mien, bon, qui font au féminin ancienne, mienne, bonne.
Ceux qui font terminés en et, doublent la consonne finale pour en faire le féminin : tels sont les mots sujet, discret, qui font au féminin sujette, discrette. • A l'égard des Adverbes derivés des mots en ant ou ent, ils se formeront en changeant les deux dernieres lettres du masculin en m , après laquelle on ajoute la syllabe ment. Ainsi suffisant, arrogant, innocent, feront à leur Adverbe, suffisamment, arrogamment, innocemment.
Les noms d'Artisans & de Métier, qui auront à leur finale le son de l'é aigu, se termineront par er ; tels sont les mots Perruquier, Boulanger, Attelier, & autres semblables.
Les noms d'arbres, tels que ceux-ci : figuier, oranger, citronnier, poirier, &c. se termineront aussi par er, ainsi que tous
ceux qui auront à leur finale le son de l'é fermé.
De l'Orthographe des Verbes.
Toutes les secondes personnes des Verbes au Sngulier, prennent une s à leur finale : cette regle est indiquée dans la derniere strophe de cette Romance par M. Léonard. Une jeune bergere y pleure amèrement l'absence d'un nouveau Corydon.
Viens voir couler mes larmes Sur ce même gason,
Où l'amour par ses charmes Egara ma raison,
Si dans ce lieu funeste
Rien ne peut t'atrendrir,
Adieu, parjure, un bien me reste,
C'est l'espoir de mourir.
Un jour viendra peut-être Que tu n'aimeras plus :
Alors je ferai naître
Tes regrets superflus :
Tu verras mon image Tu m'entendras gémir ;
Tu te plaindras berger volage
De m'avoir fait mourir.
On excepte de cette regle la seconde personne de l'Impératif du Verbe aimer au Singulier, & de tous ceux qui en suivent la conjugaison, exemples ; aime, vole, frappe, joue , &c.
L'Impératif de la seconde personne du Verbe aller au Singulier ne prend également point d's , exemple :
Tes yeux promettent le bonheur,
Confirment leur langage,
Va, le plaisir vaut bien l'honneur D'être fiere & sauvage.
Quatrain adresse à Madame Co* * de GEN**.
Mais si le Verbe se trouve joint aux mots en & y , alors il prend l's, comme quand je dis : faites-y quelque chose ; changes-en à ton gré.
Toutes les secondes personnes des Verbes qui ont à leur finale le son de l'é fermé, prennent un Dans ces vers adressés à Madame G A * * * de Gen* *.
Vous plaifantez lorsqu'on parle d'amour Avec ce dieu vous voulez qu'on badine.…
Douce, frivole & légere,
Par votre esprit vous savez tout charmer.
C'est un plaisir de chercher à vous plaire ;
C'est un malheur de vous aimer.
On voit que les Verbes plaisantez, voulez, savez sont terminés par un tous les autres Verbes suivront la même regle.
Toutes les troisiemes personnes des Verbes au Pluriel se terminent par nt.
Dans une piece de Madame de C * *. Un avare tient ce langage : « ils veulent » mon or, ce cher or qui m'a coûté tant » de peines ; ils projettent de me l'envahir, » mais ils seront frustrés de leur espérance, » il sera enseveli avec moi. »
Les Verbes veulent, projettent, seront se terminent par nt parce qu'ils font à la troisième personne du pluriel.
Les avant-dernieres syllabes des Parfaits à la premiere & seconde personne du Pluriel , prennent toujours l'accent circonflexe
circonflexe
flexe ; nous eûmes, nous promenâmes, vous jouâtes, vous vîntes, &c.
La troisième personne de l'Imparfait du Subjonctif de tous les Verbes, au Singulier prend aussi l'accent circonflexe.
M. de Turenne étoit un jour d'été à la fenêtre de son anti-chambre, en veste blanche & en bonnet blanc. Entre un aide-cuisine qui le prenant pour son camarade, s'approche à petit bruit, hausse le bras, &c de toutes ses forces lui décharge un grand coup fur le derriere. M. de Turenne se retourne. Le domestique reconnoissant son Maître & sa méprise , tombe à ses pieds pâle & tremblant, en lui disant : Mon» seigneur, je croyois que c'étoit George... ” & quand ç'eût été George, dit sans ai» greur, M. de Turenne, falloit- il donc » frapper si fort ! »
Les participes des Verbes qui ne doivent s'accorder avec aucun nom , & ceux qui ont à leur finale le son de l'é fermé ne prennent point d'r au pluriel,
I
exemples ; nous avons aimé, vous avez joué, &c.
Mais si ces participes étoient précédés de quelqufes tems du Verbe être, ils prendroient l's finale exemples : nous sommes flattés, nous avons été hués, &c.
Regle du Verbe avec son correspondant (*).
Le Verbe s'accorde avec son correspondant en nombre &c en personne.
i°. En nombre : si le nom ou pronom qui précede , est au singulier ou au pluriel, il faut mettre le Verbe au singulier ou au pluriel.
2°. En personne : si le nom ou le pronom auquel le Verbe se rapporte, marque la premiere, la seconde ou la troisième personne , alors il faut mettre le Verbe à la même personne, les deux quatrains fuisuivants confirment cette regle :
(*) On entend par Correspondant , un Nom ou un Pronom avec lequel le Verbe s'accorde,
Toui mon esprit, quand je ne suis point ivre,
Ne me fournit qu'un petit mot ou deux :
Mais quand j'ai bu, je parle comme un livre ;
Et j'en dis plus cent fois que je ne veux,
A trop aimer, l'ame se déconcerte L'on perd l'esprit & la raison qu'on a :
Mais en buvant, elle est toujours alerte ; Et l'esprit vient quand la raison s'en va.
Les Verbes fournit, parle, déconcerte, vient, s'enva, s'accordent en génie & en nombre avec les mots esprit, je, ame & raison qui leur fervent de correspondants.
Regle du nom adjectif avec son substantif.
L'adjectif doit s'accorder avec son substantif cn genre & en nombre , dans ces vers :
Une jeune bergere
Les yeux baignée de pleurs,
A l'écho solitaire,
Répétoit ses douleurs
Hélas ! loin d'un parjure,
Où vais-je recourir
Tout me trahit dans la nature,
Je n'ai plus qu'à mourir.
Les adjectifs jeune, baignés, solitaire, s'accordent en genre & en nombre avec es noms substantifs qui les précédent.
Regles des Participes passifs.
En général tous les participes passifs font terminés ou en E , ou en I, ou en U, ou en ert. Avant de savoir l'accord du participe avec le nom, il faut savoir ce qu'on entend par correspondant.
On entend par correspondant un mot avec lequel le Verbe s'accorde.
Pour découvrir cet accord, nommez le participe au masculin. En ajoutant quoi ou qui interrogatif.
Le premier mot que la réponse amene est, à coup sur, le correspondant.
Ou le participe est construit avec le Verbe avoir, ou avec le Verbe être, ou avec le Verbe pronominal.
Lorsqu'il est construit avec le Verbe avoir , & que le correspondant est avant lui, il faut les faire accorder.
Si le correspondant est après le participe, point d'accord.
Exemples des deux cas.
Ier. Exemple. = La lettre que j'ai écrite. Ecrit quoi ? une lettre.
Une lettre est donc le correspondant.
Or, dans la phrase ci-dessus, lettre est avant; par conséquent accord.
2eme. Exemble. = J'ai écrit une lettre. Ecrit quoi ? une lettre.
Une lettre est donc le correspondant.
Or, dans la phrase ci-dessus, lettre est après ; par conséquent point d'accord.
3eme . Exemple. = La maison que j'ai commencé de bâtir.
Commencé quoi ? de bâtir.
De bâtir est donc le correspondant.
Or, dans la phrase ci-dessus, de bâtir est après ; par conséquent point d'accord.
4 eme. Exemple. = La résolution que j'ai prise de voyager.
Fris quoi ? la résolution.
La résolution est donc le correspondant.
Or, dans la phrase ci-dessus, la résolution est avant ; par conséquent accord.
Lorsque le participe est construit avec le Verbe être, il suit exactement la loi des adjectifs, quelque place qu'il occupe, & s'accorde avec son correspondant. Ainsi il faut écrire :
Le Roi est aimé
La Reine est aimée.
En général lorsque le participe termine la phrase , on le fait accorder avec le correspondant. Lorsqu'il ne la termine pas on ne le fait pas accorder.
Il faut observer que si le correspondant est représenté par le pronom en ; le participe reste invariable.
Exemple. = Vous reçûtes hier des nouvelles, j'en ai reçu aujourd'hui.
César a plus gagné de batailles que les autres n'en ont Lu.
Les participes Reçu & Lu, demeurent
invariables, parce que le correspondant est représenté par le pronom en.
Du Participe construit avec le Verbe Pronominal.
On appelle un Verbe pronominal tout Verbe qui se conjugue avec deux pronoms personnels.
Exemples du Participe construit avec le Verbe pronominal.
Ier. Exemple. = Lucrece s'est tuée. Tué qui ? Soi.
Soi est donc le correspondant.
Or, dans la phrase ci-dessus, Soi est avant le participe ; par conséquent accord. Il ne faudroit pas écrire Lucrece s'est tué. 2eme . Exemple. = Lucrece s'est donné la mort.
Donné quoi ? la mort.
La mort est donc le correspondant.
Or, dans la phrase ci-dessus, la mort est après ; par conséquent point d'accord
Et si l'on écrivoit Lucrece s'est donnée la mort, ce seroit une faute.
Du trait d'union.
Le trait d'union ( — ) sert à joindre deux mots , pour les prononcer comme s'il n'y en avoit qu'un.
On le met entre le Verbe & le pronom personnel toutes les fois que ce dernier se trouve mis après le Verbe, comme dans ces vers :
Adieu Laure, adieu, chere Laure…
Quel jour, hélas ! quel jour pour moi ! Ah ! dans l'ardeur qui me dévore Pourrai-je vivre loin de toi ?
Je vivrai toujours dans la peine ; Plus de repos, plus de plaisir…
Mais, toi du malheureux Philene Daigneras-tu te souvenir ?
M. DE MORE.
Peut-on me demander ce que c'est qu'une femme, A moi dont le destin est d'ignorer l'amour ? D'un aveugle afflige vous déchireriez l'ame,
Si vous lui demandiez ce que c'est qu'un beau jour.
Réponse d'un Abbé à une Dame qui lui demandoit ce que c'étoit qu'une femme.
Lorsque les pronoms on, il, ou elle, sont après une troisième personne du singulier terminé par une voyelle, on ajoute un T, entre le Verbe & le pronom , avec deux traits d'union , un avant le T, & l'autre après , comme dans cette phrase.
Croira-t-on que Desbarreaux ait jamais prononcé ces paroles ? Grand Dieu ! je vous demande trois choses, oubli pour le passé, patience pour le présent, & miséricorde pour l'avenir.
On lie encor, par le trait d'union les mots très, fort, avec l'adjectif ou le mot suivant ; très-honnête, fort éloquent ; très-humble, très-obéissant, &c. & dans ce quatrain :
Belle iris, ce n'est pas merveille,
Si mon jeune rival vous déplaît :
Car Vénus m'a dit à l'oreille Qu'il fait très-bien tout ce qu'il fait.
M. DE LA PLACE.
De l'orthographe des mots, dont on se sert le plus souvent.
a, & à.
a S'écrit sans accent lorsqu'il est Verbe ; & on connoît qu'il est Verbe, lorqu'il y a un nom , ou un pronom qui sert de correspondant ; comme dans ces phrases.
La confiance que l'on a en foi, fait naître la plus grande partie de celle que l'on a aux autres.
Il y a des reproches qui louent, & des louanges qui médisent.
Il y a des gens qui ressemblent aux Vaudevilles , que tout le monde chante un certain tems, quelques fades & dégoutans qu'ils soient.
à S'écrit avec l'accent grave lorsqu'il est article , & on connoît qu'il est article lorsqu'il n'y a point de nom ou de pronom qui puisse lui servir de correspondant, comme dans ces phrases.
Il n'est pas à craindre qu'on devienne
Payen pour avoir entendu à Paris l'opéra de Proserpine, ou pour avoir vu à Rome les nôces de Psyché, peintes dans un palais du Pape par Raphaël. La fable forme Je goût & ne rend personne idolâtre.
L'élégance est plus nécessaire à la poésie qu'à l'éloquence, parce qu'elle est une partie de cette harmonie fi nécessaire aux vers.
On donne plus souvent des bornes à sa reconnoissance, qu'à ses désirs & à ses espérances.
On, & Ont.
On S'écrit ainsi lorsqu'il est pronom général ; & on connoît qu'il est pronom général lorsqu'il n'y a point de nom ou de pronom qui puisse lui servir de correspondant , comme dans ces phrases :
On aime bien à deviner les autres, mais on aime pas à être deviné. = On ne blâme le vice, & on ne loue la vertu que par intérêt. = En vieillissant on devient plus fou & plus sage.
Ont s'écrit de cette maniere lorsqu'il est Verbe ; & on connoît qu'il est Verbe lorsqu'il y a un Nom , ou un Pronom qui lui sert de correspondant ; comme dans ces phrases.
Les serpens à sonnettes ont au bout de la queue des especes de grelots qui nous avertissent du danger lorsqu'ils se meuvent. = Les Anglois ont toujours reproché aux François leur attachement pour la superficie des choses. Les François leur ont répondu qu'il valoit mieux, pour le commerce de la vie , être superficiellement agréable que tristement profond.
Sont & Son.
Sont s'écrit ainsi lorsqu'il est Verbe ; & on connoît qu'il est Verbe par les mêmes réglés que j'ai données ci-dessus, comme dans ces phrases.
En général les femmes sont plus spirituelles que les hommes ; & elles n'ont gueres que des caracteres mixtes, ou in¬
termédiaires. = Ce sont les mines du Potosi qui ont enrichi les Espagnols. = Les habitans du Mexique sont les premiers qui ont essuyé les cruautés inouies de cette nation orgueilleuse.
