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Titre : Bulletin de la Société de linguistique de Paris

Auteur : Société de linguistique de Paris. Auteur du texte

Éditeur : Klincksieck (Paris)

Éditeur : Edouard ChampionEdouard Champion (Paris)

Éditeur : Éd. PeetersÉd. Peeters (Paris)

Date d'édition : 1911

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343492767

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343492767/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1911

Description : 1911 (T17,N59).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k32158n

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SOCIETE DE LINGUISTIQUE

BULLETIN

DE PARIS

Volume 17

(1911)

Bulletin No. 59

Hfimprimé par

DAWSON-FRANCE S. A. PARIS


SOCIETE DE LINGUISTIQUE

BULLETIN

DE LA

DE PARIS

Reproduit par oCset avec la permission de la

SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE DE PARIS ponr

DAWSON-FRANCE, S.A.

4, Faubourg Poissonnière

PARIS, tOe. FRANCE

RKt/vIPRiMÉ EX BELGIQUE

!~66



SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE DE PARIS

BULLETIN

DELA

TOME DIX-SEPTIÈME

(1911)

(Ce bulletin est publié exclusivement pour les Membres de la Société et n'est pas mis dans le commerce.)

PARIS

1911



BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE

N"59

PROCES-VERBAUX DES SEANCES

DU 19 NOVEMBRE 1910 AU 17 JutN 1911

SÉANCE DU 19 NOVEMBRE 1910. Présidence de M. HUART, président de 1903.

Présents MM. Abeille, Barthélémy, Bauer, BenoistLucy, Bloch, Delafosse, Deny, Ferrand, Gauthiot, Halévy, M'~ Homburger, MM. Huart. Lacombe, Lejay, I. Lévy, Marouzeau, Maxoudtantz, Meillet, Mëtèxe, Reby, Vendryes.

Nouvelles. Le président en ouvrant la séance adresse au secrétaire adjoint de la Société, M. A. MEILLET, les félicitations de toute la Société de Linguistique à l'occasion de sa nomination récente au grade de f/oc/<M'(Mo~!ae honoris causa de l'Université de Berlin. M. A. Meillet remercie et répond que s'il accepte les félicitations de ses confrères, c'est surtout qu'il a été désigné dans le diplôme de l'Université jubilaire de Berlin comme le


représentant studiorum grammaticorum inter Gallos laeta spe c~o~esceM<!M?K.

Présentations. Sont présentés pour faire partie de la Société MM. C. JcRRT, professeur au collège à Altdorf (Uri) en Suisse par MM. Meillet et Vendryes, RÉBEILLÉ, professeur au lycée à Douai (Nord) par MM. Meillet et Marouxeau, P. LE Roux, chargé de cours à l'Université de Rennes, par MM. Dottin et Vendryes. Sont aussi présentées la BIBLIOTHÈQUE ROYALE uMVERSiTAiRE de BoNN par MM. Solmsen et Gauthiot et la BIBLIOTHÈQUE ROYALE de BERLIN, par MM. Gauthiot etMeillet.

Commission des Finances. MM. Ferrand, I. Lévy et Marouzeau sont élus pour faire partie de la commission chargée d'examiner les comptes de l'année 1910. Communications. M"° Homburger examine la question du vocalisme des pronoms de première et de deuxième personnes en bantou. Des remarques sont faites par MM. A. Meillet et Ferrand.

M. I. LËVY montre comment dans la version des Septante les occlusives sémitiques sont représentées en grec.

M. GALTtuoT présente à la Société les dix premiers noms de nombre cardinaux et ordinaux tels qu'ils sont représentés en sogdien dans un certain nombre de documents bouddhiques rapportés d'Asie Centrale par la mission Pelliot. Remarque de M. A. Meillet.

M. ABEILLE expose comment s'est établi et se pratique le tutoiement en espagnol de l'Argentine. Le président remercie M. Abeille, notre collègue de Buenos-Ayres, d'avoir saisi l'occasion d'un voyage à Paris, pour faire profiter la Société de son savoir et de ses études.

SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1910.

Présidence de M. FINOT, président.

Présents MM. Bauer, Benoist-Lucy, J. Bloch, Boyer,


Delafosse, Deny, Ferrand, Finot, Gaudefroy-Demombynes, Gauthiot, M~Homburger, M. Huart, M'~Kantchalovski, MM. Lacombe, Lejay, Maxoudiantz, Meillet, Psalmon, Reby, Rivet, Vendryes.

Le procès-verbal dela séance précédente est lu et adopté. Nouvelles. Le secrétaire adjoint annonce que M. Ferdinand DE SAUSSURE, membre de la Société, professeur à l'Université de Genève, vient d'être élu membre correspondant de l'Institut. Il rappelle en peu de mots quelle a été l'importance de l'enseignement que M. de Sanssure a donné autrefois à l'Ecole des Hautes Etudes à Paris et du rôle qu'il a joué dans la vie de notre Société alors près de ses débuts.

Le président adresse à M. GAUDEFROY-DEMOMBYNEs les félicitations de tous ses confrères de la Société à l'occasion de sa nomination comme professeur d'arabe littéral à l'Ecole spéciale des langues orientales vivantes. Elections. Sont élus à l'unanimité membres de la Société, MM. C. JcRET, professeur au collège d'Altdorf, RÉBEtLLÉ, professeur au lycée de Douai, P. LE Roux, chargé de cours à l'Université de Rennes. Sont aussi admises à l'unanimité les BIBLIOTHÈQUES ROYALES UNtVEpsiTAtREs de BoNK et de BERLIN.

Présentations. Sont présentés pour être membres de la Société MM. R. TnuRNEYSEN~ professeur de grammaire comparée à l'Université de Fribourg-en-Brisgau, Sternwaldstr., ~1, par MM. Grammont et Vendryes; DELOUSTAL, professeur à t'Ecole spéciale des langues orientales vivantes, 9, avenue Marigny à Fontenay-sous-Bois (Seine), par MM. Boyer et Mei)let J. PAL'mAN, chargé de cours à l'Ecole spéciale des langues orientales vivantes, 24, rue Saint-Sulpice (Paris), par MM. Boyeret Meillet; Aleksandr Aleksandrovitch SMiRNOv, magister, 2~ Rozdestvenskaja, d.n°27, Saint-Pétersbourg (Russie), par M"" Kantchalovski et M. Boyer.

Commission des Finances. Le rapport annuel sur la gestion du trésorier et de l'administrateur pendant l'année 1910 est lu par M. Ferrand. Ce rapport est adopté à l'unanimité.


MESStEURS,

Après examen des comptes de votre trésorier, votre Commission a arrêté les chiffres suivants pour les recettes et les dépenses de la Société du 18 décembre 1909 ou 17 décembre 1910.

RECETTES

Report d'exercice. 3621fr.M Cotisationsdel9J9. 33 90 Cotisations de 1910 9:427 » Cotisations perpétuelles. 600 » Subvention de t'Ëtat. 1000 » Ventedepub)ications. 283 90 Rentes de la Société. 1883 » intérêts desdépôts. 23 75 TOTAL. 9S02fr.79

De cette somme totale il faut mettre à part les revenus de la fondation Bibesco, qui s'élèvent actuellement à 893 fr., dont 290 fr. 83 représentant les intérêts normaux delafondation en 1910. La Société sera donc en mesure de décerner à la fin de 191 un nouveau prix Bibesco de 1 000 fr.

DÉPENSES

Factures de ['éditeur. 3789fr.H » Frais généraux, service, gratifications. 284 50 Indemnité de l'administrateur. 400 » Fraisdebanque. 18 30

tataSociéteGénérate. 4673 59

°"~ en caisse du trésorier. 370 40 TOTAL ÉGAL.9802ff-79

Si le chiffre des dépenses est assez faible cette année, c'est que, comme nous l'avons fait remarquer dans notre précédent rapport, il était l'année dernière particulièrement élevé. En effet, les frais de publications qui constituent notre principale dépense subissent d'une année à l'autre certaines fluctuations par le fait que la publication de chaque volume de nos Mémoires s'étend sur deux exercices. D'autre part nous n'avons eu cette année aucune dépense à faire pour notre collection linguistique. Déduction faite des 893 fr. de la fondation Bibesco, la Société possède en propre 4 180 fr. 99. De ce total il faut mettre à part les 600 fr. provenant de cotisations perpétuelles qui seront conformément aux statuts employées à l'achat de rentes 3 pour 400 sur l'État. Le reste, soit 3 550 fr. 99, n'est grevé d'aucune charge spéciale; la Société peut en disposer librement.


Notre situation financière, grâce surtout à l'augmentation du nombre des membres, est donc satisfaisante et nous permet de poursuivre sans crainte le développement de notre activité.

t. LÉVY.

G. FERRA~D.

.I. M.~ROUZEAU.

Paris, le i7 décembre 19i0.

Élection du Bureau. Il est procédé à l'élection du bureau pour l'année 19 H, au scrutin secret. Le bureau est composé comme il suit

Président M. H. PER~OT.

Premier Vice-président: M. BARTHÉLÉMY.

Second Vice-président: M. LoT.

Secrétaire M. M. BRÉAL.

6'eC~~Ï~ adjoint M. A. MOLLET.

~4<M/ya~M~ biblio-

~eca' M. R. GAurmoT.

Trésorier M. J. YENDRYES.

Les pouvoirs des membres du comité de publication MM. BOYER, HAVET, HUART, LEGER et ÏHOMAS sont renouvelés à l'unanimité.

Prix Bibesco. L'administrateur rappelle que le prix Bibesco sera décerné à nouveau par la Société à la fin de l'année 1911 et donne lecture de la circulaire qui sera adressée à tous les intéressés.

Communications. M. G. FERRANn traite de quelques points touchant la phonétique malgache.

M. A. MEtLLET étudie l'étymologie de pers..rMe~y; le d intervocalique ne peut reposer que sur un ancien t la forme sogdienne indique un v final il faut donc poser *r~?/< qui équivaut à gr. x~ox.ptx-cMp et en est sans doute une traduction, faite à l'époque arsacide. Observations de MM. Mnart. Vendryes, Gauthiot.


SÉANCE DU il JANVIER- 1911.

Présidence de M. PERKOT, président.

Présents MM. Benoist-Lucy, J. Bloch, de Charencey, Finot, Halévy, M"° Homburger, MM. Huart, I. Lévy, Marouzeau, Maxoudiantz, Mazon, Meillet, Pernot, Reby, Rivet, Rousselot, Thomas, Vendryes.

Assistants étrangers MM. Chiumsky et Gudski. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. de Charencey dépose sur le bureau de la Société un mémoire sur « Les noms des points de l'espace chez les Aryens de l'Europe occidentale et de l'Asie » dont il fait don à la Société.

Elections. Sont élus à l'unanimité membres de la Société MM. TnuRNEïSEN, professeur à l'Université de Fribourg en Brisgau, DELOBSTAL, professeur, et PAumAN, chargé de cours à l'Ecole spéciale des langues orientales vivantes et SMtRNOV.

Présentations. Sont présentés pour faire partie de la Société M. CuLUMSEY, 9, impasse Chartière, Paris, par MM. Rousselot et Pernot et la BIBLIOTHÈQUE DES FACULTÉS CATHOLIQUES de Lyon par MM. Meillet et Gauthiot. Communications. M. J. Bloch communique une note de M. Oscar BLOCH, sur une évolution phonétique dans quelques patois lorrains une forme locale du type sen'est maintenue que dans un mot tout local, tandis que les noms de la « chair » et du char » ont reçu des formes venues du parler, relativement central, de Remiremont. Observations de M. A. Thomas, qui montre l'intérêt de la communication.

M. RoussELOT expose le résultat de ses recherches sur la phonétique aïno il a eu l'occasion d'observer à Londres quelques indigènes et de prendre un bon nombre de tracés. Il constate que, à beaucoup d'égard, la prononciation se meut entre des limites assez vastes et que les phonèmes ne sont pas strictement dé6nis.


M. HALÉVY présente quelques observations historiques à propos du mot grec '~MXoç.

SÉANCE DU i8 FÉVRIER 1911.

Présidence de M. PERNOT, président.

Présents MM. Barthélémy. Bauer, Benoist-Lucy, Bloch, Boyer, de Charencey, Deloustal, Deny, GaudefroyDemombynes, Gauthiot, Guesde, M" Homburger, Kantchalovski, MM. S. Lévi, Marouzeau, Maxoudiantx. Meit[et, Pernot, Reby, Vendryes.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Elections. Sont élus à l'unanimité membres de la Société M. CHLUMSKY et la BfBLIOTHÈOUE DES FACULTÉS CATHOLIQUES de Lyon.

Présentations. Sont présentés pour faire partie de la Société MM. LËVY-BRrHL, professeur à l'Université, 7, rue Lincoln, Paris, par MM. Meillet et Vendryes FtGARET, capitaine d'artillerie coloniale à Nîmes, par MM. Delafosse et Pernot; Ramôn V. CABALLERO, 29, avenue HenriMartin, par MM. Pernot et Rousselot.

Communications. M. RIVET parle de ses recherches sur les langues de l'Amérique du Sud. Il fait voir comment la nécessité de recherches méthodiques et précises s'impose, et montre par l'exemple des ian~ues de la famille Betoya comment un groupe linguistique s'est trouvé recevoir son nom d'un dialecte, qui lui est, en fait. étranger. Des remarques sont faites par M. de Charencey, par M. Boyer qui fait ressortir le mérite et l'intérêt des recherches de M. Rivet, par M. Gauthiot, qui indique comment la méthode linguistique comparative née, pour des raisons qui ne sont pas fortuites, de l'étude des langues indo-européennes, s'est constituée eniin de façon assez forte et indépendante pour pouvoir servir aux savants qui, comme


M. Rivet, ont besoin d'un instrument sûr pour des études qui ne relèvent pas de leur spécialité.

M. DE CHARENCKY propose l'explication étymologique d'un certain nombre de mots français, tels que c~o~MC~ chagrin, ravauder, galvaudeo, etc.

M. DENY expose les résultats de ses recherches sur la forme de la racine des verbes en turc osmanli. Il indique quelles sont les formes possibles des racines verbales à une et à deux syllabes et donne les raisons pour lesquelles l'ancienneté de celles du type co?M.-HO~co?M.-uoy.-co?M. lui parait pouvoir être suspectée elles apparaissent comme des élargissements possibles de racines du type co~M.-Hoy.-eoyM.-uoy. Des remarques sont faites par MM. Boyer, de Charencey, Gauthiot.

M. Gauthiot annonce à la Société qu'il a eu la bonne fortune de reconnaître dans le document araméen en langue inconnue, rapporté de Chine par MM. A. Stein, et publié par M. Cowley dans le Journal of the jRoy<x/ Asiatic Society (janvier 19H, p. 159 et suiv.) le dialecte iranien appelé sogdien noté en une écriture sogdienne elle aussi. M. A. MEtLLET souligne l'intérêt de cette identification. Il développe ensuite l'hypothèse que skr. ~M~a et~!<staka, dont la forme est manifestement étrangère, ont été empruntés d'une part au tamoul dans le sens de « plàtrage, modelage » ainsi qu'il résulte des recherches faites par M. J. BLOCH, et d'autre part à )'iranien dans celui de « livre, écrit ». Des remarques sont faites par MM. Gaudefroy-Demombynes et Vendryes.

SÉA.XCE DU !8 MARS ~9~1.

Prt~idence de M. PEMOT, président.

Présents: MM. Bauer, Benoist-Lucy.J. Bloch, M. Ça hen, de Charencey, Delafosse, Deloustal, Deny, Finot,


Gaudefroy-Demombynes, Gauthiot, Hatévy, M"° Homburger, MM. Huart, Lejay, S. Lévi, I. Lévy, Marouzeau, Maxoudiantz, Mazon.Meillet, Paulhan, Pernot, Reby, Rivet, Hoques, Sacleux, Salmon, Thomas, Vendryes, Wackernagel.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Elections. Sont élus membres de la Société à l'unanimité MM. LÉVY-BnL'nL, professeur à l'Université de Paris, FIf;ARET, capitaine d'artillerie coloniale et R.-V. CABALLEttO.

Présentation. Est présenté pour faire partie de la Société M. ANDREAS, professeur à l'Université de Gùttingen, par MM. Wackernagel et Gauthiot.

Communications. M. RoQUEs étudie d'après les cartes de l'Atlas linguistique le sort qui a été fait dans diverses régions aux représentants du mot ~ca:, principalement par suite de la confusion quasi-absolue qui s'établirait entre eux et ceux du mot coq. Des remarques sont faites par M. Thomas sur divers points de détail et par M. Meillet qui fait ressortir l'importance du principe d'explication introduit par M. Roques pour rendre compte de certains changements dans le vocabulaire, à savoir la confusion phonétique entre mots appartenant au même groupe.

M. WACKERNAGEL, qui est de séjour à Paris et veut bien consacrer à la Société l'un de ses après-midis, l'entretient des recherches entreprises par M. Andréas sur la valeur de la tradition avestique et dont quelques-uns des résultats sont sur le point de paraître dans les Nachrichten de l'Académie 'tes Sciences de Cottingen. Après que le président a remercié M. V'ackernagel au nom de toute la Société, MM. MeiMet et Gauthiot font ressortir l'importance du travail critique entrepris par MM. Andréas et Wackernaget, l'originalité et la justesse de la conception que M. Andreas s'est faite de l'histoire de la transmission du texte avestique et critiquent divers points de détail.


SÉANCE DU 29 AVRIL 1911.

Présidence de M. PEMOT, président.

Présents MM. J. Bloch, de Charencey, Delafosse, Deny, Finot, Uauthiot, M'" Homburger, M. Huart, M'" Kantchalovski, MM. Lejay, Marouzeau, Meillet, Michel, Pernot, Reby, Vendryes.

Assistant étranger M. Marr, professeur de langues arménienne et géorgienne à l'Université de Saint-Pétersbourg.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Election. Est élu membre de la Société à l'unanimité M. F. C. ANDREAS, professeur à l'Université de Côttingen. Pt'ésentatioH. M. Karl BauGMANN, professeur à l'Université de Leipzig, est présenté pour faire partie de la Société de Linguistique, par MM. Meillet et Gauthiot. Communications. M"° HoMBURGER expose quels sont, à son avis, les points communs entre le bantou d'une part et le wolof de l'autre et qui témoignent d'un lien de parenté ancienne entre la grande famille de l'Afrique du Sud et la langue soudanienne. Des remarques sont faites par MM. Delafosse, Meillet et de Charencey.

M. A. MEtLLET montre comment les verbes qui en indueuropéen n'avaient pas de présent de forme thématique ont été altérés dans la suite du développement des dialectes.

M. fi. GAurmoT traite de quelques emprunts faits par le sogdien et le turc aux langues de l'Inde, c'est-à-dire, au sanskrit, d'une part (mots savants transcrits), et au prâkrit (mots d'usage transmis, en partie au moins, oralement), d'autre part.


SÉANCE DU 20 MAI 19)1. Présidence de M. PERNOT, président.

Présents: MM. J. Bloch, Boyer, Deny, Gaudefroy-

T\L_ l'~ 1 1 u w a u. TT_I- w .1 A .r r 7 t

Demombynes, Gauthiot, M"° Homburger, MM. Huart, Lejay, I. Lévy, Marouzeau, Mazon, Mélèsc, Meillet, Pernot, Reby, Rivet, Sacleux.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Election. M. Bm.'GMANN, professeur de grammaire comparée à l'Université de Leipzig, est élu à l'unanimité membre de la Société.

Présentation. Est présenté pour faire partie de la Société M. D. SERRL'Ys, directeur-adjoint à l'École pratique des Hautes Études, par MM. Meillet et Gauthiot. Communications. M. DELAFOSSE propose, à titre d'hypothèse de rapprocher les Peuls des Put de la Bible en rapprochant les traditions arabes, égyptiennes et hébraïques, on peut retrouver la place occupée à date ancienne par les ancêtres des Peuls et retracer, à peu près, le chemin qu'ils auraient suivi jusqu'aux pays soudaniens. Des remarques sont faites par M"' Homhurger, au point de vue phonétique, M. I. Lévy de celui de l'histoire, de l'égyptologie et de la critique biblique et enfin par M. Pernot.

Reprenant une idée qui remonte à M. Andreas, M. A. MOLLET montre que tous les emprunts iraniens de la série ancienne en arménien représentent la langue du Nord ou arsacide et non pas celte du Sud-Ouest ou du Fars. Grâce aux textes pehlvis de Tourfan, la chose est démontrée aujourd'hui avec évidence. Observations de MM. Maxoudiantz et Gauthiot.

M. BOYER invite les membres de la Société de Linguistique à soutenir par leur présence ou par leur collaboration la section linguistique que comprendra le Congrès


des Sociétés Savantes qui se tiendra en Pâques 1912, à Paris.

SÉANCE DU 17 JUIN i9H.

Présidence de M. PERNOT, président.

Présents MM. Delafosse, Deny, Gauthiot, M'" Homburger, MM. Huart, Lejay, E. Lévy, I. Lévy, Marouzeau, Maxoudiantz, Meillet, Pernot, Reby, Ronjat, Serruys. Le procès-verbal de laséance précédente estlu et adopté. Elections. M. D. SERRUYS, directeur-adjoint à l'École pratique des Hautes Études, est élu membre de la Société à l'unanimité.

Nouvelles. M. A. Meillet rappelle brièvement la carrière de M. Rubens DUVAL, qui a été longtemps membre de la Société, qui l'a présidée en 1886, et qui vient d'être enlevé par la mort après avoir rendu les plus grands services à l'étude des langues sémitiques, en particulier du syriaque.

L'administrateur fait part à la Société du deuil cruel qni frappe la linguistique et. la philologie en la personne de M. Félix SOLMSEN, membre de la Société depuis l'année dernière. M. Solmsen a été victime, le 13 juin, à Mehlem, près Bonn, d'un accident de chemin de fer lamentable tombé en descendant à contre-voie il a été écrasé par un train. Il venait d'être nommé professeur à l'Universitf de Bonn et la carrière qu'il méritait s'ouvrait enfin devant lui. Il avait d'ailleurs fait ses preuves: il était non seulement un philologue classique remarquable mais un linguiste de grand mérite et de grande érudition, puisqu'elle allait du latin et du grec jusqu'aux langues slaves. C'est à juste titre que l'on fondait sur lui de grandes espérances. La Société de Linguistique ne peut que s'associer tout entière au deuil que cause une pareille perte.


Communications. M. MAROuzEAu parle de quelques accidents de la phonétique latine, au point de vue de l'urbanitas, en particulier de l'usage de l'aspiration et de la prononciation des voyelles brèves devant labiales. Observations de M. Deny.

M. MAXouoANTz expose quels sont dans le dialecte arménien de Zeïtoun les traitements de e et ?' anciens. Remarques de M. A. Meillet.

M. D. SERRUYS étudie la question de la transformation de l'accent grec, entre l'époque ancienne et la byzantine. Des observations sont faites par MM. A. Meillet, Pernot, I. Lévy.

Cette séance étant la dernière de l'année le procèsverbal est immédiatement lu et adopté.


OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ

f L<*s titres des ouvrages dont un compte rendu paraît dans ce même BuHe<!H ne ~ttren! pas ici.)

PËMOMQUES:

Journal asiatique, 10' série, t. XV, n'2 2 et 3; XVI, n* 1, 2 et 3; t. XVU, i et 2. -Paris, Leroux,

Sphinx, vol. XIV, fasc. 2 à. 6; vol. XV, fasc. 1 et 9. Akademiska Bo.khandeln, Upsala.

Et-amos. vol. X, fasc. 2 et 3. Goteborg, Eranos' fôrlag.

Revista de la Facultad de Letras y Ciencias de la Habana, vol. X. n' 2 vol. Xt. t à3; vot. XH, 1.

Zti'aja Starina, année XIX, fasc. i à.4; année 20, fasc. 1. SaintPétersbourg. Académie des Sciences.

Zet<M/tri~( für vergleiclcende Sprachforschung, t. 44, fasc. i-2. GSttingcn, Vandenhoeek u. Ruprecht.

~/oMa, t. 2, fasc. 4; t. 3, fasc. < et 2. Guttingen, Vaodenhoeck u. Ruprecht.

Transactions o~</(e American PAt!o!o~:<;<!< Association, vol. XL. Guic6or~s Hj</sto<as ~rs~n/'t, vol. XV.

~M)tMai)'e de <')7)M!;ers!MH6re de Bruxelles, année I90S-i9iO.

UmMt'Stfy of Nevada, Bulletin, vol. Ill, number 1.

VOLUMES

H. BRANDSTETTER, Gemeinindonesisch und Urindoitesisch. Luzern, Haag, t9H.

DEfftsoN, Morphology o/'<Ae Mexican Verb. Chicago, Denisou, 1911. GABRtELsoN, Rime as a criterion of <Ae pronunciation of Spencer, Pope, Byron and Swinburne. Uppsala, Almqvist et Wiksell, 1909.

HtLXEBRAND. Die Discourse der AfaA~nt und der Mahler der Sitten. Almqvist et Wiksell, 1909.

JELINEK, Mittelhochdeutsches ~ft'~rottrc/t. Heidelberg, Winter, 1911. ScHÔNFELD. M~orter&Hc/t der altgermanischen Personen-und Fo~et'ttamett. Heidelberg, Winter, 1911.


PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE JUSQU'AU 1"- AOUT 1911

Conditions de vente particulières aux Membres de la Société.

Collection complète des Mémoires (tomes 1 à XVt complets; tome XVII fasc.ià3). 280 fr. \'o[umesiso)ês:tome). 12 fr. tomes Il, HI, )Y,V,Vi, chacun. 15 fr. tome VU. 12 fr. tomes VHtetsuivants. 18 fr. Fascieuiesisotés: chacun. 3fr. Table analytique des dix premiers volumes des Mémoires. 4fr.50 Les numéros du Bulletin, dont il reste nn nombre suffisant d'exemplaires, à savoir les tomes V[ à XVII complets, et les numéros dépareillés des tomes H à V, sont mis gratuitement à la disposition des membres de la Société.

N.-B. Le 1" n* du tome 1 du Bulletin commence avec la page XXI des procès-verbaux des séances. Les pages )-VUt, IV-XX sont brochées avec les fascicules 1 et 2 du tome 1 des Af~motfM, et ne peuvent en être séparées.

Les commandes, accompagnées de leur montant, doivent être adressées à l'Administrateur. Le port est gratuit.

De plus, la librairie CHAMPION publie, sous les auspices de la Société, une Collection Linguistique les membres ont le droit d'acheter, avec réduction de 50 °/o chacun, un exemplaire unique de chaque volume de la Collection. On est prié de s'adresser DIRECTEMENT aM.CaAMP!ON,éditeur,S,quai Malaquais, Paris.

Ont déjà paru Les Dialectes Indo-européens, par A. Meillet, prix réduit 2 fr. 25.

Mélanges Linguistiques, offerts à M. F. de Saussure, prix réduit 5 fr. 25. Les Eléments dialectaux du Vocabulaire latin, par E. Ernout, prix réduit 3 fr. 75.

Le port est à la charge de l'acheteur.


COMPTES RENDUS CRITIQUES

V. PORZEZIN'SKI. EtM/e~MM~ in die SprachwissenAutorisierte Uebersetzung aus dem Russischen, von dr E. BoEHME. Leipzig et Berlin (B. G. Tenbner), 1910, in-8, (iv)-229 p.

Ce petit livre, dont les prétentions sont modestes, mais

qui a déjà eu un réel succès puisqu'il en est à sa seconde édition russe et que le voici traduit en allemand, passe en revue, d'une manière naturellement très sommaire et sans vues personnelles, mais suivant des principes corrects et avec une information généralement exacte, les principales questions de la linguistique générale.

Toutefois on doit faire dès l'abord un reproche à l'auteur il déclare que, pour lui, linguistique générale signifie At~o!e du langage. Ce n'est nullement exact: il existe une phonétique générale qui étudie la prononciation indépendamment de toute histoire et l'on peut de même étudier quels sont d'une manière générale les procédés par lesquels les langues humaines rendent les sens à exprimer ces procédés sont peu variés, et il existe une morphologie générale, qui est encore peu formulée, mais dont tous les linguistes ont, au moins obscurément, quelque idée. M. Porzezin'ski lui-même en donne un aperçu, qui n'a rien d'historique, p. H2 et suiv. Ce n'est pas à faire de l'histoire que peut servir la comparaison des langues non parentes dont il est question p. 7. Comme la plupart des linguistes, M. P. embrouille deux ordres de faits distincts l'alternance o/<x qui, dans le type ail.


/~M~; ~<~6~?M~ caractérise les diminutifs, et le fait historique du passage allemand de a à <'(<?) sous l'influence d'un i suivant, dont ail. eltern en regard de alt est un résultat; le fait historique est la condition qui a permis la réalisation de l'alternance employée aujourd'hui mais l'alternance, qui est un procédé morphologique de l'allemand moderne, est un fait de tout autre nature que le fait historique de la transformation purement phonétique de a à e en ancien allemand.

Le livre renferme un assez petit nombre de faits concrets, et tous ne sont pas sûrs.

P. 42. La védique et le sanskrit classique ne peuvent guère être considérés comme deux dialectes, d'autant moins que l'on passe du védique au sanskrit classique par une série de transitions insensibles, et que la distinction entre la langue du Rgveda et le sanskrit classique proprement dit est d'ordre chronologique autant et plus que d'ordre dialectal.

P. 46. M. P. parle des emprunts de l'albanais au slave, au turc et au grec il oublie les emprunts au latin vulgaire, dont l'importance n'est pas moindre, surtout pour le linguiste.

P. 77. Le malgache appartient au groupe indonésien (malais) au sens étroit, et non pas au polynésien. P. 79. L'affirmation que le langage humain dans ses stades les plus primitifs est très peu compliqué est arbitraire et ne repose sur rien. H y a des langues civilisées et des langues sauvages relativement simples, et il y en a de compliquées.

P. 128. Le type <M~<< a ses correspondants en celtique (v. irI.-CMa/a, m. gall cx'y/~M, cf. skr. fMp/'au< v. Thurneysen, /7/!6~. d. A/~y' § 690, p. 396) et en indo-iranien; il n'est donc pas licite d'affirmer que <<e~ repose sur *<C<M</Ï.

P. 152. M. P. présente les « lois phonétiques » à un point de vue tout historique, suivant l'usage. II serait plus conforme à la réalité d'y voir des faits de correspondance entre les langues comparées. Les faits de correspondance sont la seule réalité avec laquelle puisse opérer le compa6


ratiste quoi qu'en dise M. P., p. 198, les comparaisons ne permettent jamais de restituer vraiment une forme antérieure du langage, pour bien des raisons, et en particulier pour celle-ci que, avec le temps, toutes les langues d'un même groupe perdent les mêmes particularités: toutes les langues indo-européennes ont perdu de très bonne heure le parfait à redoublement, la distinction du subjonctif et de l'optatif, etc. si différentes que soient entre elles les langues néo-latines, elles ne donnent pas une idée de ce qu'était le latin à l'époque de la séparation. A. MEILLET.

A. MEH.LET. Linguistique, neuvième section (pp. 265 à 314) du volume De la Méthode dans les Sciences (2e .~?' Paris, Alcan, 1911, in-12.

Le mémoire de M. Meillet sur les méthodes de la linguistique avait paru dès 1910 dans la Revue << Mois (t. X, 2*' livraison) et a été reproduit dans le volume collectif cité plus haut avec de légers changements. Cette réédition était prévue dès l'abord, et les dimensions de l'article se sont donc trouvées déterminées, par des considérations extérieures.

Mais pour être bref, il n'en est pas moins clair et complet. Rien n'y est dit qui ne soit l'aboutissant d'une information sûre et d'un effort personnel vers une idée générale.

Le plan de l'exposé est le suivant: après avoir déSnila position propre de la linguistique en peu de mots, M. M. distingue et définit tour à tour les trois modes sous lesquels se présente l'étude de la parole humaine d'abord le langage qui offre lui-même trois aspects, objets de trois formes d'étude, la phonologie, la grammaire et la lexicologie ensuite la langue dont les deux termes extrêmes sont le parler local d'une part, la langue littéraire de l'autre enfin l'histoire, le développement dans le temps


des langues et du langage. Ces trois modes n'avaient jamais encore été reconnus avec autant de netteté. Et pourtant il est nécessaire de les distinguer parce que les méthodes de la linguistique varient avec eux et que cette multiplicité est précisément caractéristique de la science du langage.

En phonologie les méthodes sont celles de l'acoustique et de la physiologie, avec cette réserve essentielle qu'elles ne s'appliquent en l'espèce qu'aux phonèmes ayant une valeur significative. Cela limite singulièrement l'intervention de leurs moyens d'étude les plus ingénieux. En grammaire et en lexicologie on se propose d'isoler les morphèmes et les mots pour cela on rapproche des phrases comparables et on y recherche les éléments susceptibles d'être substitués les uns aux autres. L'étude des langues appelle d'autres méthodes s'il s'agit d'une langue morte, connue seulement par des documents écrits, le linguiste applique les règles de la philologie et de la critique historique avant de rechercher par observation et combinaison à définir le système d'ensemble qu'est une langue s'il s'agit d'une langue écrite dite vivante, sa critique portera à la fois sur les textes et sur les paroles prononcées, mais avant tout peut-être sur leurs actions et réactions réciproques s'il s'agit d'un parler enfin, c'est à l'enquête qu'il a recours et il procède, en bonne partie, à la manière des ethnographes. Jusqu'ici il s'est agi surtout de description: avec l'étude historique le linguiste aborde l'explication. Celle-ci consiste, comme on sait, dans la détermination des éléments communs à différentes langues, et par suite dans la définition de leurs traditions communes et de leurs développements propres. Le linguiste fait appel ici tant pour la critique des faits que pour leur interprétation à toutes les ressources de la philologie, aux documents des archéologues et des ethnographes, aux principes établis par les sociologues, aux observations de toute nature faites sur les parlers contemporains.

On s'est efforcé dans le résumé qui précède de donner une idée de la structure de l'exposé de M. M. Pour en


compléter l'image il convient de rappeler que le souci de rendre la diversité des aspects de la linguistique n'a pas empêché M. M. de marquer au moins aussi fortement son unité de l'observation du langage sous ses diverses formes, on passe à celle des langues pour aboutir à l'étude historique de la grammaire comparée et à l'élaboration de la linguistique générale. Toutes les disciplines mises en cause, depuis l'acoustique jusqu'à la géographie, ne figurent qu'en fonction de leur application à la linguistique. Or c'est là un point essentiel qui est trop souvent perdu de vue par des observateurs emprisonnés dans des considérations de détail.

Quelques points particuliers nous paraissent devoir être mis en relief, bien que l'exposé de M. M. forme un tout dont il n'est pas loisible de distraire telle ou telle partie. Nous signalerons d'abord (p. 276 et suiv.) que la grammaire est ramenée par M. M. à la morphologie, c'est-àdire à l'étude des morphèmes dont la définition se trouve renouvelée. La syntaxe disparaît de la grammaire on pourra peut-être appliquer ce terme à l'avenir à l'ensemble des faits de stylistique qui reposent sur la place relative des motti dans les langues dites à ordre libre. Un autre point que M. M. amis en relief est le rôle que les langues littéraires constituées jouent en linguistique (p. 288) il a marqué avec netteté l'utilité de ce rôle et sa légitimité mais il a signalé aussi avec franchise la part de convention qui y est attachée et que l'on oublie trop aisément. Enfin, on nous permettra d'attirer l'attention sur la place que M. M. fait à la linguistique générale (p. 311 et suiv ) quand on examine la masse de renseignements dont on dispose dès maintenant et qui portent sur les époques et les domaines les plus différents, on est frappé de la monotonie des procédés et des changements. Si l'on essaie de classer ces renseignements, on s'aperçoit que les possibilités sont limitées en matière linguistique. M. M. est d'avis qu'il y a là matière à une étude systématique utile et féconde.

Pour finir il est bon de signaler que si l'étude de M. M. porte bien sa marque personnelle, elle a en même


temps une valeur représentative et qu'elle exprime sous une forme prégnante les idées d'un certain nombre de linguistes.

R. GADTmOT.

REVUE DE PHONÉTIQUE publiée par l'abbé RoussELOT et H. PERNOT. Tome premier, premier fascicule. Paris (23, rue des Fossés-Saint-Jacques), 1911, ia-8, 104 p. MM. Rousselot et Pernot entreprennent de publier une nouvelle revue, uniquement consacrée à la phonétique, et tout particulièrement à la phonétique dite expérimentale. Le nombre des périodiques scientifiques s'accroît sans cesse, et l'on n'a pas toujours l'impression que le nombre des résultats acquis et la valeur des mémoires publiés croissent à proportion. H y a sans doute déjà trop de publications périodiques dont le tort est de devoir paraître à tout prix, et qui, à défaut de bons travaux, en offrent parfois de médiocres ou de mauvais. L'avenir montrera si une nouvelle revue uniquement consacrée à la phonétique était indispensable.

Dans sa préface, M. Rousselot se plaint de ce que « des personnes graves et sensées » aient accepté le terme de phonétique !~rM~<?7!/a~ au lieu d'expérimentale. Je soupçonne que c'est moi qui suis désigné par ce pluriel flatteur et majestueux. Quand récemment j'ai écrit dans un article de généralités « phonétique expérimentale, ou plutôt instrumentale », je ne croyais rien dire de désobligeant, je voulais seulement indiquer que le phonéticien qui se sert d'instruments n'a pas en général le moyen de faire varier l'objet de son enquête il se borne à des enregistrements. Sa supériorité sur celui qui observe par l'oreille consiste dans l'emploi d'appareils, et c'est ce que le nom de phonétique instrumentale mettrait bien en évidence. Si M. Rousselot trouve le mot « expérimental a plus flatteur- et il est en effet plus juste en certains cas qu'il indique je ne lui en chicanerai pas l'emploi,


pourvu qu'on veuille bien ne pas oublier que c~oe~'z~eM~e?* est une chose et ~re~M~~ une autre, et que le phonéticien enregistre bien plus souvent qu'il n'expérimente. En aucun cas, le terme employé par moi n'est malveillant, et M. Rousselot ne l'ignore pas. Il ne vise pas à rabaisser la valeur d'appareils, dont plusieurs ont du reste provoqué des critiques justifiées.

Le premier fascicule présente les articles suivants Rousselot. Classification des voyelles l'a de patte, l'o de hotte sont aigus, donc fermés, et il y aurait avantage à les noter en phonétique d rd de jcx~e, l'd de Ad/c sont graves, donc ouverts, et il y aurait avantage à les noter à, o. Surtout en ce qui concerne <~ et <) l'd de ~c est ouvert comme 1'~ de tête.

Chiumskv. L~e variété de l'r lingual (le tchèque). Article un peu trop long on est surpris que l'auteur néglige de citer la Phonétique slave de M. 0. Broch, dont les observations, § 35, sont très justes.

Chlumsky. Appareils nouveaux. Cet article renferme de la polémique, en partie latente.

Rousselot. Dictionnaire de la prononciation française. On n'en a ici qu'une partie de l'avant-propos l'article est destiné évidemment à se prolonger à travers de nombreux fascicules.

Marguerite de Saint-Genès. Cours de gramophone. Une chronique précise et bien fournie de faits donne des nouvelles qui peuvent intéresser les phonéticiens. On souhaitera que la nouvelle revue apporte beaucoup de résultats nouveaux et justifie ainsi son existence. A. MEILLET.

Th. RossET. /!pcA~c~e~t?Ke?î~e~M?'Msc~<!o~<~e la voix parlée. Paris (Colin), 1911, in-8, 103 p. et 11 planches.

M. Rosset critique les appareils dont on s'est servi jus-


qu'ici pour enregistrer la voix parlée et décrit un appareil ingénieux qu'il a conçu et fait exécuter. La part de nouveauté de cet appareil dont l'auteur s'est efforcé d'éliminer les causes d'erreur dans la mesure du possible consiste en ce que le son est à la fois enregistré au moyen d'un rayon lumineux (le procédé d'enregistrement le plus sûr) et inscrit sur un cylindre phonographique on a donc constamment le moyen de comparer l'enregistrement graphique au son, ce qui ne semble pas avoir été obtenu jusqu'ici. Et il ne s'agit pas d'un appareil de physicien, mais d'un appareil de linguiste, construit en vue de recherches linguistiques.

Très convaincu de l'excellence de son appareil, M. R. semble faire un peu trop bon marché des recherches faites sur la production des sons s'il importe d'enregistrer les sons émis. le linguiste a un bien plus grand intérèt encore à examiner de près la façon dont ils sont émis. Au surplus, la reproduction des sons par le phonographe est imparfaite, surtout la reproduction des consonnes; il est donc permis de croire que M. R. s'exagère l'excellence des résultats obtenus. Ses espoirs sont parfois un peu ambitieux et vagues, ainsi p. 18. Et les résultats que M. R. annonce dès maintenant manquent de nouveauté: il enseigne p. 98 que les voyelles ne sont pas des sons homogènes, qu'on y distingue des périodes. Assurément mais c'est chose bien connue et que les lecteurs des P?'mcipes de M. Rousselot n'ignorent pas depuis longtemps. Du reste, les quelques graphiques donnés en exemple par M. R. sont beaux et font vivement désirer que cette description d'appareil soit suivie à bref délai d'études sur des faits précis faites au moyen de l'appareil alors et alors seulement, le linguiste pourra apprécier la portée de l'invention mécanique de l'auteur.

A. MEILLET.


L. ROUDET. E7p??ïe?:~ de pAoKe~yMe générale. Paris, Welter, J910, xii-j-363 p., in-8.

L'idée d'un manuel élémentaire de phonétique générale est heureuse, et il faut féliciter M. Roudet d'avoir entrepris de la réaliser. Il est utile que les résultats acquis en matière de phonétique par les divers moyens d'observation dont disposent les linguistes soient résumés, disposés avec clarté et rendus abordables, surtout maintenant où la phonétique tend à reprendre dans l'étude du langage la place qui lui revient et n'apparaît plus, ainsi qu'elle l'a fait pendant un certain temps, comme l'essentiel de la linguistique. M. R. qui est un phonéticien averti en même temps qu'un linguiste et qui s'est fait connaître avantageusement par des études de phonétique instrumentale originales devait être naturellement tenté par l'entreprise et était, à ce qu'il semble, bien armé pour la mener à bonne fin.

Mais il ne faut pas se dissimuler que la tâche est délicate. L'abondance et la diversité des renseignements d'une part, d'autre part la variété des sciences et des procédés qui interviennent dans les recherches, exigent un effort de coordination, une maîtrise des sujets difficiles à atteindre. Certaines données essentielles ne doivent jamais être perdues de vue et veulent être poursuivies avec rigueur. C'est ainsi que, comme M. R. ledit avec précision au début de son livre (p. 3), la phonétique est une branche de la linguistique, et si elle étudie les sons par lesquels s'exprime la pensée, elle ne les considère qu'en tant <~M<?~c?!o??MMM linguistiques. Il suit de là que dans un manuel de phonétique il faut que ce mot soit pris de façon constante dans la même acception et que tous les faits phonétiques soient envisagés en tant qu'éléments du langage. M. R. n'y a pas toujours réussi; si l'on examine par exemple ce qu'il dit du mot et de sa réalité, sur laquelle il professe d'ailleurs une opinion qui nous paraît fort correcte, on constate qu'il en affirme l'existence à propos des images


verbales (p. 40), qu'à propos de la décomposition du discours en ses éléments (p. 63 et suiv.) il la reconnaît franchement dans l'analyse grammaticale, à un degré moindre dans l'analyse logique, mais encore dans l'analyse psychologique où interviennent maintenant des images verbales autres que celles qui répondent à des mots, qu'il la nie enfin dans l'analyse phonétique; celle-ci est devenue étrangère à la linguistique. Ainsi encore lorsqu'il est question de la combinaison des sons parlés (p. 168) les phonèmes ne sont plus considérés en tant que phénomènes du langage. Il en est tout autrement au paragraphe 135 (p. 259 et suiv.), où se trouvent exposés quelques arguments définitifs établissant l'existence phonétique du mot. Cet exemple dénonce un manque de rigueur qui est réel dans le manuel de M. R et qui apparaît aussi dans le détail. Personne, assurément, ne demandera à M. R. d'être ni un sanskritiste, ni un helléniste mais il aurait du veiller à la correction de ses citations et de ses renseignements. La phonétique des Prâtiçâkhyas est de l'orthoépie traditionaliste il s'agit pour leurs auteurs de conserver et de perpétuer la parole sacrée jusque dans ses moindres nuances de prononciation (cf. p. 12). L'alphabet de transcription dont use une partie des orientalistes et qui a été arrêté au Congrès de Genève ne saurait figurer à aucun titre parmi les « systèmes d'écriture phonétique il s'agit d'un système de translitération mécanique d'un alphabet spécial en caractères latins (p. 56). II est à noter d'ailleurs que M. R. qui fait l'éloge de cette transcription ne s'y conforme pas il écrit 6' pour ç (p. ex. pp. 12 et 70), pour e (p. 12 p. 181, note 1), mais, il est vrai, o (p. 71) II est regretlable aussi que M. R ait laissé subsister (p. 107-8) que le digamma a disparu complètement des dialectes grecs dès le cinquième siècle ou encore que le g allemand soit devenu fricatif dans l'Allemagne du Nord, alors qu'ils'agit probablementd'une substitution de son (p. 148); ou bien encore que l'harmonie vocalique est uniquement un cas particulier de vélarisation ou de palatalisation que l'on rencontre dans toutes les langues ouralo-altaïques. Pour ce qui est des langues mo-


dernes, citées de préférence par M. R., on remarquera de même que l'allemand n'est pas défini et que dit est écrit <~(pp.H3, H4)'.

Un autre trait vient fortifier l'Impression que l'on a en lisant le livre de M. R., que l'auteur ne domine pas entièrement sa matière et ne la régit pas la critique ne s'y exerce pas ainsi qu'il convient dans un traité scientifique. Quelqu'élémentaire que l'on conçoive un manuel scientifique, il est indispensable de n'y admettre que des notions définies avec précision et de rendre compte avec exactitude de la portée et de la nature des méthodes ou procédés or cela n'a pas été fait par M. R.au paragraphe 11 t par exemple, où la phonétique expérimentale est donnée comme la seule voie où la phonétique puisse faire désormais des progrès marqués et comme le moyen de découvrir les causes des changements phonétiques2. Les ?M~~o< de recherches dont il est question au paragraphe 43 sont, en réalité, des procédés plus ou moins ingénieux. A propos du palais artificiel (p. 80) il n'est pas examiné si l'abaissement de la voûte palatale qu'entraîne son usage ne modifie pas forcément le contact de la langue. Enfin l'appareil enregistreur, souvent cité et Invoqué, n'est nulle part caractérisé et les causes d'erreurs qui lui sont inhérentes ne sont signalées nulle part.

Pour finir nous dirons que le titre du livre de M. R. « Eléments de phonétique générale » ne nous paraît pas tout à fait juste: phonétique générale n'est pas phonétique en général ni phonétique dans son ensemble. Le mot « éléments )) lui-même ne convient pas exactement au manuel de M. R. on y trouve, en effet, plus et mieux que des notions élémentaires. M. R. qui a fait, comme on l'a dit déjà, des observations précises et ingénieuses, en a enrichi son livre. Ainsi, tout ce qui concerne les variations du débit et de la pression de l'air et leurs relations avec la hauteur, l'intensité, etc., repose sur ses recher1. Les paragraphes 30 et 31 sur les centres d'association et les aphasies ne sont pas à jour.

2. On regrettera de ne pas trouver dans ce chapitre le nom de M. Marey.


ches personnelles, à peu de chose près. Enfin bien des descriptions empruntent une netteté et un accent nouveau au fait que M. R. les a notées, pour ainsi dire, sur le vif.

R. GAUTHIOT.

MiNNEssKRtFT utgifven af Filologisha ~'aw/:<M~e< Go~~o~ <ïoa~~<zyp/: af dess ~M</e e~cK 22 o~o&<?y 1910. Gôteborg (Wettergren et Kerber), 1910, in-8, vm-128 p. (Go'~6. /~oy. ~~M~. xvi, 2).

Ce recueil publié pour fêter le dixième anniversaire de la fondation de la Société philologique de Gôteborg et qui fait en m6me temps partie des publications de l'Ecole supérieure de Gôteborg comprend plusieurs articles relatifs à la linguistique et doit être signalé ici. On y trouvera

J. V[S[NG. Deux ~y~MO~O~MS françaises (M~~ yM!U?'e et ~M<<?.<). P. 1-6.

E. HELLQDisT. Om ordet nippertippa oeh likartade bildningar. P. 13-18.

C. 0. KocH. Ein alideutsches Glossar (ms. Berlin, Lat. 73, 8). p. 19-27.

V. LuNDSTRôM. Botaniska lexika /~œM den yre~M~a MM~eM. P. 42-S2.

E. STRÔMBER&. Z?/~ G'MC~!C~~e des starken jP/YMCM.! im Neuhochdeutschen. P. 53-62.

W. CEDERSCHiôLD. Ordengrina,grenochgrind.P.71-75. E. BJORKMAN. A~Ta namnstudier. P. 76-81. E. WADSTE1N. Eine <!A/a~!MMcAe~M~MMyS/'C'r~e/ ~7~6~?! P. 86-91.

