d'expliquer en quoi consistait sa découverte. Mais Hannah non
plus que les autres personnes de son entourage ne put le com-
prendre. Doucement, il en exprima sa surprise. Et, comme on
voyait combien ses pensées l'obsédaient, on s'etI·orça de le distraire
et de changer le cours de ses idées..
Ainsi qu'il arrive si souvent aux phthisiques, il se persuada de
temps en temps, jusqu'à l'heure suprême, que sa maladie n'était
pas mortelle.
Souvent il restait immobile, pressant ses doigts amaigris, et,
quand le symptôme fatal, avec le dépérissement général, vint se
montrer, il s'écria quelques jours avant sa mort « Regardez donc,
ce n'est pas vrai ce qu'on a dit à Paris! Je n'ai pas la phthisie. »
A l'approche du printemps, ses forces étaient épuisées, et sa
fin approchait rapidement. Il allait être séparé de ses projets au
moment où toutes les fatalités qui l'avaient poursuivi étaient sur-
montées et qu'un avenir meilleur semblait prochain. Et celle avec
qui il avait espéré « vivre si heureux, lorsque le moment du
bonheur allait luire, après avoir tant lutté dans l'espoir si court de
jours meilleurs, se trouvait de nouveau abandonnée, après avoir jeté
un coup d'œil fugitif sur un riant avenir. Enfin vint l'heure de la
délivrance. L'agonie de la dernière nuit fut violente; vers le matin
elle s'apaisa. Christine fut infatigable! Des bras secourables en-
tourèrent le mourant tant qu'il resta quelque souffle de vie
pour le maintenir commodément sur sa couche; puis apparut la
froide sueur de la mort. Alors Christine repoussa presque brus-
quement Marie, qui accourait en toute hâte à son aide. Elle
voulait se réserver à elle seule ses derniers moments.
Le 6 avril 1829 fut le jour de la mort d'Abel; à onze heures
du matin, il rendit le dernier soupir, tranquillement et en paix.
Il avait alors vingt-six ans et demi.
Huit jours après, le 14 avril, il fut inhumé près de l'église de
Froland, dans le lieu de sepulture, non enclos encore, de la
famille Smith.