Son s'écrit de cette maniere lorsqu'il est Pronom possessif ; & on connoît qu'il est Pronom possessif lorsqu'il est joint immédiatement à un nom , comme dans ces vers.
» L'amour est un enfant qui veut être conduit ; » L'espérance est son guide, en aveugle il la suit ; » Il veut qu'on le séduise, & non pas qu'on l'éclaire ; » Voilà de son bandeau la cause & le mystere.
Ces, Ce, & Ses, Se.
Ces, Ce, s'écrivent ainsi lorsqu'ils font Pronoms démonstratifs, c'est-à-dire lorsqu'ils indiquent l'objet, comme dans ces vers : ( ils furent présentés à Monsieur, à son entrée en Provence ).
» Le voilà ce beau ciel que l'on peint sans nuage, » Ces plaines, ces côteaux, couronnés d'orangers,
» Cet éternel printems, ce peuple de bergers » Au son du tambourin, folâtrant sous l'ombrage ! » D'un regard bienfaisant, parcourez ce rivage ; » Ces lieux, jeune héros, qu'on dit si fortunés, » Ne ressemblent à cette image » Qu'au moment que vous y venez.
» Mais la peinture fabuleuse » De ces bois parfumés, de ce séjour charmant, » Ou tout tient du délire & de l'enchantement, » Vous a peint la Provence encor moins heureuse » Qu'elle ne l'est en vous voyant ».
Ses, s'écrit de cette maniere lorsqu'il est Pronom possessif, comme dans ces vers à M. de Launaye.
« D'un Salomon, né sans foiblesse, » Vous méritez donc les égards ! » Eleve & Protecteur des Arts, » Ce Monarque, par ses largesses, » Les attire de toutes parts :
» Ainsi, ce rival de la France » Soit dans ta guerre, ou dans la paix, » Sait toujours vaincre ; & le François » Qui se dérobe à sa vaillance, » N'échappe pas à ses bienfaits.
Se, s'écrit ainsi lorsqu'il est joint à un
Verbe , pourvu qu'il ne soir pas Verte démonstratif ; comme dans ces phrases & dans ces vers.
Les vieillards aiment à donner de bons conseils, pour se consoler de n'etre plus en état de donner de mauvais exemples.
La plus subtile folie se fait de la plus subtile sagesse.
» Damon se tue à se prôner, » Et de cela chacun s'étonne ; » Il ne faut pas tant s'étonner, » Damon n'est aidé par personne.
Et, Est.
Et, s'écrit ainsi lorsqu'il sert à lier deux, ou plusieurs mots ensemble, comme dans ces vers, & dans ces phrases.
» Enfin je respire un moment ;
Hilas quitte ces lieux, Corinne me délaisse ;
» Et je demeure au même instant
» Et sans rival Et sans maîtresse.
La sévérité des femmes, est un ajustement et un fard qu'elles ajoutent à leur
beauté ; c'est un attrait fin et délicat, et une douceur déguisée.
Est, s'écrit de cette maniere lorsqu'il est Verbe , & on connoît qu'il est Verbe lorsqu'il y a un Nom ou un Pronom qui lui sert de correspondant ; comme dans ces phrases & dans ces vers.
L'amour est à celui qui aime , ce que l'ame est au corps qu'elle anime.
L'amour-propre est le plus grand des flatteurs.
» Ce marbre, ou de d'Eon le buste est tracé, » A deux femmes assure une gloire immortelle : » Et par elle vaincu, l'autre sexe est forcé » D'envier à la fois l'artiste & le modele.
(Pour le Buste de Mademoiselle d'Eon. exécuté par Madame Falconnet.)
Cet, C'est,...... & S'est.
Cet, s'écrit ainsi lorsqu'il est Pronom démonstratif, comme dans ces phrases :
Nous faisons toujours réjaillir sur les autres cet orgueil, cet amour-propre qui est notre premier appanage.
C'est
Cest, s'écrie de cette maniere, lorsqu'il est Verbe démonstratif :
C'est une espece de bonheur de connoître jusqu'à quel point on doit être malheureux. = C'est une grande difformité dans la nature qu'un vieillard amoureux. = La jeunesse est une ivresse continuelle ; c'est la fievre de la santé, c'est la folie de la raison.
S'est, s'écrit ainsi lorsqu'il a avant lui un nom ou un pronom qui lui sert de correspondant & qu'il est suivi d'un Verbe :
Caton s'est donné la mort. = Cléopatre s'est habillée en vénus pour enchaîner Antoine, comme elle avoit enchaîné César. Après la mort de ce dernier, cette Princesse ambitieuse s'est déclarée pour les Triumvirs.
La , & Là.
La, s'écrit ainsi lorsqu'il est Article ; & on connoît qu'il est Article, lorsqu'il est joint immédiatement à son nom exprimé ou sous-entendu, comme dans ces phrases : La gravité est un mystère du corps , in¬
venté pour cacher les défauts de l'efprit, = La vertu n'iroit pas loin, si la vanité ne lui tenoit compagnie.
Là, s'écrit de cette maniere, lorsqu'il est . Adverbe de lieu, ou qu'il est à la suite d'un Pronom démonstratif :
Les vieillards aiment à donner de bons conseils pour se consoler de n'être plus en état de donner de mauvais exemples ; & leur morale se tient toute là.
Celui-là n'est pas raisonnable à qui le hasard fait trouver la raison ; mais celui-là l'est véritablement qui la connoît, qui la discerne & qui la goûte.
Ou , & Où.
Ou, s'écrit de cette maniere, lorsqu'il est conjonction, c'est-à-dire, quand il sert à lier deux ou plusieurs mots ensemble :
Ou l'intérêt donne toutes sortes de vertus , ou il donne toutes sortes de vices.
Où, s'écrit ainsi lorsqu'il est Adverbe de lieu :
Où seroit-il possible de trouver un pinceau plus moelleux, une couche plus délicate , un coloris plus vigoureux que celui de Michel-Ange.
Des, & Dès.
Des, s'écrit ainsi lorsqu'il est article; & on connoît qu'il est article, lorsqu'il est joint à son nom substantif :
Le refus des louanges est un desir d'être loué deux fois. = L'honnêteté des femmes est l'amour de leur réputation & de leur repos.
Dès, s'écrit de cette maniere, lorsqu'il est préposition de Tems :
Les Italiens sont musiciens dès leur naissance.
Desbarreaux annonça dès l'âge le plus tendre le raffinement du plaisir, qu'il porta dans la fuite jusqu'à l'excès.
5
Quand. & Quant.
Quand, s'écrit de cette maniere, lorsqu'il est adverbe de Tems :
Quand il n'y a que nous qui savons nos crimes , ils sont bientôt oubliés. = Quand nous sommes las d'aimer, nous sommes bien aises que l'on devienne infidelle, pour nous dégager de notre fidélité.
Quant, s'écrit ainsi lorsqu'il est suivi immédiatement des articles à au, aux :
Quant à la coutume que nous avons de nous déguiser aux autres pour acquérir
leur estime, elle fait qu'enfin nous nous
déguisons nous - mêmes. = Quant au mal
que nous faisons, il ne nous attire pas tant
de haine & de persécution que les bonnes
qualités que nous avons.
Leur, & Leurs.
Leur, s'écrit ainsi lorsqu'il est pronom Conjonctif, on connoît qu'il est pronom Conjonctif, lorsqu'il peut se tourner par eux ou par elles:
Souvent, l'éducation qu'on donne aux jeunes gens, est un second orgueil qu'on leur inspire.
Il n'est pas si dangereux de faire du mal à la plupart des hommes que de leur faire trop de bien.
Les Rois font des hommes comme des piéces de monnoye ; ils les font valoir ce qu'ils veulent, & l'on est forcé de les recevoir selon leur cours , & non selon leur véritable prix.
Leurs, s'écrit ainsi lorsqu'il est pronom possessif :
Les Philosophes & Seneque, sur-tout, n'ont point ôté les crimes par leurs préceptes, ils n'ont fait que les employer au bâtiment de l'orgueil.
Nôtre & Notre, Vôtre & Votre.
Lorsque Notre & Votre, sont suivis d'un nom substantif, ils ne prennent point d'accent, & sont Brefs :
Notre amour est: aussi inconstant que Notre maniere d'apprécier les choses,
Mais lorsque Nôtre & Nôtre, sont précédés d'un substantif, ils prennent l'accent circonflexe :
Leur pays & le Nôtre ; mon livre & le Vôtre.
Qu'elle & Quelle.
Si la décomposition ne peut pas avoir lieu, Quelle s'écrit sans apostrophe :
Quelle aigle que Corneille, que son vol . est audacieux. — Quelle colombe que Racine !
Mais si la décomposition peut avoir lieu , Qu'elle s'écrit avec une apostrophe :
Quant à l'amitié on peut dire qu'il n'est point de peines qu'elle ne diminue, ni de plaisir qu'elle n'augmente.
Du, & Dû.
Du, s'écrit ainsi lorsqu'il est article ;
La passion fait souvent du plus habile
homme un fou , & rend presque toujours les plus sots habiles.
Le silence donne du poids aux pensées, & du crédit aux paroles. = L'amour propre est plus habile que le plus habile homme du monde.
Dû , prend l'accent circonflexe lorsqu'il est participe du Verbe devoir :
La Fontaine faisoit à chaque quartier une quittance poëtique pour la pension qui lui ctoit due par le Sur-Intendant de Paris.
Mais & Mes.
Mais, s'écrit, ainsi lorsqu'il est conjonction d'opposition :
Louis XIV. disoit d'une de ses maîtresses ; c'est une belle & jolie tête, mais elle n'a point de cervelle.
Mes, s'écrit ainsi lorsqu'il est pronom possessif :
. Madame de La Sabliere ayant un jour çongédié tous ses Domestiques, ne put
s'empêcher de dire cette phrase sur M. de La Fontaine , à cause de l'espece de stupidité que cet homme de génie avoit dans son maintien. » Je n'ai gardé avec moi que mes trois bêtes ; mon chien, mon chat, & La Fontaine.
Quelque & Quelques.
Quelque, s'écrit ainsi lorsqu'il est joint à un nom adjectif séparé de son substantif :
Quelque éloignées de la Terre que soient les planettes, on en mesure la distance par les calculs astronomiques.
Avec le tems & la patience on apprivoise les animaux quelque féroces qu'ils puissent être.
Il s'écrit encore sans s, lorsqu'il signifie environ, comme quand je dis : Il y a quelque trois cents ans que l'Imprimerie a été trouvée, c'est-à-dire, il y a environ trois cents ans.
Quelques, s'écrit de cette maniere, lors¬
qu'il est joint à un seul substantif, ou à un substantif suivi de son adjectif :
Quelques actions que je fasse ; quelques éclatantes actions que je fasse.
Sur & Sûr.
Sur, s'écrit de cette maniere lorsqu'il est préposition, & on connoît qu'il est préposition lorsqu'il est suivi d'un nom substantif. = Mais Sûr s'écrit avec l'accent circonflexe lorsqu'il est adjectif comme dans ces vers :
Tircis soyez sûr de mon serment ;
J'ai pour vous un amour extrême ;
Je vous aime presqu'autant
Que vous vous aimez vous même.
REGLES DE LA PONCTUATION.
M. DOMERGUE est de tous les Grammairiens celui qui a semé le plus de clarté dans cette matiere : nous nous en tiendrons à son sentiment sur les regles de la Ponctuation.
LE sens de la phrase est-il un peu suspendu ? mettez une virgule (,) : L'est-il un peu plus ? mettez le point & virgule ( ; ) : La suspension a-t-elle encore un degré ? mettez les deux points ( : ) : Enfin le sens est-i l complet ? mettez un point (. ). Telle est la regle générale de la Ponctuation.
Mais comme elle ne suffiroit pas pour la connoître & la savoir impertubablement , je m'en vais donner les divisions de cette regle , qui conduiront lçs personnes , qui se donneront la peine de les voir , à une connoissance parfaite de la ponctuation.
Avant de faire connoître les différentes réglés de la ponctuation, il faut savoir ce qu'on entend par Complément d'un mot, Correspondant d'un Verbe, & incident d'une phrase,
J'appelle Complément d'un mot, la suite nécessaire de ce mot.
Le Correspondant d'un Verbe, est un mot avec lequel le Verbe s'accorde. Nous l'avons déja dit (page 130).
L'Incident est un mot ou un assemblage de mots dont la phrase Grammaticale peut absolument se passer.
Premiere Regle.
Entre un mot & son Complément, entre le Correspondant & le Verbe , point de virgule : = Exemple de ces deux Cas.
Suis-tu le vol audacieux Du chantre des vainqueurs d'Elide ? Ta muse fougueuse & rapide S'élance-t-elle dans les cieux ?
Le sens pour être complet exige quelque
chose après suis-tu, après vol audacieux, après vainqueurs.
Seconde Regle, servant d'exception à la précédente.
Si le mot & son Complément, si le Correspondant & le Verbe sont séparés par un incident, les mots qui l'expriment doivent être précédés & suivis de la virgule.
Exemple du premier Cas. = M. de Voltaire dit des suicides ;
Ils n'ont pû supporter, foibles & furieux, Le fardeau de la vie, imposé par les Dieux.
L'on voit qu'il faut séparer par deux virgules les deux incidens qui se trouvent dans le premier & le second vers : Le premier, qui est foibles & furieux : Le second, imposé par les Dieux.
Exemple du second Cas.
Quels peuples oseront, dans les champs de l'Histoire, Disputer aux François la palme de la gloire ? Le vertueux Mably, quand il peint Phocion,
Pense comme Socrate, écrit comme Platon. L'harmonieux Vertot, toujours noble & rapide, Fait revivre Népos, Salluste & Théuclide-btut^Slfa- - Le véhément Raynal, quelquefois trop hardi,
Profond comme Tacite, est plus brillant que lui. Hénault, dont le crayon plein de force & de grace, Dans un champ limité semble aggrandir l'espace Ton rapide burin, quand tu traces les faits, En les accumulant, ne les confond jamais.