H. PIPPING, Fsv. biltogher. P. 106-108.

0. LAGERCRANTZ. Em/<y!MC~MGc.<e~e~M)0~(~'eM~~). P. 114-117.

E. LIDÉN. jE~ bidrag nordisk o/AM~or:'a (ist. mod. kvos, norv. /,aM~ etc.). P. 118-122.


G. DAINELL. /!MMo'ma~~ San, /ï~/M~cM~f!ade. P. 123128.

On voit quelle est la variété de cette série de notes. A. MEILLET.

K. BRL'GMANN UND B. DELBRUCE.. Grundriss der vergleichenden G/'aM~M<x~A der indogermanischen Sprache. 2ter Band, 2""Teil,2~Lieferung, von K. Brugmann. Zweite Bearbeitung, Strassburg, Trübner, 1911, xxn-+-S68 p., in-8".

M. Brugmann poursuit la mise au point et la publication de la seconde édition du Grundriss devenu classique avec une admirable régularité. Moins de deux ans après le premier fascicule, voici le second de la deuxième partie du tome M qui paraît. Comme les volumes qui l'ont précédé, le dernier venu mérite pleinement les éloges qui ont paru dans ce même Bulletin (t. XV, p. xxviij et t. XVI, p. lxix) et qui pour se répéter ne deviennent aucunement banaux ni machinaux: c'est, au contraire, un rare mérite pour une œuvre d'aussi longue haleine et si variée, que de ne pas fléchir et de rester constamment un exposé riche et clair, précis et complet.

Le dernier volume apporte d'ailleurs un changement important à l'ordonnance de l'ancien Grundriss. Ainsi que le faisait prévoir le plan que M. B. avait adopté dans la rédaction de son Abrégé de grammaire comparée, ce qui concerne l'emploi des cas a été détaché de la syntaxe pour être joint à la morphologie. M. B. s'est mis d'accord avec M. Delbrück pour supprimer les deux premiers volumes, parus en 1893 et 1897, de l'ancienne syntaxe et pour en répartir la matière dans la morphologie. Dans le dernier fascicule il est donc traité de la signification des nombres, singulier, pluriel et duel de la valeur des cas et de leur emploi de l'adjectif; de la forme des adverbes et des prépositions et de leur rôle, c'est-à-dire en réalité de


ce que nous appellerions les mots invariables (sauf les particules). Nous ne pouvons que louer la distribution nouvelle adoptée par M. B. les cas sont proprement définis par leurs emplois; ils n'ont pas de sens en dehors d'eux et M. B. a raison de se refuser (§ 449-4SO) à en donner des définitions abstraites.

H va de soi que M. B., conséquent avec lui-même, continue son œuvre dans le sens dans lequel il l'a commencée: il lui garde donc son caractère de répertoire et évite, comme auparavant, l'esprit de système et les constructions rigoureuses. On n'en donnera donc qu'un exemple en passant à la page 652 et suivantes où il est traité de l'adjectif et de ses relations avec les autres classes de mots en indoeuropéen, la motion est simplement rappelée d'un mot et d'un renvoi au premier fascicule de la seconde partie, alors que la propriété de changer de genre et de s'accorder est proprement )c caractère distinctif de l'adjectif. Une préoccupation qui s'accuse dans les derniers travaux de M. B. et dans ses nouveaux volumes du Grundriss est celle de la psychologie et surtout de la psychologie « individuelle ». H est significatif que les renvois aux ouvrages connus de M. Paul et surtout de M. W. Wundt apparaissent fréquemment. Mais M. B. lui-même s'attache à donner des faits du langage des explications et des commentaires psychologiques. H aime à montrer au moyen d'exemples pris aux langues modernes et surtout à l'allemand, ainsi qu'il est naturel, ce qui se passe et ce qui a dû se passer dans tel ou tel cas dans l'esprit des sujets parlants. On peut s'en rendre compte aisément en étudiant, par exemple, les pages consacrées dans le nouveau volume au duel. Le rôle de mots tels que ambô x~<pM !<6<~aM sur la disparition du duel y est expliqué psychologiquement et il y est insisté sur la relation entre le concept du duel et son expression morphologique. La conclusion est que pour M. B. la suppression du duel qui s'est produite on peut dire dans tous les dialectes indoeuropéens à des dates variées relève le plus souvent de processus psychologiques généraux, dans quelques cas d'altérations phonétiques. Du coup il n'y a plus de place


pour des faits du genre de celui qui a été mis en relief par M. Meillet, savoir l'absence du duel chez les civilisés, sa présence assez générale chez les peuples dits « sauvages ».

On notera avec satisfaction la place faite au celtique et à l'arménien, grâce d'ailleurs aux travaux de MM. Thurneysen, Vendryes et A. Meillet, que M. B. a dépouillés avec grand soin.

R. GAUTHIOT.

0. ScHRADEH. Die Indogernzazzen. Leipzig (Quelle u. Mayer), 19H, in-8, 163 p. (Collection Wissenschaft und Bildung).

Petit volume de vulgarisation, clairement et agréablement écrit par un savant dont la compétence est indiscutée, et qui a fait plus que personne pour unir les données linguistiques aux données historiques et aux données archéologiques. A cet effort M. S. a perdu en précision sur tous les domaines, et la façon un peu approximative dont il traite les faits linguistiques est parfois choquante. Ainsi, le chapitre intitulé 6'MM~ Volk est très joli et semble juste au fond mais les faits linguistiques cités le sont d'une façon trop souvent peu exacte le rapprochement de gr. ~7:60; avec lat. pA~~ est lointain, celui de ail. L<?M~ avec got. liudan « croître », arbitraire, la forme est seulement ombrienne (l'osque dit ~o:<<o) et rien ne prouve que ce mot, propre à l'indo-européen occidental, soit parent du lat. <M?/!po (auquel M. S. prête gratui- tement un M long) et citer skr. arya nanM « Arischer Name », est purement barbare; tout cela dans la seule page 113. Mais ces agaçantes petites inexactitudes n'enlèvent au fond rien à l'intérêt de ce bref exposé de l'état actuel de la question indo-européenne.

A. MEtLLET.


R. DUSSAL'D. civilisations /<?7~0~Me~ dans le bas.<!K </<? la mer E~~e. Etu<!es de protohistoire orientale. Paris (Geuthner), 1910, in-8; vm-314 p., avec 207 gravures et 2 planches hors texte.

L'une des plus graves lacunes dans les données dont on dispose pour faire l'histoire des langues indo-européennes, est que l'on connaît peu ou que l'on ne connaît pas les langues des peuples qui peuptaient les pays où se sont établies les diverses langues de la famille, et que l'on ne sait rien des conditions dans lesquelles les populations de langue indo-européenne ont établi leur domination. En ce qui concerne le grec, on entrevoit qu'il s'est établi dans un domaine où dominaient des langues apparentées à celles de l'Asie Mineure occidentale. Au moment où sont arrivés les « HeUènes » (pour employer le nom classique, sûrement impropre à cette date), il existait dans la Méditerranée orientale, et surtout en Crète, une civilisation très avancée, originale, entièrement distincte de la civilisation grecque classique, qui en est séparée par un long moyen ùge. A défaut de la langue, dont les vieux textes crétois non déchiffrés gardent et garderont sans doute longtemps le secret, M. Dussaud qui a étudié de près les monuments, et surtout ceux de Cypre, expose quelle était, d'après l'état actuel des trouvailles, la civilisation dans la Méditerranée orientale durant. le second millénaire avant t'ère chrétienne. Ce travail d'ensemble, qui permet de se faire une idée générale de la question, sera le bienvenu pour les linguistes auxquels il épargnera de longues recherches dans des travaux d'archéoiogic. Lue vue curieuse de M. D., sur laquelle il convient d'attirer l'attention, est celle qui est relative aux origines de l'alphabet grec. M. D. croit que l'alphabet phénicien et l'alphabet grec auraient été tirés indépendamment d'un alphabet syllabique égéen. Les noms des caractères grecs seraient dus à un rapprochement secondaire de l'alphabet grec avec t'afphabet phénicien. L'hypothèse est risquée


mais on doit reconnaître que l'influence de la civilisation et du vocabulaire phéniciens sur le monde grec ancien apparaissent de plus en plus faibles au fur et a mesure que l'histoire du monde égéen durant le second millénaire avant notre ère se précise. On sait que le nombre des mots du grec ancien sûrement empruntés au sémitique est dérisoirement petit.

A. MEILLET.

UND SACHEN. jRM~M~M/OfMC~e Zeitschrift für Sprach- MM~ Sae~/b~c~MM~. Herausgegeben von R. Meringer, W. Meyer-Lubke, J.-J. Mikkola, R. Much, M. Murko: Band II, Heidelberg, C. Winter,1910-1911, 239 p. in-4.

Le programme et le caractère de ce périodique nouveau ont été signalés dans le volume précédent du Bulletin, p. Ixxv et suiv. Ils n'ont changé ni l'un ni l'autre et il n'y a rien à ajouter sur ce point à ce qui a été dit déjà les collaborateurs aussi sont, en partie, les mêmes que pour le premier volume.

Les deux dimcultés qui ont été signalées par M. A. Meillet en 1909 ont subsisté dans ce tome, comme dans le premier, on voit partout que le cadre indo-européen de la revue ne recouvre presque jamais une communauté de civilisation et que les mémoires portent plus souvent soit sur les t~'o~c?', soit sur les Sachen, que sur les tfo~e?' ?~ef Sachen.

L'article de M. Th. Bloch sur les mots sanskrits M~Mp< ?'jz et y<7~aM<i qui ouvre le recueil, n'est pas fait pour prédisposer favorablement le lecteur. Il manque trop de précision et de méthode. Mais il est suivi de trois grands mémoires intéressants de MM. Fr. Kaufmann, 0. Behaghel et M. Murko, tous déjà connus comme germanistes ou slavisant. Dans le premier (A~eM/A'cAe Genossen~c/M!/7pM), M. Kaufmann propose d'interpréter comme


termes corporatifs un certain nombre de mots allemands et germaniques, dont le sens précis était resté généralement indéterminé jusqu'ici. L'idée est certainement juste en une très large mesure. H n'y a pas lieu de s'arrêter sur les prétiminaires de M. K. qui prend parti pour une interprétation « sociologique des faits historiques et combat la théorie individualiste de M. H. Paul. La position de l'auteur est louable, mais sa doctrine est imprécise il ignore les travaux de l'école sociologique dont le chef est M. Durkheim et s'appuie, par exemple, sur MM. Wundt et Eduard Meyer. On doit noter en revanche comment il rend compte de certains rapprochements et de certaines formations de mots au moyen de faits sociaux, dënnis pour une bonne part à l'aide de l'ouvrage de M. Gierke (Ce/!o.'Me?Mc~<?cA/).

Le mémoire de M. 0. Behaghel (die deutschen M~cyOrte) porte sur l'origine très controversée des noms de lieux en -weil et -weiler qu'il ramène à des originaux romans uilla, uillare et MY/c~'M/M. Sa thèse est développée avec le plus grand soin et nous paraît établie de façon très solide. L'idée qu'exprime M. B. au sujet de l'origine des substantifs, allemand weiler et germanique qui seraient l'un et l'autre abstraits de noms propres empruntés est très séduisante. M. Murko dans un long travail (das Grab a& Tisch) de caractère nettement ethnographique, traite de la coutume des repas mortuaires sur les tombes chez les Slaves. Son étude se rattache à des articles précédemment parus de MM. Strzygowski et Meringer et contient une grande quantité de matériaux utiles, et des illustrations intéressantes. Il constitue un beau témoignage sur la ténacité des traditions païennes chez les Slaves et dans l'Église grecque. Il se termine par la collection des termes techniques relatifs aux coutumes décrites il est intéressant de voir que tandis que les usages sont antérieurs au christianisme pour une bonne part, les mots sont étrangers et d'origine ecclésiastique. Il s'est produit pour le vocabulaire le même phénomène que pour la plupart des dates des fêtes le fonds s'est maintenu, le vêtement a changé.

e


Le second fascicule s'ouvre aussi par un article de caractère ethnographique Eine M/aH</Mc~e Mahrensage de M. v. Unwerth. La grammaire n'entre en ligne que pour la détermination de l'étymologie de v. isl. mprn « cauchemar » où M. v. U. voit un ancien thème en -u-, élargi au moyen d'un suffixe -n-. –En revanche l'article de M. J. Kalima, Alte F<??':<A?'M~6~ zwischen /~M/scA-Mgrischen und slavischen Sprachen est de pure étymologie. I! est consacré à établir l'origine finno-ougrienne de russe sani et narty « traîneau )) la chose est probable pour le premier qui est ancien, certaine pour le second qui est récent mais le moment culturel ne se montre nulle part. Viennent ensuite des contributions de M. Riegler (Zwei ?Ky~MC/~ kernamen), de M"" A. Sperber (Zur Animalisie?'?<?:y von Geyc~cKa~M) et M. R. Hartmann (Zum Pro~/<??M des <MC~/0?'?M!ye?ï G~'C~MTM).

M. Jacobsohn propose, dans un article intéressant (Lat. v'bia== Y&pjpa) de ramener uibia « poutre )) a *~e~M et de le rapprocher ainsi de gr. y~upix « pont ». C'est de la pure étymologie. M. Utaszyn (Zur Semasiologie von slav. *~pAa, lit. ranka « /y<M6fa) aborde et soutient l'étymologie courante de ranka, contre l'explication proposée par M. Mikkola: ?'<mM remonterait bien à *?'OM~'a « la ramasseuse, la preneuse a et non '"M~OM~a « la recourbée )). A cet effet, il cite un certain nombre de dénominations argotiques de la main dérivées de mots signinant « prendre, saisir » et en général de termes désignant les fonctions de la main. Ses données manquent un peu de précision le français abatis, par ex., n'est aucunement un nom d'instrument: il désigne à l'origine les pattes, ailerons, cou et tête des volailles apprêtées, les parties « abattues s et a été employé secondairement à désigner les membres et plus spécialement les bras et les mains de l'homme. Mais surtout M. U. n'a pas considéré qu'il y a une différence profonde de nature entre l'origine de dénominations argotiques, qui visent simplement à être plus ou moins inintelligibles et qui sont d'ailleurs techniques (presque toutes signifiant en réalité « la voleuse ») et celles des mots divers qui dans les dialectes indo-euro-


péens servent à désigner la main. Dans ce dernier cas il s'agit, le plus souvent, d'une interdiction religieuse ancienne portant sur l'emploi du nom propre de la main. Le volume se termine par des étymologies sardes (Sardische Etymologien) de M. L.Wagner, et des notes étymologiques pures et simples de MM. Holthausen, Ettmayer et Mikkola.

R. GAUTHtOT.

G. HoLBROOKE.m~o?'<AM:7e~y, ~ew-York (Knickerbrocker Press), 1910, in-8, xn-442 p.

Sans aucune valeur. L'auteur ne connaît pas les premiers éléments de la grammaire comparée. A la première page, on voit skr. /~< etp~a~M! tenus pour des formes distinctes et irl. ju~ rapproché de skr. ~o<< A. MEtLLET.

M. VAN BLANKENSTEIN. ~<P~MC~y!ye~ 2M den langen Vocalen in der ~c~e. Ein Beitrag zur Lehre des indogermanischen Ablants. Gûttingen (Vandenhoeck und Ruprecht), 19il, in-8, [iv ]165 p.

La théorie du vocalisme indo-européen a été bien négligée depuis le livre de NI. Hirt. Voici enfin un nouveau travail sur la question, qui est une thèse de Leyde, mais il ne sort pas de l'école de Leipzig dans le bref avantpropos de la thèse, écrit en néerlandais, l'auteur se réclame de MM. Uhlenbeck, Pedersen et W. Schulze. La jeune école de Leipzig et surtout MM. Streitberg et Hirt a eu le grand mérite de chercher à poser une théorie générale du vocalisme qui, embrassant la théorie déjà posée par M. F. de Saussure, tiendrait compte des


faits que celle-ci n'avait pas encore réduits à des formules simples. H reste de cet effort un progrès considérable à plusieurs égards. Mais la doctrine d'ensemble n'a pas paru solide; elle n'a pas convaincu, et, même dans le groupe de Leipzig, il semble que l'on ait renoncé soit à la compléter, soit à la démontrer plus complètement, soit à en tirer des conséquences nouvelles. L'étude de M. van Blankenstein est en pleine réaction contre cette doctrine, et avec raison. Le tort de la jeune école de Leipzig a été de mettre au premier plan la théorie phonétique des alternances vocaliqnes indo-européennes. Or, comme ces alternances étaient déjà fixées à l'époque de l'indo-européen commun, on n'a aucun moyen de voir comment elles se sont développées on ne peut faire à ce sujet que des hypothèses qui échappent à toute vérification. Là était le vice essentiel de ces recherches; et il n'y aurait lieu de les reprendre que le jour où l'on aurait reconnu définitivement la parenté de l'indo-européen avec quelque autre groupe de langues, où par suite il serait possible de reculer par la comparaison l'étude des langues indo-européennes de quelques siècles dans le passé. Les recherches sur le vocalisme indo-européen ne seront tout à fait saines que le jour où l'on aura compris que la question des alternances vocaliques indo-européennes n'est pas, en l'état actuel des données, une question de phonétique historique, mais uniquement une question de ~!orp/<o/o~c.

A ce point de vue, l'étude de M. v. B. marque un progrès mais l'auteur, qui, dans tout le cours de son exposé, se tient scrupuleusement aux faits attestés, se laisse aller dans ses conclusions à l'espoir de faire la théorie des origines des alternances. Espoir chimérique tant qu'on n'aura d'autres données que les faits Indo-européens à expliquer. M. v. B. a relevé les exemples du degré long dans la série g, c'est-à-dire dans la principale série des types vocaliques indo-européens. Il énumère d'abord les racines indo-européennes qui comprennent des formes du degré long, puis il reprend les mêmes faits dans chacune des langues indo-européennes et conclut par quelques observations sur l'usage du degré long dans certains types


grammaticaux. Incidemment, il est amené à refuser toute valeur à la loi dite de Brugmann sur le traitement indoiranien <x de i.-e. *o.

Il est à regretter que M. v. B. ait fait son énumération en se plaçant au point de vue des racines qui présentent le degré long, et non au point de vue des types grammaticaux. Il a été obligé de faire un choix, nécessairement un peu subjectif, entre les étymologies proposées, comme il le dit lui-même, et dès le principe son travail a par là une part d'arbitraire. En partant de chacun des types grammaticaux, il aurait évité d'attribuer à certaines formes une valeur probante qu'elles n'ont pas. Il est surtout très choquant de voir les longues radicales des itératifs slaves revenir à chaque instant, alors que notoirement l'itératif est en slave une catégorie productive, et que des voyelles développées en slave même ont reçu des allongements (type -6~'a~' -birati) les longues des itératifs slaves prouvent dans leur ensemble, mais chaque exempte pris isolément est absolument dénué de valeur probante, et v. st. pro-badati ne prouve à aucun degré que la racine bhedli- ait eu en indo-européen un degré long. La même observation s'applique au type de causatifitératif indo-iranien de skr. Maraya~: M. v. B. n'hésite pas à utiliser des formes qui, comme celle-ci, ne sont même pas védiques et apparaissent seulement en sanskrit classique le zd ~ayayp:~ ne prouve pas davantage seul le type indo-iranien de cette formation dans son ensemble est à retenir. Et ainsi, à des degrés divers, de plusieurs autres cas. 11 pourrait être utile de discuter de près certains exemples qui portent en eux-mêmes des garanties d'antiquité. Mais, en principe, on ne peut accorder aucune valeur probante à un exemple isolé d'un type grammatical productif. Or, le plan suivi par M. v. B. le conduit à commettre à chaque instant cette faute essentielle de méthode, faute qui ne lui est pas particulière et qui vicie presque à chaque page la plupart des travaux de grammaire comparée.

Une forme n'est utilisable en grammaire comparée qu'après qu'on en a fait l'histoire. Par exemple, dans la


famille de ped- « pied », il y a quantité de voyelles longues mais il y a de grandes chances pour que toutes procèdent de la longue du nominatif singulier: got. /b~M est un compromis entre la forme du nominatif *pôts (cf. dor. TtM~, chez Hesychius) et celle de l'accusatif singulier, attestée par gr. TcoS~, arm. otn avec o le latin, qui a généralisé le timbre e, a aussi l'opposition de pés, /7~ En somme, got. /b/!M contribue simplement à prouver que le nominatif singulier des mots de cette forme avait en indoeuropéen une voyelle longue.

Les formes d'une même langue doivent être examinées dans leur ensemble avant d'être rapprochées de celles des autres langues. Par exemple, de la racine *M~ le slave n'offre guère que des formes à voyelle longue; il y a là un fait à expliquer dans son ensemble, et l'on ne saurait faire état de la longue de chacune des formes isolément, même si chacune comporte une explication. Une étude attentive de la racine montrerait du reste aisément que plusieurs des formes slaves s'expliquent saditi répond à des formes indo-iraniennes, skr. maMya/t, zd M~aBayo~ (2° pers. opt.), v. p. n~a~~ya~ qui, appartenant à un type productif, ne prouvent rien en particulier pour cette racine, et, ce qui serait plus curieux, à irl. saidim (mais M. v. B. est-il sûr de cette forme? où est la preuve de la longue? '? M. Thurneysen ne paraît connaître que saidim avec a). La forme Mc~: s'explique en tout cas.

~sc~, M'(/f/! serait assez surprenant a ~'ïo~ mais on s explique bien un vocalisme <? dans un présent tel que lit. '.& Le védique en aurait-il une trace dans l'énigmatique ~6M</yoM! V., V, 43, 12? M. Oldenberg, dans son commentaire, signale l'étrangeté de cette forme sans se prononcer de manière décisive M. Wackernagel, Aind. C/'a~/M., Il, I, p. 318, mentionne cet onrx~ sans le discuter. Or, on sait par le cas de v. si. M~p, en regard de l'impératif t't, que le présent slave en -ï-a pris en partie la place des présents athématiques presque entièrement éliminés du slave. Si doncsp.sc~ indique quelque chose, c'est qu'il a existé un présent *~a'?m, comparable à *7M!. Un dérivé ne prouve rien quand on sait de quelle


forme il est tiré et que le vocalisme concorde avec celui des primitifs il est étrange de citer lat. rëyius et ~</x/!a avant yM", comme le fait M. v. B. p. 116 et d'attribuer à la correspondance de rëgius avec skr. ~a~ (dont le dictionnaire de Saint-Pétersbourg cite un seul exemple, pris dans un brâhmana) une importance particulière, comme il est fait p. 117 et déjà p. 50. Incidemment, on notera que l'irl. rzye « royaume n'est pas un thème en -<o/< comme il estenseigné p. 50 et 117, mais un thème en -yo-, exactement comparable à skr. /'<~Yt~y<x~ Le seul fait intéressant pour le vocalisme dans tout cela est l'existence d'un thème "yr « roi », sans alternance vocalique connue, attesté par l'accord du sanskrit, du celtique et du latin.

On voit que M. v. B. n'a pas posé avec précision les questions fondamentales

Quel est l'emploi du degré long dans chacun des types morphologiques de chacune des langues indo-européennes ? '?

2° Ce premier problème résolu, et les langues étant rapprochées, non pas forme à forme, mais système à système sauf en ce qui concerne les mots isolés, quel était en indo-européen l'emploi du degré long dans chaque type morphologique ?

3° Comment est-on passé de l'état indo-européen à l'état attesté dans chacune des langues ?

Il était licite, et même sage, de limiter le sujet étudié, de se borner à l'examen ou de certains types morphologiques ou de certaines langues; mais il ne l'est pas de prendre les formes toutes brutes, sans en faire la critique, sans en suivre l'histoire. On voit mal ce que le travail de M. v. B. tel qu'il se présente ajoute aux théories déjà établies.

Ceci dit, il serait injuste de ne pas reconnaître que M. v. B. a fait un sérieux effort, et réussi, pour rassembler les formes longues des éléments radicaux, et que ses conclusions, sans être très neuves, paraissent assez correctes. Mais on se demandera pourquoi il s'est limité aux éléments radicaux l'o de skr. = dor. T~ est-il d'autre nature


que celui de skr. ?:s~~==Iat. H~?os? Quoi qu'il en soit, on aura là un recueil de faits commode.

Voici quelques remarques de détail P. 143, il aurait convenu de rappeler skr. ~M: près de gr. x~p, arm. sirt, etc. P. 12, les mots « asi. dly, g. delûva » sont assez malheureux. P. 18, arm. a tout autant de chances d'être apparenté à gr. 8~~ qu'à gr. –P. 19, le -?< de arm. ~?< rappelle beaucoup lat. gula il doit s'agir d'une forme spéciale à M de i.-e. de même dans kur, cf. lat. ~M?'y~, lit. ~M~A/y~ etc. P. 33, ce n'est pas sous la racine de xepct~M, mais sous celle de lit. ~r~ « je sépare » que devait être cité arm. çrem « je disperse », et l'on sait que la voyelle tombée entre (-(représentant *sk) et r est i, sans doute issu de g, car on a le mot çir « dispersé B c'est un bon exemple à joindre à la petite liste de la p. 119. II y faudrait joindre aussi threl « pétrir » dont M. v. B. ne parle pas sous la racine (plutôt *~yj-) et qui suppose sans doute *?' (mais cf. Lidén, .M. Stud., I, p. 108). P. 101, l'intonation douce de </M~<M et yoc~M (près de yc~ dont M. v. B. les sépare, sans doute à tort), de prôtas (près de jo~aM~, ~r<M~), MH/?ia.s'(près de lett. K<??HM) n'inquiète pas M. v. B., bien qu'il la mentionne p. 28 il est curieux qu'elle apparaisse surtout là où le baltique a conservé des formes à voyelle brève dans d'autres représentants de la racine pour la racine *~Ap<y-~ où le baltique a généralisé la longue, on a .~J<~<H en face de ~y!M. Les étymologies employées sont parfois défectueuses, ainsi le rapprochement de arm. sel avec gr. o'xa/~o< On voit mal pourquoi les mots védiques sont cités tantôt avec et tantôt sans accent. Pour terminer sur une critique générale, on regrettera que M. v. B. fasse abstraction de la distinction entre les racines monosyllabiques et les racines dissyllabiques. Quoiqu'on pense des vues de M. Hirt sur l'absence totale du degré long dans le premier élément des racines dissyllabiques du type*~yj-, trè-, il est certain que le degré long est relativement rare en ce cas, et c'est un fait de première importance que M. Hirt a eu raison de mettre en évidence. Les défauts éclatants du livre de M. Hirt ne doi-


vent pas y faire méconnaître les résultats solides et durables.

A. MEtLLET.

.W/<!M<~ d'indianisme offerts par ses élèves à M. Sylvain Lévi le 29 janvier 19H, à l'occasion des vingt-cinq ans écoulés depuis son entrée à l'École pratique des HautesÉtudes. Paris, Leroux, ~9t~, m -t-345 p., in-8. M. Sylvain Lévi n'est pas un linguiste et dans l'enseignement extraordinairement fécond et vivant qu'il donne maintenant depuis vingt-cinq ans passés c'est l'indianisme entier, l'étude de l'Indechez elle et au dehors qui est seule en jeu. Mais on sait que les textes védiques intéressent autant la grammaire comparée que la philologie hindoue; on sait aussi que plus récemment l'Inde a été dépouillée de son apparence de monotonie et d'immobilité et que la linguistique a profité au moins autant que toute autre science des découvertes qui ont révélé ses développements variés et des enquêtes qui ont mis au jour sa diversité. Or, sur ce point, M. S. L. a été un promoteur.

D'ailleurs les membres de la Société savent quel intérêt ~). S. L., leur confrère, porte personnellement à la linguistique, ainsi qu'à toute discipline qui touche au domaine immense qu'il domine ils ne s'étonneront pas trop qu'un bon tiers des mémoires qui composent les Mélanges (exactement huit sur vingt-trois) soient de grammaire comparée. Ce sont les suivants, dont seuls nous avons à nous occuper ici

J. Bloch, 6'Mr ~M~Mps transcriptions de noms indiens dans le fe~/c de la mer Erythrée(p. 1-16) M. J. B. étudie les mots hindous cités dans le Pe~/o/c et examine quelles sont les conclusions qu'il est possible d'en tirer sur l'état des langues parlées dans l'Inde à la date du Périple. A. Cuny, Sanskrit M~~MC.' <z/M~Aa~ (p. 79-83); étymologie du mot qui est rapporté à la racine aç-. A. Ernout, Skr. çraddhà, tal. c~</c, irl. cretim (p. 83-


89) examen de quelques points de détails touchant le rapprochement de ces trois mots.

R. Gauthiot. Paonano Pao (p. 111-120); étude sur l'extension du titre perse « roi des rois a et sur l'influence de sa forme.

M. Grammont, La métatèse en paA' (p. 65-78); chapitre nouveau ajouté aux recherches de M. G. sur la métathèse en général les exemples palis sont particulièrement nombreux.

M. et M" Marouzeau, Sur les /b~ï<?A'~ fem~/0! <~M ue~e « être dans le D:uyau<x~Mo' (p. 1S1-1S8) étude sur l'emploi et la répartion des formes tirées des racines as- et ~M- dans le texte indiqué.

A. Meiïïet. La /:Ma/c -uh de Mï~ etc. p. 1733) détermination de la valeur exacte de la finale -MA en tant qu'elle repose sur un élément originel contenant r et explication du traitement de -r à la finale.

J. Vendryes, Le <~e verbal en </e l'indo-iranien (p. 173-182) M. V. montre que le sumxe de ~cc~z par exemple est secondaire et sert simplement à former des présents thématiques.

R. GAUTIIIOT.

/MC/~«c~p buddhistischer D/'<x/MeM herausgegeben von H. LtiDERs. Berlin (G. Reimer), 1911, in-8, [v]-89 p. et 6 planches (AoH!C/~ ~MssMc~e 7'Mr/<?t-e.KiOe~o/M/ A'/exMey'c Sanskrit-texte, Heft I).

Les trouvailles faites en Asie Centrale élargissent et renouvellent nos connaissances de la manière la plus imprévue. Un sait tout ce que la linguistique leur doit déjà deux dialectes d'une langue indo-européenne jusqu'ici inconnue, Je « tokharien », dont MM. SIeg et Siegling ont donné un premier aperçu (les textes de la mission Pclliot déchiffrés par M. S. Lévi commencent à paraître en ce moment dans le ~bKr~a/asM~Më); une langue indo-


iranienne non moins inconnue un dialecte iranien dont on connaissait l'existence, mais dont on n'avait rien, le sogdien et que M. Andreas a su heureusement identifier (les textes longs et importants de la mission Pelliot, déchiffrés par M. Gauthiot, doivent commencer à paraître en 19i2) des textes en deux dialectes pehlvis, admirablement édités par M. F.-W.-K. Müller, l'un du Sud-Ouest, dont la graphie a confirmé et complété les vues de Hubschmann, l'autre du Nord à peu près inconnu jusqu'ici des quantités de vieux turc pour l'Inde, des textes en moyen indien de formes très diverses; sans parler des textes qu'on ne peut encore déchiffrer.

Les deux drames hindous dont de menus fragments rapportés par M. von Le Coq ont permis à M. Lüders de donner une idée grâce à une méthode philologique rigoureuse appliquée avec une patience et une ingéniosité admirables, laissent entrevoir une forme des prâkrits littéraires plus ancienne que toutes celles qu'on possédait, et bien différente. Il s'agit de deux drames bouddhiques, antérieurs de plusieurs siècles aux drames classiques, et dont un colophon trouvé après coup permet d'attribuer au moins l'un à l'illustre poète Açvaghosa. Comme les drames classiques, ces drames sont composés partie ensanskrit, partie en divers prâkrits. Le sanskrit, transmis du reste d'une manière assez fautive, n'enseigne à peu près rien de neuf la langue était fixée dès cette date, et le sanskrit bouddhique, celui d Açvaghosa en particulier, est bien connu on retrouvera ici la curieuse forme ~M:~ sur laquelle M. L. appelle l'attention et l'on notera, dans un mot naturellement vulgaire, le traitement ri de r du mot A(~):<!(y)o cette introduction de formes vulgaires en sanskrit à date ancienne mérite d'être observée. Mais ce qui, dans la publication, est intéressant pour le linguiste, c'est surtout qu'il y trouve la preuve que la forme sous laquelle apparaissent les prâkrits dans le drame classique est une forme postérieure et déjà très évoluée le drame de l'époque d'Açvaghosa employait des prâkrits, qui sont au fond à peu près les mêmes, mais sous une forme plus archaïque: les sonores intervocaliques sont conservées, les sourdes intervocaliques


sont encore sourdes, et là où par exemple la Magadhï des grammairiens et des drames classiques a hage (toutefois a~a~-c. hake sont attestés), celle des drames édités par M. L. a encore c~~aM~. Le mot accessoire bhavati est déjà b hoti, mais l'initiale n'a pas encore subi l'altération en h due précisément à ce qu'il s'agit d'un mot accessoire. On sait donc désormais qu'il a existé des prâkrits littéraires à un stade linguistique correspondant à celui des prâkrits épigraphiques et du pali. Et par suite les prâkrits littéraires connus par les œuvres littéraires et sur lesquels ont travaillé les grammairiens de l'Inde doivent être tenus pour des adaptations à un état plus récent du développement de la langue. Il y a eu évolution des prâkrits littéraires. Les données sur le développement des langues de l'Inde entre la période védique et le commencement des langues vulgaires modernes sont si insuffisantes qu'on a là une indication de grande valeur.

M. L. est sans doute trop affirmatif sur certains points. On hésite à lui accorder que le çc de la Magadhï postérieure soit issu de cch, et le s/; de kkh, parce que la vieille Mâgarl hi de son drame a déjà eeA et kkh (p. 37). Le passage de cc/; et de kkh à çc et est assez diiEcile à concevoir phonétiquement, et le retour exact à la forme phonétique initiale serait singulier. Rien ne prouve que la graphie des textes réponde de tous points à la prononciation réelle du dialecte, et l'on a pu employer la graphie cch, kkh des autres prâkrits alors qu'elle traduisait mal la prononciation locale de la Magadhï il ne faut pas oublier qu'it ne s'agit pas de notations rigoureuses d'une langue populaire, mais de textes littéraires. Quand, ensuite, on a rapproché la graphie du parler réel, on a noté d'une part des prononciations récentes, de l'autre çc et sk qui se trouvaient être des archaïsmes conservés. M. L. s'autorise, il est vrai, de ce que ~/< est représenté en Magadhï classique par sth pour atErmer que le sth répondant à skr. sth a passé par tth mais il est facile de concevoir que r/~ ait donné sth là où l'on prononçait rM~, comme l'indiquent les grammairiens et certaines graphies.

M. L. a tiré un parti vraiment remarquable des misé-


rables fragments qu'il a eus à sa disposition, et on lui devra une grande reconnaissance.

A.MEILLET.

Ilarold-H. BENDER. 77~ AM~~C~ ?/?<7H< and vant in ~<7~Mkrit and Avestan. Baltimore (J.-H. Furst Company), 1910,vin-'tl6p.

Dissertation américaine consciencieuse, où, comme d'ordinaire, la statistique tient la plus grande place. L'auteur a eu !e malheur que, avant la publication de son travail, il a paru de M. Wackernagel un article court, mais où est indiqué tout l'essentiel de la question et qui a défloré tous ses résultats (K. Z., XLIII, 277-288). On sait donc maintenant de façon précise que le suffixe indo-iranien -mant-, dont aucune autre langue indo-européenne n'a de correspondants, est après les thèmes terminés par -u-le substitut de -vant-, lequel se retrouve seulement dans gr. -fg~-c- (le rapprochement de lat. -ôsus dont M. Bender fait encore état est au moins incertain, comme on le sait maintenant). C'est l'ancien iranien qui a le mieux conservé l'état de choses indo-iranien on n'y rencontre pas un seul exemple de après -?/ M. B. cite naïvement, p. 83, deux exemples qui, sans qu'il s'en aperçoive, sont vieux perses, et non avestiques, où -u~M/- suit -/<- (i.-e. *) et où un -u- a été introduit par le vieux perse entre h et v, suivant la règle: /!<!?'a(A)~uc'~ et ~oy<x(/t)MU< (ce dernier nom propre, dont on ne connaît pas l'étymologie et dont on ne peut tirer en l'espèce aucun parti). Quant aux exemples de -mant- après -a- dans i'Avesta, ils semblent peu réels comme l'a montré M. Wackernagel.

Ce qui est dit du sens de ces deux suffixes est assez défectueux. On sait que le sens est a peu près constamment « qui a, pourvu de ». M. B. cherche à tracer des distinctions, qui sont dénuées de réalité. Le fait que skr. ~a/'?<Maf<z/!<- se traduit par angl. pitiable n'autorise pas à poser


une catégorie de sens le mot signifie « pourvu de pitié (~ay?<)M) », d'une façon active ou passive, il n'importe, et ainsi de quantité d'autres cas.

A. MEtLLET.

0. HopFMANN. Geschichte der griechischen Sprache. 1. Bis ~MM! ~M~~M~e der klassischen Zeit. Leipzig, d911, In 8, <59 p. (Sammlung Gosc~ n" Hl).

La petite histoire de la langue grecque dont on a ici le premier volume est très savoureuse. M. Hoffmann a étudié à fond toutes les données relatives au développement de la langue grecque il a lu et repensé par lui-même tout ce qui a été publié à ce sujet. Le volume qu'il publie est plein d'idées, riche de faits, instructif et suggestif d'un bout à l'autre. Il est consacré, non à l'histoire des prononciations et des formes, mais à l'histoire extérieure de la langue grecque. Dans une première partie sont exposées la manière dont la langue grecque a occupé les domaines où on la rencontre à l'époque historique et la répartition des dialectes. Dans une seconde partie, M. H. traite des faits de l'époque historique, d'abord de la langue parlée, puis des langues littéraires.

Par la faute du sujet, M. H. est souvent obligé de se contenter d'éléments de preuve minces et fragiles. Parfois même la brièveté à laquelle le contraignait l'espace très petit dont il disposait l'a amené à normaliser les faits cités, et il en résulte que ces faits reçoivent plus d'importance qu'ils n'en méritent. Pour établir l'existence d'un groupe achéen, comprenant à la fois l'arcado-cypriote et l'éolien (éolien d'Asie, thessalien et béotien), M. H. se sert, entre autres données assez minces, d'un rapprochement de cypr. xu~epv]'~ avec éol. xup.sp~(xi;c<< or, de cet éol. xu~sp~ctT~ on n'a d'autre témoignage que l'indication donnée par un grammairien que les Eoliens disaient xu~p~~ mais on sait combien le terme d' « éolien est élastique chez les


grammairiens, et la forme n'est pas rassurante avec ses <). La conservation de l'ancien dans ce mot et l'absence de dissimilation ne prouvent du reste pas que les dialectes qui restent ainsi fidèles à l'état ancien aient entre eux une parenté spéciale. -Il est risqué de mettre, p. 38, la forme isolée cypr. TretTE'. sur le même plan que le traitement normal de *°- devant e à l'initiale en éolien.

Parmi les traits intéressants de l'exposé, on relèvera le souci qu'a l'auteur de protester contre une normalisation excessive des textes. Les indices que l'on possède de la liberté dont usaient les auteurs attiques par exemple sont signalés avec soin.

A. MEILLET.

E. FRAEKKEL. Gc.<e~!C~eyyy!~C~eM~VoMÏ:MS<!yeM/Mauf -TTjp, -TMp, -T~ (-t-). Erster Theil. Entwicklung und Verbreitung der Nomina im Epos, in der Elegie und in den ausserattischen Dialekten. Strasbourg(chez K. Trûbner).i910, in-8, xi-245p.(Untersuchungen zur indogermanischen Sprach- und Kulturwissenschaften, herausgegeben von K. Brugmann und A. Thumb, ï). La collection qui commence de manière heureuse avec ce volume de M. Fraenkel est sans doute destinée à remplacer les Beihefte des Indogermanische /o~c~M/CM dont la série, commencée au volume XIX de ce périodique et arrêtée au volume XXI, s'est bornée à deux cahiers. Le volume initial de cette collection dirigée par M. Brugmann a du reste tous les caractères d'une production de l'école berlinoise. C'est l'œuvre d'un comparatiste, mais très phiiotogue, et ce qui en fait le fond, c'est l'examen minutieux de tous les faits grecs relatifs à un groupe de mots, celui des noms d'agent.

La grammaire comparée a très souvent opéré jusqu'ici 4. Le titre porte à tort ausserionisch-attischen. L'erreur a été signalée par l'auteur iui-méme.


avec des faits étudiés seulement en gros et dont le détail précis n'était pas bien connu. Toutes les questions importantes doivent être reprises de manière à déterminer exactement l'état réel des données. Ce travail, auquel on s'est mis depuis quelques années/demandera un long temps et la collaboration de beaucoup de savants. M. Fraenkel, qui s'est déjà fait connaître par un excellent ouvrage sur la formation des verbes dérivés du grec et par des notes très riches de faits et d'observations ingénieuses, fournit maintenant l'examen complet et définitif d'un problème qu'il avait déjà plusieurs fois abordé. Son ouvrage, dont on n'a encore que la première partie, pourra servir de modèle à ceux qui voudront faire des recherches du même genre. Les faits y sont énumérés au complet, discutés en détail avec une connaissance personnelle de la philologie grecque, et ils ont été relevés avec soin dans les textes eux-mêmes. La grammaire comparée n'est naturellement pas seule à profiter d'un travail ainsi fait d'après les sources, à la fois littéraires et épigraphiques. Les observations sur l'emploi des suffixes -r~p, -TMp et dans la lyrique chorale faites p. 167 et suiv. montrent une fois de plus que Pindare et Bacchylide ne peuvent être qualifiés proprement d'écrivains doriens un homme qui, comme Bacchylide, employait xuëep~r; pour éviter la succession désagréable de deux a< ne pouvait être bien délicat sur l'emploi de dor. --c~p, -rMp ou de --n};, forme de son parler maternel (qu'il dorisait en -i:<x$).

Le livre établit d'une manière solidedeux grands faits les dialectes autres que l'ionien-attique employaient -r~p, -TMp dans les mots simples, et -T~ dans les composés (on ne voit pas bien pourquoi le titre a la forme spécifiquement ionienne-attique -1~, au lieu de -M<; du grec commun) on sait que--c<x- est une forme élargie de *-t- qui est la forme courante du suffixe en sanskrit dans les mêmes conditions 2° l'ionien-attique a éliminé le type -r~p, -Twp et généralisé -r~ même dans les mots simples (l'étude relative à l'attique n'a du reste pas encore paru). Dès lors, ainsi qu'on doit l'attendre, le texte homérique, dont le premier fonds est éolien, offre beaucoup de mots


simples en "r~p, -TMp; mais, surtout parmi les dérivés et verbes dénominatifs, et dans les parties relativement récentes de l'Iliade et de l'Odyssée, il ne manque pas de mots simples en-r~ comme a~op~T~~ o~T'jjr~T~ se lit seulement Q2S8, dans un morceau nettement postérieur, tandis que !X[<ju~T?]p est conservé Q 347. A cet égard comme à tous les autres, il se dénonce de manière éclatante que le premier fonds de la langue des poèmes homériques est éolien et que l'ionien représente une couche superficielle et secondairement ajoutée, mais impossible à isolerdans les poèmes conservés.

La principale critique à faire porterait sur la façon dont est traité le vocalisme indo-européen. M. F. n'a pas sur ce domaine la sûreté qu'il a en matière de philologie grecque. Ainsi, p. 39, M. F. a raison de protester contre les affirmations injustifiées de M. Vollmer qui refuse toute valeur aux témoignages relatifs à l'è de lat. « il mange »; mais il n'est pas légitime de mettre l'r, de -~or~ (<xX~~(;, M~j-r~f;) sur le même pied que la longue de -p~c, -~MT~, -?~T~, -SMT~ç, -TCM-n]ç car, dans *c< la racine est une racine à voyelle brève *c~ et Je type de lat. èst, lit. ~(0, si. *éstï a le degré long au contraire la voyelle longue de *<y"'a-, *o- *Ma-. etc. représente le degré normal, le degré e de ces racines. 11 n'y a donc aucun rapport entre le cas de -))<j-cY]<; et celui de -pfjï~. Sur le type de gr. -~j-c~ç, il fallait renvoyer à Wackernagel, DfAMMMy.~c~/z. P. 42, dans une racine dissyllabique comme celle de 'KeXetTT; -Tt\')]'t;<; (et nXS-nç), TTEXS- et TcXfï- représentent ou peuvent représenter deux sortes de degré e (Vollstufe) on n'est sûrd'avoirun degré zéro(Tiefstufe) que là où les deux tranches de la racine dissyllabique sont au degré zéro, comme dans T<xXx-po. en face de Te/J~M'~ et de TX~M~ il est possible que rXct- représente un degré zéro mais ce n'est pas certain, et la forme i:Xx- est ambiguë. Plus étrangement encore, M. F. semble prendre, p. 69, -Sx[jnxTwp pour une forme à « Vollstufe », et S~T~pd'AIcman pour une forme à degré zéro. P. 34. M. F. enseigne que gr. -)(no<; répond exactement à skr. /<~y<~ on pouvait croire cela en 1878 mais on sait maintenant que y~Mo;, qui a d


un ï) panhellénique, repose sur un type radical i.-e. ~~e-, dont on a le degré o *g,nô- dans got. ~HO~ et dont le correspondant sanskrit est /M<M/~ avec un a reposant sur e ou sur ô. Sans entrer dans la discussion des vues exprimées par M. F. sur le double ton, complètement imaginaire, de *~[tSij.~ (ou de son original indo-européen), on se demandera comment la racine de [j~o~ peut être qualifiée de dissyllabique c'est le type même de la racine monosyllabique skr. maM~a-, /KSM/N?' Mïan~aH-, MMHtave et mata-, MM~i-. P. 90. Il est fait état d'une alternance *MM (cité sans astérisque, par un accident malheureux), */MMM~ cette alternance est supposée sans que le moindre fait soit donné à l'appui, et il serait en effet impossible d'en citer aucun, puisque le type AMMa?M! apparaît seulement en sanskrit classique, on le sait, et que, d'après le témoignage de la métrique, le védique admet uniquement ArtKSNïï, d'accord avec les prâkrits. La théorie lumineuse de M. F. de Saussure a d'ailleurs montré pourq uoi l'on n'a pas *MMMen fait, mais seuIement"MMMM(skr. ctass. /înaMK, gr. M~[M:t, etc.) M. F. se réfère à une théorie de Joh. Schmidt relative à l'influence de la place du ton sur la quantité de i et de u en indo-européen cette théorie n'est pas fondée sur les faits, et elle est caduque comme à peu près tout ce que Joh. Schmidt a enseigné sur les alternances vocaliques indo-européennes. En revanche l'M de véd. c~MHd~t n'a rien de surprenant mais il ne faut pas chercher dans le contraste entre véd. o~MK<~ et skr. class. dhunoti quelque chose d'ancien la théorie des verbes à infixe nasal montre que le thème, propre au seul sanskrit, de c~MM< ne saurait être indo-européen véd. c%MM<!<: est une création hindoue l'M de skr. class. dhunoti provient de formes comme dhuvate, dhuvali et comme dhu?Mya<. On se demande comment, p. 92, M. F. a pu en venir à attendre un i dans puMM (type radical *o-). P. 110. M. F. reproduit l'affirmation que l'opposition de Tte~6o<; o:MMM8~(; représenterait un type indo-européen ce n'est pas impossible, mais cet exemple ne le prouve pas. On conçoit que le substantif s~Ooç ait subsisté, tandis que la forme correspondante au second terme d'un composé ayant


une valeur verbale plus prononcée aurait subi l'influence de TMQs~ et, même en tant que substantif, on a en effet ~.x9oç là où la valeur de la racine verbale est sensible. Quant à l'idée que epo, serait à *ap~c ce quf lat. xd</<~ est à skr. .s;;oe~;M~ elle repose sur une confusion des degrés e, o, du degré zéro et des degrés longs qui est évidente. Outre cette critique générale, un ouvrage aussi riche de faits et auquel on est souvent tenté de reprocher que des détails intéressants mais inattendus viennent interrompre le cours normal de l'exposé prêterait naturellement à beaucoup de discussions. Il ne sera fait ici que quelques remarques.

P. 2. Même si l'on croit que le pamphylien renferme une part d'éléments occidentaux, il est excessif de donner le Stxofj~jp de Sillyon comme exemple de -r~p- sur le domaine dorien qu'est-ce qui prouve que Stxxo~p ne fait pas partie du fonds arcado-cypriote, puisque att. StxKo"pto~ donne lieu de supposer que le mot était grec commun? Il est de même abusif de citer béot. ,F[oT:ope<; comme exemple dorien, simplement parce que le béotien, qui au fond est éolien, renferme des éléments occidentaux. P. 55. L'observation faite par M. F. de Saussure sur -Ppe~Eïï].; ppo~ ôte toute valeur probante à ce qu'enseigne sur ce point M. F. (cf. A. Meillet, Dialectes indo-européens, p. 68 et suiv.).

