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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1937-09-07

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 07 septembre 1937

Description : 1937/09/07 (Numéro 250).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k4096051

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Répercussions sur r* le marché international

Les événements de ces dernières semaines ont provoqué, sur le marché international. des réflexes

qui ne signifient pas grand'chbse pour l'avenir, étant improvisés plutôt que raisonnes!

Par exemple, les capitaux flottants qui avaient quitté brusquement NewYork pour Londres, au printemps, par crainte de persécutions fiscales et de troubles sociaux, sont, non moins brusquement, retournés à New-York, inquiets delà situation européenne et des conséquences que le conflit d'Extrême-Orient peut avoir pour les intérêts britanniques. Rentrés à NewYork, ils y ont trouvé une dépression boursière. Mais ils resteront tranquilles, probablement, jusqu'à une nouvelle aggravation de la lutte politique aux Ëtats-Llnis, c'est-à-dire jusqu'à 'l'automne.

Autre exemple un vigoureux effort a été fait pour entretenir l'optimisme le plus longtemps possible à l'égard de l'évolution de la guerre sino-japonaise. Cela, comme toutes les fois que le marché international est surpris, afin d'éviter une panique, de permettre aux engagements de se résoudre et aux positions de se liquider.

*̃•̃̃̃̃

` Quant au fond des choses, le conflit d'Extrême-Orient va produire des effets que l'on peut déjà apercevoir sans peine.

La Chine du Nord est d'ores et déjà fermée sauf aux affaires japonaises. Les destructions ont à peu- près cessé à Pékin et. à Tien-Tsin. Mais i! n'y a plus qu'un étroit commerce de ravitaillement.

On sait les dégâts subis par Shanghaï. Le commerce y survit précairement. Mais quel commerce ? La fonction du grand port d'ExtrêmeOrient était de faire communiquer l'intérieur de la Chine avec le reste d« monde. Or les voies de communication sont pratiquement coupées, et la • bataille furieuse des Chinois et des Japonais met un rideau de feu entre Shanghaï et l'intérieur. V Le cqup le plus rude vient d'être porté aux intérêts internationaux par le blocus japonais des ports de la Chine. Seuls sont- exceptés trois ports en marge du marché chinois Tsingtao, qui est déjà sous le contrôlé jà̃ ponais, Macao, vieil établissement portugais, célèbre par ses maisons de jeux, et Hong-Kong, forteresse britannique, dont le commerce n'existe qu'en relation avec celui des autres parts et surtout de Canton.

° Le revenu des douanes chinoises ] sert de garantie aux emprunts placés à l'étranger. Ce revenu risque. d'être atteint non seulement par le, blocus, mais parce que les marchandises ja'pbnaises passeront de préférence, et dans le Nord au: moins, hors douane. Les cotonniers du Lancashire se sont réjouis, pendant quelques' jours. à l'idée que les Japonais, du fait.de la guerre, vendraient moins de cotopnades à l'Inde anglaise. Mais qui achètera le coton brut de l'Inde, dont le prix paie les importations de cotonnades, si le Japon ne l'achète phis ? D'autre part, le retrait des navires de commence japonais doit désorganiser tout le marché des frets. Les Japonais avaient le quasi-monopole du transport des caoutchoucs de la Malaisie, même vers les Etats-Unis.

La hausse des primes d'assurance i maritime ajoute un' autre troublé.

Aussi bien, dans la Méditerranée, la hausse des primes d'assurance àt-elle été, jusqu'à présent, le plus clair résultat de la piraterie.

En Europe, c'est sur le système économique de l'Allemagne que la guerre de Chine et le trouble intemational peuvent avoir l'influence immédiate la plus pénible. L'Allemaghe trouvait en Extrême-Orient des ressources de change et des matières qu'elle réexportait, après transformation pour compenser ses achats- en Europe orientale.

II n'est pas inutile de souligner que la récolte de grains fut, cette. année, très déficitaire en Allemagne et en Pologne et surabondante en Russie. On a cru remarquer que, depuis quelque temps, la presse allemande se radoucissait un peu à l'égard de la

Russie.

