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Titre : Voyage de Monnet dans la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme, 1793-1794 / publié par Henry Mosnier

Auteur : Monnet, Antoine-Grimoald (1734-1817). Auteur du texte

Éditeur : impr. de M.-P. Marchessou (Le Puy)

Date d'édition : 1875

Contributeur : Mosnier, Henry (1846-19..?). Éditeur scientifique

Sujet : Haute-Loire (France)

Sujet : Puy-de-Dôme (France)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30964064c

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (XVIII-100 p.) ; in-12

Format : Nombre total de vues : 121

Description : Collection numérique : Fonds régional : Auvergne

Description : Récits de voyages

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k351331

Source : Bibliothèque nationale de France, 8-Lk4-1474

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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VOYAGE DE MONNET


LE PUY. TYP. ET LITH. M.-P MARCH~S30U


f

VOYAGE' ¡"

J

DE

MONNET

'PECTEUR GENERAL D ES MINES

TE-LOIRE ET LF. PiJY-DE-I)OIIE

A) TE-LOIRR ET LE PlJY-DE-I)O)U:

v

l "?' 1 ''?' J

PUBLIÉ PAR

HENRY ~IOSNIER

LE PUY

IMPHIMEI\IE BE l\.1.-P. MAIl CH ES SOU 1875


INTRODUCTIO~

Au moment où la Conveniion se trouval1t aux prises avec l'Europe coalisée contre la France, ellvoyait huit armées aux frontières, des manufactures d'armes furent créées ou réorganisées, sur divers points de la République, avec l'énergie du désespoir. Mais les efforts de la défense se concentrèrent surtout à Paris; de vastes ateliers furent établis autour de la place Royale, et, pourvus d'ouvriers habiles, fournirent bientôt, en ql1antité considérable, canons, fusils et autres engins de guerre. l\Jallleureusement, l'anarchie d'a,])ord, les réquisitions ensuite, vinrent arrêter presque con1" Plétement le travail dans nos différents bassins 1-iotiillei,s; et. hielltl)t le cllarloomoanquant 1


l'on di~t ralentir la fabrication, puis éteil1drc le feu de plusieurs forges.

En présence de cette situation critique, nos

gouvernants ne perdirent point. courage des COillulissaires furent aussitôt en:voyés dans les princi pauX centres de production, avec mission d'activer, par tous les moyens possîbles, l'extraction du précieux combustible et de le faire diriger en toute hâte sur Paris.

Parmi ces commissaires, le savant l'lonnet

reçut l'ordre de se rendre dans les ))assins de Brassac et de Sainte-Florine. Plus que tout autre, il était apte à remplir cette importante mission inspecteur général des mines, connu par de ren1arql1ables travaux sur la métallurgie et l'exploitation minière, il avait l)UrCouru une partie de l'Europe pour y visiter les mines et les hauts-fourneaux les plus célèobres. En outre, originaire de l'Ativercrne, il connaissait parfaitement les mœurs des }1abitants de' cette province et les ressources dont elle pouvait disposer, cQnnaissance qui devait l'aider singulièrement à diriger des 11on1mes fort ignorants d'un art dont les progrès -n'avaient pas

pénétré jusqu'à eux.

L'on I)OUrrait croire que Monnet accueillit 'avec joie cette marque de confiance; il n'en fut rien. Homme de l'ancien régime, il vO.yait avec tristesse les excès dont gémissaient alors ~en France tous les gens de'bien aussi sa pre.


mière pensée fut-elle de refuser l'emploi qui lui était offert; car « il lui rélJugnait de servir une cause si opposée à sa lnanière de penser, et d'êlre obligé de feindre des sentiments qll'jl n'avait pas. » l\fais bientôt, après mûre réflexion, il se convainquit de cette vérilé (qu'en temps de révolution il est aussi daricrereux de rester neutre que de prendre un parti, ». De plus, il envisageait sa situation prksente. Une partie de sa modeste fortune s'était eligloutie. dans la faillite de l'insouciant prince de G1.1é. méné et la Convention venait de sUl)pritner son traitement d'inspecteur général;, et s'il n'acceptait cette position honorable et lucrative ne serait-il pas obligé de lutter avec la n1isère, ainsi q ue ses deux enfants?

Dans ces conjonctures un rcfus était irn-m possible. Monnet, accompagné de sa fille, partit donc pour 1'Auvergne, dans les prexniers rnois de l'année 1793, et- vint se fixer à Brassaget, petite localité voisine de Brassac. Il séjourna plus d"un an dans pays et remplit avec. zèle et dévouement la tâche 'qui lui était imposée, quoique sa position fût très-en~l~ar~

rassante.

En effet, d'un caractére plein de f ilanchise et de loyauté, il ei~t sans cesse à se défendre con~ tre les ruses astucieuses de gens qu'il contrariait dans leurs spéculations avides et éhontées, en satlve~anclaut les intérêts ~énérat~x, Il fat


pouulaot assez heureu~, ainsi qu'il ie dit cl~ns une de ses lettres, pour rencontrer, à Brassac, « des âmes allalogues à la sienne qui gén1issaic11t avec lui Sllr tout ce qui se passait, et t4achaiarit de le consoler de ses ennuis'-». Il trouva aussi U11C agréal)le diversion à ses « occuI)ations cllagrinantes » dans un voyage qu'il fit à SaintEtienlle en traversant le Velay où d'intéressants sujets d'études s'offrireut à 1lli.

C'est le récit de cette mission et de ce voyage que nous publions, après l'avoir trouvé parmi les autres manuscrits de Monnet conservés à la ))iJJliothèque de l'École des Mines. Cette narration,'écrite dans le coura,n t de,l'anllée 1802, for.nle un assez gros volun1e in-1o. Grâce à l'obligeance et à la courtoisie de ~i11. Daubrée, directeur, et Dupont inspecteur de l'Ecole, nous avons pu prendr~; copie des fragments suivants qui intéressent particulièrement le l)ays. Les autres parties, reproduisantdes thèories géologiq11es et minéralouiques, fort in- génieuses en ICl1r tcmps, aujourd'11ui sans grande valeur, ne nous ont pas paru mériter les honneurs de l'iryression; mais nous avons

cru devoir apporter, à l'aide de notes, divers éclaircissements -at1' texte de l'auteur et condenser dans une COl1rte notice biograpllique tous les renseigrlements que nous avons pu

recueillir sur notre compatriote,

~"] 0 Il net (A I) to i Il e-G ri m 0 a 1 d) n a fI II i t cil 173 4 à


Champeix en Auvérgne (1). Il appartenait à une famille qui chargée de nombreux enfants comme presque toutes celles de l'ancienne bourgeoisie, ne put lui donner une éducation COn11)lèle et lui ouvrir une carrière lil)érale; aussi, dès ses jeunes années, dîlt-il cl1ercller, dans son travail personnel, les moyens de compléter son instruction. Dans ce but, il vint à Paris à l'âge de 17 ans et entra comme employé chez un apothicaire de cette ville. Bientôt, en11~ainé par un goût très-vif vers la chimie, mais dépourvu des ressources nécessaires pour suivre les cours particuliers que Rouelle faisait alors avec un grand succès, il y suppléa par une étude opiniâtre et approfondie de tous les livres de chimie et de Eoarmacie qu'il app'(enait presque entièrement par cœur) et par les réflexions que lui suggéraient ses lectures et les expériences au:{quelles il coopérait. Valmont cle Bomare le prit en affection et l'envoya avec de pressantes recom mandations à Sigobne, pharmacien

de Nantes, qui jouissait d'une grande réputation

(-1 } AujourJ'11uÎ chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Issoire (Puy-de-Dôme).

M. le maire de cette ville à qui nous nous étions adresse p our connaitre la date exacte de la naissance de Monnet nous a répondu que les registres de 1 etat civil pour l'année 1734 manquaient malheureusement dans les archives municipales.


de sci.ence. Peu de tenlpS après, l'atialyse d'llJ1C eau minérale découverte,vers cette époque, l)rès de })aimbœuf, et l'analyse de l'eau de mer faite à cette occasion, fournirent-à I\Ionnet le ;sujet de deux mémoires qu'il présenta à l'Académie des Sciences, sous les auspices de Guettard, et qui attirèrent. sur lui l'attention. l\'Iacql1er, chargé de l'examen de ces Inémoires, s'intéressa à leur auteur et le mit en relation avec M. Poulletier de la Salle, q11'un penchant invincible avait poussé à l'élude de la I mérlecine et de la chimie, et don t le laboratoire était un des mieux installés de Paris. Ce fut chez ~1. Poulletier que l'illustre l\tIalesherbes réncontra le j.eune Monnet, apprécia son mérite et le choisit pour l'aider dans l'exécution du projet qu'il avait formé de s'instruire 'a' fond dans la pratiql1c de la cl1ilnie.. Une maison fut louée dans ce but; et, peu de tenlps après (1766), Monnet y ouvrit Ull cours de cllilnie, qui,. en le faisant connaître, fut, ainsi qu'il le dit luinlême dans une de ses lettres, le commencement de sa fortune et de son élévation. Depuis lors, M. de l\ialesI1erbes ne cessa pas de le sui~~re dans ses progrès, de 1"encou'racrer, de.l'11o. norer de sa protection et de son amitié. Le T7~ai~é E~e~s' ea~~cx minérales et celui De la ~z~io~isatio~z et de l'alzc~~za~io~z q u'il pllblia en 1768 et en 1769, f rent du ])ruit dans le monde savant et Itii val tIrent une réplitiition méritée.


A la suite de ces importants travaux, il fut présenté à D2. de Trudaine, comme un des hommes les plus propres à remplir les vues du gouvernement qui s"occupait alors à forlner des sujets instruits dans l'art de l'ex11)oitation des mines. Ce ministre l'envoya, 1"anni,%e suivante, en Allemagne, pour y étudier les mines et les hauts-fourneaux les plus connus. Peu de temps après son retour, en récompense du zèle qu'il avait déployé dans cette 1-nission, et des précieux documents qu'il en rapportait, ~Ionnet fut. nommé inspecte1.tr-général des mines. Dans ces hautes fonctions, le savant géologue rendit de' grands services son payi; « Monnet, lisons-nous dans l'article n.écrologique publié à sa mort dans les An~zales des Mi~aes (1), Monnet peut être regardé comme un des hommes qui, avec MM. Jars et Duhamel, ont ¡le plus contribué à répandre en France le goût des connaissances positives sur l'art des mines et à faire sentir la nécessité d'appliquer à cet art les principes des sciences exactes et des sciences physiques. » Mais il eut le tort, ajoute un de ses biographes, (~ de s'aveugler au point de ne pas reconnaître les progrès que la chimie dût aux découvertes des Lavoisier, des Four-

croy, des Berthollet, et le tort plus bTand de

(1) A~zna~es des j~i~~ ~o u~° t 8 t 7


c:ombattce les résultats évidents de l'expérience. Son entêtement, à cet égard, le brouilla avec presque tous les savants et nuisit J)eaucoup à sa célébrité. »

Monnet réunissait, du reste, à un hallt degré,

si l'on en croit ses contemporains, toutes les qualités essentielles qui font le savant distingué et l'homme estimable il y joignait une grande indépendance d'opinions, une franchisé auvergnate poussée quelquefois jusqu'à la rudesse qui se faisait remarquer dans ses manières, ses discours et ses écrits. Il fut lié d'alnitié avec un grand nombre de personnages distingués de son temps nous citerons, parmi ses relations les plus intimes, les poëtes Roucher, l'auteur des ~~ois Saint-Ange, le traducteur d'Ovide l'estimable et'])on Ducis; le docteur Duchano~ la spiri tuelle Mlle de Lespinasse, le journaliste du Rozoi, la capricieuse Mme Suard et Suard, le vaillant publiciste; d'Alembert, le duc de Charrost, sur les terres duquel il avait découvert des mines importantes M. de la ~1icho-

dière, l'ardent conventionnel, plus tard Deleyre,

et l~Lme Deleyre, l'idéologue de Lisle de Salle, les deux Monge, et surtout l'abbé Rozier, le célèbre agronome, avec qui il entretenait nne correspondance scientifique des plus suivies. Ses relations quotidiennes avec 'ce dernier avaient fait naître en lui un goût très-prol10ncé ponr l'riculture et, depuis lors, il s'adonna à


cet art avec la passion qu'il apportait à toute Œllvre lltile. Il partageait son tem ps entre l'étude des sciences naturelles et I'e~ploitatioll d'une ferme qu'il possédait au Plessis, près de Melun: « Je n'y gagne pa*s autant u'un fermier, ecri4-il'à l'une Je ses amies, Nlme DIl111eil; mais j'emploie agréablement mes loisirs à soi~ner des arbres et des fleurs plantés et semés par inoi malheureusement mon terrain est trop peti t. »

Mais son ami le plus intime fllt son compatriote Thomas, de l'Académie française, pour lequel il avait une vive affection et avec qui il passait tous les instants dérobés à ses travaux. Qu'on nOl1S permette à ce sujet une anecdote Un dimanche, ~Ionnet, lisons-nous dans ses lettres, étant parti pour aller passer la journée .chez Thomas, il Auteuil, entra chemin faisant chez Ducis, qui habitait non loin de là, et l'engagea à se joindre à lui' pour venir dîner chez le grave auteur de l'Essai s~ les élo g es. Ducis refusa, .prétextant de ses nombreuses occu p ations, de l'heure avancée, et enfin des ~~r~ 1 ~aratifs faits par sa gouvernante po~ar son propre repas. Effectivement tin dindon superbe rôtissait ait feu flamJJant de la cuisine en exhalant

un ngréa])le parfum. Se rendant à ces bonnes raisons, ~lonnet allait continuer sa rotite, lors-

qlj'UnC idée Itlmil1Cuse traverse .le cerveau du tendre ûticis Eh bien! marcholls, D s'écrie


le traducteur de Shah-.espeare, Saisissant un long bâton, il le passe au travers du coq d'Inde cuit à point, charge ce fardeau sur son épaule et les deux amis traversent gravement, dans toute sa lorioueur, en ce singulier équipage, la grand'rue de Passy et celle dAuteuil, "au grand él)ahissement des bons bourgeois et des boutiquiers qui sortent de la messe ou devisent sur le pas de leur porte. Se figure-t-on ce poëte, alors dans tout l'éclat de sa réputation, s'avançant majestueusement, -son dindon en guise d'étendard, tout en causant avec le savant naturaliste? Que cet heureux temps est -loin de nous Une pareille simplicité ne se comprendrait plus de nos jours et serait traitée d'extra-

vagance.

~ïonnet s'éta~t marié deux -fois. Sa première

femme dont nous n'avons pu retrouver le nom, lTIOUrut jeune lui laissant deux enfants une fille, dont il sera plusieurs fois -question dans le récit q11e nous p11blions, et un fils qui passa sa jeunesse chez un frère de SOII'père, chanoine de l'église de Vie-le-Comte, grand amateur lui-même de géologie et atiteiir d.Jl1~ mémoire relatif à cette branche de l'histoire naturelle (1). ('1) .~isse~~taiïo~z s2cr les débris des volcans d'Auver°g~2c et sur les ~oclzes qui s'y trouvent, par }Ionnet, chanoine de la Sainte-Chapelle de Vic-leComte; in-40 de 12 p. w


Son second mariage eut lieu dans des cir-

constances singulières qui méritent d'être rapportées. Quelques années avant la Révolution, Monnet fit la connaissance chez Thomas d'une femme de lettres fort recherchée par son esprit. Elle se nommait Mariette Moreau. Née à la Rochelle, en 1752, et fille d'un per ruquier, elle avait pu, grâce à la munificence c~'une grande dame qui l'avait prise en amitié, recevoir-quelque éducation. Venue à Paris, elle se lia avec d'Alembert, Diderot et la plupart des encyclopédistes. Voltaire à qui elle avait adressé des stances sur le bonheur de la sa~c~se, lui répondit par une épître très-flatteuse où, après l'avoir comparée à Sapho, le philo-

sophe ajoutait:

Diderot qui jamaid ne ment,

M'a dit que vous étiez et moins tendre et plus belle. Je vous en fais mon compliment,

~VIonnet qui était alors sur le point de perdre sa place, par suite d.'un changement de ministère, crut trouver un appui, auprès des puissants d.u jour, en épousant ce bas-bleu honoré de la protection de Mme Necker et plus particulièrement de celle du due de Luxembourg et du prin ce de Soubise. Son but fut rempli grâce aux démarches de sa femme,. on le maintint dans ses fonctions d'inspecteur général des mines, mais


il'ne trouva aucun bonheur dans cette union qui ne tarda pas à se dissoudre du cousentement des deux époux. Mme Monnet continua de cultiver les lettres et de vivre dans la société des ])eaux esprits du XVIIIe siècle. Elle mourut, le 12 novembre 1798, laissant un grand nombre cle romans et de contes morauY aujollrd)]1ui oubliés (1).

Le savant inspecteur des mines n'était revenu Ql1'à de rares intervalles dans son pays natal, 1.17y possédant plus rien, après l'abandon fait à l'une de ses soeurs, de sa part dans l'héritage paternel consistant en vignes évaluées à la somme de 2,000 livres. Il était cependant resté en correspondance avec les 11on1mes distingués de ce ya5 s et parmi ses meilleurs amis d'enfance, nous trouvons les noms de l'abbé Delarbre, ])otaniste de mérite, auteur de la rlore d'Auzer~yne, du chimiste l\'Iossier et enfin d.'Ozy, pharmacien de Clermont, pensionné par le ministère de 1,1 marine pour son invention

d'un biscuit

perfectionné.

( 1 ) Citons

parmi ses œuvres principales T~es

Contes orientaux, ou récits du sage Caleb, voyageur persan (Paris, 1772, in-~2); une idylle sur lesfleurs; l'Histoire d'A~~eL-a,~otcr, suite des Contes o~°~e~l,ta2c~~ (Paris, 177li, in-12); Lettres de ~Jenr~ Blein~nore (Paris, 1. 787, 2' vol. in-12) Essais en ve7~s (Paris, 1788, in-8°) Les montagnards, comédie (Paris, 1795, in-8°), etc., etc.


Pen de temps après sa fondation, la Société littéraire de Clermont av«eiit tenu à lionneur de ùécerner à nionnet le titre de membre nonrésidant, ainsi que nous l'apprend une ]ettre de remercîments écrite all docteur Duvernin, de '!jc-Ie-Con1te, par le récipiendaire qui proteste de son attachement pour le coin de terre où il a vu le jour et passé son enfance.

Le premier voyage de notre auteur en Auvergne eut lieu en 1784; il venait conduire sa fille aux eaux du l4lont-Dore.

Le second date de l'année 1793; nous en connaissons le motif. Son passabe dans ce pays fut marqué, ainsi qu'on pourra le voir dans le mémoire qui va suivre, par d'lleureuses innovations et une ré~lementation habile et l'on doit regretter qu'un rappel précipité ne lui ait pas permis de mettre à exécntion les projets que ses connaissanees spéciales et son amour pour son pays natal lui avaient fait concevoir. Il retourna à Paris vers le milicu de 1794. -])endal1t son absence, un grand vide s'était fait dans les rangs de ses amis plusieurs d'entre eux." avaient émibr~; le pÓëte Roucller et le journaliste du Rozoi avaient porté leur tête sur l'échafaud. Forcé de vendre son domaine du Plessis, Monnet n'eut plus pour toutes ressources que son traitement d'inspecteur général des nlines, -position qu'il- conserva à gral1d'peine

lors' de la réorganisation du corps des Inillcs


en 1794, et plus tard qu'une modique pen~ sion. Il vécut dès lors dans une retraite absolue. Parvenu à un âge. avancé, il ne perdit rien de l'espèce d'originalité de ses manières ni de son activité il s'occupait incessamment de recherches nouvelles et de la rédaction d'observations multiples, apportant fréquemment aux conférences du Conseil des Mines des mémoires sur ses voyages des analyses chimiql1es, etc. Monnet mourut à Paris le 23 mai 1817.

Il était membre des Académies de Stockolm Rouen, Turin et de. plusieurs autres Sociétés savantes. La rudesse de son caractères nous ["'avons dit, mit obstacle à. son élévation. Cependant l'énumération que nous donnons de, ses principaux ouvrages, montre suffisamment le mérite de cet homme qui fut l'arti.san de sa fortune.

Sans doute, ces ouvrages renferment bon nombre de théories surannées mais ils dénotent aussi une immense somme de connaissances et de travail, et permettent de placer sans hésitation lionnet au nombre des savants les plus distingués de la seconde moitié du XVIIIe siècle..

HENRY ~10SNIER.


1

L ISTE

DES PRINCIPAUX OUVRAGES DE MONNET

Recueil de cic~i~n2e. Notes tirées des œuvres de M. Rouelle. Manuscrit, 1757; 1 vol. in.4o. Trait~ des eaz~~ ~ni~zé~~ales. Paris, 1768; 1 vol.

in-1

S sté-rne c~e rnir~·alo ie. Essai d'une traduction de la minéralogie de Cronstadt. SainteMarie-aux-Mines, 1769. (~Ianuscrit.)

T~~aité de l.a vitr~zolisatio~z et de l'alunatrorz., ou l'art de fabriquer les vitrioles et l'alun. Amsterdam, 1769; 1 vol. in-12

Cabinet de inindralogie. Manuscrit, 1770; 1 vol. in-4o.

Fx~osition des mines, ou description de la nature et de. la qualité des mines. Paris, t 772 in-1?, 1 vol.

~atalor ue raison~zé rnz~ae~alo ~9' i ue, Olt introduction à la minéralogie. Paris, 1772; 1 vol. in-12..

l~You~~cllc hyd~~olo~ie, ou exposition de la Il ature et de la clc~alit~ <!B's eaux: Paris, 1772;,1 l vol. in~8°.

~'raité de l'ex loitatz n des tni11es. Traduit de l'allemand. Paris, ~3;1 vol. jn,-4o.