Il faut observer que les incidents doivent toujours être clos par deux virgules , quelques places qu'ils occupent, à moins que la regle des repos, ou quelque autre regle essentielle ne prescrive, avant ou après, une autre ponctuation.
Exemple. = Le Curé dans Mélanie dit en parlant du sentiment de l'Eglise sur la prosession Religieuse.
Mais elle veut toujours qu'on soit libre en son choix. Elle veut, quand du Cloître on embrasse les loix, Que le Ciel, le salut soient nos motifs augustes.
Mais les erreurs du siécle, & les projets injustes, Mais d'une foible enfant se rendre l'oppresseur ; Lui commander des voeux qui lui font en horreur,
Que l'avarice attend, & que la crainte souille ; Offrir son ame à Dieu, pour ravir sa dépouille ;
Faire, entre deux enfans qu'on a reçus des cieux, De l'amour, de la haine un partage odieux ;
Grand Dieu ! que de l'orgueil, cet horrible édifice, S'écroule & disparoisse aux yeux de ta Justice.
Dans cet exemple on voit des incidents sans virgule : toujours, en son choix, aux yeux de ta Justice.
Troisieme Regle.
Il faut employer la virgule quand on veut ínarquer les détails, & distinguer les sens partiels, lorsque les poumons n'exigent que la plus foible des pauses.
Exemple du premier Cas.
Ecoutons l'inimitable M. de Buffon, dans fa description du chat : elle servira de regle sûre & invariable :
« Cet animal naturellement sauvage, est » adroit, souple , curieux de la propreté , » méfiant , indocile , volontaire , moins » ami de l'homme que familier par intérêt
” & par habitude , ingrat, méchant pat » caractère, insensible aux caresses , irrité ” des mauvais traitemens, dangereux dans » fa colere, c'est le symbole de l'hipocrisie ” & de la trahison ».
Exemple du second Cas.
Dans ce quatrain, pour le portrait de Mlle. L * * *. de Gen ***. les sens partiels sont très-bien désignés.
Vous avez tout reçu, sans être plus siere ; Beautés, graces, raison, il ne vous manque rien ; Qui connoit votre esprit, vous admire & s'éclaire ; Qui connoît votre coeur, ne peut garder le sien.
M. l'Abbé***
Quatrieme Regle.
Lorsque Et, Ni, Ou, unissent des mots qui exigent une succession prompte, point de virgule :
L'exercice Et la frugalité fortifient le tempérament.
Je ne veux plus vous voir Ni vous entendre.
Mais si ces mêmes conjonctions unissent des mots qui permettent une pause avant elles , il faut indiquer cette pause par une virgule , ou par un point-&-virgule, suivant le degré de suspension.
Exemple. = L'exercice que l'on prend à la chasse, & la frugalité que l'on observe dans les repas ; fortifient le tempérament. Je ne veux plus vous voir dans l'état ou vous êtes, ni vous parler des risques que vous courez.
Cinquieme Regle.
Il est des morceaux de sentiment ou de force qu'on veut faire remarquer. La voix les désigne par des pauses plus ou moins grandes, & l'écriture par les signes fuivants (..(...(....)
Le Pere de Famille libre des inquiétudes où l'avoit plongé son fils, termine ainsi l'excellente Piece de ce nom : Qu'il est cruel.. Qu'il est doux d'être pere !
Les autres signes Orthographiques sont
désignés
désignés dans cette épicre à une jeune Provençale ;
Vous voulez dans la solitude Vous ensevelir pour toujours,
Et gémir sur tant de beaux jours Que vous a dérobés l'étude !
Insensée !… Eh, quoi ! pensez-vous Que ce monde vain & jaloux Soit votre seul aréopage ?…
Et cette si bonne maman Dont les caresses ont souvent Fait renaître votre courage.... .. Et ce papa si glorieux
De sentir qu'au gré de ses voeux Prospere son plus bel ouvrage ;
Et cet essaim de vrais amis.…
Comptez-vous pour rien leur suffrage ?
Sixième Regle.
Si dans la phrase on interroge ; on met un point d'interrogation (?) ; si on s'écrie on admire, on met un point d'exclamation ou d'admiration (!).
Exemples de ces deux points.
Dans Xercès Darius dit à Aitaxerce son frere :
» Les dieux te puniront un jour de mes malheurs. » Tu détournes les yeux ? je vois couler tes pleurs ? » Hélas ! & que me sert que ton coeur s'attendrisse ; » Tandis que ta fureur me condamne au supplice ? » Quel opprobre, grands Dieux ! & quelle indignité ! » Au supplice ! quoi ! moi ! l'avois-je mérité ? » De tant de noms fameux, en ce moment funeste » Le nom de parricide est le seul qui me reste ! » Je me sens, à ce nom, agité de fureur, » Ah ! cruel, s'il se peut, épargne-m'en l'horreur.
HOMONYMES.
L'ON entend par Homonymes les mots dont la prononciation est la même ou à-peu-près la même, & l'orthographe différente. Le tableau suivant paroît faciliter l'étude de l'orthographe.
A.
«
il a Verbe.
à
article.
ah 2 ha s
Interjections.
abaisse.
Verbe.
Abesse
d'un Couvent.
Abbé
M. l'Abbé.
abée
ouverture par où coule l'eau qui fait tourner la roue d'un moulin.
accord
fubstantif.
accorl
complaisant.
ache
plante.
hache
instrument tranchant.
achit
plante étrangere.
hachis
viande bachée.
acquit
quitance.
acquis
participe du Verbe acquérir.
acre
mesure de terre.
acre
qui a de l'âcreté.
agar
servante d'Abraham.
hagard
farouche.
aile
d'oiseau.
elle
pronom.
aine .
partie du corps.
haine
inimitié.
aîné
frere aîné.
Enée
nom d'homme.
air
un des 4 élémens.
aire
à battre le blé.
ere
terme de Chronologie.
haire
chemise de crin.
airer
Verbe, faire son nid.
airée
la quantité de gerbes qu'on met à la fois dans l'aire.
ais
planche.
hais
je hais.
haie
clôture d'épines.
alène
outil.
haleine
souffle.
Alicante
Ville d'Espagne.
Aliquante
partie Aliquante.
allège
petit bateau qui va à la suite d'un plus grand.
allège
Verbe, il allége.
allée
substantif.
aller
marcher.
Amande
fruit ;
amende
peine.
amant
amante.
aman
favori d'Assuérus.
amt
mon ami.
amta
habillement de Prêtre.
an
année.
en
pronom, préposition.
anche
de haut-bois, de basson.
hanche
partie du corps.
Ancre
de Vaisseau.
encre
à écrire.
âne
bête de somme.
Anne
nom de femme.
année
douze mois.
ânie
la charge d'un âne.
antre
l'antre d'un ours.
entre
Verbe, préposition.
Anglais
un Anglois.
anglee
terme d'Architecture, petite cavité creusée en angle droit, qui sépare les bossages ou pierres de refend.
Anvers
Ville.
L 3
envers
préposition.
envi
plaît à l'envi.
envie
desir, déplaisir que l'on a du bien d'autrui.
Août
un des douze mois.
ou
Adverbe de lieu.
ou
conjonction.
houe
instrument de ter,
houx
arbrisseau.
appas
charmes.
appât
pâture. ,
apelles
peintre célébré.
appelé
du Verbe appeler.
après
préposition.
apprêt
substantif,
argent
métal.
Argens
les Marquis d'Argens,
Arras
Ville.
Haras
lieu destiné à loger des étalons.
art ,
réglés.
hart
corde.
avant
préposition.
avent
temps destiné par l'Eglise pour se préparer à la fête de Noël,
au, aux, ô
articles,
aulx
pluriel d'ail.
Eau
un des quatre Elémens.
haut
haute.
os
partie dure du corps.
ho oh
Interjections.
Aude
Rivière.
ode
poëme.
auspice
favorable.
hospice
petite maison Religieuse.
autan
vent du midi.
autant
Adverbe.
autel
d'Eglise.
hôtel
mailon.
auteur
d'un livre.
hauteur
élévation.
B.
Backa
titre d'honneur en Turquie.
hachat
terme de manufacture de papier.
Bacinet
espece de Renoncule.
bassinet
de fus.1.
tai
d'un poil rouge-brun.
haie
terme de géographie.
haile
de Venise.
Bayle
auteur fameux.
belle
féminin de beau. -
bêle
Verbe : je bêle.
bâiller
d'ennui.
bailler
terme de pratique.
bain.
prendre un bain.
Byng
Amiral Anglois,
balai
pour nettoyer.
balais
Rubis balais.
ballet
danse.
balle
de marchandises.
Bâle
Ville.
ban
cri public, bannissement.
banc
ou l'on s'assied.
bans
terme de chasse.
Bar
Ville.
bard
civiére à bras.
bruje
arbrisseau.
brusque
prompt & rude.
c.
Cadi
Juge Turc.
Cadis
étofe.
Caen.
Ville.
Camp
des françois.
quand
lorsque.
quant
à vous.
Kan
des Tartares.
cahot
Saut que fait une voiture.
chaos
confusion.
Cap
pointe de terre.
cape
la cape & l'épée.
car
conjonction.
quart
la quatrieme partie.
cartier
Marchand de cartes.
quartter
d'une Ville.
fi
pronom personnel.
cc
pronom démonstratif.
céans
Adverbe.
séant
du Verbe seoir.
ceignons
du Verbe ceindre.
saignons.
du Verbe saigner.
ceint
du Verbe ceindre.
cinq
personnes.
sain
faine.
Saint
Sainte.
sein
gorge.
seing
signature.
ceinte
féminin de ceint.
Sainte
féminin de saint.
Saintes
Ville.
celer
cacher.
sceller
mettre le sceau,
seller
un cheval.
cèle
du Verbe celer.
celle
féminin de celui.
scelle
du Verbe sceller.
selle
de cheval.
cellier
où l'on serre le vin.
sellier
marchand de selles.
Cène
la Cène de notre Seigneur.
saìrie
féminin de sain.
scène
de tragédie.
Seine
Riviere.
Censé
réputé.
sense
qui a du bon sens.
cens
redevance.
cent
nom de nombre.
sang
qui coule dans les veines.
fans
préposition.
Sens
Ville. .
fins
le sens commun.
centon
ouvrage de poésie.
Santon
Moine Turc.
cep
un cep de vigne.
seps
serpent.
Cerf
animal.
fers
Verbe ; Je sers.
Cervantes
nom d'homme.
servante
domestique.
cet
pronom.
saie
vêtement ancien.
sait
Verbe : Je sais.
sept
personnes.
cession
démission.
Session
séance d'un Concile.
chaine
fers.
chêne
arbre.
chair
viande.
cher
chere.
chaire
de prédicateur.
chere
bonne chere.
champ
piéce de terre.
chant
harmonieux.
charter
verbe.
charrier
de lessive.
chassi
Verbe ; substantif.
châsse
à reliques.
chaud
chaude.
chaux
de la chaux.
chaut
peu m'en chaut.
choeur
de musique.
coeur
avoir du coeur.
Chrêtnt
le Saint chrême.
crème
de la crême.
chrie
amplification.
cri
clameur.
cric
machine.
ci
adverbe.
fi
conjonction.
scie
à couper.
fis
sise.
fix .
personnes.
cil
poil des paupieres.
fil
terre minérale.
cire
cire molle.
sire
en parlant au Roi.
clain
d'une douve.
clin
d'oeil.
clair
claire.
Clair
Saint-Clair.
clerc
de procureur.
clause
d'un contrat.
close
clos, close.
coi
tranquille.
quoi
pronom.
Colomb
Christophe Colomb,
colon
celui qui cultive une terre.
côlon
terme d'anatomie.
compte
terme d'arithmétique.
Comte
qui possede un comté.
conte
recir.
compter
en fait de nombre.
conter
narrer.
comté
titre d'une terre.
Cornus
divinité dont l'unique fonction étoit de présider aux fêtes, aux toiletes des femmes & des jeunes hommes qui aimoient la parure.
Cômus
nom d'homme.
conquête
faire des conquêtes.
conquettc
terme de fleuriste.
comptant
de l'argent comptant.
contant
du Verbe conter.
content
laasrait.
cor de chasse : durillon.
corps
l'ame & le corps.
cors
cerf dix cors.
corus
l'un des principaux vents.
chorus
mot qui n'est d'usage que dans cette phrase faire chorus, chanter ensemble à table.
cote
marque numérale.
côte
penchant d'une colline ; rivage de la mer.
cotte
jupe ; cotte d'armes.
guote
quote-part.
cou
partie du corps.
couds
je couds.
coup
frapper un coup.
coût
ce qu'une chose coûte.
cour
une cour.
cours
je cours ; un cours de physique.
court
courte.
crains
je crains.
crin
de cheval.
cri
jetter un cri.
cric
instrument qui sert à lever toutes sortes de fardeaux.
cric
Verbe : je crie.
cycle
solaire.
slcle
monnoie.
cygne
oiseau.
figne
marque.
D.
Dais
sous le dais.
des
article.
dès
préposition.
dam
la peine du dam.
dans
préposition.
dent
mal de dents.
danse
pas cadencés.
dense
épais.
date
d'une lettre.
datte
fruit.
déset
imperfection d'un livre.
disait
détruit.
dégoutter
couler goutte à goutte.
dégoûter
ôter l'appétit.
Délie
surnom de Diane.
délie,
crime,
dessein
projet.
dessin
l'art de dessiner. L'accadémie écrit desseln.
dixme
la dixme.
dimes
nous dîmes.
doigt
doigt de la main.
doit
je dois.
don
présent.
dom, ou don
titre.
donc
conjonction.
dont
pronom.
du
article.
du
du Verbe devoir.
. E.
écho
son.
écot
quote part.
élan
quadrupede.
élant
prendre un élant.
enter
greffer.
hanter
fréquenter.
essai
*
épreuve.
essaie
racine dont on se sert dans les Indes pour teindre en écarlate.
itaim.
laine.
