Extrait du journal

Des le lendemain de la signature de l'armistice, les questions relatives à la restauration d'une Belgique indépendante ont pris une importance considérable au point de vue du règlement général de l'ordre nouveau en Europe. Aussi longtemps que le gouvernement du roi Albert résidait hors du territoire national et qu'on n'était point fixé sur les circonstances et les conditions dans lesquelles se préciserait la victoire des alliés, il était difficile de poser le problème belge dans toute son ampleur et de marquer nettement les tendances qui doivent caractériser désormais la politique extérieure du cabinet de Bruxelles. Etant redevenue totalement elle-même, ayant retrouvé son entière liberté d'action, consciente, enfin, de ce qu'exige sa sécurité, qui ne sera vraiment garantie que par les mesures de défense qu'elle saura prendre de sa propre initiative et dont elle aura seule le contrôle, la Belgique considère qu'il est de son devoir de parler net et de dissiper tous les malentendus qui, trop longtemps, avant 1914, ont faussé son action à l'intérieur et au dehors. On commettrait une lourde erreur en s'imaginant que toute justice serait rendue aux Belges, dès l'instant où ils retrouveraient le droit de se gouverner eux-mêmes et où ils seraient indemnisés, dans la mesure du possible, pour les dommages subis du fait de l'agression allemande. La justice pleine et entière envers le peuple qui s'est sacrifié au devoir et à l'honneur comporte autre chose, en vérité...