Les bois dévastés, où restent quelques rares arbres au milieu des genêts et bruyères, ont aussi des noms très-variés: très-anciennement Absalasl, Apsalas, d'où Abjat, Abzac; Lerm, Landes, Lard2; et les mots comme Landrivie, Merhndie, Lardit, et tant d'autres où entrent ces radicaux. H faut y ajouter Jaure, Jorie, Bruguerie, Brocarie, Ginestet, Seguinie3, Desert, etc. Garrigues, Jarrige, avaient pris aussi la même signification. Eyssart, Yssart, en français Essart, indique un défrichement; il faut y ajouter beaucoup de mots dont, par contraction, l'initiale est réduite à Sar, comme Sarrazy, Sarrazignac, et les dérivés Sarlhac, etc. '1
La langue latine a contribué à cette nomenclature, mais en petite proportion quelques noms viennent de Silva et de Saltus, comme Seke, Boansault, Pronsault, etc. ROCHERS.
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La représentation de l'aspect du pays serait imparfaite si les rochers et les coteaux escarpés qui présentent leurs crêtes en tant d'endroits n'y prenaient une large part dans la nomenclature.
Les rochers ont, dans les temps reculés, servi d'habitation, d'abord dans les nombreuses cavernes dont souvent ils sont naturellement percés, puis sur les points culminants qui offraient un difficile accès.
Rofi* est resté, dans le langage de la partie méridionale du département, l'expression dont on se sert pour désigner une caverne, et par extension il a été appliqué à des repaires cachés, pour la défense, dans les bois ou des creux de rochers. Ces retraites avaient comme cryptes d'approvisionnement les souterrains refuges e, ces monuments inexpliqués jusqu'au travail de M. le docteur Noulet (Rome archéol. du Midi, 1870). Ce nom, qu'on écrit Raufie ou Roffy (prononcez Roufie), est le père d'une longue série de noms dans la composition desquels il entre Ruffet, Ruffenc, etc. Le propre des
1 «Terra absa. Inculta» (Ducange).
«Larris, tendes» (Dictionnaire du pays de Bray). «Seghia, terra inculta, dumetis abundans.» (Duçange.)
4 II y a fête, le 1 7 septembre, aux Sarrazis, près de Bergerac, pour une victoire que le duc Eudes aurait remportée en <j3U entre Maurens etla Chancère. Soit, mais il est difficile d'attribuer aux Maures ou Sarrasins tous les noms dans lesquels entrent les radicaux Maur et Sarra: leur nombre est si considérable, qu'il aurait suffi pour faire reconnaître l'erreur. Les Sarrasins n'ont d'abord jamais occupé le pays, ils n'ont fait que passer.
Les Anglais ont été les maîtres de l'Aquitaine pendant près de quatre cents ans, et ils n'ont laissé que trois ou quatre noms, peut-être, à des lieux du Périgord. Et puis, pourquoi deux noms, Maure et Sarrasin, pour indiquer une armée qui n'en avait qu'un assurément pendant le temps si court de l'invasion?
5 Dans l'arrondissement de Bergerac, ainsi que dans le Sarladais, les grottes sont appelées Cluseaie quand elles sont à découvert et habitables, Roffy quand elles_sont souterraines. (Audierne, De l'âge de la pierre enPérigorà, 1863, p. 34.)
5 Le souterrain de Canes, par M. Vasseur, 1872.