étain
métal blanc.
eteintj
éteinte.
étang
amas d'eau.
étant
gerondif du Verbe être.
étends
j'étends ; Verbe,
être
Verbe.
hêtre
arbre.
eu
participe du Verbe avoir.
hue
terme de charretier.
cûmes
nous eûmes.
hume
je hume.
Hume
Mr. Hume.
eux
pronom personnel,
trust
des oeufs
exaucer
une priere. exhausse un mur.
Face visage.
fasse que je fasse.
fasce terme blason.
faim de manger.
fin fin d'un ouvrage.
sommet, féminin de fait. célébrer une fête.
le petit d'un che. fende fends.
faut il faut.
faux fausse ; une faux.
I
fécire Verbe à l'infinitif.
sferre je serre.
férie l'art des fées.
ferie vacation.
flan tarte.
flanc partie du corps.
fois une fois, deux fois.
Foix le comté de Foix.
fond l'endroit le plus bas.
fonds fonds de terre ; je fonds.
font vous faites s'ils font.
fonts les fonts Hm>MÉ8xì
le for intérieur
fort forte ; un fort jolie.
fors excepté ;
forças galerien.
força il forçat Verbe.
forêt bois.
foret instrument de fer.
Forez La Porez, province.
format terme de Librairie ;
forma il forma
fournil lieu où l'on met le four.
fournis je fournis.
frai des poissons, diminution de poids
dans la monnaie.
frais fraîche ; prendre le frais ; faire des
frais.
fres louage d'un vaisseau.
suie pein Colombier
suis je suis Verbe.
file longue suite de personnes ou de
choses.
file Verbe, je file.
G.
Gai joyeux.
gué passer à gué.
guet faire le guet.
gale Maladie de la peau.
noix de galle. le prince de Galles.
gant de foie ;
Gand ville.
Gard le pont du Gard.
gars un jeune gars.
du Verbe garer ; une gare.
geai oiseau.
jais substance bitumineuse.
jet collier de jais, jet d'eau.
gêne torture ;
Gênes ville.
gent gente ; la gent trotte-menue.
gens les gens.
Jean nom propre
terme du jeu
grace faveur
grasse gras, grasse.
Grâsse ville.
gras lieu où les poules gratent pour trouver
trouver vers.
grate coups, mauvais traitemens.
grenat pierre précieuse ; fruit.
grena il grena.
guère invariable.
guerre substantif.
gril ustensile de cuisine.
gris grise.
H.
Haire chemise de crin.
hère un pauvre hère.
héraut d'armes.
héros héroïne.
hie une hie.
*
y pronom, Adverbe de lieu.
horion coup rude.
orion constellation.
hostie victime.
Ostie ville
ôte hotesse.
porter
■ iauiasf haut,haute.
bis j'ôte.
huis huit dos.
huit huit personnes.
. I
Ilospetite
esclave Lacédémonien.
J.
habit court & serré ; vieux mot.
Jacque nom propre.
jeune opposé de vieux.
jeûne abstinence.
jurat de Bordeaux. jura il jura,
K.
Kain le Kain, acteur tragique.
la cinquiéme partie. quins Charles quint.
( Sixte quint.
La article.
Adverbe de
lasse
(182)
tacs des lacs.
lai frere lai.
laidlaide.
femelle da senglier. 0
lait laitage.
lesarticle.
lez St. Germain-lez-Paris.
mauvaise herbe lècke tranche fort mince.
lande grande étendue de terre en
lende oeuf de mieux lexte.
Landes province.
Laon ville,
ent lente,
lice substantif.
lisse adjectif.
***
liede tonneau.
lit oh l'on. conche.
lia je lis ; fleur de lis
ly mesure itinéraire de la Chine.
lieu endroit.
lyre instrument de musique.
lisse Verbe ; poli, unie.
lice lieu préparé pour la course ; femelle de chien de chasse.
lods droit de lods.
los louange, vieux mot.
lot gagner un lot.
Lord titre d'honneur en Angleterre.
lors lors de la réception.
Loup animal
loue je loue.
lute echec de Chimiste ; Verbe.
Luth instrument de musique.
M.
Ma Mon, ma.
mat matte ; échec & mat.
màt de Vaisseau.
main la main droite.
maint mainte.
Mcin le Mein, Riviére.
maine le maine.
mene je mene.
Maire le Maire du palais, de la ville.
mere celle qui donne la vie.
Mer la Mer.
M 4
mais Conjonction.
mes mon, ma , mes.
mets je mets ; ce qu'on sert sur table.
Metz Ville,
•
_ _ . r Propriétaire ; Chef ; Expert en
Maître
quelque Art.
mètre mesure, vers.
mettre Verbe.
mâle du sexe masculin.
malle coffre.
Mandat substantif.
manda. il manda.
manès les manes, les ombres.
drogue.
Manne Manne des Israélites.
panier d'osier.
mante grand manteau.
Mantes Ville.
Menthe plante.
mente du Verbe mentir.
maraud maraude.
Marot Clément Marot.
marchand marchande.
marchant du Verbe marcher.
mari époux.
Marie nom propre.
marri
fàché.
masse
amas de plusieurs parties qui font un corps ; c'est aussi le nom d'une plante.
mâsse so
somme d'argent qu'on met au jeu.
mater
quelqu'un, l'humilier.
mâter
un Vaisseau.
mâtin
gros chien.
matin
la premiere partie du jour.
maux
pluriel de mal.
Meaux
. Ville.
mot
parole ;
moeurs
bonnes moeurs.
meurs
je meurs.
moi
Pronom.
mois
les 12 mois de l'année.
mole
substantif.
molle
mou, molle,
mon
mon, ma C Montagne nom, d'homme.
mont
montagne t montagne une montagne.
mords
je mords.
mors
mors de cheval.
mort
morte ; la mort.
mou
molle ; mou de veau.
mouds
je mouds,
moue
grimace.
moût
vin nouvellement fait.
mur
muraille.
mur
mûre.
mule
pantoufle.
mules
angeiure.
musc
animal & parfum.
musque
je me musque, il se musque.
mire
Verbe : je mire.
myrrhe
gomme.
N.
Né
née.
nez
partie du visage.
négligeant
gérondif.
négligent
adjectif.
Ni
invariable.
nid
substantif.
noeud
faire un noeud.
neuf
personnes.
noyé
Verbe.
noix
fruit.
nom
qui a rapport avec nommer.
non
négation.
O
none
une des heures canoniales
nones
terme de calendrier romain.
nonne
religieuse.
notre
notre cheval.
nôtre
votre bien & le nôtre.
nu
nue.
nue
nuage.
nuit
la nuîr.
Nuits
Ville.
o.
Oint
du Verbe oindre.
oins.
du vieux oing.
idivète
plante.
olivettes
danse Provençale.
ombre
obscurité ; terme de mythologie.
hombre
jeu.
on
pronom général.
ont
Verbe, ils ont.
or
substantif ; particule qui sert à lier un discours.
ord
orde, vieux mot d'où vient ordure.
ort
peser ort, c'est-à-dire avec l'emballage.
hors
préposition.
ordinand
celui qui doit recevoir les ordres sacrés.
ordinunt
Celui qui les confere.
oubli
manque de souvenir.
oublie
sorte de pâtisserie.
Oui
opposé de non.
oui
du Verbe ouïr.
ouïe
un des cinq sens.
p.
Padou
ruban.
Padoue
Ville.
paire
couple.
pere
celui à qui on doit la vie.
pair
égal ; titre.
pers
perte.
perds
verbe : je perds.
pain
aliment.
peint
peinte.
pin.
arbre.
pais
Verbe
paix
opposé de guerre
pet
vent.
palais
de la bouche : grand palais.
palet
jouer au palet.
pale
substantif.
pâle
adjectif.
Pan
Dieu des Bergers.
pan
de mur, de robe,
paon oiseau.
pends verbe. panse
pense du Verbe penser.
panser une plaie ; un cheval.
penser réfléchir.
par préposition.
part substantif.
parant qui pare. I
parent de mê me famille.
paroisse Verbe.
paresse fainéantise.
pari gageure.
parie Verbe, je parie, il parie.
Paris Ville. *
parois sorte de cloison ; on le dit aussi pour exprimer la surface d'un vase.
paroir instrument de maréchal.
parti substantif masculin.
partie substantif féminin.
de la main ; Jeu
pause substantif.
pose du verbe poser.
peau de la main.
Pô Fleuve.
pot de terre. i
manquer.
prendre des poissons : Arbre.
masculin de pécheresse.
puisait profession de pêcher dupoissoin.
fautdouleur.
péne la pêne d'une serrure.
peinte féminin de peint. situe, mesure.
persan terme d'architecture qui est de la perse. perçant du verbe percer.
peffearbre ; espece de pin.
paisseverbe : qu'il paisse.
perce verbe ; tonneau en perce.
perse Royaume.
perse féminin de pers.
peuopposé à beaucoup.
peux Verbe.
1 pilori où l'on a infâmes ; il fe dit
aussi de la place oh est fiturlee piloti. pilariii — b'T t If musqi£0|^^fltfM^k
pttád terme de .
plaie blessure.
plais verbe.
plain plaine ; uni.
plaint plainte, du verbe plaindre.
plein pleine, rempli.
plan d'un ouvrage ; plan ; plane.
plant d'arbre.
poids pesanteur.
pois légume.
poix matiere gluante..
Poix Ville.
poing main fermée.
puint dans tout autre sens.
pou vermine.
pouls mouvement des arteres.
pouce un des doigts de la main ; mesure.
pousse Verbe : Je pousse.
preffis jus qu'on fait sortir en pressant.
par-tout ailleurs.
prémices les premiers fruits.
prémisses terme de logique.
présidant gérondif.
presidents
on. prêt d'argent.
prou aime beaucoup ; vieux mot.
prous de Vaisseau.
Puy Le Puy, Ville.
trou profond.
puisVerbe je puis.
Ligne ; poisson.
ne se soucier ni des rais ni de» tondus.
rez rer terre.
rois filets.
Reine femme du Roi.
rênes d'un cheval.
renne quadrupede.
Rama Ville.
substantif.
rende Verbe : je rends,
ras poil ras.
ratanimal.
ridule Verbe : je reduis.
Bhédiut retraite.
refend mur ; bot^^kefend.
refende Verbe : je refends.
regrès me
déplaisir.
reins les reins.
Rhin fleuve. reinette
rclntttt
pomme.
rénette
instrument de maréchal.
repaire
retraite des bêtes féroces.
repère
terme commun à plusieurs métiers.
requin
gros poisson de mer.
requint
droit de requint.
résident
qui réside.
Résident
le Résident de Geneve.
ris
Verbe : je ris.
ris
grain.
rit
ordre des cérémonies.
roc
masse de pierre très-dure.
Roch
Saint Roch.
romps
Verbe : je romps.
rond
ronde.
rôt
rôtî.
rot
ventosité.
roue
du Verbe rouer ; substantif.
roux
rousse.
rubicond
rubiconde,
Rubicon
Tiviére.
raisonner
discourir.
résonner
retentir.
S.
Satà.
la Reine de Saba.
sabbat
le sabbat des Juifs.
sale
mal propre.
salle
appartement.
saur
hareng saur.
sors
Verbe: je sors.
fors
destinée.
faut
action de sauter.
sceau
cachet.
seau
à puiser.
sot
sotte.
seime
maladie du pied du cheval.
feme
Verbe : je seme.
fat
à cacheter.
sel
à saler.
scion
petit rejetton d'un arbre.
Sion
montagne.
seoir
Verbe qui a vieilli.
soir
partie du jour.
sceptique
qui doute de tout.
septiqut
terme de médecineserein
médecineserein
le ciel serein ; le serein tombe.
serin
oiseau,
fin
pronom possessif.
sont
Verbe : ils fone.
sonnet
piece de vers.
sonnez
terme de trictrac.
fin
monnoye.
foûl
rassasié.
sous
préposition.
fubl
participe de subis.
subit
subite.
succin
l'ambre jaune.
succinct
discours succinct.
sur
aigrelet : préposition.
sûr
certain.
surtout
justaucorps fort large ; grande piece de vaissele qu'on place au milieu des tables.
sur-tout
adverbe.
[texte manquant]
Talion
punition pareille à l'offense.
taillait
seconde taille.
taie
d'oreiller ; à l'oeil.
tais
je tais.
ces
pluriel de ton.
ses
morceau de pot cassé.
N 3
tian
de miroir.
teint
du visage, participe de teindre.
thym
plante odorisérante.
tan
pour préparer les gros cuirs.
tant
Adverbe,
tems
le tems.
tends
Verbe ; je tends.
tante
parente.
tente
pavillon : Verbe.
tas
amas.
eu
féminin de ton.
taux
prix établi.
tôt
tôt ou tard.
terme
borne ; expression.
thermes
édifices pour les bains.
taon.
grosse mouche.
thon
poisson de mer.
tonds
je tonds, Verbe.
ton
pronom possessif ; inflexion de voix.
tir
terme de guerre.
Tyr
la Ville de Tyr.
tirant
du Verbe, tirer.
tyran
Roi cruel.
tiran
oiseau du Brésil.
toi
pronom.
toit
couvert
tords
je tords : Verbe.
tors
torse.
tort
dommage.
tout
toute.
toux
petite maladie.
trais
je trais : Verbe.
trait
ligne ; action.
très
très-humble.
tribu
les douze tribus.
tribus
impôt.
trot
aller au trot.
trop
Adverbe.
v.
Vain
vaine.
vin
liqueur.
vingt
nom de nombre.
Vair
terme de blason.
ver
insecte.
vers
préposition.
vert
verte.
vais
je vais, du Verbe aller.
véts
je vêts, du Verbe vêtir.
vaux
je vaux ; par monts & par vaux.
veau
le petit d'une vache.
vos
pluriel do vôtre.
