IX.
Fin du séjour à Paris et sort du mémoire présenté par Abel
à l'Institut.
Avant que la lettre à Holmboe parvînt à Christiania, celui-ci
avait déjà écrit à Abel; mais, dès qu'il l'eut reçue, il s'empressa
de lui écrire de nouveau et de lui procurer l'argent demandé, y
compris la somme que lui devait Keilhau. Cet envoi donna lieu à
la dernière lettre qu'Abel adressa de Paris, celle qui est datée de
décembre, et où il fait mention de sa découverte relative à la
division de la lemniscate. Dans cette lettre, il exprime à son
ancien maître et ami ses meilleurs remercîments; et de ce qu'il
dit, ressort une fois de plus combien grand était son embarras et
combien il devait lui avoir été pénible d'en être réduit à recourir
à la bonté d'Holmboe. Du reste, il avait dû en même temps faire
également appel à celle d'un autre ami, ou il était sur le point de
le faire.
« Mille remercîments », dit-il, « pour tes deux chères lettres,
item, parce que tu as été si ponctuel. Si j'avais su que tu
m'avais écrit, je n'aurais pas osé te demander tant de sacrifices.
Ne sois pas fâché de mon embarras d'argent. J'ai deux amis, à
proprement parler, et je suis ainsi forcé de les importuner
malgré moi.
» Il est possible que je pourrai l'épargner mais il est probable
que je serai contraint de recourir à ta bonté. Pas encore cepen-
dant mais quand je viendrai à Berlin. Dans peu de temps, en
etyet, je quitte Paris, où je n'ai rien plus à « pécher », et d'abord
j'irai à Gôttingue pour y « bloquer » Gauss, s'il n'est pas trop
« fortifié » d'orgueil. « J'aimerais aussi beaucoup à rester quelque
temps en Allemagne pour apprendre un peu mieux la langue