~~istoi~he c~'zc~ 2voyar~e ~i~zcir~alog?~rcc lait cla-rts

le Soisso~z~~iais, la Clza~~z~cc~~2e, la Lo~~la~i~~ze e.t lcs ~Yos cs e~z i i3-7~. l\lanuscrit,-1 vol. ill-4°

Dissc~rtatio~a szc7~ l'arse~2ie. ner] i 0, 1774, 1 yol. in-4°.

M'ocr-ifé clc aa clissol~~tio~z clc.s ~~2,étaxc~. Amsterdarn, '1 77 [}; 1 vol. i n -1 2

:1~'o~uca2c s~stc~~ic de ~ni~~éucrlo~ic. ~aris, 1779; 1 vol. in-12

~'o?Jayc f cr.~t cla~zs les ~~os~cs. uscri L, 1.7 î 9 1 vol. in-4°..

i-'o?~a~c ~r~.z~~zé~~°alogiq-2~,e cn.t~~e ~Salt,~ljo~c~~y, ~rrt- ~lr~o7it, ~c~ Strasbo~ ctc. ~lalll1scrit, 1 '1 vol. in-4°..

jTo~a,gc ~r~zr~zéraloyiq~ce f ccit cla~zs les c~~azi~~o~~xs de Panis. ~Ianuscrit, 1 vol. in-4o.

~'o~a~e ~~ai~z.éralog2qz~e lait clchzc~is Bh~cssac jrcsq~z'cz Sai-r~t-Cie~rz~~i.e e-tz 1784. Manuscrît, 1 vol. ill..4°..

Tablca2~ h~2sto~~zq~e et ~~lz~i~loso~j~iq2ce de l'owgi~~zc et c~cs ~~r~ogr~ès clc la chi~~zie ~ct cle la ~i~~é~nalo~~ip c~z Prc~~tcc. ttlaIlu.scri t, 1785; 2 vol. irl-q 0

Histo~i~~c cl'uc~a ~~oya~e f cciG ait ~lo~2t-I)or~e e~~z .1 %8C~ ~ianllscrit, 1 vol. in-4°.

jro~a~~s ~~ii~2ét~alo~iq~ces et yé~a~~ciq~ces clcc~2s la basse et hac~e tlzc-~er~~vte (clé~a~~te~~2,er2,~s dit P2~y-~de-Dôrnc «et cl~a Cat~tul), e~~ 1787-'88. 1\1 a n u sc ri t 1 vol. i 11- 4()


cipes de la ch~im~ie ~e2~~nat~que. Turin, 1789; 1 vol. in-4?

~#cr~~o2~71e lzistor~~que et wolitiq~~e sn~~ les n~znes de ~a~~2ce. Paris, 1790; Il)roch. in-8°. l é?~ze~ts de ~nin~~°alo,git géologiq~~e et géor~a~l~zqzce, ou tableau minéralogique du globe terrestrc. 1789-99, 1 ra partie; 1802, 2e partie. 1 vol. in-41) (manuscrit,).

~i~èces clrve~ses l~~es dans les eor~ f é~re~zces des ar2.z~ozes, cicc~zs l'lz~~er de 1801 et celui de 1802. uo~ice s~c~~ la. vie cle Dalo~rzriez~ Manuscrit, 1 vol. 111-4°..

~ér~2o~st~~atrco~?z de 1 a f araseté des vli~acz es des ~t~ozc~~eaz~x ctzzr~istcs. Paris, 1798, 1 vol. in-8°.

.cct des ~?~~i~~es, ou reeueil des ol~ser~~ations, 111,91pports et 111émoires faits. sur les mines. l\Ianusûrit, sans date ;1 vol. in-fo.

F hlisto~-r~e cie ~~zes ~oyages ay~t ~o2G~~ but c~e zzs~iretl les eaz~x ~~zirzénccZes. Manuscrit, sans date 2 vol. in-4°.

Essai des rri~zc~ ~es de m~talh~~1 g ie. ~ianuscrit, sans date 1 vol. in,4 °.

Cor~°eçtio~z et exte7zszoaz d2~ clez~xzcrrie chcc~~tre cie Z'o~~vrage de ~Tzllija, 2nt2trc~lé ~o ya~~e c~c~ns les d~~arteme~zts de la .~r~c~ee. lllaDllscrit, salIS date.)

~'uf~leazc cies ~no~~°~s (le la chimie. Nlantiscrit, 1 va1. iI1-4°.


Co~~1s de chimie théorique ~e~ ~~ra~z~e, ~e~~lzue â des jeu~~es ~e~zs. Mantiserett, S:lns date;

1 vol. iI1-4o.

Hzsto~Lre d2~ co2~rs de chi~rie clc Ya~2~girard, lVlanuscrit, sans date 1 vol. ill~4°.

~~a~~zerc c~r~~2g~e de l'o2~vra,r~e de ~oi~rcr°oy su~ la no~veLle ~héorze cLz~zi~~ue. Manuscrit, sans date ;1 vol. in-4°.

Essc~-z ~z-istori~2Le s~i~r L'acLr~2z~aist~~c~t~zor~ des 111i-

~ies c~e Frc~~iee. Manuscrit, sans (late; 1 vol. in-4°.

nTonnet a, en outre, publié, en collaboration

avec Guettard, un Atlas mi~zé~~aloc~iqcce de la Foa~zce, ouvrage' fort estimé, et un grand nombre à'analyses et de mémoires dans le Journal de Pfz.,ysic~ue de son ami l'abbé Rozler.


VOYAGE DE MONNET

el

9

INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES

DA!VS L.4 IfAUTE-LOIRE E7' LE PUh-DE-DOME ("

& go a 0 9 0 a 0 a 0 0 a 9 a 0 a à 9 0 6 0 0 a 0 0 a 6 a 0 0 0 9 9 0 0 9 go

..t Pour me distraire et prendre du rela-

che de mes occupations chagrinantes, je profitais lorsque je le pouvais sans nuire à mes occupations et à mon devoir, des occasions sorties qui se présentaient..

Parmi ces sorties, j e dois surtout faire men-

1ion de celles que je faisais pour aller dal1s la maison de M. de Séveyrac à Auzat, village éloigné d'une petite lieue de Brassac .( 1). C'est dans cette maison que je recev:ais le plus grand soulagement à mes peines. 1\'1. et Mme,de Séveyrac étaient les gens les plus respectables de ce pays et m'accueillaient avec les sentiments de la plus affectueuse amitié. Je me plaisais beaucoup dans la compagnie de cette

(*) Pour ne pas interrompre la lecture du réci,t de Monnet, nous avons rejeté les notes à la fin.


aimable dame, tre l'excellente éducation qu'elle avait reçue, avait un excellent esprit et le jugement le plus droit; je n'en sortais jamais qu'à regret. Mllede Brassac (1) m'y accompacrnait quelquefois quand j'y allais avec ma fille qui m'avait suivi avec plaisir dans ce pays-là, quoique la saison fût fort avancée.

Cette excellente daine en avait fait son ar~~ie

elle ne l'appelait plus que la chère ~!Iarguerite, un de ses noms de baptême. 6

a a 0 a Mlle- de Brassac ou du Croc, comme

on l'appelait dans le pays, depuis Clll'OI1 était venu lui apprendre son a11cien nom sentait bien aussi que j'avais J)esoin de dislractio11. Dans cette pensée, elle m'envoya inviter à une partie qui ne pouvait guère s'appeler de grand lilaisir, puisqu'il s'agissait de traverser à pied Oeaucoup de neiae, pour arriver à un grand village qu'on appelait Lempdes (2), sur la lietiie rivière d'Alagno11 (3) qui va se jeter dans l'Allier, rivière si connue par les ravages qu'elle fait dans l'hiver, lorsqu'elle emporte la fonte des neiges.

L' Alag~non, quoique bien plus petite n'est

pas moins terri))le Par les ravages qu'elle fait, non-seulement par la, fonte des neiges mais encore par la vitesse avec laquelle elle descend, à cause de sa grande pente. Elle clescencl de Massiac (4), petiteville qui se trouve surla route cle Saint-Flot1r. Par les pierres et galets qu'elle


entraîne, on peut voir facilement de quelle

natare sont les montagnes et terrains qui avoisinent celte petite vallée. Les brèves qui l'accompagnent depuis Lempdes jusqu'à son emlouchure à l'Allier, qui n'est pas fort loin de là, peuvent présenter, aux yeux du naturaliste, une collection minéralogique de pierres primitives, savoir des granits, des quartz, etc. Le peu de temps que j'avais à rester là, ne me permettait pas, non Plus que la l1eige et le froid, de les exami11er;, mais je m'aperçus fort ])iell que la plature assez large sur laquelle est bâti ce village était un de ces anciens fonds on creux faits d'abord par le travail des eaux et ensuite cômlolés par les pierres que le torrent y amenait.

Je jetai les yeux sur un village qui domine Lempdes et qui est de l'autre côté dubassin et fait partie de la haute côte qui est en face de cet autre village qui s'a1111elle ~lauriac (1 ) et qui est dominé lui-même par une pointe couronnée par ces grandes colonnes basaltiques dont on a tant parle.. J'avais déjà vu ces grandes colonnes autrefois et examiné la position qu'elles occupent mais je n'y avais pas mis l'importance que j'y mis cette fois. Il est remarquable, me dis-je, que les pointes des montagnes de la Basse Auvergne soient toutes couronnées par ces colonnes l~asaltic~ues. N'est-ce pas la preuve -que ces pointes ont fait partie autrefois des


plaines s~r lesquell~;s ont coulé, des -torrents de. lavé et que )es parties conservées actuellement ne l'ont éte: que par l'assembla~e de la natnre des laves qui a résisté jusqu'ici à l'effet des eaux, tandis que les parties où il y en avait moins ont ~:l~: ~sées et e~nportées parce qu'elles y 'éprouvaient beaucoup moins de résistance Y Tel est me disais-je, le système ou la manièée de penser du savant Desmarets dans les mémoires qu'il a écrits sur l'Auvergne et qu'il a publiés dans les volumes de l'~lcadCmic royale des Sciences ( 1 ).

Sur ces entrefaites arriva â Brioude un représentant en mission. Ce prétendu représentant du peuple était un homme trèscommun, mais d'un caractère assez bon. Il était originaire du pays de la Haute-Loire, et avait plus sollicité cette commission pour ses affaires particu1ières que pour ce qu'il appelait le bien public. Il se nommai t Lemoyne (2) et était accompagné d'un jeune homme qui s'appelait Peyrard (3), bien plus que lui le chef de cette mission. Ce dernier était lettre et versé dans les matl~cmatiques. Il est aüjourd'hui un des principaux professeurs du lycée Bonaparte. Son histoire peut donner une idée des maeurs ~Iui avaient précédé la Révolution. Il était destiné à être prêlre dans son pays qui est le r~me que celui de Lemoyne, lorsq2z'une fredaine de jeune homme le porta à déserter le


t

sélilinairc. Il vint à Paris, où il né trouva au-ffl cune ressource pour vivre., et s'engagea dans les Gardes-Françaises.

Le métier de soldat était une grande et péni.ble tâche pour lui. Il avait de l'instruction et, par conséquent, la p ensée 11aute.. IJldigné de voir que les officiers de son corps n'avaient que de la morgue et de la hauteur, il se trouva hu-' Iriilié dJêtre sous leur discipline et prit un si grand regret de se voir à ce service, qu'il fit le projet de déserter à la prelnière occasion, lorsque la Révolutioil arriva heureusement pour le tirer d'embarras. AU'ssi la, servi t-il de tout son pouvoir. Comme il avait la verve haute et qu'on le considéra bientôt comme un des corypli'ées de la Révolution, on le nomma Ineul'bre de l'assemblée qu'on nommait du d~~ar~er~e~ de Paris. Il siégea auprès de ce malheureux' jeune duc de La Rochefoucauld, dont le sort est devenu si, affreux après cette époque (1). Ce Peyrard, la tête ex~rèr~~ement exaltée, publia un petit ouvrage Sllr l'atlié*lsme (2), q~~i était fort bien écrit, tnais qui Il'était-qu'un très-petit extrai t du fameux S~~sté~r~~e de la- ~Vat~e, otivracre dont il me fit présent. Il connaissait beaucoup ce Lemoyne,> et celui-ci, sentant son incapacité, demanda à se l'asso.cier sous le titre de' son secrétaire. En effet, il faisait et disait tout, l1endant que son 11 ré..tendu représ,entallt buvait son eau-de-vie à


plein golJclet et fumait sa pipe. Jamais). en effet, je n'avais vu un homme plus inepte chargé d'une telle mission, car elle était la même que la mienne. On lui avait bien recommandé, Cl1 partant, de se joindre à moi pour faire ensemble la même besogne. Aussi, dès qu'il fut arrivé à Brioude, Peyrard lui conseilla de venir me voir ou de m'écrire. Il ne voulut ni l'un. ni l'autre, car il regardait comme trèsinconvenant de faire la première démarche auprès d'un simple commissaire, tandis qu'en sa qualité de représentant, il avait droit de me commander. Mais que cômmanclcr dans une partie il était entièrement étranger? Cette raison, sans doute, ou d'autres furent cause qu'il s'approcha de moi Il se rendit sur la mine de la Taupe (1) et de là il me fit savoir son existence, ou plutôt ce furent Peyrard et l'exploitant Lamotlie (2). Lamothe avec lequel j'étais très-bien alors, n1'expédia un exprès avec un cheval, en me priant de me rendre promptement chez lui. Il avait besoin de moi. Il craignait quelque avanie, non 'pas de la part de ce représentant- il était trop ignorant sur ce qui concernait les mines pOlIr ne pas écouter ceux qui les entendaient, et Sllr ce pied-là il avait grand hesoin de moi pour être en état d'en rendre compte à ceux qui. l'avaient envoy~ c'était la première fois, je crois, qu'il yoyai t uno mitie en e~pluitation,- et il


était ëtourdi de tout ce qu'il voyait;- lllais l'cxIJloitarlt avait à craindre la troupe nombreuse qui l'avait suivi de Brioude, dont plusieurs avaient ou cro1"aient avoir à se plaindre de lui. Ce Lamothe, qui délestait, bien cordialement tout ce qui avait rapport à la Révolution, qüi était connu pour cela, et qui, bien souvent, avait refusé du charbon au prix qu'on le lui demandait, avait bien quelques reproches à se faire et devait craindre que le représentant écoutât les plaintes qu"on pouvait porter contre lui. Cependant tout se passa beaucocip mieux que lui et moi Il'avions eu lieu de 1'espérer. J'ai déjà fait entendre que ce représentant, beaucoup plus préoccupé de sa pipe et de boire de l'eau-de-vie, et fort ignorant sur tout ce qi-i"il entendait dire, tant par moi que par Lamothe, n'y prenait qu'un très-faible intérêt. Et c'était précisément Peyrard, comme nous l'avons dit encore, (lui parlait et. regardait pour lui.

Je pourrais bien ajouter qu'il avait sollicité cette commission ]Jeaucoup plus pour lui que pour le l~ien public il avait, dans ses possessions, ])caucoup de ])ois à vendre. L'excessive cherté était 1110nté cet objet de première nécessité, l'avait détermi11é à venir vendre le sien. Jamais, je crois, personne ne trouva une meilleure et plus profita))le occasion de faire ..de bonne~ affaires..


La mission de Lemoyne avait pour objet d'abord de faire activer, comme moi, l'exploitation des mines de cluarbon, et ensuite de faire marcher le travait des ouvriersde Saint-Etienneen Forez, relativement à la falJrjcation des armes. ~Iais, comme je l'ai dit, il était aussi incapable de l'un que de l'autre.

Je "iens de dire, il n'y a qu'un instant, que tout s'était Passé assez bien dans la circonstance dont je parle. Voici quelques détails. En attendant le dîner, Je représentant passa son temps à fumer et à ])oire de l'eau-de-vie; et quelquesuns de ses .compag11ons, plus curieux que lui, eurent la fantaisie de descendre dans la mine. D'autres, ayant entendu parler de l'inflammation d'une des mines de Saintc.-Florine, furent biea tlnpressés d'aller vérifier ce p11énomène,. par leurs propres yeux. Depuis plus de 30 ans, cette couche de mine l~rûlait. Elle est sur la pente du terrain par lequel on passe pour aller au cllâteall de Fru~ères (1), ch~=.z un ancien gentilhomme, appelé le marquis de Pons (2), qui prétendait que toutes ces mines lui appartenaient, et dont je connaissais le frère qui portait le titre de.' chevalier.

Cette mine est tellernent près de la surface du terraitl que son illflal111natioll s'est fait jour vers la crollte dll gazon et que, dans l'obscurité, on en voit les flalnmes reluire, ce qui parait même très-sensiblelnent au plns grand jour,


VOYAGE DR 'MONNET. Y

CjUUl1d on y joint un feu extéric1.1r. Pour cet effet, on y porte un brandon de paille. Lemoyne, entendant parler de ce phénomène, quitta sa pipe, son eau..de-vie, et nous y suivit. L'expér'ience fut bientôt faite à la satisfaction de tous mais on -y déplora, avec juste raison, la perte cle tant de combustible. Le dîner )fut assez gai Peyrard et moi en fîn1es à peu près tous les fc~ais il est vrai que Lalnothe avait fait, dans ua impromptu, si bien les choses, que les convives pouvaient se régaler et ne rien dire.

Sur la fin du dîner, ma fille arriva, avec

1\111e de Brassac. Celle-ci venait réclalner auprès du représentant une justice que Lamothe ne voulait pas lui rendre. L'ancierine prétention des seigneurs de ce pays-là était de se considérer comme les maîtres de toutes les mines, surtout de celles de llouiile, qui se trouvaient sur leur seicrneiirie, sans avoir éâarcl à l'arrêt du Conseil de 1744, qui réclame toutes ces mines comme un bien national (1). Ils pré.tendaient en disposer comme d'un ])ien propre. A cet égard, je me trouvais placé entre mon devoir et ma façon de penser, et l'amitié que j'avais vouée à !Ville du Croc. 'L'amitié ne put jamais l'emporter sur le devoir. Je sentais combien. il était important pour le bien public que le principe, d'après lequel je me conduisais., l'emportât. C'est du gouver.nement seul que ,l'on pouvait et devait rece-


voir le droit d'exploiter ces mines, comn~c les métalliques. Aussi l'exploitant Lamothe, qui n'avait en jusqu'alors d'autre droit d'exploiter sa mine que celui que lui avait transmis 1~111~ de Brassac, était enchanté de m'entendre raisonner là-dessus, et je dois attribuer à cela les égards et l'amitié que cet exhloitant m'a montrés. Con1me tous les représentants, Lemoyne avait le droit et le pouvoir de dispenser moInentanélnent de l'exécution des lois. On conçoi t dès lors qu'il devenai t le jllge en tre l'exploitant et cette demoiselle, et qu'il se trouvait même autorisé à prononcer en faveur de LamotIle, d'al)rès l'arrêt du Conseil que j'ai cité, puisque les révolutionnaires ne l'avaient point abrogé. Ils auraient même été bien éloignés de le faire, puisqu'il était en faveur du peuple. La vérité est pourfant que jamais cet arrêt n'avait l-eçu d'exéc11tion, tant le gouvernement de l'indolent Louis XV était inattentif sur le fait des mines. Et comment aurait-il eu d'effet, puisqu'il n'y avait alors persoDllc de préposé pour le Inalntenlf

4 le* 0 ai: D'après ce que j e viens de dire, on

conçoit la peine je dus me trouver, lorsque je vis le débat de l\llle de Brassac. Le représentant, dans son ignorance extrême sur cette affaire, rne regarda-alors. Peyrard, à qui la présence d'esprit ne manquait jamais, dit que par InDrI 1110YCI1' on éclairerait cette affain~e, mais


ci~té cela ne pourrait se'faire qu'à Brioude, 011 l'on se disposait à retourner; et pour cela, je fus invité à m'y rendre aussi et dus m'y résoudre.

Peyrard, tout révolutionnaire qu'il- était,

lorsque nous eûmes fait connaissance, convint cIe tout ce que je lui disais à cet égard (sur l'ineptie de son chef), et même que tous les grands malheurs qui avaient eu lieu dans la Révolution, ne provenaieut que des sols choix que le peuple avait fait pour ses représentants.

Les principaux habitants de Brio11dc, vou-

lant, comme (les fanatiqt1esrévolutionnaires q u'ils sont, faire honneur à leur représentant, arrêtèrent une grande assemblée à tenir le soir dans leur jacobinière et un grand repas. Je fus invité à l'un et à l'autre; aurais-je osé l1e pas m'y rendre? Un commissaire du gouvernement révolutionnaire pouvait-il faire autrement, sans risquer de se perdre?

Peyrard, qui avait appris à connaître ma

fille chez Lamothe et qui savait qu'elle él1arÍ. lait bien et était grallde musicienne, la considérait tellement, qu'il fit entendre aux principaux de la ville et surtout Lemoyne, que le dîner serait bien Inisérable, si, ayant ]'occasion d'entendre une des meilleures xnusrciennes de Paris, on ne l'avait pas, avec son père, à ce fameux dîner. C'est pourqtloj on Vi11t l'invi1er.,Elle quittal\l11e du C['oc,lln pei! malgré elle, Gt y vint pour y c}lal1ler; en effet, l)eyrard,

i


amateur de la musique, coml~e de tous les beaux-arts, en fit remarquer tout le beau, en homme qui s'y connaît. Mais, l1élas! 1. nous étions parmi des gens stupides, bêtes et incapa])les d'apprécier aucune espèce de. talent.

