apaisée. Le simoun est le plus redoutable ennemi des caravanes qui traversent les déserts sablonneux de l'Arabie et de l'Afrique on lui attribue la destruction entière des cinquante mille hommes que le fou Cambyse envoya pour réduire en esclavage les Ainmoniens et mettre ensuite le feu au temple de Jupiter.
En 1805, le simoun tua et ensevelit dans les sables toute une caravane, composée de deux mille personnes et dix-huit cents chameaux. Plus d'une fois nos généraux ont eu des craintes sérieuses sur le sort des colonnes de nos soldats forcées de s'engager dans le désert et que le simoun vint surprendre dans leur marcha.
La poussière impalpable que l'air charrie en épais nuages pénètre dans les narines, les yeux, la bouche et les poumons, et détermine l'asphyxie. Quand les choses ne vont pas jusqu'à ce terme fatal, l'évaporation rapide qui se fait à la surface du corps sèche la peau, enflamme le gosier, accélère la respiration et cause aux voyageurs une soif ardente. Le souffle terrible du simoun aspire en passant la sève des arbres, et fait disparaître par une évaporation rapide l'eau contenue dans les outres des chameliers. La caravane est alors en proie à toutes les horreurs d'une inextinguible soif, qui allume le sang. C'est ainsi que plus d'une caravane a péri dans les mêmes solitudes. Aussi les routes' habituellement suivies par les caravanes sont-elles parsemées de squelettes d'hommes et d'animaux blanchis par le temps et le soleil ce sont les bornes miliaires de ces sinistres sentiers. Dans son voyage dans l'Asie centrale, Arminius Vambéry, savant hongrois déguisé en derviche, observa l'ouragan de sable et les terribles influences de la chaleur sur l'organisme humain en traversant le désert entre Khiva et BoLhara (longitude, 60 degrés latitude, 40 degrés). Ayant quitté le pays des Turkomans et l'Oxus, sa caravane pénétra dans les sables.
Notre station matinale, dit-il, portait le nom charmant d'Adamkyrylgan (traduisez l'endroit où périssent les hommes), et il suffisait de jeter un regard vers l'horizon pour se convaincre que cette appellation tragique ne lui avait pas été gratuitement donnée. Qu'on se représente un océan de sables, s'étendant à perle de vue, façonné d'un côté par le souffle furieux des ouragans en hautes collines semblables à des vagues, de l'autre, en revanche, représentant assez bien le niveau d'un lac paisible à peine ridé par la brise du couchant. Dans l'air pas un oiseau, sur la terre pas un animal vivant, pas même un ver, pas même un grillon. Nuls vestiges autres que ceux dont la mort a semé ces vastes espaces, des monceaux d'os blanchis que chaque passant recueille et réunit pour servir de jalons à la marche des voyageurs qui lui succéderont. Examen fait de nos outres, nous cal-