découverte de la variation du plan d'oscillation, et devancer ainsi
Foucault dans la démonstration expérimentale de la rotation de
la Terre autour de son axe.
Maintenant Abel avait à partager son temps entre les mathé-
matiques et les langues savantes, le latin et le grec, et aussi
avec d'autres objets qui, à côté de ces deux langues, avaient
été jugés importants pour ses études mathématiques. Parmi
ces connaissances accessoires, il en est une qui lui a été de la
plus grande utilité, l'étude de la langue française, qui cependant
depuis longtemps déjà lui était familière; nous avons vu même
qu'avant cette époque il s'était servi de cet idiome pour rédiger
ses nouveaux travaux. Naturellement c'était, comme par le passé,
sa science préférée qui absorbait toutes ses pensées et tout son
intérêt, et la rareté relative de ses productions, qui se manifeste
maintenant, n'est qu'un symptôme certain, annonçant les grandes
choses qui se préparent.
Déjà, comme on peut s'en souvenir, Abel, encore élève de
l'École cathédrale, s'était cru en possession de la résolution de
l'équation générale du cinquième degré. La réponse de Degen lui
fit voir, s'il ne l'avait pas déjà vu par lui-même, qu'il s'était
fourvoyé, et que son imposant édifice s'était écroulé. Au lieu de
faire comme Jacobi et d'abandonner le dangereux problème, sur
la résolution duquel tant d'hommes distingués avaient usé leurs
forces, il continua avec acharnement la lutte, sans se laisser
effrayer par les conclusions du géomètre danois, touchant la
stérilité de ce sujet difficile.
Après un labeur, ou pour mieux dire, un combat de plusieurs
années, il parvint enfin à trouver l'explication de l'impénétrable
mystère, et en l'année 1824, dans un travail intitulé « Mémoire
sur les équations algébriques, où l'on démontre l'impossibilité de
la résolution de l'équation générale du cinquième degré », il établit,
par une déduction très ingénieuse et témoignant de la grande
difficulté du sujet, bien qu'elle n'eût pas atteint une parfaite