Pendant que j'étais là, Peyrard qui avait

déjà fait connaissance avec moi d'une manière particulière et qui m'avait sans doute apprécié en bien, en m'entendant surtout raisonner sur mon état, fit entendre au représentant qu'il fallait profiter de l'occasion que je lui présentais pour remplir parfaitement sa mission. C'est ce que je compris en l'a})ordant il me pria de l'accompagner au moins jusqu'à Saint.Etienn~. Je fis cl'abord quelques difficult~s, en objectant mes grandes occupations qui, en effet, n'étaient pas petites car alors malgré que la saison ffit trèsavancée, je faisais construire un cllen1in et un pont et, en même temps, déblayer un port au-dessous de la petite ville d'Aazon (1), pour déposer les bois propices à la construc-

tion des bateaux.. J'y étais sollicité vivement par l'intérêt de cette petite ville misérable et sans nulle espèce de commerce, tandis qu'elle voyait, à regret, les habitants de Jumeaux, de Vezezoux et de Brassac s'enrichir dans le COlnmerce des bateaux et marchandises qu'on y mettait (2). J'y consentis pourtant à deux conditioiis 1'upe, qu'il m'avancerait 1;50U


livres, que la Commission du 'commerce lui iseinbourserait à. Paris sur plus de 6,000 livres qu'elle me devait, à l'heure présente, sur mes appointements qu'elle 'était chargée de me payer; la seconde, qu'il me nourrirait avec ITI011. neveu Ac11on, qui me servait de secrétaire. Ces conditions furent acceptées, et je me disposai à retourner Brassa~et pour y faire mes préparatifs de départ.

Cependant la pauvre demoiselle de Brassac

arriva auprès du représentant pOlIr réclamer l'effet 0«'e la promesse qu'il lui ~vait faite Sllr la mine de la Taupe.. ~Iais il fut aussi C11}})arrassé de -lui répondre ql1'il l'avait été à la Taupe. Pour s'en défaire, après avoir tergiversé longtemps, il lui dit, que, m'elnlnefIant avec lui nous verrions à l'aise son affaire à Saint-Elien11e; qll'on lui rendrait la justice qui; lu.i était due. Elle ne parut que fort médiocrement contente,de cette répo11se, corJnaissant bien ma façon de penser et sacl1ant bien que mon amitié personnelle ne me ferait pas transiger avec mon devoir, ou ce qu'elle appelait m'es principes.

Ce sujet de contestation, qui s'était élevé

plusieurs fois entre d'autres intéressés aux mines, me tit naître l'idée de dresser une ordonnance en règlement, où seraient étal)lie,s les obligations à remplir pour obtenir le droit d'exploiter les mines de charbon. Il devait y


être statué que nul

propriétaire ou non de

terrain ne pourrait exploiter des mines sans en avoir obtenu la Permission du gouvernement, celui-ci ayant seul le droit de disposer cle ces ])iens, et qu'il serait également défendu à ceux qui auraient acquis ces droits, d'en traiiquer comme d'un bien par em acquis, ou, pour mieux dire, de s'en regarder comme de vérita])les propriétaires. Je pouvais de moimême publier cette ordonnance, en ayant le droit, d'après un supplément de comn1ission que m'avait eJ¡voyé le Comité de Salut Public, sans que je le lui demandasse. Je voulus néaniiioins, pour plus de sûreté, en faire honneur au représentant. Peyrard ne manqua pris de lui faire voir que cela lui ferait le plus grand honneur, non-seulement dans' les départements pour lesquels il avait mission, mais encore dal1s toutes les parties de la France où il y avait des rnines, en même temps que le gouvernement prendrait pour lui la l~lus hautc estime. C'était, en effet, faire ce qu'on n'avait pas encore fait, au moins aussi clairement, sur Je fait des mines. Lemoyne sentit enfin cela et y donna leslnains. Ce règlement fut in1primé à Saint-Etienne, en neuf articl~s, après avoir été retouché quant au style par I)eyrard (1). Il fit

d,c la sensation parmi les ;ens intéhcsçcs. Malgré que les re~r~sentants eussent acqtiis le droit d'abroger' les lois partout ils~ étaient


en mission, on s'étonna néanmoi11s quc Le-' moyne, qu'on connaissait comme. fort jgnora~t, surtout dans cette partie-là, eÎlt p ris sur lui, ou eût été capable de publier une telle ord'Oiln'ance. Les ge11s du plétier, qui me connaissaient, virent bien que cela I1C pouvait venir que de moi, d'autant plt'is que j'étais cité en tète de cette loi comIne ayant d'onnè mon avis. Ce que l'on appelait- l' Agence des Mines et depuis p eu Conseil investi de bien moindres p ouvoirs, jeta w feu et flamines sur moi sa jalousie s'alluma te11ement -contre moi, et surtOl1t quand elle vit que j'avais déjà fait usage de cette ordonnance, qu'elle porta ses plaintes au Salut Public qui, n'a f ant aucune connaissa11ce, de ce qu'on lui disait, du moins' les membres qui s'y trouvaient alors, ne sut que lui répondre. La f oule de mes ennemis e t j'ignorais que j'eusse des ennemis --cria tant que ce Comité de Salut Public prétendu rendit un décret qui me rappelait, à l'effet de venir rendre compte de ma conduite. Ce décret ne vint que très-tard à ma connaissance, et déjà Je Comité était cllangé. Quand j'arrivai à Paris, on ne s'y ressouvenait déjà plus de tout ce qui me regardait.

Mais.le- reviens à ~1.lle du Croc. Je~ l'acconll)agnai dans la maison Otl elle, avait coucln

l~

avec Illa fille c'était cl1ez lie doyerl ci~x cl-devant cl1apitre ,nol)lc de la ville (1). Ces clla-


noines, à l'instar de ceux de Lyon, se faisaient appeler comtes et .pQrtaient, pour marque de leur grande dignité, un cordon rouge liseré de bleu. Je voyais maintenant leur grand dignitaire abaissé et humilié d'une manière épouvantable, n'osant rien dire et tremblant sur le sort (qu'on lui réservait. Les prêtres, en général, avaient d'autant plus lieu de crain.. dre, qu'il n'y avait pas bien longtemps que l'on avait fait périr sur l'échafaud, dans cette même ville, un malheureux curé, que l'on avait arraché d'un bois où il se tenail caché depuis qu'on persécutait si violemment les prêtres (1).

Je me rendis, pour prendre gîte, dans une

maison qui avait appartenu à M. de La Fayette, qui l'avait vendue depuis peu de tenl1)s,COI11me tous ses autres l~iens qui étaient très-considérables dans ce pays-là (2). Le pauvre aubergistè qui l'avait en louage, y avait à peine de quoi passer la nuit. J'y couchai sur un lit de sangles, et appris, dans cette position, que la vertueuse et très-malheureuse Mme de La Fayette était encore, en ce moment-là, détenue dans une prison où l'on avait enfermé toutes les femmes des nobles, et que c'étai.t elle qui servait de garde-malade à ses compagnes de captivité. Tout ce que la femme de'l 1) aubergiste me. dit, me toucha jusqu'au~ larmes (3). Cependant il fut question de partir pour le Puy, capitale de la lIaute-Loire. Il


faisait le plus beau temps qu'on put voir. dans une pareille saison, car nous étions au corn;. mencement de décembre. Tout me portait à en profiter pour faire des observations minéralogiques; mais j'étais détourné continuellement ou empêché par la conversation souvent fastidieuse de la nombreuse compagnie, car plusieurs personnes inutiles de Brioude et dt1 Puy avaient voulu accompagner le représentant. Les uns étaient à cheval, les autres en carrosse. Il -y a eu, sans doute, plusieurs princes qui, dans leurs 111arches, n'ont pas eu une si nombreuse compagnie. Il me semblait que nous marchions en silence., et je me représen.. tais la différence qu'il y avait entre l'espèce de joie qui se montrait S1Ir tous les visages, et l'état réel des choses. Pour moi renfermé dans le carrosse du représentant, je gémissais' quelquefois sur l'état cruel où en étaient les choses.

La vue du Pont de Yieille-Brioude (1) changea le genre de conversation qu'on tenait et réveilla mon esprit. Ce pont, un des plus antiques monuments de la France, consiste en une grande arcade qui s'appuie, des deux côtés, sur un massif de granit qui déborde le canal.trèsprofond coule toute l'Allier. Cc pont trèsélevé est si convexe, qu'on y passe comme sur une n10ntagne. Il est formé de ma,ses de granit si Irut qu'on ndrait cotnm~ étant

-1t4. ~\l.Ÿ


dans. leur situation naturelle., et peint, tout à coup, l'état de l'architecture d'un peuple barbare. Il n'en passe pas moins dans le pays poar avoir 'été bâti par les Romains. J'étais dans le même préjugé; mais l'ingénieur des ponts et chaussées, que nous- avions avec nous, m'en fit revenir. Il ne niait ponrLant pas qu'il n'eût été construit à la façon des Romains dont les usages avaient passé cllez les nations qui les remplaçaic11t. Cette façon. de bâtir était celle des .soldats rornains en calnpagne. Ce pont est formé comme tous ceux de son espèce, c'est-à-

dire bâti à la tlâte, comme pour faire passer des armées, avec de gros quartiers de granit brut. Il est très-étroit et comme les parapets sont fort peu élevés, un coup de vent peut emporter aisémeni un hommc qui passe dessus et le jeter dans la profonde vallée, ce qui malheurcusement est arrivé plusieurs fois, dit-on. Les fluarliers sont si })iCll jaillts, qu'ils sClnblent n'être tons qu'une continuité du même rocher qui se montre des deux côtés de la val,1"ée. L'ingénieur nous fit observer que ce pont existait depuis 500 ans, tandis que celui de la Bageasse, bâti un peu au-dessous, selon le mode 110uveau, avait. été déjà emporté par une crue de la rivière.

Je voulus examiner les recherches que l'on

faisait aIl-dessus de ce pont. J'avais été.,adressé à ~~n Ni. Iiertier qui- d'avocat s'était adonné


à l'exploitation des mines d'antimoine,. oit il faisait de meilleures affaires qu'au barreau. Il me mena à ses mines où avait été établie une petite fonderie, si l'on peut a~ eler aillsi ~,n fourneau consistant en plusieurs barres de fer sur lesquelles on range des pots de terre, datis lesquels on a mis' les minerais d'allli.. iiioine l)risés en petits morceaux. L'intervalle de ces pots et tout le dessus de ce grillage étant garnis. de charl)on, l'antjtll0inc coule dans les pots inférieurs detyacré des terres et pierres avec lesquelles i*t était 110i' dans le minerai. 1"Àette matière, ainsi moulée dans les pots inférieurs, était portée à Brioude, où un associé de Bertier, qui en faisait un secret, le convertissait en ré;ule p our être envoyé à l'a- ris (1) 4

Dans un précédent voyage, j'avais visité, non loin de là, la colonnade l~asalti q ue de Saint-Arcons qui, par rapport à sa régularité et à sa beauté, a fait le sujet de l'admiration des voyageurs. C'est elle qui détermina le sieur Jars (2~; inspecteur des mines, à faire l'essai de -ses crayons il y trouva la mort, car un .soleil, vif qui dardait sur sa tête lui occasionna .une insolation qui mit promptement fin à sa

v~e.

L'aspect du fond est située la capitale du Velay est, par le côté nOl1S y arrivânles, \111 des plus beaux et des plus a


pittoresques de l'Europe, surtout pour les naturalistes. On le voit hérissé de monticules, de 11autcurs plt~s 011 moins élevées dont toutes les pointes sont volcaniques, c'est-à-dire formées de laves de grandeurs différentes. 1--a ville du PlIY, si bien dénommée puis-0 que ce mot désigne une montagne en pain de sucre, est elle-même parsemée de rochers de laves et couronnée à son sommet de la plus belle, de la plus imposante masse de lave que l'on puisse voir. Ce rocher énorme qu'on nomme dans le pays, je ne sais pourquoi, rocher de Corneille, est d'une hauteur prodigieuse, et Il'est divisé que par des fentes naturelles. EI1 voyant cette masse énorme et celles qui, dans. l.éloignement, en sont comme des détachements, l'on est bien éto11né et l'on se demande d'où elle a pu venir et quelle est son orig-iné, puisque bien seir elle n'a pu être produite au lieu même où elle est située. Quel effort prodibieux a poussé jusquelà cette matière? On demeure d'autant plus étonné, qu'aucune des hauteurs environnantes n'est égale à celle-ci. A moins de sortir de ce creux, on ne peut imaginer à quelle place a pu exister le cratère d'aussi abondantes matières. Le mont Saint-Miellel, placé tout à fait au fond du même creux, est encore une énigme inexplicable pour tout naturaliste qui le considère altentivement, attendu qu'il est auso-


lument isolé et qu'il semt)Ie avoir été jeté tout exprcs et conme par un évéllement extraordinaire. On ne peut, en effet, concevoir. comment un ~courant de lave, qnel qu'il ftit, ait pu déposer une telle pyramide, a moins de croire que cette masse a fait partie autrefois d'une autre p111S grande, dont ellc a 'été détachée p ar quelq ue accident. Fncore resterait-il dl1 merveilleux dans cette supposition. Au sommet de cette pyrarllide qui n'a pas moins de 50 à 60 pieds, on, a bâti une chapelle dédiée à Saint-Michel; l'escalier qui y donne accès a été établi en spirale (1). Le lendemain de notre arrivée au Puy, nous fûmes visités par toutes les person-nes les plus considéral)les de la ville qui montr'ee'reiit devant nous cet en tl10usiaSlTIC révolutionnaire qui dominait chez elles Le Jllaire ('2) seul s'exprimait d'un ton grave qlli décélait une façon de penser ])ien différente. Je fus bientôt accosté par. un homme qui, m'entendant nommer, me reconnut, pour un géologue dont il estimait beaucoup les ouvrages et la p reuve s'en manifesta bientôt, car 'il me 1110ntra mon l~ouve~z~ s~stèr~~e de m~~aÉ~ ~â~oL ie. C'était un avocat nomm~ Rousson (3) qui, en sa qualité de naturaliste, m'accueillit avec bonté et nie fil' les hon neu rs de sa l)fO" priété qu'il avait achetée r~cem~nenr= Elle aIl. parlenait précédemment aux chanohlcs de la


cathédrale qt1i y possédaie11t une Inaison de campagne, située au-dessous du rocller de Corneille, dalls un endroit oil de be"Iles masses de 1(ci~vies 1 ~résentent des intervalles. Cett e propriété est un ]Jeau jardin C11iII0is, car rien ~c peut v être changé ni remué. On 'n'~ eu hesoin que de cultiver ces intervalles et tous ces vides pour en faire le jardin le plus pittoresque et le plus extraordinaire que l'on p uisse voir. l'eut-être, disait un curieux, n'y en a-t;.iJ pas un pareil da11s le monde la nature y a fait tout, I11êlne à l'égard de ces vides viennent, sans presque aucune culture, des arJJusLes et des arbres fruitiers.

Ilousson, tout avocat clu.il était, différait fort de tous ses c011frères et s'occupait avec ~rand plaisir de la rninéralob ie, regardaI1 t ce lieu comme le plus beau cabinet de Inilléralogie cIU'ill)ût avoir. L'apparition de Faujas de SaintFond (1) qu.il avait accolnpagné dans ses courses, avait fait llaîtl'e en lui cc goût qui, U11e fois. loen iilprime dans l'esprit, ne se perd 1)lus. Et quel pa~rs plus propre que les environs du Puy à faire naître et à entretenir ce ~'Ol~t2. 0 Au moment o~~ cet avocat Ille mena il sa maison de plaisance pour m'y faire admirer le faI11eux roehcr, le brouillard était si épais qu'il me fallut ~~e11voyel' mOl1 examen à un moment l)lus favorable.


Le 111êlllcjollr, on .Villt nous.averLir quie nous étions impatiemment attendus à l'assemblée des l1atriotes, et q1.1e .j'étais moi-même' invité en particulier pour être entendu sur les objets me concernallt. Il ne s'agissait {lc rien 'moins que de trouver moyen d'cnricllir le pays l)(}l' l'exploitation de tOtItes les matières n1inéralogiques. Je fus, en effet" celui qui y tint Je plus .lonbtemps la parole à la satisfaction, à ce qu'il me paru t, de toute l'assemblée. Ce qu'il y a cle pluis remarquable à voir dans tout ce pays' relativement aux aIlciens volcans, ce sont to!z,jours ces ~randes masses de laves qu'on ne voit nulle autre liart. Remarquez, comme je le fis relnarduer il mes coml)agno11s que tous les eIlvirons immédiats du Puy ne sont pas assez déformés ou assez ])Ouleversè0s pour fair~ conclure que les volcans, d'oll sont provenues ces matières, étaient fort près. de cette ville. r

8 8 8'. On distiy~e, dans tous ces envi-

rons, trois ordres de 111atières: d'abord, dans la plus grande élévation, des terrains 1 alats, ou au-dessus des ha~tes IDontagnes, des coulées de lave; ellsuitc, de la terre calcaire crayeuse, et au dessous, le ~ranit oui 1-(-i- I)ierre ~1'~l~n~tlVe. Il est vrai pourtant que 1'011 voit assez COII1Tllunément la terre calcaire ITlonter jusque dans le 1 11aut des petites élévations, qui sont sur le chemin- par 011 t1~US étiollS arrivés aIl


P l1 Y 0 4 la 0 1> 1> 0 Dans un souper oi~ nous étions invités vers les 7 heures du soir, nous rencon trâmes une certaine demoiselle Desplaces que Peyrard et le représentant connaissaient déjà beaucoup. C'était la beauté du Puy, comme la grande musicienne. Ce soulaer nOt1S était offert chez un veuf dont 'elle était pare11te et faisait les honneurs. Peyrard amateur de 1~~ nlusique co mine de tous les ])eaux-arts, n'eut pas de repos jusqu'à ce que cette belle se i-nît en devoir de chanter. -.NIais ce ne fut qu'au.tant qll'elle se leva de table9 pour battre la mesure à son aise ce qui ne faisait nullement plaisir ni au maître de la maison, ni au représentant, qui aurait donné toutes les musiciennes au diable 1 sour un verre de liqueur ou d"eau-de-vie. 0 8>,& Le J)fouÍllard dissipé, je I)US faire le tour du rocher Corneille et en visiter toutes les parties à mon aise. Je crus reconl1aître dans cette inspection que ebtte masse était l'effet d'un seul jet, mais qu'elle s'était divis~e ou fendue en plusieurs parties, dans -le refroidissement ou la suite des temps. Mais d'oil venait-il, ce jet, et quel était l'état du terrain sur lequel il était venu se répandre ? C'était autant d'éniglnes qui paraissent inexplicables à .lam.lis. Car cOlnn1eÍ1t co~~cilicr, avec l'état actuel de cette hointe, la venué dll courant de


lave qui a formé cette énorme masse à son sommet? Pour en avoir une idée, il faut sup poser que cette pointe était alors en plature, par conséquent que toute la montagne autôur, de laquelle a été bàtie la ville du Puy n'existait pas a ors. 8.8 .8. 8 ..J'ai déjà fait entendre que Lemoyne, fort inepte dans l'Assemblée commedéputé, avait sollicité cette mission bien plus pour son avantage particulier que pour le bien public. Quand je n'en aurais pas été convaincu jusque..là, la manière dont. il prit son parti à Ys- sengeaux, me l'aurait démontré bien entière- ment; car, ayant appris que, dans son village, il s'était présenté des marchands de bois,.il monta bien vite à cheval et nous souhaita le bonsoir, chargeant Peyrard de conduire tous les équipages à Saint-Etienl1e et nous disant qu'il viendrait nous y rejoindre au plus tôt. & 0 a a 0 0 e Dès notre arrivée à Yssengeaux, on nous confirma complètement que nous étions dans un pays à mines; et comme on savait que le représentant était en mission pour faire activer l'exploitation minièce, de tous côtés on nous apporta des échantillons de minerais, mais presque tous ces échantillons n"'étaie'nt autres que du plomb et provenaient de divers lieux des environs de cette ville. J'aurais bien -voulu voir ces lieux, les examiner à loisir; mais je fus ol)ligé de


partir ce 11lêlne ,jour pour aller couchcr à Monistt'ol. Il faisait aussi beau que possible pour une pareille saison. Nous arrivâmes à cette petite ville vers les deux heures, de l'après midi. Le lendemain de bon matin, je vis entrer dans ma chambre un mineur qui, sur l'ordre du représ.entant, venait me prendre pour me mener à la mine qu'il exploitait tout seul et pour' son compte; car les réquisitions l'avaient privé de tous ses camarades..C'était un Allemand, marié dans le payr- ot't il résidai t depuis 'plus de 30 ans. Il avait fait partie de la troupe de la concession de Blumestein (1), et In'apprit que ])eallCOu11 d'autres mineurs allemands s'étaient aussi 'établis dans le m~n~e pays et que beaticoup y étaient ïl1orts, surtout après avoir vu enlever leurs enfants malgré eux. Ce mineur n'avait pour l'aider dans ses travaux que sa femme et un très-petit drôle qui roulait la JJrouette pour débarrasser ce bon homme. Cette mine très-renommée jadis, puisqu'elle fournissait beaucoup plus de n1atière qu'aueune autre, était à trois quarts,de lieue de la ville sur le penchant d'une ,rallée très-prof onde et à un quart de lieue en deçà de la vallée de la Loire. J'y entrai par une galerie assez droite et qui n'avait coûte aucull'frais pour être étayée, car elle était percée dans un roc assez ferme.


Ce fut. au 1).out de cette lon~ue ~aleric' ~I uc s

je vis quelque lleu de galène que le t11ineur [lrl~acll.ait avec peine. Cc minerai, débarrassé de sa gal1gue, était réduit en fort petits moi ceaux que la femme de ce mineur allait ven dre aux l10liers de terre, de la ville de SaintEtienne qui est aussi fort distinguée par cc genre d'industrie.

y .Cette mine était la plus forle partie et la Ineilleure de la concession Bluinestein. Cc mineur, qui était des'plus anciens de l'e11tl'eprise et des plus instruits, me dit qu'elle avait. fourni autrefois, sous. le règne de Louis XV, ]JeaUCOllp plus (le minerai q,u'alljourd'llui. Ou..tre le minerai de plomb,galène, j'y vis quelques parties de pyrites que je crllS cuivreuses et quelques parties de blinde de zinc. .La situation de Monistrol est une des plus agréables que l'on. puisse voir, sur une émincnce piate et donlinant à droite et il ga11~. elle les terrains qui l'entourent. Elle petit ainsi être débarrassée en tout temps des eaux superflues qui incommodent tant d'autres l ieux. Anssi trouvai-je cette petite ville fort propre en comparaison de tan.t d'autres oL't, dans ane belle saison, on sc trouve dans la l)OllC. Qual1t à la ville en elle-même, au lieu (le n'être qu'une rue, comme Vssingeaux, elle est l111 peu ronde et percée de plusieurs rues, à lit vérité toetlleoses, 'n1ais assez larges l)our


donner passage à l'air. C'était là que résidait le plus souvent l'évêque du Puy. Il y possédait un très-beau château, un peu à l'antique, bâti très-solidement avec de grands quartiers de granit gris du pays, ou d'une pierre primitive qui se rapproche du granit. Comme ce château se trouve à une des extrémités de la ville, le,fort beau jardin qui se trouvait'f derrière allait en pente et il semblait que la nature l'eût disposé pour en faire un jardin à la chirioise. Il était fort grand et le rendez.vous habituel des habitants de la ville pour la promenade je le parcourus avec grand plaisir et ne m'étonnai pas que les évêques se plussent davantage à Monistrol que dans leur ville épiscopale. Ils en étaient seigneurs, et une grande partie de leurs revenus reposait sur cette seig'neurie qui s'étendait au..delà de l\Ionistrol.

