heureuse exception, de prendre une part plus active à cet échange
de pensées avec le monde extérieur, et de pouvoir suivre, depuis
notre lointaine contrée, les derniers progrès de l'époque, et se
mêler activement aux discussions scientifiques; et encore les
mieux placés n'étaient-ils compétents que jusqu'à un certain point
et avec de nombreuses restrictions. On eût été injuste, pour
notre pays et notre Université à leurs débuts, de réglcr les exi-
gences sur le niveau des pays riches et peuplés de l'autre côté des
mers. Lorsque, malgré tout, ces exigences se trouvaient remplies
mieux peut-être qu'on aurait dû s'y attendre c'était non
seulement parce qu'une série d'hommes de valeur avait été
amenée à notre Université nouvellement fondée, mais aussi parce
qu'une position économique favorable leur avait permis de
consacrer toutes leurs forces à leurs études. L'esprit de liberté,
qui nous avait valu notre Université et notre indépendance, avait
été aussi à cet égard l'appui le plus sûr de notre petite nation
aspirant au progrès.
Les services que pouvaient rendre notre bibliothèque universi-
taire et nos établissements d'enseignement se réduisaient évidem-
ment à créer un solide fondement scientifique, reposant sur les
recherches des temps anciens et des temps plus voisins, mais
en même temps sans prétendre introduire le futur investigateur
dans les directions de recherches de l'époque moderne, qui sont
aussi, pour la plupart, les plus fructueuses.
Dans les sciences abstraites, en particulier, pour lesquelles
notre contrée et ses relations locales ne pouvaient être d'aucun
secours le travailleur confiné dans son pays devait nécessaire-
ment rester en arrière. Il ne lui était guère possible de produire
autre chose que ce qui était déjà trouvé et connu par ceux qui
travaillaient dans des conditions plus favorables et plus libres, qui
avaient été initiés en temps convenable à ces directions d'idées et
à ces nouveaux fondements, d'où l'on pouvait attendre un réel
profit dans une suite d'études prolongées, et qui jouissaient des
avantages de la proximité des discussions savantes et de l'héritage
scientifique des professeurs et des maîtres de l'époque.