Russie. Lucien Romier.

Deux époux yougoslaves célèbrent leurs « noces de radium »

Belgrade, 6 septembre. Weljo Zivahoèitch, âgé de 107 ans, paysan de Dragolje, et sa femme Verina, âgée de 104' ans, viennent de fêter le 90° anniversaire de leur mariage, leurs «noces de radium ». :< Une grande fête, organisée à la mairie du village, réunissait le frère de Weljo. âgé de 103 ans, ses deux fils, âgés respectivement de 89 et 87 ans. et tous leurs descendants.

BOMBARDEMENT D'UNE VIOLENCE

EXTfÊME

A1J NORD

DE SHANGHAI Nankin fait appel à la S.D.% L'énervemënt qu'on sent percer sous les nombreux discours prononcés au Japon, sous les adresses et résolutions votées au coiirs de meetings publics, répond aux difficultés qu'éprouvent les troupes japonaises à progresser sur le front éhinois Et l'armée nippone elle-même, tout en affirmant son intention de « réduire en miettes ses adversaires, commence à reconnaître avoir subi de lourdes pertes. Nankin affiche un certain optimisme et la radio a lancé hier cette phrase du président du conseil politique central « Les événements actuels amèneront non une défaite chinoise, mais un effondrement économique japonais. » La grande offensive

Or, hier matin, engageant toutes ses forées,* ayant mis en lHgnes du ïangrTséPou à Wou-Spung, mitrailleuses, mortiers de tranchées, artillerie légère et lourde, pièces de marine et avions 'de bombardement, le haut commandement nippon a déclenché devant Shanghaï, la grande offensive dont on partait depuis plus d'une semaine. Le feu de l'artillerie fut si violent que, si ;Pon en-, croit une dépêche « la campagne au nord de Shanghaï é;«it plongée dans l'obscurité par suite de l'épaisse fumée provoquée par les incendies allumés par le bombardement ». ̃•-̃̃••.̃̃

En même temps, des troupes débarquaient, appuyées de ^détachements motorisés. Et l'attaque se développa pendant, toute la matinée sur le front de Shanghaï, à Woo-Sbung. Et PàorGharig tomba aux mains des Japonais. Des combats corps à corps La capture de ce point stratégique donna le signal des contre-attaques. Les Chinois, qui avaient vaillain ment résisté, passèrent à l'offensive et, 15 h. 30, reprenaient la ville, délivrant un, bataillon chinois qui avait refusé de se rendre et était prêt à mourir au cas où la contre-attaque échouerait. Aux dernières nouvelles, les autorités chinoises annonçaient qu'après un com- bat qui alla jusqu'au corps à corps, Pao-Chang avait été repris par le batailIon d'élite « Oser ou' mourir ». (Voir page S, colonne 6.)

SL IMriM à Paris

M. Joseph Beck, ministre des Affaires étrangères de Pologne, se rendant à Genève, s'arrêtera à Paris pour répondre à l'invitation de M. Yvon Delbos, ministre des Affaires étrangères, de visiter l'Exposition internationale.-

M. Joseph' Beck profitera de cette occasion pour s'entretenir avec le ministre français dès-Affaires étrangères de la situation internationale actuelle.