P. 67, n. 2. L'hypothèse sur skr. ~M~M:</ de *psumati est jolie mais, tant que l'index n'aura pas paru et même après ira-t-on la chercher dans ce coin de note ? `?

P. 70. La transcription des mots avestiques cités ici est vieillotte et ne concorde du reste pas avec celle qui est employée p. 74. 11 vaudrait mieux éviter d'appeler M//6<MeA la langue de l'Avesta car il n'est pas du tout établi et il est même très peu probable que cette langue soit le bactrien. Enfin les exemples iraniens allégués ne prouvent rien. M. F. veut établir que le zend a conservé des traces de thèmes en -tar- à'vocalisme présuffixal zéro, comparables au type Sc-c~p. Or, des trois exemples qu'il cite, deux (A'~y~a et f~a) sont des xTcct~ des gâthâs, qui


admettent et sans doute exigent une autre interprétation que celle qu'on admettait autrefois par des noms d'agent en le troisième bariJta-éa, dont le -~a- final suffirait à écarter l'hypothèse qu'il s'agit d'un nominatif *&~p<a devant ça, s'explique aussi autrement. H y a deux mots que M. F. aurait pu citer s'il avait ouvert le dictionnaire de M. Bartholomae d~r~a?'- et /r<~a/a?'- mais ils ne sont pas probants non plus, à ce qu'il semble; on conçoit bien en effet que le nom de prêtre *frabartar- (= skr. ~ya~a~ay-, cf. ombr. ars-fertur) ait subi l'influence d'un autre nom de prêtre, a~a~ c'est-à-dire *<~o-M~- « porteur de l'eau » et ce mémea~ra<- a pu agir aussi sura~~r-. En aucun cas, ce n'est cet unique -bdratar- (avec a- et fra-) de l'Avesta récent qui peut suffire à établir l'existence d'un type à degré présufnxal zéro dans les thèmes en -~a/ de l'indo-iranien. En fait le type de SoT~p ne semble pas être représenté en indo-iranien; le vocalisme indo-iranien -a- de skr. ace. sg. -M~~ nom. plur. -/a?'MA indique un ancien timbre o, qui est celui du type B~To~x, SMTcpe~. Le latin aussi n'a que le timbre o dans -<6~ et le vocalisme radical de cM/oy est dû à datus, c~M~ etc. dans les cas de ce genre, on sait que les radicaux latins ne conservent pas un vocalisme propre.

P. 78. Sauf S<x[Mfp qui est à part et ne s'analyse,pas en grec même, tous les exemples cités appartiennent à des types dissyllabiques à seconde voyelle longue. L'élargissement -,x- du suffixe -T- n'a pas été ajouté en grec lorsque la syllabe précédente se terminait par une voyelle longue. Mais alors la valeur de nom d'agent est peu nette, et cr~M; peut même signifier « inconnu)), a:~Tp~ signifie « utrimque perforatus », etc. Ceci est utile pour expliquer le vocalisme anomal de gr. y~MToç, en regard de lit. pa:(!<M, got. A:MH6~ le lat. coy?M<M. du reste peu clair, suffit à indiquer que (y)Ko/M.f n'est pas ancien, bien que le sanskrit ait aussi ~m<aA (parce que la forme normale *a~ se confondrait avec ~'a~A « né s lat. nôtus et cognitus s'expliquent de même).

P. 144. Même si la parenté du reste assez lointaine et établie par peu de faits et de peu importants entre


l'éolien et l'arcado-cypriote était plus nette qu'elle ne l'est, le groupement des faits des deux dialectes ne servirait pas à éclaircir les choses. De l'exposé de M. F. il résulte que le suffixe en *-ter- est assez bien établi pour ['éo)ien (c'est ce qu'indique du reste assez le texte homérique) quant à l'arcado-cypriote, on trouve -r~p- en cypriote et en pamphylien,-T<x- en arcadien on voit ici une fois de plus que l'arcadien a une place de transition et qu'il touche à l'ionien-attique, ce qui s'accorde bien avec l'hypothèse de M. Kretschmer sur l'habitat ancien des Ioniens. P. 168. M. F. tient xuëep~~ d'AIcman et de Pindare pour un mot dorien authentique. On n'a pas le moyen de démontrer le contraire. Mais il est plus vraisemblable que le mot est emprunté à l'ionien la civilisation ionienne a eu sur toute la Grèce une grande influence, et les divers dialectes ont dû emprunter à l'ionien beaucoup de mots; comme les sujets parlants avaient le sens des correspondances entre les dialectes, ces mots ont été adaptés, et les emprunts ne se laissent pas reconnaître d'ordinaire à des indices phonétiques. Mais le suffixe --ri- est ici une indication il est même possible que xuëep~t~p soit, non un mot dorien indigène, mais un mot ionien un peu plus adapté, en ce sens que le suffixe aussi aurait été modifié. Un sait que la forme grecque commune avait cypr. xu~epYj~t; l'élément n'est pas grec commun. P. 191. M. F. transforme le mot m. irl. ara (ace. <2r<H</) « serviteur », correctement cité par M. Brugmann, I. F., XIX, 384 (auquel il renvoie), en un v. irl. araid, et le rapproche de skr. aya~~ comme si les deux mots se recouvraient d'une manière exacte.

P. 210. M. F. emprunte à M. W. Schulze l'exemple v. si. Meu<~M/,Y: pour établir que servait dès l'indoeuropéen à fournir des féminins. L'exemple n'est pas heureusement choisi. D'abord ~f~M~ est un dérivé d'un féminin H~a qui a le même sens, et par suite -Ma ne sert pas ici à féminiser un mot masculin c'est un simple élargissement. De plus, le mot n'est pas proprement vieux slave c'est le russe ~cu&~a, qui se rencontre déjà dans les textes russes du moyen àge or, on sait que, en russe


et dans les dialectes slaves occidentaux, on a le suffixe -(!)~a pour caractériser le féminin en regard du masc. -ïc~ tandis que le vieux slave a -ica, type r. sa~~c, fém. <o.y?! D'une manière générale, il est malaisé d'établir que l'emploi de pour former des féminins soit indo-européen il y en a quelques exemples en sanskrit, mais presque tous postérieurs à la période védique, v. F. Edgerton, The ~SM~;yeso/o-7r<m!<xM, ï, p. 58 les exemples de l'Avesta ne sont pas dans les gâthâs et ne sont pas iraniens communs l'Avesta récent seul a Ma!y~, tandis que nâiri est déjà dans les gâtbâs l'Avesta récent a ~a~ (désignation d'un être malfaisant de sexe féminin), en face de pers. pari. Il s'agit sans doute là de développements parallèles de diverses langues (ou *-ikâ-) avait une marque claire de féminin qui s'opposait bien au type masculin *-ko- (*-iko-), et l'extension de ce type a eu lieu facilement.

P. 215. On voit mal pourquoi Euripide aurait dû emprunter xpo~p à l'ionien vivant. Ce n'est pas à l'ionien en tant que parler vivant que les poètes tragiques d'Athènes ont emprunté des mots c'est à l'ionien en tant que langue littéraire, et si le mot était sorti de l'usage ionien à l'époque d'Euripide, l'emprunt n'en aurait pas été moins aisé pour cela. La langue de la tragédie a un vocabulaire tout littéraire, et ce n'est que par accident que ce qui était noble et littéraire à Athènes parce que c'était emprunté à des textes littéraires et poétiques pouvait être courant ou même vulgaire en Ionie. Le mot ~o~p, fréquent chez les tragiques, ne semble pas se retrouver dans les textes ioniens conservés; mais ce peut être par hasard. En tout cas, le mot a persisté dans l'usage en dehors de la langue polie d'Athènes car il se retrouve dans la xot~ hellénistique. Il faut de plus tenir compte de la possibilité que les mots techniques grecs communs apoi~p et f3o-~p se soient maintenus dans l'usage de localités rurales, même des domaines ionien et attique. L'une des observations les plus curieuses de M. F. est du reste celle-ci que l'ionien, fixé plus tôt que t'attique, a conservé plus de noms techniques ou archaïques en -r~p, -TMp, et la x:t~ en a hérité en partie,


peut-être parce que l'ionien se trouvait concorder ici avec les dialectes non ioniens-attiques.

Il a paru bon d'insister sur les critiques à faire au livre de M. F. parce qu'il est un des meilleurs et des plus approfondis qui aient paru depuis plusieurs années sur une question particulière de grammaire comparée. A côté de mérites éminents, on y voit bien un défaut qui n'est pas propre à M. F. et qui se retrouvé plus ou moins chez plusieurs des jeunes comparatistes: une attention insuffisante à ce qui fait le fond même de la méthode comparative, une certaine négligence de l'indo-européen, une imprécision dans l'usage fait des rapprochements entre les diverses langues.

A. MEILLET.

0. LAUTENSACH. Die Aoriste bei den N//MC~~M Tragikern und ~oMï~w/t. Gottingen (chez Vandenhoeck und Ruprecht), 19H, in-8", tv-309 p. Prix 10 mk.(Fo~cAMMgen zur y~MC~MC~~K und laleinischen 6'a?Myy!a< herausgegeben von P. Kretschmer, Fr. Skutsch, J. Wackernagel, 1).

Cette collection, qui paraît chez l'éditeur de Glotta et sous la direction des directeurs de G/o/~ accrue de M. Wackernagel, formera le pendant de celle que dirigent MM. Brugmann et Thumb chez l'éditeur des lndogermanische /'orxc~<MycM. Elle est dirigée par des linguistes illustres mais le volume de début est un travail de pure grammaire descriptive. Le sujet en est heureusement choisi à ce point de vue. L'aoriste est, avec le présent, la plus importante des formes du verbe grec et l'examen d'ensemble de la littérature dramatique d'Athènes permet d'envisager tous les types car la langue artificielle de la tragédie fournit beaucoup de formes archaïques ou dialectales étrangères à l'attique du v° ou du tv* siècle, et la comédie fournit les formes courantes l'étude simul-


tanée de la comédie et de ]a tragédie permet de faire, dans la comédie, la part, très importante, de ce qui est dû soit à !a parodie des tragiques, soit à la langue artificielle de la poésie lyrique. Le livre de M. Lautensach donne donc une idée de l'aspect des formes aoristiques en grec d'une manière assez large, d'autant plus que l'auteur ajoute des indications nombreuses sur les formes des divers textes littéraires dont il n'a pas fait une étude personnelle. Néanmoins, comme ce n'est là qu'une partie des formes de l'aoriste grec, il est impossible de fonder sur ces données incomplètes une théorie d'ensemble, et l'auteur s'est rigoureusement abstenu de toute vue générale. Le livre n'a ni introduction, ni conclusion. C'est une énumération des formes suivant les classes connues, et avec des indications critiques; des matériaux pour une théorie de' l'aoriste grec, et, à ce qu'il semble, des matériaux recueillis avec beaucoup de soin et de compétence, des matériaux déjà dégrossis et prêts à figurer dans une construction, mais de simples matériaux, et aucun édifice, pas même provisoire. Et, quand M. L. s'essaie à exprimer des idées générales, cela ne lui réussit pas à la p. 1, il enseigne la doctrine bizarre, et d'ailleurs inexacte, que les aoristes sont des prétérits dont le thème n'a aucune valeur d'expression du passé puis, dans une seconde phrase, que les types d'imparfaits ëXeyov, s~sp.o~ ne se distinguent pas des types d'aoristes ë-cexo~, eve~oi~ mais il aurait fallu ajouter que la distinction apparaît si l'on s'adresse aux formes nominales ~yet'y, ~~jext, en face de T6x6~, ye~e~H et, si S~jv est fait comme ëS~, le résultat est que peut servir d'aoriste, comme l'enseigne M. L., p. 12.

M. L. aurait dès lors agi sagement en n'introduisant pas de grammaire comparée dans un exposé qui est au fond tout descriptif. A côté de quelques-uns des verbes grecs cités, il indique des rapprochements avec d'autres langues. Mais, comme il ne semble pas avoir une connaissance personnelle de la grammaire comparée, ses rapprochements sont souvent fautifs et déparent un ouvrage dont le grand mérite est d'être par ailleurs exact et correct. Il


est fâcheux d'écrire skr. ~aMo/! p. 79, plus fâcheux de faire état p. 78 d'un v. p. vi-san, faussement orthographié et qui ne figure plus du reste dans les dernières éditions des inscriptions achéménides depuis la revision du texte, ou d'un zd sana, qui n'est que la fin d'un mot dont le début manque, p. 21 d'un skr. jo<t~ dont l'existence est problématique, bien plus fâcheux encore de rapprocher, p. 99, du gr. Oe~M le présent v.-irl. benim dont on sait depuis longtemps que les formes obligent à poser la racine en celtique sous l'aspect bi-. Mais il est inutile de citer du sanskrit, de l'iranien ou de l'irlandais quand on décrit la langue des poètes dramatiques d'Athènes.

Il en irait autrement s'il s'agissait d'expliquer les formes. Mais alors ce ne sont pas des présents qu'il faudrait citer; ce sont les aoristes sanskrits, iraniens, arméniens ou slaves répondant aux aoristes grecs qu'il y aurait à utiliser. L'aoriste arménien arar « il a fait » est précieux pour établir l'antiquité de vjpxpe; M. L. ne le cite pas, et il n'y a pas à lui en faire grief sa description n'en vaudrait pas plus. Il faudra qu'un jour on fasse en effet une théorie de l'aoriste grec pour cela, on devra examiner tout l'ensemble des aoristes grecs dans tous les dialectes, et le travail de M. L. fournira de précieux matériaux tout prêts on rapprochera ces aoristes, non de formes isolées des autres langues, mais du système entier de l'aoriste dans chacune des langues où il en existe un. Ce travail sera très difficile, car il faudra se rendre compte, dans toute la mesure du possible, de l'histoire que chacune des formes d'aoristes attestées a derrière elle. Pour le faire, une connaissance profonde de la grammaire comparée des langues indo-européennes sera nécessaire, et la discussion sera délicate.

Ces réserves une fois indiquées, il convient de remercier vivement M. L. du répertoire de formes qu'il fournit. Les comparatistes y trouveront un sujet abondant de réflexions. Si, par exemple, on voit p. 80 et suiv. que l'indicatif correspondant au subjonctif 6e~, à l'optatif O~o' à l'impératif Q~e, aux formes nominales 8e-~ et 9e-~ (ce dernier rare), n'est pas attesté, on se souviendra que l'in-


do-iranien a en regard un présent athématique skr. hanti, zd jainti au fond, il ne s'agit pas d'un ancien aoriste, mais de formations tirées de quelques formes ambiguës, comme le participe 6s~Mv, qui ont été prises pour des aoristes le plus sage est de ne pas fabriquer un aoriste indicatif gQg-~ avant qu'on l'ait rencontré dans quelque texte. Le contraste de x-cs~M et de skr. ~<!{:d<: indique nettement une racine qui, en indo-européen, n'avait pas de présent thématique, et à laquelle le sanskrit et le grec ont donné indépendamment des présents obtenus d'une manière secondaire. Le thème seul, sans suffixe, fournissait une forme athématique à valeur aoristique on l'a dans le type Sx-rKTo, ëxrcf~, ex'Ktre, xt<x~o~, sur lequel on a refait par exemple un singulier ~a: la 38 plur. originairement athématique &MOMof et le participe x'K~M~ ont donné lieu à la formation du type thématique ëx'Mcwv, SxïcMa; enfin, sur x~e~M, on a fait l'aoriste normal Ex'ceM« les trois types existent déjà chez Homère, et les tragiques en ont gardé l'usage, bien que la prose attique et Aristophane connaissent seulement a~xTe~o:. Le fait que les tragiques ont encore à la fois ~x-Kf~, ëx-ca~o~ et ëxte~a:, avec et sans préverbes, montre combien leur langue est archaïsante. L'usage fait de ëxcMov, dont on connaît maintenant le caractère dorien et que Xénophon a pris au dorien (v. L. Gautier, La /<!?!~M<' de Xénophon, p. 22), achève de montrer ce caractère artificiel de la langue des tragiques. Le tableau de toutes ces formes donné p. 207 est donc d'un vif intérêt. Les racines qui ont fourni des aoristes athématiques sont très curieuses. Ainsi le mieux serait de ne pas séparer ë~ex de X~u-co, ~up~oç. On a ici, il est vrai, un présent thématique ~M; mais le skr. ~/MAd~ indique assez que cette forme ne doit pas être ancienne et c'est ce que confirment les formes à élargissement de lat. /M~o et de got. ~'M/a.

P. H8. Une forme isolée comme le ~u~xaO' d'Aristophane..ic/t. 101, ne saurait être tenue pour aussi sûre que le veut M. L. p. 118 et suiv. M. L. s'autorise des faits offerts par les tragiques mais on sait que les tragiques ont fortement subi l'influence de l'ionien; or, le type ~u~-


)M<Te existait en ionien. On cite d'autre part des formes de Ménandre ou d'Alexis mais c'est déjà le commencement de la xc~, où le type ~uf~xo:Te est normal. IJ serait sans doute excessif de la part d'un éditeur de corriger le texte d'Aristophane mais le grammairien doit ici le tenir pour suspect. Les arguments invoqués pour l'authenticité ne prouvent pas. Ici et ailleurs, par exemple p. 41 à propos de ?Tx~ ou p. 56 à propos de ~AtTo' il aurait été bon de rappeler combien la langue des tragiques est éloignée de l'attique courant la flexion proprement dite est attique chez eux mais les mots et les thèmes verbaux qu'ils emploient sont dans une très large mesure empruntés à des langues littéraires déjà existantes.

En somme, utile recueil de faits.

A. ME1LLET.

L. GAUTIER. La langue de Xénophon. Genève (Georg et G"), 1911, in-8, 215 p.

Xénophon est celui des auteurs de la période attique qui fait le mieux prévoir la xot' Athénien, il a quitté sa ville de bonne heure pour vivre constamment à l'étranger, surtout en pays dorien ou parmi des Doriens. Il s'est donc trouvé dans une de ces situations qui ont rendu nécessaire l'existence d'une x.of~. Parmi les recherches les plus indispensables à l'étude du développement de la xatVT), un examen approfondi des ouvrages de Xénophon s'impose. C'est cet examen qu'a fait M. L. Gautier, avec une étendue de connaissances, un sentiment des nuances, une délicatesse, une mesure, une élégance qui le classent dès l'abord parmi les meilleurs de ceux qui font maintenant l'histoire de la langue grecque.

Une étude de la langue de Xénophon ne peut guère porter que sur le vocabulaire. De la prononciation de Xénophon, l'orthographe des textes n'a sans doute jamais laissé deviner beaucoup, et le peu que pouvaient indiquer les manuscrits originaux a naturellement disparu lors des


éditions et des copies successives. Les formes grammaticales offrent quelques particularités M. G. y consacre un petit chapitre; mais, comme l'indique M. G. lui-mème, le texte de Xénophon n'est pas assez bien établi pour que les formes de xot~ présentées par le texte puissent être données avec confiance comme remontant à Xénophon lui-même les textes littéraires ne peuvent, en pareille matière, rien ajouter de solide aux témoignages contemporains, ceux des inscriptions et des papyrus. Si les manuscrits de Xénophon donnent o!5x~, oi'SxoM, cïSof?, cela prouve peu et du reste, là où M. G. signale ces formes p. 64 (hors du chapitre de la grammaire où elles auraient Hguré légitimement), il n'indique pas en quelle mesure Xénophon garde les formes proprement attiques. C'est sur le vocabulaire qu'a donc porté surtout l'effort de M. G., avec pleine raison. Les faits sont examinés systématiquement en une série de chapitres, puis vient un /r:/oy?M alphabétique, qui fait bien ressortir les particularités du vocabulaire de Xénophon. L'énumération des dorismes de Xénophon est particulièrement précieuse, et M. G. se décide avec beaucoup de tact en ces matières délicates. On ne voit pas pourquoi le mot ~oXMTM, mis par Xénophon dans la bouche d'un Béotien, mais que Xénophon n'emploie jamais pour son compte, ne serait pas béotien l'emploi fréquent de p.oXM~, etc. chez Homère montre que le mot a dû être éolien, puisque l'ionien n'a pu le fournir. Au contraire, le ~rp~) unique d'Homère est peut-être un ionisme, puisque le mot se retrouve en ionien d'Asie Mineure, au Nord; toutefois on peut se demander si les Ioniens du Nord ne devraient pas ce mot à l'éolien, comme ils paraissent avoir gardé de l'éolien jusqu'à des formes grammaticales. Parmi les plus jolies remarques de M- G., on notera celle sur .x~to? qui serait un terme de la langue religieuse, à laquelle Xénophon est presque le seul auteur attique qui s'intéresse. On remarquera aussi que la forme ~6c, qui a triomphé dans la xst' figure déjà plusieurs fois chez Xénophon, d'après les manuscrits.

A. MEILLET.


E. NACHMANSON. Be:/yay<' zur Kenntnis der altgriechischen ~'o/~s~yac~c. Upsal (chez C.-J. Lundstrôm) [1910], in-8", vt-87 p. (extrait des Skrifter af K. 7/Mmanistiska Fe~M~<7~aM!/MM~< i 6~~a/< XIII, 4). Les éditeurs d'inscriptions en xo'~rj sont enclins à voir des fautes de graveur dans la plupart des formes barbares qu'offrènt les inscriptions. Mais, soit qu'elles émanent des graveurs, soit qu'elles proviennent des modèles (ce qui arrive aussi, ainsi que l'a noté M. Nachmanson), ces formes peuvent indiquer des faits de langue curieux, ainsi qu'on s'en rend compte de plus en plus. En les rassemblant et en les groupant, on peut faire apparaître des particularités linguistiques, là où l'examen des inscriptions isolées ferait croire à des accidents. C'est ce que fait M. N., et il aboutit à des résultats intéressants. Ainsi, il établit l'existence dans la xot~ de Phrygie et de Pisidie d'une forme Tco<; de la préposition 7tpOç; une préposition d'origine dialectale (type arcado-cypriote) se serait perpétuée dans cette région on sait en effet que les petits mots semi-grammaticaux comme les particularités grammaticales sont sujets à se maintenir localement, même après le triomphe d'une langue commune. Mais beaucoup des rapprochements de faits proposés par M. N. emportent moins la conviction. M s'agit surtout de dissimilations et d'assimilations de consonnes or, on conçoit bien que, de même que la langue évite la répétition d'un même mouvement, un « scripteur a omette par exemple de répéter un même caractère les dissimilations énumérées par M. N. sont-elles l'image de dissimilations réelles ou sont-elles des dissimilations simplement graphiques ? Il est difficile d'en juger; car, par malheur, M. N. n'a réuni que des lettres non notées, et non pas des phonèmes transformés, ce qui ne serait pas ambigu.

A. MEILLET.


Atols WALDE. Lateinisches etymologisches ~O~C~McA (2" édition), Heidelberg, Winter 1910, in-8, xxxt-1044 pages prix, broché 10 m. 40.

Quatre ans à peine ont suffi pour épuiser la 1"' édition du /ja/p?~Me~M etymologisches IFor~r~MC~ de M. Walde, qu'on avait pourtant, je crois, tirée à 1 500 exemplaires. L n tel succès prouve la valeur du livre aussi bien que sa nécessité il montre aussi quel intérêt toujours croissant on porte aux études linguistiques.

La nouvelle édition se présente notablement améliorée. D'abord le livre, bien qu'augmenté de 174 pages, a diminué de prix de plus de moitié; l'éditeur a renoncé au papier mince et transparent pour en adopter un plus opaque, qui a permis l'emploi d'un caractère plus lisible. Ces avantages matériels ont bien leur valeur. Au point de vue du fond, M. Walde, avec un zèle inlassable, a mis à profit tous les travaux parus de 1906 à 1910, notamment les nombreux comptes rendus que son livre avait suscités, et les nouveaux fascicules du Thesaurus. Aussi sans fausse honte a-t-il renoncé à des étymologies démontrées insoutenables, d'autre part maint article a reçu des additions notables la part de l'élément dialectal a été bien mise en valeur. Enfin, au point de vue philologique, les lexicographes ont été plus souvent utilisés et cités, et les renvois du composé au simple sont également bien plus nombreux.

Voici les nouveaux articles que j'ai relevés dans les quatre premières lettres Aborigines affinis ago a:y<?H:M.! MrMMMa! arnanti NMM~ ave axa?M<<a bado ~<x/)?r bargena basus bellis berna biceps ~M~ brutis calabrix calcatrippa capanna c<Mca~!M cattia caucum ce/o.x cirrones clibanus cohortor- conflages conM~o coMMer~o cordus CoMe//a: crepundia CM~!0 CM~M?'7HM/M delicia.

Parmi les nouvelles étymologies adoptées, citons celles


de ac.<?KO donnée par M. Havet, M. S. L., VI, 18, de aprilis, de M. Cuny, ibid., XIV, 286.

Quelques remarques de détail ~.M le véd. amsau est à écarter il désigne les deux épaules de la femme auxquelles est comparé l'autel védique, et n'a rien à voir avec ansa. arvina, ajouter arbilla castanea, noter que les langues romanes remontent à *castinea sur co/M~6<~ et co/!<s, citer Meillet, Études sur l'étym. et le vocab. </M~. sl., 271 et 357 r~Ms ajouter que l'arménien cr~MctM «je crains », ey~'tn~ « crainte » prouve une racine *dwei-; Fa:?<MM~ citer la glose Z7a?<nM', di a'y?'<M ~o.~ rapprocher lit. 6a~<M, v. si. ~/K; ajouter dans la lettre G, golaia « tortue », cf. MeHtet, Etym. et vocab. r..9/ p. 268:yr«~</or au lieu de reconstruire un hypothétique *gratitulor, il est plus simple de penser à un dérivé de *grator, de même que !ac?//a!rc, a~M/a~c dérivent de iacio, ambio entre habito et Aa~KS insérer habris, mollis dans Nonius 149, 9, du grec a:êpo$; /~7'~ia, citer Havet, M. S. L., IV, 40S qui rapproche gr. ~o~ hir, ajouter arm. ,/e/H, alb. dore ajouter magalia omis ainsi que mapalia et qui sont tous deux notamment dans Virgile avec mane, donner MMM!?< surnom donné à l'enfant qui naît le matin, Varron, L. L IX, 60 s. v. m<!M?M lire ÛMNaM matertera pour le suffixe, voir Meillet, /?~?K. et voc. v. $/ 167; ~s<M/< ajouter arm. p~ r~ cf. en outre rufius loup-cervier, ?'M/:7M~~ et le nom propre ~M~M/! sur .M/ïceynium citer Niedermann ë und M< ~/p:MMc~c7!, p. 98; ajouter silo Nonius 23, i7, sircula, siser stiva les langues romanes attestent .;<e~a, Meyer-Lubke, Einführung, 110; turdus, ajouter v. si. </roz//K par contre le 0 et le vocalisme du gr. ~TpeuSoe sont inexplicables.

L'index a été grossi de 13 pages. Par là s'augmente encore la valeur de ce précieux instrument de travail. A. ERNOUT.

Le remarquable dictionnaire de M. Walde est devenu un outil si indispensable par la masse des informations qu'il contient et par l'indépendance du jugement, par le


sens de la mesure, parla justesse d'esprit dont fait preuve son auteur, que c'est rendre un service général d'y relever les détails qui semblent criticables. Voici ceux qu'on a notés et qu'on soumet à l'auteur en vue de sa 3° édition antae. Skr. ~A s'emploie d'ordinaire au pluriel comme lat. antae.

a~us. Le correspondant le plus exact est arm. ard (gén. a~M) « ornement, forme », et, plus ordinairement, avec préverbe z-, zard (gén. z<x/'</M) « ornement ». caca. L'accord des autres langues semble indiquer que cacdre repose sur*e<ïeca!*e.

cicer. Lire arm..sMe/ (et de même p. 307, ~M/~). L'arménien est parlé en Asie, mais semble d'origine européenne (thraco-phrygienne!).

CM. M. W. est, avec raison, très sceptique sur le rapprochement de crâs avec skr. pu~. Si 1'~ de pua& représentait *-rs, la forme devant sonore serait sans doute *pMï7' cf. pM/:a~ et punar. Et *itu~, qui expliquerait ef~ ne se concilie pas avec le kiwers, qui expliquerait skr.pu~. CM?:<7C. Lire eMK<~M/a.

</o?KZMM.9. A l'air d'être à domus ce que got. ~!M~<HM est à~!M<~c!. Le 6~0MMM?M latin serait donc le « maître de maison » comme le SesTMT~ grec. L'indo-européen paraît avoir distingué chef de maison, chef de village, chef de tribu, et peut-être « roi ».

c</MM. Le fém. equa répond à skr. apua, lit. aszvà, mais est néanmoins de formation purement latine il s'agit de formations parallèles, et non d'un mot indo-européen *cA,MM.

forma. N'est-ce pas /ofH!<!? En tout cas, il convenait d'écrire 6~0, p. 346. Mais pourquoi crM.~<ï avec û, p.204 ? `.'

glans. On voit mal sur quoi repose l'hypothèse *y'Wc; on sait que lit. yï& est *°/- plus un suffixe secondaire. Lat. glans et gr. paX~oc supposent *y"a-. Le rapprochement avec v. si. ~z~ arm. y~ « glande » est assez lointain et doit être mis à part. in négatif. Mon rapprochement avec v. si. M<?-t)~'K « incrédule », que reproduit M. W., est erroné; le ~<-


est ici l'élément radical de si. jeti « prendre », et il s'agit d'un composé du type c:p~ex<xxo$.

/M~. Pour le remplacement du nom ancien de la « lune » par uneépithète religieuse signifiant « brillante M il aurait été bon de citer le fait grec parallèle il en serait résulté l'indication que le fait a eu lieu indépendamment dans chacune des langues indo-européennes où il se rencontre la concordance entre la forme italo-celtique et le v. si. /MKC! n'atteste pas un mot indo-européen et en fait, l'arménien a un mot de même racine, mais autre, /MMM « lune », que M. \V. a négligé de citer.

oc/< Lire arm. <?c~' de même arm. co~ p. 630 on lira o~, p. 849 .ra;M~ p. 104.

~MS. L'article de M. Meringer sur le pilon dans H~oy~?' und Sachen, n'est pas cité. Qu'est-ce que av. pisant- `? ~.sa. A l'idée que rosa serait un emprunt indépendant à la langue de civilisation méditerranéenne qui a fourni FpoS~ au grec, M. W. objecte justement que .9 devrait alors être passé à r mais le mot peut ctre dialectal, comme M!?' l'est peut-être aussi suivant M. Ernout ou il peut être passé par l'étrusque. En tout cas le *ps~ grec supposé est purement hypothétique, et l'idée d'un emprunt au grec est en l'air. La forme perse citée doit être posée non pas comme varda-, mais sûrement avec (pers.y!</) et probablement thème en- (à en juger par arm. vard, gén. pt. vardiç), donc vrdi-.

.s'p~'M/M. Le rapprochement avec pa/<~<? reste le plus satisfaisant pour le sens pour s- initiale, cf. lit. s~/c~(s~/M/:) en regard de ~/a/ L's initiale de *~o<?~9- n'est attestée qu'en latin, comme celle de "o/f~- ne l'est qu'en baltique.

.s'/e//a. Le primitif *~?'/« est possible; mais arm. astl enseigne qu'on peut partir de *.s~M, et c'est peut-être plus vraisemblable.

Assurément, il est à souhaiter que des précisions philologiques soient ajoutées à l'étude des mots mais on ne saurait demander à un seul savant de faire les recherches nécessaires qui sont infiniment longues. M. Walde a spirituellement convié les philologues à apporter ces préci-


sions (I. F. XXVIII, M7). Quant à lui, il a fait un livre qui, autant qu'on peut raisonnablement le demander, traduit l'état actuel des connaissances sur l'étymologie latine, et il a fourni à ceux qui veulent pousser l'étude plus avant une base de recherches excellente. A. MEILLET.

F. SroLz. Geschichte der lateinischen Sprache, Leipzig, 1910, in-8, 147 p. (~M~/M~yG~c~cM, n° 492). M. Stolz, qui a déjà tant fait pour faire connaître le développement de la langue latine, expose ici d'une façon claire, agréable et intéressante, et avec la compétence qu'on lui connaît, l'histoire extérieure de la langue, en citant des faits bien choisis et en marquant bien les traits essentiels.

Toutefois M. S. a eu tort de repousser l'idée d'une période d'unité italo-celtique. I! constate lui-même que M. Pederspn. qui a profondément étudié les langues celtiques, croit à cette unité et il est difficile, pour qui a vu d'un peu près le celtique, d'avoir une autre impression. Le génitif en -i des thèmes en -o- du type lat. !<~ï ne se retrouve pas seulement en gaulois; on sait qu'il existait en irlandais: ogam. ~<xy! et v. Irl. /?r (en regard de nom. fer). Dans le verbe, ce n'est pas le passif seul (avec le déponent) qui est propre à l'italo-celtique, c'est aussi tout le système de la formation du subjonctif en -s- et en -s- indépendant de l'indicatif, par ex. v. lat. MeM<xM en face de ueniô. Le paraiïélisme de l'italique et du celtique est visible jusque dans le détail de la grammaire et c'est merveille qu'il se reconnaisse aussi nettement alors que le latin et l'irlandais sont connus à des dates si différentes. On voit mal ce qu entend M. S. par des rapports linguistiques étroits entre le latin et le celtique, s'il ne s'agit pas d'une période de développement commun.

Quand il parle des vieux textes latins, M. S. ne marque


pas assez qu'ils ne sont pas seulement archaïques, mais qu'ils semblent de plus dialectaux durant l'époque républicaine, la banlieue de Rome écrivait sa langue, comme on le voit à Préneste, ainsi que l'a montré M. Ernout; et des traces de formes rurales ne manquent pas dans les inscriptions officielles lat. class. nôminis, M/K~M~ ne s'expliquent pas en partant des formes de l'inscription relative aux Bacchanales KOMM~M~, senatuos. Et, citant à la fois J~aMto~ med /~<?/~a~</ et Duenos med feced, il aurait pu marquer plus fortement le caractère dialectal de fhefhaked, qui est seulement indiqué. Ce caractère légèrement dialectal du vieux latin, déjà signalé par M. Ernout, est très digne de remarque.

A. MEILLET.

~4/<6!/MC/;e Inschriften <a;M.~eMX: von H. JACOBSOHN, Bonn (Marcus und Weber), 1910, in-8, 32 p. (prix 80 pfennig).

Ce petit volume, le cinquante-troisième de la collection si commode des textes usuels de la maison Marcus et Weber, de Bonn, fournit un excellent choix d'inscriptions de toutes les langues indo-européennes ou paraissant indo-européennes de l'Italie autres que le latin et le grec, réuni par un jeune linguiste qui a déjà fait ses preuves de maîtrise, M. Jacobsohn. On sait que M. Diehl avait publié en 1909, dans la même collection, pour un prix aussi très modique, un recueil de vieilles inscriptions latines.

Le recueil de M. J. donne une idée de l'étrange variété des langues qui ont été parlées dans les diverses parties de l'Italie durant les derniers siècles avant l'ère chrétienne. Sans parler de l'étrusque, qui n'est décidément pas une langue indo-européenne et que M. J. laisse de côté avec raison, on y trouvera du falisque, de l'osque, du pélignien, du marse, du marrucin, du vestin, de l'ombrien, du vo-


lsque, du sicule, du messapien, du vieux sabellique, les inscriptions de Novilara, du vénète, du lépontien (?) et du gaulois, et tout cela obscur, inintelligible ou peu s'en faut, donnant au linguiste des désirs, mais à peine des illusions, sauf les inscriptions en dialectes italiques apparentés au latin, c'est-à-dire le falisque et les dialectes osco-ombriens. Il suffit de parcourir ce recueil pour se rendre compte de la nécessité sociale qu'a représentée une langue commune et pour s'expliquer le succès du latin.

A. MEILLET.

Ch.-E. BENNETT. Syntax 0/ early Latin, vol. I, 7%C t~?'6, Boston (Allyn and Bacon), 1910, in-8, xix306 p.

La syntaxe de l'ancien latin de Hoitze est trop brève et vieillie, celle de Plaute de M. Lindsay est sommaire et limitée à un seul auteur. Le livre de M. Bennett répond ù un besoin. Il est clair, bien ordonné, riche d'exemples et rendra des services. Mais il prête aussi à bien des critiques. La méthode de la syntaxe n'est pas assise, malgré de longues discussions, et l'on n'a pas le sentiment d'être sur un terrain solide. De plus, pour faire œuvre d'historien de la langue, il faudrait une connaissance de la grammaire comparée autrement approfondie que celle dont fait preuve M. B.

La partie essentielle du livre est la théorie du subjonctif. M. B. se rend mal compte de la façon dont la question se pose au point de vue comparatif. On ne peut juger de l'état de choses indo-européen que par la comparaison du grec et de l'indo-iranien la distinction du subjonctif et de l'optatif n'a été maintenue nulle part ailleurs ce qui tient pour beaucoup à ce que les autres langues sont attestées trop tardivement. Les emplois grecs et indo-iraniens concordent en assez grande partie et laissent entrevoir que les types de phrases où était employé le subjonctif indo-


européen sont ceux qui expriment la volonté, l'attente, et que les types de phrases où était employé l'optatif sont ceux qui expriment une action considérée comme possible, mais non affirmée comme un fait, très souvent une chose souhaitée, d'où le nom, assez impropre, d'optatif. En tenant le sens de « désira pour essentiel à l'optatif, M. Delbruck parait commettre une erreur, dont M. B. ne se rend pas compte. La distinction du subjonctif et de l'optatif n'est maintenue à aucun degré en latin. Mais on constate que les formes latines dénommées « subjonctif » reposent en partie sur t/optatif indo-européen (ainsi les types sim, !w:. e~~r/M!, etc.), jamais d'une manière sûre sur le subjonctif indo-européen ceux des subjonctifs indo-européens qui ont survécu de manière certaine n'ont fourni au latin que des futurs cro, dixerô, ~ce~j etc. De là vient que les emplois du subjonctif qui sont caractéristiques du subjonctif indo-iranien, comme l'emploi dit « délibératifa, sont à peu près ignorés du « subjonctif » latin tous les exemples de jussif de M. B. se laissent plus ou moins aisément rattacher à l'optatif. 11 ne faut pas se laisser tromper par l'identité du nom employé. Le subjonctif latin ne peut pas être rapproché directement du subjonctif, ni même précisément de l'optatif indo-européen comme le fait M. B. en revanche il recouvre en grande partie le « subjonctif » celtique, et c'est d'un type italo-celtique qu'il faut partir; ce type était caractérisé, on le sait, par deux formations, indépendantes à l'origine des deux thèmes de l'infectum et du perfectum, l'une en -<x-qui a fait en latin une grande fortune, l'autre en -s- dont il ne reste que des traces altérées, le type faxô, /~uC~ (M. B. a le grave tort de voir dans ces formes des perfectums il n'y a rien de commun entre /a.r~ faxim et /e'<;e/'o, /ecer:7M). Pour rendre compte des emplois latins, ce n'est pas à la comparaison avec le grec et l'indo iranien qu'il faut recourir, mais à la comparaison avec l'irlandais, dont M. B. ne parle à peu près jamais. Les fondements historiques sur lesquels s'appuie M. B. sont ruineux, et toute la partie théorique du livre est dénuée de valeur.

Un exemple des inconvénients qu'il y a à reproduire


des théories de comparatistes sans les contrôler se voit p. 172, à propos de la prohibition, et p. 348. à propos de l'impératif. M. B. affirme que la prohibition était exprimée en indo-européen par *Mïg avec l' « injonctif a or, ceci est doublement douteux: en premier lieu *MM prohibitif est propre à trois dialectes indo-européens seulement, l'indo-iranien, le grec et l'arménien (et ma est la forme de toute négation en tokharien B); la quantité longue de lat. Mg s'explique en partant de në, par le fait que les monosyllabes à valeur pleine du latin allongent leur voyelle finale, comme le montre en face de dâte, et la forme M~ ne suppose aucune influence de *M:e~ dont il n'y a pas trace en italo-celtique non plus qu'en germanique, en baltique ou en slave. Et, en second lieu, l' « injonctif est une particularité de l'indo-iranien que rien n'autorise à tenir pour indo-européenne.

Préoccupé de théories préhistoriques sur lesquelles il n'a pas de jugement propre, M. B. ne met pas assez en évidence les faits latins caractéristiques, notamment celui-ci que le subjonctif tend en latin à devenir avant tout le signe d'un rapport entre deux phrases. C'est là l'innovation essentielle, celle qui définit proprement l'état latin.

La distinction dé l'infectum et du perfectum qui domine tout le verbe latin n'est pour ainsi dire pas marquée à lire M. B., on pourrait croire que l'indicatif latin comprend six temps autonomes, alors que, en réalité, il se compose de deux groupes nettement distincts ayant chacun trois formes temporelles à l'indicatif: présent, prétérit et futur. C'est une des originalités du verbe latin, et il convenait de la mettre en grande évidence. Rien n'est dit de la distinction du perfectif etde l'imperfectif, bien que M. Barone y ait consacré tout un petit volume. Et ceci amène l'auteur à rapprocher des choses qui sans doute sont distinctes historiquement: le latin a gardé un bon nombre de vieux parfaits, et, parmi ceux-ci, quelques-uns à valeur de présents, meminï, oe~, sans doute n6ui il en faut séparer les formes dont le latin a l'infectum correspondant et dont la valeur de présent tient en partie au sens


du perfectum latin, en partie à l'aspect perfectif: occ:~ t'~prM. Rien n'autorise à couper le perfectum latin en deux séries pour le sens: il est vrai que le perfectum latin est, dans la mesure où l'on en connaît l'origine, un mélange d'aoriste et de parfait (le perfectum en -ui reste obscur) mais, pour le sens, toutes les formes ont une même valeur et une seule: le perfectum indique l'action achevée, par contraste avec l'infectum qui indique l'action en voie d'accomplissement; l'exemple d'Amphitryon, 429, cité p. 34, est mal interprété il y a opposition de cadus erat M!~ (indication de la situation, sans idée d'achèvement) et de !M~ impleui hirneam (action accomplie). Il n'y a pas deux valeurs du futur du perfectum (futur improprement appelé antérieur); c'est la forme qui indique qu'une action sera achevée dans l'avenir Amph. 53 deus AM~ co?y:~M~'M~o « je suis dieu, le changement sera chose faite (par moi) » ne diffère pas du tout au point de vue latin de /?!< 113S si /a'/xa dicam, /rMX/a dixero « si je dis des choses fausses, ce seront des mensonges dits inutilement ». La grande erreur de presque tous ceux qui étudient la valeur des formes est de faire des distinctions arbitraires et sans rapport avec la réalité.

Toutes ces réserves n'empêchent pas le livre de M. B. d'être un recueil de faits riche, commode et utile. A. MEILLET.

M. NtEDERMANN. /O~McAe Lautlehre des L<M!~C~eM, 2'~Aunage. Heidelberg (chez C. Winter), 1911, in 8°, xvn-124 p. (~o?'ac~tU!s~e?McAa/C/<e <?y~:y!a~!a/herausgegeben von M. Niedermann, I).

Le précis de phonétique latine de M. Niedermann est à la fois un chef-d'œuvre et un tour de force un chefd'œuvre, parce que l'auteur a su être bref, clair, exact et précis un tour de force, parce qu'il a réussi à donner une idée de la plupart des faits caractéristiques de la phonétique


historique du latin, sans faire appel à aucun idiome non latin, pas même au grec. Le succès en a~té éclatant. L'édition française de 1906 a été suivie d'une édition allemande en 1907, d'une traduction hollandaise en 1909, d'une traduction anglaise et d'une traduction russe en 1910, et voici que déjà en 1911, les 3000 exemplaires de l'édition allemande étant épuisés, celle-ci doit être rééditée, et l'auteur a revu son travail pour la circonstance.

Maintenant que l'expérience est faite et qu'elle est réussie dans la mesure du possible, il est permis de se demander si M. Niedermannn'a pas poussé à un véritable excès l'application du principe. S'il s'était tenu à une phonétique de la période historique du latin, on n'aurait rien à objecter. Mais il a, autant qu'il l'a pu, donné une idée des faits préhistoriques; et, sans termes de comparaison, il n'a pu le faire que d'une manière gauche et incomplète. Par exemple, p. 33,11 enseigne que la gutturale gu passe à M entre voyelles le contraste de ninguit, M~c et de ~zuM lui permet d'accrocher cette remarque bien plus que de la démontrer. Mais si l'étudiant poursuivant ses études continue à faire de la grammaire comparée, il sera obligé de désapprendre tout cela et de voir que la consonne en question est un ancien *gwh, passé à *.x'° en italique, et en latin à gu après nasal e, à u consonne entre voyelles. Il aurait suffi de renvoyer au grec pour enseigner qu'il s'agit d'une ancienne aspirée et pour montrer que le passage de *y"' à M consonne n'est pas limité à l'intervocalique en citant ~x'~M et la forme osco-ombrienne, on pouvait étudier ~c~MO, faire ressortir le rapport de Me~'M et de ombr. berva, etc. Le renoncement à toute comparaison a empêché de faire aucune théorie de f en latin; un fait aussi curieux que la parenté de /<xe!'o, fèci avec le -</o de eo/~a'o., etc. a même dû être passé sous silence on notera en passant que M. N. a sans doute eu tort de rapprocher red-dere, trâ-dere de dare, p. 20 le rapprochement est au moins douteux, et red-dis n'a rien à faire avec </<

Malgré le soin avec lequel le livre est écrit, il prête naturellement à des critiques de détail.

P. 3. La rigueur avec laquelle M. N. affirme la constance


des « lois phonétiques » est excessive; et les dernières discussions sont loin d'autoriser la formule tranchante enseignée ici.

P. 32. Le maintien de au n'est pas limité au latin écrit. On sait que le latin vulgaire de plusieurs régions de l'Empire a maintenu aussi au.

P. 39. Il conviendrait d'écrire ~<M/ plutôt que dedé~'M~. Les deux quantités existent dans les textes, et les langues romanes attestent -<?/'M~

P. 40. H n'est pas évident que fer ne soit pas une forme athématique comme fers, /<'?'<. A propos de la quantité des finales, il y aurait lieu de signaler la vue de M. Havet suivant laquelle une voyelle brève finale de monosyllabe reçoit en latin la quantité longue </<x (et 6~) en face de ~a~M~, dâtis, dâre.

P. 47 et suiv. La prononciation aspirée de certaines consonnes, dans Gyacc~?M,p:</c~~ etc., ne serait-elle pas le fait d'Italiens ayant d'autres langues que le latin à l'origine ? A en juger par la prononciation actuelle des Toscans et par la graphie étrusque, les habitants de l'Etrurie devaient prononcer les occlusives sourdes avec une aspiration, donc ph, th, c/<, au lieu de p, t, c. M. V'. Schuize, Lat. E~M~ p. 172 et suiv., explique par exemple Gracchus par l'étrusque.

P. 52. Les mots in agro ~My'a~o qui figurent à la fin de l'inscription de Bacchanales en caractères plus grands que le reste sont la meilleure preuve du fait que le -d final après voyelle longue était amui dès le moment où a été gravée l'inscription et que la graphie constante par -d de la partie officielle du texte, copiée sur l'original envoyé de Rome, est archaïsante. Le contraste est assezjoli pour mériter d'être cité. En reproduisant l'inscription à la fin du volume, M. N. ne donne même pas ces derniers mots.

P. 58. Il n'aurait pas été inutile au moins pour les romanistes de noter la longue bien attestée de ~M!M (et de ~MM~M<').

M. N. donne sur la question de 1 et 1 un enseignement très correct, mais dispersé, si bien que l'étudiant s'en ren-


dra compte malaisément. Le fait que Il n'est jamais vélaire aurait pu être employé pour expliquer la curieuse opposition de :<ï uilieus, niille milia, ~<a stilici6~'M~, s~a s~o, comme l'a fait M. L. Havet. A. MEILLET.

L. HAVET. AfaHMe/ de critique verbale appliquée aux textes latins. Paris (Hachette), 1911, In-4", xiv-481 p. (prix 50 francs).