Eu général, il me parut que tout le peuple de ce pays-là était dans le fond bon et bienfaisant, mais triste alors à cause des événe.Inents. Je n'y voyais pas les assembl~es tu- multueuses et criardes que j'avais vues en .A.11Vcrgne; et comme j'y avais vu des éLral1(yers, tcls que cl'anciens mil1eurs allemands y avoir fixé leur dCI11eure et y vivre tranquillement je 111'éta;s affermi clans cette idée qu'en général toute cette distance du Puy SaintElie11ne était uJ1cxcelle11t pays par rapport à


ses habi~ants. Je regrettai -fort de-n"avoir ¡Jas connu ce pays plus tôt et,j'y aurais volontiers séj ourné quelque tem p s dans une saison favorable, pour parcourir ses environs et 'faire de plus amples observations minéralogiques, mais il me fallut suivre mes compagnons de voyage pour me rendre à Saint-Etienne.

· 1 1 · · · i 1 1 1 · i 1

(Monnet visite à Saint-Etiennè lésmanufactures d'armes et les mines. Il y fait imprimer, sous la, signature et la responsabilité de Len10yne, un règlernent sur les mines, dOllt il est plus haut q~xestion puis, prenant congé du repr~sentant, afin de mieux étudier la minéralogie et la géologie du pays, il se met pédestrement en route, en compagnie de son neveu, pour regagner ~rassaget, sa résidence, en .passant par. Saint-Just, où existait déjà sur ,la Loire un port très-important, Saint~Ra~nbert, Saint-Bonllet-Ie-Châteall, dont il admire les JJeaux bois de sapins et les curieux rochers de granit gris à très-gros grains de quartz et de felspath. Nous reprenOI1S son récit au moment de sa rentrée dans la Hante.Loire.)

et La nuit nous siirprit au petit village de

Pontempeyrat f 1), pittoresc~uemen~ assis sur les bords de la rivière d'Anee que l'on y passe sur un. pont. Nous mimes une grosse l~eur~ à ~;r~,vi~ la montagne qui l'abrite, et, après nous


être plusieurs fois égarés, nous arrivâmes enfin à la ville de Craponne. 011 DOltS y indiqua une auberge fort éloignée de cette ville, que l'on laisse gaucllc poursuivre la gralld'route. C'était la meilleure auberge et celle ou allaient 10ger tous les honnêtes gens, vous disait-on. Nous trouvâmes un homme de fort mauvaise l1umeur, et -qui donnait à tous les diables ce qu'jlnppelait des aristocrates. Comment diable lui dis-je, vous avez de ces gens-là dans ce l)ays? Fili morbleu! r~ ond.it-.il, oiv la ~nau~~aïse marchandise ne se trouve-t-elle pas? Mais, voilà des citoyens qui vont les inener o2~.s_r~~z.~e on les mettra à la raison. Je vis alors, auprès du feu, deux ou trois gendarllles, qui se levèrent pour me considérer. Alors je delnandai s"il n'y avait pas moyen cl'avoir un lieu pour se chauffer et

souper. On, nous mena dans une espèce de galetas, où je trouvai qu'il faisait encore pl«s froid que del1ors. Il y avait une cheminée, mais rien pour y brauler. Un petit' drôle courut bien vite derrière la maison, ramassa ou cassa des branches de sapin, dont il apI)Orta son faix. Je lui dis s'il se Illoquait de moi; mais sans me répondre, il a11tl1na 5011 feu avec de la paille. J'eus, en 1ln ~instav~t,asse~ ])on feu. Voila, cl~s~jc à 110n neveui l'avalltagc du'on a à se servit' des arlJres résineux verts ou s'ecs, on est -toujours sur d'avoir du feu avec eux. le a le a 0 0 1> Le froid étal1 tassez sl1pportal)t@, je


I)US iiionter à la CI'laise-Dieu, assez bien. C'est le 110il1t le pli-is élevé de cette eliaine, celui, par conséquent, d'ot't partent les eaux pour aller vers des points opposés. Ici, c'est vers 1'.I?,st, .pour aller se jeter dans la Loire, et à l'Ouest, pour aller se jeter dans l'Allier: Il est sûrement très-j~emar ualale qu'aucune cllaîne de montag'Iles ne soit sans un pareillloint grandes 011 petites, elles ont toutes une élévation centrale qui semble leur commander ou être leur point (le réunion. "On con'naît, en Etirope, le MontB~mc pour les Alpes, le Mont-'Perdui ~o~zr les P~rénécs, le ,Persoi [' 'pour les flautes-Vosges. On pourrait cependant objecter que le l)oi11t dont nous parlons est beaucoup plus avancé vers la vallée où coule l'Allier que vers celle co~ale la Loire, par conséquent. clll'jl I}'est point central. Il faut observer de plus qtle toutes les montagnes et toutes les côtes, qui sont vers le bord de la vallée de l'Allier, so"nt I)eaucoup plus élevées que celles qui SOllt vers la vallée de la Loire. Par ce petit ex posé on voit qu'il y alJeaucoup à accluérir sur la tlléorie des montagnes ou, pour 111iellX dire, qll'on n'en sait pas gr'ancl'cll0se.

J'avais tant entendu parler de laCI1~ise-Die11 et louer comme admirable sa positioli., (IlIC j'étais trés-en~pre~sé de m'y rendre pour voir par mes yeux en quoi cela consistait. Je montals, en grande hâte, 1a grande côte ({IIi y con..


duit, tout en admirant les beaux arbres de sa- pins et de pins que je traversais. A mesure que je m'avançais vers ce lieu, mon attention se porta sur des pierres, d'une grande grosseur, qui bordaient le chemin,. ou ql1iétaient répan- dues çà et là, sùr les terres, à droite et à gauche. J'examinai ces pierres et je vis, non sans étonnelnent, qu'elles étaient de cette espèce sableuse qui est connue, dans les Vosges, sous le nom de ~nolasse (1 ). Comme j'avais rencontré de cette pierre dans mon chemin, l)ien loin de et en très-petite quantité, je pensai que cette pierre avait fait jadis, sur cette chaîne, le même effet qu'elle fait encore dans les Vosges, c'està-dire qu'elle l'avait couverte; qu'ici' elle était presque entièrement usée, tandis que, sur les Vosbes, on en voyait des montagnes couvertes entièrement ou en partie.

Les chaînes basses ont-elles donc été des grèves! Quelle énorme voie j'ouvrais, me disais-je, pour des spéculations géologiques et philosophiques? Je me perdais dans ces idées abstraites, lorsque je me trouvai à la porte de l'abbaye de la Chaise-Dieu.. 0 & 0 016 6 0 a 0 0 0 rour parvenir à ce lieu célèbre, j'eus un petit vallon à passer au milieu duquel coulait un petit ruisseau de la plus belle eau qu'on pût voir, qui se dirigeait du Sud au Nord à travers des masses de grauit ornées de glaces et de neiges. J'attril~uai à son extrêlne rapidité que


ce ruisseau ne fût pas entièrement gelé. Tout cc fond est garni de beaux sapins (1) comme tous ceux que j'ai vus dans ma traversée. C'est encore là une preuve que les arbres.pour eroître à leur aise et acquéi'ir toute leur liauteur, doivent être garantis des grandes secousses. La montagne de la Cllaise-Dieu était autrefois entourée de loois mais depuis que le monast'ère., bâti à sa cime, est devenu si peuplé.et qu'il a donné occasion à l'établisselnent d'une petite ville à ses pieds, ces. bois sont devenus rares. Il est remarquable que le chêne ne peut venir à cette 11auteur et que le vQisina~,e Inêlne des sapins et de tout autre arbre vert le fait périr; et s'il s'en trouve quelques-uns au bas ou sur les pentes de cette montagne, c'est depuis que les sapins en ontdisparu.

La vaste montagne de -la Gliaise-Dieu peut

être considérée encore comme la cime et la pointe la plus élevée de la vaste côte. qui ])ordc l'Allier; dans un plan extrêmemellt incliné, on peut compter 6,500 toises jusqu'à Auzon, qui est encore élevé de 500 toises au-dessus du canal de 1 All.~er. (~lonnet se livre ici à une IOllg'lle dissertation sur l'ordre de Saint-Benoît e t les oribines de l'abbaye de la Glial* se-Dieu (2). Il cite à ce s1~ jet les ouvrages de Piganiol de Laforce et de Dulaure) (2).

Dulaure, dit-il, que j'ai beaucoup connu,


longtelnl)S avallt la Révolution, et c~ui est deVCI1U lui-ll1êl11C lIt1 fameux révolutionnaire, s'cst fait éc r ¡ va j 11 par iiéccç-,sité..11 a co 1111) il é avec g'OÍlt et a fait un ouvrage fort eslilllaJJle mais ln' [l pas S II 1 ire r tout l'a va Il ta g e qu'il xoouvait tirer des époqtleS et des situations, et j ln' y a ~~ie~r mis U II sieti. Il est v ra i que c'est ce r~ui a 1 ¡ eut 0 U j 01.1 r 5 a~ l'u~a~cl d' 0 ]) je l s qu' 0 Il

Il a pas vus S 0 1-1 Il e 111 e.

Les ma~sons qui comlioseiit la petite,

ville de la Cllaise-Diell, sont tc~lerncnt dépendantes de ce C011vellt et en font tellclllel1t pai lie, qrl'ellcs sont enferrllécs COI11IT1C ll1i dalls titi 111l1r fort 'épais. Ille, fallai t Ilécessairel11cl1 t, dans ces tCllll)S ]Jarl)ares ot't le tic~z eLle ~ie~z étaient la proic du plus fort. !l~istoire de ce ])ays-Ià fait, en effet, 111Clllio11 des attaques des ])rjgallds pour s'emparer de cette ~~lo~ye.1. · · 1 · · 1' · i J 1 1 · e · · · 1 · · 1 i Ce c~i~i montre encorc hiel1 évidellllnc11t la hautc ricllesse de cette ~.l~haye, c'est la Inallièrc dont elle était ~~â~.ie. I/ég'lise est Uil des l)lus ])eaux lnodéies de l'nrcllitecltlre gotlliqllC, I/a.b1)é, (lui., sans doute, était régulier depuis SOl1 fondateur, posscdait un trop IJCall morceau, pOl1 r (jlle les graI1ds l)rélats 11C S'CIl CI}]parassent 1.)as. Le dernier alo~é de cctto al)IJaye est ce fa~neu~ cardiIlal de llollan à qui sa dernrere sottise -ut fourni l'occasion (le

c~onnaît~~e cette al)'bajTe l1011t il tirnit 80,000


vres de rentes (1). Le roi Louis 1~V1., contre toute justice et toule raison, et cela pour plaire à la reine, q~~i 11aïssait mortellement ce cardinal, l'exila dalls cette a.hhaye (2), al)rès qu'il eut été acquitté par le. parlement qu'il avait choisi pour son juge. Ç~uoïque cet homme fl1t généraletnept nléseslimé, l'inco11séquence Ùl1 roit cL la Ilaille que le l)eUl)lc portait à la reine, le firent 'regarder coinme une victime innocente on le plaignit, pendant que les moines se réjouirent de connaître leur falnellx a]) ])é

\Tersé dans le g'ra11d 1110n¡de et ayant vécu jusclue-là dans le plus (rraiid luxe, il11'y a rien de ])ier1 ~tonr~ant qu'il s'ennuyât dans son

exil.,Ses motnee avaient loau lui faire la cour, jll1C poit-vait s'y supporter. Sa famille, c'est-àdire. tous les ~.olan q ui avaient t.ant cabalé au l)arlement pour le faire trouver inl1ccent, fit bientôt courir le lirait qu'il était fort 111aLade dans son exil, que n.avant jamais vécu dans un lieu si froid, il s'y était vu pris tout de suite cl'un rllumatisme qui le faisait souffrir horriJJlcn1cnt. Ce bruit,. qll'orl eut l'adresse de faire l1arvenil' au roi, affecta assez sensiblemeut ce ))o.nllomme, pour qu'il en fût lOllChé. Il leva 5011 exil et lui permit d'aller auY cau,-x I)Otl1' sc faire guérir. (}'él.ait assez bien juger du roi car, dès Ql1'011 il1téressait ses sentirnents de cllarité, or~ 'était toujollrs s11r de rétlSsir. De-


puis cette époque, ce mallieuiteuix ca~1cliu~l ne fit que lallguir jusqu a la Révolution, oit des gel1s de sa robe ne manquèrel1 t pas de le faire tro11ver à I'Assernblce constituante, oil il parut avec un emplâtre sur l'œil. En voyant cet em})lâtre, on se confirrna dans la pensée que c"é-» tait là une victime de la reine..

Quoique ce soit là une chose tres-peli -im..

portante ou très-peu i-emarqualile, il est pourtant très-vrai qlle ce fut là le signal par lequel les mécontents de la reine lui marquèrent leur l2aine implacable en même temps ceux qui le pouvaient connaître à fond se laissèrent séduire et portèrent dans l'Assemblée cet esprit de haine et de mutinerie qui trahit leurs sentilnerlts de justice et .de vertu. Malheureusement paraissait en même temps cette brochure infernale, ce libelle illfâme qui accusait la reine d'un goût de débauche dégoûtant et d'une cupidité infernale, écrit, dirait011, par cette 11'ime Lamotte, principal sujet du procès du collier (1).. Cet écrit, fait avec toute l'adresse possible, avec un air de franchise et de naïveté, sécluisait tous ces govc-~noicches de l'Assemblée, qui semblaient se dérober pour aller en entendre la lecture; car, pour mieux Inasqtler la ruse, pour n1ieux diffamer la reine, on semblait en cacher la publicité, en en lâcl1ant dans le public très-peu d'exemplaires. On peut le dire avec véritC, cet écrit~


ve11l1 dans un temps la reine était occupée d'empêcller le roi de se concilier l'estime des députés d u troisièlne ordre, lui fit grand

tort, tant il est vrai fIlle, qliand on est llaï, les faussetés les plus palpables trouvent du crédit comme les vérités les Iniellx démontrées. Cet écrit, tout absurde (Ill il était, accéléra de J)eaucoup les horreurs de Iê.1 R'évolu'- tion.

Depuis cette époque, aV011s-nOllS dit, ce cardinal de RÇJl1an ne fil que lang'llir j tlsqu'à sa mort, qui arriva la dellxièn1c année de la Révolulion. Il mourut insolvable comme tous ceux de sa -famille. Il avait été précédé dans .cette voie par le prince de Guéméné qui avait fait uné ,banqueroute infamante ( 1 ), et par le prince de Soubise, bon homme, mais sans ordre, et qui n'avait jamais compté avec luil11eme.

L'existence et le bien-être de la petite ville

de la Chaise-Dieu tenait tellement à celle de I'abbaye, que la destruction de celle-ci l'avait complètement ruinée. et laissée dans l'état le plus misérable. Nous nous en aper~umes bien à notre arrivée car, jamais, je n'avais rien vu de plus triste que le peu d'liabitants que nous y rencontrâmes. Toua ceux à qui nous nous adressâmes pour avoir de quoi manger, nous dirent qu'ils n'tlvaient mêlne pas de pain. Après avoir cependant trowé ql1elques mai-


gres alin1ellts, nous visitài-nes 1 19 al)baye. a Nous ne v"1%mes qu'un d'ésert

affreux. L'église, airisi que tout l'int~rieur de ce vaste et somptueux bâtiment, était dévastée d'une manière horrible. J"avoue qLl'Gi1 n10Illal1t le remarqua1Jle escalier qui conduisait dans l'intérièur et en voyant cette belle ral11pe de fer si l)iel1 travaillée, et que la hache révolutionnaire Il'était l)as .11arve11ue il détruire, je ne pus retenir mes larmes. Voilà, file disais.le, l'effet de ce fanatisme si' terrihle qui, de temps en telnl)S, viellt dans le rrionde le rell1uer ou le dévaster.

Mais n-ia peine îut I~ien plus

grande, quand j'eI1trai. dans cette vaste I)ièce que l'on me dit avoir été la i~ilaliotl~èq«e. Des restes ou des laml)caux de })elles sculptures, des marques de 1a))lettes' n1'avertissaient qu'on ne me trompait pas ~1 ÿ.près cela, on rne fit voir la chambre avait c0.11cllé le coc~~on Lar~zotte, ainsi qu'on (lésignait le cardinal de

1to h a11.

J'ai dit qll'en montant à la C11aiseI)ieu, j'avais relnarqué de noml)reux blocs (l'une pierre sableuse grossière, répandns et là, ce qui 111' il V ai t porte à croire qu'il en avait été ici tout 11areillen1ent à ce- qui en ¡lvait été étillellrs sur cl'autres Inontagnes telles que, celles des Vosges', que sur les liautetirs les pI«s élevées --il avai t régllé des l)ancs sa-


ble'ux prover)ant des alluvions qui avaient -couvert autrefois toutes ces montagl1es, lesqllelles alors faisaient, sans doule, partie des I)ays plats sur lesquels avaierit coulé des lleu~tes ou des rivières car je ne voyais pas d'autre' l11anière d'expliquer la cause de l'existellce de ces bancs sableux remplis quelquefois de galets, C(}n1me on en voyait si abondamment dans les bancs qui cuuvrent encore une grande partie des montagnes des Vosges. En voyan t la même chose de ce côté-ci, je me confirmai de plus en plus dans cette OIJinioJJ, et portai alors ma pensée sur ce qui a. été autrefois la chaîne sur laquelle je Ine. trouvais. Je voyais d'abord le plateau sur- le,quel a été 1),Fïtie l'ab})a~1e, dépouillé, sans doute, de la portion de ce harlC Eal)leux, autrement il n'aurait ])as été possible de bâtir. Mais comment, me disai-je, ce. plateau, ainsi que tou.tes les hauteurs qui se trouvent sur cette cllaîne,a-t-ilpu être dépouillé de cette pierre ,sal)letlse? Quelle cause l'a détruite, et comment ces débris réhandus et là sont-ils parventis a~~x endroits on les trouve? T01lt cela me paraissait comme des éJ.1ig,mes incalcttlables et me faisait voir très- étranger à la conn.aissance de notre globe..

s.vvvvi:v-ty..ov~··vv.vv·t.v..

1 · · v · · 1 y i · · v 1 r I y · r ·

a a A dire vrai, la,Chaise-Dieu est un des

-lieux les plus agréables à habiter pendant l'été,


et il. n'est guère possible d'en trouver de plus

pittoresque. L orm y respire jamais les vapeurs. J1Ulllidcs et Inalsaines des fonds. Dans l'11iver même, on n'y est pas salIS agréll1.ents; car, tandis que l'on voit souvent, dans les vallons entourant cette liauteur tegner des J)fouillards épais ou les rayons du soleil ne p euvent passer, on y jouit là d'Il Il s,ole il ))rillant, dont la hlan- clleur de la rehausse encore l'éclat. Mais niallieur à ceux dont les yeux faiJ)les Il'e11 supporteraient pas la vue 1

Une chose très-remarquable et très-singulière, c'est qu'il est des temps où il semble que le froid, après avoir régné q uel ~ue temps à cette hauteur, soit descendu dans les grands vallons pour s'y concentrer clal~s les brouillards épais, tandis qu a la Chaise-Dieu on jouit d'une température douce et d'un soleil brillant. Dans 1"hiver, en montant, par exemple, du vallon de l'Allier, on traverse un épais nuage jusqu'à ce qu'on atteigne le bas de la montagne de la Chaise-Dieu; alors on est étonné et réjoui en même temps d'y voir une belle clarté et souvent un soleil hrillant, 6 (De la Chaise-Dieu, Monnet se dirige vers Auzon, toujours à p ied, afin de mieux examiner les curiosités de la nature.) Une chose qui m'attacha beaucoup, fut de voir que le côté du plateau inclinant vers l'Allier est formé de rochers appartenant au


terrain l1rirnilif, tar1dis que, du côté de la l.Joi re, les premières montées ou étages sont en pierres lIe nouvelle formation, telles que les sableuses et les calca~res. La petite villc d'Auzon est un des.licl1x les plus curieux de l'Auvcr~ne et coame l)erS011IIC 11'en a parlé de lnanière à la faire coiiiiaître, je vais m'y arrêter, un instant. C'est une petite montagne ou bosse branitiquc,, au bas d'une vallée. A son sommet se trouve une masure de cllâteau ou espèce de forteresse (1), comme il y en avait sur toutes les pentes des monta-m gnes ou 11auteurs domlna.r~te~ des bas-fonds ou plaines de l'Auver~ne. Celle-ci n'est pourtant pas totaleme111 détachée de la haute côte, par laquelle on descend de la Chaise-Dieu. On conçoit, par conséquent, que les rnaisons, qui entourent cette bosse, ne puissent, pas êtx~e fort éloignées les unes des autres. On fiescclld ou l'on monte pour aller de l'une à l'autre. Les rues ne sont pas autrement pavées que par les pointes qui ressorstent du rocher granitique, et, par conséquent, on ne peut y marcher que très-désagréablement. Il est vrai q ue la ville est bientot parcourue car, si elle contient six cents habitants, c'est ])eaUCOllp pour son éten.due. C'est dans le bas de cette bosse et le bas de cette côte, parmi les pierres, et les graviers q11e croissent les CCl)S de virriie qui donnen t ce bon vin lnuseat si i-enorirnë cl.ans le oa s et


qui fait le seul objet du COInmerèe de cette petite ville. Tout y sent, d'ailleurs, la plus grande misère et je dus y être bien accueilli, lorsque les habitants virent que je faisais tous mes eff«ts pour animer leur industrie et les rendre participants des grands profits que procure aux habitants de Brassac, de Brassaget et de Jumeaux, le commerce des bateallx. Il est évident que, si j'avais pu faire établir le marcllé des bois de construction des bateaux 1 au ]Jas de ce lieu,c'est-à-dire sur le bord de la riviëre, je rendais le' service le plus grand, 11011seulen1ent aux liabitants, mais encore à ceux des trois autres localités ci-dessus nommées qui étaient obligés d'aller cherclier leurs bois à deux lieues en deçà de Brioude (1), où le marché de ces bois était établi depuis un grand nombre d'années, tandis que je les leuroffrais à leur porte, pour ainsi dire, la distance de Brassac à Auzon n'étant que d'uue petite lieue. Ils évitaient ainsi les grands frais nécessités par le transport de ces bois, soit par la rivière (2), soit par les chemins fort mauvais, quoique je les eusse fait un peu réparer, et cela pendant six grandes lieues. Mais tel est l'effet de l'intérêt mal calculé et de la jalousie, qui peutêtre est plus forte en cette province qu'en toute autre,que les fabricants et marcl1ands de bateaux (3), connaissant mes vues et voyant ce que, je faisais, étaient disposés à s'y opposer


de toute rnaniere et me regarda11t dès lors cof11me leur enneI11i, écrivirent contre moi et fire11t connaître Illes projets à ceux (le Cougeat" qui était le lieu où se tenait le l11arcllé des bois. «u'on juue si quand le prétendu Coniité de Salut public rendit le décret qui révoquait celui qui m'avait installé 1en ce l~ays-lâ, décret sollicité par tout ce qu'il y avait de canaille dans les trois lieux que j'ai nomn1és, au'on juge quelle satisfaction ils eurent ])elldant que les pauvres 11alJitants (l'AuZOll rne re(rret tèren t en voyant ma bonne besonne abandOl1née.' C'est ainsi maillellreusement q u'il Cil a été toujours. en France, pour passer du petit au ~rand la cabalc"oui 1"esprit de parti y a toujours été très-funeste au bien pulJlic.. Les pativres l1a')Jitarlts dauzon sont restés avec .leur

l11enu, commerce de vin blanc.

