JEAN-JACQUES ROUSSEAU
DANS LA PRESSE PÉRIODIQUE
ALLEMANDE DE 1750 A 1800 (II) 1
III. DU « CONTRAT SOCIAL »
AUX « LETTRES DE LA MONTAGNE »
Rousseau ne laissait guère de répit aux auteurs de comptes rendus un an après la Nouvelle Héloïse, une nouvelle œuvre de sa plume occupait les chroniques. Discrètement cependant fort rares et peu disertes sont les revues qui font mention du Contrat social, un écrit dans lequel Rousseau avait mis tant d'espoir. Les Neue Zeitungen von gelehrten Sachen (6 décembre 1762, p. 769-773), à Leipzig, fournissent le premier et à peu près unique écho. Après un long résumé circonstancié, le critique déplore le chapitre consacré à la religion civile « Si nous n'étions pas accoutumés déjà à voir l'auteur présenter avec la plus grande assurance des sophismes ingénieux et éloquents, nous serions stupéfaits à la lecture de ce chapitre ». Très vite, il apparaît que le Contrat social signale, pour la revue, le retour du rhéteur, si décrié, des deux Discours on y trouve de fort bonnes choses (lesquelles?), une information de première main et une habileté dans le style qui risquent de séduire le lecteur. Tout cela est fort bien, mais quelle manie a Rousseau d'accumuler les sophismes! « Quel penchant aux opinions paradoxales! quel besoin incoercible de dire quelque chose de neuf ou d'ingénieux! Combien de fois croiton apercevoir des preuves, et ne voit-on qu'une périphrase agréable! » Pourtant, conclut l'auteur, l'œuvre ne manque pas d'intérêt et quiconque se passionne sur les problèmes de politique devra la lire, ne serait-ce qu'à cause de « la foule d'opinions peu communes et brillantes » qu'on y trouve. Ce sera tout pour l'immédiat à Erlangen, le Compendium historiae litterariae (22 janvier 1763, p. 57) se borne à un entrefilet annonçant la publication, et, 1. La première partie de cette étude a paru dans le n° 1 de Dix-huitième siècle.