N 3
van
crible.
vends
je vends.
vent
air agité.
vesce
espece de grain.
vessè
ventosité.
vice
défaut.
visse
il falloit que je visse.
veux
je veux ; Verbe,
vau
Substantif.
Ville
Cité.
vile
féminin de vil.
voye
chemin ; moyen.
vois
je vois ; Verbe.
voix
en fait de langage.
vu
participe du Verbe voir,
vue
la vue.
DE LA PRONONCIATION.
Nous avons inféré quelques réglés de la prononciation dans celles de l'Orthographe. Mais celles-ci méritant d'être mises . dans un plus grand jour , nous sommes bien aises de les donner séparément.
On convient, généralement , qu'il y a deux sortes de prononciation ; l'une pour la conversation , l'autre pour les vers & le discours soutenu. On convient également que dans les vers & dans les discours prononcés en public, on fait sentir la plupart des consonnes finales , quand le mot suivant commence par une voyelle ou une k muette ; & que le contraire s'opere dans la conversation.
EXEMPLE:
Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant. Aimez avec respect, servez avec amour Ceux de qui vous tenez la lumiere du jour.
Il faut prononcer le fau zest toujours, aimé zavec ; servé zavec, &c. & dans les vers suivans faits à Madame du B * * *.
Vous charmez tout, adorable glycère,
Et sans employer aucun art,
Vous enchaînez à votre char Le Magistrat, l'Abbé, le Militaire.
PRONONCEZ :
Vous charmez ton tadorable glycère.
Et san zemployé raucu nart Vous enchaîné za votre char, &c.
Dans la conversation on dira le fau est toujours ennuyeux, &c. aimé avec respect, servé avec amour, &c.
Et dans ces deux vers :
On soumet les désirs qui font bien combattus,
Et les vices détruits se changent en vertus.
Prononcez : se change ten vertus : & dans la conversation , on prononce : Les vices détruits se change en vertus.
L'e muet final, & suivi d'un mot qui commence par une consonne, doit se pronon¬
cer plus fortement dans les vers qu'il ne se prononceroit dans la prose.
Des dons extérieurs l'uniformiré lasse ;
Mais l'esprit a toujours une nouvelle grace.
Ces mots, une nouvelle, doivent être prononcés dans ce vers comme fesant cinq syllabes. Dans la prose au contraire ; les mots une nouvelle, se prononcent comme s'ils ne fesoient que trois syllabes.
Dans la prose , les voyelles ia, ie, io, ian, ion, &c. ne forment ordinairement qu'une syllabe. Dans les vers au contraire elles forment presque toujours deux syllabes. Dans la prose, le mot Passion est de deux syllabes : ce même mot dans les vers est de trois syllabes ; comme ,
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12.
A peu de passion suffit peu de richesse.
Nous allons parcourir les assemblages de voyelles , qui dans les vers , doivent se prononcer en une ou en deux syllabes.
la forment ordinairement deux syllabes ; comme, Di-ademe, oubli-a, &c. Excepté dans Diable, fiacre, liard, familiarité, familiariser.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Il craint de perdre un liard, il ne cede à personne. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12.
Avec certaines gens, il se familiarise.
Ie, quand l'e sonne, ne forme ordinairement qu'une syllabe, comme, Ciel, amitié, premiere, Baviere &c.
Mais ie, iai, ioi, sont de deux syllabes dans les Verbes en ier ; comme, Purifi-er, étudi-er, vous déli-ez, je déli-ai, confi-ai, confi-ois, déli-ois.
Connoissez l'homme à fond, étudiez son coeur ; Consultez ses penchants, ménagez son humeur.
La vertu s'avilit à se justifier. Voltaire.
Iez sont aussi de deux syllabes, dans vous ri-ez, vous souri-ez : dans les noms & les Verbes où ie sont suivis d'un t ; comme, Impi-é-té, inqui-et, inqui-é-ter, dans maté-
ri-el, essenti-el, & quelques autres mots en iel de plus d'une syllabe.
Iez venant des Verbes en er sont d'une syllabe, pourvu qu'avant iez il n'y ait point br, dr, tr, vr. Parliez, deviez, vouliez ne font que deux syllabes ; mais voudri-ez, mettri-ez, ouvri-ez, sont trois de syllabes. En ce cas ie forment aussi deux syllabes dans les noms ; comme, ouvri-er, marbri-er, coudri-er.
Ion forment aussi deux syllabes, I°. dans les Verbes en ier ; comme, nous étudi-ons, nous ri-ons, nous purifi-ons. 2°. Dans les noms, comme, passion, création, action, &c. 3°. Dans tous les Verbes où ces lettres sont précédées d'une consonne & d'une r ; comme, nous marbri-ons, nous perdri-ons, nous ouvri-ons, nous mettri-ons, nous soussri-ons.
Hier est quelquefois d'une, mais plus communément de deux syllabes. Hier est toujours d'une syllabe dans avant-hier. lai, de deux syllabes dans Ni-ais, mais
comme on veut, dans biais, biaiser.
lau, ieu, communément de deux syllabes ; mi-auler, pi-eux, &c. Mais ieu ne font que d'une syllabe dans Cieux, Dieu, lieu, Lieutenant, milieu, mieux, pieu, épieu, essieu, les yeux.
Ian & ien (quand ces lettres ont le méme son qu'ian ) forment deux syllabes ; comme, Etudiant, friand, client, patience, expédient, &c. excepté viande.
Ien, ces lettres se prononçant comme dans bien, ne forment qu'une syllabe dans les substantifs , dans les pronoms possessifs, dans les Verbes & les Adverbes. Exemples: maintien, le mien, le sien, le tien, je viens, je tiendrai, rien, combien, &c. excepté lien qui vient du Verbe li-er.
Ien font de deux syllabes à la fin des adjectifs, & des mots qui marquent l'état, la profession , le pays ; comme, Anci-en, gardi-en , Grammairi-en , Assyri-ens, Athéni-ens, &c. excepté Chrétien. Io , communément de deux syllabes ;
comme, Di-ocese, vi-olon, vi-olenter. On peut excepter fiole, pioche.
Oe, d'une syllabe dans Boete, coesse moelle, poele. Oe de deux syllabes dans Po-ésie, po-eme, po-ete, po-étique, &c.
Oi, oin, comme dans Roi, emploi, boire, toison, embonpoint, appointer, soin, ne font que d'une syllabe.
Oue, ue, quand l'e sonne, & oui, forment deux syllabes ; comme, Lou-er, avouer, Jou-er, du-el, attribu-er, tu-é. Excepté fouet, fouetter.
Oui : Eblou-ir, Lou-is, jou-ir, Pou-ie, Excepté bois, oui (ita.) particule affirmative. .
Ueu à la fin des adjectifs ; font deux syllabes, même en prose, vertu-eux, somptu-eux.
Ui ne sont que d'une syllabe ; comme Lui, muids, puits, construire, aiguiser. Excepté ru-ine, rui-ner, bru-ine, continuité, contigu-ité, ingénu-ité, perpétu-ité.
Dans les quatre derniers mots ui sont de deux syllabes, même en prose.
Ua, uo , sont de deux syllabes, quand il ne font pas précédés d'un g ou d'un q ; comme, Il su-a, il attribua, il tu-oit ; nous su-ons, attribu-ons ; somptuosité. Mais ua, uo, ne font qu'une syllabe, dans Il vogua, nous voguâmes ; il manqua, nous marquâmes ; & même l'u ne s'y fait pas sentir , & l'on prononce, Il voga, nous markâmes ; &c. Cette prononciation a lieu pour la prose.
REMARQUE. Ua, ue, uo, forment des diphtongues dans la conversation, quand les mots n'ont que deux syllabes, Il sua, il tua, il a sué, il a tué, il tuoit, il suoit, &c.
Ua, ue, uo, sont aussi quelquefois diphtongues dans les mots qui ont plus de deux syllabes, comme continuer, il continua, nous continuons, &c. Mais plus souvent ils ne font point . diphtongues dans les mots qui ont plus de deux syllabes. Il
attribua, il a attribué, somptuosité, &c.
Il convientd'observer aussi que dans le discours soutenu & surtout dans les vers, il faut prononcer avec douceur l'r qui est suivie d'une voyelle ou d'une A muette ; & que dans la conversation on peut ne la point prononcer. Mais lorsque cette méme consonne se trouve à la fin des infinitifs des Verbes er, ir & qu'elle n'est suivie ni d'une voyelle, ni d'une A muette, ne la faites pas sentir , exemples :
Prêter un corps, une ame à l'insensible toile, Percer la nuit du tems, en déchirer le voile, Déchiffrer d'un oeil sûr, tout son livre effacé, Prédire l'avenir, & savoir le passé ;
Avec l'aimant fidele au pôle qui l'attire,
Se frayer un chemin sur le liquide empire. .... Montgolfier a paru, l'ouvrage est consommé. Sur un globe fragile en Vaisseau transformé ; L'homme va parcourir les plaines asurées,
De son étroit Domaine agrandir les contrées, Et dans l'onde Céleste, heureux Navigateur, Cotoyer chaque pôle & franchir l'équatteur.
L'on voit qu'il faut prononcer percer la
nuit, déchirer le voile, prête-r un corps &c. se fraye run chemin, agrandir, cotoyer, franchir, parcourir, &c dans la conversation : percé la nuit ; déchiré le voile, déchiffré d'un oeil sûr, parcouri les plaines, agrandi les contrées, côtoyé chaque pôle, franchi l'équateur, prêté run corps, se frayé run chemin, ou prêté un corps, se frayé un chemin.
En général les consonnes finales ne doivent pas se faire sentir. Ainsi quoique vous écriviez le tems, jamais, eux, ceux, les fleurs de Lis & autres semblables, prononcez : le tem, jamai, eu, ceu, les fleurs de li, &c.
Des prononciations vicieuses.
Presque dans toutes les Provinces de la France & dans Geneve, beaucoup de personnes disent :
Entre quatre zieux, pour entre quatre yeux, Eclairer le feu, la chandelle, pour allumer le feu la chandelle.
Il est tant bon, pour il est si bon,
II est après écrire, pour il écrit.
Comment s'appelle-t-il déja, pour comment s'appelle-t-il. Voyez voir, écoutez voir, pour voyez ; écoutez.
Cocombre, pour concombre.
Chevillière, pour ruban de fil.
Bonnette, pour coiffe de bonnet.
Hommes de vignes, pour hommée de vignes.
Pain enchanté, pour pain à cacheter.
Pariure & batture, pour pari & batterie.
Décidament, pour décidément.
Gentil, pour laborieux.
Pache & talent, pour convention & métier. Flotte de fil, de foie, pour écheveau de fil,de soie.
Lissieu, pour lessive.
Nine & breline, pour naine & berline.
je me remue, pour je déménage, &c.
Ne dites point il s'est en allé : mais il s'en est allé.
Chaque pays a ses vices de langage & les aura toujours : & les personnes destinées à l'éducation des jeunes gens de vroient avoir foin de faire un tableau des fautes locales. Par cette voie on leur éviteroit, dans un âge plus avancé, les mauvaises plaisanteries qu'ils éprouvent quelquesfois dans la société
DE LA PROSODIE.
PAR ce mot , Prosodie, on entend la maniéré de prononcer chaque syllabe réguliérement.
NOUS pouvons dire que M. l'Abbé d'Olivet est appelé , à juste titre , le restaurateur de notre Prosodie. Et nous ajouterons même, avec un critique judicieux, que de tous les ouvrages qui font sortis de la plume de cet Ecrivain, le meilleur est, fans contredit , celui qui a pour titre : la Prosodie françoise. En effet, il est aisé d'y reconnoître un Grammairien habile qui développe avec sagacité le génie & la prononciation de notre langue.
On s'efforceroit donc en vain, de vouloir renchérir fur ce célébre Prosodiste. Nous allons donner, en extrait les réglés qu'exige chaque syllabe prise à part. Elles
♦ .-Ni .. (. *3p , ' ; 'i)i Ì ' ' .
ont été puisées dans son ouvrage qui est d'une grande utilité pour les étrangers &
les nationnaux, & qui peut être regardé comme le principal fondement de sa réputation.
I. De VA.
Quand il se prend pour la premiere lettre de l'alphabet, il est long : un petit a, une panse d'a, il ne sait ni a ni b.
Quand il est proposition, il est bref : je suis a Paris, j'écris a Rome, j'ai donné a Paul ; & de-même quand il vient du Verbe avoir : il a de beaux livres, il a été, il a parlé.
Par ces deux articles, on voit quel'A se prononce de deux manieres : car il est ouvert & long dans le premier ; il est fermé & bref dans le second. Mais entre ces deux sons il y en a un mitoyen, qui pour l'ordinaire rend la syllabe douteuse.
Au commencement du mot, l'A est long & ouvert, dans acre, age, agnus, ame, ane, anus, apre, & leurs dérivés. Hors de-là il est toujours bref & fermé, soit que tout seul il compose la premiere syllabe du mot, comme dans apôtre ; soit qu'il soit suivi d'une consonne redoublée, comme dans apprendre ; soit que les consonnes soient différentes, comme dans a Itéré.
A la fin du mot il est fermé, & très-bref dans les prétérits, & dans les futurs : il aima, il aimera, il chanta , il chantera. Dans l'article la. Dans les pronoms ma, ta, sa. Dans les Adverbes, ça, la, déja, oui-da. Et dans quelques mots du langage familier,
papa, dada, falbala, &c. Mais il est un peu plus ouvert, & par conséquent un peu moins bref, dans la plupart de nos autres substantifs, empruntés de langues étrangeres : sofa, hoca, Opéra, duplicata, agenda, & coetera. Comme aussi dans la plupart des noms propres anciens, ou étrangers : la Reine de Saba, Dalila, Cinna, Attila, le Canada, les Eaux de Spa.
ABE. Bref dans syllabe, Long dans Arabe, & Astrolabe.
