Mais cela fut aussi une nouvelle source d'indépendance pour
les études d'Abel, tant que, par une petite subvention de l'État,
il fut mis en position de continuer ces études qui s'étaient
montrées si fructueuses. Jacobi devait s'arranger d'une autre
manière; il lui eût été très dangereux certainement dans de
telles circonstances de se mouvoir aussi librement qu'Abel; il ne
lui fallait pas alors dépenser ses riches facultés et son savoir si
étendu et si varié dans de longs travaux d'attente et de résignation
qui auraient exigé les grandes investigations, au plus haut degré
désintéressées.
Abel, appuyé sur ses études des grands maîtres, partit de ce
problème, stérile en apparence, qu'il avait, étant écolier, cherché
comme Jacobi et peut-être comme une foule de jeunes savants,
la résolution de l'équation du 5" degré. Après cela, vinrent les
études sur les intégrales, surtout les intégrales elliptiques et les
intégrales d'ordre encore plus élevé; c'était un nouveau commen-
cement auquel avait donné lieu la réponse de Degen, quand celui-ci
avait dû rejeter le résultat d'écolier présenté par Abel. Dans le
résultat également impossible du savant professeur, il y avait
pour un esprit comme Abel un germe fertile, conduisant au théo-
rème d'addition avec ses innombrables conséquences. Mais plus
tard tout cela se réunit en quelque sorte dans un vaste et unique
problème, où les découvertes algébriques formèrent le principe
qui pénétrait tout.
Abel, après ses premiers échecs, tint donc toujours ferme sans
se décourager, et continua à marcher dans la même direction.
Mais au lieu de chercher d'après l'ancienne manière en essayant
de trouver des solutions là où peut-être aucune solution n'existait,
il prit une autre route qui infailliblement devait conduire au
moins à des résultats, et par ce moyen il parvint à circonscrire
et à étendre son problème ou les problèmes partiels dont celui-ci
était composé.
11 se détermina à donner au problème une forme telle qu'il fût
toujours possible de le résoudre, ce qu'on peut faire d'un problème
quelconque. Au lieu de demander une relation dont on ne sait