Il s'agit d'un manuel en ce sens que la critique verbale des textes latins est traitée systématiquement et didactiquemcnt mais ce manuel n'est pas un simple résumé des idées courantes; c'est le résultat, tout personnel, des longues réflexions d'un savant, qui se propose de mettre en évidence ce qui lui paraît juste, et ne se soucie pas de savoir si d'autres ont admis déjà ces idées, qui insiste même sur ses conclusions les plus contestées, pourvu qu'elles lui semblent fondées sur une application correcte des principes de la critique. Des centaines de passages d'auteurs latins sont discutés au cours de l'exposé. Ce manuel intéresse les linguistes à plusieurs égards. D'abord par les observations qu'il renferme sur les formes latines. On sait que M. L. Havet est un maitre de la linguistique latine, et ses opinions, pour brièvement exposées qu'elles soient, sont précieuses à recueillir. Il n'est pas de ces philologues étroits qui ignorent la linguistique ou n'en ont qu'une connaissance superficielle il en tient compte avec soin, ainsi § 263. On ne se bornera pas à lire les chapitres sur l'orthographe et sur la grammaire, où se rencontrent la plupart des observations qui intéressent directement le linguiste on ne manquera pas de voir le chapitre sur Le copiste et son parler 10S9 et suiv.). La remarque sur le pluriel edpMM que Plaute aurait employée en parodiant les T~M/ae /r:?<M!p~a/Mestau § 160


on notera le mot <7/o § )35; l'observation du § 1058 A sur le fait que les formes du type /«M~M~?<M~ passent pour non classiques simplement parce qu'ellés n'entrent pas dans le vers dactylique, est juste et précieuse. On discutera parfois les idées de M. H. Au § 921, l'exemple !<7~a est mal choisi pour illustrer le traitement de la voyelle finale du premier terme des composés phonétiquement, on attendrait e comme dans /c<rupa, à en juger par genetrix en face de genitor. Au § 928, il est excessif d'affirmer que les consonnes et b n'ont jamais été confondues dans la prononciation à l'initiale, elles sont toujours demeurées distinctes (sauf peutêtre dans le cas où des mots étaient liés dans la prononciation) mais, en position intervocalique, il y a eu de bonne heure confusion, et de là vient Je tlottement présenté par les manuscrits le flottement à l'initiale est analogique du flottement à l'intérieur du mot. Au § 948, on peut se demander si 1 /< de /~y'K/y~ due à l'influence du germanique, n'a pas été réelle l'influence germanique sur la prononciation a laissé des traces dans certaines langues romanes, comme on le voit en français par A~M~ ou par ~?~ gaine, etc. Au § 953 A, la forme archaïque payMO~! est sans doute moins le résultat d'une conservation de l'ancien paruom que du maintien du contact entre l'adverbe pcr?<?K et l'adjectif parzios, /)a/<ï, contact rompu à l'époque classique. La curieuse remarque sur ~Mr!- «- CM/M présentée au § 1059 ne concorde pas dans la forme avec celle du § 292, qui est correcte.

Plus encore que pour les détails, les linguistes auront intérêt à lire le manuel pour les réflexions qu'ils trouveront occasion d'y faire sur la méthode. Tout d'abord ils y apprendront que les textes qui leur fournissent les formes sur lesquelles ils opèrent sont gravement fautifs et qu'il faut toujours s'en méfier. Toutefois ils ne devront jamais perdre de vue que la transmission des textes latins est un cas relativement simple: il n'y a pas eu à Rome comme en Grèce des éditions savantes faites à diverses époques, et l'on a moins à se défier du travail des philologues antiques que pour les auteurs grecs; de plus, pour la plupart des


auteurs considéras, il ne peut guère y avoir eu de ces fa brications tendancieuses qui ont introduit dans les textes des remaniements et des interprétations postérieures aux originaux, chose que le linguiste doit toujours avoir présente à l'esprit.

Les linguistes verront aussi dans le manuel quelles précautions on doit prendre en utilisant des statistiques, ainsi § 956 à propos de l'alternance -aMe~'o -an? dont on a tiré des conclusions inexactes. Et surtout ils y trouveront un modèle de discussion sur les méthodes.

Sans doute la méthode du-linguiste comparatiste diffère de celle du critique des textes Tous deux ont à restituer, au moyen de données ultérieures, une histoire dont le détail ne leur est pas livré. Mais le linguiste a affaire n un objet qui n'est pas abandonné au caprice individuel et qui ne peut être modifié que par la coltectivité des sujets parlants. Le critique au contraire se trouve .constamment aux prises avec le résultat d'accidents ou de vo)ontés individuelles. Mais beaucoup de choses restent communes aux deux méthodes. De même que la correc~OMM'~p<M l'objet du e~Me des /<e.<(§ 114), la restitution des formes préhistoriques n'est pas l'objet du linguiste. Pas plus que le critique, le linguiste ne saurait déterminer complètement les causes des faits qu'il observe il doit se contenter d'en déterminer certaines conditions tout ce § 402 est aussL juste pour le linguiste que pour le critique. La vraie classification des faits de l'histoire des langues n'est pas celle des changements réalisés, que M. H. repousseavec raison de sa théorie c'estla classification des procès. Quand on voudra faire un manuel de linguistique historique, on fera bien d'avoir sous les yeux le livre de M. H. on commettrait un contresens en k'copiant et une imprudence en ne s'en inspirant pas. A. MEILLET.


ixxvij

M. NiEDERMAKN. Proben azcs der ~O~~K~MM~~ Mulomedicina Chironis (Buch II und 111). Heidelberg (chez C. Winter), 1910, in-8, x-68 p. (Sammlung vulgârlateinischer Texte, herausgegeben von W. Heraeus und H. Morf, 3).

H s'en faut de beaucoup qu'on ait tiré des textes de la basse époque latine tous les enseignements qu'ils comportent sur l'évolution du latin vulgaire, et la création d'une collection destinée à l'étude des textes latins vulgaires est heureuse. Sans doute les hommes qui ont écrit ces textes se proposaient d'écrire le latin littéraire correct mais, en s'attachant à ceux des textes dont les auteurs étaient peu lettrés et en négligeant, au moins provisoirement, les textes écrits par des hommes cultivés (que, par une singulière aberration, certains grammairiens semblent se plaire à étudier plus spécialement), on peut espérer entrevoir les commencements des innovations qu'offrent les langues romanes. Le texte de la Vulomedicina C~M'o~M dont M. Niedermann donne une édition partielle, soigneusement revue sur le manuscrit unique (malheureusement du xve siècle) et comportant quantité de précieuses observations critiques est l'un de ceux qui ont le plus attiré l'attention dans les derniers temps.

L'observation de M. Niedermann sur a~ employé devant s -)- consonne, p. vi, est curieuse, mais présentée sous une forme peu claire. On ne voit pas si M. N. suppose.que l'auteur a écrit ab (!)~/e?'coye et que des copistes ont effacé ce vulgarisme ou que l'auteur prononçait ab (~eorc~ mais écrivait ab .co~ la seconde hypothèse est la plus vraisemblable..

A. MEtLLET.


PRINZIPIENFRAGEN DER ROMANjtSCnEN SPRACHWlSSENBCHAFT. M~c~M Meyer-Lübke zur Feier der Vollendung seines 50 Lehrsemesters und seines 50 Lebensiahres gewidmet. Teil 1. Halle a. d. S. (M. Niemeyer), 1910, in-8, xu213 p. [avec une gravure représentant M. Meyer-Lûbke]. (~pt/<c/'<p ~M~ Zc~sc~r~ //<y romanische Philologie, 26). Parmi les maîtres du romanisme actuel, aucun n'a des principes plus nets, une connaissance plus ample de tout le domaine roman, un souci plus vif de tenir compte de toutes les langues du groupe, un intérêt plus prononcé pour les questions générales que M. W. Meyer-Lübke. Ses publications et les résultats de son enseignement montrent qu'il est cette chose infiniment rare un professeur de grammaire comparée des langues romanes, un linguiste. Et par suite aucun n'a fait école autant que lui. On n'est pas surpris de voir quelques-uns de ses meilleurs élèves lui offrir un recueil de Mélanges, qui ne se compose pas de petites notes, ou d'articles sur des questions de détail, mais où les grands problèmes du romanisme et, on peut le dire, de la linguistique générale sont abordés en face, et où se marque très fortement l'influence du maître auquel ils sont dédiés. L'un des traits caractéristiques du recueil est le peu d'importance qui est attribué au susbtrat préroman des diverses langues néolatines les auteurs s'accordent avec leur maître à tenir l'influence de la langue éliminée pour à peu près négligeable. Le recueil complet comprendra trois volumes. Lé premier, déjà paru, se compose de quatre grands articles.

K. von EfTMAYER (p. 1-16). ~MÏt~CK wir eine wissensc~a/McAe deskriptive Grammatik. Observations quelque peu décousues, où est indiqué le contraste entre une grammaire historique descriptive et une réduction des faits à leurs principes généraux. Le passage de Consentius que discute M. v. E. p. 10 etsuiv. se rapporte suivant toute vraisemblance à la distinction du latin entre et (~ vé-


laire) et n'a sans doute rien à faire avec la palatalisation romane de dans les cas tels que cl.

SEXTIL PuSCAR)U (p. 17-73). Zur /?~'0?M~M~!oy: des 6~rM~!a!M~cAeM. Article très intéressant où il est montré que le roumain forme une unité nette, mais que la distinction actuelle en quatre dialectes a ses origines en partie dans le roumain commun («y/'M/Mc~). Sans prétendre faire l'histoire des Roumains au moyen de l'histoire de leur langue ce qui serait inadmissible M. P. établit que la linguistique n'apporte pas de preuves à l'appui de l'hypothèse d'une origine sud-danubienne des Itoumains ceux des dialectes roumains qui connaissent le passage de ?~ intervocalique à r sont ceux du Nord. alors que celui des dialectes albanais qui offre le même phénomène est le toske, parler du Sud. M. i'. conclut très raisonnablement que les groupes slaves et roumains actuels ne sont devenus cohérents que parsiavisation d'éléments roumains et par roumainisation d'éléments slaves. Les passions nationalistes n'ont pas de profit à retirer de cette solution, et c'est pour cela que le problème linguistique des origines du roumain a cessé de passionner l'opinion publique chez ses compatriotes. C'est de même parce que la grammaire comparée ne peut rien pour prouver l'existence de « peuples aryens que bien des gens ont cessé de s'y intéresser. Quand les études historiques ne servent pas leurs désirs et leurs intérêts, les partis ont tôt fait de s'en détourner.

E. Ht.RXUC (p. 7H-186). ~M ~-P~<S~ im .t/OW~/Mschen (Ein Beitragzur Lettre vom syntaktischen \\audel). M. H. suit l'histoire des types y'x et je .wzs <M depuis )<' début, c'est-à-dire depuis les plus anciens textes latins, jusque vers le xiu''siècle. Son exposé, plein d'analyses fines et de données de fait. montre combien il est impossible de deviner un grand développement tel que celui-ià: seul. un examen attentif du détail des faits permet de s'en faire qndque idée car la création d'un type d'ensemble comme celui du prétérit composé résulte d'une série d'innovations particulières qui se commandent les nues Ils autres: du reste, ledév'doppt.'uh'ntaétét.'ngraude


partie tardif et particulier à chacune des langues, où il affecte en effet une forme propre. M. H., qui tient compte de tous les faits latins et romans, ne parle nulle part du développement identique des langues germaniques, qui a lieu à la même date que celui étudié par lui le type haheo factum est trop particulier propre en t'ait au germanique et au roman pour que le problème d'une influence réciproque des deux groupes voisins ne se pose pas. Quand § 39, p. 104, il traite d'exemples avec /K~ il manque à noter que, dans les deux exemples cités, /!<! précède le partici pe et du reste il ne signale nulle part le fait remarquable étudié par M. Marouzeau, Philologie et linguistique (Me). L. Havet), p. 243 et suiv., le passage du type /<!C~M~ est au type est /ac~MS ce passage a été de grandeimportance. -L'affirmation que le type~?o avec le participe, existant en germe à l'époque de Plaute, a été évité à dessein par tous les auteurs depuis l'époque classique est fragile en fait, c'est au moment où le type est /ac~s tend à prendre la valeur passive que /M~eo /ac<M/K reçoit la valeur de parfait et tend à devenir une forme grammaticale.

MARGARETE RoESLER (p. 187-203). Z)<M Vigesimalsystem w? ~~M~MC~eM. Il n'y a aucune preuve que les traces d'expression vigésimale en roman viennent du celtique, comme on l'a souvent enseigné (c'était la pensée de notre regretté confrère L. Duvau, que M"~ Rosier nomme Davau, p. 1H6). Le type st.'x-u:?~s, quatre-vingts, etc. ne semble même dater en français que du xn" siècle les preuves de cette datation ne sont pas bien fortes, il est vrai. Des index des matières et des mots terminent le volume. L'absence de titre courant dans un recueil d'articles est très incommode et devrait d'ailleurs être toujours évitée. A. MEILLET.


Helge AuLQmsT. 6'/?<~e/! SM?' ~c~/a/c~Mc~cM MM/o?M<?</?C!H<! C'M(DisserL inaug.); 148 pp. in-8. Upsala, 1909.

Petit à petit le nombre augmente des études consacrées à ce curieux texte dont nous devons la publication à M. Oder. La syntaxe du verbe a été étudiée par M. Pirson (Festschrift zum XII. allgemeinen Neuphilologentage) et par moi-mème (Mélanges L. Havet) M. Ahlquist traite cette fois i° de I'emp)oi et de la confusion des cas; 2° de l'usage des prépositions. Les deux chapitres sont connexes, et constituent une contribution importante à l'histoire du développement des prépositions dans le latin vulgaire. M. Ahiquist connaît bien son texte, et a classé méthodiquement ses exemples.

Dans un appendice consacré à la critique du texte, il a examiné un grand nombre de passages difficiles ou corrompus, pour tesquels il propose des solutions généralement heureuses. II en faudra tenir compte dans une seconde édition du texte.

A. ERNOUT.

W. MEYER-L~BEE. Romanisches etymologisches t~b'r~huch. Lieferung 1 u. II, Heidelberg (C. Winter), 1911, in-8, xxu-160 p. (Sammlung romanischer Elementarund Handbücher, III, 3). [L'ouvrage aura 11 livraisons environ, à 2 mk.]

Très peu de romanistes embrassent dans toute son étendue le domaine des langues néo-latines; depuis Dietz, le seul essai qui ait été fait d'exposer les résultats acquis par l'étymologie romane est celui de Korting, et l'on sait combien le résultat est défectueux. La publication d'un dictionnaire étymologique des langues romanes par le maître qu'est M. W. Meyer-Lübke est donc un événement.


H sera rendu compte en détail de ce livre capital par un romaniste dans le Bulletin quand la publication sera finie; mais la rédaction du Bulletin tient à donner à nos confrères dès maintenant l'heureuse nouvelle de cette publication. II s'agit essentiellement d'un vocabulaire du roman commun. Les mots empruntés à date récente par une seule langue n'y figurent donc pas. Mais M. M.-L. a cru devoir tenir compte des emprunts, même assez peu anciens, qui sont communs à plusieurs langues. Les emprunts au latin écrit en sont exclus. L'auteur indique sommairement si les mots sont latins ou d'origine grecque, gauloise, germanique mais il n'entre dans aucun détail sur l'origine lointaine des mots qui sont entrés dans les langues romanes capanna est cité comme mot latin, sur le même pied que capere. Au surplus, toutes les indications sont brèves car le livre est très court pour le sujet. La recherche de la brièveté est poussée au point, excessif, de ne pas indiquer dans les renvois bibliographiques, les noms des auteurs des articles cités, mais seulement la revue où ont paru les articles, avec chiffres du tome et de la page. Le livre ne s'adresse pas aux profanes, mais seulement à des romanistes exercés; sauf exception, la quantité des voyelles n'est même pas indiquée dans les mots latins cités, ce qui n'est pas sans inconvénients, bien que la vue des mots romans permette de la reconstituer presque toujours. Pour le lecteur averti, l'ouvrage est d'une valeur inappréciable on ne peut s'empêcher de regretter que l'extrême brièveté des indications en rende l'usage difficile pour qui n'est pas spécialement romaniste; on y trouvera une foule de rapprochements mais l'histoire des mots n'est jamais qu'indiquée sommairement, dans un coin d'article. Tel que l'a voulu M. M.-L., l'ouvrage est singulièrement plein. Il suffit de le parcourir pour apercevoir combien grande est la part des emprunts étrangers dans le vocabulaire roman et combien peu il y subsiste de l'ancien latin; encore beaucoup des mots qui demeurent sont-ils des dérivés et non les primitifs, ccMMw, et non canere.

Le jour où l'on fera, non plus, comme ici, un lexique


sommaire des mots romans, mais un véritable dictionnaire étymologique, il importera de marquer quels sont ceux des mots romans qui ont passé au grec, au germanique, an slave; c'est une donnée essentielle qu'il faut posséder si l'on veut faire vraiment l'histoire du vocabulaire roman.

A. MEILLET.

E. LANDRY. La théorie du rythme et le rythme du vers français, avec une étude expérimentale dela déclamation de plusieurs poètes et comédiens célèbres, du rythme des vers italiens, et des nuances de durée dans la musique. Paris (Champion), 19H, in-8, 427 p.

Le livre de M. Landry se termine par 49 conclusions numérotées et renferme beaucoup de chiffres. Mais il n'a pas proprement le caractère d'un livre de science l'auteur a trop le sens artistique, il voit trop l'ensemble des objets qu'il étudie et sait trop peu faire ks simplifications nécessaires pour poser des conclusions abstraites. Il est trop écrivain aussi, et, en écrivant, trop rythmicien, comme il le remarque du reste lui-même. Ses phrases sont élégantes et bien rythmées elles ne sont pas toujours claires (ainsi p. 141, celle qui commence par En tout cas) ni même toujours françaises (p. 382 6~M plaisir esthétique le plus élémentaire).

L'objet de son étude est, il faut le lui concéder, malaisé à définir. Le vers français a été nxé en un temps où la prononciation était toutautre qu'elle ne l'est aujourd'hui: le vers classique suppose des e muets prononcés partout et des liaisons toujours faites or, le français parlé d'aujourd'hui a supprimé plus des deux tiers de ces e muets et ne fait plus la plupart de ces liaisons. En récitant un vers classique, un moderne a donc le choix entre prononcer à la manière moderne et le fausser, ou prononcer d'une manière archaïque, nécessairement artificielle. De là et de quelques autres causes- vient que la déclamation des vers classiques est dans une entière anarchie. Ni les comé-


diens ni les poètes ni les lettrés ne savent au juste comment procéder, et tous prononcent arbitrairement. M. L. a eu beau s'adresser à des maîtres de la diction comme MM. Mounet-Sully, P. Mounet, G. Berr, M" Bartet et Moreno, il n'a pu en obtenir ce qui n'existe pas, une déclamation vraiment traditionnelle et régulière du vers français.

Les découvertes de M. L. ont parfois été faites assez longtemps avant lui, sans qu'il paraisse s'en douter ainsi l'explication des syllabes antiques longues par position p. 292 (M. L. croit visiblement que arma et ara~MMont même étymologie !). Et l'assurance avec laquelle il parle des choses les plus diverses ne doit pas faire toujours illusion sur la précision de ses connaissances, ainsi quand p. 130, il parle « du vers sanskrit dans les parties épiques des Yédas, vers isosyllabique qui ne devient métrique que pour les trois syllabes de la Snj~Jfl évite d'ailleurs souvent de discuter ou de citer ses prédécesseurs. Bien que la conception générale du rythme admise par M. L. soit bonne, bien que les analyses qu'il propose soient souvent délicates et ses critiques (par exemple celle des idées bizarres de M. Saran p. 252 et suiv.) souvent justiiiées, et bien que les faits qu'il a réunis soient en partie très intéressants, il est permis de se demander si l'ouvrage apporte autant de nouveautés et donner la théorie du vers une base aussi solide que le ton un peu ambitieux de l'auteur le donnerait à penser.

A. MEILLET.

0. ScHULTZ-GoRA. Altprovenzalisches Elementarbuch, zweite verbesserte Auflage, 1 vol. in-8, x-189 p. Heidelberg, Winter, 1911 (prix: M. 3,60). Constitue le numéro 3 de la première série de la Sammlung romanischer ~/c?MCM<a?'-?<M~ Handbücher publiée sous la direction de M. W. Meyer-Lùbke.

Voici une deuxième édition de ce petit manuel. La


première datait de 1906. Celle-ci, qui n'en diffère pas essentiellement, suit à cinq ans d'intervalle. C'est un beau succès en l'espèce car les personnes qui s'intéressent au vieux provençal ne sont pas légion, même de l'autre côté du Rhin. L'accueil favorable qu'on a fait à ce volume s'explique aisément. Un manquait jusqu'à ces dernières années d'un manuel de vieux provençal, formant un tout distinct, commode à manier et à consulter. Le Manualetto ~?'ou<?,za/e de V. Crescini avec une introduction grammaticale de 167 pp., l'OM/Me of the phonology and morpho/oyy o f old Provençal de Grandgent, c'est tout ce que les débutants provençalistes avaient à leur disposition. Il n'est pas étonnant qu'ils se soient procuré avec empressement ce petit livre d'un prix fort abordable.

Aussi bien cet ouvrage est-il véritablement pratique pour des commençants. Une bibliographie courte mais précise (p. 1-7), une phonétique (p. H-62), une morphologie (p. 63-105), un aperçu sur la formation des mots (p. 106-113), une syntaxe (p. 114-140), un choix de textes en prose et en vers (p. 141-164), un glossaire pour ces textes (p. 166-172), un index de tous les mots et de toutes les formes étudiées dans la grammaire (p. 173-188), tel est le contenu du manuel, et, à part quelques notions sur la métrique et la versification des troubadours, que je serais heureux d'y trouver, je ne vois pas qu'on puisse lui demander plus, surtout si l'on songe que le livre a moins de 190 pages.

Quant à la valeur de l'exposé, elle est à certains égards satisfaisante. Il faut louer surtout la sobre précision avec laquelle l'auteur a tracé l'esquisse de la syntaxe. Il y a là des pages qui seront d'autant plus utiles que ce sujet a été plus ou moins laissé de côté parla plupart des provençalistes. Je me permets néanmoins de faire observer que la syntaxe de M. S.-G., à l'exception peut-être d'un seul paragraphe (p. 133, § 200), est purement descriptive, nullement explicative. Dans la morphologie et la phonétique, l'auteur part du latin pour expliquer les formes et les sons du provençal. Pourquoi n'a-t-il pas agi de même à propos de la syntaxe ?


Sans doute il y a intérêt à avoir, pour une langue donnée, à un moment de son évolution, une description statique bien plus, une dynamique ne peut être fondée que sur une série de statiques. Qu'on fasse donc la statique d'une syntaxe, rien de mieux, surtout si l'on n'oublie pas que le but visé par la linguistique est en fin de compte la dynamique. Mais n'est-ce point commettre une faute que de confondre, dans un seul et même ouvrage, la statique et la dynamique, en appliquant la première de ces méthodes à une série de faits et la deuxième à une autre série, alors que ces deux séries demandent à être examinées d'un même point de vue? Que toute la grammaire soit descriptive, ou bien qu'elle soit toute historique et explicative. On répondra peut-être qu'il y a un avantage pédagogique à procéder comme l'a fait l'auteur la syntaxe évolutive est, pour des commençants, moins facilement abordable que la syntaxe descriptive.

Je n'ai garde d'oublier le caractère de l'ouvrage c'est un livre élémentaire, très élémentaire, peut-être même un peu trop. Les personnes qui désirent s'initier au vieux provençal, en dehors des purs littérateurs à qui l'histoire de la langue importe peu, sont ou bien des linguistes de profession, ou bien des jeunes gens déjà formés, qui peuvent sans inconvénient être mis, dès le début, au courant des principales difficultés. Le manuel de M. Grandgent, bien qu'élémentaire lui aussi, me semble mieux répondre à ces besoins.

M. S.-G. a pensé sans doute qu'il devait faire court. Mais il aurait certainement pu gagner de la place en adoptant pour la phonétique un plan moins compliqué. Il y a trop de divisions, de subdivisions, dans cette partie de l'ouvrage. Voyez par exemple le chapitre des voyelles atones (§ 47-61). À quoi bon distinguer les voyelles protoniques à l'initiale absolue, des voyelles protoniques initiales précédées d'une consonne. Cette classification amène l'auteur à exposer séparément des cas analogues, tels que celui d'obrir ~> :<t?' d'une part et morir ~> ?M:<rM* de l'autre, ce qui ne l'empêche pas d'ailleurs de commettre une inconséquence lorsqu'il classe dans la deuxième catégorie


l'o de o~e~xrc ~> o~af(p. 29, L 33). Je ferai la même observation à propos des voyelles post-toniques (p. 33-5). Quel avantage y a-t-il, étant donné qu'il s'agit uniquement du domaine provençal et que M. S.-(j. ne parle pas du catalan, à distinguer le sort de l'-a dans ~o~M ~> </o??:yM! et dans 6<'om~~ ~> domnas, de !< dans caballu ~> caval et dans ca6a!M~ ~> cavals, de l'-e dans /?o~<? ~> flor et flores > /?o~, etc. ? De même, dans le chapitre des consonnes, le sort de -b final pouvait être étudié avec celui de .v (p. 41). Au lieu de répéter chaque fois à propos de p, puis de 6, puis de t, puis de d, que chacune de ces consonnes reste intacte à l'initiale, au lieu de disperser dans des paragraphes différents l'étude de groupes intervocaliques tels que -/?y-~> -er-~>-< etc., pourquoi n'avoir pas réuni sous le même chapitre l'étude des phénomènes semblables? Ils seraient plus aisément compris du lecteur, se graveraient plus sûrement dans sa mémoire, lui permettraient de mieux saisir dans son ensemble le mouvement général de l'idiome'. 1.

Je passe maintenant à l'examen du détail en suivant l'ordre même de l'ouvrage~.

1. Le morcellement de la matière et l'abondance des subdivisons n'empêchent qu'on chercherait vainement dans l'ouvrage certains faits qui ont leur importance, tel te passage de -<y- à -u- dans sagma ;> sauma, phlegma > /!eMma.

2. Voici quelques fautes d'impression qui n'ont pas été relevées

par l'auteur':

P. 21, l. 16, tireras, non r!ba.

32, 33, *cùminitidre, *cMm~<ta7'e.

33, 29, duplu(m), ~Mp<t<(m).

35, 36, -atcum, -aclum, -iclum, -Me/Mm.

39, 1. 36, *nacsere, non *nacscere.

52, 1. 4, canorgue, canonyue.

54. Placer la ligne 28 (~) avant la ligne 24.

60, 31, lire -unxi, non unxi.

72, 1. 2, f. (avec un point), f.

85, 20, vendessétz, ven dessetz.

97, 1. 25,- -inxi, -unxi, MM; unxi.

106, 1. 16,- -trix, trix.

112, 31, se esbaudeiar, se esbaudeiar.

442, 1. 32, *-Mr< *icire.

185. Les mots poble, pobol figurent hors de leur place alphabétique. 487, trei. La référence 18 est fausse.


P. 13, 1. 13. Termini n'est pas un mot héréditaire. Il a été pris an bas latin à une époque relativement récente cf. A. Thomas, Essais, p. 89. Ib., 1. 21. Dans l'accentuation du lat. vg. placuimus (cL jo/ac~'mM~) ~> prov. plagzcém, il faut voir non seulement une influence analogique des deuxièmes personnes du pluriel, mais encore un effet de la tendance en vertu de laquelle /M/M?M, capréolum, mulierem, etc. sont représentés en latin vulgaire par /d/!<, ea~f~d/M, MM/~ye, etc. C'est une loi de phonétique générale lorsque deux voyelles restent en contact, l'une, la moins claire, tend à se fermer, et peut même perdre sa valeur syllabique. De même qu'on a eu *M/~f~ on a eu */)~a'cn)~?MM, ~~M<?rMM~ ténueram, cf. 0. Jespersen, Z~Mc~ der P~oMe~, p. 192, et Millardet, Et. de dial. land., P/<OM. add., p. 72-3. P. 16, 1. 8. F~p~ est une forme fausse le latin vg. dit~a~Meye ~> bdttere pour une raison analogue à celle qui vient d'être exposée, et aussi sous l'influence de ~/Mo. Ib. Dans ea~<~ cancre, le déplacement d'accent ne date pas seulement de l'époque provençale il remonte jusqu'au latin vulgaire, comme le prouvent esp. port. caber, cat. cabrer et fr. -ee~oïy. II faut supposer déjà en latin l'existence des types ca/M~?, *ca/)c?'<' (-c!/M~e) et aussi *c<i!?*c (à moins que ital. c~ soit une fausse forme savante en regard de a. ital. capcrc). P. 16, 31. Je ne me résigne pas à admettre que )' de <?~ représente 1'~ final de <6~: attiré dans la racine, et que l'p soit passé à M par C/7K/~M/. L'explication de G. Mohl, Et. s. le lexique du lvg., p. 102-4, est bien préférable: il part de *<Mc~, forme due au croisement de tôtti et de CM~e~. P. t7, I. 6. « La diphtongaison de~etptoniquesest/aeM//a~c (((faku!tativa). » L'expression manque de précision. D'ailleurs tout ce paragraphe sur la diphtongaison demanderait à être mis au courant des travaux qui se sont faits en France, et en particulier de l'article capital de M. A. MeHlet sur la D/e?'e?!CM/!OM des phonèmes, M. S. L., XII, 30. ïb., 1. 27, et p. 20, 1. 16. Lire cc(c)~M non ecc/a. Cf. Zs. XXV, 344. Faire d'ailleurs remarquer que le mot n'pst pas strictement populaire. Ib., 29..Po~ca ~> /~<o:'M<M est inexact lire puoissa(s). Ib., I. 32. Puis-


qu'on met un astérisque à trôja, pourquoi n'en met-on pas àjog/!M? P. 18, i. 5. Lvg. *~o (<~eyo) a été traité comme e~ sans doute sous une influence syntactique *CM *c!o ~> ieu ai « j'ai » mais *eo *~<xo ~> io </<< « je donne ». Ib., l. 14. Puosc, /)Mesc, ainsi d'ailleurs que les subj. ~Mo~ca~!<~ea, doivent leur diphtongue à l'analogie du pf. /)M<'c-~jo~M! P. 20,1. 5-6. Dans cilh, l'i, au lieu de e, n'est pas inexplicable cf. Meyer-Lübke, Hist. Gr. fr. Spr., p. 53-6. Ay~'a<~7Aa est plus embarrassant. Ib., 1. 20. H existe des deuxièmes personnes pluriel d'ind. pr. qui ont e conformément à la phonétique on peut citer au moins avetz et podetz à côté des formes at,z et podetz. P. 21, i. 7. Peut-on expliquer vas <~ versus uniquement par l'emploi atone du mot ? Je n'invoquerai pas, comme le fait M. Grandgeni, Old Prov., § 42, 1, l'analogie de az < ad. Mais je propose d'attribuer l'a à l'influence de l'r. Cette influence a pu se produire très anciennement (cf. Probi App., éd. P. Meyer, 113 « anser non ansar »), à une époque où l'r de versus n'était pas encore tombée dans le lvg. du sud de la Gaule. P. 21, I. 34. Pr. ~ta *OM non *plôvia. P. 23, I. 1. Prov. M<!<~M! est fort bien attesté. En voici deux exemples dans un seul et même vers sui conte e M<! contor, Gir. de Ross. P. 25, t. 31. Pourquoi citer ici aMK « ils ont », /<a;MM « ils font a sans en rendre compte. L'explication de ces formes ne se trouve nulle part dans le livre faun <; /<zM~ CIL, IV, 689, Pompéi, à côté de /'acMM<, ib., III, 3551 a:<M *~a!< P. 27, 1. 2. Lire*ay?<r!M~<. Ib.,1. 7. Dans Eloïtz <( germ. Heilwidis (pour ~~Mf), en regard de a~~o <~ germ. /<e!y~~ la perte de l'i de la diphtongue ei s'explique par la dissimilation, comme ~MyM?'!M/K ~> *ayM?'M:, ~tM~M~M~! ~> agustum. Ib., 10 suiv. ~4~M< aqtii, aquo, aisso, aicel, aissi s'expliquent mal par la base eccM-. Il me parait indispensable de partir de *accu-, résultat d'une fusion entre cccM?M et atque pris dans un sens apodictique. Cf. Bourciez, Elém. de /!?!< rom., p. 127. Ib., l. 14. Olifan n'est pas populaire. L'auteur lui-même le remarque p. 31, 14. P. 28, l. 6. D~pc~M~z existait déjà en latvg. dans la plus grande partie du domaine roman. Inutile de reve-


nir, dans une grammaire provençale, sur des faits de ce genre. P. 30, 1. 8. Dans Z.&M:o~~>Z.eMO?'~ Beatritz ~> S«~<z, creatura ~> criatura, il n'y a pas à proprement parler de « dissimilation vocalique », mais simplement fermeture de l'e en hiatus. Cf. ci-dessus à propos de p. 15, 1. 21. P. 33, 1. 17. Lorsque -M apparaît dans les textes à la place de o, dans des cas tels que ~M~ar~<eo~<!?'</p/ il n'est pas purement graphique. Il y a eu fermeture de l'p en M. Ib., L 28. L'-e final après consonne -(-~ r, dans </M/)/« ~> doble, a~t~M ~> ample, alteri ~> altre, etc., ne peut guère être considéré comme continuant la voyelle finale latine correspondante, u, i, e, etc. Je crois que cet -e est une voyelle anaptyctique issue de -r. C'est la voyelle inditférente de l'idiome. C'est ce que prouve MK~o?* ~> /?ï(wc. H faut sans doute en dire autant des cas cités à la page suivante: <M:'KM~><M~ *JacoMM~>J<ycM!~ etc. Il en est de même de mielher <~ ~e/M?', pieier <( pejor (p. 35). Cf. Et. dial. land., p. 188-60. P. 34, 1. 3. Le cas de ~lya~a ~> Agda est mal classé. La forme intéressante est Agde, Agte. P. 36, 1. 7-9. Il paraît douteux que /ay?'c/M<x <~ lacrima, tébeza <~ tepida, or(r)eza <~ horrida, etc., soient purement populaires. Entre ces formes et /ar?Ma (lerma), tebe, or(r)a, etc., il y a une diSerence que n'explique pas une pure diversité dialectale. P. 38, L 25. Aux cas de dissimilation de ~-)->?'-h/ ajouter *M~M'M/M ~> emborigol. P. 40, 1. 12. La division des consonnes en labiales, dentales, palatales n'est pas heureuse. Il y a plus de vélaires que de palatales en latin. Et puis, à certains égards, les nasales et liquides ne forment pas une classe distincte il y a des nasales et liquides labiales, dentales, vélaires etc. P. 41,1. 23. Dans CAse~M/M, ne~o~ le -~)- n'est pas dû à l'analogie de temps. Comparer des formes dialectales telles que comps, veseo?M/M <( comes, resimps <~ *yac!?KO~ etc. Il y a eu production d'un -p- transitoire. Entre m sonore et s sourde, s'est produite une sorte de m sourde par anticipation de l'assourdit-sement caractéristique de s. Un phénomène analogue, quoique un peu différent, a eu lieu dans ~oM~na < dornna, afa~H<~ye <~ darnnatge. Cf. op. e~ p. 94-S,


97-8. P. 41, 1. 29, et p. 43, 22. Il est peu probable que blasmar représente ~a.Myc. Les formes coexistantes blastemar, blastimar, parallèles à esp. port. lastimar, roum. blestemà, lucq. biastimare, etc., permettent de rattacher plutôt le prov. à *blastimare (analogique de <~<!mar<?). P. 44, I. 29. Dans germ. ~a/</M~>B<doin, G~<i!r~~>6r?*w:oa?'<, on ne peut dire qu'il y ait passage de w à o. 11 ne faut pas être dupe de la graphie. L'o de Baldoin, etc., est le signe graphique de M et non autre chose. P. 47, 1. 21. Le -d- de ades s'explique par ad id ~MM. –Ib., 1. 32. Dans metge <~ /7!e</zcMw, les lettres -tg- marquent une mi-occlusive palatale ou prépalatale sourde ou mi-sourde. P. 49, 1. 21. Feiron, /et/'a ne peuventêtre classés avec preiron, meiron. S'il était vrai que ces quatre formes soient purement phonétiques, -ce qui n'est certainement pas,- les deux premières reposeraient sur lat.c-)-mettes deux dernières sur lat. s-)-r. P.5i, 1. 13. Pour le traitement de-cr-, il est indispensable de distinguer les cas où le groupe est primaire et ceux où il est secondaire lat. -er- ~> <xcyp~ ~> agre, ~ac~M~ > magre. Au contraire -c'r- ~> -ir- coc(g)~ coire, dicen? ~> dire, 6~Mce/'e '> ~u!cgy<? ~> faire (inutile de supposer *e~ même observation p. 53, 1. 21), ~oeere > noire, etc. ïb., I. 18. Le cas de a~Mx/a ~> aigla doit être distingué des autres cas de c-)- Il ne doit pas être séparé du cas de <z~M<: aiga. Le traitement particulier s'explique parla présence de w aquila ~> <2~M'a (assimilation occl. -)- fric. ~> fric. -)- fric.) s~uï/a (ditférenciation vél. +vél. ~> pal. -)- vél.) ~> aiqwila ~> axy/a. De même a~Ma ~> a~tfa ~> <MM~! a!'yM)6! ~> aiga. Ib., 1. 33. Cf. ci-dessus à propos de p. 16, ). 31. P. S4, 1. 14. Dans les graphies sorzer <~ surgere, c.~a?'~<'?' <~ .~Œ~e/oy~e~ <~ *-6«~ye/ le -z- désigne non une -s- sonore, mais bien une mi-occlusive alvéolaire sonore, -a~ qui correspond bien à la miocclusive palatale ou prépalatale, -dy- ou -< attestée par les graphies argen, 60~ etc. Ib., 1. 30. Il n'est nullement sûr que le y- latin soit partout devenu mi-occlusif à l'initiale. Certains dialectes modernes du domaine provençal ont encore y- (palatale fricative sonore), et il me


paraît inadmissible que l'on considère ce y comme provenant d'une mi-occlusive précédente. Ib., 1. 32 suiv. Peut-on dire que le jod latin après voyelle « devient i » devant consonne où à la finale bajulare ~> bailar, ~o~'M?M > mai? L'i graphique n'est autre chose qu'un jod, ou, si l'on veut. un i assyllabique (x), ce qui revient à peu près au même, mais nullement un -i. Cf. mon observation à propos de p. 44, 1. 29. L'auteur oublie parfois que la phonétique est la science des phonèmes et non des lettres de l'alphabet. P. 38, 1. 33. Ce n'est pas le voisinage de deux r. mais bien l'action dissimilante du premier -m-, qui dans MM~~o~e ~> marbre a dénasalisé le second m en b. P. 60, 1. 27, « Devant clat. intervocalique(prov.y), n peut devenir r ?KOK<!CM?M ~> MoyyMc, ca/tOMtCMM! ~> canorgue, HtCMz'ca ~> marga. » Qui ne voit qu'il s'agit d'une pure dissimilation? Il en est de même d'ailleurs pour les mots que l'auteur cite précédemment, aHMMs ~> arma, *mi?M~M!>mer??M' ou plus loin, jD~M~MM~~o~nMMï ~«/M. P. 65, 1. 29. Arbres (lat. arbor) n'est pas classé à sa place. P. 67, 1. 3. Mettre un astérisque devant */7oris. P. 71, 1. 25. Lire e:MC au lieu de cin, cins. P. 73, 1. 33. Pour la forme du cas régime fém. sg. du pron. pers. tonique de la 3° pers., lieis, l'explication de M. A. Thomas, Essais, p. 336-8, me paraît excellente lieis <; illeius (==*z7/<!<M~ forme refaite d'après CMKM, AMMM~ etc., et non forme complexe due à la combinaison de dat. fém. ~ac-t-dat. f. ei, comme M. A. Thomas l'avait cru tout d'abord). Sur les différentes explications proposées, voir AscoH. Arch. glott. it., XV, 314, 396. P. 74, 1. 24. Les formes /0!, lai s'expliquent par /o -)- /<! -t- (ï6z ~> i s'emploie souvent avec la valeur d'un datif, même pour représenter une personne). Il est moins naturel de voir dans loi, lai une dissimilation de /o li, la li. P. 76, 1. 20. Supprimer l'astérisque devant co.~e/ P. 76, I. 37, etc. Voir ci-dessus à propos de p. 27, 1. 10. P. 77, I. 1. Aicel ne sort pas directement de ecce ille. –Ib., I. 36. Lire M?M gras. P. 83,1. 26. Lire joar/o~ -o. P. 86, 1. 4. L'-i qui apparaît parfois au lieu de -e à 1 ind. pr. de la conj. faible, c~r! à côté de cgbre, p6r! à côté de pbre, etc.,


n'est pas « une voyelle de soutien ». Il est plutôt analogique des 1 ind. pr. en ai, crei, sçi, vei et des 1 pf. P. 87,1. 37. Les parfaits en -ai ne sont pas communs à toute la Gascogne. Voir Revue de dial. ro/M 1909, p. 127-8. P. 90, 1. 3. Donner la qualité de l'e de 3 sbj. pr. estei. Pourquoi dans les listes qui suivent ne pas donner la qualité de tous les e ou o sans exception, là du moins où cette qualité nous est connue par la versification. P. 92, 1. 26. Lire *~M<M. P. 97, 1. 29. Je connais au moins un exemple de mis 3 pf. de y?!~re Gx'r. de 7!o~ dans Appel, C/c~.j 618. P. 98, 1. 3. Mettre un astérisque devant */)/p!M!<, dont l'existence supposée par M. Suchier, Z., Il, 25S suiv., a été d'ailleurs révoquée en doute par M. Meyer-Lûbke, II, p. 365. P. 104, 1. 13. L'e fait en effet dimculté à la 3" pers. sg. ind. pr. de « être » prov. çs, en regard de lat. g~==gr. ssT~ skr. <M<~ etc. Il faut partir de lvg. & H y a eu certainement en latin vulgaire deux séries de formes pour 2 et 3 sg. est à côté de est. Comment expliquer &s? Il est peu vraisemblable qu'il faille s'appuyer sur la quantité de la prosodie latine <M. Cette quantité paraît être un reste de l'ancien <M~=gr. eTo~, réduit à devant consonne dès l'époque italique commune, mais conservé devant voyelle en latin archaïque. L'e du lvg., attesté à la 2" pers. par engad. e~) et obwald. eis, et à la 3e par prov. M, s'explique sans doute par l'emploi atone qui a fermé 1'~ dès une époque ancienne. P. 105, 1. 27. Il y a, en provençal, comme dans les autres langues romanes, des exemples,- rares, il est vrai,-de dérivation à l'aide de sumxes vocaliques atones. Voir sur ce point A. Thomas, Essais, p. 74-91. P. 110, 1. 19. Le suffixe qui apparaît dans /b/~c< (sur /b/), escarsedat (sur escars), etc., ne peut être tiré de mots tels que AoK~<; bonitatem, C!M/a«~C!U! M)/OK~<(!'O~M7:<M~ Il faut, si l'on veut rendre compte du partir de formes telles que cc.s~ P. 121, l. 17-22. Le pronom adverbial en n'est pas employé en fonction de génitif mais bien d'ablatif dans la phrase citée: ()!< cre qu'enans m'en venha dans que bons. En a bien le sens de 1. t7~/c « qu'il vienne du mal </c là, c.-à-d. de lui ». –Ib., 1. 33. P. Car-


~ma/ si fo de Velhac. Si ne me paraît pas être un datif éthique c'est bien plutôt la particule si <~ sic, employée pour renforcer le verbe. P. 122, 1. 2. Il faut dire « le pron. non réfléchi de la 3" pers. ». P. 122, 1. 22. Li Genoes /o meneron p?'es en sa terra. L'emploi particulier de sa dans cette phrase est défini en termes trop vagues. Ce qu'il y a de remarquable dans ce tour, c'est que le possessif de l'unité tient lieu du possessif de la pluralité. P. 125, I. 21 suiv. La classification est assez arbitraire. Dans les emplois énumérés, il s'agit de mode (infinitif) et non de temps. P. 129, l. 32. Dans des phrases telles que non crei pieier mortz sia es sazos fassam, etc., la proposition qui vient en second lieu ne peut être appelée principale « Hauptsatz » la conjonction que a beau manquer, il s'agit d'une proposition subordonnée « Nebensatz », absolument comme dans le tour latin necesse est facias, du moins à l'époque classique.

G. MILLARDET.

G. PANCONCELLI-CALZIA. 7/a/MMO. Fonetica-Morfologia. Testi. Leipzig et Berlin (Teubner), 19H, petit in-8, 139 p. (~!sz<°M lebender Sprachen, 4). Prix: 3 mk. 60. Ce très petit livre n'a pas la prétention de fournir une description complète de la langue italienne; la phonétique et la morphologie n'y sont que sommairement esquissées les textes sont courts, bien qu'ils occupent les deux tiers du volume ce qui en fait le prix, c'est que les paradigmes et les textes y sont accompagnés constamment d'une transcription phonétique. En l'espèce, l'esquisse phonétique et les transcriptions phonétiques ont ici une valeur particulière, parce qu'elles émanentd'un phonéticien distingué, et qui a complété par des études faites au moyen d'appareits les observations de son oreille. Sans doute M. Panconcelli-Calzia n'a pu encore utiliser les ressources du laboratoire de phonétique (de l'Institut colonial de Hambourg) qu'il a été chargé d'organiser. Mais déjà il a pu


tirer des recherches expérimentales d'intéressantes précisions. On regrettera seulement, au point de vue scientifique, sinon au point de vue pédagogique, qu'il ait cru devoir consacrer à des généralités une trop forte partie du petit espace dont it disposait et que les particularités phoniques de l'italien soient trop sommairement indiquées des faits caractéristiques comme le staccato de la prononciation des syllabes ou le type de la prononciation des occlusives (type roman, et non type germanique) ne sont pas signalés expressément Mais on aura là un précieux moyen d'étudier la prononciation courante de l'italien. A. MEILLET.

R. ËKBLOM. L'extinction des verbes avec /?yp~ en -si et en-ui en français. Upsal (Almqvist et WikseH), 1908, in-8 (u!-)-186 p.

Cette thèse suédoise, présentée à l'Université d'Upsal en novembre 1908, n'est parvenue à la Société que cette année. M. Ekblom a eu une heureuse idée il se demande pour quelles raisons certaines formes grammaticales viennent à disparaître, et il prend pour objet d'examen les prétérits simples des verbes forts français: type très difficultueux quia donné lieu à un nombre infini d'innovations analogiques. Les causes qu'il détermine sont d'ordre morphologique tout d'abord il arrive que l'évolution naturelle de la forme suivant les lois phonétiques aboutisse à une forme nouvelle qui est en dehors de tout paradigme; ou bien la langue est amenée à hésiter entre plusieurs formes ou bien encore deux verbes tout différents en viennent à n'avoir qu'un seul et même prétérit qui dès lors est ambigu, etc. M. E. est du reste plus neuf dans le détail que dans ses généralités, cela va sans dire. Le lecteur français est constamment gêné par le fait que le français dont parle M. E. est celui des livres, et de livres archaïques. Beaucoup de verbes dont parle M. E.,


parce qu'il les a vus dans les dictionnaires, sont hors d'usage, même dans une langue écrite très littéraire. Et beaucoup plus encore sont de peu d'usage ou hors d'usage dans la langue parlée; ainsi, quand p. 81 et suiv., M. E. enseigne que croire et croitre se sont maintenus malgré l'identité du participe passé et du prétérit simple, il ignore que croître ne s'emploie plus guère pour ma part, c'est un mot qui est entièrement étranger à mon vocabulaire, au moins en parlant, sinon en écrivant. Il est parte sérieusement de l'emploi de <~MM'e, p. 98 et suiv. On lit avec stupeur p. 129 que raire est d'un emploi très limité et p. 146 que tistre est peu usité. M. E. oublie que les verbes forts tendent normalement à sortir de l'usage, qu'ils s'éliminent peu à peu, et que seule la fréquence de l'emploi en conserve un certain nombre qui, même en dehors de toute circonstance spéciale, se réduit constamment.

Au surplus, M. E. considère toujours le prétérit simple comme vivant il fait abstraction du grand fait que dans tout le français du centre, dans un rayon de 200 à 300 kilomètres autour de Paris, le prétérit simple est depuis assez longtemps sorti de l'usage dans la langue parlée. Ce prétérit ne vit que dans les écoles, dans les livres, dans les dictionnaires et les grammaires. M. E. aurait eu à se demander si l'extrême embarras où s'est trouvée la langue qui formait et reformait sans cesse le prétérit des verbes forts n'a pas contribué à faire éliminer tout à fait ce type de prétérits.

A. MMLLET.

F

BRUNOT. Histoire 6~6 /6! langue /?'<!Kp<M<? des 0?'y!7ï~ à 1900. Tome 111. ZŒ formation de langue c/ass!~MC (1600-1660). Deuxième partie. Paris (Colm), 1911, in-8, p 421-738.