On me demandera l)eut.être comment, dans un l)ays si Ino11tagnellx et 11lêmc un l~eu élevé atl..dcssus de la vallée oïl coule l'Al.lier, les vignes qtll fournissent. ce vin pellvent prospérer si ])iell, tandis ciue dalls de J1ien Illeilleurs vignobles, tels que ceux des erlvirons de Brassac, on ne peut. pas élever de pataeils ceps? hour répondre à cette question, il faut faire attention nOll-'seulement à la nature. du terrain, q ui sûrement a y. contribue beaucoup, mais à l'exposition. Il faut voir ces petits co-

teaux resserrés, rencognés pOtI!' ain~i dire,


entre de llautes côtes, frappés par les rayons d~x soleil au 111jdi et garantis de tous les côtés des mauvais vents, et, surtout de celui dll' nord, par la h~,ute côte dont j'ai parlé. Il y aurait, ce me seml)le, moyen de rendre ces VillS encore meilleurs qu'ils ne sont, et je l'ai dit aut hal)itants. Le reproclle que je leur ai fait à cet égard, est celui qu'on a toujo~crs fait par rapport à cl'autres vins de cette espèce. C'est de n'avoir plus-tant égard, coiritne on le fait, à cette grande limpidité et ce blanc clairet qu'on lui donne et qu'on affecte partout de donner aux vins blancs, comme les rendant plus Jégel's et plus propres à passer. tandis qu'en le faîsant fermenter suflisamment, on le rendrait plus liquorem et, en gC11éral, ~~eaucoup plus agréable; car on doit savoir que c'est dans la pellicule du raisin que résident les, principes du goût et de l'odorat. C'est ainsi qu'on agit à Tockai, en Honurie; au Cap, pour avoir le l~on vin nOffiI11é de Constal1Ce; et à Lunel, en Lallguedoc, pour ce bon vin muscat, si recherché par tous les friands et même par les femmes sC11suelles. Le vin dont nous parlons, serait infiniment plus muscat et plus fin si on le faisait de ,cette iiiani'4ere, au lieu de tirer le jus du raisin, lorsqu'il vient de la vigne, par le moyen du pres- soir. Il est vrai que, dans ce ca,s-là, l' le -viïi est plus épais et plus jall11e; filais cela doit


être, puisqu'il a dissous la partie essentielle contenue dans la pellicule de la graine. l\lais da11S ce pays, où l'instruction manque, c'est le le premier qtli, tout au 113sard, a ilnaginé une méthode qui sert de guide aux autres. Après le cli~~er, mon guide me mena voi r l'acquisition qu'il, avait faite et qui C011sistait (-tans la vieille masure du cllâteau, dont j'ai fait mention plus haut. Ceux qui représen-

taient la municipalité le lui avaient vendu à très-bon marché, car que faire ce tas de pierres dans un tel pays? En voyant cette belle acquisition, je ne pus m'empêcher de rire; mais mon ricanemellt cessa lorsque mon liomme m'eut fait tout voir et expliqué les peines qu'il s'était données pour déblayer la masure et en tirer parti. Dans la plature, il avait formé un fort joli jardin; et, dans la partie* du bâtin1e11t qui sul.~si~tait encore, il avait trouvé le moyen de se çonserver trois à quatre pièces, lesquelles étaient très-solidelnell t bâ11 es.

Le village le plus cOl1siclérable, mais le plus vilain du pays, est ~ainte-Flôrine. Àvant l'époque où les hatJitants sont devenus mineurs, c'était, (lit-on, une espèce de ])ourg, où il y avait un couveat de filles de l'ordre de Fontevrault (1). L'église' de ce couvent était commune avec la paroisse. J'en ai connu la dernière supérieure du ~même nom que moi.


Ces relj*gienses furent llorril~le~nent persécutées, 110n pas par les habitants du lieu qui pensaient plutôt à extraire leur houille qu'aux horreurs de la Révolution mais' par quelques fanatiqlles de Brioude et, surtout, par un procureur de la cOfi1munedecefte ville qtiieroyait clig11e de lui et de son zèle i11seI1sé de faire verser les larmes de ces hont~es dévotes.

J'ai Vll ce fanatique, trol1vant qu'aucun des

lla})itanls de Sainte-Florine n'était animE de la même arclc11r que lui, Inonter sur le massif cI'une croix qui se trouvait devant l'église, 1 el)ranler seul et e11fin la renverser à terre. J'observais cela d'un oeil de pitié, mais sans oser rien dire car, en qualité de commissaire de la Convention, je me serais perdu a La rage anti-cll1'étienne f ut portée si loil1 l)arn1ï' ces fanaZic~ues, du'ils voulurent imiter ceux de Saint-Denis. Ils dépavèrent cette église, en déterrèrellt les cadavres et les jetèrent à la voirie. Assurément, les personnes d'où provenaient ces ossements ne s'in1ag'il1aient pâs qu'un jour, on ferait subir le Inême sort leurs restes (lu 1% a ceux des rois et des !-)riI1Ces de la maisoo de Bour)JOll.

A Brassac, on se COn1porta un peu plus doucement. Le clocher Illèll1e y fut conservé, et je crois que ce fut le seul épal~gI1é de la BasseAuN7er(yrie.

()l10iqtlC Sai Il tc.Flotille f'ût COIll111C la capi-


tale .de ce canton et que' ce fût là, soirs une hallae l~âlle, que l'on venai t louer les mariniers et les bâteliers, je ne troavai pas, après plus de quaranve années que je n'y étais venu, une seule maison nouvelle. C'est q ue ce n'était pas là que l'industrie s'était le plus dévelop~ée c'était à Brassagoet et à Jumeaux. t3aris le premier de ces lieux, il s'était formé d'excellentes maisons. On y en connaissait une, entre a»tres, fort renommée pour sa ricllesse acquise. dans le commerce du cl1arbon en brand. Elle était connue sous le nom -de Seguin. Aussi" son batiment, le'plus'grand et le plus somptueux du village, l'annoncait-il' à tous- les voyageurs. C'était là que la Inunicil)alité avait jugé à propos de me loger; car le dernier des Seguin étant mort, le. seul rejeton de cette famille avait pris le parti de la 11o]Jlesse. et avait suivi le jeune de. Brassac. dans son émigration, comme étaI}t d'ailleurs Stan camarade et son contemporaïn. La mere de ce jeune hOInme, voyant son ])ien saisi, sa maison à la disposition de la Inll0icipalité, y s'é- tait même. cacllée à Clermo11t, dans la crainte qu'on ne la mit en prisoll. Cependant, au mo~ ment où je suis parti de ce pays-là, on. n'avait pas encore procédé à la ven te de ses biens 4 Une autre maison très-remarquable de ce lieu était celle de Feuillaiit.

1 · · · 1 · i i i 1 1 1 i 1 1 i


Je vais maintenant parler des trois exploitants de ce pays avec lesquels j'ai eu le plus affaire Lamothe, Feuillant et Sadourny.

Lamothe était fils d'un marchand de Cler-

mont. Né dans une ville où étaient enseignés les premiers principes ,de l'éducation ordinaire et de mode en'ce temps-là, il dut en profiter mais il ne passa pas les points où cesse l'éducation d'un homme qui n'a que l'ambition de parvenir à ce qu'on appelle son chemin, c'est..à-dire à la fortune. C'était un homme fort aimable et très-honorable chez lui. Son frère, qui avait de grandes relations, est aujourd'hui préfet au Puy (1~.

Feuillant était absolument sans instructioll, n'ayant jamais été à IJOrtée de recevoir de leçons (2). Il possédait une assez grande fortune acquise dans le commerce du vin et -du charbon qu'il expédiait à Paris. Il avait fait bâtir une fort belle maison aux Martres-deVeyre, était son rendez-vous pour ce commerce. Son fils aîné, qui était avocat, s'était fait journaliste au moment où la Révolution fut décidée. C'est lui qui, sous le nom d'Etienne Feuillant, rédigeait le journal appelé le Journal clu sôir (3). 1

Sadourny était fils d'un notaire du village d'Auzat et fort uni avec un nomn1é Sabatier de JUlnea11x. Ces. deux. personnages m'accale


blaient de l)olitesses, m'invitant toujours ou fort souvent pour de grands repas, suivant l'usage des Auvergnats.- ~ad~urny avait bâti sur sa mine un fort joli pavillon, où nous nous, régalions avec les plus splendides repas qu'on 1)11 t donner dans ce pays 00 *ose 0 0 0 9 0 a a 6 a aL'art d'exploiter les Il1ines n'en était encore qu'à son enfance dans ce bassin houiller, et aucun homme, ayant véritablemellt le génie des mines, n7y avait encore paru. Cela venait principalelnent de la facilité qu'on avait toujours eu d'obtenir le charboIl. C'est ici que l'on ponrrait répéter l'inverSe de cet adage si connu que l'art naquit de la nécessité; car c'est parce qu'il n'y avait pas de 11écessité ici, que l'art ne s'y est pas établi ou qu'on y est resté aux premiers éléments de l'art. Il s'est pourtamt trouvé un 110lDule avec du génie, qtli, dans les cOlnI11eI1cemellts ces n~ines acquéraiell t de la réputation, -c'est-à-dire loi.sque les bois diminuaient sensi1)leme11t et que le besoin de la 110Jlille se faisait sentir, nonseulement pour les arts, où jusque~là on avait employé le charbon de bois, mais encore pour le chauffage ordinaire, vint prendre la direction de ces mines pour son compte, après s'être arrangé avec les seigl1eurs des terrains qui s'en regardaient comme les seul$ naitre~. Cet homme, qui se nommait Duvert (2), et qui était propriétair~ à ~aint~Germain; où il Se trouve


encore des descendants de sa famille, conçut

le projet de percer une galerie dans le plus bas du terrain qui se voit,entre Sainte-Florine et LenllJdes, et parla de saigner cette vaste Inasse, où se trouve la plus grande quantité de nlilles de tout ce canton. ~Ialheureusement, la mine principale qui se trouve dans ce massif, CIU'011 appelle Grosl11énil (1~, qui est une lnasse énorme ou mine en amas, descend plus bas que la profondeur dont nous venons de parler rnais c'était déjà ])eaUCOl1p, piiisqu'en vidant les mines, par ce canal, on- pouvait dessécl1er plusieurs centaines de toises (le bon cllar})Oll. Depuis ce temps, il n'a paru dans ce pays que le seul Lalnotlle qni, Il'ayant que les lumièr,es que lui 'avait clonn~es son éducation, vit la nécessité d'aller prendre des leçons sur les -Inines les plus renolnrpées de la France. Sa.mine prit, d'après ses nouvelles instructions, UI1C autre forme, il,en tira plus de profit; la vie de ses

ouvriers fut plus e~~ sûreté.

G'impressiun que firent ces cl1al1gemel1ls

sur l'esprit des autres exploitants, ce fut que bamothe n'y' entendait rien et ,roulait faire l'entendu: cris ol--dinairesde I'ignorance et du préju~é. Cependant,. ce lnê~c Lamothe, après avoir fait mieux niveler ses puits, n1iellx assujétir ses écllelles, mieux étançonner les parois mobiles de ses galeries, mieux construire son b~i~l ou maèhine à 111olettes"11~eut


pas la hardiesse d'établir une: machine feu sur son puits, pour l'extraction de ses eau~ comme je lui conseillais (1).' Il eut donné ù ce rJays-Ià un exemple nécessairement suivi, se fût couvert de gloire et eût fait taire ses en'.¡eux. ~iais il continua à tirer les eaux de sa i-niiie par des ~aclze~ux, comme les autres il craignait la grande dé~ense où l'établissement de cette rnachine l'entraînerait. Je lui assurai pourtant que nous Il'étions plus au temps où cette utile Inachine coûtaj t de vingt à trente 111ille francs; que je Ille' chargerais de lui

.ell faire établir une pour moins de douze mille-

francs. Je lui représentai encore qu'une fois établie, cette macl1ine lui épargnerait beaucoup de, frais journaliers pour l'emploi des 110lnmes et des chevaux que, mise en mouve.& IDent 'par quelque peu de son manvais charbon, en deux heures de temps, elle'lui ferait plns de travail qu'en vingt-quatre lieures les chevaux et les Ilommes à tirer les brxcliec~ux.

0 a 0 e 0 6 a a « Celui de ces entrepreneurs de

111inesqui ava.it le plus besoin de suivre Inon opinion, était ~aclourny, car sa mine. était la plus aqueuse. Il fallait en tirer nuit et jour les eau~ si l'on ne voulait'pas, en pell' de tei-nps, 'voir tous les travaux entièrement submerbés. Il avait à cet effet, hui c11cvallx pour ln e ne rIe b~ri tel.. fi 40 le0 Ir0 9


D'après tout ce que je viens

de rapporter, on peut voir plus que jamais combien il était malheureux pour ce pays-là que la cabale, qui m'a persécuté dans mon poste, m'ait l)rivé. de la satisfaction d'y établir enfin, sur cette grande mine du GrosméIIiI; la maclline à feu dont les fonds auraient" été fournis-,et le travail cOlnm"andé par moi. C'est une occasion qu'on ne retrouvera peutêtre jamais dans un pays où l'on est habitué à agir sans ordre régulier et même sans aucune espèce de police relativement aux mines. Dans l'ardeur de mon zèle, j'aurais voulu lui en donner. Je voyais, par exemple, avec peine ce village de Sainte-Florine criblé par des trOllS de recherches faits à tort et à travers. Il était presqu~ impossible d'y marcher la nuit sans risquer de s'y casser le cou et les jambes (1 ) Ce qui était au moins de mon ressort, c'était de faire combler les ouvertures ou bouclles de puits. Cependant je n'ai pu jamais en venir à bout, quoique ce fût évidemment plutôt dam; l'intérêt des habitants que dans le mien mais tel est l'apathie et le llégoût de ces sortes de gens, lorsqu'ils n'ont pas l'espérance de toucher de suite de l'argent, qu'ils ne sauraient se mettre à l'ouvrage. J'ai fait réparer les che~mins, il est vrai, mais c'est l'argent à la main et s'ils m'ont donné quelques journées ensuite, c'est parce que leurs chevallx ou leurs,


voitures ne po~~vaient plus circuler. 0

J'ai parlé d'un règlement de mines

CIlle j'avais fait et porté le représentant à autoriser.. Dès le lendemain de mon arrivée de Sain t-Etienne, je le fis p ublier et afficher p artout besoin était. Comme j'en avais porté un ])011 nombre d'exemplaires, j'ell délivrai à tous cetlX q ui m'en demandaient. Comme p ar ce règlement il était défend1.! d'ouvrir des mines et d'y travailler sans en avoir 'obtenu la l)erI.oission, on croira facilement (¡lIe, dans un tel pays où r~é~nait la licence la plus grande à cet égard, où jamais le bien public n'avait été observé dans l'exploitation des mines goum vernées par l'intérêt particulier, on dut être fort choqué 'de me voir entraver et gêner l'exploii~,tion des mines. Aussi n'y eut-il pas de calomnies qu'on n'inventâYcontre ~naï. 1 · · 1 s t ..· · ·

Mes ennemis écrivirent contre moi

à Paris,à cette nouvelle occasion, et firent tant, Ql1'ils intcress~rent le Conseil des mines dans leur cause. Mais, malgré la manvaise dispo-- sition de ce corps contre moi, je parvins, quoi-' qtle de loin, à faire voir que ce que j'avais fait était pour le bien public; que j'avais agi d'après les POllvoirs qui m'avaient. été ,délégués' et n'avais pas eu besoin, ? p our agir, de l'atlto-~ risation dll représentant. ~i~is bientôt 1"iii- tl'jglle contre moi ayant prls une tournure 11011oM"


velle, j'y succombai.Dc tout ceci, il faut conclure que j'ai dû quitter ce pays sans regret ~1 v v v v v Il


s

N 0 T]J S

.PAGE -1, N01'E¡ '1.

Auzat chef-lieu de commune du canton de LamÓntgie (Puy-de-Dôme), faisait primitivement partie de la seibneurie de Non'ette. A l'époque qui 110US occupe, cette terre appartenait à Franrois de Séveyrtie, mort le 20 mars 1 i ~~i. I' aG~ NOTE 1.

Marie Jeanne Adélaïde da Croc fille posthume de François-Joseph, comte du. Croc de Bressoulière, chevalier, seigneur de Brassac, baxon de ~ubières, etc., capitaine au régiment de Beauvoisis, et de Jeanne-Aimée Bouc~aud, naquit à Brassac le 27 mai 1774, et épousa Nicolas-Auguste de Châteauneuf-Randon d'Apchier, 1,11oI'~ en 1836

1 T ~es du Croc succétlaièi1t, dans la s~ibn.eurie de

)


Brassac, aux Langeac et aux La Rochefoucauld,par le mariage, contracté à Brioude le 8 décembre 168 i, de François du Croc, seigneur de Bressoulière, avec Louise de La Rochefoucauld, fille de Henri de La Rochefoucauld, seigneur de Brassac,' et de Gabrielle de Laraque. Cette maison portait (c d'or à deux fasces de sitioplé, et paraît tirer son nom de la terre du Croc, située près de la ville de Thiers en Auvergne. Sa filiation remonte à i 450. Elle a fourni à l'arinée plusieurs officiers distingués et à la diplomatie Philibert du Croc deux fois ambassadeur en Ecosse de 1565 à 1567, auprès de la reine Marie Stuart puis en 572, auprès du prince son fils. (Sandret, ~1 ~nbassades de PhiLibert du Croc en Ecosse, étude historique suivie d'une notice sur la maison du Croc en Auvergne. Paris, Dumoulin, 18;70, in..8°. )

PAGE 2, ~rom~; 2. a

Lempdes aujourd'hui important cllef-lieu de commune du canton d'Auzon (Haute-Lùjre), a dépendu dès la plus haute antiquité du Dauphiné' d'Auvergne dont il était un fief. Béatrix, Dauphine; fille de Robert Dauphin, et d'Alix de -Bourgogne, le porta en dot à Armand,IV, yicomte de Poli-

f

gnac, fils de Bertrande Dauphine.

La terre de Lempdes passa des Polignac à la maison .d'Auzon de Montravel, de là dans celle de Montboissier-Canillac d'Auterive, puis échut enfin par mariage aux de Montaigu de Beaune.


PAGE 2, NOTE 3.

L'Allagnon prend sa source dans le grand massif du Cantal au' col du Lioran, près du village de Slint-Jacques-des.Blas. Après avoir. couru vers le nord-est, séparant le bassin de la Garonne de celui de la Loire, cette rivière pénètre dans le département, de la Haute-Loire, par le canton de Blesle qu'elle arrose ainsi que celui d'Au.zon et va se jeter dans l'Allier près 'de la gare du Saut-du-Loup (Plly-de-Dôll1e), après un cours de 87,744 mètres.

Cette rivière très= poissonneuse est peuplée de

truites, d'ombres-chevaliers et de nombreuses écrevisses, les meilleures et les plus grosses de toute l'~uver~ne.