M. Joseph Beck sera accompagne du directeur de son cabinet, M. Michel Lubienskï et de son secrétaire M. Paul Starzunskï.

LES*JOURS SB SUIVENT-

W AMANTS DE VENISE

Les affaires du monde ne sont pas si réconfortantes qu'on puisse-né,gliger un sourire et ne pas l'in'terpréter comme une promesse. Dans la rade vénitienne. entre San Georgio à bâbord et le palais des doges, à tribord, deux navires de guerre anglais, le Sussex et le London rendent depuis trois jours en salves, 'e'nthés, et en bals les politesses que leur ont faites les navires. italiens de, l'escadre de l'Adriatique. Ces grâces ne sont pas nouvelles élles firent longtemps partie de la saison vénitienne mais elles étaient interrompues. L'autre matin;, quand nous nous sommes réveillés au bruit du canon nous avons compris (car V événëment était annoncé) que nous assistions à une réconciliation importante: Il n'y avait que les pigeons de Saint-Marc pour en être inquiets; ils s'étaient enfuis rituellement au premier coup de ce canon qui semblait annoncer midi â huit heures du matin et déjà ils s'apprêtaient, leur vol accompli, â se poser sur les dàlles lorsque le-canon reprit et tonna une demi-heure durant. Quelque chose d'inaccoutumé se passait évidemment dans les habitudes vénitiennes pour le monde des pigeons. Pour ^histoire contemporaine aussi.

Notre temps est sans constance diplomatique; je veux dire que les. amitiés et les inimitiés^ s'y succèdent avec une célérité qui surprendrait beaucoup les ambassadeurs d'hier. 1. Il y a un an, les relations de l'Angleterre et de l'Italie étaient telles que les maîtresses de maison, non seulement n'invitaient plus ensemble Anglais et, Italiens, mais qu'il fallait encore choisir entre les ^partisans. Nos amitiés étaient rigoureusement sanctionnées et l'on nous taxait volontiers de dilettantisme si n'pùs ne voulions pas sacrifier à ce débat des sympathies que la vie n'avait pas faites exclusives. Quelle imprudence que cet esprit de bataille. pensaisje (en petit aparté philosophique) en regardant l'autre soir danser ensemble les plus charmantes Vénitiennes et les plus élégants officiers anglais. Une nuit d'une infinie douceur présidait à cette réconciliation. Le bal interrompu semblait reprendre tout comme si nulle ombre ne s'était jamais fixée entre les danseurs. i Ces amours rajeunies feront moins de bruit sans doute dans l'histoire des hommes que celles de Lé.lia et de l'Enfant du siècle. Enfin, il est savoureux, \de les" contempler et agréable d'en écrire sans passion^ Gaerraante;

UU. R. S. à. TENTE DE TORPILLER" la Conférence Méditerranéenne Moscou rend l'Italie responsable des attaques subies par deux navires soviétiques

et demande à Rome le remboursement

des dommages et la punition des coupables ŒDe aptre corx&sj^çxidLa^x-t piarticia-lier, par •téléplxaan.e)

Londres, 6 septembre. Au moment où-les invitations pour la réunion des douze puissances étaient adressées par. les représentants anglais et français. aux différents pays, et que déjà la petite ville de Nyon, à 1B -kilomètres de Genève, s'apprête à recevoir une soixantaine de délégués qui doivent commencer -leurs travaux dès vendredi prochain; au moç.ertt les ;experts du Foreign Office terjni- liaient- quelques retouches au projet final que doit présenter M. Eden;à l'heure M. Neville Chamberlain prenait Je train de Balmoral pour venir à Londres où il est attetf du demain matin, on a appris

LE CHANCELIER HITLER A NUREMBERG

DANS UN OCEAN D'UNIFORMES ET DE CROIX GAMMÉES. v

L'arrivée à Nuremberg- d'un des trains du corps diplomatique. Ce train abritera les représentants des différents ̃̃̃ ''̃̃ Etats pendant 1a durée du congrès.. ]' ̃ (Lire en page 3, l'article de notre envoyé spécial RAYMOND HENRY.J

REUNION

BESJ^NISTRES

de la Défense nationale à FHôtel Matignon

M.Camille Ghautemps a présidé cet après-midi, à' l'Hôtel Matignon, une très importante réunion des -ministres de la Défense .natip.nale. `

MM. Yvon Delbos,: ministre des affaires étrangères, Daladier, ministre de la guerre, Campinchi, ministre de la marine– qui avait quitté Ajaccio en avion au début meme.de l'après-midi Cot, ministre de l'air, assistés de leurs chefs d'état-major le général Colson, l'amiral Darlan et le général Fëquant, constituaient ce qu'on pourrait eu quelque sorte appeler ce grand

« conseil de guerre ». ̃̃

Trois ministres d'Etat étaient également présents MM. Sarraut, Viollette et Blum, ainsi que MM. Alexis Léger. secrétaire général du ministère des affaires étrangères, et Corbin, ambassadeur de France à Londres,. qui étaient aux côtés de M. Delbos.

