trouver dans le Traité de Héron la première ébauche de la méthode des déplacements virtuels en Mécanique, entrevue aussi, semble-t-il, antérieurement par Aristote.
Les pages qui précèdent auront peut-être donné une idée de l'état des sciences au début de notre ère, au moins dans l'Orient méditerranéen. Sous l'influence d'un esprit épris de clarté et simplifiant tout pour tout comprendre, la science hellène tendit à prendre de plus en plus la forme mathématique. On ne saurait trop admirer son effort dans ce sens, mais cependant, il faut ajouter que le point faible dans les mathématiques des Grecs fut leur méfiance de l'infini, qui les empêcha d'aller plus avant dans leurs spéculations. C'est que pour eux l'infini était l'inintelligible même, et que, comme le disait Aristote, «l'infini n'est pas un état stable, mais la croissance elle-même ». On peut dire sans paradoxe que les mathématiciens grecs furent, dans une certaine mesure, victimes de la forme si parfaite qu'ils voulaient donner à leurs expositions. Un Eudoxe et un Archimède se sentent avec l'infini sur un terrain mouvant. Ils s'y aventurent, certes, et c'est leur gloire, mais avec une grande prudence, en voyant là surtout un procédé d'invention. Archimède cherche ensuite des démonstrations plus rigoureuses. Un long temps s'écoulera avant que des esprits, moins épris de perfection, mais plus audacieux, introduisent dans la science les méthodes infinitésimales à travers des difficultés que, au dix-septième siècle encore, le chevalier de Méré formulait de la manière suivante dans une lettre à Pascal « Dès qu'il entre tant soit peu d'infini dans une question, elle devient inexplicable parce que l'esprit se trouble et se confond ».
VI.
Les premiers siècles de l'ère chrétienne, le moyen âge
et la Renaissance.
Dans les siècles qui suivent le début de notre ère, l'histoire générale n'a retenu que quelques rares noms parmi ceux des savants qui ont apporté une contribution à nos connaissances scientifiques.