NOTE 4.

hiassiac chef-lieu e de canton de l'arrondisse-

ment de Saint-Flour, est une très-ançierme ville dont l'existence a été consignée, dès le ¡xe siècle, dans les fastes de 1-'Au-vergne. A cette epoque, elle pos-

sédait déjà un mona,stëre de l'ordre de Saint-~enoit

sédait déjà un monastère de l'ordre de Saint-Benoît

qui servit d'asile aux moines de Saint-Martin de Tours fuyant devant l'invasion des ,N orn1ands. L'importante seignet;1rie, de Mas~siar, fut successivement possédée par les maisons dé la Tour, ct'~4.pchon, de Rochefort dall' de Montmorin et eJ1 dernier lieu par les d'Espinchal, famille qui a fourlli un grand n'ombre d'officiersgé,néraux distingués à l'armée frallçaisa et d ont un de s membres,


Gaspard, condan1né' à mort par les Grands-Jours d'Auvergne a laissé, sous le nOl11 de ~lonsieur ~L~s~~2~2c1?arc le Diable, un souvenir-en quelque sorte légendaire et plein encore d'actualité dans la contrée environnante.~

PAGE, 3, NOTE J.

Le village que Monnet désigne, sans le nommer,

est Charbonnier, lieu maintenant plus connu par ses mines de charbon que par l'ancienne commanderie de Malte dont il était le siéâe. Ces mines furent des premières exploitées en Auvergne ainsi que nous l'apprend le passage suivant d'un document fort curieux dont nous devons COlTI111Unication à la bienveillante amitié de ~1l\I. Denier propriétaires actuels de la concession de Charbonnier « Touclont le différent du procureur monsciglleur le duc en son duc11ié d'Auvergne et de révérend père en Dieu; Mgr le grand prieur d'Auvergne, à cause ~t pour raison de ça que 1110D(lit seigneur le grand prieur dit et prétend que autre que luy ne doit faire c11avcr (ouvrir) en la terre et chastel]e11ie de Cliarbo11nier, mine de charbon soit mondit seigneur le duc ou autre

« Et pour fomler son iritencion, dit mondit sei-

;neur le gramc~ prieur, que en sa maison de Charbonnier il a justice basse tant que s'estant et li111itte ladicte j l1~tice et nlandement de Charbonnier. cc Dit aussi cl~c~ de toute e~t.cie~z~2ct~, vozrc G~~Lc c~rc'il la'E, ~e~~ror7~~ clzc oor~ijtr~irG~ il a accoustumé de faire ouvrir, par toute la j llstice cludit CharbollI1i'31",


les terres où' se sont trouvées mines de cllarboll fût ès- chemins vicinaux publiques ou autres terres particulieres en payant l'intérest à ceux de qui estaient les dites terres, etc.: etc.))

(Sans date, écriture du XVe siècle, Archivec nationales, cote 20 [) 8, p., '1 37 5

Quant à Maúriac, cette terre qui a appartenu aux Chalus, aux Cliavei-on, aux Champtlour, est aujourd'hui le chef-lieu d'une commune du départeinent ou Puy~- de. Dôn~e. L'on y voit un château de la fin du XVI~ siècle, récenl111ent l~estauré avec goût par son propriétaire actuel, 1l:I. de Chabron de Solilhac.

PAGE 4,. NOTE 'I.. a

Naturaliste de premier ordre; on a de lui .é~~zoz~~e szc~~ t'origine et la ~2c~t~~re du basa~Ce èc grandes colonnes pol ygones, d~te~ni~n~es ~~a-r~ l'lzistoirle ~zaC~~ ~~clLe de cette pie~~rc, o6serrée e~2 A.uvGrgne. ,énoi~°es de Z'Acadé~nie des scie~~ces, 1 i 7 1, pa~. 705 1 i' ~i 3, hist., p. 39; mém., p. 5~9,

Le rncema ~avart a publié en plusieurs- feûilles une carte géologique de la province d'~u~Ter~ne. NOTE. '2.

{( L'an 11749 et le 10 août est à huit heures d~u soir et' le 12, dudit mois a été baptise sr Jean Claude fils légitime de noble Louis de Vernon, écu)rer, et de demoiselle Marie I~ousset, mariés,


habitants du bourg de Dunières. Le parrain Me Claude Rousset" notaire royal de la ville d'Yssen-0 geaux, signé, grand-père maternel; la marraine dame Marie Anne Jamon, du bourg de Dunières, grand'mère, signée.

« Ont signé au, registre: Rousset,Marie-Anne; de Vernon; Rousset, docteur-médecin; du Faure,Mou..lier Sanial, cure Michel, vicaire. »

Tel est l'acte de naissance de ce c011ventionnel que Monnet nous peint .comme un enragé sansculotte. C'était tout bonnement un ei-derccr~~ qui cachait, sous des allures. grossières, ses sentiments réels. Il entra, en sa qualité de suppléant, à la Convention après la démission de Rongier 1 de Flarshac de législateur devenu fabricant de faïences à Brioude. Il était loin d'être illettré nous avons sous les yeux une lettre adressée par lui au citoyen Joubert, officier de santé à Nlonistrol, pour lui annoncer sa nomination, ainsi que celle dé, son compatriote Dance, dans le service de l'armée de la Moselle elle dénote, chez celui qui: l'a .écrite, de l'instruction et des moeurs polies..

Bien loin aussi d'approuver les exc~s commis à

cette époque au nom de la liberté, il s'efforça au contraire de venir en aide à ses compatriotes vietimes de la Terreur c'est ainsi que le 10 vendémiaire an III e de concert avec son collègue Lanthenas, il déposa au Comité de sûreté générale une pétition des détenus de la prison du Puy,

demandant un adoucissement à leur captivité. Dans ce mémoire, imprimé sous ce titre Ty~~fi~nie de l~o~es~ie~rrc cla~ts le dcspcc~ter~~e~z~ de la Hâzcte·


Loire Aux représentants du peuple composant le Comité de sûreté. générale de la Convention. A Paris, l'an III da la République. Broch. in- 80), ces malheureux, arrêtés en grand nombre en vertu de la loi des suspects, protestent énergiquement contre les rigueurs et les mauvais traitements auxquels ils sont en butte. Le tableau- qu'ils. tracent de leurs infortunes, était bien fait. poûr exciter la pitié et soulever l'indignation d'une âme honnête

et d'un cœur généreux. 1

Lemoyne participa peu aux débats de la Convention car il fut, en l'an III, envoyé en mis sion dans les départements de la Haute-Loire, de la Loire et de l'Ardèche, pour y surveiller lexploitation des mines et surtout pour activer à Saint-Etienne la fabrication des armes. De la Convention il passa au Conseil des Cinq-Cents, puis,. dans les premières années del'Empire, fut nommé caissier de la Monnaie de Lyon, emploi qu'il occupa jusqu'à sa mort, arrivée le 9 août 1812.

PAGE 4, NOTE 3.

François Peyrard naquit en 1760 1 prés

Saint- Victor-Malescours, aujourd'hui canton de Saint~Didïer-la-Séauve.

A son retour à Paris à la suite de cette mission, Peyrard fat nommé-bibliothécaire de l'Ecole polytechnique qui venait d'être créée (1. 795), puis, en 1806, entra comme professeur de mathématiques ~péciales au lycée' Bonaparte et conserva. ce poste pendant dix ans. Malaré cette belle p,>sitiofl, P~y-


rard ne put mettre sa vieillesse à l'abri du besoin il mourut, dit-on, à l'hôpital en 1822.

Il a publié un grand nombre, d'ouvrages concernant la philosophie, les mathématiques et la lit.. térature classique. Parmi les plus connus, nous citerons De la ~talure et de ses lois (4 édi tions avant 1794"); Cours de .~c~t~o~atir~zces, à usage, de la m~arine et de l'artillerie, par Pezout, édition revue et corrigée par Peyrard (~ i 98-~ i 99~, 4 vol.; 0~~ zcvres d'Arcl~im~d e, traduites par Peyrard. Paris, 1808, 2 vol. in-8°; Poésies com~~lètes c~'Ilo-ace traduites par Bateux et F. Peyrard. Paris, 1803, 2 vol. in-12 OEuv~~es d'L'vclrde, traduites par P.; ~e la st~rior2té de la fert~me ai~-c~ess~~s de l'itomme par Corneille Agrippa, traduction avec commentaires par ,P.; 1803, in-12,

PAGE 5, NOTE 1.

Décrété d'accusation, quelques jours après la journée du 10 août, le duc de La Rochefoucaulcl, ancien président du c~é~a~~le~~zenG c~e Pc~9~rs, jusque si populaire, fut arrêté aux eaux de Forges, en Normandie, pour être' conduit à Paris devant le tribunal révolutionnaire mais; dans la route: les gardes nationaux de l'escorte sont tout à coup en. tourés, le 14 septembre 1792" par une troupe armée de ,sabres et de bâtons qui se précipite sur l'infortuné prisonnier et.le massacre lâchement entre les bras de., sa femme et de sa mère. « Ainsi, dit un historien, périt le vertueux La Rochefoucauld qui avait soutenu l'éclat de son nom par sa philo-


sophie, par son désintéressement et par la fi, anchise de ses opinions..

PAGE, 5, ?\OTE E 2.

-Voici la description exacte dll petit volume offert à l\lonnet par Pevrard Dc. la r~at2c~xe et c~c ses lois par r-3e-vrard, V. 0. N S. P. 40 édition Pa.ris, chez Louis, libraire. An II de la république. 1 vol. in-12,

Ce petit volume, qui sort de l'imprimerie Mastot, est précé«lé d'un frontispice dessiné par;Queverdo. Il représente, comme un abrégé de toutes les prétentieuses allégories.' alors de mode le Temps, après avoir terrassé un monstre à plusieurs ttêtes, .symbole de la royauté déchue, inscrit le mot l~~yublique franeaise sur des tablettes posées sur le re})ord du piédestal d'une colonne élevée aux c~ensez~rs de la ~c~~r~e. côté de lui l'Amour, coiffé d'un bonnet phrygien, tient la massue du Temps. Sur le devant un coq chante, perché sur la faulx du vieux Saturne et enfin, dans le fond du ,paysage, au milieu d'ar])res touffus une bannière surmontee du bonnet phrygien, flotte dans le ravonnement clu soleil levant:

P~1G~ G, NOTE

Let mine de la Taupe, fut découverte en 177li, dans les bois de Beraroide, commune de Vergonghon (IIaute-I.Joire),. par le travail d'une


taupe. qui, fit jaillir du sol des fragments (le houille. (Legrand d'Aussy, Yoyc~g~ en Auve~°gne, t. II, page 248.) La maison du Croc de

Brassac, propriétaire du sol, en donna l'exploitation d'abord à la compagnie Feuillant, et en 17'82 à la compagnie Maigne. A la chute de cette dernière survenue vers le milie'u de 4785,. M. du Croc de Brassac, comme tuteur des enfants de son frère, traita le 8 octobre avec Jean Rabus-

son-Lamothe, qui devint, pour une compagnie, acquéreur du droit d' exploitation pendant 20' années, moyennant @ une indemnité une fois payée de 50, 000 livres et le quint en- nature du produit brut de l'extraction. M. du Croc, ayant du regret d'avoir~' signé ce traité, intenta peu après à Lamothe, devant la sénéchausséee d'Auvergne, un procès pour dégradation commise à la mine; mais, sur ces entrefaites, Lamothe obtint le 1 î -niai 4 7 8 6 un arrêt clu conseil du roi, qui l'auto. risa, sans condition onéreuse, à exploiter en vertu de son traité, pendant 20 ans, les .mines qu'il p ourrait découvrir dans les paroisses de Brassac, Vergonghon et Sainte-Florine. M. du Croc fOfV1a opposition et bientôt un autre arrêt restrictif du -12 septembre suivant, tout en,consacrant les, droits de Lamothe, réduisit la durée du bail à 18 ans, moyennant la redevance du cinquième du produit brut.

Vers 1804, les travaux de l'exploitation furent suspendus par suite d'un incendie considérable. Lamothe a111e, ,n ayant pas cleman~é le renouvel-

lement de sa concession, alla exploiter la, mine de Grignes. La Taupe fut dès lors abandonnée


mais, en ~8~ 8, la famille de Brassac; ayant de. mandé, conformément à la loi du 2~ avril 1810, la concession des mines existant dans ses propriétés, il fut fait droit à sa demande par une ordonnance du "i 3 septembre 1820 qui concède à perpétuité aux sieurs marquis d'Apchier et associés les mines de Grigues et de la Taupe si tuées à l'extrémité sud-est du bassin. Remise en activité par deux exploitants du pays, les sieurs T~rrasse# et Gannat, puis abandonnée par eux en 1828, la mine -de la Taupe est' achetée par M. Cockrill, à la famille de B~rassac, au prix de 400, 000 francs, qui. comprend aussi la concession de Grigues. Mise en société, elle prend bientôt la tête de la production du bassin et, dès 1842, fournit 251,250 hectolitres de charbon.

Le caractère le plus saillant de cette mine est, qu'au lieu de présenter des filons réguliers, elle forme des amas qui s,'arrêtent subitement pour reparaître plus loin. En langage. 'technique, ,c9tte sorte de gisement- se nomme e~~ cv~a~e~et.

PAGE 6, NOTE 20'

Exploitant d'une intelligence, rémarquable et auteur de plusieurs mémoires, parmi lesquels nous citerons surtout Mémoire que présente, au Comité de Salut publie et à la commission des s.ubsistances et approvisionnements de la République, Jean Lamothe, entrepreneûr des mi nes de charbon de la Taupe et qutres. ~ituée,s.. âan~ le


district de Brioude, canton. de Lempdes, département de la Haute-Loire, Sur, les ~noyens d'ap-provisionner prorn~tement q~~cr~l cc présent et pottr t'aven~r la coo~~tune de Paris et les fabriqttes d'a~~m-es ?~ établies. Issoire, Granier et Froi-n-, 4 p. in-4°.

P.\GE 8, NOTE U 0

La terre de Frugères, ancienne commal1.derie de

Saint-Antoine, était entrée dans la maison de Pons par l'acquisition ~Ill'e.n avait fai te, en '1679, Pierre de Pons; des Pères de Saint-Antoine de Niontferrand.

N C)

NOmE N.

Le marquis Pierre de Pons, seigneur de Frugè-

res Sainte-Florine ~.Collan~e, etc. ancien capitaine d'infanterie, vend.it, par acte du 6. tllernli. dor an VIT, reçu Gastal, notaire public à,Lempdes, à Antoine Rabusson-Lamothe, depuis préfet de la Haute-Loire, le château et la terre de Fri1gères,situés dans les commupesde Frugères, ,Vergonghon et Sainte-Florine, ainsi que la surface des mines de charbon, fonds et tréfonds existant dans I'étendue de slits biens, ladite vente moyennant la somme de ~J0,000 livres.

Le chevalier Jean-Marie de Pons, frère du précédent, fllt destiné de bonne heure par ses parents à enlbrasser l'état ecclésiastique lnais, pour des motifs "(lUe. nous ignorons, il r,en'ollça à ce projet et, après des études très-fortes, revint dans sa familleil employa son temps à, la traduction des


classiques latins. A l'époque de la Révolution, devenu professeur de langues anciennes à l'Ecole centrale du Puy.-de..Dôme, il publia plusieurs ouvrages classiques parmi lesquels nous citerons FavLes c~zoiszes de Ph,~c~re et r.Ze Faerne, et autres pièces relatives à la morale présentées aux jeunes étudiants dans l'ordre qui doit leur être le plus utile Riom et Clern1ont, Landriot et Rousset, an VII, i11-12; -Y Iu f~n~tio~i c~2t ge~zre é~~ir~2cc et essai s2~r le p~cL~t. c~e l'Ilicc~c; Clern10nt, Landriot etroussét, an XIII.

Le chevalier de Pons mourut à Clermollt en ~I g 1 i 1

laissal1t trois filles d011 t..l.une d'elles, Mme la comtesse de ~Vagner, y fut, sous le second Empire, dame lectrice", de l'Imp'ératrice.

P-G-E 9, NOTE 1

Un arrêt du Conseil royal du 16 juillet 1689 avait accorde au duc de lVlo11tausier, ses hoirs, successeurs et ayant cause, .pendant Ie temps de quarante années, l'autorisation de faire ouvrir et fouiller, << en dédol11magean t préala blemen t les ffropriétaires de gré à gré, ») toutes les mines et 111inières de charbon de terre qu'il pourrait dé. couvrir dans l'étendue des terres et seigneuries de l'obéissance de Sa Majesté, à la réserve neanmoins de celles du Nivernais déjà concédée: au duc de Nev«ers.

Le 2~~ avril 169~, un, second arrêt du mêlne Conseil confirme le privilége du duc de Montausier en' faveur de la duchesse d'Uzès, sa fille, et

seule héritière.


Pour faire régler l'application de ses droits, la

famille d'Uzès obtient deux nouveaux arrêts du Conseil l'un du 19 janvier i 694" l'autre du 4 janvier 16 9 5.

Ces divers arrêts sont confirmés le 13 mai 1698. Mais, le 14 janvier 1744, un édit de Louis XV annule celui de 1.698 et réunit la houille aux substances minérales qu'on ne pouvait exploiter qu'en vertu de concession du souverain.

Cet édit « fait défense à toutes pesonnes d'ouvrir

<I et mettre en exploitation des mines de houille, « sans en avoir préalablement obtenu une permis« sion du sieur contrôleur général des finances. » Ainsi sl1ccède le régirne des ~er~nzssion~ à la li-

ver~é indéfinie laissée aux propriétaires par }' arrêt du 13 mai 1698. (Voy. Baudin, Bassin hoz~irtPr de B~~assac, p 0 et suivantes.)

PAGE 12, NOTE 1.

Connu sous le nom de port de Chapes. NOTE 2.

Sur la batelerie èt les sa~inières, voir Legrand d'Aussy (Voyage en Auvergne, t. II, p: 259 et suivantes)

PAGE 14, NOTE la

Malgré' de nombreuses recherches, nous n'a-

~ons pu découvrir le texte de cet arrêté.


PAGE 1 NOTE 1

François Maurice de Bourdeilles naquit, en 1756, au château de Laurie près Massiac. Aussi= to4 t après son entrée dans les ordres à la suite (le' brillantes études faites au séminaire de SaintSul p ice; il fat nommé aumônier de la comtesse de Provence et pourvu d'une abbaye. Quelques années plus tard; son oncle maternel, M. de Combres de Bressolles, doyen du Chapitre de Brioude, résigna cette dignitë en sa faveur (1778).

La Révolution dépouilla M. de Bourdeilles de ces fonctions élevées arrêté comme prêtre réfractaire et incarcéré dans la maison d'arrêt de Brioude, il y passa plusieurs mois en compagnie de sa sœur Ga~ brielle, de Mine de La Fayette, etc.

R9venu avec sa sœur au château de Laurie, à leur sortie de prison, ils y furent bientôt rejoints par leur frère Louis, ancien capitaine au régiment de Beauvoisis. Les deux frères et la sœur vécurent dès lors réunis, partageant leur temps entre l'exploitation du domaine patrimonial et les plaisirs de la chasse et de la pêche.

Le doyen mourut en janvier 1830 :,dès les premiers jours de la Resta~~atiQn, il avait obtenu une pension en sa qualité d'ancieii aumônier de la ~o~te~se de Provence,

PAGE 16, NOTE 1

Brustel, né à l\fazérat.Aurouze près Paulha-


guet, prieur de la petite paroisse <1' 1-r1et pr;~s I.Ja..'Oll te-ChilI lac.

4.~rrêté le 21 a-vril ~l i ~3, dans le château d'Arlet, sous un tas de fagots, par un détachement de la garae nationale de Langeac, il fut condamné par arrêt du jury militaire du 2!1 d u même mois et exécuté le 2 rnai, à dix heures du matin, sur ]a lilace (1".t~rmés (le Poste}), il. I3rioude en J?résence tl'une foule considérable de spectateurs.

PAGE 1G, > 1 o'F C

1-je,s biens cle la iiiaisoii de La rayette furent ye,ndus l1ationalement et 110n pas, !)ar le général) t:Offill1e le dit ~I011net.

L'h û tel de La Fayette existe encore, rue SaintPierre. à Brioude. Depuis Je commencemént de ce siècle, il a plusieurs fois changé de propriétaires.

N'OT8 3

~1`I'E'tt;e au rhâteau de Chavaniac en septcll1l)re 1 i ~J?., tandis que le général, S011 111ari, décrété ( l' a c C U 8 a ti 0 n, s"était vu forcé de quitter l'armée q 11' il COlTIlnal1daÍt sur la frontière, y et de se réfugier en Allemagne, Mlie de La Fa-vette fut amenée au Puy la fierté dé, ses répollse5, la dignité (le

0

son maintien devant les autorités révolutionna,ires; imposèrent à tous l'admiration et lE respect et lui valurent d'être laissée :prisonnière sur parole à Chavalliac. Mais, à la chute des Girondins (octobre t 7 93), on. la traîna dans, la 111ai~on d'ar-


r e4L de Brioude pour l'y tenir enfern1ée jq.squ.à la fin, de mai 1794, qu'on la transféra à, Paris. Après avoir été déter~ue à la Force, puis au Collége du Plessis, cette femme admirable put, en mai 1795, rejoinclre son mari dans les 1)risons d'Olmutz pour partager sa captivité. Ce trait a fourni le sujet d'un drame Le ~~r~sonr~ier d'Q~zu~ ou le dévouement conjugal, drame en un acte, ~en prose; par P. A. 'Préfontaine, représenté le 1 ~r prairial an Paris. ,1 797, in-Bo. Consulter la Vie c~e :~Tm~ c~e La .llcL~tt,a~ par Mille de Las teyrie sa fille Paris, 1868, vol,' in-12; et aussi la Vic cl'l~~irte-Paz~.de-.lao- ~i~niclzce de ~Tocc~LLcs, ~~zcc~°r~~c2sc de .l~o~ztr~c, (par M. Cc,illet. de la Loire); Paris, .'1865, 1 vol. in-18.

PAGE 17, NOTE 1.

