étoffes ont été mangées par les teignes, alors que j'aurais dû les donner aux pauvres, et je crains beaucoup que ces mêmes pièces d'étoffé ne soient produites en témoignage contre moi au jour du jugement » Nous trouvons ensuite Césaire, à l'âge de dix-huit ans, aux pieds de i'évêque Silvestre, suppliant avec instance le chef de l'église « de t'arracher aux liens de sa famille et de son patrimoine ». Si l'on prend au mot Césaire lui-même dans son épître à l'abbesse Oratorie, ~on entrée en cléricature ne se fit point par une de ces déterminations doucement nourries dans le secret du cœur, et qui semblent le dénouement aisé d'une jeunesse sans passions. Rappelant à cette religieuse, qui était une parente ou une amie de sa famille, l'affection qu'elle-lui avait vouée sans le connaître, alors qu'elle était déjà. à cette époque retirée dans un monastère, il reconnaît avec humilité qu'il en était peu digne, car qu'était-il alors ? « un jeune homme de peu d'espérances, qui marchait sans réflexion dans le chemin des plaisirs, seméd'écueils, et qui courait aveuglément au précipice en voulant se procurer la félicité mondaine ». Au moment d'abjurer ces erreurs du jeune âge, le sentiment de ses obligations patrimoniales semble l'avoir inquiété, comme pouvant faire obstacle à sa vocation, soit qu'il fût l'aîné ou qu'il fut l'unique héritier mâle d'une de ces familles ~e~o~e~ore.y à la perpétuité desquelles les lois de l'empire avaient conspiré avec l'instinct des parents. Car si l'on met à part le devoir particulier de perpétuer le nom et le patrimoine de la famille en qualité d'aîné ou d'unique héritier, la condition de fils de famille n'avait rien d'incompatible avec la vocation à laquelle le jeune Césaire désirait se consacrer; il lui était permis d'aspirer même aux Ordres majeurs du clergé sans avoir à s'imposer aucune espèce de renoncement, ni à sa part de patrimoine, ni même au travail de la terre, qui était resté jusqu'alors l'occupation par excellence du clergé. Les images rustiques qui remplissent ses discours nous reflètent sans doute les impressions de sa jeunesse. Nous verrons autour de lui, à Arles, sa sœur Césarie, dont il fit la première abbesse de son monastère de filles; deux neveux, Tétradius qu'il fit abbé,'et un autre, membre de son clergé, qui lui suscitera un grave désagrément peut-être Césarie la jeune, qui succéda à l'ancienne, fut-elle aussi sa parente. Son testament montre qu'il laissa dans le pays de Chalon d'autres parents assez nombreux et assez proches pour occuper tout son héritage. Ces indications sont trop vagues pour faire deviner la condition exacte du jeune aspirant clerc vis-à-vis des siens. Mais les difficultés qu'il avait appréhendées de ce côté..ne se produisirent point, et l'évêque n'eut aucun délai à imposer à la sainte impatience du 1. Appendice des sermons de s. Augustin, 142.