ABLE. Douteux dans tous les adjectifs : aimable, raisonnable, capable ; & dans ces deux substantifs, table, étable. Long dans les autres substantifs : cable, fable, diable, rable, érable, sable ; & dans ces Verbes, on m'accable, je m'ensable, il hable,
ABRE. Toujours long : sabre, cinabre, il se cabre, tout se délabre. Et cette syllabe conserve sa langueur dans la terminaison masculine : se cabrer, délabré.
Ac. Toujours bref, soir que le c ne se prononce pas, comme dans almanach, tabac ; soit qu'il se prononce, comme dans lac, bac, tillac, sac, &c.
Il est à remarquer, que les pluriels de tous les mots, dont la terminaison est masculine, sont longs ; des almanachs, des sacs.
ACE. Long dans grace, espace, on lace Madame, on la délace, on entrelace ses cheveux de perles. Hors de-là, toujours bref : audace, glace, préface, tenace, vorace, &c,
ACHE. Long dans (*) lâche, tâche entreprise, gâche, relache, je mache, on me fache. Et la même quantité se conserve avec la terminaison masculine : macher, relacher , &c. Hors de-là, bref : tache souillure, moustache, vache, il se cache, &c.
ACLE. Toujours long : oracle, miracle, tabernade, spectacle, &c.
ACRE. Long dans acre, piquant, & dans sacre, oiseau. Bref dans tout le reste : Diacre, nacre, acre de terre, le Sacre du Roi, &c.
ADE. Toujours bref, aubade, cascade, il persuade, il s'évade, &c.
ADRE. Bref dans ladre. Long dans cadre, escadre, cela ne quadre pas. Et cette syllabe est pareillement longue avec l'E fermé : madré, encadrer.
AFE. APHE. AFFRE. Toujours brefs : carafe, épitaphe, agraffe, fafre, balafre, &c.
AFLE. Long, rafle, j'érafle. Et la même quantité se conserve quand l'E se ferme : rafler, érafler.
AGE. Toujours bref, excepté dans le mot âge, où il est long.
AGNE. Toujours bref, excepté ce seul mot, je gagne, gagner.
AGUE. Toujours bref : bague, dague, vague, il extravague , &c.
AI, diphtongue. Quand elle rend le son d'un E ouvert, la syllabe est douteuse : vrai, essai. Mais brève,
(°) Pour montrer que ces syllages sont longues, autrefois on écrivoit lasche, tasche, &c. Aujourd'hui du moins on n'y doit pas oublier l'accent circonflexe, lâche, tâche, &.
quand le son approche plus de l'E fermé : quai, geai, j'ai, je chantai. Tous les pluriels longs, vrais, essais, geais, AIE. Toujours long : haie, plaie, vraie, &c. Voyez, sous la terminaison EE, la regle générale. Mais elle n'a pas lieu à l'égard des mots, dont la derniere syllabe est mouillée : cette derniere syllabe alors n'étant pas composée de l'E muet tout seul, puisqu'il y entre aussiun I. Car l'Y dans je paye, il bégaye, tient lieu de deux r, dont l'un affecte une syllabe, & l'autre une autre ; comme si l'on écrivoit, je pai-ïe, il bégai-ïe. Et peu importe que la derniere soit féminine ou masculine, la pénultième n'en est pas brève : je pai-ie, il bégai-ïe, nous pai-ïons, &c.
AIGNE. Toujours bref ; chataigne, je daigne, il se baigne, on le saigne, &c.
AIGRE. Bref dans aigre, & vinaigre. Long dans maigre.
AIL. Toujours bref : éventail, bercail, détail. On appuie sur le pluriel, éventails, détails.
AILLE. Bref dans médaille, & dans ces Verbes, je détaille, j'émaille, je travaille , je bataille, à l'indicatif. Mais long au subjonctif : Qu'il travaill, qu'il bataille, rien qui vaille ; & dans tous les autres mots ainsi terminés : caille, bataille, funéraille, il raille, il rimaille, &c.
AILLÉ. AILLER. Ils suivent la quantité de la terminaison précédente. Brefs dans emailler, travaille, &c. Longs dans rout le reste : maillé, débraillé, railler , &c.
AILLET. AILLIR. Bref : maillet, paillet, jaillir,
assaillir. On n'entend que l'A dans les pénultièmes & l'I n'y est que pour mouiller la consonne suivante : non plus que dans les trois articles précédens, & dans le suivant.
AILLON. Bref dans médaillon, bataillon, nous émaillons, détaillons , travaillons. Hors de-là il est long : haillon, baillon, penaillon, nous taillons , &c.
AIM. AIN. Douteux : faim, pain, hautain. Mais longs, suivis de deux ou plusieurs consonnes : saint, crainte, sainte , &c.
AINE. Long dans haîne, chaîne, gaîne, je traîne, & leurs dérivés. Hors de-là il est douteux : fontaine plaine, capitaine, hautaine, souveraine, &c. Aussi la diphtongue AI se prononce-t-elle dans le premier cas, comme u E ouverts ; car il n'y a nulle différence pour le son, entre chaîne, & chêne. Mais dans le second cas, clic approche plus de L'E fermé.
AIR. AIRE. Le premier est douteux au singulier ; L'air, chair, éclair, &c. Long au pluriel : les airs, &c. Le second est long : une aire, une paire, chaire, on m'eclaire, &c.
AIS. AIX. AISE. AISSE. Tous longs : palais, paix, sournaise, qu'il plaise, caisse, qu'il se repaisse, &c.
AIT. AITE. Bref : lait, curait, il fait, parfaite, retraite, &c. Il faut excepter, il plaît, il neit, il pait, &faite, sommet. Les pluriels masculins, longs : attraits , parfaits, &c.
AL. ALE. AILE. Toujours brefs: royal, hal, moral , cigale, scandale, une malle, &c. Il en faut
o 4
excepter (*) ces mots : hale, pale, un male, un relie, il rale. Et quand la finale de ces mots est masculine, leur pénultieme conserve sa longueur ; halé, paleur, raler.
AM. Toujours long, quand l'M est suivie d'une autre consonne : champ, chambre, jambe, lampe, pampre. Mais l'M étant redoublée dans enflammer, il est bref, selon la Regle qui veut que tout redoublement de l'M, & de l'N, abrege la syllabe. Regle qui ne souffre d'exceptions, que dans flamme, & manne, comme on le verra ci-dessus : & même, à bien peu de chose près, elle est générale pour toutes les consonnes redoublées.
AME. AMME. Toujours brefs : Dame, estame, rame, épigramme , on le diffame, j'enflamme, &C. II en faut excepter ame, infame, blame, flame.
Joignez-y les prétérits en âmes : nous aimâmes, nous chantâmes, &C.
AN. Très-bref dans ruban, turban, bouracan, pélican, carcan, encan, ouragan, eclan, elan, ortolan, merlan, brelan, talisman, Pan, tympan, trépan, cran, écran, cadran, safran, bougran,tan, orviétan, Parmesan. Un peu moins bref dans les mots suivans, parce que l'A y est plus ouvert : an, ban, océan, roman, vétéran, tyran, van, faisan, artisan, courtisan, partisan, paysan, alezan, bilan, plan, charlatan. Tous les pluriels, longs ; romans, courtìsans.
(*) On y mettoit autrefois un S muette, paste, maste, ou la voyelle s y redoubloit, raale. Aujourd'hui un accent circonflexe.
Au milieu du mot, il allonge la syllabe : blanche, danse, chante, &c.
ANE. ANNE. Toujours brefs, cabane, organe, panne, &c. Il en faut excepter, ane, crâne, les Manes, de la manne, une manne, & je danne, je condanne , qu'il est plus régulier d'écríre, damne & condamne, non seulement à cause de l'étymologie, mais de peur que la consonne redoublée ne donne lieu de prononcer mal.
ANT. Toujours long : cependant, élégant, le Levant, en se levant, en chantant, &c. Mais dans ce mot, comptant, il y a cette différence, qu'employé comme participe actif, ou comme gérondif, il est long : je me suis trompé en comptant de l'argent, & il est bref, quand on l'employe substantivement, ou adverbialement : il a du comptant, j'aime à payer comptant.
AP. Toujours bref, soit que le P se prononce, cap, hanap, soit qu'il ne se prononce point, drap.
APE. APPE. Toujours brefs : Pape, fappe, frappe. Exceptezz rape, rapé, & raper, où l'A est ouvert & long.
APRE. Il n'y a sous cette terminaison, que capre, & apre, qui sont longs.
AQUE. ACQUE. Toujours brefs, à l'exception de Paques, & Jaques.
AR. Très-bref, quand il est final, ou suivi d'un c : nectar, car, par, César, arc, parc. Un peu moins bref ; quand il est suivi d'un D ou d'un T final : art, dard, part, &c. Tous les pluriels, longs : Césars. arts, remparts, &c.
Au commencement, & au milieu du mot, quelque syllabe qui suive ; il est bref : arche, marche, darde, farder, martial, artstie, marge, épargne, il parle, arme, carpe, charge, barque, carte, &c.
ARE. ARRE. Toujours longs : avare, barbare, je m'égare, thiare, barre, bigarre, &c. Mais le premier devient toujours bref, lorsqu'il n'est pas final, avarice, barbarie, je m'égarois. Au-lieu que l'autre conserve sa quantité : barreau, barrière, je barrerai, larron, carosse, carriere, &c.
ARI. ARIE. Toujours brefs : mari, pari, Marie, barbarie. Exceptez hourvari, & marri, marrie. As. Ordinairement long, car il y a peu de mots où l'A ne soit très-ouvert soit-qu'on prononce l'S, comme dans Palais, un as ; soit qu'on ne le prononce point, comme dans tas, gras, tu as, tu joueras. Quelquefois, dans la couversation sur-teut, l'A de certains mots est fermé, & alors la syllabe est breve : du taffetas, du cannevas, le bras. Mais ces mêmes mots deviennent longs au pluriel, de beaux taffetas, les deux bras,
ASE. Toujours long : hase, Pegase, emphase, ex-tase, raser, &c.
ASSE. Toujours bref, excepté dans les substantifs, basse, casse, classe, échasse, passe, nasse, tasse, savantasse, chasse de Saint, & masse, terme de jeu; dans les adjectifs féminins, basse, grasse, lasse, & dans ces verbes, il amasse, enchasse, casse, passe, compasse, & fasse, avec leurs composés.
Tous ces mots conservent leur quantité, lors même
qu'au-lieu de la terminaison muette ils en prennent une masculine : chassis, casser, passer, &c.
Joignez-y la premiere & la seconde personne du singulier, avec la troisième du pluriel, terminées en asse, asses, & assent, au Subjonctif : Que j'aimasse, que tu aimasses, qu'ils aimassent. Mais dans ces autres personnes, Que nous aimassions, que vous aimassiez, la pénultieme, au-lieu d'être longue, est brève : le soutien de la voix étant transporté à la derniere, par des principes d'Harmonie, qu'on expliquera ci-après, en parlant de l'E muet.
ASTE. ASTRE. Toujours brefs : faste, chaste, astre, filastre, &c.
AT. Long dans (*) ces substantifs : bat de mulet, mat, appat, dégât ; & dans les troisiemes personnes du singulier au Subjonctif : Qu'il aimât, qu'il chantât, &c. Bref dans tous les autres substantifs, dans les adjectifs, & au Présent de l'Indicatif : avocat, éclat, plat, chocolat, on se bat, &c.
ATE. ATES. Toujours brefs, excepté dans hate, pate, il appate, il gate, il mate, il démate ; & dans les secondes personnes du pluriel, terminées en ates, à l'Indicatif, vous aimâtes, vous chantâtes.
ATRE. ATTRE. Brefs dans quatre, & dans battre, avec ses dérivés. Hors de-là, toujours longs : idolatre, théâtre, opiniâtre, &c.
AU, diphtongue. Quand il forme une syllabe suivie
(*) Aussi ces syllabes. & celles de la terminaison suivante, prenoient-elles toutes autrefois une S muette, last, mast, qu'il aimas, \*-4i On n'y doit pas oublier l'accent
de la terminaison muette, il est long : auge, autre, aune, aube taupe. Il est long pareillement, lorsque dans la derniere syllabe du mot il est suivi d'une consonne : haut, chaud, chaux, faux. Mais il est douteux, quand il précede une syllabe masculine : aubade, audace, autonne, augmenter, auteur, & quand il est final, Joyau, coteau, &c.
AVE. Long : entrave, grave, conclave, je pave, &c. Mais lorsqu'au-lieu de la syllabe muette, il en fait une masculine, la précédente est brève : gravier, paveur, conclaviste, aggraver, &c.
Ax. AXE. Toujours brefs : Ajax, thorax, paralaxe, &c.
II. De l'E.
On distingue trois sortes d'E, qui expriment divers sens, & dont la différence est sensible dans fermeté, dans honnêteté. On appelle E ouvert, celui qui se présente le premier dans ces deux mots : E muet, celui du milieu ; E fermé, celui qui est à la fin. On ne met point d'accent sur l'E muet : on met l'aigu sur le fermé : on met le grave ou le circonflexe sur l'E ouvert ; & souvent on n'y en met point du tout, comme ici sur la premiere syllabe de fermeté. (Voyez page 84, & 85.
Quand on dit E féminin, cela regarde uniquement l'E muet ; & quand on dit E masculin, cela regarde indifféremment les deux autres.
A l'égard de l'E muet, il suffit d'en savoir deux choses. La premiere, qu'il ne commence jamais un mot. La seconde, qu'il ne se trouve jamais en deux
syllabes consécutives ; ou que s'il s'y trouve, comme dans quelques mots composés, tels que revenir, remener, entretenir, c'est du moins ce qui n'arrive jamais à la fin d'un mot. Ainsi les verbes, dont la pénultieme est muette à l'Infinitif, comme appeller, peser, mener, devoir, concevoir, prennent dans les tems qui finissent par l'E muet, ou un E masculin, ou la diphtongue OI. J'appelle, il pese, il mene, ils doivent, ils conçoivent. Prenez, ils prennent. Venez, qu'il vienne. On dit chapelain, chapelle ; chandellier, chandelle ; celui, celle. Par la même raison, quoiqu'on dise, j'aime, je chante, nous disons, aimé-je, chanté-je ? Tel est le génie de notre Langue ; & l'on doit, ce me semble, conclure de son uniformité sur ce point, qu'elle ne se gouverne nullement selon les Loix d'un usage arbitraire & aveugle ; mais qu'elle a, de tems immémorial, consulté les principes de l'Harmonic , qui demandent, ou que la pénultieme soit fortifiée, si la derniere est muette ; ou que la pénultieme soit foible, si la derniere est le siege ou se trouve le soutient de la voix.