Cette seconde partie du volume III du monumental ou-


vrage de M. Brunot est l'une des plus importantes du livre tout entier. Car la période étudiée est celle où le français écrit se fixe définitivement, et les faits de syntaxe qui sont examinés dans cette fin de volume sont précisément ceux qui intéressaient tes hommes qui ont fixé la langue, ceux dont ils ont eu conscience, sur lesquels ils ont exprimé des opinions et sur lesquels le public et les auteurs du temps ont pris délibérément parti. L'objet principal de M. Brunot est donc moins de déterminer ici comment la langue a évolué que de montrer, par l'exposé des opinions des grammairiens et de l'usage des auteurs, sur quels points et en quels sens il a été pris des décisions. Ceci donne à l'exposé un caractère tout particulier et neuf la connaissance étendue qu'a M. B. des grammairiens français de cette période lui permet de faire œuvre originale et curieuse.

Si certaines questions graves, comme celle de l'emploi des diverses formes de prétérits etde leur valeur, viennent à être négligées, d'autres sont éclairées indirectement, et d'une manière parfois très nette. Ainsi ce début du xvn" siècle est la période où le substantif en vient à se faire accompagner constamment par l'article défini ou indéfini l'une des grandes originalités du français se fixe alors car nulle part la constance de l'emploi de l'article n'est plus grande qu'en français à peu près nulle part on n'est allé si loin que de créer un article indéfini du pluriel. -C'est alors aussi que le pronom personnel sujet cesse d'être un mot autonome pour devenir un élément accessoire indispensable au verbe ceci se reconnaît à deux traits d'une part, le pronom ne peut plus manquer (p. 477 et suiv.), de l'autre il ne se laisse plus éloigner des verbes (p. 656 et suiv.). De même la réunion de l'auxiliaire et du participe (p. 659 et suiv.) montre que le type j'ai fait est devenu une forme une.

L'un des grands mérites des fixateurs de la langue au début du xvue siècle a été de n'y presque pas laisser subsister de doubles emplois ni d'usages flottants, laissés à la fantaisie. Il en est résulté quelques règles bizarres et incommodes, et M. B. accuse Vaugelas, à propos de 9


~f/M~ d'avoir jeté un fagot d'épines sur la route (p. 471). Ç'a été la rançon d'un grand bien, et si fort qu'on en veuille à ces grammairiens, dénués de sens historique, il convient avant tout de leur savoir gré de leur oeuvre: s'ils avaient eu le sens du développement et le sens de la liberté, nous n'aurions pas le français net et sobre qu'ils nous ont fait. Leur sens des tendances naturelles de la langue a été du reste juste en général. Là où la langue ne faisait pas de distinction sur un point important, ils ont su n'en pas faire. Par exemple, trouvant pas et point et n'apercevant pas de différence de sens nette entre les deux, ils n'en ont pas créé et ce qui prouve qu'ils ont vu juste, c'est que la langue a, comme elle le fait toujours en pareil cas, et i miné l'un des deux synonymes tandis que pas subsistait et devenait la négation à lui seul, p0!'?~ disparaissait peu à peu.

Les questions de syntaxe et les questions de style sont liées les unes aux autres, et une partie du livre se rapporte à la formation du style français. Ainsi la remarque sur l'emploi des noms de nombre avec valeur non définie p. 476 est une pure remarque de style. Or, tout ce qui est dit de la phrase, p. 684 et suiv., n'est relatif qu'au style. M. Brunot semble un peu croire qu'il y a des langues où la phrase complexe serait chose naturelle; c'est assurément une erreur la période est partout un produit de Part le grec ne l'a créée que lentement et avec un grand effort le latin a fait la sienne à l'imitation du grec, et le français à son tour a imité le latin la conclusion de la p. 710 (où cp//p-/a est fâcheusement ambigu) attribue au français comme une originalité un trait commun à toutes les langues.

M. B. a maintenant posé les fondements de l'étude du français moderne ;iMui reste à la poursuivre jusqu'en 1900. Mais, tandis que l'auteur continuera cet ouvrage capital, on souhaitera que de nombreux travailleurs complètent et précisent maintenant tous les détails de son exposé on le comprendrait mal si l'on croyait que ce livre d'ensemble marque le terme d'une recherche il a ouvert les voies, facilité le travail ultérieur il importe maintenant qu'il


soit suivi et qu'on éclaire entièrement une histoire o grâce à M. B., on commence enfin à voir clair. A. MEILLET.

H. PEDERSEN. ~y~C~M</e Grammatik der ~~MC~e~ Sprachen, II'" Band, Bedezctungslehre ~~oy//eA/'e~. I" Teil (Bogen 1-22, § 3S4-608). Gôttingen (Vandenhoeck u. Ruprecht), 1911, in-8, 352 p.

Avec une puissance de travail admirable, M. Pedersen

donne déjà la première partie, la plus grosse, du second volume de sa belle grammaire comparée du celtique, comprenant la morphologie. On sait par le premier volume, on voit encore par celui-ci que M. Pedersen unit une connaissance profonde des faits celtiques à une science également profonde de la grammaire comparée et qu'un esprit original et inventif, une vision toujours personnelle des choses lui permettent de tirer parti de ces connaissances, à la fois si étendues et si sûres. Le comparatiste a rarement l'occasion de lire un ouvrage aussi savoureux. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, ce qui est dit de la Biverbie~:<M<~ opposée à l'~Mpcr~n/M~ p. 12 et suiv., est tout à fait joli.

Le plan de ce second volume est moins différent du plan habituel des grammaires comparées que celui du premier volume. L'emploi des formes est étudié avec les formes elles-mêmes, et même l'indication des catégories (cas du nom, temps des verbes par exemple) précède celle des formes. C'est logique, puisque en indo-européen, et encore en celtique, les catégories n'ont pas chacune une expression propre. Les notions de datif, de parfait, etc. ne sont pas des expressions morphologiques, mais bien des expressions syntaxiques.

M. P. suit l'histoire de chaque forme jusqu'à l'indoeuropéen, et, au besoin, par delà l'indo-européen même. Mais ce sont les faits proprement celtiques qui dominent


l'exposé. Il est trop bon linguiste pour commettre la faute de faire d'une grammaire celtique une grammaire des faits indo-européens conservés ou transformés par le celtique. On n'en voudra pas à l'auteur, qui est très personnel, d'affirmer vigoureusement ses opinions propres. Mais on n'oubliera pas que toutes les affirmations de M. P. sur l'indo-européen ne sont pas également sûres. Il est assez douteux par exemple que la finale de l'ablatif des thèmes en -o- ait été *-a<~ p. 83 le slave n'indique rien à cet égard, et le lituanien même est loin d'être probant. On voit mal sur quoi repose l'hypothèse d'une désinence *-6~e/?! du datif duel, p. 84 et suiv.

M. P. ne met pas toujours assez en évidence ce que le celtique a altéré. Le celtique, langue d'un peuple venu à la civilisation méditerranéenne plus tard que les peuples d'Italie, est à bien des égards plus archaïque que le latin. La composition des noms par exemple y tient plus de place. Néanmoins le type si important o~sxxxo~ ne semble pas y être représenté et il aurait été bon de le dire. Dans le détail, on aurait à discuter souvent, bien que, sur la morphologie, Ifs doctrines de M. P. soient très scrupxh usement établies. An § H6S, p. 18. on ne voit pas ce qui autorise l'auteur à poser *a-, et non dans gall. ~M.'M~. Au § 3H9. 3. la forme propre au grec et à une petite partie du grec 6ix~x ne peut être mise sur )e même plan que le vieux féminin indo-européen Tco-c'/ut. Au §432, p. 87, la flexion de ben est indiquée sans que son caractère tout particulier au point de vue indo-européen soit signalé et pourtant le contraste du nom. v. irl. ben et du génitif ~:Ha est un vieux fait ~e date indo-européenne, dont seule la variation de suffixe de gr. yu~, y'j~H~ et de arm. A'ana~A fournit la clé; il aurait du reste été bon de renvoyer ici au composé irl. ~an-eAM, qui suppose

*y"nN-.

M. P. promet d'abondants index qui permettront d'utiliser la masse énorme de faits et d'idées que renferme ce remarquable ouvrage.

A. MEiLLET.


ToMÂs 6 MAiLLE. The language of the Annals o/ t/ey. Manchester (UniversityPress). 1910, in-8, xm-207 p. Des travaux minutieux ont déterminé avec une précision très grande la grammaire du vieil irlandais, qui est maintenant exposée dans les livres d'ensemble de MM. Vendryes et Thurneysen. Il reste à suivre l'histoire de l'irlandais durant toute l'époque historique. Pour cela, il importerait de dresser la carte linguistique de l'Irlande pour la partie du pays où l'irlandais a continué d'être employé c'est une tàche dont les Irlandais devraient s'acquitter sans retard. Et il faut surtout tirer parti de la très grande littérature médiévale qu'on p 'ssède. Les Annales d'Ulster sont une compilation du xv" siècle, dont l'auteur a par bonheur reproduitassex Hdèlem.'nt le texte de ses sources. Le regretté Strachun et M. K. Mcyer avaient constaté que l'on y peut, en une certaine mesure, suivre, grâce à cette circonstance le développement de la langue depuis les dernières années du vu'' siècle moment où les sources contemporaines en irlandais sont employées par le compilateur. ill. Tômas ô Màitle a arrêté son étude à la date de 1050. Il fournit ainsi des données pour l'histoire de l'irlandais durant trois si 'clés, les trois siècles où s'opère le passage de l'ancien irlandais au moyen irlandais. Et ceci est particulièrement curieux car l'irlandais a ceci de précieux au point de vue linguistique, qu'il a été noté alors que la langue était en pleine transformation le vieil irlandais a été noté en un moment où la langue était entièrement instable et sous une forme qui ne pouvait durer. Le livre de M. T. 6. M. permet de saisir sur le fait des transitions qui autrement échapperaient. Par exemple, on sait que v. irl. mi est représenté en moyen irlandais par bl un passage de la chronique, en date de 732, fournit la forme de transition mbl-, à côté de ml, dans mbleguim. L'archaïque prétérit à redoublement, encore attesté en 946 dans coroimid par exemple, fait place à une forme en avec ro autonome


c<? remid 920, co r~M?~!WA 995, etc. Les faits ne sont pas toujours groupés par l'auteur de manière qu'ils ressortent pleinement. Mais des index très bien faits permettent de trouver rapidemént tout ce que l'on cherche. L'interprétation donnée p. H7 du passage de w initial à f en irlandais n'est pas évidente. On sait que ce changement n'est pas ancien (v. Thurneysen, ~CMC~MC~, § 200, p. 120) un nom propre de la chronique est orthographié Uinniani en 578 (plus tard on a fÏMKMH). Mais l'unité de signe pour w initial et intérieur ne prouve pas que le w était sonore de même l'emprunt de lat. i'MMMMî sous la forme v. irl. fin ne prouve pas que le w était un w sonore au moment de l'emprunt. L'irlandais a pu remplacer par son w sourd le M sonore initial du latin dont il n'avait pas l'équivalent. Il est impossible de n'être pas frappé du parallélisme de traitement entre y et w y assourdi a passé à d'où zéro w a passé à w sourd, d'où f. Ce traitement est parallèle au traitement grec de *y et *w *y a donné h, et *w a donné un phonème réduit, sans doute sourd dans la plupart des dialectes, ce qui en a entraîné la disparition plus ou moins précoce. A. MEtLLET.

B. DtiLBRLCK. Ge~!M?!M6'AeSyH~<M, l, ZM <?/! /:Py<HCM ~~zpM ~f, Z!<r ~e//MM~ des Fpf&MMM (extraits du tome 28 des ~lMa?M~!<Mye~ de l'Académie des Sciences de Saxe). Leipzig, Teubner, 1910-1911, 64 et 76 pages; prix, 2 marks et 2 marks SO.

M. B. Delbrück, continuant la série d'études de syntaxe germanique qu'il a commencée il y a quelques années déjà, a publié dernièrement une étude sur les phrases négatives et une autre sur la question si disputée de la place du verbe, où il s'est efforcé d'appliquer la méthode comparative qu'il avait illustrée par ses travaux antérieurs. L'une et l'autre étude sont conduites avec clarté et avec


aisance on perçoit parfont sous la sobriété des citations la grande érudition et la perspicacité de l'auteur de la grande syntaxe du G/'MM</y:M. Comme dans toute étude de syntaxe comparée c'est le sanskrit qui joue le rôle de principal témoin de l'usage indo-européen, ou même de seul témoin. Il est assez difficile qu'il en soit autrement étant donné l'état des témoignages. Peut-être serait-il désirable, précisément à cause de cet état de chose, que l'on profite de chaque occasion pour élargir la base sur laquelle on opère et que l'on s'efforce de retrouver l'indoeuropéen derrière le sanskrit. Par exemple la discussion de la valeur ancienne du -na de skr. cana (Germ. Synt. I. p. 10) ne saurait être limitée aux faits attestés en sanskrit d'autres langues doivent entrer en ligne de compte. Le chapitre 1 de la première étude de M. D. est consacré à l'examen de l'opposition des types lat. Mc?Mo ~o~ ~!</<?< et v. h. a. nioman ni weiz. M. Gebauer, et à sa suite M. Mourek, avait vu dans la règle que deux négations valent une aflii-mation, une tradition ancienne; l'état germanique, et aussi slave et baltique, provenait d'après eux d'une répartition d'emploi entre les négations, celle de M!o?May< portant sur la quantité, celle de ni tfe:z sur la qualité. M. D. croit que cette répartition, si elle s'est faite, a été le fruit de la réflexion et que le redoublement de la négation repose sur la contamination des types !OH«i'H ni t~~t's et M!o/~6'M M-z, /<:oM;<a'?! formait une unité et dans ni ~s, M! était devenu inséparable de M~'z dès qu'il s'agissait d'une proposition négative, de quelque nature qu'elle fût. Mais ce n'est pas tout dire que d'indiquer (v. p. 38) que la double négation se rattache à la fusion de avec le pronom indénni à ce compte M!0?M<m ni ~'p:z serait comparable à nemo nescit. D'autre part c'est se priver de moyens d'investigation réels que de séparer la construction germanique de celle du slave et du baltique. Il est probable que comme l'indique M. D. it n'y a pas de différence de sens entre la négation de M!OMï< celle deM<~<M ou de /M~o et celle de nèmo mais il y a entre elles une différence de portée /tp/Mo nie à la fois *-hemo et le verbe de la proposition, au contraire ni- n'intéresse que -io-


man, tout comme në- ne touche que -kas et ni- que -~J. dotons à ce propos que la traduction de véd. M<ï /<MM !</y<! ~p eaMaM/d Ma /aM!~a~ n'est pas certaine et que l'on peut y voir soit deux, soit trois propositions.- Le second chapitre de l'étude de M. D. est le complément du premier; après avoir examiné comment la négation s'est introduite en double dans les propositions négatives en se joignant à des pronoms indéfinis, M. D. recherche comment le même phénomène s'est produit grâce à l'union de *y~ et de et aux nuances de sens de ce dernier. Le second travail de M. D. est une contribution à l'étude de la place du verbe en germanique. On sait que M. D. s'est rallié récemment à l'idée de M. Wackernagc! sur la distinction ancienne entre propositions principales et subordonnées au point de vue de la position du verbe il affirme à nouveau son adhésion et l'appuie d'exemples tirés principalement des langues scandinaves. Un sait la faiblesse de l'hypothèse ingénieuse de M. Wackernagel clle repose sur la convention tacite que des formes atones sont par là-même enclitiques. Rien n'est moins certain et l'exposé de M. D. en souffre.. Malgré sa clarté et le soin coutumier de l'auteur dans le choix et le groupement des exemples, le dessein de l'article a quelque chose de tlou et l'on n'éprouve pas à le lire la sensation que l'on progresse autant que l'on voudrait. On se demande si vraiment le ton est pour quelque chose dans la forme qu'a prise la phrase dans les dialectes germaniques et si la réglementation de la place du verbe n'est pas concomitante avec l'étabHssement de l'accent d'intensité initial. On a le sentiment que certains faits devraient entrer en ligne de compte, dont il n'est pas question la présence du pronom, par exemple, à côté du verbe tient à des raisons de morphologie hann dans hann /dr et dans /<~ hann, dans e~ /<!?' et dans /d?' sont de simples morphèmes indiquant la personne. Bref, il semble que pour éclaircir la question prise par M. D., il faille la renouveler par l'intervention d'arguments différents de ceux que la tradition a consacrés.

H. GAUTHIOT.


H. ScHRÔDER. /4A/a'<<Me~<'y! (/?c!~a~e ~M~ yerwa~McAp?! ~~ac~-MM~ ~M~M/'y~'c/<!c~~ Il). Heidelberg (C. Winter), 1910, in-8, xi-108 p. (Germanische Bibliothek, tjntersuchuagen und Texte, I, 2).

Pour étudier les alternances vocaliques, on peut se placer au point de vue de la morphologie ou à celui de l'étymologie. Dans le premier cas, on est en présence de faits certains, clairs mais il n'y a sans doute plus grand chose de vraiment neuf à trouver. Dans le second cas, on est livré à tous les hasards car une « étymologie » n'est démontrable qu'à proportion du nombre d'éléments communs qu'on peut reconnaître entre les mots rapprochés le rapprochement de skr. /~M, de gr. ~x~p et de lat. pater est sûr parce qu'il s'agit de mots entièrement identiques pour la forme et que à l'identité des éléments phonétiques s'ajoute celle de la flexion et celle du sens mais un rapprochement qui porte seulement sur des éléments radicaux est triplement incertain parce que le nombre des éléments phonétiques à rapprocher est petit, parce que l'on ne dispose pas de concordances de formes grammaticales, et parce que les faits de sens considérés, se limitant à une notion générale, sont trop vagues pour rien prouver. Une étymologie n'est donc solide que si elle porte sur des mots bien définis et par la forme grammaticale et par un sens précis, aussi concret que possible, et non sur une racine seulement. Les recherches de M. Schroder appartiennent au second type elles sont donc nécessairement hasardeuses.

L'introduction de M. S. contient des remarques très justes sur la façon dont les mots se groupent dans la phrase. Mais il est malaisé d'appliquer ces observations a l'étymotogie indo-européenne. L'objet de M. S. est de montrer comment des bases de la forme f~c-f-consonne ou e~e-)-consonne peuvent apparaître en germanique sous des formes variées. L'oe obscurité trouble le lecteur d'un bout à l'autre: s'agit-il Je faits de vocalisme indo-


européen alors il faudrait examiner les faits des autres langues plus que ne le fait l'auteur, et il en a eu luimême le sentiment s'agit-il de faits intérieurs au germanique ? alors il faudrait les expliquer par la phonétique du germanique et discuter de près les faits de phonétique germanique. Des deux manières, le livre laisse à désirer. Soit par exemple la première étymologie du livre M. S. rapproche l'all. meer d'une base signifiant « amer » lat. a~M~'M~, norv. suéd. amper « amer '), etc. mais en posant *MM~ comme original de ail. M~ey, il oublie que le celtique a *mor-, el non *mar-, et toute sa construction s'écroule du reste, sur quoi repose son i.-e. a?w~><?M6?'? où est la preuve que i.-e. *mr ait donné *mbr autrement que dans le développement de dialectes isolés comme le grec?– P. 50 et suiv., M. S. admet que la racine i.-e. *M~/i' dire appartient à une « base » *ewek; mais il est singulier que l'aspect '"<??~- d'une « base » aussi répandue soit limité au germanique tant qu'on n'aura pas retrouvé ce *euk- ailleurs, on hésitera à l'attribuer à l'indo-européen comme le fait hardiment M. S. Du reste M. S. procède avec la même aisance en matière de phonétique la forme v. sax. ~'MÂ!~ qu'il n'est sans doute pas impossible d'expliquer autrement (v. Holthausen, .4/Mc~. Elenzentarbuch, § 440, p. 163), lui suffit pour atErmer que la racine *yeA- du germanique repose sur *cM~ *e~- aurait passé à ea, eo ia, :o ~> ie, etc. Aucune preuve n'est fournie de cette doctrine pour le germanique commun, sinon les rapprochements, qui sans cela seraient en effet impossibles. Pour croire aux étymologies de M. S., il sera peut-être prudent d'attendre qu'il en ait donné des justifications phonétiques plus précises. Avec les transformations illimitées qu'il reconnaît à *eM- initial et dont le eu intérieur ne fournit pas l'équivalent, on peut expliquer tout, mais on ne peut plus rien démontrer car on ne prouve qu'à l'intérieur de formules précises et rigoureusement déSnies. Si eu- s'est transformé à ce point, on ne pourra établir pour les mots commençant par *eu aucune étymologie sûre.

C'est- du côté des réalités concrètes qu'il faut se tour-


ner si l'on veut trouver des étymologies démontrables il faut faire l'histoire des mots à l'aide des faits matériels et à l'aide de la géographie linguistique. Même si l'on a le droit de poser *(a)M-an(a)~- avec M. S., p. 9, on ne se sent pas tenté d'expliquer got. /M'M~'aM « avoir la hardiesse de » par le groupe de mots qui désigne le sounle (got. -anan, lat. <!M:M~ etc.). Si le rapprochement de v. angl. ~y/ « rucher )) avec v. h. a. hamf « mutilé », etc. a une valeur, c'est grâce aux faits positifs indiqués par M. Gauthiot, M. S. L., XVI. 270 et suiv. Des étymologies faites au moyen d'un système sur les alternances indoeuropéennes ne sauraient emporter la conviction il faut avant tout des faits positifs, des données historiques. A. MEILLET.

P. GLAUE U. K. HELM. D<M gotische ~eïMMcAc Bibelfragment der 6'MK)cr.?:o~c/; zu Giessen. Giessen (chez Topelmann), 1910, in-8, 38 p. (extrait de la Zeitschrift /t<r die neutestamentliche ~<??Mc~a/~f). Le petit morceau d'évangéliaire gotique édité avec soin par M. Helm est curieux parce que, venu d'Égypte, il autorise à espérer d'autres trouvailles et parce qu'il fait partie d'un évangéliaire bilingue, latin et gotique. Mais, au point de vue linguistique, les fragments qu'il apporte quelques lettres sur des fins de lignes sont si petits qu'ils n'ajoutent malheureusement rien à ce que l'on savait sur le gotique.

À. MEILLET.


W. STREITBERG. Die gotische Bibel. Zweiter Teil gotischgriechisch-deutsches Wôrterbuch. Heidelberg, C. Winter. 1910, xvt -)- 180 p. (Germanische Bibliothek, 111, 2). Le dictionnaire gotique de M. Streitberg forme la seconde partie de la Gotische Bibel, dont le premier volume contenant les textes a paru en 1908 (v. B. S. L., t. XVI, p. cxxxjv). Il contient deux suppléments à ce premier tome un errata et une édition extrêmement soignée du fragment gotique de Giessen (v. ci-dessus).

Pour ce qui est du dictionnaire de M. S., il est de tout premier ordre: et l'on peut dire vraiment que l'étudiant qui aborde t'élude du gotique est des plus favorisés, maintenant qu'il dispose du Gotisches .E7cM~n<<M'AMcA et des deux parties, texte et lexique, de la Gotische Bibel de M. S. Les mots gotiques sont accompagnés de traductions f'n allemand mais sont, en réalité, expliqués par leurs équivalents grecs, ainsi qu'il est correct; c'est, en effet, du grec que le gotique traduit de façon plus ou moins précise, c'est à des modèles grecs que sont adaptées les formations gotiques. Une comparaison constante avec l'original peut seule permettre de définir les caractères propres de la traduction. Bien entendu, cette façon de procéder n'est possible que si l'on possède le texte grec à côté du texte gotique et suppose un travail philologique préparatoire considérable, qui se trouve condensé dans la première partie de la Gotische Bibel.

Il reste, dès tors. que si l'on n'hésite pas à féliciter vivement l'étudiant de posséder un instrument de travail qui repose sur une connaissance aussi approfondie du gotique, qui se présente sous une forme aussi claire malgré le grand nombre des renseignements que l'on y trouve sur la grammaire et le lexique, on ne peut s'empêcher de songer au Dictionnaire Gotique que-M. S., et lui seul, possède chez lui, dont les linguistes ont besoin, qui sera définitif pour longtemps, et qui nous est promis, R. GAUTHiOT.


N. VAN W[JCE. Franck's ~y/MO/O~McA H~OO~~M~oe/: </C7' Nederlandsche y~C!~ tweede Druk, 'S-Gravenhage (La Haye), M. Nijhoff, 1910-1911, fasc. 1 à S, p. 1 à 320, in-8. fi. 1,20 la livraison.

Le Dictionnaire étymologique de la langue néerlandaise de Franck datait de 1892 et il appelait une revision sérieuse. Bien des choses avaient changé depuis, tant au point de vue des faits qu'au point de vue de la conception même de l'étymologie. M. N. v. W. s'en est pleinement rendu compte et il a fait de l'ouvrage à rééditer un livre nouveau, où sa part d'auteur responsable est considérable, car il a refait ou modifié presque tous les articles. C'est d'ailleurs là un travail qu'il a mené avec le plus grand soin, une grande érudition et, il fautle dire desuite, avec grand succès. Le dictionnaire de Franck, tel qu'il sort de ses mains, est vraiment un livre qui mérite d'être accueilli avec la plus grande faveur par les Hollandais et de faire rendre sa place au néerlandais, trop souvent négligé par les étrangfrs. Ce n'est pas un livre du genre de celui de M. Walde pour le latin ou de M. Berneker pour les langues slaves, c'est-à-dire un ouvrage qui s'adresse d'abord aux spécialistes et qui vise à donner des références bibliographiques complètes. C'est bien plutôt un manuel étymotogique de même espèce que le Deutsclees p~y?Mo/ogisches H~o/<c~ de M. Kluge, un livre clair et accessible pourvu d'un minimum d'appareil savant, un guide sûr et maniable. Il n'y a pas lieu de lui demander une littérature qu'il ne cherche pas à donner.

En revanche M. v. W. s'est attaché à tirer parti des données germaniques de la façon la plus satisfaisante il a eu soin de mettre à contribution ce que l'on sait des dialectes de la Hollande, franciques, saxons et frisons. Il l'a fait avec succès et il faut l'en louer les articles de son dictionnaire ne pouvaient qu'y gagner en intérêt et en portée. On peut s'en convaincre en consultant par exemple des articles comme a.s! « vinaigre », 6c!<A' « hêtre », bij


(f abeille », ~(~<?~ « égaré, auoté » dont l'étymologie est difficile et pour laquelle M. v. W. accepte le rapprochement de i.-e. *bheya- (et non pas *bhei-), comme boter « beurre », brein « cerveau », enkel « cheville » et beaucoup d'autres.

Les origines ne souffrent d'ailleurs pas de l'importance accordée à juste titre aux dialectes modernes et aux patois. M. v. W. remonte toujours de la façon la plus méthodique du germanique occidental au germanique commun, de celui-ci à t'indo-européen ainsi de klei « argile, glaise », clei au moyen âge il remonte d'abord au germanique *klaija- par la comparaison du bas allemand, du frison et du vieil anglais puis il restitue l'indo-européen *g,lei-: *o! au moyen de germ. *<K/a-, gr. vXo'.o:, russe y/< qu'i) y aurait eu avantage à remplacer par le slave puisqu'à côté du russe glej, on a hiej en petit-russe, glej en po tonals. Ce n'est pas tout: très justement M. v. W. a jugé qu'autour de la forme simple de la racine, il convient de grouper ses élargissements et ses dérivés primaires, si l'on veut remettre la base ancienne à sa vraie place et donner une idée exacte de son importance et de son rôle. C'est ainsi que dans notre exemple on retrouve à côté de *e! *y2/ *~j:K-, *y~M-, *(A)- d'une part et d'autre part les formations en-m- et en -M~ M. v. W. en s'attachant à disposer tous les articles de son dictionnaire sur ce même plan, a beaucoup aidé à le rendre clair. 11 va sans dire que M. v. W. a puisé ses renseignements sur les différentes langues indo-européennes aux meilleures sources. Sa terminologie est, pour la plus grande partie, celle de M. Hirt dont il suit, en gros, la théorie sur les bases il n'est d'ailleurs pas rigoureux et il écrit sous berk « bouleau M *y9~o-, mais sous dier « animal » *dhewâ-, "W/tK-, pour n'en donner qu'un exemple. Il faut noter d'autre part que M. v. ~Y. est, en général, prudent et qu'il cède peu au désir d'expliquer tout qui n'est que trop naturel chez l'auteurd'un dictionnaire étymologique. Peutêtre M. v. W. est-il cependant un peu indulgent pour certains rapprochements celui de ~May « nu » et de gr. (~Xc~ celui de « bain a du germanique M~a- avec la


racine *bhe- *&Ao- a briller. être éclatant de blancheur » dont la signification est par trop différente les formes de barsten « crever et consorts qui remontent à *ë/ne peuvent représenter le degré e dont st. A?~ (cité sous la forme petite russienne brost') serait le degré zéro M. Wackernagel a séparé (AT. Z,, 41, 305 s.) la famille de &eu~n « trembler a de celle de v. si. 60; skr. ~~dya/c. On peut ajouter à titre d'exemples que !e rapprochement de gapen « béer M et de gean est peu vraisemblable et que skr. u:a- ne l'explique guère que la réunion (sous gewaad vêtement a) de germ. *M~ :M~-etdetit. <!M<~Men *awedhe- est bien difficile, <ZM<~M remontant à *a~-</(/!)-. Mais il n'y a dans tout cela que d~'s défaillances minimes et c'est avec empressement que l'on signalera dans ce Bulletin les progrès et l'achèvement du dictionnaire que M. v. W. est en train de refaire.

R. GALTHtOT.

FR. KujGE.–Sec/MaM~M~r~c~c. Halle, Buchhandiung des Waisenhauses, 19H, xi-)-847p., in-4.

L" ministère prussien des affaires ecclésiastiques, d'enseignement et de médecine ayant conçu le projet et assuré l'exécution d'un dictionnaire des termes de marine allemands en a confié l'exécution à M. Fr. Kluge, il y a de cela une dizaine d'années. La Seemannssprache « manuel de l'histoire du vocabulaire nautique allemand ancien et moderne » est le produit vraiment monumental du travail assidu du germaniste de Fribourg-en-Brisgau. C'est un ouvrage presque uniquement lexicographique et où la philologie joue un grand rôle: la description en revanche aucun. M. Fr. Kluge qui s'est spécialisé dans l'étude des questions de vocabulaire allemand, dans la ~or//br.9<MMy et qui était tout désigné pour assumer la tâche posée par le ministère intéressé, n'en est pas moins un « terrien » de l'Allemagne du Sud, étranger à la H~a-


<ey~<m<<?, à la région maritime et à sa vie. Il n'a pu donner de définitions que de seconde main. D'ailleurs il a borné son étude au vocabulaire le plus archaïque relativement, à la terminologie de la navigation à voile. Bien entendu elle comprend un grand nombre de mots communs, de valeur générale mais il reste que le nombre des voitiers et leur importance tendant à diminuer, le nombre des termes qui ne se rapportent qu'à eux se réduit peu à peu, qu'ils vont perdant de leur précision et de leur pittoresque, et que, pour une part enfin, ils deviennent archaïques ou désuets.

Tout naturellement le dépouillement des textes s'est trouvé jouer un grand rôle les ouvrages techniques plus ou moins anciens, les périodiques spéciaux, les récits de voyages et d'aventures apparaissent comme les sources principales du lexique de M. Fr. Kluge. La vie maritime proprement dite. le développement actuel de la navigation à vapeur n'apparaissent qu'à l'arrière-plan, ou sont absents. En revanche l'histoire des mots techniques jusqu'au milieu du xix" siècle ressort avec clarté. Elle n'apprend à peu près rien au point de vue de la phonétique parce que les termes techniques qui appartiennent en propre à la langue des marins, et qui ne sont pas simplement des mots connus pris dans une acception spéciale, sont soit d'étymologie inconnue, soit empruntés, soit enfin, et c'est le cas le plus rare, réguliers en bas-allemand. Alors ils répondent souvent à des formations connues de la langue littéraire.

Mais il faut insister sur l'intérêt lexicologique du travail de M. Fr. Ktuge. Il est intéressant d'y rechercher et d'y reconnaître d'abord un fonds de mots de la mer du Nord, de termes communs au bas-francique (hollandais), au bas-allemand, au frison et au saxon d'Angleterre de discerner ensuite les apports scandinaves et venus de la Baltique de noter enfin l'importance des influences exercées par la navigation méditerranéenne, et la navigation hollandaise, celle de l'anglaise n'intervenant qu'à date relativement récente. Il est curieux aussi d'observer comment les mots étrangers s'assimilent et com-


meut les termes bas-allemands sont transposés en hautallemand. A ce propos on notera que nombre de termes maritimes allemands existent à la fois sous la forme dialectale et sous la forme commune, ce qui n'a pas été sans faire quelques ditEcultés à M. Fr. Kluge pour la mise en ordre alphabétique de son lexique.

Ajoutons pour finir que le dictionnaire de la ~ef/M~M/M.sprache de M. Fr. Kluge est le premier en son genre et que l'on doit souhaiter qu'it provoque, si possible, l'apparition de lexiques spéciaux du même genre dans les autres pays maritimes. Sans doute servira-t-il aussi de point de départ à des études de vocabulaire plus spéciales. En tout cas il est le complément indispensable du grand dictionnaire allemand commencé par les frères Grimm, où la langue des marins n'est presque pas représentée à cause de sa forme basse allemande.

R. GAUTHIOT.

E. EcKHARDT. Die D!<f~-«M</ ~tM~Me~r'/y~PK des a/~H~e/~M. Teil. I. Die DM~y/y~cM. Louvain 1910, in-8, xv-163 p. (A/a~n zur Kunde des a/~M<c/~M /a7Ka~, édités par W. Bang, vol. XXVII). En Angleterre au xvi xvu~siècte, comme partout en Europe à pareille date, ou manque de textes et même de données quelconques pour faire l'histoire des dialectes. M. Eckhardt s'est proposé de tirer parti des parties diatectcdes que renferment les drames. La source est évidemment assez trouble, Mais c'est a peu près la seule dont on dispose. M Eckhardt ) utilise avec les précautions qui conviennent.

A. MEILLET.


G.WALTEX.– Der ~O~SC~C~ ~eAMC~PK (J~MMC/~MCy ~C~yaye zur romanischen MM<~ englischen P~0logie, ilett LIII). Leipzig, A. Deichert, xn-j-82 p., in-8. M. Walter s'est proposé de déterminer quelle est la situation du frison par rapport aux autres dialectes germaniques et particulièrement au vieil anglais au moyen du vocabulaire. C'est là une tentative singulièrement risquée. M. W. indique lui-même quelques-unes des raisons pour lesquelles le témoignage de la Wortgeographie peut être récusé en matière de dialectologie historique il insiste sur le caractère fragmentaire et fortuit de notre connaissance du vocabulaire des langues anciennes, sur la ditncutté qu'il y a à écarter les emprunts. Mais il ne soutignc pas l'argument essentiel, à savoir que les résultats très intéressants de la H~or/o~'<xp~e diffèrent en général par nature de ceux de la grammaire comparée. Les prem<e)'s portent avant tout sur des faits de civilisation, les seconds sur des faits de structure du langage les raisons de phonétique et de morphologie dont font état les partisans de l'unité anglo-frisonne, ne sont nullement ébranlées par les concordances de vocabulaire relevées par M. W. Il n'importe pas pour eux qu'elles soient probantes ou non, ils peuvent même les approuver sans changer d'avis elles ne concernent pas ce qu'ils croient pouvoir établir, à savoir l'origine du frison, mais seulement sa position à un moment donné, d'ailleurs tardif. Dans la disposition de son travail, il est un autre fait capital dont M. W. n'a pas tenu compte à côté de l'emprunt franc, il existe des calques et des adaptations de mots étrangers, des modifications de termes originaux au moins aussi nombreux, sinon davantage. Entre dialectes voisins comme l'ont été le vieux frison et le vieux bas-allemand, cette forme d'altération du vocabulaire par influence étrangère est particulièrement féconde. On en trouvera sans peine des exemples nombreux dans la dissertation de M. W. aux pages 33 à 59.


Ce que le livre de M. W. illustre le mieux c'est l'influence profonde que le bas allemand soit par lui-même, soit comme intermédiaire a exercée sur le frison. R. GAUTHIOT.

B. HESSELMANN.–De A'O/a t'oA~M iochy i ~'eM~~M .L'psal, Akademiska Bokhandeln, 1909-1910, xx-f-250 p. in-8.

On sait avec quel zèle et quelle méthode les études dialectales sont poursuivies en Suède. Les documents concernant les parlers vivants et recueillis sur place sont réunis et classés systématiquement dans des archives spéciales qui constituent ainsi un instrument d'études dialectales comme il en est peu. M. II. a mis à profit cet instrument il a étudié la représentation de i'z et de l'y brefs suédois communs dans le suédois proprement dit, c'est-àdire dans la langue littéraire et les patois du Svealand, au moyen des coltections de notes et de documents amassées à !'L'niversité d'Upsala et auxquelles M. H. a d'ailleurs contribué.

Aussi son livre est-il extrêmement touffu. H met en circulation et rend accessible à tous une quantité considérable de matériaux classés de façon méthodique. Et de quelque façon que l'on interprète les faits concernant les modifications dont i et y sont atteints en suédois, il faudra toujours avoir recours au livre de M. M. Celui-ci a d'ailleurs enrichi sa documentation de nombreux témoignages historiques qu'il a réunis en dépouillant soigneusement les auteurs suédois du xvu" siècfe.

Il faut regretter que M. H. n'ait pas visé à grouper les résultats principaux de son travail, résultats qui n'intéressent pas seulement le sort d'x et d'y, dans une conclusion systématique. La forme de son livre si utile, bien qu'assez mal construit, y eût gagné.

R. GAUTmOT.


Festschrift zum 14. Neuphilologentage in Zürich 1910. Zürich (chez Rascber et C'"), 1910, in-8 (v-)-396 p. Un groupe de linguistes suisses qui s'occupent de langues et de littératures modernes a composé ce recueil destiné à donner une idée de l'activité scientifique qui se manifeste en Suisse dans l'étude de la linguistique des idiomes vivants. Il est inutile d'indiquer à quel point, par sa situation propre et par la complexité même de son état linguistique, la Suisse se prête à des recherches curieuses et suggestives. M. J. Jud, qui a signé l'Avant-propos, sans prendre part à la rédaction, parle avec raison du « regen wissenschaftlichen Geiste » que l'on observe à cet égard chez ses compatriotes.

Les articles suivants, qui occupent toute la fin du volume à partir de la p. 1S8, intéressent la linguistique. E. Tappolet. Die e- Prothese in a~K/yaM~d~McAeK~MM~~CM. p. 158-183. M. Tappolet distingue trois séries d'après les origines l'Influence d'un verbe possédant é- p~Mcc, d'après fp!'Kce?' environ 30 cas 2" Agglutination de l'article dans les mots à valeur plurielle éciseau est tiré de les ciseaux, mal analysé environ 40 cas. 3" Contamination ë/PesM, sous l'influence de écossoir; écrevisse par contamination de germ. krebiz avec lat. scara~a<'M~ etc. environ 8 cas. Le second type de faits, qui est curieux, appellerait une étude plus approfondie qui ne pourrait être faite qu'en examinant de près un parler ou un groupe de parlers.

A. Baumgartner. Die deutsche Sprache in Amerika, p. 203-222. Une langue qui, comme l'allemand des émigrés aux États-Unis, n'est employée qu'à la maison et qui se trouve en face d'une grande langue de civilisation ayant tout le prestige et servant seule à toutes les relations extérieures, dégénère promptement. M. B. montre comment l'allemand des États-Unis est tout pénétré d'anglais il signale des phrases comme ~cA gleicht der On~e~ nit « Uncle does not like milk » qui sont bien caractéristi-


ques. L'abondance des emprunts est inévitable en pareil cas. Ce qui est surtout curieux, c'est comment les verbes de sens vague si commodes qui servent à toutes sortes d'usages en anglais et deviennent de vrais auxiliaires ont été substitués aux verbes allemands variés par lesquels on devrait les traduire par exemple stand est emprunté avec toutes ses valeurs, et l'on dit Das ~-on~ ich nicht ~M</CM d'après 1 could ?<o~ stand Il y a là un type d'emprunt singulier, et qui montre que, dans des circonstances favorables, tout peut s'emprunter.

A. Rossât. Rondes enfantines, berceuses, jeux et e~o~ en patois jurassien, p. 223-2S3.

Ch. Luchsinger. Die ~4e~~y/a~:7ze in den romanischen .4/pcM6~M!cA'~M der Schweiz, p. 254-293. Étude curieuse des dénominations techniques de tous les individus qui participent à l'alpage bergers, fromagiers, etc. B. Fenigstein. Zum Superlativ inz /?'<ZMso.;MC~~M~ p. 294-302.

B. Fehr. ZM~ Agglutination in der c?!y/Mc~pM Sprache, p. 303-334. Étude critique des phénomènes bien connus du type an awl coupé a nawl, d'où /!<7n' mine uncle coupé N!y nzincle, d'où ?<?/Mc/c (on sait que le fait est courant avec les noms de parenté cf. le type inverse fr. ma mie), Saint Andrew coupé Sain Tandrew, d'où Tandrew, Tander. M. Fehr indique judicieusement quelles circonstances particulières rendent possibles ou provoquent les agglutinations de ce genre.

L Gauchat. ~yy~MOK linguistique, p. 335-360. La consonne s'est amuie dès avant le xix" siècle dans le parler du val de Bagnes (Valais) l'auteur d'une description du Va)ais indique en 1820 que les Bagnards disent o ~!<~c~ pour « le mulet ». Mais, au fur et à mesure que l'influence de la vallée du Rhône d'où vient toute civilisation s'est fait sentir, on a tendu à restituer dans les mots où la forme de la vallée était identifiée avec la forme locale on dit donc maintenant /ce" « loup », et œ ne subsiste que dans des noms de lieux, comme plâ e~M a?" « plan du loup », etc. comme injure, on dit làtso « lâche », et àtso ne subsiste qu'au sens de « rendu de fatigue et de faim »


une vieille femme de 82 ans d'un village très élevé (1 100 mètres) a fourni âpya d'ailleurs on n'entend que làpya « lampe )) .Maisa~~c~ï « lézard )) asubsisté. Cette restitution de/estcequeM Gauchatappelle une régression phonétique, et il montre quelle est l'importance des faits de ce genre dans l'évolution linguistique. Avec raison assurément. Mais on voit mal en quoi cette observation intéressante est de nature à rien enseigner sur l'évolution phonétique dite « spontanée ?. L'amuissement de l été un phénomène nouveau sur le développement duquel on ne sait rien, et qu'on constate simplement. La restauration de 1 est un phénomène d'emprunt; jamais aucun « néogrammairien » n'a contesté l'importance de l'emprunt. Ce qui est nouveau et ce que montrent les recherches sur les parlers gallo-romans, c'est que l'emprunt a, dans certaines langues au moins, une importance décisive et plus grande quP tout ce que l'on soupçonnait. Mais ce serait un recul très grave et un obscurcissement de toutes les idées si l'on venait à emmêler, comme le fait très malheureusement M. Gauchat, les innovations dites « spontanées a avec les phénomènes d'emprunt.

G. Pult. L'e~~C??: und ~Mr</<°7H'K ~OMMHMC/Z ~MMt/<?M, p. 361-396.

A. MEtLLET.

E. BERNEKER. S/SDMcAe.9 Etymologisches H~ô'C/C~ Heidelberg, C. Winter, fasc. 4-S, p. 241 à 400, in-8. Les trois premiers fascicules du dictionnaire étymologique slave de M. Berneker ont été examinés en détail dans ce Bulletin (t. XVI, p. civiij et suiv.); on y a signalé l'importance et les rares mérites du nouvel ouvrage de M. B., et aussi ses petits défauts.

Aujourd'hui nous avons sous les yeux les fascicules 4 et 5 (te fascicule 6 doit être en vente actuellement). Nous tenons à signaler ici leur apparition et à tenir nos lecteurs au courant des progrès d'une entreprise


aussi importante. Il va de soi que ses caractères généraux et sa disposition d'ensemble n'ont pas changé et l'on attendra pour examiner dans le détait les nouveaux cahiers que le dictionnaire soit plus avancé. On notera, en passant, que M. B. consacre dix pages à l'initiale/, sous laquelle ne figurent, d'après lui-même, que trois mots slaves, trois onomatopées. Le fait est caractéristique de la conception que M. B. s'est faite de sa tàche et qui a été signalée ici même.

Il faut-souhaiter que le passage de M. B. de l'Université de Breslau à celle de Munich et les occupations qui l'attendent dans son nouveau séjour n'entravent pas les progrès du Dictionnaire étymologique slave.

R. GAUTHIOT.

0. BaocH. Slavische Mo/tc~ Heidelberg, C. Winter, t9H, x-f-347 p. prix 6 Mark.

La série dite.S<ï/M/M/My~ slavischer Lehr- und ~aM~MC/~y dont la maison Winter a entrepris la publication s'est ouverte, on le sait, par un ouvrage de premier ordre, la Gya~?~<f?' a/~M/ya~Mc~c~ac/'t? de M. Leskien eite se continue de façon non moins heureuse par l'édition allemande du Oee/S!o/ù!u/<x?M~o~~c< (Esquisse de la physiologie de la prononciation slave) qui forme la livraison V, 2 de la ~7;e/<a! ~/«u/aM.~o/ /o/o< (Encyclopédie de la philolopi'' stave) publiée sous la direction de M. Jagié par t'Academie des Sciences de Saint-Pétersbourg. L'auteur du Ocerk en russe, de la ~/MfMC/~eP/<o~c~'A'en allemand est bien connu de tous les slavisants. Ses études et publications antérieures, toutes intéressantes et parfois de première importance, ont porté sur des dialectes slaves très divers, depuis le serbe jusqu'au grand russe en passant par le slovaque et le petit russe. Elles se distinguent par une grande finesse d'observation et une précision rare. Leur auteur est manifestement l'un des spécialistes qui


ont observé de façon personnelle et directe le plus grand nombre de langues slaves modernes et qui les ont le mieux entendues. Il était désigné en première ligne pour rédiger une phonétique slave et le choix de M. Jagié a été couronné de succès.

On retrouve dans le livre de M. B~ce goût prononcé pour l'observation phonétique et cette remarquable habileté à discerner à la simple audition les finesses de la parole qui distinguent les précédents travaux du même auteur et la plupart de ceux de ses collègues scandinaves. Par sa curiosité toujours en éveil, par son entraînement systématique et par ses dons naturels, M. B. se rattache à la lignée des Storm et des Jespersen. C'est dire qu'il est aussi un phonéticien général très averti, et le premier chapitre de son livre qui renferme les généralités indispensables est rédigé avec une sûreté et une clarté remarquables. Il contient un certain nombre de définitions qui sont à. peu près les meilleures que l'on puisse donner actuellement et forme un petit résumé des données d'ensemble dont la lecture est à recommamier à tous. Sa qualité principale est peut-être bien qu'il ne dissimule rien de l'incertitude relative des délimitations et qu'il rend dans la mesure du possible l'aspect vivant des choses. Il est systématique mais non pas schématique ni livresque. C'est d'ailleurs ce que la phonétique de M. B. n'est nulle part; ce qui vient d'être dit du premier chapitre, s'applique à tous les autres.Tous sont comme soutenus et éclairés par un souci permanent de l'ensemble tous sont traités de cette façon large propre aux auteurs qui rattachent le moindre détail à une idée générale.

L'ordonnance du livre est la suivante des consonnes en slave des consonnes dans chaque langue slave en particulier; des voyelles slaves; des voyelles dans chaque langue slave en particulier de la combinaison des phonèmes. C'est là une disposition claire et, dont les avantages sont évidents au point de vue de l'enseignement. Son inconvénient principal est de briser l'unité d'exposé du système phonétique des langues étudiées cela se marque de façon particulièrement nette à propos de la pa-


latalisation et des consonnes molles et mouillées. Ces dernières sont naturellement liées de la façon la plus intime à la première la description des phonèmes isolés et celle du fait général chevauchent sans cesse. M. B., qui n'est pas s'en s'être rendu compte de la chose y a paré habilement au moyen d'une grande précision de langage et de renvois nombreux.

Il ne saurait être question ici d'aborder l'examen détaillé du livre de M. B. il est trop riche en observations à signaler, trop plein de suggestions de tout genre. On se bornera à mettre en relief quelques points, à titre d'exemples, afin de donner une image de ce que le lecteur trouvera dans la Slavische Phonelik. On approuvera d'abord le conservatisme que M. B. a observé dans ses transcriptions comme il le dit (p. 5), c'est là un point sur lequel il ne faut innover qu'en cas de nécessité établie et quand il y a des chances sérieuses qu'il s'établisse un accord un peu général. Aux paragraphes 18-20 on trouvera une bonne définition des séries molles et mouillées dont la distinction est si importante au point de vue de l'histoire du phonétisme slave. On y remarquera le rôle que M. B. assigne au timbre de la consonne à côté de celui du bruit propre (v. aussi § i74 et suiv.). Il y a là une distinction ingénieuse et dont l'Importance n'est pas niable. La mollesse des labiales tient d'abord à leur timbre, comme le montre bien M. B. (§S5 et ailleurs) c'est la prédominance du timbre qui permet l'incertitude relative de l'articulation de l'i dur en grand russe (§§ 29-31). Ce qui est dit (§ 34) du est précis et explique l'instabilité de ce phonème dans toutes les langues où il est apparu. Il est intéressant de voir (§ 83) comment l'histoire de l'h tchèque et son origine (il remonte, comme on sait, à *y) expliquent son assourdissement à l'intervocalique le *g s'est altéré par suite de l'ouverture des organes et il aboutit à sourd, qui est le dernier terme de cette évolution là où les organes tendent le plus à s'ouvrir, c'est-à-dire entre voyelles.

