allemande; ce qui sera de la plus haute importance pour mon
avenir. Quant au français, je me tire d'affaire suffisamment pour
écrire un mémoire; et je voudrais bien pouvoir en faire autant
en allemand. »
C'est dans cette lettre qu'AbeI parle pour la première fois
et d'une manière précise de son projet d'envoyer à Gergonne le
grand mémoire sur les fonctions elliptiques, dont il avait com-
mencé à s'occuper. Mais son attention avait été attirée bien plus
tôt vers ces Annales, à raison des difficultés où il se trouvait,
comme nous l'avons dit, chaque fois qu'il désirait publier quelque
chose.
Rappelons qu'à l'origine il s'était proposé, en approfondissant
et développant ses recherches, d'en faire un traité complet. Il
avait espéré d'abord pouvoir trouver un éditeur, alors qu'il avait
réussi à se faire un certain renom par ses articles dans le Journal
de Crelle. Puis, il avait compris toutes les ditlicultés qui s'oppo-
seraient à la réalisation d'un semblable projet, et il semble qu'il
ait pensé quelque temps à l'Académie de Paris. Mais il dut
bientôt changer d'idée, en voyant combien étaient minces les
résultats de sa première tentative. Se servir du Journal de Crelle
n'était pas chose bien facile, ainsi que nous l'avons indiqué déjà.
En premier lieu, il s'agissait de publier un travail d'une étendue
considérable. Or, ce Journal en était encore à ses débuts et il
était d'autant plus douteux que l'insertion de tout un traité pût y
être entreprise sans danger. En outre, on sait que pendant cette
première période, le Journal fut rédigé exclusivement en langue
allemande, ce qui, à plusieurs égards, était désavantageux pour
Abel, habitué qu'il était à se servir du français. Sans doute,
Crelle lui-même traduisait en allemand ce qu'il écrivait. Mais
pour des travaux d'une très grande étendue, il était singulière-
ment gênant de procéder de la sorte soit qu'Abel il l'avait
fait à Freiberg, à la fin de son séjour en Allemagne essayât
d'écrire tout d'abord en allemand, langue qu'il possédait mal,
soit qu'il employât, comme précédemment, la langue française,
sauf à s'adresser ensuite à Crelle, pour obtenir de sa bonté