Comme on le voit, grande conférence de techniciens, dont le but, sans nul doute, était de déterminer les mesures à proposer a la prochaine. réunion des douze puissances, en vue d'assurer la sécurité en Méditerranée..

LE PROCHAIN CONSEIL DES MINISTRES

SE TIENDRA VENDREDI

On;annonce officiellement quelle prochain conseil des ministres se tiendra le vendredi 9 septembre, à dix heures, à l'Elysée, sous la présidence de M. Albert. Lebrun..

Soyez le meilleur reporter Voici trois nouveaux envois de lecteurs du Figaro candidats à ce titre

Ay gauche: M. Victor. Boucher à Veules-les-Roses.. Au centre M. Albert Préjean (tenant an journal) sot le ̃ plage de Saint-Jean-Cap Ferrât. A droite M Trist an Bernard à Bourg-Madame.

que le communiqué suivant avait été publié à Rome

Le chargé d'affaires de l'U. R. S. S. à Rome a envoyé une note au ministre des affaires étrangères d'Italie dans laquelle, après avoir dénoncé le torpillage de deux navires soviétiques en Méditerranée orientale, il en attribue la responsabilité à l'Italie et demande le remboursement >des dommages et la punition des coupables. 'Le comte Cjano a répondu que l'Italie repoussait cette responsabilité.

{Suite page 3, colonnes 3, 4 et 5;)

LES CHASSEURS ONT BIEN CHASSÉ. Et le prix du gibier a relativement moins augmenté que celui de la poudre

Les premiers gibiers ont fait, hier, leur apparition aux Halles.

Nous avons eu hier matin le premier « tableau de chasse » aux Halles centrales. Il était assez impressionnant pour faire naître l'optimisme quant à la situation cynégétique de la France perdreaux, canards, cailles, lapins, lièvres, chevreuils et autres victimes du tir inaugural, formaient une masse dépassant, par son poids global, 16.000 kilogs.

Tiens, dira le pessimiste, il y en avait eu davantage l'an dernier 18.000 kilogs.

Mais le statisticien sourira, Car jugez de la subtilité des chiffres cette différence en moins exprime une différence en plus. Les Halles ont reçu, en effet, plus de gibier français qu'en 1936 tout s'explique, si l'on note que les importations de l'étranger ont diminué presque des trois quarts en raison des nouveaux frais de transports, droits de douane et d'octroi. ̃ .•̃•̃•̃

On vise mieux.

Comment faut-il interpréter ces chiffres ? avons-nous demandé. Nos propres nemrods furent-ils plus nombreux ? (Suite page 3, colonnes 1 et 2.)

ASSASSINAT MYSTE:RIEUX d'un commerçant tchécoslovaque en Suisse

Deux mandats d'arrêt ont été lancés

Lausanne, 6 septembre. Poursuivant son enquête au sujet de l'assassinat mystérieux du commerçant tché-coslovaque Hermann Eberhardt, près dé Lausanne, la police a découvert aujourd'hui à Genève une auto abandonnée. dont l'intérieur était maculé de sang. En outre, quatre grosses douilles de revolver ont été retrouvées éparses sur les coussins de l'auto; une autre douille du même calibre sur un marchepied. Ces douilles correspondent au calibre des quatre qui étaient près du cadavre du Tchécoslovaque.

D'autre part, le corps a été percé de neuf balles, et les douilles ramassées à Lausanne et Genève j-font au nombre de neuf également.

La voiture, une Chevrolet, avait été louée le 2, septembre dans un garage de Berne, à une personne étrangère dont la police connaît l'origine. La po.lice s'est alors mise en rapports avec le pays auquel appartient le locataire de la voiture; elle a déjà recueilli des renseignements intéressants.