On remarquera d'autre part ce que M. B. dit des positions d'indifférence (p. 110 et surtout § 151 et suiv.) où


l'auteur insiste clairement sur le fait que les phonèmes d'une langue forment un système. C'est d'ailleurs un point qu'il ne perd jamais de vue, ce dont il faut le louer sans réserve les phonéticiens ne tendent que trop facilement à perdre de vue qu'ils n'étudient les sons qu'en fonction du langage, qu'en tant que moyens d'expression groupés et alternants. M. B. distingue partout avec rigueur la règle de l'accident (v. p. ex. § S4).

Bien des points aussi sont dignes d'attention dans les chapitres consacrés à la combinaison, c'est-à-dire en quelque sorte à la synthèse des phonèmes exposés jusqu'alors de façon analytique. Tout ce qui concerne la P/7/a/a/M?<'rMMy est d'une grande finesse; pour toucher un détail en passant, il me paraît que le timbre des consonnes molles du russe est particulièrement sensible dans les finales en -OM de mots du type de ~'M&dut à la fin de l'o, au moment où va s'articuler le v. On notera ce qui est dit de la quantité des consonnes et des voyelles (§ 218 et suiv.) et on remarquera la finesse d'analyse dont M. B. fait preuve dans les paragraphes relatifs à l'accent et à l'intonation. À propos de ceux-ci quelques remarques en passant: la comparaison du cas de serbe s6 avec th~yo peut se légitimer, à ce qu'il semble, si l'on ne perd pas de vue qu'il s'agit en fait d'établir que le sujet parlant a conscience que Ad comporte un élément final-o, de valeur spéciale et défini par son alternance avec c'est un de ces cas où le système de la langue fait sentir son action sur le phonétisme. H n'importe pas que !<~o devienne ordinairement M~'o. En revanche les remarques pages 288-9, sur la valeur du témoignage des appareils enregistreurs et des auditeurs exercés sont fort justes dans l'ensemble et il est vraisemblable que le double sommet des monosyllabes est en voie de disparition il y a la tout un contrôle à faire. Des observations notées à la page 297, celle de M. Vondrak semble indiquer que ce savant ne s'est pas rendu compte par la pratique du rendement des inscriptions de la parole et de tenrs tracés vers 1900.

Un voit que le manuel de M. B. est d'importance capitale non seulement pour les slavisants, mais pour les pho-


néticiens en général. H abonde en renseignements précieux et la méthode y est impeccable. Grâce à lui, il sera plus aisé de dresser un jour le tableau d'ensemble des modifications caractéristiques de la phonétique slave, en face de l'indo-européenne.

H. GAt'TmOT.

J. Los K. NITSCH et J. ROZWADOWSKJ. –7?OCSK~' slawis/ycsMy (/?~MC6'/a~<), III. Cracovie (chez G. Gebethner), in-8, vm-398 p.

Outre la bibliographie détaillée et les comptes rendus critiques, qui cette fois sont au nombre de treize (par MM. XItsch, Mtadenov. Los', Meillet, Asbôth, ~cepkin, Sokolov [en russe], Vasmer, Hetic' et Kors), le recueil comprend cette fois deux mémoires originaux, l'un de M. Baudouin de Courtenay, sur les lois phonétiques, en polonais (avec résumé détaillé en français), l'autre de M. Belic', en allemand, sur t'état actuel des études de dialectologie serbe. Sauf cette innovation, ]e recueil a gardé sa physionomie coutumière, que les directeurs ont maintenue avec raison malgré des critiques malveillantes, multiples, mais qui émanent toutes d'une même personne. On remerciera les directeurs de ce précieux recueil de leur dévouement, on appréciera leur ponctualité, et l'on souhaitera que la publication se maintienne au niveau élevé où ils ont su la mettre.

A. MEILLET.

W. VûNDRAK. A'<C~<<ZU!c/~ Chrestomathie. Cfittingen, Vandenhoeck u. Ruprecht, i9t0, [v-t-232 p., 7 marks.

M. V. s'est proposé de réunir en un volume commode et qui fut à la portée de tous ceux qui s'intéressent à étude du


vieux slave et de son histoire des spécimens de textes suffisants et caractéristiques. Les progrès de la paléographie et de la philologie slaves lui ont semblé permettre son entreprise et il faut reconnaître qu'il a trouvé dans l'imprimerie de la Politika à Prague l'instrument nécessaire au point de vue de l'exécution matérielle.

La partie la moins neuve du livre de M. V. est la première, celle où sont groupés les documents vieux slaves. On trouve, en effet, dans des manuels tels que celui de M. Leskien des spécimens à peu près suffisants des textes les plus archaïques, de ceux où l'on retrouve sinon le dialecte bulgare des premiers traducteurs de l'Évangile, du moins ses formes les moins altérées. On y trouve même de la glagolica. M. V. a augmenté les exemples de vieux textes notés dans cette écriture difficile et dont il a amélioré quelques caractères mais il ne s'en est pas moins conformé, en général, à l'usage éminemment pratique qui consiste à transcrire la glagolica ses extraits les plus abondants des manuscrits glagolitiques sont en écriture cyrillique.

Ce qui est proprement neuf et vraiment commode est la réunion dans la seconde partie du livre de spécimens sériés des formes altérées du vieux slave, des langues écrites ecclésiastiques bulgares, serbes et russes. Il est bon que l'étudiant puisse se rendre compte de la pénétration progressive de la langue religieuse par les formes parlées etdialectales, de l'altération des graphies, du changement de valeur des signes. On trouvera dans cette partie des spécimens de glagolica carrée.

En règle générale les extraits de M. Y. sont puisés dans des éditions déjà parues des documents intéressés. Ces éditions sont le plus souvent excellentes, ou bien accompagnées de fac-similés et l'on comprend que M. V. se soit adressé à elles et non aux originaux. Mais on regrettera que sa reproduction n'ait pas été plus mécanique, plus diplomatique. Il y aurait eu avantage dans un livre comme le sien qui vise un intérêt documentaire à respecter par exemple la division des textes en lignes et l'état de leur ponctuation. La façon dont les mots sont coupés


n'est pas sans intérêt et il n'est pas bon que les extraits du Marianus par exemple aient reçu une ponctuation à la moderne.

Le lexique qui termine le volume comprend tous les mots du texte des Évangiles mais il est très sommaire et donne simplement le sens des mots de façon générale et approchée en allemand.

R. GAUTHtOT.

ËNDZEUN. Slavjano-baltijskie etjudy. Khar'kov, 1911, in-8, vm-208 p.

Le slave et le baltique présentent un grand nombre de traits communs. On s'explique d'ordinaire ces ressemblances par une période de communauté balto-slave, postérieure à la séparation d'avec l'indo-européen, comparable à la période indo-iranienne. J'ai contesté l'existence de cette période et supposé que les ressemblances entre le slave et le baltique. dans la mesure où elles ne sont pas dues à des emprunts, tiennent d'abord à ce que les deux groupes sont issus d'un seul et même dialecte indo-européen et ensuite à ce que le développement a eu lieu depuis dans les mêmes conditions. La question est délicate parce que l'on ne saurait déterminer avec rigueur quels critères permettent de se déterminer en un sens ou dans l'autre. Tout ce que l'on peut dire, c'est que seules prouvent une période de vie commune les concordances de type singulier qui ne résultent pas du développement naturel d'un même type linguistique ce ne sont pas les plus grands faits de la langue qui prouvent, ce sont bien plutôt certaines particularités de détail qui n'ont pu vraisemblablement se développer qu'une seule fois. M. Endzelin, qui traite le sujet avec sa connaissance profonde du baltique et avec sa science de comparatiste rigoureusement formé, largement instruit, ne marque peut-ètre pas assez ce principe. La conclusion à laquelle il aboutit ne diffère du reste de la mienne que par une nuance. Il admet que, après la


séparation de l'indo-iranien, le slave et le baltique ont continué de vivre côte à côte, les populations qui parlaient les deux langues se comprenant l'une l'autre et s'influençant par suite l'une l'autre; mais il ne croit pas à une langue commune balto-slave. Cette conclusion n'a rien que de raisonnable et de modéré j'y souscris, quitte à discuter le détail d'une partie des preuves. Et je n'ai au fond rien soutenu de bien différent. Je me propose de revenir ailleurs sur le détail du livre où sonJLabordés et discutés avec compétence les principaux problèmes de la grammaire comparée du baltique et du slave. Je me bornerai ici à une observation.

P. 82, au cours de la discussion du traitement de *eu en baltique et en slave, M. E. est arrêté par les formes balt. <a~<a et laukas, en regard de got. ~tKc~a et de gr. Xeuxoç il ne retrouve pas ici le traitement MM attendu. Mais alors, au lieu d'invoquer l'alternance normale de e et de o. qui expliquerait tout et qui est peu surprenante dans des mots de cette forme (le grec a même un motX:SMc-<), il rappelle le cas unique et énigmatique de v. isl. ~'d~ f'n regard de gr. ~upoç, dont il rapproche, on ne sait pourquoi, balt. ua!?M v. si. vina dans ce dernier cas, rien n'empêche encore de voir l'alternance normale o e. Le vocalisme indo-européen est chose en somme assez claire, et il est surprenant qu'on ne se tienne pas aux principes simples, formulés depuis longtemps. Quant à la façon dont .\t. E. conçoit le passage de i.-e. *eu à si. ju, balt. iau, elle n'est peut-être pas la plus simple possible. En slave d'une manière nette, en baltique d'une manière plus incertaine. il apparaît que dans la période préhistorique, les consonnes étaient yodisées devant les voyelles prépalatates donc *~e!<- se prononçait *~CM~- puis l'e de eu s'est assimité à t'M suivant, d'où balt. au, si. ou ~> M mais la yodisation est restée, d'où balt. *t'au-, si. *<<- c'est le reste <)e cette yodisation qui est noté en baltique par i dans les cas t<'ts que /:<w/M~ en slave par j dans les cas tels que 6/;<~p. L'explication est très simple et ne comporte presque aucune part d'hypothèse. Si les choses se sont passées ainsi, on voit que tout ce que le slave et le baltique ont


de commun ici, c'est le grand fait de la tendance à yodiser les consonnes devant les voyelles prépalatales, c'est-à-dire une tendance qui s'explique par des faits de phonétique générale et qui ne suppose aucune période de vie commune.

A. MEtLLET.

S. MLADE!<ov. Staritê yer~anM~: e/eyM~M/! v ~/<zu/<z/c ezici. Sofia, 1910, in-8, iSS-u p. (extrait du 5'<oy/< za narodni umotvorija, XXV).

L'ouvrage de M. Mladenov se compose essentiellement d'un dictionnaire des emprunts réels ou supposés du slave commun au germanique. Les mots sont étudiés successivement l'auteur signale les opinions émises, donne une bibliographie détaillée, critique brièvement les principales hypothèses et indique son opinion. L'historique de la question est fait en quelques pages au début, et quelques pages à la fin résument les conclusions de M. M. Un est en présence d'une étude attentive l'information est complète l'auteur est bon linguiste, et le recueil rendra d'utiles services.

Mais M. M. a un peu trop le parti arrêté de réduire le nombre des emprunts en germanique. Il lui suffiten somme qu'un mot ne s'explique pas en germanique pour que l'emprunt lui apparaisse douteux ou peu probable. Et ainsi il s'est privé de voir le fait fondamental que les anciennes influences de civilisation subies par les Staves viennent du monde germano-)atin; de lit sont venus les perfectionnements de l'art militaire et de l'armement, de la culture et du jardinage de là est venu d'abord le christianisme. Les influences grecques, à la différence de ces premières influences germano-latines, n'ont pas atteint le monde slave en son entier celles sont postérieures et partielles. M. M. met assez bizarrement une sorte de point d'honneur à nier ces influences occidentales dont la plupart sont évidentes.


Sans doute on ne connaît pas l'étymologie dernière du nom de l'âne mais on sait que l'àne n'était pas connu des Indo-Européens, et les populations indo-européennes ne l'ont connu qu'après être entrées en contact avec les Sémites ou avec les populations de la Méditerranée si. osïlû est un emprunt germano-latin, tout comme got. asilus est un emprunt latin; il n'y a pas là matière à contestation. Le flottement entre meéi (que M. M. ne cite pas et qui pourtant est la forme du vieux slave) et M?!C~ (dans les sources serbes) suffit à indiquer que ce mot est un emprunt, et que par suite l'origine en est en germanique il est possible que les Germains avaient eux-mêmes emprunté ce mot à on ne sait qui mais ceci n'empêche pas de croire que les hommes qui ont emprunté Ae~M (d'où v. si..t'MM) ont dû aussi emprunter ?/MCt, mnH. Ce n'est qu'en groupant par sens et par types de formes les emprunts au germano-latin que l'on pourra déterminer au juste la part à faire aux influences occidentales dans le vocabulaire slave. -Il va de soi que l'influence germanolatine n'a pas eu besoin de s'exercer sur tous les Slaves: les mots une fois slavisés ont passé d'un parler à l'autre. Et il est probable que les parlers étaient déjà différenciés quand certains emprunts (et sans doute la plupart des emprunts) ont eu lieu: le mot ~'a~'Ï par exemple n'a pu être emprunté qu'à l'époque de Charlemagne ou après et cela ne l'empêche pas d'avoir dans chaque dialecte sa forme correcte c'est que, en passant d'un parler à l'autre par emprunt, le mot a subi les transpositions nécessaires; les Slaves de cette époque avaient le sentiment des correspondances entre les divers dialectes qui étaient encore peu différenciés le phénomène est courant et rend impossible la datation linguistique des emprunts le plus souvent. Les emprunts de la langue chrétienne occidentale faits par les Slaves peuvent donc être très peu anciens, et en partie pas plus anciens que le vin" ou même le tx" siècle.

En revanche, M. M. est encore un peu trop porté à tenir mlèko pour un emprunt au germanique (p. 81 bligim est moyen irlandais, et non vieil irlandais) il n'a pu


malheureusement tenir compte des publications de M. Janko à ce sujet.

En somme le travail représente une réaction en partit' saine, en partie exagérée contre le grand rôle attribué aux emprunts germaniques dans la formation du vocabulaire slave.

A. MR)LLRT.

S. M. KtJL/BAKtN. D/'<'M<e-eC/6'U/<0-.S/aM.~(; JS~y~. 1 t~e~eM~. F6'M<'<<z. Khar'kov, 1911, in-8, VH)124 p.

M. Kul'bakin entreprend avec ce fascicule la publication de tout un manuel de grammaire comparée des langues slaves, qui serait en effet très utile. Ce premier cahier comprend d'abord, outre quelques indications générales sur le groupement des langues slaves, une définition du vieux slave la partie essentielle en est une phonétique du vieux slave combinée avec une théorie de la phonétique du slave commun. Il résulte de là un certain embarras dans le plan il semble que l'exposition aurait pu être plus nette si l'auteur avait séparé deux choses distinctes le passage de l'indo-européen au slave commun, d'une part, l'exposé de l'état de choses vieux slave avec le passage de l'état slave commun à l'état vieux slave, de f'autre. Toutefois le vieux slave est encore à tant d'égards si voisin du slave commun que le procédé n'a pas d'inconvénients décisifs.

Dans le détail, l'exposé de M. Kul'bakin est exact, clair, précis. L'information est large, la bibliographie abondante et au courant. La méthode est correcte. Le livre ne peut qu'être recommandé aux étudiants auxquels M. K. le destine. Ils y trouveront une bonne initiation aux problèmes de la linguistique slave. Le principal défaut du livre consiste en ceci qu'il se compose un peu trop de faits envisagés Isotément et que les ensembles ne sont pas assez mis en évidence.


M. K. ne cherche pas à proposer de vues nouvelles. La façon dont il choisit entre les doctrines émises est le plus souvent judicieuse. Toutefois, on est assez souvent tenté de voir les choses autrement que lui.

P. 74. On ne comprend pas comment il a pu se laisser séduire par la théorie de M. Mikkola sur l'origine du c des types o/M, M~'ïca~ etc., et pourquoi il hésite à admettre la doctrine évidente de M. Baudouin de Courtenay. Puisque, dans une période ancienne du slave commun li a passé à c devant c, il est à peu près évident <ïjM'M~ que A~ a passer à dj, et c'est ce que montrent en effet tous les exemples sûrs l'idée que naricati reposerait sur *Ma~/<~ ne repose sur rien, pas plus que l'original *attikyo- de o~M. La palatalisation de k en c date d'une seconde époque, comme on le voit nettement par les types u/!C! f/ïc&cM et e!~M~ dont le dernier n'est même pas slave commun le cas de o<îct doit donc être aussi de cette seconde période et ceci est si vrai que c se maintient dans le génitif-locatif pluriel ~c&CM, ce qui donne la preuve que le locatif pluriel o~c~M est analogique (M. K. est bien obligé de l'accorder p. 1S). Si l'on avait un doute sur cette histoire, l'examen des diverses formes de fHï le lèverait entièrement on ne peut douter que t)&! soit issu de *UM"« et réponde à lit. visas.

P. 82. Il est malaisé de voir ce qui a pu conduire M. K. à 'upposer que ~e</mM repose sur *se~~MM; le maintien du d s'explique par le fait que, étant appuyé sur le précédent, il était plus fort que le d du groupe *dm, dans~~M M nous savons ». Si le suffixe- était *-imo-, le *-bd- ne s'expliquerait pas et l'on ne voit pas pourquoi le de *M*c~M aurait disparu. L'hypothèse est en l'air. P. 91. M. K. repousse comme incroyable l'idée que les voyelles è, e, i, des premiers traducteurs, telles que les note l'alphabet glogolitique, soient fortement yodisées et pareilles aux voyelles prépalatales du russe moderne. Sans doute la yodisation a disparu de bonne heure dans le slave du Sud, et 1 alphabet cyrillique le montre bien. Mais elle a pu exister. Obtak en a retrouvé des traces en Macédoine. L:~ distitK'Uo)) d<' e et u représentant !'ctM en bulgare oc-


cidental (en regard de la confusion de et M dans tout le reste du slave méridional) suffit à montrer que les parlers slaves sur lesquels repose la langue des premiers traducteurs ont gardé la distinction des voyelles prépalatales et postpalatales. On ne s'expliquerait pas sans cette hypothèse la confusion graphique de é et y~ e et je, i et ji, e et /e en glagolitique, alors que le glagolitique distingue bien u et ju.

A. MEILLET.

V.-A. BoGORODICKtJ. O~e~A'M~yMM~'6~ y~Cy???Ma!(~ universitetskix c/pM~'), 3' édit., Kazan, 1911, in-8, vt494p.

La grammaire russe de M. Bogorodickij n'est pas une simple description des particularités grammaticales du russe. Élève de M. Baudouin de Courtenay, M. B. ne perd jamais de vue les questions générales et situe avec soin dans des ensembles étendus les détails qu'il expose. Son livre renferme donc et de la linguistique générale, et de la grammaire comparée du slave avec les autres langues indo-européennes, et de l'histoire et de la dialectologie de la langue russe. Ce caractère général est plus marqué dans la nouvelle édition que dans la précédente car tes deux chapitres sur la dialectologie et l'histoire du russe, qui avaient d'abord été édités à part, font maintenant corps avec le livre. El tout un chapitre nouveau, utile et très intéressant, sur les emprunts du russe à d'autres langues a été écrit pour cette 3" édition. Si M. B. ne décrit pas en détail toutes les formations, tous les petits procédés de la langue, il en éclaire la structure de tous les côtés. C'est une sorte de théorie générale de la langue russe qu'il donne sous le titre de grammaire.

Phonéticien avant tout, l'auteur insiste longuement sur la prononciation. Et c'est en notation phonétique accompagnée de l'orthographe usuette qu'il énonce les formes


grammaticales. Dans la syntaxe, il insiste avec soin sur la façon dont la voix monte et descend dans l'émission des diverses sortes de phrases en russe. C'est sans doute la première fois qu'une syntaxe est toute pleine de notations musicales et il est à souhaiter que l'exemple donné par M. B. dans cette 3" édition soit suivi. On a ainsi des données essentielles, et dont l'importance est trop souvent méconnue la façon dont la phrase est intonée fait partie de la syntaxe, et M. B. rend un grand service en mettant en pleine évidence un fait incontestable, et toujours négHgé. P. 278 et sniv., en traitant de la phrase nominale, M. B. présente les choses comme si un verbe « être faisait normatement partie de ce type de phrases. En réalité, la grammaire comparée des langues indo-européennes et la Hnguistique générale montrent que la phrase nominale est une phrase à deux termes nominaux_où un élément de liaison entre les deux termes est commode et parfois indispensable, mais où il n'est pas nécessaire en principe et où surtout il n'affecte pas nécessairement la forme d'un verbe. Le type russe de phrase nominale sans verbe « être ne comporte donc aucune ellipse.

A. MEILLET.

0. HUJER. .S7o:~?M~<z6~Mac<?yM:e7!Ha. Prague, 1910, in-8, x.V!n-173 p. (jRosjo?'auy ce~~ ~~a~m~ tr. III, c;s!ox33).

H faut beaucoup de courage pour s'attaquer maintenant à un sujet aussi ingrat que l'explication des formes de la déclinaison slave. Les problèmes ont été retournés en tous les sens depuis le livre célèbre~de M. Leskien. Ceux qui comportent une solution sont pour la plupart résolus depuis tongtemps. Un grand nombre sont indéterminés, et, à moins de découvertes nouvelles imprévues, la solution en sembtp quasi désespérée. II y a en effet trois ordres de (Hmcuttés: en premier lieu, les formes indo-européennes


de la déclinaison ne sont fixées que dans une mesure assez restreinte les formes casuelles divergent souvent beaucoup d'une langue à l'autre; les formes dont on dispose peuvent souvent se concilier dans plusieurs hypothèses en somme, on ne peut nullement restituer dans le détail la déclinaison indo-européenne. On est fixé sur quelques formes comme l'accusatif singulier, le nominatif pluriel, le génitif singulier des thèmes consonantiques, par exempte maisqueHeétaitIaformede 1 instrumental singulier'? ou ptntôt quf'Ite était la répartition des formes attestées? quelle était la désinence du datif singulier? etc. En second lieu, la solution des questions est tiée à la théorie des finales mais la plupart du temps les exemples tirés des formes casuelles sont tes seuls dont on puisse se servir, si bien que l'on est dans un cercle vicieux dont rien ne permet de sortir. Ainsi on admettra que donne si. -<~ si v. st. mati et </M~ répondent à lit. ~?d~ dukté on n'en a pas d'autre garantie. Si *-o! final a pu donner v. s). -u, le v. st. u/t~M répond à lit. vilkui et *-0! final donne v. si. -M si l'on admet que v. si. f/M répond à lit. u<7/;M!; c'est le seul fait dont on dispose. M. Hujer tient pour absurde que le -y final de l'instrumental pluriel repose sur *-ôis, et par suite que v. si. u/y répond à skr. u~'a! lit. u!M'; c'est une opinion mais il n'a aucun fait contraire à citer. Toutefois M. H. est peut-être trop sceptique sur ces deux points: le passage de *-u! à *-o:~ *-u et celui de *-oM à *-M., oti'rent nn certain parallélisme, et comme il n'est guère douteux que les formes dont le slave a hérité aient été *-û! et *-dis, l'hypothèse admise par ~j. Fortunatov, par M. Pedersen et par moi-même n'est peut-être pas aussi dénuée de vraisemblance que le croit M. H. Mais la preuve en est impossible. Enfin, en troisième lieu, le slave a beaucoup innové en matière de morphologie les actions analogiques y sont innombrables, et le système slave est à beaucoupd'égurdsuu systèmenouveau c'est précisément ce qui empêche de rien affirmer absolument sur le cas de u/ et de M/y. On ne peut donc pas s'attendre à ce que le travail de M. H. fasse faire un grand pas à la question étudiée.


Néanmoins, il n'ei-t pas inutile. M. H. a réuni toutes les opinions émises et permet ainsi de les embrasser rapidement. Sa discussion, sans être très personnelle, est correcte. Un a devant soi une mise au point de l'état actuel des théories.

Le principal tort de M. H. est d'examiner chaque probtème isolément, sans chercher assez à poser la question d'ensemble. Ainsi la question si délicate de l'origine du nominatif-accusatif v. si. u/tM est discutée en grand détail, mais sans que le fait essentiel ressorte assez. On a une donnée certaine *-on aboutit à -M dans la i~ personne /)aafM l'accusatif o/ï~M = skr. u~a~ï peut donc être phonétique. Au contraire il n'y a pas d'exemple certain où la tinate *-M aboutisse à -M. Mais le problème est de savoir si le nominatif u/t~:M peut s'expliquer par analogie le slave tend-il à confondre au masculin le nominatif avec l'accusatif? Il y a pour cela des points de départ mais les conditions de réalisation étaient-elles réunies? Et si u/~M répond à skr. pourquoi t'yo répond-il à yM</aM? Si, comme semble le croire M. H., *-<M final ne donne que -o, on peut soupçonner que la répartition de -M et de -o s'est tixéedans l'adjectif déterminé où l'on a MOfM-~ (de *~ouM~M) nominatif-accusatif masculin et novo-je (de *novo-jo) nominatif-accusatif neutre. Or, j't peut être ici un ancien *M au nominatif. Ceci à titre de possibilité. Comme l'a fait M. Leskien, le mieux est sans doute de laisser le problème ouvert, mais il en faut poser les conditions avec précision.

M. H. touche à une foule de détails, et son livre prêterait à des discussions infinies. P. 2, il s'autorise de yu~ pour affirmer que la place de l'accent dans ~~a est ancienne la différence de vocalisme radical ôte toute valeur à cette conclusion. P. 4, il était inutile de faire intervenir le mot racine gr. là où il est question du suffixe balt. -(j~)e-~ v. si. -<z-, cf. lat. il n'y a rien de commun entre ces formes. Page 13. On sait maintenant que la t" personne uc=M n'existe pas. -P. '?2. La désinence de 1"* et 3e personnes moyennes attestée par indo-iran. *-<!< germ. *-<< v. lat. -ei (lat. class. -i) doit être celle qui


se retrouve dans !&/g; les doutes qu'indique M. H. reposent sur des combinaisons en l'air et ne trouvent d'appui dans aucun fait.

A. MEILLET,

K. NITSCH. ~/ot~<2 /M~ polskiego. Cracovie (L. Frommer), 1911, (vn)-t62 p. et une carte.

Dans cet ouvrnge de vulgarisation. M. Xitsch donne une esquisse des parlers polonais à tous les points de vue caractéristiques phonétiques et morphologiques, classement. intluences subies et exercées. M ~itsch est, on le sait. le savant qui a fait le plus pour l'étude de la dialectologie polonaise. Maigre la faible étendue du livre et bien que, écrivant pourune « bibliothèque populaire de sciences naturelles et s'adressant au grand public, il ne suppose aucune connaissance linguistique chez le lecteur. M. i\. est tellement maître de la dialectologie polonaise, qu'on a plaisir et profit à le lire. ~uHc part on ne trouvera la question ainsi résumée. Et 1 on recueillera au passage de jolis faits de détail, comme la conservation de la 1~ re personne du duel, avec sa valeur de duel, en quelques localités (p. 69), ou des calques curieux de l'allemand en polonais (p. 136):~<x to ~dnï sprzedané valant .e<7«~/M « ich habe verkauft B.

L'étude des parlers polonais n'est pas encore assez avancée pour qu'on ait pu se rendre compte comme on l'a fait déjà pour les patois français du grand fait que les parlers locaux ne représentent généralement pas le développement autonome de la langue se transmettant de génération en génération entre deux moments fixés. Des influences de langues communes s'exercent constamment. L'affirmation de la p. 17 et suiv. sur le développement entièrement indépendant des parlers ne répondsans doute pas à la vérité d une manière complète. Si l'on faisait sur le domaine polonais un atlas linguistique où seraient mis au premier plan les faits de vocabulaire, on verrait sans doute. comme on l'a vu pour la France par l'Atlas de MM. Cillié-


ron et Edmont, que les parlers locaux ont subi depuis longtemps des influences de langues communes. Le fait cité p. 38 de la prononciation czarny qu'ont admise des sujets de langue russe polonisés dans une région où l'on a c-, et non é, ne prouve pas une influence de la langue première des gens qui changent de langue. Les Russes qui se sont polonisés ont accepté non la prononciation provinciale, qui paraissait vulgaire, mais la prononciation c de la langue littéraire et commune. A. MEtLLET.

Hans BAUER. Die Tempora im Semitischen (Fe~a~e s~?' ~Myy:'o/o~e und semitischen Sp~ac~~M~eM~e~a~, VIII, 1). Leipzig, Hinrich, 1910, 53 p., 3 mark 50. M. Bauer proclame la nécessité de faire des hypothèses, si on veut que la grammaire comparée des langues sémitiques ne se borne pas à un classement à courte vue des faits les mieux constatés dans les différentes langues du groupe. Et il en expose une sur une question qui lui parait avec raison de première importance le système des deux temps du verbe sémitique. Il a raison, parce qu ii faut bien chercher à remonter le plus possible dans le passé et à relier par un lien historique les phénomènes que nous livre l'observation grammaticale. Raison aussi, parce que son hypothèse ingénieuse lui permet d'encadrer en une explication unique un grand nombre de faits au premier abord contradictoires.

L'expérience faite ici est d'un bon exemple: la démonstration de M. B. peut n'être pas convaincante: mais on ne pourra la réfuter qu'en voyant comme lui de près les faits syntaxiques toute la partie où il examine les rapports des deux temps dans les différentes langues est de bonne critique, les exemples non accumulés, mais bien choisis, l'idée poursuivie avec clarté et obstination.

La voici seul le temps appelé généralement imparfait,


–caractérisé essentiellement par la présence d'une voyelle unique dans le radical, et aussi par la préfixation des désinences verbales est primitif il a d'abord existé seul, et ne précisait aucun moment de la durée ni état de l'action. Il s'est plus tard formé un temps nouveau à deux voyelles radicales et à suffixes (sauf en assyrien) d'origine participiale, à valeur de présent, plus rarement de passé. Par contraste avec cette formation nouvelle la forme ancienne aurait pris une valeur temporelle, plus spécialement celle de passé quand le nouveau venu a la valeur de présent, celle de présent-futur quand ce nouveau temps vient ensuite à prendre le rôle d'un passé.

Ce renversement de valeurs est le point central de l'hypothèse par lui on explique les exceptions, nombreuses surtout en hébreu, au classement général imparfait = présent-futur, parfait = passé. Et aussi l'assyrien apparaît non plus en dehors de l'évolution, mais à son origine, quand il attribue à sa forme à une voyelle iksud la valeur de passé et à sa forme à deux voyelles ï~~ae~ celle de présent-futur.

Mais ce renversement de valeur d'un temps nouveau en sémitique est une pure hypothèse, et M. B. ne l'étaie sur aucun document positif: pas plus que d'autres auteurs n'appuyaient l'autre hypothèse, à savoir que les deux formations verbales existaient dès l'origine, mais avec une valeur mal déterminée, de sorte qu'il a pu se faire (pour quelle raison?) des spécialisations différentes en sémitique occidental et en sémitique oriental (assyro-babylonien). L'hypothèse nouvelle a seulement l'air plus raisonnable. Pourtant, sur un détail, elle se heurte à une très grosse invraisemblance B. dit qu'au moment où l'assyro-babyIonien s'est détaché des langues formant le groupe occidental, l'ancienne forme verbale n'était pas encore spécialisée dans la fonction de présent-futur. Mais alors il faut expliquer ceci en assyro-babylonien seulement la forme à deux voyelles a une valeur presque constante d'imparfait, et là seulement elle a des prétixes au lieu de suffixes: l'explication la plus prochaine est que le sémitique oriental, au moment de diverger, emportait cette notion que


le temps à sens d'imparfait devait être muni de préfixes, non de suffixes quand donc le radical à une seule voyelle s'est trouvé réservé à l'emploi de passé, il n'a pas perdu ses préfixes, mais il les a donnés par analogie à son substitut fonctionnel à deux voyelles radicales. L'explication donnée par M. Bauer à la page 20 (extension analogique de la confusion réalisée entre les 3~ personnes masculin singulier des deux temps aux formes dérivées des verbes) est ingénieuse mais elle ne me parait pas suffisante tout au plus peut-on croire qu'il y a eu là un adjuvant à la transformation, non une cause véritable. Mais pourquoi la forme à une voyelle est-elle un passé en assyro-babylonien ? Influence d'une langue non-sémitique? Là-dessus il n'existe pas d'hypothèse satisfaisante, et c'est pourquoi malgré la difSculté interne abordée ici l'hypothèse de M. Bauer reste séduisante.

Elle se heurte malheureusement à d'autres difficultés. Il est bien vrai que l'hypothèse si elle sert à encadrer rigoureusement des faits connus est permise et recornmandable, là où cesse l'information historique mais là seulement. Or M. B. fait état des rapprochements entre langues sémitiques etchamitiques (berbère, vieil-égyptien, groupe couchitique) il reproduit, p. 6, sans la prendre formellement à son compte, mais avec complaisance, cette considération de Praetorius que les langues berbères et couchitiques semblent ne connaître que la forme d'imparfait d'autre part il indique p. 7 que l'égyptien fait difncu)té, en exhibant un parfait en décomposition, mais aucune trace d'un imparfait. Il y a là les amorces d'une sutution historique qui serait la vraie, et rendrait inutiles toutes autres considérations. C'est dans cette voie qu'on aimerait à chercher encore, patiemment, par accumulation de petits faits, avant de voir paraître une hypothèse qui couvre tout, mais en surface.

Pour l'origine du parfait, que l'histoire ou le tlair inductif prouve que son apparition est secondaire, encore faut-il essayer de voir clair dans sa formation là-dessus B. a une explication prête mais au mépris de la méthode historique, de nouveau trop visible, elle ajoute trop de


désinvolture à l'égard des questions de forme que le parfait à deux voyelles naisse de formes adjectivales également à deux voyelles, et que les différents timbres vocaliques qui s'y rencontrent s'expliquent par les différentes vocalisations de ces adjectifs-participes, c'est une supposition tentante mais n'y a-t-il aucune dimculté à mettre sur le même plan des ad,jectifs à première voyelle longue, à seconde voyelle longue, ou à deux voyelles brèves, le tout à l'occasion d'une forme verbale toujours à deux voyelles brèves? Au moins faudrait-il aborder de front cette difticu)té. De même il est exact en gros de retrouver dans les désinences verbales les mêmes éléments que dans les pronoms personnels mais ne vaudrait-il pas la peine d'en voir un peu le détail, et en particulier de se prononcer sur l'absence de voyelle ou sur l'a final de la 3" pers. masc. du parfait? ?

Enfin on ne saurait passer sous silence une des plus aventureuses considérations de M. B., à savoir que le parfait, forme participiale, aurait correspondu aussi bien à des participes présents (indiquant une action en devenir) qu'à des participes passés (action accomplie), d'où sa faculté de remplir des emplois opposés suivant les époques et les langues: à défaut de traces formelles et historiquement attestées de la naissance postérieure d'un parfait formé de telle ou telle manière, seule une autre démonstration pourrait nous satisfaire elle consisterait à montrer que la création de ce temps correspond au désir d'exprimer telle relation précise dans la durée si cette volonté d'expression était constatée à un certain moment dans le développement du groupe sémitique, il serait déjà moins important d'étudier dans le détail la forme qui la réalise. Mais tout échappe si vraiment la forme innovée est d'un emploi aussi mal défini. La volonté toute simple qu'aurait eu le sémitique d'exprimer dese différences de temps prend une allure mythique, si on n'y peut pas distinguer nettement comme point de départ l'expression précise du présent ou de tel degré du passé. Encore une fois il n'y a là qu'une hypothèse séduisante, pas une explication satisfaisante.


Ce n'est pas 1 affaire de ce compte rendu déjà trop long de relever toutes les difficultés de détail, ni surtout de reconstruire à la place de l'édifice qui se révèle ainsi fissuré. Non plus d'ailleurs de signaler toutes les jolies explications fragmentaires que donne M. Bauer.

Rien ne serait plus fâcheux que de suppléera la lecture de ce savoureux petit ouvrage il faut au contraire la recommander vivement à qui veut faire sérieusement de la grammaire comparée des langues sémitiques, en évitant tous les simplismes ceux que n'a pas évités M. Bauer, et ceux qu'il combat avec une critique si ingénieuse. M.COHEN.

ÂBBA TAKLA MARYAM. J~a/iC ~C! M!<ï/~ (Manuel épistotaire). Rome, 1909, 55 p.

Kafal sawâssaw ~/9S (Chapitre m du Sawassew). Rome, 1910, 54 p.

~c~s~ ~MMa y~ (Le professeur de langue ge"ez). Rome, )911, 37 p.

M. Gallina, le savant professeur de l'institut oriental de Naples, travaille avec un zèle infatigable à faire imprimer les œuvres d'Abyssins vivants. C'est ainsi qu'on lui doit le premier roman écrit en amharique, par Afawarq, et une courte vie de Ménélik du même auteur. .!e veux signaler aux lecteurs du RM/~?/!n les œuvres de Abbâ Takla Mâryâm dues à la même Initiative. L'étude du ge''ez va se perdant en Abyssinie des prêtres la plupart ignorants la conservent mal la masse du public s'en détourne: les intellectuels actifs vont aux études européennes et, s'ils écrivent, veulent écrire en amharique moderne. H est donc grand temps de recueillir la tradition indigène de l'éthiopien ancien.

La besogne est déjà faite en partie, grâce aux missionnaires la majorité des savants abyssins les plus intelli-


gents et les plus instruits se sont tournés à la fois vers la culture et les christianismes occidentaux. On a fait d'abord le principal la mission suédoise de l'Asmara a publié à Moncullo en 1889 un Sawassew, ou manuel de gelez rédigé enamharique, dû à Alaqâ Tayya, et la mission catholique en a publié un autre à Keren en 1907, écrit précisément par Abbà Takla Mâryâm.

Depuis, celui-ci a écrit trois opuscules en ge~ez, langue dont il est partisan impénitent.

Le premier est un petit manuel épistolaire, utile comme document, mais où interviennent des choses trop peu abyssines, comme la formule pour écrire au pape ou à un cardinal.

Le second, sous le titre de chapitre <u du Sawassew, traite de quelques difficultés de détail et exceptions de la grammaire gelez l'objet même du livre est très original, si on pense que la moyenne des lettrés abyssins considère les règles du ge°ez comme absolues et sans variantes. La troisième brochure est la plus intéressante elle reprend les faits les plus connus de la grammaire ge'ez, en ajoutant une notation de l'accent et un commencement de notation de la gémination de consonne. L'écriture éthiopienne, comme la nôtre, néglige de noter l'accent tonique. Elle n'a pas non plus de signe pour la gémination, qui joue pourtant un rôle important dans toutes les langues du groupe éthiopien. D'autre part, pour l'accentuation du ge"ex, il subsiste en Abyssinie une tradition qui répond certainement à un état ancien, sinon au plus ancien. II est donc urgent de recueillir cette tradition, et en différentes régions, pour le cas où il y aurait des variantes suivant les provinces ou les écoles religieuses. L'opuscule de Abbâ Takla Mâryâm est un premier pas très bienvenu dans cette voie.

Les défauts en sont gros. La notation de l'accent est trop compliquée celle de la gémination n'est envisagée qu'en relation avec l'accent et pas constamment appliquée. On souhaiterait de posséder plus que des paradigmes accentués; à défaut d'un dictionnaire complet, il faudrait au moins des textes un peu étendus. Il reste encore beau-


coup à faire sur ce domaine, et le profit en serait essentiel pour la connaissance de l'histoire des langues éthiopiennes et même des langues sémitiques en général. Il faut se réjouir de voir au moins commencer cette collaboration féconde de savants européens et abyssins. M. GaUina qui a tant fait déjà ne pourrait-il pas donner une traduction de ces opuscules? Au risque de dénoncer mon ignorance, je déclare que ce ge"ez grammatical n'est pas aisé à lire.

M.COHEN.

St. LAKGDON. A Sumerian G~'a?KMM?'<mofC~OMM~ with a Vocabulary of the principal Roots in Sumerian and a list of the most important syllabic and vowel transcriptions. Paris (Geuthner), 1911, in-8, vu-n-311 p. On sait que les textes sumériens présentent des difficultés de tout ordre, que la lecture en est souvent ambiguc, l'interprétation bien plus souvent encore incertaine. Néanmoins l'importance décisive qu'ont les textes sumériens pour l'histoire ancienne de la Babylonie a conduit dans les dernières années les assyriologues à étudier de près ces textes redoutables. On en a déjà tiré des faits historiques précieux. Mais on n'a quelque sûreté dans l'interprétation qu'à partir du moment où la grammaire est posée. Des travaux de détail à cet effet ont déjà paru on notera en dernier lieu la note sur le Génitif en .<:<erien, Revue d'assyriologie, VIII, 88 et suiv., de M. ThureauDangin, dont l'auteur n'a pu tirer parti. Avec le brillant courage de la jeunesse, M. Langdon a réuni tout ce qui lui semble acquis, et il rend par là un service on a désormais une base précise pour toutes les discussions. M. L. se borne à exposer les faits la langue qu'il décrit est assez informe et les catégories grammaticales sont indiquées seulement par des particules. D'autre part i'étude de M. L. n'aboutit à aucun rapprochement avec d'autres langues, et l'auteur fait sur les vues de notre sa-


vant confrère M. Halévy un silence complet. Je ne puis malheureusement émettre sur le travail de M. L. aucune opinion. Je me bornerai à lui conseiller la prudence quand il touche au domaine indo-européen presque aucun linguiste s'occupant de langues indo-européennes n'oserait affirmer, comme il le fait p. 126, que le *-mi du type gr. '?Y;[ju soit un ancien pronom personnel.

A. MOLLET.

E. LEwv. Zztr ~~McA-M~yMe/~M Wort- und Satzverbindung. Gôttingen, Vandenhoeck u. Ruprecht, 1911, xi + 106 p., in-8 prix mk 4,80.

Sous ce titre, M. E. Lewy examine, au cours d'une étude fort intéressante, une série de faits qu'il considère comme plus spécialement propres au finno-ougrien et qu'il met en relation avec l'absence ancienne dans cette famille de langues de conjonction signifiant « et ». I) n'y a pas, en effet, en finno ougrien de mot ou particule qui réponde à i.-e. *qwe, skr. ca, gr. i;s, lat. ~Mc. En revanche on y use, selon M. L., d'un procédé auquel il ne donne pas de nom propre, mais qu'il désigne d'une façon générale par le mot « parallélisme » c'est-à-dire que les éléments à joindre sont réunis au moyen d'un sutlixe identique répété. Ainsi en hongrois on a orran, ~a~'an « sur son nez et sur sa bouche », wc~Ky~ /b7</)*e « par le ciel et la terre », ~o~'a!(! ~~<c~667 « par habitude et par piété ? en ostiak ~'c~M~, ~c/<~ « avec la hache et l'épée », éveja, ~<2~'a « à la fille et au gars M en votiak M<te~~ XM/'c~, ~a.f<?M « avec du pain, de la bière et de la kumyska H n'est pas douteux qu'il y a là un procédé intéressant que M. L. a bien fait de mettre en relief et d'illustrer par des exemples nombreux tirés du hongrois, qui est visiblement celle des langues nnno-ougriennes qui lui est la plus familière, de l'ostiak et du votiak. Car il s'est volontairement borne à ces trois langues qui selon lui représentent


trois types d'évolution le hongrois est celle qui a subi le plus fortement l'inQuence des langues environnantes d'origine indo-européenne, l'ostiak la plus archaïque au contraire et la moins altérée au point de vue finno-ougrien (cf. p. ex. p. 10), le votiak enfin est à un étage intermédiaire (v. p. 24). C'est incontestablement là une classification trop simpliste sous une forme aussi générale quelque primitif que soit l'ostiak et quelques soient les précieux archaïsmes qu'il nous conserve il ne saurait à aucun titre passer pour du finno-ougrien presque pur il est certain qu'il a fortement évolué, son caractère proprement ougrien est nettement accusé et il a subi l'influence lui aussi de langues étrangères diverses. Quant aux citations tirées du votiak, elles nous paraissent surtout t précieuses parce qu'elles font intervenir un dialecte autre que l'ougrien, bien plutôt qu'à cause de l'état propre du votiak.

Cependant, M. L. montre bien comment le parallélisme tend à être renforcé par l'emploi de conjonctions en hongrois le type a ~oc~M/M:~ /oM!/HM!Â' « au cocher et aux chevaux » tend à se répandre de même en votiak celui de /?M~o~3 ~<s no ou de ~!M~M no stMo~z no « le troupeau et le bétail Il fait bien ressortir aussi (v. p. 5 et suiv.) comment le hongrois a' utilisé pour exprimer une nuance de sens particulière, la coexistence des deux types de jonction qui viennent d'être cités le second s'emploie de préférence dans le cas de juxtaposition simple, te premier dans celui de juxtaposition intime tendant à la composition.

Ici M. L., qui a eu le tort de ne pas définir avec assez de rigueur son sujet et de ne pas distinguer avec netteté les séries de faits qu'il se proposait d'étudier, fait entrer l' dans son travail l'examen des mots que je proposerai d'appeler « couplés ? il s'agit des groupes du type représenté en ostiak par exemple (car il ne peut être question de faire état ici des difFérentes langues Enno-ougriennes cf. cependant dans le livre de M. L. § 139) par ~o~jrox « excrément-urine » c'est-à-dire « souillure, ordure », ~/c-/M)i « hiver-printemps » c'est-àdire « année », ou


encore kart Moyo, u<x~ ~oyo « chair <!e fer, chair de metal » c'est-à-dire « chair de métal de fer », ou même ~cr M~~ /MO~ MK~ « forèt sauvage, forêt solitaire H c'est-à-dire « sauvage forêt solitaire ». Ces couplages sont plus ou moins intimes, comme on voit mais ils forment tous des unités qui se marquent extérieurement de la façon la plus nette en ce que seul leur dernier élément est capable de tlexion « dans la sauvage foret solitaire a se dit .ww~ y/~y ;< de plus l'ordre des termes est fixe ou tend à t'être (v. p. S5). Quant au procédé de couplement luimême il eût gagne à être rapproché des faits plus ou moins analogue d autres langues et d'être défini avec le plus de netteté possible. Il est certain par exemple que des groupes tels que pot'ros ou /u/a-/Mr) rappellent les « dvandvas » de l'indo-européen d'une part, tels que skr. y<:M~ apf~A « bœuf et cheval », lit. ï,wio<e/'</<M « concernant l'homme et la femme a c'est-à-dire « concernant tes époux x, russe /'o<?~'c! « famille-race » c'est-à-dire « parenté ~&-M/' « pain-sel » c'est-à-dire « hospitalité » (('autre part ils ressemblent beaucoup aussi aux couples de mots du chinois du genre de /MC'M~ « acquisition-vente » soit « commerce. Bref il s'agit là d'un procédé d'expression très général, sinon universel, dont l'originatité en ostiak. sinon en nnno-ougrien. est en réalité sa plasticité. Car il va de soi qu'un phénomène générât apparaît dans chaque langue particulière avec des traits plus ou moins variés.

Il n'est pas jusqu'à la forme phonétique de ces couples de mots qui ne dépasse le finno-ougrien. JI. L. remarque et expose, page 6R et suivantes, que dans ces « composés H le second élément est de préférence celui qui commence par une labiale. H en donne des exemples aux paragraphes 89-90 pour l'ostiak, 99-100 pour le votiak et !06-t07 pour le hongrois mais il reconnaît lui-même que contrairement à ce qu'il dit à la page 67 de « l'action profonde du fait sur la structure des langues finno-ougriennes », c'est dans la langue qu'il donne lui-même pour la plus évoluée, le hongrois, que la chose est la plus claire et la mieux attestée. De plus c'est dans les /~e~MMye/~ dans les


formes rimëes et les onomatopées qu'elle se manifeste de préférence ailleurs ce n'est qu'un procédé secondaire et peut-être bien analogique. Dès lors elle est comparable aux faits identiques de l'allemand et de l'anglais, que M. L. cite d'ailleurs lui même p. 83 et vm, ou analogues du finnois et du turc (v. p. 83).

