Mais les choses se passèrent certainement de la même manière
pour Jacobi, en particulier, dans ses rapports avec Abel.
Bien qu'il n'existe aucun document sur ce sujet, on ne peut
douter que les découvertes d'Abel et particulièrement le mémoire
de Freiberg, n'aient vivement piqué l'émulation de Jacobi. Là
était caché un trésor d'idées, d'idées venant de contrées nouvel-
lement découvertes, pour remplacer les vieilles idées tradition-
nelles, usées depuis longtemps jusqu'à leurs dernières limites. De
là deyaient maintenant en jaillir de nouvelles.
C'est là maintenant qu'il fallait chercher les modèles les plus
précieux, non seulement pour leur choix, mais pour la manière
de traiter, du moins dans les premiers pas, les problèmes impor-
tants qu'il fut d'abord conduit à se poser, et dont la difficulté
initiale finit par céder à la découverte de son principe de
transformation.
Pour Abel, cela va sans dire, c'était une idée toute naturelle et
toute préparée d'exposer ce même principe, si toutefois il ne
l'avait pas déjà fait depuis longtemps, et des raisons que nous
donnerons plus tard rendront cette supposition plus que probable.
Il en serait de même en général pour les problèmes de la même
nature que le problème en question, qui sans aucun doute
étaient toujours à sa portée et tout préparés d'avance.
Par ces voies, Jacobi fut maintenant amené à une généralisation
de ces problèmes de transformation dont la publication dans le
journal de Schumacher qui parut en septembre, mais qui
portait les dates de juin et d'août, enrichit d'une de ses plus
belles théories l'édifice scientifique élevé par Legendre.
Mais en dépit de l'importance de ce travail pour les fonctions
elliptiques, qui allaient bientôt faire leur apparition, la brèche
n'était pas encore ouverte pour l'entrée des idées nouvelles.
L'esprit et le but étaient ceux de Legendre; le sujet traité, un
théorème d'intégration se rapportant aux anciennes transcen-
tantes, et ayant pour objet essentiel une évaluation à l'aide d'une
formation d'échelles.