prendre possession de sa chaire, Abel dut, sur ses ressources
déjà trop restreintes, lui prêter une somme de 180 marcs-banco,
somme qui devait être remise à Holmboe, dès que Keilhau serait
revenu à Christiania.
Les difficultés matérielles recommencèrent dès lors pour Abel.
Toutefois elles ne semblaient constituer d'abord qu'un embarras
temporaire, résultant du prêt qui devait être remboursé au plus
tard dans un espace de deux mois. Mais, indépendamment de cet
emprunt, la situation était pénible, et devait aller s'aggravant de
jour en jour.
Le grand voyage improvisé avait été singulièrement coûteux
et pour Abel, et pour Keilhau, et pour Boeck aussi, dans l'état de
leurs ressources. Mais il y avait une différence capitale dans la
situation de ces trois compagnons d'étude.
Keilhau, revenant tôt et allant occuper une position dans son
pays, n'avait qu'à gagner Le Havre et à y chercher un capitaine
retournant en Norvège.
Il en était autrement d'Abel. Il s'était engagé à rester deux ans
à l'étranger. Or, il n'était encore qu'au milieu du mois d'octobre,
et à la rigueur, il ne devait être libre qu'au mois d'août de l'année
suivante.
Sans doute, il y avait aussi des difficultés analogues dans la
position de Boeck, qui (nous nous en souvenons) séjourna à
Munich après s'être séparé d'Abel en Tyrol. Mais le sort d'Abel
était incomparablement plus mauvais. Il appartenait à une
famille ruinée et dispersée, qui ne pouvait lui donner la moindre
assistance. C'était plutôt à lui d'aider les siens de ses faibles
ressources, dans la mesure où il lui serait possible.
De plus, Abel, au moment où il se sépara de Boeck, avait dû
lui venir en aide, et, bien que l'avance qu'il lui fit fût peu
importante, elle n'en avait pas moins réduit ses minces facultés.
Ajoutons que Boeck ne pouvait pas facilement rembourser sa
dette ses obligations étaient identiques à celles d'Abel, quant à
la durée de son séjour à l'étranger, et il n'habitait pas le même
pays que son créancier.