Mmiî Hansteen et sa soeur, si tu les rencontres. J'enverrai le
mémoire par Petersen. Une autre fois tu recevras de moi, une
lettre plus ordonnée. Ton ami, Abel. »
Avant cette lettre, qui annonçait ainsi, en attendant, sa visite
à la famille de Hansteen à Soroe, Boeck et Môller étaient partis
avec le bateau à vapeur pour Lübeck, d'où ils continuèrent par
terre leur voyage jusqu'à Hambourg, à travers des chemins
détestables et remplis d'eau. Ils descendirent au Grand Sauvage (1),
où ils attendirent leur compagnon de voyage, attardé par la
prolongation de son séjour à Copenhague.
Après l'arrivée d'Abel, ils allèrent de compagnie à Altona,
pour faire visite à Schumacher,, l'éditeur des Astronomische
Nachrichten, avec qui d'ailleurs le professeur Hansteen était en
relations suivies. Schumacher, comme on s'en souvient, avait,
quelque temps auparavant, refusé d'insérer le Mémoire d'Abel sur
la Lune; il s'était aussi chargé de transmettre à Gauss, par
l'intermédiaire d'Olbers, le Mémoire français sur l'impossibilité de
résoudre algébriquement les équations du cinquième degré,
travail avec lequel Abel allait se présenter pour la première fois
devant le grand public, et dont on ignorait encore quel serait le
succès auprès des savants.
Schumacher, bien que souffrant, accueillit les voyageurs et le
jeune mathématicien inconnu avec beaucoup de prévenance. Il
est probable que, pendant son séjour à Hambourg, Abel renouvela
ses visites à l'astronome danois. En tous cas, il laissa la meilleure
impression chez le savant étranger. Car, à diverses reprises,
Schumacher le dépeint non seulement comme un mathématicien
distingué, mais aussi comme le jeune homme le plus aimable.
Abel raconte ce qui semble pareillement indiquer un séjou
de quelque durée qu'il avait fait à Hambourg la connaissance
(1) Zum grossen 2oilden. Mann. Ajoutons que nous sommes portés à croire qu'il
s'est glissé ici une erreur dans la tradition telle que la présente le récit de Boeck,
et que celui-ci a fait confusion avec ce qui s'est passé plus tard à l'arrivée des
voyageurs à Vienne. De pareilles inexactitudes, relatives aux échanges de lieu et de
temps, sont à craindre dans tous les cas où le récit n'est pas appuyé sur des
documents écrits. (Note ajoutée par l'auteur.)