Ce pont, rémarqualJle par sa hardie5se et l'une des plus belles 'co11structions du pays, avait été la~~ti en 1454 par deux maçons de la contrée, Jea11 Grenier de Lugeac et Pierre Estor de Saint-Ilpize, a!11Si' que nous l'apprend une curieuse dissertation lue, en l752, à la Société littéraire de Clermont, par M. Dijon, ingénieur de la province cl'uver~ne "(bibliothèque de' Clermont-Ferrand, manuscrit). Le Père Montfaucon qui le regardait comme un "ouvrage des Romains, l'avait fait ~raver d'après un dessin fait sur les lieux, An~icluzt~~ cxplic~u~e, t.. I~, 2e partie, P..18 8

Il avait remplacé un pont -d'une origine p'roba-

blelnent fort, ancienne, pe-ut-être même romaine, dont quelques vestiges se voie11t à rI 00 ou~ 200 mfjtrPR en a \'a1. Oti ignore. l'époque de la chute de ce


dernier toujours est-il que jusqu'en 4 42t la route de Brioude au Puy était desservie par un autre pollt dont il existe encore.les ruines, à la Bageasse audessous de la ~~Lière des moulins du Dardelin et de La Tour, et qui fut emporté à cette date par une grande inondation. Le nouveau pont de VieilleBrioude vint rétablir la circulation, qui ne se fit plds à la Bageasse qu'à l'aide d'une nattf. Comme il avait été construit pour l'usage des vassaux de la seigneurie de Vieille-Briollde et à une époque les transports se faisaient à dos de mulets, il ne pouvait guère servir au roulage aussi, vers 17 5 6 commença-t-on à en bâtir à la Bageasse, aux frais de la province; un nouveau à trois arches. Il s'écroula le 27 septembre 1783, et on élargit alors celui de Vieille-Brioude pour le rendre praticable aux voitures. Ce dernier s'écroula, à son tour, le 27 mars 823, à six heures du matin, et fut remplacé par un nouveau "bâti sur le même emplacement remon. tant à l'époque romaine, d'après toutes les règles de l'art moderne et réunissant la commodité à l'élégance.

PAGE, 19, ~toT~ a

Au dernier siècle, l'exploitation de 1"antimoine

a été considérable en Auvergne, principalement aux environs de La.voûte. Chilhac, Massiac et Lan- geac. Voy. Gobet (Les anciens ~r~~n~ratogzs~~s d2c royaume de France t. II p. 526~ et Legrand d'Aussy (Voyage f~~t en 1787 et t788 dans la ci devant Haute et I~assp-~2~v~r~c, t. p. *9d-13 et suivantes).


De nos jours, ce métal donne encore lieu, dans lep canton de Langeac, à un commerce d'une certaine importance. 1

PAGE 19, NOTE 2.

Le minéralogiste .Tars avait été envoyé par le gouvernement en Auvergne poor ~1 étudier les mines de ce pays, leur nature, leur richesse et le moyen de les "exploiter., Il mourut avant d'avoir commence ses travaux.

PAGE 21, NOTE 1.

A propos du. rocher de Saint -Michel y nous citerons le passage suivant de la vie de Gui II, -évêque du Puy, insérée dans le recueil des Acta ~Sanc~o~~z~-r~a ord. S'. Bened~icti, sæc. V) page 8358 3 9, par dom Mabillon. Après avoir rappelé que Gui d'Anjou, deuxième du nom, évêque du Puy de 976 à 996, fonda en 993 l'église Stint-Pierre du Monastier, l'auteur de sa vie ajoute « Proe-

« terea, cum Truano decano optimo viro, magno « ingenio fecit incidi r~~pem quam .vocavit Acu« leam in cujus cacumine ædificavit ecclesiam « in honore beati Michaëlis archangeli, quam « similiter prius tamen a se dedicatam curn ma.« gnis apendiciis dedit præ1ictis.canonicis.D Ce que nous tradüisons ainsi

« De. concert avec le doyen Traanus; ~t en.\( staite tailler d'une ~rcanzére fort znr~énieuse ~cn « rocher auquel il donna le nom cl'Aiguille, et fit


« be.4tti-r sur le faïte de ce rocher une église qu'il « consacra lui-même en l'honneur du bienheu« reux Michel archange, laquelle église il donna « pareillement aux c11anoines de sa cathédrale « après l'avoir notée de biens ~considéra,bles, » Doit-on entenclre par là que le rocher de SaintMichel a été taillé par la main de l'homme, ou bien simplement que son sommet a été artit-1ciellement aplani pour recevoir l'édifice qu'il supporte? 'feUe est la q uestion q ue nous sOU111etto'ns aux géologues.

PAGI~ 21, NOTE 2.

J ean-Antoine-C11ristophe d'Authier de Sisgaud de Saint-Sauveur, docteur en théologie, chanoine de Notre-Dame du Puy. A 1 époque de la Révolution il échangea le rocliet et l'aumusse pour le honnet. rouge et la carmagllo1e. Il fut, sous )'En1pire, sous-préfet d'Ys..

sinrireaux.

NOTE- C)

L'abbé LaUrellt ~Al~rz~~iaelc l~istofi~iqi~ année 1788, P" 47 et 88) compte Rousson parmi les écrivains nés au Pny. Ii nous, apprend que cet avocat en parlement, de plus d'esprit que de jugement; membre des Acadétnies d'Orl'éans, Bordeaux et' Arra8, avait composé une tra~édie Les P~~o~icÎes, et plusieurs autres pièces de vers dont la lecture

fut appla"l1d ie', en 1 i S i à Paris, ùans une. asse111-


JJlée de la Correspol1da11ce pour les sciences et les

arts a-

La I~évolution venue, Benoît Rousson chercha

à jouer un rôle politique et. publia plusieurs brochures de circonstances il n'oubliait pas ses titres littéraires, ainsi qu'on peut en juger par le titre de l'une d'elles que nous avons sous les yeux- l~~on opzniorz sz~r I'e~éeution de l'ar~i. 0 de la troisi~~ne sectiôn di~ d écrct de t' Asse~~zbL~e nationale co~icerna~it l~ Co~zsliL~tion c,les assemblées c~drr~~inisLre~~v~~és du déparLe7~ae~~t, par M. Ben. Rousson fils, avocat, membre des Academies royales de sciences et belles-lettres de Bordeaux, Orléans, etc. en mai 1790 (sans nom d'imprimeur ni de lieu), brocllur~ in- 8°.,

Ce fat- le 4 mai 1791, qu'il fit l'acquisition de la propriété dont parle Monnet, ainsi que nous l'apprend le registre de la vente des biens natio-nnaux de la ville du Puy, conservé aux archives départementales « Maison et jardin, sis au-dessous du rocher de Corneille et dépendant du cidevant chapitre Saint-Maya], au prix de i ,650 francs. )

PAGE 2?, NOTE 1.

,Pallni les écrits de ce naturaliste plus fécond que profond, nous citerons son grand ouvrage' infolio, orné de belles planches,' sur les Volcans éteints c~2c Yi~ar~~zs et c~2~ Velay. Paris, 1.778,.in-fol..


PAGE

26, NOTE 1.

Bien que les documents nous fassent défaut nous

sommes autorisés de croire que les mines de plomb du Velay ont été exploitées fort anciennenlont. Leurs produits (plonlu galène ou alquifoux) étaient rech erchés pour le vernis des potiers. Nous avons-eu sous les yeux uri fort curieux acte d'association passé le 2 décen1bre 647, eÍ1tre plusieurs llabitants du pays, pour l'exploitation ci'une mine de plomb située au Rodier, paroisse de Saint- Julien-d'Ance, près Craponne. Mais ce fut surtout au dernier siècle que l'exploitation de ces mines prit une grande extension entre les mains de leur concessionnaire, M. de Rlutnestein, sujet allemand. Voici, sur lui, quelques renseignements peu con-M nus François Kair ou du Caire naquit à Strasbourg le 13 avril 16 7 8. Comme l'un de ses frères avait obtenu le 18 mai t 667, de l'empereur Léopold, un diplôme qui lui donnait le nom de Blumestein, ce fut sous ce nom que François servit en France. Attaché au maréchal de Villeroy pendant sa dé. tention à Inspruck, il étudia la docimasie, partie de la chimie qui enseigne à c011naître la nature et les proportions dés métaux utiles dans les D1élanges, naturels ou artificiels. S'étant rendu familier cette science, il obtint, par arrèt du conseil d'Etat du roi dtl 9 j~nviêr 17 7, la c~ncession pour vingt années des mines de p lomb de Saint-Julien-

Molint»Molettes et de toutes celles qu'il pourrait découvrir à dix lieues à la ronde. Cet arrêt fat

contredit par les propriétaires q ui prétendaient que


le minerai ne produisait qu'un vernis propre à la poterie. Il obtint, en 17t 9; un nouvel arrèt et fit exploiter ses mines par des ouvriers allemands. En 1727 fat renotivelé son privilége qui comprt1nait quelques autres mines de plomb en Forez et en Dauphiné, et il obtint, en 1.728, des lettres de nom blesse. Un de ses fils lui s,ucc'écla et joignit aux mines exploitées par son père, d'autres concessions à Saint-Ilpi~e" à Mercœur, etc., près Brioude. Sur les autres mines du Velay, voir Arnaud, y~is~oire d2~ T~elay, t. II, p. 304 et suiv..

a

PAGE 29, NOTE ,1-.

1

Pontempeyrat, village de la commune de Gra-m ponne, et chef-lieu d'une paroisse, sur la rivière d'Anee) qui sépare cette localité en deux parties, dont l'une, située sur'la rive gauche, appartient à la commune d'Usson (Loire). Il doit son nom (Pons im~era~orzs~ à un pont qui, remontant, paraît-il, à l'époque romaine, était destiné au service de la voie de 11'orum ~e g ~csiavorïcrr2 (Feurs) à Revessio (SaintPaulien). Dans la culée nord de ce pont écroulé au commencement de notre siècle, se voyait un basrelief représentant un homme assis, et, devant lui, un autre homme portant r--ur son cou un animal

qui paraît ètre un acrneau. Ce morceau de sculpture resta pendant quelque temps en. la possession de la famille de Laprade qui en fit don au Musée du Puy. Voyez A. I~erna~dr Descrv~~ïor~ du pays des Ség~csiaves ~Paris, 18 56, in-8:o),p. f 14 et d ~6I. Dans la partie du villa~a située en Forez se voit


encore une maison forte qui fut le' siéâe d'ulle seigneurie de plusieurs feux. Cette seigneurie qui portait le nom de Laprade, fut acquise, vers t 7 liO par Claude Richard, issu d'une famille fort ancienne de Bas-en-Basset, alors fixée à Vivprols. Mari n Richard de Laprade, fils du précédent, conseillermédecin du roi, a laissé plusieurs ouvrages estimés, entre autres Les ~~zatyses des eaux ~n~i~2ér~tes cicc For~ez, Il fut suivi dans la carrière médicale par son fils Jacques qui devint professeur à l'Ecole de médecine de Lyon et fut le père de l'éminent poëte. Victor de Laprade, membre de l'Académie française. A l'occasiol1 'de l'acquisition de'la terre (lu Ponten1peyrat, les Richard de Laprad,e adoptèren t pour armes « d'or au pont de gueule maçonné de sable, flanqué de ses.tourelles et terrassé de sino ple. »

Avant la Révolution, le Pontempeyrat ossédait un prieuré simple et sans charryes situé da11s la paroisse de Cl'aponne-en-Vela)T, sous le vocable de Sainte-Marie -Ma(rdeleine et à la nomination de l'abbaye de Doue. Le célèbre abbé de SaintArnoul de Metz, André Valladier, en 'avait, été prieur dans sa jeunesse et le dernier prieur fut messire Alexis Paulze, docteur en théologie) prêtre et chanoine de l'église de Montbrison, attache à la bibliothèque du roi et son commensal. Il en avait été pourvu en 1780, par la résignation d'Etienne Le Blanc, prêtre chanoine, régulier de l'Ordre des Prémontrés, profès de l'abbaye de Saint-Jacques de Doue. L'abbé Paulze, proche parent de la célèbre 1~ Lavoisier, devenue p lus tard Mme deRumfort, fut déporté en vertu de la loi du u aOlit i ~9N.


I'AUC 32, NOTE 1.

Monnet se trompe i~ral~ablement, car jusqu'ici la aràotasse n'a pas été rencontrée dans. le ~foisina~e de la Chaise-Dieu.

PAGE 33, NOTE la

Les environs de la Chaise-Dieu étaient encore couverts, au comrnencernent de ce siècle, de superbes forêts de pins et de sapins dont les principales, connues sous les noms de Lamandy,, de Mozun, du Sapet, du Bois-Nbir, appartenaient à l'abbaye avant la Révolution.

Ces forêts fournissaient, en gr~nd nombre les bois de marine connus sous le nom de mâts d'Auvergne ou mâts ~du Roi.D'anciennes ordonnances prescrivaient aux consuls des, paroisses environnantes ,de livrer les bœufs nécessaires à la conduite de ces l11àts. Quelques consuls ayant éludé ces preseriptions en dispensant du service leurs bceufs et ceux de leurs amis ou en n"envoyant pas les assignations destinées à conlmander ce service, le -19' août 1692 fut rendue à 1-lauterive, par Gilles de ~Iaupeou, intendant de la province d'Auvergne, une ordonnance enjoignant (c aux consuls collecteurs et autres ayant charge, des paroisses de délivrer au-sieur Gourtin, ëcuyer, chevalier d'honneur au présidial de l{¡om et-~omrnissaire de Sa Majesté pour la coupe et conduite des IIlàts d' Auvergl1e, les attelages nccessaires à la condui te desc1,its llIÙ ts#'


et de délivrer au sieur Courtin de quinzaine en quinzaine un état des boeufs de leur paroisse, à peine' contre les refusans ou les dilayans de cinq cent livres d'amende. ?~

'p AGE 33, ~roz~E '2.

Sur ce célèbre couvent de Il ordre des Bérlédictins, lire Dominique Branche, les ~IGnastè~res d'A2~vergiie, ouvrage qui nous fait vivement regretter que l'auteur ait cru pouvoir se passer de consulter les précieuses archives de la Chaise-Dieu conservées aux archives départementales de la Hautf~" Loire..

NOTE 3. 0

Monnet renviiie à la a'Vouve~~e desc~~i~tion de la ,ance, publiée pour la première fois, en 1718, par Piganiol de la Force, savant distingué, à A.urillac en 673, et au tom. V de la Descri~tion des principaux lieux d e la ~rance que Dulaure venait de faire paraître. Sur ce dernier, consulter ses ~~lémo~~°es publiés, d'abord en 8~8, dans la Revt~e réirospective de Taschereau, puis ré'édités,dans ces dernières années, avec une préface par M. de la Sicotière (Paris, Poulet-Malassis, 1 8649%); et aussi l'intéressante étude que vient de. faire paraître sur lui M. Mai-cellin Boudet, présideI1t du tribunal de Thiers (Paris, Aubry, 874).


PAGE 35, NOTE 1

Monnet exagère considérablement le chiffre des revenus de l'abbaye de la Chaise-Dieu; ils n'étaient que de 20,000 livres, somme, du reste, respectable pour le temps. ~ra~zce ecclésiastique ~'année 1'ï8~, p. 3-il et 338.)

Saint-Waast, au diocèse d'Arras, dont le cardinal de Rohan était également abbé, lui rapportait 40,000 livres, et Mont.Majour, au diocèse d'Arles, 20, 000 livres.

NOTE 2.

Sur cette très-célèbre af~âire, nous nous contenterons de renvoyer à E. Campardon, ~larieAntoinette et le p~°océs alu collier, d'après la procédure instruite devant le parlement de Paris (1863, grand in~8o, fig.), et à l'intéressante publication de 1\1. Gustave Chai~-d'Fst-An~e, avocat, iloniteur ~cniversel, numéros des '13, 18, 9%0 1 22, 23, MI 26, 28, 39, 31 août et 1 y 2 y 3 septernbre 18640

Le cardinal Louis-René-Edouard de Rohan,, prince-évêque de Strasbourg et grand aumônier de France, avait environ 50 ans, lorsqu'à la suite de 1 parrêt du parlemènt de Paris rendu le 31 mai 1786, qui le déchargeait de toute espèce d'accusation, il reçut une lettre de cachet lui enjoignant de se rendre en exil à son abbaye de la Chaise-Dieu. Il quitta Paris par la route de Clermoht-Ferrand et


arriva à Brioude le 8 juin suivant, à 7 heures du soir. Le lendemain il prenait le chemin de traverse et arrivait d'assez bonne heure à la Ghaise= Dieu.

Quelques jours plus tard, si l'on en croit le récit suivant, le cardinal fut rejoint par un jeune page (l'une tournure bien propre à exercer l'imagination des moines et des habitants du pays. J'ai vu, en effet une jolie miniature de ce page: c'est une ra~lissante jeune fille que le cardillal avait connue je ne sais ou, et qui appartenait à une très-ancienne famille des environs du Puy. dont la filiation remonte à l'un des officiers de l'argenterie de la maison de la reine Marguerite à Usson. La personne très-honorable qui possède ce portrait le tient ainsi que les renseignements précédents de la soeur de notre héroïne qui, d'après les m4emes confidences, toucha j,squ'à sa mort une pension de la maison de Rohan.

Ce que la présence de ce page -pouvait- présenter d'équivoque, fut largement compensé par la générosité du, cardinal, son abord facile et 'sa concluite pleine de dévouement dans un incendie qui, en juillet 1786, menaça la ville d'un embrasement général. Le cardinal fut des premiers à se mettre à l'œuvre ainsi que son frère; l'amiral de Guéméné; puis, lorsque le feu fut calmé et que les moines apporterent processionnellement lecllef de saint Robert sur le lieu du sinistre, il n'hésita pas à s~age11ouiller devant cette relique, dans un lieu rempli d'eau et de boue. Cette délnonstration bien natarelle parut suffisante aux braves habitants pour les convaincre de l'orthodoxIe de


leur abbé; et ils jugèrent. qu'ils auraient mauvaise grâce à le critiquer, }"occasion d'un petit page qui* ne faisait de mal à personne et qui était si ryentil à voir. Au reste, l'annPe s'était à peine Ácoulée, que l'on pensa à adoucir l'exil clu carclinal, et bientôt il lui fut permis de se rendre dans. son abbaye plus confortable de Noirmoutiers. Le cardinal de Rohan avait été précédé dans ,cet exil à la Chaise-Dieu par Jean Soanen, au.. tre prélat dont les vertus incontestables, bien qu'il ait commis la faute de 'ne savoir point se soumettre aux décisions du Saint-8iége" forment contrast; avec la mondanité du premier.

Jean Soanen, né à Riom en 647-, entra chez les Oratoriens; et ses sermorls à la co1ir~ pendant les carêmes de, -1 686 et de 688, l'avaient déJà rendu çélèbrt', lorsqu'il fut nommé à 1 évêché de Senez. Son refus de recevoir la bulle U~z~gsr~it~cs le fit exiler à la Chaise-Dieu, où il mourut en i ~0. Voir sa Vie, par Gautier, t ~0, vol. i n12, donnant d'intéressants détail5 sur son séjour dans cette abbaye.

L'évêque de Clermont, Massillon, avait voulu tempérer les rigueurs de son exil, en cherchant à obtenir pour lui l'autorisation de résider au château épiscopal de Beauregard, près Clermont mais So~nen ,refusa d'açcepter la moindre faveur. Voyez à ce sujet, les deux curieuses lettres de Massillon à S~oanen, publiées par l'a1)bé Blampignon dans, sa Correspondance inédite de ~Iassi~torc (1 vol. in-8°,B,ar-le-Duc, 869).

1

G*


PAGE 36, NOTE 1. o

Monnet veut parler des infâmes pamphlets que fit paraître à l'étranger Jeanne de Saint-Rémy de Valois, comtesse de Lamotte, cette aventurière que l'arrêt du 3 1 mai 17 8 6 avait condamnée à être fouettée, marquée à l'épaule comme voleuse et bannie du royaume, à la suite de l'affaire du coltier.

'Voici les titres des principaux

Mémoire justificatif de la comtesse de Valois de Lamot~e, écrit par elle-même. Londres, 1789, in-80

La reine dévoilée, supplément au Mémoire de la comtesse de Lamotte. Londres, t 789, in-8° Y2` de Jeanne de Saint-Rémy de Valois, ci-devant comtesse de Lamotte, confidente et favorite de la reine de ~rance, écrite par elle-même. Paris, anler) 2 vol. in-~O..

PAGE 37, NOTE 1.

Monnet, nous l'avons dit, perdit une partie de

sa fortune dans cette catastrophe.

PAGE 38, NOTE la

D'après le R apport. général sur la gestion du directoire du département de la Haute-Loirea, année 1791 au Puy, 1792, in-4°,p. 70 et 71,


cette hil~liotl~èclue aurait été composée de cinq mille huit cent cinquante-trois volumes de tous formats, Ces volumes furent transportés à Brioude. Lors du rétablissement du culte, Mgr de Belmont, évéque des diocèses de Saint-FIonr et du Puy, 1 obti~.t ,du gouvernement l'autorisation d'en faire un choix 1 à l'usage de son séminaire diocésain celui du Puy ayant été supprimé. Le surplus des livres- resta la propriété de la ville de .Brioude et servit à for'mer le fonds.le plus important de sa bibliothèque communale.

Au moment de la' Révolution, le monastère de la Chaise-Dieu ne comptait plus, parmi ses moines, ces hommes instruits qui avaient été l'honneur de la congrégation de Sain~-Maur. ~La confu81011.s'était glasée dans le classement des nombreux documents composant son chartrier. La communauté avait eu recours pour un nouvel arrangement à un homme assez connu par son habileté pour la lecture des vieux titres, à 'Garde des Fauchers de Craponlie. Lors de la suppression des ordres monastiques, Garde des Fauchers s'occupait de cette nouvelle mise en ordre ce chartrier était remarquable pa~ le nombre et l'importance des pièces qu'il renfermait. Comme il contenait des papiers précieux intéressant l'ensemble du département et même des départements environnants l'administration décida que la division ne pouvait en être faite que sous ses yeux et en ordonna le transport au Puy, dans le lieu de ses séances. Tous ces précieux documents sont maintenant aux archives départementales, sous la garde éclairée de notre savant compatriote M. Aymard.