Si M. L. peut réunir ainsi des phénomènes qui nous paraissent devoir être plutôt distingués c'est que sa méthode n'est pas strictement historique et comparative son point de départ est l'esprit qui anime le finno-ougrien, son génie, sa « tendance à exprimer de la façon la plus claire possible les traits particuliers, significatifs de chaque situation » (v. p. 99) il insiste sur « la tendance prononcée du finno-ougrien à saisir et à exprimer deux points d'un ensemble d'intuitions, d'un groupe de sensations. là même où nous ne pouvons reconnaître de dualité qu'avec peine ou point du tout » (p. 100) et sa conclusion est qu'il « faut ajouter à la loi fondamentale de la structure grammaticaledel'ouralo-altaïque reconnue par M. H.Winckler de la subordination des éléments antécédants de la phrase, une loi de juxtaposition d'après laquelle des éléments qui se suivent dans le discours peuvent être tenus pour équivalents, à condition que chacun d'eux comporte a son tour deux éléments » (v. p. 87). Dans ces conditions il est naturel qu'aux deux catégories de faits qui viennent d'être présentées, M. L. joigne encore le parallélisme des membres de phrases et des propositions qui paraît, à vrai dire, être un procédé très général du style populaire dans des langues très diverses et aux époques les plus variées. Des expressions du genre de mosa ~~a- pitlan, mosa or)'M<z- pitlan « si tu tombes dans un mal, si tu tombes dans un fossé a en ostiak, ~o~/<M-< o~/M<MÂ'!H!, ~Ms~ojnsin joznaslcini « guerroyer avec les Tchérémisses, se battre avec les héros » en votiak suggèrent immédiatement de nombreuses comparaisons à tout linguiste. L'imprécision de la doctrine de M. L. se fait aussi sentir. comme il est naturel, dans les détails il a glissé sur certains faits précis qu'une comparaison rigoureuse et systématique lui eût fournis, pourrechercher les tendances


générales, l'esprit du finno-ougrien. Dans son examen des faits ostiaks, il a bien montré comment on a, d'une part, kur-a, Mc-<? « aux pieds, au vêtement » et d'autre part AM/<?7!, ?~-f~ « (à) tes pieds, à ton vêtement » (cf. p. 2). Ceci nous parait d'ailleurs signifier que kur et Me ne formant pas couple, sont susceptibles de recevoir chacun le même sufHxe qui se trouve ainsi à la fois les séparer phonétiquement et les rapprocher par l'identité de leur rôtc, qui est soulignée à l'occasion par le fait qu'un second suffixe ne s'ajoute qu'au dernier des deux mots. Bref kur-a !/c a nous semble s'opposer à pot'-xos-a (v. cidessus) tout comme d'autre part kur-en ?/c en-a Mais M. L. n'a pas envisagé la question du substantif dit indéfini, c'est-à-dire du thème pur et simple emp!oyé soit comme nominatif, soit comme accusatif il y a ta pourtant un cas particulier qui doit attirer l'attention. L'examen de l'emploi du duel en ostiak a suggéré à M. L. un rapprochement fort intéressant avec celui de l'instrumental en ostiak dans certains cas, mais n'a pas été utilisé systématiquement. Sans doute M. L. serait arrivé sans cela à préciser de façon suggestive la notion de « parité » que le duel exprime selon lui, au plus grand profit de ta linguistique aussi bien finno-ougrienne que générale et il aurait ajouté ainsi à l'intérêt de son étude.

R. GACTHIOT.

A.-A. SAXMATOV. Afo~o~e~' e~oyra/?ce~z/ Sbornik, Saint-Pétersbourg, Académie des Sciences, i910, ix848p.

Le recueil considérable publié par M. S. contient des documents recueillis par lui-mème ou par des aides sur la langue et les coutumes de deux villages mordves de la région de Saratov, Suxoj Karbulak et Orkino. La plus grande partie du volume est remplie par des textes qui sont disposés ethnographiquement, selon la matière dont


ils traitent. On a ainsi comme rubriques les traditions, les usages, le mariage, les contes, les devinettes, proverbes et dictons, les chansons, les récits et lettres. Pourtant M. S. a eu soin, de mettre à part les textes provenant de Mordves autres que ceux des villages étudiés et de les rejeter dans un appendice qui comprend en outre une notice historique et géographique sur le village d'Orkino due à M. Minx et l'esquisse d'une phonétique et d'une morphologie des parlers d'Orkino et de Suxoj Karbulak par M. S., le second étant pris pour base.

L'abondance des textes est remarquable. M. S. a su visiblement choisir de bons narrateurs et s'est attaché des collaborateurs indigènes zélés et bien doués. La plupart des textes sont notés en lettres latines par M. S. lui-même avec le plus grand soin et un souci extrême de rendre l'aspect phonétique de la parole entendue. Or, la finesse et l'exactitude des observations de M. S. sont bien connues par ailleurs elles apparaissent dans toutes ses études de phonétique slave et russe. Il est d'autant plus remarquable que M. S., dont les notations confirment dans l'ensemble celles de M. Paasonen, déclare n'avoir pas pu distinguer les nuances de quantité assez délicates que le savant finlandais avait reconnues pour certaines consonnes (cf. p. vm). Il serait très intéressant de contrôler, au besoin par des moyens graphiques, l'existence de ces variétés quantitatives dans les parlers d'Orkino et de Suxoj Karbulak quelque soit le résultat de l'épreuve, ce sera un renseignement précieux. Ou bien il établira que les Mordves observés par M. S. ont perdu une variété assez délicate d'articulation, ce qui est d'autant plus facile à supposer que Orkino et Suxoj Karbulak sont entourés de villages russes ou russifiés ou bien il montrera qu'il y a pour l'observateur, même te plus exercé, une dimculté singulière à percevoir des nuances qu'il ignore totalement dans sa langue et à accoutumer son oreille à un système étranger. Il est évident qu'un Finnois est tout préparé pour saisir les variations quantitatives des consonnes. Les textes notés au moyen de l'alphabet russe proviennent pour la plus grande partie de M. R.-F. Ucaev, le


principal collaborateur de M. S., et pour la plus petite d< M. I. A. Cybin. Le premier est de Suxoj Karbulak, 1< second d'Orkino, et leurs contributions ont été publiée! par M. S. après revision, niais avec le moins de correc tions possible. Ces documents et ceux qui sont dûs i M. S. lui-mème sont enlremêlés par suite de la disposi tion du volume, telle qu'elle est donnée ci-dessus l'unit< de l'ensemble est cependant réelle car c'est M. S. seu qui a contrôlé le tout.

Les habitants d'Orkino et de Suxoj Karbulak sont de: erzes et leur langue se rattache de très près aux parler: déjà connus 'du même dialecte. La comparaison est ren due des plus aisées gràce à la petite grammaire qui ter mine le volume, et qui permet de se faire rapidemen une image nette des particularités observées par M. S. Au cune d'ailleurs n'est essentielle.

Il faut remercier et louer M. S. de sa publication. i\or seulement elle lui fait'le plus grand honneur, maiselh indique que l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg n'a pas encore renoncé complètement aux études finno.ougriennes elles étaient tombées bien bas en Russie; et depuis longtemps la place de Sjôgren et de Wiedemanr reste inoccupée.

R. GAUTmoT.

G. MÉszôLY. Az ~~DsoMe~ két ro.~zM/ olvasott alak~6!yd/ (De deux formes mal lues du morphème -) dans .'t ~M/~zeM/M~/d~ ~e/. GtM:?!6!ZïM?y! jË'es~o~'e (Programme du Gymnase réformé de Kunszentmiktos), 1910, p. i à xxu, in-8.

/1 -~yx ~ozo eredete (Origine du morphème -nyi). Extrait des A'yc/u~!«/o/KM/ïy: ~e/M<°Mye~ Budapest, 1910, 32 p., in-8.

L'histoire du suffixe de causatif -!< est assez difficile à retracer le point de départ et celui d'arrivée son~ connus, mais les stades intermédiaires le sont mal. L'origine


est finn.-ou. l'état pré-hongrois est le développement de *r~- en est mal déterminé. La doctrine courante est que -xt- est devenu *rt- et par adjonction de la voyelle finale du thème *c- (noté -aht- dans des gloses~, qui & été altéré successivement en -o/< -ëjt- et -ét, Mais les graphies des Codex du bas moyen âge sont obscures on y Ht -cA~ -y~ et -iht que l'on a tues mais où ?. M. croît reconnaître des graphies beaucoup plus archaïques pour et *t~f. It semble en effet que la longue ait été notée, quand elle l'était, en redoublant la voyelle, mais non pas au moyen d'un -h-. La conséquence est que *-o;ï~ n'a pas donné *-ojt puis mais que ~-oa-f est devenu *-e~, à côté duquel on a eu *-Mr~ comme l'on a aujourd'hui -ét -it. L'hypothèse de M. M. est ingénieuse et, pour autant que l'on peut juger sans avoir les documents nécessaires, elle est séduisante. Elle contribue d'ailleurs à faire apparaître comme moins irréguHère lagraphie des documents historiques du hongrois.

Le second travail de M. M. est d'un caractère plutôt moins philologique que le premier il s'agit de l'origine du sumxe -nyi qui sert à former des adjectifs du sens de « qui à la grandeur de. ». Depuis Budenz, on voyait dans ce morphème le reste d'un mot anciennement indépendant Kys/ « troupeau a M. M. est d'avis que -~yt repose sur le suffixe du latif: selon lui c?K~t~ « de la taille d'un homme a aurait signifié non pas <c de la masse d'un homme mais <c qui va à un homme )), « der bis ZKM? ifayHï n. M. M. compare le sens que présente le datif en vogoule et en ostiak et s'efforce de déterminer la valeurdes formes anciennes de -nyi dans les textes, ainsi que leurs rapports avec des morphèmes analogues. Sa démonstration n'est pas sans force, mais elle n'emporte pas la conviction l'hypothèse de Budenz qui n'était que probable, l'est aujourd'hui un peu moins qu'avant, mais trouverat-on jamais le fait décisif qui permettra de trancher la question posée?

R. GA.UTmoT.


A. vo~' LE COQ. 6~:c/;M'o/ ?<M</ /,it<?~er ~M.! der Gegend von T'M/GM (Bessier-Arcltiv, Beiheft /), Leipzig-Berlin, Teubner, 1910, tv-100 p., grand in-4.

M. von Le Coq n'est pas linguiste et il n'y prétend pas, mais il a profité de son séjour au Turkestan chinois comme chef de la seconde expédition allemande pour étudier la langue du pays et réunir des documents qui puissent servir de contributions utiles à l'étude des dialectes turcs de la Chine. Profitant des occasions favorables il a noté et il publie aujourd'hui 312 proverbes, 12 chansons d'amour ou satiriques, et un panégyrique en l'honneur de la mission qu'il dirigeait dont Fauteur est un certain 06M/ .V<M'<z de Qara Xôja. Le tout est précédé de quelques remarques sur la langue et les habitudes graphiques des mullas, et suivi d'un lexique.

L'édition est disposée d'excellente façon le texte en écriture indigène, en notation phonétique absolument indépendante et, enfin, la traduction sont placés parallèlement. La collection des mots recueillis par M. von Le Coq à Tourfan forme un lexique dont l'ordre est celui de l'alphabet arabe, mais qui est entièrement en notation phonétique. On y trouve des explications et commentaires intéressants, et aussi l'indication de l'origine de certains des termes. Mais celle-ci n'est pas du tout donnée de façon systématique ainsi on trouve l'indication /~r.sMc/< à côté de a~<i~ « voix », mais non à côté de a'Kr~M! « soie ». Mais il n'importe ce qu'il faut retenir c'est le témoignage nouveau apporté par M. v. Le Coq sur l'état phonétique des parlers de la région de Tourfan. Il est du plus grand intérêt de comparer ses données à celle de MM. Radtofl' sur le dialecte tarantchi, Shaw sur la langue du Turkestan oriental. Raquette sur le turc oriental de Yarkand et de Kachgar. Ainsi M. von Le Coq a observé des distinctions de quantités dans les voyelles qui paraissent bien répondre à la réalité des faits.

Une jolie illustration de la façon dont l'r disparaît dans


le parler de Yarkand est la forme ~A~ que M. von Le Coq a entendue pour le nom propre ?*a/Mm.

R. GAUTHtOT.

N. AaCHMARIN (N.-I. AsMAMN). Thesaurus Linguae 7~c~!<u~c~o?'M~ (Slovar' cM~a~~yo jazyka), Kazan, édition de la Commission de Traduction près la Direction du district scolaire de Kazan, fasc. I, 1910, p. ix160, in-8.

Les dialectes turcs et tatars proprement dits forment un groupe remarquablement cohérent et archaïque les différences entre les parlers sont faibles et aucun d'entre fux n'apparaît aujourd'hui comme très évolué par rapport aux formes les plus anciennes connues. Mais il existe deux langues turques qui se séparent nettement du grand bloc turco-tatar qui s'étend de l'Asie centrale au cœur de la Russie et à Constantinople, le yakoute en Sibérie et le tchouvache dans le gouvernement de Kazan. Le développement indépendant et original de ces deux langues leur assure tout naturellement une place Importante dans la constitution de la grammaire du turco-tatar et il importe, on le voit, au point de vue linguistique que l'on soit particulièrement bien Informé sur l'un et l'autre de ces dialectes. Ajoutons pour ce qui est du tchouvache qu'il est te représentant moderne d'une ancienne langue de domination politique et de culture, le bulgare dont l'influence s'est étendue sur le hongrois d'une part, les dialectes permiens (zyriène et votiak) du finno-ougrien d'autre part. Aussi le tchouvache avait-il déjà été l'objet d'études diverses qui avaient pour auteurs surtout des Russes, des Hongrois ou des Finlandais. Parmi eux un spécialiste AI. Asmarin s'était distingué par deux ouvrages qui sont restés fondamentaux, ses ~7<i!aM.y pour l'étude de la /c/!yMC ~c~OMuae~'? (Kazan, 1898) et ses Bulgares et ?'cAoM~ac~cA' (Kazan, 1902). Vivant sur place, pour ainsi


dire, aisément mêlé à l'existence journalière de ceux dont il étudie la langue, familier avec leurs coutumes et leurs pensées, M. Asmarin était tout désigné pour devenir l'auteur d'un dictionnaire tchouvache précis et, dans la mesure du possible, complet. Le premier cahier de ce dictionnaire a paru récemment et s'il est prématuré de vouloir juger d'un livre sur un seul fascicule, il est du moins possible de se rendre compte des tendances qui l'animent et de ses traits principaux.

Il ne s'agit pas comme pour le vocabulaire tchouvache de M. Paasonen dont il a été question dans ce Bulletin il y a deux ans (B. S. L., tome XVI, p. cxcij) d'un lexique dialectologique et étymologique: M. Asmarin se propose, lui, de présenter l'ensemble du vocabulaire tchouvache actuel sous la forme la plus accessible et la plus claire. Les mots communs figurent sous la forme de la langue dite littéraire (dialecte anatri ou bas-tchouvache), sauf impossibilité, dans l'orthographe commune de la Mission Orthodoxe ils sont accompagnés d'ailleurs de leur prononciation figurée selon le système de transcription dont M. A. s'est servi déjà dans ses ouvrages antérieurs. Leur sens est donné en russe et en latin, comme le titre du livre le fait prévoir, afin de rendre son usage possible ou plus facile à ceux qui ignorent ou savent mal le russe. C'est là une attention à l'égard des « occidentaux dont il faut remercier l'auteur, sans se faire d'illusions sur sa portée il est impossible en fait de se livrer à l'étude des langues turco-tatares dans leur ensemble sans savoir lire le russe.

Ces définitions sont accompagnées d'un grand nombre d'exemples variés qui les complètent de façon excellente; M. A. s'est appliqué à rendre sensibles la signification et l'emploi des mots et il a eu recours pour cela au seul moyen efficace. Le souci de M. A. d'exprimer la réalité se manifeste encore dans le premier fascicule de son TheMM/'M.; de façon particulière à l'article aGa « charrue )) sont groupés près d'une cinquantaine de termes techniques relatifs à l'aGa~ d'éclaircissements abondants et de quatre dessins.


Dans tout le fascicule ou perçoit une recherche de la précision, une connaissance intime des détails de la vie et de la langue journalières dont on est impatient de voir se développer les résultats.

R. GAUTHIOT.

E.-K. PsKAHSKij. ~ouay' Ja~M~A'a'~0 Jasy~a (Dictionnaire de la langue yakoute). [?/'M6~y jakutslcoj ekspediCM (travaux de l'expédition yakoute), t. III, impartie], fasc. 1 et 2, Saint-Pétersbourg, Académie .des Sciences, xtx-639 p., in-4.

Ainsi qu'il vient d'être dit à propos du Thesaurus de M. Asmarin, le yakoute est de la plus grande importance pour l'étude comparative des langues turques. On s'était rendu compte depuis longtemps de son originalité et l'on avait pu l'utiliser en grammaire comparée grâce aux études de Bohtiingk « <7~ die Sprache der Jakuten » et à la grammaire remarquable que le grand sanskritiste avait publiée dès 1851 de ce d'alecte turc de la Sibérie. Mais si l'on avait ainsi l'essentiel grâce à l'expédition de von Middendorf, il s'en fallait que l'on fût renseigné de façon suffisante, surtout au point de vue du vocabulaire. Or, c'est précisément là un point particulièrement important dans l'étude du yakoute. Celui-ci ne contient guère en somme qu'un tiers de mots turcs, et il est nécessaire que l'on connaisse ces mots dans la plus large mesure possible afin de pouvoir augmenter le nombre des comparaisons du yakoute avec les autres langues turques les équivalences assurées et les correspondances régulières entre ces dernières et le yakoute ne sont pas tellement abondantes. De plus il faut que le stock des mots mongols devienne accessible, qu'il soit étudié au point de vue de son origine et du traitement que les termes étrangers ont subi en yakoute. 11 y a là un problème que le progrès des études mongoles permettra un jour prochain d'aborder et qui intéresse de près tout mongolisant. Pour


finir, il reste la masse très considérable des mots d'origine diverse ou inconnue, où l'on retrouvera sans doute des emprunts variés à des idiomes connus et surtout des mots <c sibériens », communs à des langues de familles dinerentes mais parlées par des peuples qui ont subi des influences culturelles pareilles et qui ont participé à des civilisations semblables.

Le dictionnaire que M. Pekarskij publie avec la collaboration de MM. D.-D. Popov et V.-M. lonov sous tes auspices et avec t'aide du Comité Russe pour l'exploration de l'Asie et de 1 Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg' comblera cette lacune. Non seulement M. Pekarskij luimême a recueilli sur place, en terre yakoute, la presque totalité de son dictionnaire, mais il a pris comme collaborateurs des personnes familières elles aussi avec fe pays et la langue de plus il a eu à sa disposition, outre un certain nombre de publications plus ou moins difficilement accessibles, de nombreux essais manuscrits soit de vocabulaires, soit de grammaires. On peut d'ailleurs se faire une idée de la richesse des matériaux réunis par M. Pekarskij d'après le fait que les deux livraisons du dictionnaire que nous avons sous les yeux, ensemble 639 pages in-4, ne comprennent que les lettres a, <x et ~jusqu'à <5&~<2.

La transcription adoptée par M. P., après des essais variés dont on trouvera l'exposé dans la préface, est celle de Bohttingk étant donnée l'importance primordiatede la J~M/Mc~c ~'amma~A', il nous paraît que M. P. a bien fait de suivre un auteur dont on ne devait s'écarter qu'en cas de nécessité indiscutable. Sur un point seulement M. P. a cru reconnaître cette nécessité il a remplacé le signe de t'M mouillé de Bôhtiingk par M; parce que H/ passe à n/~ tout comme l' (qu'it écrit aussi ij) à lit oT (noté ~/) à j et enfin j lui-même à j. M. P. a en effet déduit de tous ces phénomènes parallèles et, en partie, ignorés de Buhttingk que c'est la prononciation du yod qui varie en yakoute entre et j, de façon d'a-itteurs mystérieuse, au moins jusqu'à présent; c'est d'ailleurs une hypothèse fort vraisemblable, étant donnée t'instabiHté bien connue du


yod consonne la confusion du d' et du j en j paraît assez naturelle et le fait que n (=M/) aboutit lui aussi à un simple; s'expliquerait par le fait que l'n dans aurait tendu à perdre son caractère palatal. En tout cas la graphie de M. P. est commode pour le lecteur averti. Après ce qui a été dit plus haut, il est inutile de signaler l'intérêt des définitions et des exemples donnés par M. P. Ses indications étymologiques ajoutées plus tard, sont parfois moins sûres et d'ailleurs toujours très sobres surtout la dialectologie ne joue qu'un rôle tout à fait effacé. Sauf des cas spéciaux, l'origine propre d'un mot n'est pas donnée les variantes ne sont ni réparties ni localisées. Mais il ne faut pas oublier que sauf les termes puisés dans ses sources écrites, M. Pekarskij donne, en somme, le vocabulaire d'une partie de la région où se parle le yakoute; sa valeur documentaire et descriptive est donc telle que l'on ne peut que souhaiter son achèvement prochain. R. GA.UTH10T.

À.-D. RUDNEV. Materjaly po GocoraM ~o~oc~o; ~OM~o/M f'MM.K intéressant les parlers de la ~o~o/z'e orientale), tome 30 des PM6/!ca<MMS~e la Faculté des Langues Orientales de l'Université de Saint-Pétersbourg. Saint-Pétersbourg, 1911, xxxn+238 p., grand in-8. La publication des Matériaux de M. Rudnev est un nouveau symptôme du développement favorable des études mongoles et permet d'augurer bien de leur avenir. On sait comment te mongol a été envisagé d'abord comme une langue religieuse et littéraire, comme l'un des véhicules du bouddhisme, comment les circonstances ont permis rapidement de reconnaître que la langue écrite était la chose la plus fuyante et la plus trouble qui fût et enfin comment l'étude du mongol s'est basée sur la connaissance des dialectes modernes. Non seulement on ignore et le point de départ du mongol littéraire et son âge,


mais on sait à peine le lire sa graphie imprécise n'est appuyée sur aucune tradition, car il est devenu étranger, pour ainsi dire, à son peuple et a été supplanté chez les lettrés, les prêtres, par le tibétain et les mongols mongolisants s'abandonnent librement aux fantaisies graphiques et aux innovations les plus variées. En revanche les dialectes modernes sont devenus non seulement accessibles, mais presque d'actualité ils sont parlés dans une grande partie du Nord de la Chine, et de la Sibérie russe, sur des terres où s'exercent des influences rivales. Aussi a-t-on vu succéder aux travaux essentiellement philologiques de Kovalevskij et de Schmidt ceux de MM. Ramstedl en Finlande, Kotvic, Pozdnéev, Hudnev en Russie, qui sont plus proprement linguistiques.

L'un des premiers résultats de ce mouvement important a été un coup nouveau porté à l'ouralo-altaïsme les spécialistes finno-ougriens avaient déjà été amenés à réunir en un groupe particulier les langues ougriennes, finnoises, laponnes et samoyèdes les turcologues de M. Grùnbech à M. Melioranskij avaient demandé eux aussi que les dialectes turco-tatars fussent d'abord comparés entre eux et voici qu'au début de son nouveau livre M. Rudnev proteste en un langage très ferme et très clair contre tout rapprochement prématuré entre les parlers mongols et n'importe quelle autre langue asiatique. II soutient avec raison que tant que le monqol commun n'aura pas été restitué, dans la mesure du possible, il sera illicite et vain de vouloir remonter à une unité plus ancienne.

En même temps, M. Rudnev indique combien on est loin de posséder les éléments nécessaires à la construction d'une grammaire mongole. Sans parler des dialectes mongols proprement dits, le bouriate au nord n'est guère connu et le kalmuk au nord-ouest commence seulement à l'être heureusement l'un et l'autre sont à l'étude tant en Finlande qu'en Russie. Le livre de M. Rudnev lui-même tend à combler une grave lacune, sans d'ailleurs prétendre y réussir complètement; en 1906, M. Ramstedt dans son étude sur les pronoms mongols (JoM~ Soc. /'YM.-OMy/ t. XXIII) se trouvait dans l'impossibilité de faire état


d'aucun parler mongol de l'est ou du sud: ses données plus ou moins complètes se bornaient au khalkha, au moghol, au kalmuk et au bouriate. Aujourd'hui grâce à M. Rudnev on possède des spécimens plus ou moins étendus de la langue parlée, phrases usuelles, conversations, proverbes, devinettes, chansons ou récits de sept variétés du mongol oriental. Notés avec soin par un spécialiste des études mongoles, par un phonéticien averti et habile ces spécimens offrent toute garantie avec le plus grand scrupule M. Rudnev s'est attaché à reproduire la parole courante, tût-elle fautive ou inintelligible. Dans ce dernier cas il a simplement signalé les obscurités au moyen d'un point d'interrogation. Ce procédé qu'il croit devoir défendre dans sa préface (p. vu), ne semble pas avoir besoin d'être légitimé il répond en l'espèce au but que s'est proposé M. R. Des questions posées aux sujets parlants sont dans certains cas très intéressantes et peuvent donner des éclaircissements précieux, mais il n'est pas douteux qu'elles risquent beaucoup de troubler l"ingénuité de la parole. A la suite des spécimens en question qui forment le noyau du livre de M. R. figurent d'autres documents et travaux. D'abord un lexique comparatif où les mots des textes sont rapprochés de ceux des autres dialectes, les emprunts, chinois pour la plupart, des originaux; ensuite une phonétique descriptive où sont présentés,, soigneusement décrits et groupés, les phonèmes qui se rencontrent en mongol oriental. M. R. a conçu cette partie de son livre comme la première partie (&M<' opisatel'naja), de la phonétique, la seconde étant comparative. Il nous paraît qu'il y a avantage à tous les points de vue à séparer la description de la comparaison, la reproduction d'un état donné de la recherche historique. En fait les MM~e~<x/~ les spécimens et le lexique sont inutilisables pour qui n'a pas d'abord lu la première moitié de la troisième partie du livre, qui est, en réalité, l'introduction au volume entier. La phonétique comparative est construite de la même façon, dans l'ensemble, que celle publiée par M. Ramstedt dans le Journal de la Société Finno-ougrienne, tome XXI tout comme le savant finnois avait rapproché le dialecte


d'Ourga de la langue écrite, M. R. compare dans son livre les parlers orientaux et la langue littéraire. Étant donnée la nature de celle-ci, il apparaît immédiatement que la norme commune a besoin d'être déterminée avec beaucoup de prudence et qu'elle n'est utilisable en réalité que pour des mongolisants familiers non seulement avec les textes littéraires mais encore avec la langue parlée actuelle; qu'il suffise de rappeler que l'écriture mongole est du type ouigour et que la lecture exacte des consonnes par exemple n'est connue que de façon indirecte. D'autre part le grand avantage qu'il y a à rapporter tour à tour tous les dialectes à un idiome unique est évident: il suffit de parcourir successivement les deux études de MM. Ramstedt et Rudnev, pour s'apercevoir que grâce à ce procédé des travaux d'origines diverses se rapprochent naturellement et forment comme des chapitres parallèles d'un ouvrage d'ensemble.

A la phonétique se rattachent la morphologie et une série d'addenda dont une carte fort utile des groupements des Mongols du sud et de l'est. Ajoutons que la liste des abréviations de titres et de noms d'auteurs qui figure en tête du volume, derrière la préface constitue une véritable bibliographie.

On doit souhaiter que M. R. continue dans la même voie et que l'élaboration de la grammaire du mongol dans son ensemble se poursuive dans la direction où elle apparait aiguillée aujourd'hui et avec l'esprit de méthode et de critique que l'on remarque dans les ~a~r/a/y. R. (jACTHtOT.

R EDWARD BRANDSTETTER. A/O~Oy/'C~~tCK zur Indonesischen S~~o'c~/b/c~My! S~<zc~ue/'y/e!C~eM~e~ Charakterbild eines //<</o/!e~Mc~eM /~o~ Lucerne 19H, in-8. Librairie Haag, éditeur.

La présente monographie est consacrée à l'étude du bugui des Célèbes en comparaison avec le vieux javanais,


le makassar des Célèbes qui est étroitement apparenté au bugui, le tontemboan des Célèbes, le bontok des Philippines, le kamber des îles méridionales de l'archipel des Célèbes, le malgache et le malais. Elle est divisée en quatorze courts chapitres qui traitent successivement du vocabulaire, de la phonétique, de la racine et du thème radical, du verbe, du substantif, de l'adjectif, du pronom, de l'article, des noms de nombre, de la préposition, de la construction de la phrase, du style poétique, de la langue spéciale des magiciens, du langage dit de Bakke ou langage symbolique et, enfin, du vieux bugui. C'est, en somme, en quelque 70 pages, un exposé des principaux faits phonétiques, morphologiques et syntaxiques du bugui, en comparaison avec les langues précitées et certaines autres langues et dialectes indonésiens~

J'ai déjà dit, ici même. en quelle estime doivent être tenues les publications de M. Brandstetter: cette nouvelle monographie n'est pas moins recommandable que les précédentes. On y retrouve la documentation sûre et variée, les aperçus ingénieux, les rapprochements inédits qui caractérisent les travaux du savant professeur de Lucerne. Comme d'habitude, je ne trouve guère à indiquer que quelques additions en malgache ancien: P. 8 in fine et 36 § 6711. La conjonction bugui na « et a, == malg. anc. na avec le même sens. Ce rapprochement permet d'identifier la conjonction malgache que j'étais disposé à considérer comme une survivance bantoue. ~Va existe, en effet, en bantou oriental, avec le même sens aussi. P. 13,1. H. Ajouter ma)g. anc. A~a~ cinq, qui est passé postérieurement à limi. Lima nous est du reste attesté par les deux complexes encore vivants ~m~M/M, en graphie usuelle /<yMa-H:M/M, 5 dizaines = 50, et /?a~<x/M~, en graphie usuctie /<K-~=a~~ 5 centaines = 500, où la nasalisation de l'a a donné à la voyelle une solidité particulière. 189. La préposition i existait en malg. anc. Cf. cette expression très fréquemment usitée dans les textes magiques qu'on fasse une amulette de telle ou telle façon, qu'on y inscrive telle et telle formule et ensuite <x/e~< <-<<)' ~/«~ qu'elle soit attachée au cou, Ma tête.


Les exemples (§ 44 VI et § 53 III) de malais tanda, signe bugui tanra, ma!g. tandra = Mefra malais pindah, changer bugui pinra, ma!g. findra = fidra laissent supposer que les formes malg. modernes ~7~7, /'M~! sont issues d'anciens *Yi~ *a; c'est-à-dire qu'au groupe indonésien -~?M'-=a!-t-M- le malg. a répondu par *-aMy-~> -ar-qui se serait ensuite normalement développé en -Mt/r~ par intercalation euphonique de la dentale. C'est une reconstitution possible sur laquelle je reviendrai, do procès qui a abouti à la formation de la double consonne moderne da après voyelle nasale.

Gabriel FERRAND.

M. DL'sots. C~de M~M et mécanisme des sons de la langue annamite. Étude phonétique pratique, Hanoi~a~oM~, //M~W!<??'!<? d'Extrême-Orient, 1909 [78 p. in-8J.

Le premier mot du titre, donne au lecteur un soubresaut. Un écrit couramment <~M~c n~M, avec le mot -y~c qui veut dire « pays alors que le mot e:<M< qui existe aussi, signifie « pioche ». Si l'auteur déroge violemment à ['ortografe usuelle, c'est qu'il est partisan d'une réforme ortografique, mais il a peut-être tort de l'appliquer avant que le lecteur ait pu prendre connaissance de ses raisons. M. Dubois trouve que l'écriture traditionnelle n'est pas fonétique puisqu'il lui arrive de traduire un même son par des signes différents et d'employer un signe unique pour des sons distincts. C'est une complication inutile et troublante; comment deviner que y«<! « armes » se prononce yt~a alors que dans mua « acheter a on se trouve en présence d'une diftongue dont 1'~ est l'élément dominant ? Observation parfaitement juste l'écriture ~M<)c M~M est fort compliquée et incommode sur ce point. tl propose d'écrire là où la sonante joue le rôle de consonne et de réserver u pour les cas où elle est nettement voyelle on ne saurait qu'approuver en principe. Maleureusement h


l'exemple <~<~c est mal choisi. Il est bien vrai que dans les régions du Tonkin que l'auteur a eu l'occasion d'étudier, la prononciation de ~t/Je se confond avec celle de CM~c. comme il le dit p. 33. Nous avons en effet rencontré la grafie CM<~c pour <~c, par exemple dans le Dictionnaire /hï/<r-a~M'yM: de Tru'ong Vinh Ky, au mot « étranger ». Mais la prononciation y~c est celle de la Cochinchine et de l'Annam. Le ~M~c M~M n'est pas fait pour le parler de telle ou telle région, mais pour tout l'ensemble des dialectes annamites, et, comme l'écrit M. Dubois luimême, p. 34, « qu'arriverait-il si chacun prenant pour base )'~c~ de terroir de la région qu'il habite se mettait u apporter des modifications à la notation moyenne adoptée? » Certainement le ~Mn'c M~M manque de simplicité pour la question qui nous occupe, mais en somme, grâce à certains artifices, il ne prête jamais à la confusion. Ainsi l'on sait que Ma ne peut se prononcer wa qu'après un q ailleurs ua constitue une diftongue dont l'u est l'élément voyelle dominant; quand la prononciation wa se présente à l'initiale ou après une consonne autre que <~ )c ~Mdc ~M la rend par oa.

Puisque nous avons commencé par une critique, présentons-en vite une autre, pour n'avoir plus guère que des éloges à adresser à l'auteur. Pour expliquer que les mots commencent et finissent d'une manière nette et brusque par un son qui a dès le début ou jusqu'à la fin toute l'intensité qu'il pourra présenter ailleurs, il expose (p. 4, p. 5, p. 9, etc.) que ces explosions et ces occlusions tnstantanées sont dues à des mouvements d'ouverture et de fermeture du voile du palais c'est la glotte qu'il fallait dire le voile du palais ne joue ce rôle de clapet que lorsqu'il s'agit des nasales.

Cette erreur n'empêche pas M. Dubois d'être un observateur de premier ordre. I!. décrit en générât la position t-t le jeu des organes buccaux avec une précision et une exactitude que ne dépasserait pas le fonéticien le plus exercé. Il a même imaginé des représentations schématiqur-s (p. 6 et 7) de la forme extérieure de l'ouverture labialt-, qui sont fort ingénieuses et pourraient être utili-


sées, avec les modifications requises, pour l'étude de la prononciation de n'importe quelle langue.

Son livre se propose avant tout d'être pratique, et il l'est. Il s'adresse au débutant qu'il s'agit d'introduire dans la connaissance de la langue annamite. M. Dubois s'élève avec raison contre la métode qui consiste en une étude muette de textes écrits et qui ne connaît d'autres exercices que le terne et la version fabriqués à coups de dictionnaire. En annamite la prononciation est tout Des Ilexions il n'i en a pas, des liaisons ou des règles d'accord pas davantage, de la sintaxe à peu près point. Si l'un veut comprendre les indigènes et se faire comprendre d'eux, il faut avoir exercé son oreille à saisir et ses organes buccaux à reproduire correctement les sons de leur langue. M. Dubois fait étudier d'abord les sons isolés, puis les groupes de sons qui constituent les mots. Il n'ignore pas que lorsqu'on fait jouer ses propres organes comme l'indigène fait jouer les siens, on produit exactement les mêmes sons que lui. C'est pourquoi il s'attache pour chaque son à décrire avec grand soin ce jeu des organes. Xous regrettons seulement qu'il n'ait pas jugé & propos d'indiquer le timbre des voyelles. Faites-vous prononcer tel mot, puis tel autre, c'est une métode mais ici l'auteur oublie peut-être son but qui est d'être pratique. Car, si t'Indo-Chine est près de certains endroits, elle est loin de beaucoup d'autres, et l'on n'a pas partout un annamite à sa disposition. Or nous prétendons qu'avec un livre bien fait on peut apprendre à prononcer correctement l'annamite tout seul au coin de son feu. 11 n'est pas plus dillicite de faire comprendre le timbre d'une voyelle que de décrire le fonctionnement de la langue.

L'auteur pourrait aisément combler cette lacune il s'est tiré à son onneur de questions autrement difficiles. ~ulte part, par exemple, nous n'avons vu exposée d'une manière aussi simple et aussi nette la prononciation des diftougues et des triftongues, ce qu'il appelle les sons voyelles composés. Même observation pour les consonnes finales; celles-ci sont uniquement implosives elles finissent sur une occlusion violente, non suivie d'explosion.


L'ouvrage se termine par 12 exercices dont les exemples sont choisis de façon à fournir des applications commodes et graduées de ce qui est exposé au cours du livre. Maurice GRAMMONT.

M. DuBos. Annamite et français. Étude phonétique pratique, Hanoi-Haiphong, VM~y~e~ ~jE';c~mp0~eK/, 1910 [52 p. in-8).

Après ce qu'on vient de lire sur l'ouvrage précédent, nous n'avons pas grand chose à dire sur celui-ci. Nous ne pourrions que répéter les mêmes éloges et aussi les mêmes critiques. Même métode, mêmes qualités d'observation pénétrante et en général mêmes défauts. Ce petit livre comprend deux parties, l'une où l'on étudie les sons de l'annamite pour un Français, l'autre où l'on décrit les sons du français pour un Annamite. La première partie, qui nous intéresse davantage, reprend exactement les mêmes questions que l'ouvrage précédent et dans le même ordre, mais elle ne le remplace pas. D'abord en euet les exercices qui terminent le « C~dc M~t et mécanisme des sons ne reparaissent pas ici, et d'autre part, si certaines parties sont plus développées, d'autres, qui avaient été largement traitées la première fois, sont brièvement résumées la seconde. On remarquera que l'auteur a rectifié quelques menues erreurs qui s'étaient glissées dans son premier travail, et que sur certains points il a affermi son opinion qui était encore ésitante. On notera parmi les additions eureuses l'introduction d'un certain nombre de schémas représentant la position de la langue on lira enfin, non sans intérêt, un exposé complet des idées de l'auteur sur une simplification du ~t<dc M~M'. Ses desiderata à ce sujet sont en somme fort raisonnables et modérés; mais nous ferons ici la même restriction que plus aut l'auteur n'a pas


toujours recherche avec assez de soin si h's diverses notations employées par l'ortografe usuelle pour un son qui est unique dans les parlers qu'il a particulièrement étudiés, ne correspondent pas à d'anciennes nuances de prononciation qui sont encore largement représentées dans d'autres dialectes.

Maurice GftAMMONT.

M. L. CADtÈRH. .t/0~0<<2~/<C (/C /C! .<?M'-MO~C ~<6:a/f ~t~Mo-a~yM~ et en a~~a~ Essai de phonétique comparée de ces deux langues. Hanoï, 1910, in-8, 341 p. (extrait du Bulletin de l'École francaise ~r~~eOrient, 1908-1910).

Le Bulletin de l'École française f/~r/p~e-0~pM< qui, sous la direction de M. Finot et de ses successeurs a pris si vite une place imposante parmi les revues d'orientalisme, publie depuis quelques années une étude approfondie du P. Cadière. l'un des meilleurs connaisseurs européens de la langue annamite, sur la semi-voyelle w. L'auteur vient de réunir en un gros volume cette série d'articles. On pourra ainsi examiner d'ensemble cette vaste étude, taptus considérable qui ait encore été faite sur l'annamite; on trouvera de plus dans ce tirage à part un index et un errata. On sait que 1 annamite, très différent du chinois en son fond, a emprunté beaucoup au chinois, qui est pour toute la partie de l'Indo-Chine ou se parle l'annamite, la langue de civilisation, et ceci à deux reprises, d'abord à une date ancienne, puis à une date moderne le chinois se trouve ainsi constituer une part très importante du vocabulaire annamite. On appelle sino-annamite la lecture annamite des caractères chinois le sino-annamite est une prononciation traditionnelle et littéraire de l'annamite, malheusement très défectueuse, parce que les caractères chinois n'en fixant pas la tradition, elle n'offre aucune garantie d'authenticité les changements de pro-


nonciation de la langue courante ont pu et dû atteindre dans une large mesure la prononciation littéraire. Mais c'est tout ce que l'on possède, et le P. Cadière a fait œuvre utile en en tirant parti. Il se sert aussi des prononciations dialectales; mais il importera qu'on fasse des relevés exacts et complets des types dialectaux et qu'on décrive dans le détail des parlers ruraux locaux. .le ne saurais apprécier le travail du P. Cadière mais il importait de le signaler ici comme l'un des efforts les plus grands qu'on ait consacrés à l'annamite. Prudemment, le P. Cadière s'est borné à des comparaisons l'hisloire de l'annamite ne pourra se faire que le jour où les langues sauvages de l'Indo-Chine auxquelles l'annamite est apparenté auront été décrites complètement et où l'on pourra ainsi faire vraiment de la grammaire comparée. Nul n'est plus qualifié que le P. Cadière pour entreprendre un travail, auquel cette grande publication montre qu'il est très bien préparé. Il ajouterait ainsi aux services très grands qu'il a déjà rendus à la linguistique.

A. MEILLET,

C. MEtNHOF. <?/'MM~MS <?!~e/' L<i!e der FaH~M~a<7~/t. Zweite durchgesehene und vermehrte Auflage. Uerlin (Dietrich Reimer), 1910. Gr. in-8. x-340 p. Avec gravures et une carte.

H n'est pas nécessaire de rappeler ici tout ce que la linguistique africaine doit aux écrits de M. Meinhof. il a su attirer l'attention de savants de tous pays sur le bantou et susciter de nombreux travaux qui facilitent les études de linguistique comparée. L'apparition d'une 2e édition du ~rM/?~s.'< est la meilleure preuve du succès de son œuvre nous l'en félicitons bien sincèrement.

Le nouveau volume est beaucoup plus gros que l'ancien mais cela tient en partie à l'emploi de caractère typographiques plus gros. M. Meinhof n'a pas augmenté le nombre de langues étudiées, mais il a refait l'exposition des six primitivement choisies.


Le chapitre consacré à la phonétique et à l'orthographe a été remanié et développé les amateurs y trouveront les éléments de phonétique dont ils auront besoin pour rédiger des monographies sur les parlers africains et les phonéticiens pourront s'y rendre compte rapidement des faits les plus curieux de la phonétique bantoue.

Dans le chapitre consacré au bantou commun, M. Meinhot émet quelques hypothèses sur les éléments constitutifs des parlers bantous modernes ils comprendraient a) un fond de langues nègres monosyllabiques b) des éléments morphologiques pt un certain nombre de thèmes fournis par une langue qui connaissait (comme le peul aujourd'hui) la répartition des substantifs en classes c) des emprunts aux langues non bantoues avoisinantes (bochiman< hottentote, chamitiques) </) des emprunts aux langues asiatiques et européennes.

Le supplément comprend près de 500 thèmes (230 env. de plus que dans la 1" éd.) et l'index a été considérablement augmenté il comprend un vocabulaire bantouallemand et allemand-bantou qui facilite les recherches. La bibliographie renferme plus de 200 noms d'auteurs mais elle est incomplète et présente des anomalies, on se demande par exemple pourquoi les ouvrages si remarquables de M. Junod sur le groupe thonga n'y sont pas mentionnés, alors que le petit traité de M. Berthoud sur nu i) dialecte de ce groupe y ligure.

La belle carte qui complète le volume présente malheureusement de graves lacunes. Le lecteur non prévenu s'imaginerait que les langues de l'ouest sont séparées de celles de l'est par une vaste région à parlers inconnus. II n'en est heureusement rien gràce aux travaux de MM. Jacottet, Madan, Sims, Swan, etc., nous pouvons suivre l'évolution des dialectes d'un océan à l'autre, tant dans le bassin du Zambèze que dans celui du Congo. M. Meinhof semble ignorer que le vocabulaire sotho de Mabille (qu'il cite) a été remplacé par un autre publié par M. Jacottet et dont la 3e éd. (Morija 1904) renferme des mots qui manquent apparemment en pédi. Ainsi les thèmes suivants du supplément sont attestés en sotho -ATO


par mokoro, pl. nzik-oi-o ~ANGA par ~/a~M « un grain » VAH par yMO/'< « ûlle » en face de mora « fils » (mora -)- ali) /cuvi par A/Mt~z/a « saisir arracher qui atteste le sens primitif du nom appliqué dialectalement à des animaux différents.

En dehors de ces omissions il y a lieu de relever les faits suivants

P. 2)7. souah. <my<M=kagourou /<<==lolo /a~'<: « voir a <; B *langa; YANGA signifie « étendre », cf. alla « prospérer » a//«~ « ouvrir (les mains), étendre », leoatle = xosa /M.'<ïn<e « la mer ».

P. 218. yunjTA est une forme réfléchie de KOLA (cf. p. 228) souah. yayi « œuf') ==tchouana /e~<xe==:fiote <a'A't et atteste donc un thème distinct.

P. 219. herero ejo « dent » atteste régulièrement un thème yp~o qui signifie « molaire » dans les langues de l'est (cf. pokomo gego, gitongo :~c~').

220. douala M~eKye/!= souah. Myc~yM: et se rattache à 2yELA p. 217.

P. 222. P. selepe atteste la contraction du préfixe /!<avec le radical qui commençait par y il y a de nombreux ex. de telles contractions (cf. /eMya!« « léopard a). P. 225. P. M:<M~ est une contraction régulière de w(M~M//<<?(cf. p. 230)-t-A'a~ (cf. sotho ~e~ « femeHe » avec ts après le prolixe /;).

P. 287. il est probable que douala e~e « voir)) = mpongoué <t'Ma: « voir)) qui atteste régulièrement 2 yKLA, car HvoNA semble être attesté en mpongoué par bona « regarder ».

N'étant point disciple de M. Meinhofet envisageant autrement que lui l'évolution phonétique du bantou nous rencontrons souvent dans son exposé des explications qui nous paraissent discutables. Nous n~ pouvons en signaler que quelques-unes ici.

P. 21 § 4. « Leichtes M verândert.die vorhergehenden Konsonanten ofter in velare Laute ». Cette assimilation n'a lieu que lorsque !< ;> w devant une autre voyelle.

P. 28 11. M. Meinhofamrmc que le bantou n'avait


que des spirautes sonores et il recourt à des théories assez compliquées pour expliquer l'évolution de ces spirantes après un préfixe n (p. 32 § 14 c.), et devant les voyelles initiales de certains sumxes (p. 36, § 15). Tous les faits signalés se comprennent facilement si l'on y voit des alternances attestant les évolutions diverses d'occlusives en fonction des phonènes en contact. L'absence de sonores occlusives intervocaliques dans la plupart des parlers modernes ne prouve pas qu'il n'y en ait pas eu (qu'on se rappelle occ~. soy:>r. en certains patois français, en grec moderne, en persan).

P. 36, § 13. Dialectalement certains phonèmes exerceraient une action analogue à celle du préfixe n. Tous ces faits s'expliquent si l'on admet que tout amuissement a été marqué par ou /i. Devant une consonne il y a eu métathèse et '~>/< après une consonne sourde. Ainsi par exemple nik, ik ~> n'k, 'k ~> ?:~ kh, nib, ib ~> H'~ > mb', b'.

P. 63. § 15. La contraction de mo- a eu lieu devant des consonnes non labiales. Ex. sotho noka « fleuve » = koua ??!o/o~, sotho M~a~o; « médecin = souatt. ?7!ya~ya (cf. thonga noro « rêve » pl. miioro, etc.). P. 114, § 3. On ne rencontre régulièrement v <~ H~ en herero que devant a, e, i (cf. §§ 7, 8).

Quant au phénomène appelé palatalisation des labiales que M. Meinhof explique par la dissimilation(p. 74,§34,c.) nous pensons qu'il s'agit d'une assimilation ày<~ «, soit que la consonne ait empêché le passage de le à w (cf. thonga bu, gén. ~ya en face de /M gén. lwa), soit que M ait été palatalisé par une ancienne palatale (dans la plupart des cas en etlet w <~ *Mf).

Mais quelles que soient les critiques de détail que l'on peut faire de cet ouvrage, il n'en reste pas moins vrai qu'on y trouve réunis un très grand nombre de faits intéressants, et les linguistes sauront gré à l'auteur de leur avoir fourni un aussi précieux instrument de travail. L. HOMBURGER.


F.-W.-H.MiGEOD. –y~c~M~May<Mo/e.4/~e<ï. Vol. A. London (Kegan Paul), 1911, in-8, vm et 373 pages, avec index et carte.

D. WESTERMANN. Die 6'M</aH~?'0!C~e/?. Eine sprachvery/f?c~eM6~e ~<?<~<?. Hamburg (Friederichsen), 1911, gr. in-8, 222 pages, avec tables, index et carte (Abhandlungen des Hamburgischen Kolonialinstituts, Band 111). Nous ne possédions jusqu'à présent aucun ouvrage d'ensemble sur les langues de l'Afrique Noire autres que les langues bantoues; par suite d'une heureuse coïncidence, il vient d'en paraître deux à la fois: l'un, en anglais, est dû àF.-W.-H. Migeod, transport o~cer à la Gotd Coast, qui nous avait déjà donné en 1908 une très remarquable étude sur la langue mende (Sierra-Leone) l'autre, en allemand, est l'œuvre du P~ D. Westermann, bien connu par ses beaux travaux sur la langue eM)e (TogoDahomey) et sur la langue /K/(peul).