L'ensemble de ces faits a permis au juge de paix de Bully qui s'occupe de l'instruction; de lancer deux mandats d'arrêt l'un contre le locataire d'e la 1 voiture,, dont l'identité paraît établie, et l'autre contre un de ses compagnons.

AU MAROC

De mystérieux émissaires lançant de faux mots d'ordre prolongent l'agitation

Effervescence à Rabat

et à Fez

Rabat, 6 septembre. Simultanément, dans plusieurs villes du Maroc, de grands rassemblements ont été tenus aujourd'hui dans les mosquées, au moment de la prière. Obéissant à des mots d'ordre transmis dans fofâfès les régions s du Maroc, les commerçants fermèrent leurs boutiques et se rçndirent aux mosquées.

A Ouezzane et à Casablanca, les boutiquiers furent abusés par des émissaires qui se disaient envoyés par le Maghzeii. Lorsqu'ils furent détrompés, ils rouvrirent leurs portes.

L'affluence la plus considérable fut signalée à Oudja, à Rabat et à Fez. Cependant, aucun incident sérieux n'était signalé à la fin de la journée, sauf a Rabat et à Oudja, où des israélites, surpris par la foule, furent lapidés. ̃•̃• '• ̃

«* y-

T1N0 ROSSI PART PODRJOLLYWOOD La tendresse de sa voix

arrêtera-t-elle

la guerre de « Tovarich » ? Tino Rossi nous quitte. Tino Rossi s'en va. Après Maurice Chevalier il va nous représenter en Amérique. Il vient de signer le contrat qui le tiendra captif à Hollywood pendant cinq ans. Mais que vont devenir toutes celles pour qui il était tout?. Il y a un an tout juste, alors qu'il répétait la. revue du Casino de Paris dans laquelle, pendant des soirs et des soirs il se montra à ses admiratrices. vêtu de son traditionnel costume corse, il nous parlait, pétri de gentillesse de celles qui l'accablaient de leurs démonstrations, de celles aussi qui l'adoraient comme une idole, réunies autour de sa photographie, tandis que ,phonos et radio leur faisaient entendre sa voix. Vont-elles le laisser partir si loin? Et les « Tino Rossi Club, qui se sont fondés un peu partout ne vont-ils pas agir?. Tino Rossi, cependant insensible et impitoyable, prépare son départ et apprend à parler anglais.

Tino va chanter en anglais! Quel émoi dans le peuple qui l'adore D'être dits en anglais, les mots d'amour garderont-ils pour des oreilles françaises la musique qu'il savait leur donner, et cette tendresse si caressante ?. Que de dames en émoi par cette nouvelle: Tino Rossi part pour Hollywood!

Là-bas, quand il ne tournera pas, il chantera à la radio. Le culte de sa voix réunissait en France des fidèles par dizaines de milliers. C'est par millions à présent qu'il faudra les compter.

Les jaloux l'avaient surnommé le miauleur. Voilà notre miauleur national devenu miauleur international. Il s'en va, pas tout à fait cependant: les disques nous restent. Et puis, il reviendra. Il a promis de revenir en France tourner un film tous les ans. A moins que les kidnappers. mais les kidnappers ne pensent pas à tout. Voici donc Tino Rossi parti pour Hollywood; il va "tomber là-bas, en pleine bagarre, la guerre de Tovarich. C'est une histoire très compliquée et comme il n'en arrive qu'au cinéma. On se bat pour savoir qui interprétera le rôle créé au théâtre par Elvire Popesco. Claudette Colbert est désignée, mais Kay Francis pro- teste et ameute les populations. Un parti se forme, à Hollywood, contre nos auteurs et nos artistes qui, d'autre part, sont les enfants chéris de tant d'Américains. Mais qu'on se' rassure. Tout s'arrangera. Tino Rossi -va chanter là-bas ses romances de sa voix sucrée et tout se diluera dans une tendresse éperdue.

