bossué et montueux. L'humidité en avive les
couleurs, une humidité dont on respire la
fraîcheur mouillée. Aux murs, d'autres mo-
saïques aux figures naïves ou terribles eil
leur hiératisme byzantin. Dans la coupole de
l'abside, une longue Vierge, en sa robe d'or-
fèvrerie, joint les mains et vous regarde de
ses immenses yeux. Byzantine aussi et aussi
romane et arabe, la singulière petite église
voisine de Santa Fosca. Les pas résonnent
sur le dallage et on a honte de leur bruit
humain. Vierge de Torcello, vous êtes Notre
Dame de l'Abandon!
Nous sommes sortis. Les deux églises sont
là, dominées par leur haut campanile que
l'on aperçoit de si loin. Il veille sur les deux
oubliées. Silence, silence. Le gardien agite
ses clés. Que garde-t-il, que gardent-elles?
Qui viendrait troubler ces repos séculaires?
A quoi servent ces volets massifs qui. faits
d'une seule énorme pierre pareille à une
pierre tombale et soutenue par des gonds
de bronze, ferment les fenêtres de l'antique
vaisseau échoué dans les boues, autour du-