mation. En ce qui concerne l'inversion, le grand point capital,
Jacobi ne prétend pas y avoir reconnu avant l'intervention d'Abel
un principe fondamental, d'où devait sortir une branche de la
science.
On ne voit non plus aucune trace d'une pensée si importante,
même dans la dernière lettre à Legendre du 5 août. Dans le
cas le plus favorable l'inversion a donc été pour lui une idée toute
nouvelle, et même dans ce cas elle ne s'est pas présentée comme
un principe, mais seulement comme un moyen. Chez Abel, au
contraire, l'idée avait mûri pendant longtemps, et elle avait
grandi chez lui depuis l'été de 1823, date la plus récente qu'on
puisse admettre pour son origine.
Les choses se sont plutôt passées ainsi Jacobi n'a pas du tout
pensé à donner un précis original et lui appartenant en propre
d'une branche de mathématiques, qui dût comprendre les fonctions
circulaires; loin de là, en s'adonnant à ces recherches d'une
haute importance certainement et, malgré leur programme limité,
exigeant encore des efforts ingénieux, il ne sortit pas de la période
des travaux préparatoires. Il en était encore au point, où Abel
avait été longtemps auparavant, sur la voie des recherches nais-
santes, voie souvent obscure et douteuse, et ne connaissait qu'à
demi son but. Il n'était pas encore maître de son champ d'opé-
ration il avait été et, pour ce qui touche des points nombreux et
importants, il était encore dans l'embarras. Pour ce penseur qui
s'était aventuré si avant, il y avait encore maint combat à soutenir
et maints efforts à faire, avant que les difficultés qui l'entouraient
pussent être surmontées.
Il fallut ainsi que la nécessité le conduisît comme l'avenir
l'a bien confirmé aux études les plus laborieuses et les plus
assidues du travail fondamental d'Abel. C'est par là seulement
que, avec la moindre perte de temps, il put parvenir à la clarté
qu'il cherchait, et se tirer de la gêne où le mettaient autant son
génie primesautier que son impatience juvénile.