XIV,
La lutte et la suite du développement des événements, jusqu'à
l'époque où Abel cède la place, et où parait le grand ouvrage
de Jacobi les Fundamenta nova.
Abel resta longtemps dans sa retraite lointaine sans connaître
le début de Jacobi. Naturellement il ne pouvait s'attendre à trou-
ver dans un journal astronomique quelque chose qui touchât
profondément ses propres intérêts. Le cahier de septembre, où se
trouvaient les énoncés de Jacobi, était sans doute parvenu à
Christiania dans le courant de l'automne. Deux ou trois fois par
an, il arrivait à l'Observatoire un ballot de livres contenant aussi
le journal de Schumacher. Mais ce n'est guère que par un hasard
qu'Abel eût pu avoir connaissance de ce que le ballot renfermait
d'intéressant pour lui comme mathématicien. Quant au mémoire
de vérification de Jacobi, il était inséré dans le cahier de décem-
bre et, d'après l'état de choses qui régnait alors dans notre pays,
la mer étant prise par les glaces et la navigation se trouvant
interrompue, il était impossible qu'il arrivât avant le printemps
de 1828, et au plus tôt en avril.
Abel, qui ne soupçonnait rien de la rivalité qui se préparait,
et dont la position dans son pays n'était rien moins qu'heureuse,
ne termina donc pas la rédaction de ses Recherches aussitôt qu'il
l'avait promis. Le 12 février, il envoya le reste dans une lettre à
Crelle. Il en forma la partie finale d'un mémoire étendu, conte-
nant un exposé complet des fondements de la nouvelle théorie.
Dans l'intervalle, relativement très long, entre la publication
de la première partie des Recherclzes et l'envoi de la seconde, on
a seulement, de la part de Jacobi, outre son mémoire de vérifica-
tion, une très courte note (d'une page) expédiée pour être publiée,