Quels sont, pour Nancy, ces facteurs de prospérité? Comment avaient-ils joué dans l'histoire de la ville? Comment et pourquoi ont-ils brusquement donné la transformation actuelle?
I. LES ÉLÉMENTS D'EXISTENCE. Nancy est une ville dont la situation générale est pleine d'intérêt, et dont le site est assez indifférent. Dès l'abord on s'aperçoit que ce n'est pas aux qualités de celui-ci que la ville doit soit son honnête prospérité d'autrefois, soit son superbe développement contemporain. A) 6'~M~OH. A regarder les environs immédiats, Nancy apparaît une «ville de côte ".puisqu'elle est établie au pied de la falaise des côtes de Moselle. C'est là un type fréquent dans la partie orientale du Bassin parisien depuis Sedan jusqu'en Bourgogne. L'intérêt de cette situation est vif, surtout au point de vue des ressources agricoles. La variété du relief, du sol, de l'exposition, que recèlent les pentes des côtes, leur vaut des produits de toute sorte bois en haut, prés en bas, à portée des eaux, vignes et arbres fruitiers sur les flancs. L'alimentation en eau est assurée par les sources qui naissent au 'contact des calcaires d'en haut et des marnes en bas. Le pied des côtes est un des sites d'habitat les plus appréciés en Lorraine.
D'un peu plus haut, Nancy se présente avec une autre caractéristique; elle est une ville de « trouée de côte ». Sur son emplacement, ou presque, la Meurthe pénètre dans la muraille calcaire, ouvre une route par Frouard vers Toul et le bassin de Paris. En même temps Nancy n'est pas loin de la brèche que fait la Moselle à Pont-Saint-Vincent. Cette fois encore, constatons que cette situation se retrouve à plusieurs reprises le long des côtes. Montmédy, Longwy, Metz, gardent des trouées; Dijon occupe l'entrée d'une autre. Poursuivant l'analyse, on peut dire que Nancy se trouve sur une ligne de contact de régions assez tranchées. Tandis que les côtes de Meuse ne sont guère qu'un accident dans le déroulement des plateaux calcaires, celles de Moselle soulignent la disparition presque complète de ce paysage des plateaux, remplacé par la nature de plaine, que troublent à peine les débris d'une petite côte de calcaires liasiques. Donc, d'un côté les grandes plates-formes presque toujours sèches, de l'autre le pays des guérets de terre lourde; d'un côté le pays des bois, des lisières de vignes et de vergers, de l'autre les prés, les céréales, les houblonnières; aujourd'hui le royaume du fer opposé à celui du sel, du coton, de la porcelaine. La zone de contact de ces deux grandes régions lorraines, c'est le chapelet des centres nerveux de cette province. Enfin Nancy peut être considéré, de plus haut encore, comme étant placé à l'entrée du Bassin parisien. Il est à la limite véritable de cette vaste contrée; il en occupe une des portes, par où le contact se fait entre le cœur de la France et la région rhénane.. On pourrait être tenté de croire que Metz, Thionville, d'autres encore, étaient aussi heureusement placées. Mais Nancy