Il n'est donc plus question, à présent, que d'examiner nos deux autres sortes d'E, qui éprouvent aussi leurs variations, non moins fréquentes, mais moins réguliéres que celles de l'E muet. Car l'E peut-être plus ou moins ouvert. Il l'est peu dans fermeté : il l'est tout-à-sait dans procès. Or le siege de l'E tout-à-fait ouvert, ne peut jamais être que dans la derniere syllable masculine, procès, succès, être, j'arrête, je m'apprête. Mais si cette syllabe vient à être suivie
d'une autre, qui soit aussi masculine, alors l'E devient entiérement fermé, comme dans procéder, succéder, j'ai été : ou il ne s'ouvre que foiblement, comme
comme procession, succession, arreter, s'apprêter : deux mots qu'il n'est pas aisé de bien accentuer, & que nos peres auroient sans doute écrit, ainsi, arretter, s'appretter, s'ils n'avoient pas craint de nous exposer à en faire les pénultièmes trop breves, par le redoublement de la consonne.
Aucun de nos mots, à l'exception d'être, ne commence par un E tout-à-fait ouvert. Aucun n'est terminé ainsi. Dans tous nos autres mots, l'E initial, ou final non muet, est fermé, & toujours bref : à moins qu'on ne regarde comme un son mitoyen, vous êtes, dont je parlerai en son lieu.
EBLE. EBRE. EC. ECE. Toujours brefs : hieble, funebre, bec, niece. Les pluriels masculins, longs : les Grecs, les échecs, &C.
ECHE. Long, & très ouvert dans beche, leche, grieche, peche action de pêcher, peche, fruit, reveche, il empeche, il dépeche, il preche. Bref, & peu ouvert, danj caleche, fleche, flammèche, creche, feche, breche, ou peche, lorsqu'il signifie, on fait un péché.
ECLE. ECT. ECTE. EDE. EDER. Tous brefs : siecle, respect, infecte, tiede, remede, ceder , posseder } &c.
EE. C'est une Regle générale, & qui regarde également les autres voyelles, Que tous les mots qui finissent par un E muet, immédiatement précédé d'une voyelle, ont leur pénultieme longue : pensee, aimee ;
je lie, je me fie ; joie, j'envoie ; je loue, il joue ; je mue, il mue.
Mais, si dans rous ces mimes mots, l'E muet se change en un E fermé, alors la pénultiéme, de longue qu'elle étoit, devient breve : lier, joyeux, louer, mUer , &C.
EG. EGGE. Le premier est bref au singulier, bref, chef, & long au pluriel, chefs. Le second est long ; grefe.
EFFLE. Il est long dans neffle, & bref dans treffle.
EGE. EGLE. Le premier, long : sacrilege, college, siege, &c. L'autre, bref : regle, seigle, &c.
EGNE. EIGNE. Le premier est long : regne, douegne. L'autre, bref : peigne, enseigne, qu'il seigne, Sec.
EGRE. EGUE. Bref : Negre, integre, bague, collegue, il allegue, &c.
EIL. EILLE. Bref : Soleil, sommeil ; abeille, vermeille. Il n'y a d'excepté que vieille, vieillard, vieillesse.
EIN. EINT. Douteux au singulier : dessein, serein, atteint, dépeint. Longs au pluriel, sereins, dépeints.
EINE. Douteux : veine, peine, &c. Ce seul mot, Reine, est long.
EINTE. Toujours long, atteinte, dépeinte, feinte, &c.
EITRE. Nous n'avons qu'un mot ainsi terminé, Reitre, long.
EL. Toujours bref : sel, autel, cruel. Les pluriels sont longs.
EL. ELLE. Long, & très-ouvert (*) dans zele, poelz, frele, pele-mele, grele, il mele, il se fele. Hors de-là, bref, & presque fermé ; modele, fidele, rebelle, immortelle, &C.
Mais cela n'empêche pas que dans le chant, & dans la déclamation soutenue, on n'allonge quelquefois ces finales. Ainsi on dira bien, des amours éternelles, quoiqu'on doive toujours dire d'eternelles amours. Voyez sous la terminaison OTRE, ci-après. EM. EN. Au milieu du mot, ils allongent la syllabe, quand ils sont suivis d'une consonne autre que la leur ; temple, exemple, prendre, gendre, décadence, évidence, tenter, cimenter, &c. Mais si leur consonne est redoublée, ils suivent la Regle générale, dont il a été parlé sous la terminaison AM, ci-dessus.
A la fin du mot, ils sont brefs : item, Bethléem, amen, hymen, examen, &c.
EME. Douteux dans creme. Bref dans je seme, il seme. Long par-tout ailleurs : bapteme, chreme, meme, diademe , apozeme, &c.
ENE. ENNE. Longs dans chêne, °cêne, scene, gêne, alene, rette, frene, arene, pene. Brefs dans phénomene, ébene, étrenne, qu'il prenne, apprenne, &C. Douteux dans les noms propres : Athenes, Diogene, Mécene , &c.
ENT. Il est bref dans accident, dent, argent, arpent, parent, serpent, torrent, content, présent,
(*) Voilà pourquoi anciennement toutes ces longues prenoient une S muette, poèste, meste, &c. Excepté zele, qui a toujhours suivi l'étymologie.
vent,
vent, moment, joliment, &c. Mais douteux, quand il se prononce comme un A ouvert : violent, ardent, opulent, Président, &c. Tous les pluriels longs : accidens, momens, violens, &c.
EP. EPRE. Toujours longs : guepe, crepe, Vêpres. Exceptez lepre.
EPTE. EPTRE. Toujours brefs : précepte, il accepte, sceptre, spectre.
EQUE. ECQUE. Long dans Evêque, & Archevêque. Bref hors de-là : Grecque, bibliotheque, obseques, &C.
ER. Il est bref dans Jupiter, Lucifer, éther, cher, clerc, cancer, pater, magister, srater, & quelques autres, ou noms propres, ou noms étrangers. Il est bien plus ouvert, & long, dans fer, enfer, léger, mer, amer, ver, hiver. Il est douteux dans les Infinitifs ; car, si l'R est muette, il est bref ; Aimer Dieu ; mais si L'R sonne avec la voyelle suivante, comme il le faut dans les vers, il est long.
Mais je sais peu louer, & ma Muse tremblante, &c.
ERBE. ERCE. ERSE. ERCHE. ERCLE. ERDI. ERDRE : Tous brefs : herbe, commmerce, traverse, cherche, cercle, perde, perdre, &c.
ERD. ERT. Douteux au singulier : vert, concert, ouvert, désert ; & long au pluriel : déserts, &c.
ERE. Long, & l'E fermé : chimere, pere, sincere, il espere, &c.
ERGE. ERGUE. ERLE. ERME. ERNE. ERPE. Tous brefs : asperge, exergue, perle, ferme , caverne, Enterpe, serpe, &c
ERR. Dans erreur, terreur, errant, erroné ; errata, l'E est presque fermé, & bref. Dans terre, guerre, tonnerre, il erre, perruque, ferrer, terrain, nous verrons, il est très-ouvert, & long. Dans guerrier, terroir, terrible, atterrer, derriere, ferriere , c'est un son mitoyen, qui rend la syllabe douteuse
ERS. Long, ou à cause de l'E ouvert ; univers pervers ; ou par la nature du pluriel, dangers, passagers.
ERTE, ERTRE. ERVE. Tous brefs ; perte, alerte, tertre, verve, &c.
ES. Long : tu es, procès, progrès ; ès, dès, prépositions ; les, des, mes, ses, tes, ces, pronoms & articles.
Remarquons, que la simple conversation altere souvent la quantité de ces pronoms & articles. Car quelquefois l'E ouvert devient un E fermé devant les consonnes : lés Rois, lés Dames ; & quelquefois un E muet, devant les voyelles : les-s-hommes, les-s-an-ges. Mais ces libertés ne regardent que le discours familier, hors duquel il faut toujouis ouvrir l'E : lès Rois, lès Dames, lès hommes, lès anges.
Quelques-uns écrivent ainsi les pluriels ; vous pramenés, vous joués, vous chantés. Quoiqu'il en soit, & de quelque maniere qu'on écrive ces pluriels, leur finale est longue, & doit s'écrire ainsi ; vous promenez, vous jouez, vous chantez. ESE. Long : diocese, these, Genese, Voilà ce qu'il pese. Mais la pénultiéme de ce verbe devient brève,
lorsqu'il est immédiatement suivi de son pronom : combien pase-t-il ?
ESQUE. Bref: romanesque, burlesque, grotesque presque, &c.
ESSE. Long dans Abbesse, professe, confesse, presse, compresse, expresse, cesse, lesse, on s'empresse, il professe. Hors de-là bref : tendresse, paresse, Caresse , &c. Voyez, par rapport au chant & à la déclamation, ce qui a été dit sous la terminaison ELLE, ci-dessus.
ESTE. ESTRE. Brefs : modeste, leste, terrestre, trimestre, &c
ET. Long (*) dans arrêt, benêt, forêt, genêt, pret substantif, pret adjectif, appret, acquet, intérêt, set, protet, il est. Hors de-là bref : cadet, bidet, et conjonction, sujet, hochet, &c. Tous les pluriels, longs : arrêts, sujets, bidets, &c.
ETE. Long dans bête, fête, honnête, boete, tempete, quête, conquête, enquête, requête, arrête, crete, tête. Bref par-tout ailleurs, & le T s'y redouble, à moins que l'étymologie ne le défende, prophète, poete, comete, tablette, houlette, il tette, il crochette,
Vous êtes, seconde personne du verbe être, au présent de l'indicatif, approche plus de l'E fermé, que de l'E ouvert, & il est bref : vous êtes.
ETRE. Long dans être, salpêtre, ancêtre, fenêtre,
(*) Tout ce qu'il y a de long dans cet article, & dans les deux suivans, s'crivoit autrefois avec une S muette ; qui ne s'est consente que dans est, troisieme personne du verte etre, au Présent de l'Indicatif.
P 2
prêtre, champêtre, hêtre, chevêtre, guêtre, je me dépêtre. Bref par-rout ailleurs, & le T s'y redouble, à moins que l'etymologie ne le défende : diametre, il penetre, lettre, mettre, &c.
Eu, diphtongue, mais qui ne forme qu'un son unique. Bref au singulier : feu, bleu, jeu, &c. Long au pluriel, & devant x : creux, je veux.
EVE. Long dans treve, greve, il reve ; & la pénultiéme de ce verbe demeure longue dans tous ses tems : rever, je revois. Douteux dans feve, breve, il acheve, il se leve ; & la pénultiéme de ces verbes, suivie d'une syllabe masculine, devient muette, achever, il se levoit.
FUF. EUIL. EUL. TOUS brefs : neuf, fauteuil ; tilleul. Les pluriels, longs.
EULE. Long dans meule, & veule, Hors de-là bref : seule, gueule, &c.
EUNE. Il est long dans jeûne, abstinence ; & bref dans jeunes, qui n'est pas vieux.
EUR. EURE. Le premier est bref au singulier : odeur, peur, majeur, & long au pluriel : odeurs, &c. Mais le second est douteux ; car si le mot en fait nécessairement attendre un autre, la syllabe est breve : une heure entiere, la majeure part ; & s'il ne fait rien attendre, elle est longue : cette fille est majeure, j'attends depuis une heure.
EVRE. Long, soit que L'E s'ouvre fort, comme dans orfèvre, levre ; soit qu'il ne s'ouvre que foiblement, comme dans chevre, lievre.
Eux. EUSE. Long : deux, précieux, précieuse ; Quêteuse, creuser.
Ex. Toujours bref au commencement, au milieu, & à la fin du mot : exemple, extirper, sexe, perplex.
III. De l'I.
Une observation, que l'on a déjà pu faire, mais qui deviendroit encore plus sensible dans les trois voyelles, dont il reste à parler, c'est que le nombre des breves l'emporte de beaucoup sur celui des longues.
Pour abréger donc, je supprimerai désormais toutes les terminaisons, sous lesquelles il ne se trouve que des breves ; car il suffira de se ressouvenir que tout ce qui n'est pas indiqué ici comme long, ou comme douteux, est bref.
IDRE. Long : Hidre, cidre. On écrit Hydre, à cause de l'étymologie ; & alors l'y n'a précisément que le son d'un i simple ; car il n'y fait pas l'office de deux i, comme devant les syllabes mouillées, dont nous parjons sous la terminaison AIE, ci-dessus.
IE, diphthongue. Douteux : miel, fiel, fier, métier, amitié, moitié, carrière, tien, mien, Dieu, &c.
LE, dissyllage. Long : vie, saisie, il prie, il crie, &c. Mais bref, quand l'e devient fermé, crier, prier.
Voyez la regle générale, sous la terminaison EE, ci-dessus.
IGE. Long : tige, prodige, litige, vestige, je m'oblige, il s'afflige, &c. Mais bref dans les tems de ces verbes, qui ne finissent point par un e muet : s'obtiger, s'affliger, &C.
ILE. Long dans Ile, & presqu'ile. Bref par-tout ail¬
leurs. Mais voyez sous la terminaison ELLE, ce qui a
été dit pour le chant.
IM. IN. Au milieu du mot, & devant une consonne autre que la leur, ils allongent la syllabe : timbre, simple, pinte, &c. Mais quand leur consonne se redouble, ils suivent la regle générale, rapportée sous la terminaison AM, ci-dessus.