André Warnod.

l' CHRONIQUE

ON EST PRIE DE SOURIRE Par GASTON RAGEOT LES plus anciens empereurs chiL nois attribuaient à la musi. que une très grande importance politique des compositeurs officiels étaient chargés d'adoucir les mœurs. C'était un détestable exemple d'étatisme, et l'on ne voit guère M. Georges Bonnet demandant à son collègue de l'Education nationale d'organiser une propagande de concerts en faveur des rentes ou de faire chanter dans les usines un hymfee à la production. Mais c'était un hommage rendu aux valeurs spirituelles et qui montre que vient de loin la liaison du social et du moral, du politique et de l'économique, que l'on attribue le primat à l'un ou a l'autre maugrée-t-on parce que la vie ne va pas ou est-ce que la vie ne va pas parce que l'on maugrée ? Problème qui se pose également dans le domaine sentimental, conjugal et social.

En tout cas, que les Français n'aient plus l'air aujourd'hui d'habiter la France, ni les Parisiens Paris, rien ne le marque mieux que le ton de nos mœurs et le tour de notre esprit on dirait que notre sourire tourne au rictus.

Henri Bergson a fait jadis un parallèle fameux entre l'ironie et l'humour l'ironie, de forme oratoire et de caractère fustigeant, consiste à partir du réel pour en faire éclater des conséquences absurdes l'humour, au contraire, consiste à revenir au réel en le justifiant par des raisons qui le condamnent. Quand on lit les Débuts à Paris de Maurice Donnay, où la mode était alors « de traiter les choses graves avec légèreté et les choses légères avec gravité », il apparaît qu'Alphonse Allais faisait principalement de l'humour, Alfred Capus'de l'ironie et Maurice Donnay des deux. Il y a eu un moment le fin du fin du modernisme était de comparer les grandes choses aux petites, la nature à l'industrie, la couleur de la mer de Sicile à un sous-produit oléagineux (Paul Morand), ou le reflet d'un rayon lumineux sur une vague du Pacifique à un arrêt facultatif de tramway (Jean Giraudoux). Mais ce sont là jeux de prince, et le Français moyen, l'homme ou le gamin de la rue, passait fort aisément entre cette ironie et cet humour, se contentant de la bonne humeur, trait national par ex.cellence, rustique et citadin tout ensemble, bourgeois et populaire, pacifique ou guerrier, de droite ou de gauche, s'exprimant n'importe comment, par la blague, le calembourg, « l'à peu près », par la verve, qui est un mouvement, on par le « mot », qui. est un arrêt.

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La bonne humeur, à vrai dire, est moins un tour d'esprit qu'un ton de sensibilité elle résidé moins dans la façon de dire les choses que de les voir et de les sentir. Les propos qu'elle inspire ne sont arasants que parce qu'ils viennent d'une âme gaie elle ressemble plus à un parfum qu'à une lumière et les gens qui la possèdent irradient même en silence. Sans qu'elle puisse être confondue avec la fausse camaraderie et l'hypocrite « bon-garçonnisme », elle devient souvent une habileté professionnelle et des carrières, des gouvernements même ont été fondés sur elle. Peut-être offre-t-elle la condition première de la conduite des hommes et il semble qu'elle fasse partie de la technique présidentielle, au Parlement ou ailleurs. Il n'est que faire, au reste, de la définir. Chacun de nous, observant ses propres dispositions, parfois. à

peu d instants d intervalle, peut constater 'les variations de cette attitude vitale où l'âme et le corps tiennent parallèlement leur rôle. Pour aimer l'existence, il faut s'être « levé du bon pied le ma.tin, se sentir le corps alerte, l'esprit libre, ne pas regarder comme une

corvée la tâche à venir, ni comme des importuns ou même comme des ennemis les êtres avec lesquels on va se rencontrer ou travailler. Des philosophes prétendent qu'on naît pessimiste comme on naît avec un bon ou un mauvais estomac. Il est plus ordinaire qu'on le devienne et qu'on se plaise à le rester. Il y a des « aigris » qui peuvent nous aider à concevoir que notre bonne humeur dépend d'ahord de nous. Le grand moraliste nordique Kierkegarde professait que les hommes ne peuvent être tristes quand ils respirent les lis et écoutent les oiseaux.

(Suite page 3, colonnes 1 et 2)