PAGE 415 .NOTE 1.

Auzon, l'une des treize villes de la Basse.. Auvergne, était le siége d'une seigneurie qui eut d'abofc. les d'Auzon, puis successivement les Montmorin, les Itochefort et les Polignac pour possesseurs. Cette terre passa en 1675 aux Boyer, en 1718 aux Peyrenc cle Moras. Vendue quelques années plus tard au comte de Séve,yrac de SaintMartin- d'E splai ns, elle finit par tomber entre les mains de Charles-Paul-Nicolas cle Barentin de Montchal, seigneur vicon1te de Lamothe, par l'acquisition qu'il en fit du comte de Simiane, gendre de M. de Seveyrac.

PAGE 42, NOTE 1

Cougeat: situé sur la droite de l'Â]lierj à peu ue distance de Lamothe et presque en. face de Brioude, était, avant la Révolution, le c11ef-liell d'une petite paroisse. Déjà, à cette époque, les inondations avaient enlevé la plus grande partie de ce village, il ne reste plus qu'urie (lizaiiie de maisôns et quelques vestiges de 17 église. Depuis le commencement de ce si~c¡e,]e marché aux bois a été successivement transféré aux: Baraques de Lamothe près du pont sllspendu, puis aux Bara~ues de' Fontannes où Il se trouve

encore


PAGE4 4-t~~VY NOTE 2.

Nous avons vu, dans une enquête du XVe

siècle, que le flottage à bûches perdues était déjà

connu à cette époque dans le haut Allier. Ce ne fut, toutefois" qu'entre les alInéas 1788 et 1794 ~_iue furent faites de sérieuses teiitatives pour son applièatioll. Les bois flottés, provenant des environs de Chanteuges, étaient arrêtés à Lanbeac et à Brioude. Mais ce mode de transport ne tarda pas à être presc!ue complétement abandonné,comn1e peu avantageux.

Les essais de flottage en ~ci~~s tentés dans le

.commencement de ce siècle pour les ])ois de construction des montagnes de la Margeride et des gorges de Colany, sur la Desges) n'eurent qn'u11 succès de peu de durée et cessèrent complètement du j our de l'éta])lissement de la voie ferrée qui cotoie .l'Allier depuis sa source jUSqll'à swn em-

houchure.

NOT-r-, 30

L'on trouve, dès les premiers temps du moyen

ge, des traces de législation relative.à la navi, gation de .l'Allier. A cette, époque, t'~o.ni3 ~'asso Nciation était déjà for~n~e entre ies marchands da ])assin de la Loire, dans le but d'abord de pro. téger des intérêts con1niuns, et'plus- tard d'e:xercer directement une ~er3tiofi en quelque sorte gouvernementale, de veiller au balisage, et à 1'entretien


des voies navigables, à la réformation des péages, etc. Cette corporation avait ses agents, ses assemblées générales auxquelles étaient envoyés des dél'égu'és. Son conseil siégeait à Orléans. Elle jouissait de nombreux priviléges, dont le principal était de relever directement du parlement de paris. Aux X~e,XVI~ et XVIIe siè% clés le transport des marchandises et des denrées n'était pas la seule source de produit de -l'industrie batelière. Elle se chargeait aussi du transport des voyageurs. C'était à la descente le moyen le plus rapide-et le plus économique de locomotion. Le nombre des voyageurs et la fréquence de leur passage devinrent mêmè suffisants pour nécessiter sur l'Allier et la Loire, en 1 7 3 7, l'établissement de services réguliers de coches d'eau. (Mantellier, Histo2rG de la communauté des marchands fréqr~entc~nt la rzvière de Loire et fleuves descendant en icelle. Orléans, 1867, 3 vol. in-8°.)

« En 1693 le blé étant fort cher à Paris, on voulut, dit Lefèvre d'Ormesson, en faire venir d' Auvergne par le canal de Briare mais la dif ficulté de cette navigation à cause des crues de l'Allier qu'il faut attendre, et la longueur du temps que les bateaux restent sur ce canal, firent cesser l'entreprise à laquelle il y avait plutôt de la perte que du profit. (Mémoire concernant la province d'Auverg~e, dressé en 1697-98, par M. l'intendant Lefèvre d'Ormesson.)

« Le niveau ordinaire de l'Allier ne permettant

pas la navigation en toute saison, 'elle'n'a lieù or- dinairement que lorsqu'il se produit dans les eaux de cette rivière une hausse sensible et. d'une eer.


taine durée, par suite soit des orages violents au printemps et en été, soit des pluies fl-éqtlentes en automne ou de la fonte des neiges à la fin de l'hiver. Id.

« Dans les plus grandes eaux, dit Jean Lamo-, t the dans son mémoire, déjà cité, adressé au Comité de Salut public, les bateaux qu'on appelle communs, longs de 56 pieds sur 10 de largeur, sont chargés de douze voies et demie de charbon. D'autres fois, la crue ne permet de les charger qu'à dix, à neuf, à huit, à sept et à six voies", La plus haute tenure est donc de douze voies et demie, et la plus basse de six: c'est entre ces deux termes qu'est la navigation ordinaire. »

Sur l'industrie batelière et le commerce des sapz~~i~es, voyez en outre Legrand d'Aussy Yoyag~ en Azc~e~gne, t. 11, p. 259 et suivantes)

PAGE 45, NOTE 1.

Le couvent de Sainte-Florine de l'ordre de Fon"!8 tevrault fut fonde dans les premières années du XIIIe siècle par une comtesse d'Au-vergne. (Ca~e~2d~~ier- c~u~vergne pour 1766. Edition publiée par l'abbé Martinon, curé d'Auzon, p. 22 1 Ce monastère, placé sous la protection immédiate du Saint-Siége et sous Ia correction de l'abbesse générale de l'Ordre de Fontevrault, fut autor'l~sé le 10 janvier 144 0, par qharles, duc de Bourbon et d'Auvergne, à construire une tour forte. Il avait la hasse-justice de Sainte- Florine, tandis que la haute- ustice du même lieu appartenait au seigneur de

i

N011ette.


Par sentence rendue en la sénéchaussée d'Au~oergne, le 2 3 novembre 512, entre madame la duchesse d'Auvergne et de Bourbonnais,. à cause de la seigneurie de Nonette, et le sieur de Lall"geac, prieur de Sainte-Florine, ce dernier « en sa dicte qualité de prieur est nlain tenu ell 1a possession et saisine de toutes les charbonnières, mines

ou bouches de charbon de pierre qui sont et se trouveront aux appartenances dudict prieuré de Sainte-Florine. »

Louise de Bourbon, abbesse de Fontevrault en t545, sour~et 'le monastère de Sainte-Florine à la

réformation imposée par le décret de Sixte IV et l'arrêt du conseil du roi.

Le 26 avril 1641, avec l'approbation de 1 eveque de Saint-Flour, fat posée la première pierre et commencée la construction de l'église paroissiale et conventuelle des dames religieuses.'

Cette église, ainsi que le choeur conventuel qui

existe encore et sert de chapelle pour les catéchismes, fut bâtie par Jacques Pothier, « maistre entrepreneur et architecteur » de la ville de Riom, qui se chargea de cette construction moyennant le prixfait"" de d;950 "livres tournois. Outre cette somme,

la communauté devait fournir cleux manoeuvres et faire conduire les m~até~riau~ à pied-d'œuvre. I~a dé- molition de l'ancienne église fût achevée le 8 juillet 64~ et la bénédiction de la nouvelle eut lieu le 29 septembre de l'année suivante, Francoise de

Fretat étant alors prieure.


Antoine Rabusson-Lamothe naquit à Clermont, le 13 juillet 4 756. Avocat du roi au' présidial de cette ville il fut chargé, le 8 janvier 1789, d' aUer, avec deux de ses concitoyens, porter au directeur général des finances les doléances des habitants Je Clermorit,. relativ-ement au mode de convocation projeté des Etats-Généraux. Nommé, au commencement de septembre 1'79 t 1 député de la BasseAuvergne à r-ssembléè législative) il eut pour collègues, parmi les représentants de ce département Maignet d'Ambert, les fameux montaanarils Soubrany, Romme, Couthon et autres, ce qui ne l'empêcha pas d'aller ~'asseoir sur les bancs de la droite, parmi les déienseurs de la Constitution 1791, connus sous le nom de ~eu~Llar~~s, Il ne p rit jamais part aux discussions de l'Assemblée mais.. par les lettres qu'il adressa à ses commettants. on peut juger de sa modération, de son esprit de conciliation et de son dévouement à la monarchie constitutionnelle. (Voyez ces Lettres publiées par M. Francisque Mège, avec une biographie de leur a\lteur. Paris, Aubry, 1870.) Cependant après la journée du 10 août, il se laissa aller au courant, mais plutôt par frayeur que par conviction~".Non réélu à la Convention, Lamothe fut nOlnmé, le 13 mai 1793, keutenant-colonel d'un des bataillons organisés par le conseil général de Clermont,' pour marcher contre, les insurgés de la Vendée. Ce bataillon stationna à Brioude du 5 juin au 15 juillet de la même année,

PAGE 48, NOTE 1.

7

r


A son retour, Lamothe q ui avait acheté, le 22 avril 1789, au marquis de Fons de Frugères, les mines de houille du Grosménill, fut incarcéré à Clermont, sur l'ordre de Couthon, le 29 mars i 794, pour n'être rendu à la liberté que -le 27 juillet de la même année..

Successivement juge au tribunal du district de Clermont et juge-suppléant au tribunal de cassation, Lamothe fut, par un arrêté des consuis du 7 mar:; 1800, app~lé à remplir !e premier les fonctions de préfet de la Haute-Loire. Pendant les neuf années qu'il occupa la préfecture de ce dépattement, Lamothe se montra administrateur -'éclairé et conciliant. Il contribua à rétablissement du cadastre, au balisage de l'Allier, dans l'intérêt de -la navigation et à la création des écoles communalES.~ Grâce à ses encouragements, l'industrie de la dentelle, fatalement atteinte par la Révolution, commença se relever. Ses administrés surent apprécier ces services en février 1804, Lainothe fut désigné par le corps électoral de la Haute-Loire comme candidat du Sénat; à la vérité, il ne fut pas élu a

En 810 F la mauvaise situation de son exploitation houillère détermina Lamothe à résigner ses ~onctions de préfet de la Haute-Loire où il fut remplacé par M. Cahouët, auditeur au conseil d'Etat. Il mourut à Lempdes, le 26 mai 1821

PAGE ~ô~ 'NOTE

Feuillant pouvait être ignorant dans l'art de <III'


l'exploitation des mines;,mais il avait fait, au cal1P e de Brioude, alors dirigé par les Sacramentaires, d'assez bonnes études classiques,; ainsi qu'en témoignent plusieurs programmes de distributions de prix que nous avons sous les' ~7eu~ et son

nom figure à différentes reprises.

PAGE 48, NOTE 3.

Etienne Feuillant, né en 1768 à Brassac, était avocat stagiaire à Paris, quand éclata la Révolution. Associé d'abord à M. Beaulieu pour la rédaction du Journal du Soir', il fonda ensuite et rédigea seul le Journâl ~w Soi7· s~~cs f~e~ions. Cette feuille avait, pour but; comme son nom 1 1 in'dique, la publication le soir même des débat-3' des séances de l'Assemblée des Etats-Généraux et des Assemblées qui lui succédèrent. M. de Malesherbes lui adressa le jour même de l'exécution de "Louis XVI, une copie du testament de ce malheureux roi, copie qui fut imprimée immédiatement. avant que la commune de Paris ait eu le temps' de s'y

r

opposer.

Après avoir vécu, sous le Directoire et sous l'Empire, dans une retraite profonde, Feuillant, au retour des Bourbons, s'attacha à leur cause et fonda, pour ,la soutenir, 1 le JournaL g~nérâ~ de France qui, maintenu pendant les Cent-Jours, fut obligé peu de temps' 'après ceLte époque d'interrompre sa publication par suite de J'arrestation de son rédacteur en chef, sur les ordres de 'Fouéhé. Elu député, en a 8 t 5, par le Maine~et-Loiret

· r.


Feuillant vota avec la majorité et publia plusieurs brochures politiques, parmi lesquelles nous citerons Des lois fondamentales considérées dans leurs ~a~~o~~ts ~o~itiqzce~. 1818, in-So..

Après des revers de fortune, Feuillant se retira

dans le Maine-et-Loire où il était propriétaire. Il est mort, le 17 juillet 1840, chez son gendre M. de Faure, receveur général de Loir et-Chpr.

PAGE 49, NOTE 1.

Le pavillon était situé, sans doute,, sur l'em-

placement actuel du château de Sé~amines, construction des plus originales, élevée d'après les plans fantaisistes de M. Maurice Sadourny, ingénieur des'mines et fils de l'exploitant, dont il est ici question. Le journal le Siécle a consacré, vers 852, un très-piquant article à cette singulière demeure ven lue récemment, ainsi que la mine de la Combelle qui se trouve sur le même territoire, à M. Schneider 1 directeur de la Compagnie du Creuzot.

NOTE 2. a.

NÓU8. savons par I3auflin, Description d~u bas~~ sin houiller de Brassac, p. 9, que Benoît Duvert, bourgeois de Paris y résidant à la Fosse paroisse de Sainte-Florine, et deux autres personnes acens~rent, en 1667, du luminier de cette paroisse, la charbonnière du Grosmenay (le Grosménil), qui appartenait aux hahitants du lieu.


Ce Duvert, qui appartenait à une famille pari-

sienne dont plusieurs membres semblent avoir occupé de hautes fonctions dans la n1agistrature, est le grand-père de l'exploitant dont parle Monnet.

PAGE 50, NOTE t 0

Le Grosnlénil, anciennement le Grosmenay plus anciennement le Gromigné et le Grommenier, est situé dans la commune de Frugères-les-Mines (Haute-Loire). Son gite1houil1er, remarque M. Baudin, dut être exploité des premiers, tant enrais'on de sa puissance, de son affleurement au jour et de sQn asséchement naturel qu'en raison de sa situation sur des terrains comtllunanx et de sa posi- tion sur le grand chemin allant d'Issoire à Brioude par Charbonnier et Vergonghon

En vertu de l'ancienne législation accordant au propriétaire le droit de rechercher et d'exploiter les mines existant dans son fonds, la mine du Gros.. ménil appartient d'abord à la commune de SainteFlorine que nous voyons en affermer la concession, des i 667. Elle pa-sse plus tard en la possession du marquis de Pons,seigneur de Frugères, qui l'afferme, en 1735, moyennant la somme annuelle de 5,000. livres à la compagnie des Mines d'Auvergne, et ensuite l'exploite lui-mème pendant de longues années. En l'an V, x~ous la trouvons abandonnée, et le 29 frimaire an VIII, concéJée aux sieurs Jean et Antoine Rabusson-Lamothe frères et Jean-Gilbert Berthon. Mis aux enchèr5es vers 18.15, le Grosmén'i'l es't'acheté à vII.prix par son. anrien directeur,


le sieur Richard, ex-moine de la Chaise-Dieu, qui réalise une rapide fortune et le laisse par testament, en 1823, au fils de l'ancien propriétaire, M. Auguste Lamothe. Vendue en 1824 à la Société Justinien Olive et Ce, puis, en 1825) à la Société de Fontaine, Barthe, Lamothe et Ce qui inaugure les premiers chemins de fer intérieurs du bassin de Brassac, cette riche mine,' rétrocédée en i 8 8 à M. A. Lamothe, entre à cette époque dans la période de sa plus grande prospérité. En 1835, ses travalix sont parvenus à 250 nntres de profondeur, et elle produit annuellement de 200 à 250,000 hectolitres de charbon Deux ans plus tard, elle change encore de propriétaire, acquise qu'elle est par une secon le Société en commandite, au capital de 2, 600, 000 fr., qui, sous le nom de Société des Houillères de la HJute.-Loire, exploite également la mine de Fon-

dary et les puits de la Taupe,

P.AGC ? 'NOTE. t.

La première machine à vap~ur qui ait paru introduite dans le bassin de Bras3ac, fut in~ta11ée en 1809 aux mines de la COlnbelle. L'honneur de cette important~A innovation revient à M. Maurice ~adourn y

I'A(!E 5#)W) NOTE t. &

À l'origine, les exploitants., S1DS capitaux et sans prévision de l'avenir 1 se* content1ient d'atta-


quer tant bien que mal les affleurements des filons charbonneux et de les g~tabôt~er. Lorsque l'eau venait à les gêner, ils portaient plus loin leurs recherches. C'est ce qui explique ces mille trous qui criblaient alors la surface du sol et le rendaient si

dangereux pour les passants sans défiance. Nous avons sous les yeux une fo'ule d'actes qui font 'foi. de ce ma le primitif Nous nous contentons et'en citer deux pris au hasard: Jacques de la Rochefoucaultl, chevalier de l'ordre du Roi, capitaine de 150 hommes de ses ordonnances, g©ntilhornne de sa chambre, seigneur de Chaumont., baron de Saint-Ilpize, Brassac', Domeyrat, etc. par acte passé à Brioude, dans la maison où pend pour enseigne le, Chapeau Ro~lr~e, le t 4 mai t 6i t, donne à Estienne 13er'gain et à trois autres habitants de Sainte-Florine, à titre d'acense, moyennant la somme de '45 livre's pour chacune année. un « tènement contenant trois sestérées de terre, situé au-dessous du chemin appelé le bois de Langeac, dépendant de la seigneuriè de Brassac, pourdanslceluy faire une charbonnière, pour icelle en jouir peniant deux ans. 1 Il s'ol)lige, en outre, à fou'rnir aux preneurs deux chars de bois qu'ils pourront prendre dans le bois 'dudit seigneur;- Let6juillet 1638, son fils Jean, seigneur baron de Brassacet Lubiér2s, achète à An toine Guyton, charbonnier de Slinte-Florino, une mine de charbon! située. en un champ de 4 car. tonnées" appartenances de S~inte~FIOfine, terroir des Rivaux, .q: avec pouvoir d'y faire les puits nécessaires pour tirer le charbon, mo j.en nant' le prix de 50 livres. » 'Baudi~n,loc. cit,; p, 7' et 9a i tee'

quelques documents semblables.


PAGE'54, NOTE 1.

Nous ne connaissons point.de date exacte du départ.de Monnet; mais en fructidor an II ~aoüt 1 794), y nous trouvon~s .dan~ le pays un autre agent de 1a Convention nommé Larcher qui appliquait avec zèle les mesures révolut,ionn'aires, ai~.s~ que l'on pourra en juger par le procès-verbal suivant

Au 11()1n de la ~~ép~cbliyue /'7°~~yais~e en go~ci~c~rne~r2en~ ~ë~ôL~cüo~znai~~e,

LIBERTÉ. ÉGALITÉ. Cejourd~hui, 3 fructi.ior an II de la République

française, une, indivisible et démocratique, nous commissaire du Comité de Salut publie pour l'extraction des charbons de terre et leur envoy pour la fabrication des armes à Paris, accompagné des citoyens Guillaume Aubergier et E~tival de Jumeaux, Barreyre de Brassac et Redon de Vezezoux, tous quatre commissaires par lesdites com m·~nes pour m accompagner d.ans les montagnes se fabriquent tou$ les bois nécessaires pour la construction des bateaux, nous nous sommes transporté dans la commune de Chassignoles et celle de Champagnat-le-Vieil, ,estant, nous nous sommes présentés à la maison commune, après

P

y avoir convoqué le corps municipal, présents Pierre Poughon, maire,et Chantelauze, sergent na'auxquels nous avons exhibé nos pou~oirs émanés. du Comité de S11ut publie, sous les.dates des et 29 ventôse, 'Sig;Ilé- R tinr)~t, Carnot


et Prieur, représentants du peuple et membres du Comité de Salut public~, scellé et ensuite visé par l'adlninistration du district de Brioude. Après avoir expliqué le motif de notre transport, nous leur avuns déclaré au nom de la loi et en vertu de nos pou«voir-à r'évolutionn aires, que nous mettions dès cet instant èn réquisition permanente tous les ouvriers scieurs, de même que tous les bœufs et vaches employés, soit aux transports, soit à la' culture que nous enjoignions aussi aux prop~ié- taires des bois d'en exploiter, faire exploiter, ou enfin en vendre à ceux qui sont dans l'usage de le faire et en assez grande quantité pour que les ports soient pourvus de manière que les constructionsdes bateaux ne souffrent aucun retard avertissant -lesdits marchands. de bois que si, sous un mois, les bois d~jà, exploités ne sont pas conduits sur lesdits ports, nous les s'aisirons au'nom et au- profit de la Répub1ique..

Le tout, sous peine pour chaque con treven tu 1 d'encourir la peine .portée par le décret de la Convention nationale du 18 brumaire an II. Concernant ceux qui s'opposeraient à l'exécution des arrêtés du Comité du Salut public pour la fabrication d'armes, la Convention nationale, après avoir entendu le rapport'du Comité de Salut public, décréta ce qui suit que tous citoyens qui s'opposeront à l'exécution des réquisitions ou arrêtés du Comité de Salut public pour la fabrication des armes, sera mis en état d'arrestation, traduit au tribunal criminel et punis de deux ans de fer. De tout ce que dessus avons dressé le procèsverbal, requis l'exécution chacun en-ce-qui le con-


cerne, requis aussi ladite municipalité de nous prÓ..curer un cheval pour monter un des commissaires présents. Interpellé de nous déclarer Le nombre des scieurs 1 Aucuns qui en fassent leur unique occupation. -Ensuite- invité de nous déclarer le nombre des paires da lœufs? Vingt paires. Celui des paires de vache!; ?8oixante. L'essence des bois? Déclaré qu'ils sont partie de sapins d'une belte venue, mais que les gros arbres n'abondent pas qu'il y a auasi deI chênèstai1liset quelques pins. Lecture faite, nous nous sommes soussigné les jour, moi. et an susdits

IJ.\RCHER,

Agent du Comité de Salut public

aux mines d'Auvergne.

LE PUY. TYP. ET LITH. M.-P. MARCBESSOU.