IME. Long dans abime, & dixme, Joignez-y ces premieres personnes du pluriel, au prétérit indéfini de l'Indicatif : nous vîmes, nous répondîmes, &c.
IRE. Long : empire, Sire, écrire, il soupire ; & au prétérit, ils punirent, ils firent, &c. Mais bref devant le masculin : soupirer, désirer.
ISE. Long : remise, surprise, j'épuise, qu'ils lisent, ils lisent.
ISSE. Toujours bref, excepté dans les premieres personnes du singulier, & dans les troisiemes du pluriel, au Subjonctif, Que je fisse, que j'écrivijse, qu'ils fissent, &c.
IT. Il n'est (*) long qu'au Subjonctif ; Qu'il dît, qu'il fit.
ITE. Long dans bénite, gîte, vite, & dans ces secondes personnes du pluriel, au prétérit indéfini de l'Indicatif : vous fites, vous vites.
ITRE. Douteux : mitre, arbitre, titre, regitre, &c. Quand ces mots terminent la phrase, on appuie sur la pénultieme, à cause que la finale est muette. Mais, si
(*) Autrefois on mettoit ici, & dans l'article suivant, une S muette, aujourd'hui remplacée par un accent circonflexe.
la syllabe où l'I domine, est suivie d'un son masculin on l'abrege : mitré, titré, arbitrage.
IVE. Long dans les adjectifs féminins, dont les masculins se terminent en IF : tardive, captive, Juive , &c.
IVRE. Vivre, substantif, long.
IV. De l'O.
Quand il commence le mot, il est fermé, & bref, excepté dans os, oser, oser, & ôter, où il est ouvert, & long : aussi-bien que dans hôte, quoiqu'on dise hôtel, & hôtellerie.
OBE. Long, & ouvert dans globe, & lobe. Bref, & fermé ailleurs.
ODE. Long dans je rode. Bref par-tout ailleurs : mode, antipode, &c.
OGE. Long dans ce seul mot, le Doge, & bref hors de-là : éloge, horloge, on déroge.
OGNE. Long dans je rogne. Bref par-tout ailleurs : Bourgogne, &c.
OI, diphtongue. Douteux à la fin du mot : Roi, moi, emploi, &c.
OIE. Long : joie, Qu'il voie, &c. Voyez sous la terminaison EE, la Regle générale pour ce qui regarde la quantité : & voyez sous la terminaison IDRE, ce qui fait que l'I du mot joie, se change en Y dans joyeux.
OIENT. Terminaison des troisiemes personnes du pluriel, dans les Imparfaits des verbes : ils avoient, ils chantaient ; au-lieu que le singulier est bref : il avoir, il chantoit.
OIN. Douteux, quand il est final : loin, besoin. Long quand il est suivi d'une consonne : oint, moins, besoins, joindre, pointe, &c.
OIR OIRE. Le premier, douteux: espoir, terroir, &c. L'autre, long, boire, gloire, mémoire, &c.
OIS. Toujours long, soit que la diphtongue s'y fasse sentir, comme dans fois, bourgeois, Danois ; soit qu'elle n'y rende que le son de l'E ouvert, comme dans certains tems de verbes : j'êtois, je chanterois, & dans certains noms de nation : un François, les Anglois.
OISE. OISSE, OITRE. OIVRE. Tous long : framboise, paroisse substantif, cloître, poivre.
De ces quatre terminaisons, la seconde & la troisieme ne sonne que comme l'E ouvert, dans ces deux Verbes : paroître & connoître, avec leurs dérivés.
OIT. Long dans il paroît, il connoît, & il croît, venant de croître.
OLE. Toujours bref, excepté dans ces mots : drôle, geôle, môle, rôle, contrôle, il enjôle, il enrôle.
Pour mettre de la différence entre il vole, il vole en l'air, & il vole , il dérobe, plusieurs le font long dans le dernier sens.
OM. ON. Au milieu du mot, ils allongent la syllabe devant une consonne autre que la leur : sombre, bombe, pompe, Comte, compte ; conte, monde, songe. Mais, si leur propre consonne est redoublée, ils suivent la regle générale, rapportée sous la terminaison AM, ci-dessus.
OME, ONE. Longs: atôme, axiôme, phantôme,
matrône, Amazone, thrône, prône, aumône, &c. Mail les mots où la consonne est redoublée, suivent la regle générale, somme, pomme, consonne, couronne.
ONS. Toujours long, nous aimons, fonds, ponts, odions, seconds , &c.
OR. Très-bref ordinairement, & l'o fermé tout-à-fait : castor, butor, encor, &c. Un peu moins sermé, mais bref dans or, essor, trésor, sonner du cor. Et de-même, quand il est suivi d'un D ou d'un T : bord, effort. Mais suivi d'une S, il est long : hors, alors, thrésors, le corps, &c.
ORE. ORRE. Longs: encore, pecore, Aurore, éclorre. Mais avec cette différence, que les pénultiémes des Verbes où il n'y a qu'une R, & qui sont longues au présent de l'indicatif, je décore, elle s'évapore, deviennent breves, quand elles sont suivies d'une terminaison masculine : décoré, évaporé ; au-lieu que l'R étant redoublée, ces pénultiemes demeurent longues : j'éclorrois, j'éclorrai.
Os. OSE. Longs : or, propos, repos, gros, héros, dose, chose, il ose.
OSSE. Long dans grosse, fosse, endosse, il desosse, il engrosse ; & si la suivante devient masculine, ces mots gardent leur quantité : fosse, endosser, grosseur, grossesse, &c.
OT. Long (*) dans impot, tot, dépot, entrepot, suppot, roi, prévot.
(°) Pour marquer la longueur des mots, & de ceux qui sont
dans l'article suivant, autrefois on y mettoit une S muette : impess, . Et dans les bords on a toujours redoublé U '.'iiL-i.r.t ■ h:t: .
De ces mots il n'y a que les deux derniers, dont
la finale se conserve en entier devant une terminaison masculine ; mais elle est brève dans roti, & longue dans prevoté.
OTE. Long dans hote, cote, maltote, j'ote. Et la quantité des trois derniers est la même devant une finale masculine : côté, maitotier, &c.
OTRE. Nous n'avons que trois mots ainsi terminés, apôtre, nôtre, & vôtre. Quant au premier, il est toujours long. Pour les deux autres, ils sont douteux : non que leur brièveté ou leur longueur soit arbitraire, car elle dépend de la place qu'ils occupent. Ils sont brefs, quand ils précédent leur substantif ; & longs, quand ils suivent l'article. On dit, je suis votre serviteur. On répond : Et moi le votre. C'est-là votre avis, mais le notre est que, &C. Les notres sont excellens, mais les votres ne valent rien.
Quand on voudra étudier d'où vient cette différente prononciation du même mot, il ne sera pas difficile de voir que cela dépend des principes établis ci-dessus, au sujet de l'E muet. Si la finale est muette, comme dans cette phrase, je suis le vôtre, après laquelle mon oreille n'artend plus rien, alors la voix a besoin d'un soutien ; & ne le trouvant pas dans la finale, elle le prend dans la pénultiéme. Mais dans cette autre phrase, je suis votre serviteur, où j'attens nécessairement le substantif de vôtre, ce substantif est destiné à soutenir ma voix, parce qu'il ne m'est pas permis de mettre le moindre intervalle entre votre & serviteur.
Peut-être n'y a-t-il point de principe qui ait plus d'étendue que celui-la dans notre Prosodie. On en a déja vu beaucoup d'autres applications. Une syllabe douteuse, & qu'on abrege dans le cours de la phrase, est allongée, si elle se trouve à la fin. Quelquefois même, & dans le discours ordinaire, aussi-bien que dans la déclamation, une longue devient breve par la transposition du mot : car on dit, un homme honnete, un homme brave, mais on dit, un brave homme, un honnête homme.
OUDRE, OUE. Longs : poudre, moudre, résoudre, &c, boue, joue, il loue, &c. Mais suivis d'une terminaison masculine, ils deviennent brefs, poudré, moulu, roué, loué.
OUILLE. Long dans rouille, il dérouille, j'embrouille, il débrouille. Mais bref, quand la terminaison devient masculine : rouiller, brouillon.
OULE. Long dans moule, elle est saoule, il se saoule, il foule, la foule, il roule, écroule.
OURE. OURRE. Le premier est douteux : bravoure, ils courent. Le second est long : de la bourre, il bourre, il fourre, qu'il courre. Mais la syllabe féminine devenant masculine, alors la précédente est breve : courrier, bourrade, rembourré, &c.
OUSE. Toujours long : épouse, jalouse, qu'elle couse, &c.
OUSSE. Long dans je pousse, & bref dans tout le reste ; aussi-bien que dans les terminaisons qui en sont formées, comme tousser, coussin, &cc.
OUT. Long dans Août, coût substantif, goût & les dérivés.
OUTE. Long dans absoute, joute, croute, voute, il coute , je goute, j'ajoute. Mais bref au masculin : ajouter, couter, &c.
OUTRE. Long dans poutre, & dans coutre : bref par-tout ailleurs.
V, De l'U.
Il ne s'agit ici que de l'U voyelle ; car l'v consonne, par lui-même, ne produit aucun son, qui puisse être l'objet de la Quantité.
UCHE. Dans bûche, embuche, on débuche, l'U est long. Mais il devient bref dans bucher, débucher, &c.
UE, diphtongue, qui ne se trouve que dans ce seul mot, écuelle, où elle est aussi brève que peut l'être une vraie diphtongue.
UE, dissyllabe. Toujours long ; vue, tortue, cohue, je distribue, &c.
Voyez la Regle générale sous la terminaison ÉE, ci-dessus.
UGE. Douteux : déluge, refuge, juge, ils jugent ; & absolument bref ; quand la syllabe devient masculine : juger, réfugier, &c.
UI, diphtongue. Douteux : cuir, cuisine, fuir, luir , &c.
UIE. Long : pluie, truie, il S'ennuie, &c. Voyez la Regle générale sous la terminaison EE, ci-dessus.
ULE. Long dans je brule, bruler, ou brulera, &c.
UM. UN. Longs au milieu du mot : humble, j'emprunte. Mais à la fin brefs, si c'est au singulier : parfum, brun ; & longs, si c'est au pluriel.
UMES. Toujours long dans les premieres personnes du Prétérit au pluriel : nous reçûmes, nous ne pûmes, &c.
URE. Toujours long, augure, verdure, parjure, on assure, &c. Mais la finale devenant masculine, la pénultiéme s'abrege, augurer, parjurer, &c.
USE. Toujours long, Muse, excluse, incluse, ruse, je recuse, &c. On dit pareillement, ruse. Mais on dit, excuser, refuser, recuser, &c.
USSE. Au-lieu que la terminaison UCE, réservée pour des substantifs, est toujours brève, puce, au-rnuce, astuce ; celle-ci, à l'exception de quelques noms propres, comme la la Prusse, n'a lieu que dans les verbes, où elle est toujours longue : que je pusse, que je connusse, qu'ils accourussent.
UT. Bref dans tous les substantifs, excepté fut, & dans tous les verbes à l'indicatif, il fut, il vécut, &c. Mais long au subjonctif, qu'il fut, qu'il mourut
UTE. UTES. lires dans tous les substantifs, excepté flute. Mais toujours long dans les verbes : vous lûtes, vous sûtes, &c.
Cc n'est que d'après le sentiment de plusieurs personnes d'une critique judicieuse que je me suis décidé à faire paroître ce soible essai ; l'ayant faite sur de bons modeles, je pense qu'il n'y a pas grand
mise au jour.
IN.
TABLE
DES MATIERES.
Explication succincte des termes de la Grammaire
Françoise & des parties du discours...
Page I
De la Grammaire.
ibid.
Des Syllabes.
ibid.
Des Voyelles & des Consonnes.
a
Des Diphthongues.
3, 4
De la différence des mots.
5
Des Genres........
6
Du Nombre. ......
7
Des parties du Discours.
8
Du Nom.
ibid.
Du nom Substantif.
ibid.
Du Genre des noms Substantifs.
10 , 11 & suiv.
Du nom Adjectif.
19
Des Adjectifs communément appellés Noms de nom- bre.......20
Des degrés de comparaison.
21
Des Articles.......
23
Pronoms.......
24
Observation.
28
Des Verbes.
31
Des différentes sortes de Verbes.
34
De la Conjugaison, des Verbes,
35
Des Tems.......
ibid.
Des Modes.......
36
De l'indicatif Ier. Mode.
ibid.
Des tems de l'indicatif.
ibiJ.
De l'Impératif 2me. Mode.
Page 43
Du Subjonctif 3me. Mode & de ses Tems.
ibid.
Des Tems de l'Infinitif 4me. Mode.
45
Table des Conjugaisons.
48
Conjugaison des Verbes.
51
Conjugison en ir.
55
Conjugaison des Verbes en oir & en re.
53
Conjugaison des Verbes pronominaux.
60
Conjugaison du Verbe impersonnel.
62
De la formation des Tems.
63
De l'Adverbe.......
77
De la préposition.
78
De la Conjonction.
80
De l'interjection.
81
De l'Orthographe.
83
Des signes Orthographiques.
84
Des Aeccents........
ibid.
De l'Apostrophe.
86
De la Cédille.......
88
Du tréma, ou voyelles qui portent deux points en tête........ ibid.
Trait de Séparation. 89
Guillemets.......
90
Parenthèse.......
92
Des lettres Capitales ou majuscules.
ibid.
Des lettres......
93 & suiv.
Des noms. .....
122 & suiv.
De l'Orthographe des Verbes.
126
Regle du Verbe avec son Correspondant.
130
Regle du nom Adjectif avec son Sulrtantif.
Page 121
Regle des Participes,
131 Et suiv.
Du trait Dumon.
136
De l'Orthographe des mots dont on se sert le plus souvent......138 & suiv.
Regle de la Ponctuation.
154 & suiv
Homonymes.....
163
Des prononciations Vicieuses. 208
De la Prosodie. 210
Fin de •