Le livre de F.-W.-H. Migeod n'est que le premier volume d'un travail que l'auteur pense compléter en 1912. C'est l'étude comparée d'un grand nombre de langues ou dialectes parlés entre le Sahara et le golfe de Guinée depuis l'Atlantique à l'ouest jusqu'au Kamerun et au lac Tchad à l'est. En fait, cette étude embrasse, sinon toutes tes langues de l'Afrique Occidentale, au moins tous les groupes linguistiques de cette vaste région. Elle se compose principalement de tableaux comparatifs donnant 1° les principales règles morphologiques et syntaxiques en 33 langues ou dialectes (MM~'j haoussa, kanouri, foula (peul), MMM~K~~e~ bambara, soussou, vaï, ~MMO~, mendé, .MM!/?/ OMO/0/, ~e~M~N (sérère), temné, boullom, néouolé, /Me~'y~o (vetéré), ~OMa(mbato), <M~!OM/i'?'OM~ ~M.'t(akouapioi), yo:«m (taté), gan, éfé (éwé)~ yorouba, ~a?'a', noupé, gbari, igbi'ra, A~a?M~ ibo, ~A~ Ao:<), pages 87 à 112, chap.


iv; 2° la numération en 190 langues ou dialectes (dont un certain nombre de langues sénoufo et voltaïques et quelques langues parlées à l'est du Tchad), pages 128 à 161, chap. vu 3° une liste de 101 courtes phrases montrant l'application de quelques principes grammaticaux en 53 langues ou dialectes (dont 13 de la famille agni-twi ou agni-assanti), pages 228 à 330, chap. ix. Ces tableaux comparatifs sont fort intéressants, tant par la manière heureuse dont ils sont disposés que par la masse d'éléments d'études qu'ils renferment. Malheureusement tous ces éléments ne sont pas d'égale valeur je suis intimement persuadé que ceux recueillis directement par l'auteur sont d'une grande exactitude, si j'en juge par ses travaux antérieurs et notamment par son étude de la langue ~~e~ mais, comme il le dit lui-même dans sa préface, il n'a pu à lui seul recueillir tous les documents qui lui étaient nécessaires ses onze ans de séjour en Afrique Occidentale se sont écoulés presque entièrement à Lokodja et surtout à Sekondi et il ne lui a été possible d'étudier sur place qu'une partie des langues qu'il s'est donné la tâche de comparer entre elles (61 numérations, sur les 190, ont été recueillies par l'auteur lui-même, ce qui représente un chiffre considérable). Pour les autres dialectes, il s'est servi de listes de mots et de phrases que lui ont procurées des informateurs dont la bonne volonté est certaine mais dont la compétence nous demeure inconnue, et surtout de travaux publiés antérieurement, qui sont cités aux pages 159-161 et 350 il est regrettable que, pour certaines langues fort importantes et ayant été l'objet de nombreuses publications, l'auteur se soit contenté de travaux aussi imparfaits, parfois même aussi mauvais, que ceux par exemple de C.-A.-L. Reichardt pour le peul, de Faidherbe pour le sérère, de Schlenker pour le temné, de Koelle pour un grand nombre de dialectes, etc. il aurait pu, semble-t-il, puiser à des sources plus récentes et meilleures, notamment en ce qui concerne le peul aux travaux de Guiraudon, Gaden et Westermann, qui l'auraient éclairé sur bien des points de première importance que Reichardt a embrouillés comme à plaisir.


Ce côté défectueux de sa documentation se trahit dans les tableaux comparatifs, principalement dans ceux donnant les règles morphologiques et syntaxiques les plus importants assurément, par des erreurs nombreuses et d'une exceptionnelle gravité, erreurs que j'ai pu constater pour les langues ayant fait l'objet spécial de mes études. C'est ainsi qu'il range le peul parmi les langues à tlexion, alors que le peul est au contraire le prototype des langues purement agglutinantes qu'il prétend que la même langue ne peut former de mots par addition d'affixes à une racine pure, alors que c'est précisément là le seul mode de formation des mots usité en peul qu'il avance que cette langue possède un article, ce qui est assurément erroné qu'il dit que le régime direct se place en bambara tantôt avant et tantôt après le verbe, alors qu'il se place toujours avant sans aucune exception, etc. De même, beaucoup des phrases données aux pages 240 et suivantes sont tout à fait incorrectes pour n'en citer que queiques exemples, la proposition « c'est la maison du roi » est traduite en peul par lamdo sudu o ni, que l'auteur entend sans doute « roi maison elle ici », alors qu'il faudrait ~M</M /aM<~o M'o/M « maison roi est » l'incorrection est ici excessivement grave, puisqu'il s'agit d'un exemple destiné à servir de base de comparaison page 25S, il traduit en mandingue « si la pluie vient nous 's ne partirons pas M par ni sa ji ?M da nti ~~a il faudrait écrire ni san-ji na-da n < tarha et traduire « si la pluie est venue je (et non Mo:~) ne partirai pas » même page, « il l'a mal fait )) est traduit par nyi nka Ac~'M~M ke, ce qui veut dire « cela je (et non il) l'ai mal fait », etc. Pour ces raisons, je préfère de beaucoup aux tableaux comparatifs les chapitres substantiels où l'auteur traite d'une manière plus ample et plus générale certains faits linguistiques spéciaux, en se basant sur des langues qu'il connait personnellement. Le chapitre m (Preliminary remarks on /<my:M!yc) me semble particulièrement remarquable, aussi bien par la haute philosophie dont il est empreint que par la justesse des observations relatives à la prétendue pauvreté et au prétendu état primitif des


langues nègres. Le chapitre v sur la numération, le chapitre vu sur le pluriel et le chapitre vin sur le verbe sont des plus intéressants et, malgré de légères inexactitudes de détail, donnent bien la physionomie réelle des phénomènes linguistiques afférents à ces divers sujets. Je regrette seulement que l'auteur ait passé sous silence le phénomène si captivant des classes de noms, qui est d'une importance capitale notamment en ce qui concerne le peul, le ouolof, la sérère, les langues voltaïques et nombre de langues côtières, et qui serait à rapprocher du même phénomène en bantou. Les classes de verbes ou les formes diverses que peut revêtir un verbe donné auraient également mérité d'être examinées plus à fond, car elles sont loin d'être spéciales à la langue haoussa et présentent un développement remarquable dans plusieurs langues ouest-africaines, le peul entre autres. Mais sans doute ces omissions sont volontaires de la part de l'auteur, qui se réserve probablement de les réparer largement dans son second volume.

M. M. n'a pas voulu tenter pour l'instant une classification définitive des langues de l'Afrique Occidentale il estime justement que la comparaison des vocabulaires ne peut servir en général que pour discerner des afEnités ou des divergences dialectales et que l'étude comparative de la morphologie et de la syntaxe est le meilleur moyen d'arriver à une bonne classification des langues. Il donne de cela un exemple frappant et excellent en citant le broken ~:y/M/: qui est devenu la langue maternelle des Noirs européanisés de Sierra-Leone et dans lequel les mots sont anglais bien que la langue soit indubitablement africaine. Mais, surtout dans le but pratique de faciliter la localisation d'un idiome donné, il a réparti provisoirement les quelque 200 langues et dialectes qu'il a étudiés en 13 groupes différents, en se basant sur les noms de nombre il ne prétend pas donner cette répartition comme scientifiquement rationnelle, et en effet les noms de nombre, même les plus simples, peuvent parfaitement être empruntés à une langue étrangère, si celle-ci est parlée par le peuple dont l'influence civilisatrice est prédominante


je n'en citerai comme preuve que la numération usitée aujourd'hui par les tribus des lagunes de la Côte d'Ivoire, numération dont plusieurs termes sont analogues ou identiques aux termes correspondants des langues agni-twi, alors que la parenté de ces dernières avec les langues dites « lagunaires a serait fort difficile à établir.

En somme la répartition de M. M. est surtout géographique, au moins autant que celle que j'avais proposée dans un essai très imparfait publié en 1904 et concernant seulement une soixantaine de langues ou dialectes de la Côte d'Ivoire et de la Bouche du Niger'. Aussi ai-je quelque droit de m'étonner que (page 82), après m'avoir décerné des compliments auxquels je demeure très sensible, l'auteur semble regretter que mes groupements ne soient parfois que géographiques, ajoutant que « such a division of thé Mandingo dialects as he has selected, mainly based on whether the word for ten is fu or tan, is not one that can be accepted for more than a temporary arrangement ». Mon classement des langues mandé serait en effet bien arbitraire s'il était basé sur les différentes manières dont le nombre « dix » est rendu dans ces langues, mais il n'en est pas ainsi ayant, pour des raisons d'ordre purement linguistique, divisé les langues mandé en trois groupes, cherchant ensuite quel nom donner à chaque groupe pour la commodité des lecteurs et la mienne propre, et ayant remarqué que, par une coïncidence qui peut très bien n'être que fortuite, le mot « dix se disait généralement fit (ou ~OM ou vu ou bu) dans le premier groupe, td dans le second et ~2?MM (ou ~M) dans le troisième, j'ai proposé d'appeler respectivement ces trois groupes « mandé-fou, mandé-tan et mandé-tamou » il s'agit là de simples dénominations, qui n'ont pas plus de portée que celle de « langues d'oc a et « langues d'oil a, mais qui peuvent avoir le même avantage pratique.

La répartition proposée par M. Migeod, le premier et le dernier de ses treize groupes mis à part, ne présente 4. Cette répartition provisoire a été depuis rectifiée et amplifiée j'en ai donné un résumé dans les Mémoires de la Société de Linguistique (tome XVI fasc. 6, page 386).


d'ailleurs avec ma classification des langues de l'Afrique Occidentale que quelques divergences de détail. Je m'étonne toutefois d'y trouver le koulango rangé dans le « groupe mandingue » et le 60~0 (dialectes <a;'Œ et Aya~) rangé dans le « groupe agni-twi », alors que ces deux langues appartiennent très certainement à la famille voltaïque. Quant à l'a~'OM~TOM que M. M. place avec les autres langues lagunaires de la Côte d'Ivoire, ainsi que je l'avais placé moi-même tout d'abord, je le rattacherais a la famille que appelle « côtière o et qui correspond, d'une façon générale, avec le « groupe occidental ') de l'auteur. Les matériaux font encore défaut pour bien des langues de l'Afrique Occidentale: pour d'autres, ceux que nous possédons sont déplorablement mauvais: bien rares sont les travaux présentant à la fois le caractère scientitique et l'exactitude phonétique indispensable quand il s'agit de langues uniquement parlées dans ces conditions, faire la grammaire comparée des langues ouest-africaines est une tâche ardue et l'on ne saurait faire grief au premier qui l'ait tentée de n'être pas arrivé immédiatement à la perfection. Tous ceux qui se sont occupés de linguistique soudanaise ont commis des erreurs, et ma part personnelle dans ce chiffre d'erreurs est assez lourde pour que j'en puisse parler à bon escient. Aussi je n'hésite pas à dire que la tentative de M. M. est tout à fait digne d'éloges si je me suis permis quelques critiques à son égard, je désire qu'on ne les considère que comme une preuve de l'intérèt que j'ai pris à la lecture de son ouvrage et du désir que j'ai de le voir complété bientôt par un second volume.

L'ouvrage de M. Westermann est très différent de celui que je viens d'analyser. Malgré son titre Die Sudan.~acA~ qui pourrait faire naitre l'idée d'une étude générale des langues soudanaises, l'auteur s'est à peu près borné à l'étude comparée de huit langues de l'Afrique .\oire sus-équatoriale, dont cinq ont leur domaine localisé dans une petite portion de la côte de Guinée (le twi, le


y~, l'ewe, le yoruba et l'c/M:) et dont les trois autres appartiennent au bassin du Haut Nil (le kunama, le nuba et le dinka).

Je dirai tout de suite que, à mon avis, l'intérêt principal du volume réside précisément dans les rapprochements faits entre ces deux groupes de langues, séparés géographiquement l'un de l'autre par tout le Soudan central la lecture de l'ouvrage de M. W. démontt'e suffisamment, je crois, que cette distance n'est que géographique et que rien ne s'oppose à ce que l'on range le ~MM~M: de l'Abyssinie sous la même étiquette que le ~t de la Côte d'Or, à condition toutefois que l'étiquette ait une large envergure. Cette étiquette, c'est le titre même du livre die Sudansprachen. Elle me convient assez et le mérite de M. W. n'est pas mince, à mon avis, non pas d'avoir trouvé cette étiquette, mais d'avoir le premier songé à en démontrer la possibilité et d'avoir réussi à le démontrer au moyen d'une méthode scientifique et de recherches approfondies. Je me permettrai seulement quelques observations. D'abord l'auteur ne nous dit pas explicitement quelles sont les langues qui, pour lui, constituent la « famille soudanaise a seule, la carte placée à la fin du volume nous renseigne à cet égard et nous apprend que l'auteur appelle langues « soudanaises » toutes les langues africaines parlées au nord de l'équateur qui ne sont ni bantoues, ni hamitiques, ni sémitiques. En sorte que ce groument est en réalité plus négatif que positif.

M. W. a refusé la qualité de langues soudanaises au haoussa et au bari, que sa carte nous présente comme langues hamitiques il a assurément pour cela ses raisons, que j'aurais cependant aimé connaître, le caractère hamitique du haoussa en particulier étant loin de m'apparaître comme évident, bien que j'aie été, je crois, l'un des premiers à signaler l'influence profonde et indéniable exercée par les langues hamitiques sur le haoussa. Mais il est une autre constatation qui m'étonne bien davantage: c'est que l'auteur a refusé aussi la qualité de langue soudanaise au peu!, sans nous dire pourtant à quelle famille il le rattache les taches blanches qui, sur sa carte, repré-


sentent le domaine de la langue peule domaine bien amoindri d'ailleurs en ce qui concerne le haut Niger et la Boucle ne portent aucune indication. Or je ne puis m'expliquer comment M. W., qui a fait une étude spéciale du peul, refuse à cette langue la qualité de langue soudanaise, alors que sa carte accorde cette qualité au ouolof, au sérère. aux langues de la haute Volta, c'est-à-dire à des langues dont les principales caractéristiques sont certainement moins éloignées de celles du peul que de celles du kanouri et du téda par exemple. Les études auxquelles je me suis livré durant ces dernières années ont fait naître chez moi la conviction que, si les Peuls proprement dits appartiennent incontestablement par leur origine à la race blanche et très probablement à la famille sémitique, la tangue qu'ils parlent actuellement, empruntée par eux à une population de race noire (les ancêtres des Toucouleurs du Fouta Sénégalais), est aussi incontestablement une tangue nègre et une langue nègre sus-équatoriate, c'est-à-dire une « langue soudanaise », pour employer la terminologie de M. W.

D'autre part, si sous la réserve que je viens de faire relativement au peul le groupement imaginé par l'auteur me parait très admissible, il me semble assez difficile pour le moment de l'adopter autrement que comme un groupement négatif, ainsi que je le disais tout à l'heure, c'est-à-dire basé principalement sur ce que tes langues qu'il renferme ne sont ni sémitiques, ni hamitiques, ni bantoues. Quant à considérer ce groupement comme formant une famille linguistique déterminée, telle par exemple que la famille sémitique, la famille hamitique ou la famille bantoue, ce serait peut-être aller un peu loin. Assurément le ouolof, le twi, le yorouba, le dinka pour ne citer que quelques-unes des langues « soudanaises » ont bien entre eux quelque chose de commun, mais leur aninité consiste en majeure partie en ce qu'aucun d'eux ne saurait être rattaché aux trois familles susnommées. Partant de ce principe, il n'y aurait aucune raison pour ne pas faire des langues « soudanaises » et des langues bantoues une famille unique, sous le prétexte que ni les unes


ni les autres ne sont hamitiques ni sémitiques. Mn l'espèce, j'estime qu'il y a plus de différences entre le temné du Sierra-Leone, par exemple, et le sénoufo de la haute Côte d'Ivoire, qu'entre le temné et les langues bantoues en général. Et je ne serais pas éloigné de réunir les langues bantoues aux langues « soudanaises » de M. W.. pour faire du tout un ensemble de familles de langues nègres à opposer à l'ensemble des familles de langues asiatiques ou nord-africaines représentées dans le continent qui nous occupe par les langues proprement sémitiques et hamitiques. Cela revient à dire que, si l'on veut se livrer à une analyse positivement comparative des langues « soudanaises a de M. W., on arrivera fatalement à les séparer r'n un nombre assez considérable de familles linguistiques, dont chacune méritera tout autant le titre de « famille » que la famille bantoue et sera aussi distante de chacune des autres que de la famille bantoue elle-même. Cette dernière ne m'a jamais paru avoir rien, en dehors de son homogénéité et de sa grande extension territoriale, qui la différencie radicalement des familles sus-équatoriales, de même que les nègres dits bantous ne m'ont jamais semblé bien différents, au point de vue anthropologique, des nègres dits nigritiques ou soudanais.

Mais toutes ces remarques ne sont motivées, après tout, que par le titre du volume de M. W., sa préface et la carte qui termine l'ouvrage, car celui-ci, ainsi que je le disais plus haut, se compose en réalité d'une étude comparative, très serrée et remarquablement menée, de la structure des mots, du substantif, du verbe et de l'accent dans les huit langues précitées, et de la comparaison de 323 mots qui, dans ces mêmes langues et pour certains mots dans quelques autres, semblent provenir chacun d'une même racine primitive.

La première partie de l'ouvrage, consacrée à la grammaire comparée de l'CM.'e, du <M~, du y<~ du yoruba, de l'efik, du ~<!?M<7, du nuba et du dinka, est conçue dans un esprit réellement scientifique et présente le plus haut intérêt les exemples donnés sont nombreux et la question est en général traitéeà fond. Laseconde partie, où l'auteur


a cherché à reconstituer la racine primitive, en une sorte de langue soudanaise type, de chacun des 323 mots étudiés, est fort séduisante et offre une véritable mine aux recherches des linguistes. Je me demande seulement si l'on ne s'expose pas à nombre d'erreurs en disséquant avec autant de précision des mots que l'on ne connaît après tout puisque ceux qui les prononcent ne les écrivent pas que pour les avoir entendus, ou ce qui est plus grave encore pour les avoir lus tels que les a transcrits de son mieux celui qui les a entendus. Si l'on tient compte des défauts d'oreille inhérents à chacun et de la dimculté qu'éprouve tout Européen, même le mieux doué et le plus consciencieux, à saisir exactement et à rendre correctement les sons inaccoutumés et excessivement variés des langues nègres, il y a, dans ces comparaisons et ces études de mots isolés, un écueil qu'il convient tout au moins de signaler. En ce qui concerne les mots issyllabiques, j'ajouterai que, s'il s'agit d'une langue que l'on ne parle pas soimême et que l'on ne connaît pas à fond, il est difficile de savoir si tel mot donné par un auteur est bien présenté dans sa forme pure et radicale ou si au contraire on n'a pas affaire à un dérivé dans lequel il devient malaisé d'isoler la racine d'un affixe que l'on peut ne pas soupçonner. Je ne voudrais pas cependant que ces quelques observations, qui n'ontpas la prétention d'être des critiques, pussent taire croire que je n'apprécie pas à sa valeur le mérite de l'ouvrage et de son auteur. Celui-ci est en réalité le premier qui ait tenté un essai sérieux dans le domaine de la grammaire comparée des langues soudanaises, et la manière dont il a conduit cette tentative nous fait espérer que les travaux ultérieurs de M. nous fixeront enfin sur ce groupe jusqu'ici un peu trop délaissé par le monde savant. Ceux qui se sont adonnés à l'étude des langues nègres t't, d'une manière plus générale, tous les linguistes doivent être reconnaissants à M. Westermann et à M. Migeod de leur avoir montré des horizons nouveaux et d'avoir élargi le champ des recherches linguistiques africaines. Il semblait que, par une fortune singulière, le bantou détenait pour lui seul l'attention il était temps de montrer que,


quelle que soit son importance, il existe en dehors de lui dans l'Afrique Noire d'autres langues méritant qu'on les étudie sérieusement.

M. DELAFOSSE.

F. FROGER. Étude sur la langue des Mossi (Boucle du Niger) suivie d'un vocabulaire et de textes. Paris, Ernest Leroux, 1910, in-8, xxiv et 259 p.

Cet ouvrage présente un double intérêt tout d'abord il est le premier qui traite d'une façon étendue, sinon complète, d'un idiome appartenant à l'une des plus importantes familles linguistiques de l'Afrique sus-equatoriale, la famille voltaïque (voir la note relative à cette famille, dont le mossi constitue la langue principale, dans les Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, 1910, tome XVI, cinquième fascicule) ensuite le livre de M. Froger est le premier, au moins en France, qui ait appliqué à l'étude d'une langue soudanaise la méthode d'analyse scientifique. A ce double titre, nous devons être très reconnaissants à l'auteur de nous avoir fait profiter des résultats de son travail et à M. le gouverneur Clozel d'en avoir permis la publication grâce à l'aide pécuniaire du budget de sa colonie.

La tâche que s'était imposée M. Froger était ardue et délicate il s'agit ici d'une langue à peu près inétudiée jusqu'ici et, qui plus est, d'une langue non écrite, sur laquelle on ne peut se procurer d'autres documents que ceux recueillis de la bouche des Indigènes celui qui veut faire l'exposé rationnel d'une telle langue doit tout d'abord se l'assimiler parfaitement et, pour y arriver, il doit jouir d'une excellente oreille lorsqu'il procède ensuite à l'analyse des documents recueillis, il lui faut, en outre d'une bonne préparation théorique, une réelle puissance de raisonnement. Un pareil ensemble de conditions se rencontre rarement, et c'est pourquoi, si nous avons pour les langues soudanaises un nombre respectable de vocabulaires et de grammaires dus aux patients efforts de voyageurs,


missionnaires, officiers et fonctionnaires civils, nous sommes très pauvres en fait d'études linguistiques dignes de ce nom. M. Froger a comblé cette lacune en ce qui concerne le mossi et il convient d'autant plus de le louer d'y avoir réussi qu'il a choisi un sujet pour ainsi dire inédit. Sans doute son travail n'est ni parfait, ni complet, ainsi qu'il nous le fait observer lui-même tel qu'il se présente cependant et étant donnée la matière traitée, je ne crains pas de dire qu'il est, dans son ensemble, excellent. Il permettra en tout cas aux linguistes de se faire une idée juste de toute une famille de langues jusqu'ici inconnue ou presque et mettra à leur disposition une base sérieuse d'étude et de documentation.

M. Froger a exposé d'abord la phonétique du mossi, puis sa morphologie et en troisième lieu l'étude de la phrase une série de vocabulaires français-mossi nous donne ensuite les verbes et leurs dérivés, les substantifs, les adjectifs, les pronoms, les noms de nombre et les particules. Enfin un recueil de chansons, fables, contes et récits divers (3S textes en tout, accompagnés chacun d'une version littérale et d'une traduction française) constitue une sorte de monumenMittéraired'un intérêt incontestable.

Le matériel phonétique du mossi est le suivant: Voyelles pures i, e (fermé), è (ouvert), a (fermé), (ouvert), <) (ouvert), o (fermé), (eu dans « bonheur »), M (ou), M (u français, tantôt voyelle, tantôt semi-voyelle ou consonne).

Voyelles nasales <(in), g (e nasalisé), à (an), d (on). Semi-voyelles w,

Consonnes

Constrictives

Occlusives.

frtc~ttves. nasales. vibrantes.

sonores.. b v m

Liâtes sourdes p sonores.. d z n r Dentales sourdes < <

(sonores.. ~A rA(rvë)airegra~seyë)

Gutturates~


Ce qui frappe le plus dans la phonétique mossi, c'est la prédominance des consonnes sur les voyelles les voyelles pures se nasalisent très fréquemment ou même disparaissent « elles sont un obstacle pour l'organe mossi, naturellement prédisposé aux sons durs et gutturaux » à cause surtout de l'énergie apportée dans l'émission de la syllabe accentuée, il n'est pas rare de rencontrer trois, même quatre et parfois cinq consonnes se suivant sans s'appuyer sur aucune voyelle d'où des articulations fort ditEcites à reproduire pour nos organes français. (Citons les mots bdsdba, .sar~s~o, sikkdba, /?a~~<~a, ye~c~a~o, en notant toutefois que rh représente un phonème unique). On trouve bien aussi plusieurs voyelles se suivant sans interruption, mais alors l'une d'elles est brève et joue presque le rôle d'une consonne ou tout au moins d'une semi-voyelle.

L'aspiration ne se rencontre pas sous l'aspect d'une véritable consonne elle consiste dans la postaspiration de nombreuses voyelles et de certaines consonnes et, plus rarement, dans la préaspiration de quelques voyelles. Parmi les phénomènes d'accommodation cités par F., il convient de noter que les uns sont communs à la plupart des langues nègres et à beaucoup d'autres langues (comme la transformation de M et n en n devant y), tandis que d'autres sont plus spéciaux au mossi (comme la transformation de en n devant de en n devant g, de en K devant </). Rien de bien spécial ne concerne les phénomènes d'assimilation. Les substitutions ou permutations de consonnes sont fréquentes en mossi, mais elles ne se produisentqu'entre consonnesde même catégorie(labiates entre elles, dentales entre elles, gutturales entre elles), alors que, dans certaines familles linguistiques du Soudan (mandé par exemple), on trouve des substitutions bien plus curieuses (~substitué à s ou entre autres) on rencontre pourtant en mossi des cas de s transformé en rh, et, comme la substitution de k à n'est pas rare, on peut en conclure à la possibilité de substitution de s à k. A un autre point de vue, il est à remarquer que les permutations de consonnes ne paraissent avoir en mossi qu'un


tntérôt purement phonétique et ne constituent pas, comme en peul par exemple, un phénomène grammatical dû à une modification du nombre ou de la classe.

Je crois devoir dire ici que certains phénomènes considérés par F. comme simplement phonétiques me paraissent appartenir plutôt au domaine de la morphologie. C'est ainsi que ses cas d'apocope vocalique à la fin du premier élément d'un mot composé me semblent consister en une chùte du suffixe nominal: dans /j'My/<-<p « mariage » (pour/?My~-</<<?). il n'y a pas, à mon sens, apocope phonétique de la voyelle n, mais chùte du suffixe a de/)M~/t-a « femme », conformément aux règles morphologiques de la composition mossi. Mais c'est surtout dans l'explication de ce qu'il appelle l' « apocope consonantique H ou plus exactement « syllabique M que F. a dû prendre pour un phénomène phonétique ce qui semble bien être le résultat d'une loi de morphologie. La chùte de la syllabe finale d'lin nom en composition ou devant le suffixe (lu pluriel ne me parait pas due, au moins le plus souvent, au « principe de destruction qu'apporte avec lui l'accent d'intensité », mais simplement au fait que cette syllabe n'est autre chose qu'un suflixe de classification ou de détermination nominale, spécial au siugulier, et qui disparait eu composition pour ne laisser subsister que la racine intacte si :M-<<M « tête » donne avec /~<~ « substance blanche le mot :;M- « cerveth' a, c'est que le mot ~M-y~M se compose d'une racine ;'M et d'un suffixe ghu, lequel disparait en composition, mais ce n'est pas par suite d'une règle phonétique qui voudrait l'apocope de y~ ou de yAï< devant la consonne /). Il en est de même pour beaucoup de pluriels de noms dont l'analyse a été, je crois, imparfaitement expliquée par F. et dans lesquels la consonne qu'il appelle « caractéristique thématique » et qui, d'après lui, tomberait par apocope devant le suffixe du pluriel fait partie, non pas du radical. mais du suffixe du singulier; ~y~a « un habitant du Mossi » fait au pluriel Môse ou J/u~ /M~M « habit » fait au pluriel /M~/ il semble bien que les consonnes gh et y ne sont pas des « caractéristiques thématiques )) pré-


cédant des suffixes a et u, mais appartiennent réellement aux suffixes du singulier, lesquels sont gha dans le premier cas et gu dans le second, la racine de J/oy~a et A/osc étant ~o (qu'on retrouve dans Afo-~o « pays mossi », .tfo-~e « langue mossi »), celle de /M~!< et /M<M étant /M (qu'on retrouve dans /M-MA-<a « tailleur »). Nous avons .s'o~<? « administrer », .so~<? « posséder », s6 « appartenir » la racine de ces trois mots est assurément sô par suite, dans ~o-6a « propriétaire », le b fait partie du suffixe ba qui, étant le suffixe nominal du singulier, est remplacé au pluriel par o~'<XM6~ suffixe du pluriel de la classe de substantifs à laquelle appartient so-6a il n'y a pas apocope d'un b soi-disant « thématique », il y a simplement changement de suffixe. Si parha « femme a fait au pluriel ~e~6a tandis que ~arA~ « chien » fait Mse, ce n'est pas parce que la « caractéristique thématique » rh disparait devant se et se maintient devant ba, c'est parce que /M/<-<i' provient d'une racine ~<xrA et ba-rha d'une racine <d.

Cette constatation nous amènerait à modifier, en le simplifiant singulièrement, l'énoncé des règles données par F. pour la formation du pluriel des noms et des adjectifs. 11 ne serait plus question de la soi-disant « caractéristique thématique a et il suffirait de dire que, étant donné un nom quelconque, son pluriel se forme en changeant son suffixe du singulier en un suffixe pluriel correspondant, sans toucher au radical

le suffixe a se changera en <<am6a, Mm6a, n~tK6<: ou ba, parfois en se

da ou ta dba ou tba, ou simplement6a~;

ba (pour da) dba ou <j!?'<ïm6a, parfois en se ou namse

la J~:

). Le (< ou t du suffixe da ou ta constitue à lui seul un élément dérivatif indiquant le nom d'agent; c'est pourquoi il subsiste généralement au pluriel. Ce suffixe da ou ta est en réalité un groupe de deux suffixes d ou t, élément dérivatif, et a, suffixe du singulier qui se change régulièrement en ba au pluriel.

i*. Il est probable que l, dans le suffixe la, est un élément dérivatif analogue f/ou t dans da ou ta il semble caractériser les diminutifs.


le suffixe ga, gha ou rha se changera en se ou si le, de, Moud: a

re ou rhe a, !/J, ou parfois se ri a ou yà

o, go, gho, rho ou do do ou to, parfois en se <y«, ghu ou r/tM du ou tu

fo di

~)< :oun<;

les suffixes se, ni et (et parfois re) n'ont pas de suffixe pluriel correspondant.

H semble que F. n'a pas exactement saisi cette constitution essentielle des mots mossi en racine invariable phénomènes phonétiques proprement dits mis à part et suffixe. A vrai dire, il est souvent difficile de déterminer quelle est la racine et quel est le suffixe d'un mot donné, si l'on envisage ce mot pris isolément mais on peut arriver à une détermination exacte pour un grand nombre de cas, en comparant ensemble les diverses formes issues d'un même radical et en rapprochant des mots simples les mots composés qui en dérivent. Les racines mossi sont monosyllabiques et commencent toutes par une consonne ou une semi-voyelle en tenant lieu elles se composent, ou bien d'une consonne et d'une voyelle pure ou nasalisée ou aspirée, ou bien d'une voyelle précédée d'une consonne et suivie d'une, de deux ou plus rarement de trois consonnes, chaque consonne pouvant être ou simple, ou mouillée, ou nasalisée, ou aspirée. La racine ne s'emploie isolément c'est-à-dire sans addition d'aucun suffixe que dans les pronoms simples, les particules proprement dites, certains noms de nombre, de rares substantifs, et enfin pour l'infinitif, l'Impératif, le subjonctif et le présent indéterminé des verbes à racine terminée par une voyelle. On ne trouve pas d'exemple de racine à terminaison consonantique pure employée isolément*. t.

i. H se pourrait que ces racines à terminaison vocalique soient, en dernière analyse, les seules racines proprement dites du mossi, et que les radicaux à terminaison consonantique ne soient que des thèmes dérivés dans lesquels la ou les consonnes placées après la voyelle constitueraient des éléments suffixaux. Ce n'est là d'ailleurs


Le mossi est une langue agglutinante, sans flexions intérieures ni désinentielles elle ne possède ni préfixes ni infixes sa morphologie ne procède que par addition à la racine de suffixes servant à préciser sa valeur actuelle et à former des substantifs, des adjectifs ou des verbes, ou bien par juxtaposition d'une racine et d'un mot pour former des mots composés. C'est ainsi que la racine bi et le suffixe ga donnent le mot dérivé bi-ga « enfant », que la racine ti et le même suffixe ga donne le mot dérivé ti-ga « arbre » et que cette dernière racine ti et le mot dérivé bi-ga donnent le mot composé ~y~ « fruit » (enfant d'arbre).

Bien que F. n'ait pas élucidé cette question, il paraît à peu près certain que plusieurs consonnes jouent le rôle d'éléments suffixaux de dérivation et, s'intercalant entre la racine et le suffixe nominal ou verbal, amènent une modification dans le sens primitif de la racine. C'est ainsi que ou t, marquant l'action, sert à former les noms d'agent en da ou ta c'est ainsi encore que sert à former des diminutifs en la. Parlant des noms de qualité caractérisés par des suffixes ri, e?M, 6?K~ etc., F. nous dit que ces noms comportent parfois apocope de la dernière consonne radicale peut-être ce qu'il a pris dans ce cas pour la dernière consonne radicale est-il un élément de dérivation suffixé à la racine et qui disparaît dans le nom de qualité, non par suite d'un phénomène phonétique, mais parce que sa présence n'a plus de raison d'être au point de vue morphologique. Ainsi F. cite pe/K « blancheur a comme venant de pèlgh-e « blanchir » il est permis de se demander si gh dans pèlgh-e appartient bien à la racine et si /< ne proviendrait pas, .non d'un thème dérivé~gh exprimant l'idée transitive de « rendre blanc », mais d'une racine pèl exprimant simplement l'idée d' « être blanc », racine que nous retrouvons dans~)c/-yA<~ pl. pèl« blanc ». Comparez <M/-rAc « faire chauffer, faire brûler », qui provient sans doute de /M/ « être chaud, qu'une hypothèse que rien ne permet actuellement d'affirmer ni de nier.


être brûlant, être actif d'où /M/-<z « actif », ~<<~K « activité » /MOK-<y~-<? « rougir, rendre rouge a et MïOM-<?/K « chose rouge » ~!M-6~ « s'asseoir », z:M- « faire asseoir » sô « se baigner », ~e « baigner » gd-d-e « se coucher », ya7?-y~-e « faire coucher », gàh-ila « lit », etc. On aurait un élément dérivatif y, <y~ ou rh indiquant l'idée transitive ou factitive, d indiquant l'idée réSéchie, etc. Cf. en peul t<ar-!«/e « venir », n'û!M-?«/c « faire venir », ~ar-M~ « revenir », etc.

Le verbe mossi est invariable aux différentes personnes des deux nombres les pronoms sujets sont donc d'un emploi nécessaire pour marquer le nombre et la personne, sauf à la 3e personne lorsque le sujet est un substantif m pek-e je lave », /o~ ppk-e « nous lavons ». Ces pronoms sujets sont au singulier m (1~ pers.), f (2*' pers.), a (3~ pers.) et au pluriel tond (forme abrégée d), Hya~& (forme abrégée yi), bàmb (forme abrégée ~). Quant aux temps et aux modes, ils sont indiqués, soit simplement par l'addition d'un suftixe à la racine ou au thème, soit en plus par une particule de temps placée avant le verbe.

F. a reconnu l'existence de onze temps ou modes différents, qui se forment de la manière suivante lorsque la racine verbale est terminée par une consonne (et aussi lorsqu'on a affaire à un thème dérivé, lequel est nécessairement terminé par une consonne)

t" Infinitif, servant de présent indéterminé lorsqu'il est précédé d'un sujet (suffixe e ou parfois nasalisé en em ou im)

2° Présent déterminé ou absolu (suffixe dâ)

3° Imparfait (présent déterminé précédé de la particule ~); 1

Prétérit indéterminé (suffixe a~M~)

5" Prétérit intensif (prétérit indéterminé précédé de da);

6° Futur simple (forme de l'infinitif précédée de la particule na ou ~a);

7° Futur antérieur (infinitif ou prétérit indéterminé précédé de la double particule c~-Hc)


8" Conditionnel (particule na et suffixe t ou è) 9" Conditionnel passé (conditionnel précédé de da) ) 0" Subjonctif (infinitif, avec la forme abrégée du pronom sujet)

H" Impératif (à la pers. du sing., infinitif sans pronom sujet à la 1" pers. du plur., infinitif avec la forme abrégée du pronom sujet, comme an subjonctif à la 2" pers. du plur., suffixe ?/a sans pronom sujet).

Si la racine est terminée par une voyelle (pure, nasalisée ou aspirée), l'infinitif n'a pas de suffixe, le suffixe </<x du présent prend en général la forme ou ttâ et le suffixe a~c du prétérit devient me avec allongement de la voyelle radicale si elle n'est pas longue déjà.

L'ordre des mots dans la phrase est le suivant sujet, verbe, attribut ou régime, que la phrase soit affirmative ou négative. Le déterminatif (qualificatif, démonstratif, nombre) se place après le nom déterminé. Si l'adjectif possessif semble faire exception à cette règle, c'est qu'en réalité il n'y a pas en mossi de possessif ayant une valeur d'adjectif on indique la possession au moyen du pronom personnel régime du nom et précédant ce dernier nous disons « mon cheval », les Mossi disent « moi cheval H pour « le cheval de moi », comme ils disent « chef cheval pour « le cheval du chef ». Le régime d'un nom se place en effet avant ce nom le suffixe du nom régime disparaît dans le cas d'un mot composé mais subsiste dans le cas contraire <e/y~ « village a et K~ « chef s donnent /e~-Ma~ « un chef de village » et /<~<ya M~~ « le chef du village » tout au moins est-ce là la loi qui paraît se dégager des textes publiés par F., car il ne nous donne pas d'explications précises à ce sujet. Le régime d'un verbe suit ce verbe, le régime indirect se plaçant tantôt avant, tantôt après le régime direct.

L'emploi du relatif régime donne lieu à des observations intéressantes pour traduire « le bœuf que j'ai acheté », on dit « bœuf moi lequel ai acheté lui » pour « la femme dont tu as tué l'enfant », « femme toi laquelle as tué son enfant » ou « femme laquelle de tu as tué son enfant ».


La négation est ka ou pa et précède le verbe parfois elle se place avant la particule de temps, là où celle-ci existe, mais en général elle s'intercale entre cette particule et le verbe proprement dit. De plus la phrase négative se termine habituellement par une sorte de particule intensive ye.

L'interrogation se marque, soit simplement par l'intonation de la phrase, soit par un adverbe ou pronom interrogatif placé au début de la phrase, ou à la fin, ou encore entre le sujet et le verbe, soit enfin par la particule bi « ou bien » laquelle prend alors le sens de « ou bien non » et se place à la fin de la phrase (système commun à un grand nombre de langues soudanaises).

F. nous fait part d'un fait curieux qui semble inconnu aux langues géographiquement voisines du mossi dans ces langues on tutoie toujours la personne à laquelle on s'adresse, quel que soit l'ordre hiérarchique des deux interlocuteurs en mossi au contraire, on emploie la 2" pers. du plur. pour s'adresser à un supérieur ou entre gens de la haute classe à un égal on n'use du tutoiement qu'en s'adressant à un inférieur ou entre camarades, parents ou gens de peu. L'enfant cependant tutoie ses père et mère, mais les frères et sœurs disent « vous M à leur frère aîné.

En parlant des particules, F. ne cite comme particules proprement dites que des conjonctions; pourtant, en dehors de ses fonctions coordinatives, la particule la semble bien avoir parfois la valeur d'une préposition d'ailleurs postposée à son régime en mossi, marquant tantôt la possession kwilgh-burh-la fo /<yM a ~w??j « le marigot lequel du (dont) tu bois son eau », tantôt une tendance vers l'objet a c~y~ f a??!e' ou a < f la me, « il t'a chassé )) noter l'intercalement du pronom régime/entre la racine verbale ou le thème <~A et le suffixe de temps âme ou me) m ~o-~ y/a lirh-di « je donne toi à cauries (je te donne des cauries) ».

t. F. considère ici l, qui pourtant semble bien être la avec étision de u, comme un l euphonique (page 90).


Les vocabulaires donnés par F. sont suffisamment abondants celui des verbes est surtout intéressant en raison de la grande quantité de dérivés qu'il indique. On pourrait seulement regretter l'absence d'un vocabulaire mossi-français qui, entre autres avantages, nous permettrait de déterminer le sens des nombreux exemples cités dans la phonétique et la morphologie l'auteur nous dit (page 33, note) que l'on trouvera facilement la traduction 'le ces exemples dans le vocabulaire, mais cette recherche est au contraire fort malaisée puisqu'il n'existe pas de vocabulaire mossi-français.

J'avoue n'avoir pas très bien compris la note de la page 138, dans laquelle, à propos de ~e/~<x se prononçant M en composition, F. dit qu' « il serait facile, en se servant de l'alphabet arabe, d'écrire tà sans s'éloigner de la forme ~e/)ya ? » et que l'alphabet arabe permettrait une transcription phonétique plus exacte du mossi que l'alphabet latin. Je me demande comment, avec le système graphique arabe, on pourrait arriver à rendre les nasalisations si nombreuses et si importantes du mossi et en particulier comment on pourrait exprimer les prononciations M ou ~ya de façon précise ? Je ne puis suivre davantage l'auteur lorsqu'il ajoute que le mossi a fait « certainement » de « nombreux emprunts à à l'arabe, « tant de tournures que de mots » en fait de tournures, je n'en vois pas une seule en mossi présentant quelque analogie avec une tournure arabe correspondante, à part certaines tournures qui se trouvent communes à de nombreuses langues de familles très diverses et que le mossi n'a eu nul besoin d'emprunter à l'arabe pour les posséder; en fait de mots, je n'en ai pas rencontré dont l'origine arabe soit simplement possible, en dehors de quelques termes désignant des objets ou des concepts d'importation islamique, et encore ces termes ont été incorporés au mossi par l'intermédiaire du peul ou du mandé. Il suffit d'ailleurs de connaître l'histoire du pays mossi, rempart du paganisme autochtone contre l'envahissement musulman, pour comprendre que l'idiome mossi doit être, de toutes les langues de la région, celle qui a le moins emprunté à l'arabe. Du reste les em-


prunts faits à l'arabe par les langues soudanaises, même par celles dont les emprunts sont les plus abondants, n'intéressent que le vocabulaire et n'ont jamais affecté la physionomie ni la structure de ces langues.

Ces quelques critiques de détail ne diminuent en rien le mérite de l'ouvrage de M. Froger, qui demeure et demeurera sans doute longtemps encore la seule base sérieuse de toutes les études auxquelles se livreront les linguistes sur la langue mossi et, d'une fa~'on plus générale, sur les langues voltaïques.

M. DELAFOSSE.

Père BUTAYE. <?y<:?M~M!rc co~o/e. ftoulers, Jules de Mecster, 1910, 90 pages in-8.

A. SaiDEL et J. STRUYF. /,« /<!My<~ congolaise(grammaire, vocabulaire systématique, phrases graduées et lectures). Paris et Heidelberg. Jules Groos, 1910, \'m et 224 pages in-12.

Ces publications ont trait toutes les deux au ~OM~o, langue bantoue déjà bien connue par les travaux français des PP. Visseq sur le dialecte Soronqo, Carrie sur le dialecte /.a/M~M!, Lsset sur le dialecte « fiote » ou ~o~M~ Cambier, etc., les travaux anglais de Craven et Barfield (dialecte de Pc'/a:6a//<2), (iuinness (dialecte des cataractes en aval du Stanley-Pool), Bentley (dialecte de San-Salvador), etc., sans compter les ouvrages du xvir' siècle de Martinex, Brusciotto, Merotta, etc., qui nous donnent la physionomie du dialecte de San-Salvador tel qu'il était parlé il y a plus de 200 ans. H ne s'agit donc pas ici d'une langue sur laquelle nous puissions attendre des révélations.

Les deux ouvrages récents dus au P. Butaye et à la collaboration de A. Seidel et du P. Struyfn'en sont pas moins fort intéressants à divers titres. Le premier traite plus spécialement du haut ~Ao/tyo, c'est-à-dire du dialecte


parlé entre l'Inkisi et le Stanley-Pool, tandis que le second prend comme base d'étude le bas Az-&oK~o ou dialecte de San-Salvador. Le P. Butaye et le P. Struyf ont séjourné longtemps dans le bas Congo et y ont recueilli une quantité de légendes, contes et proverbes indigènes qui leur ont Fourni d'excellents matériaux pour l'étude de la langue. Le premier a indiqué, au début de sa grammaire, les principales divergences qui existent entre le haut ki-kongo pt )e bas ki-kongo ce dernier dialecte a une tendance a éjiminer le initial ou à le transformeren w ou en y (<m/M ou «'f~« au lieu de ~!?~< en haut ki-kongo, M~ïMM/M au )ieu de ~M~M/~M, yc~o au lieu de ~o), à changer les gutturales en labiales (vova au lieu de yo~M, u<m~ au lieu de ya~/a. mpovele au lieu de ngogele), à user des sonores u et à la place des sourdes f et (~'<!WfM au lieu de ~cHt/:<, /Maja au lieu de masa), etc. Lne lecture simultanée des deux ouvrages peut fournir d'ailleurs un bon élément. d'étude comparative des deux dialectes. Je note à ce sujet que la numérotation des classes n'est pas la même dans tes deux ouvrages le P. Butaye appelle 2" classe la de Seidel et Struyf (préfixe n ou m doux), 3° classe la 2" de S. et S. (préfixe mu pluriel mi), 4'' classe une section de la 2" de S. et S. (préfixe ou m dur), 5" classe la 3e de S. et S. (préfixe ~!), 6° classe la S" de S. et S. (préfixe <), 8' classe la 6' de S. et S. (préfixe /!<), 9' classe la 8' et la 9'' de S. et S. (préfixe &:< ou Mw) seules ses classe (préfixe MM pluriel ba ou wa), 7" (préfixe A'«) et 10e (préfixe fi) conservent le même numéro d'ordre chez S. et La grammaire du P. Butaye n'est pas volumineuse, mais elle est claire et précise, enrichie de nombreux '-xemp)es l'exécution typographique est remarquable, ce qui a son importance. Ce petit livre n'a pas les allures d'une dissertation scientifique, mais, à mon avis, il constitue un précieux et commode instrument d'étude, tant pour ceux qui veulent apprendre à parler le ~Aonyo que pour ceux qui s'occupent de linguistique africaine en général et des langues bantoues en particulier. L'ouvrage de A. Seidel et du P. Struyf m'a paru de valeur égale à celui du P. Butaye, mais il est conçu de


façon très différente. Après quelques remarques générales sur l'ensemble des langues bantoues et la place qu'occupe le /OMyo dans cette famille, suivies d'un très court exposé phonétique, on trouve 90 pages consacrées à une grammaire pratique conçue selon la méthode Gaspey-OttoSauer et 70 pages renfermant un riche vocabulaire systématique des mots usuels, une liste de phrases courantes et un recueil de textes accompagnés de traductions. La partie grammalicale contient, après l'exposé des règles faisant l'objet de chaque leçon, des listes de mots et des exercices de version et de thème les exemples d'application des régies sont par suite très multipliés. Ce livre est évidemment destiné surtout à )'étude pratique du ~o~yo et je suis certain qu'il rendra de réels services dans cette direction.

.je me permettrai seulement d'exprimer le regret quf, sur les 25 pages de textes en langue congolaise qui terminent le volume (SO pages avec les traductions), on ne trouve que 9 pages consacrées à une littérature proprement indigène, dans l'espèce à des fables et contes le reste renferme des traductions ou adaptations d'extraits du Nouveau Testament, rédigées–je le crois- en excellent A'o, mais qui ont le tort d'être des traductions d'une littérature tout à fa't étrangère, dans sa forme et son esprit, à la monta! ité congolaise, et qui, par suite, peuvent difficilement donner une physionomie exacte de la langue à étudier.

M. DELAFOSSE.

J. CALLOC'H. ~OCa~«/0!~ /~<X~paM-.MMyO et sango-français. Langue commerciale de l'Oubangui-Chari. Procédé d'un abrégé grammatical. Paris (Geuthner), 19H, in-8, vm-86 p.

Ce petit volume doit être signalé tant pour son intérêt propre que parce qu'il est le premier d'une série. Au point de vue de l'étude des idiomes indigènes comme à d'autres, la colonie du Congo est l'une de celles qui ont le plus grand m


retard à rattraper. Le P. Calloc'h en est revenu récemment avec une série d'études linguistiques soigneusement faites. Celle-ci est la première parue; d'autres suivront bientôt'. Et l'on s'en félicitera hautement, car le Congo, placé à la limite du groupe bantou et des types soudanais, offre un intérêt tout particulier au linguiste.

A. MEILLET.

A. Dupuis-YAKOUBA. Les CoM!so:C'~o'Me:<~ du Niger. Légendes songaï de la région de Tombouctou, publiées et traduites, avec préface de M. Delafosse. Paris (Leroux), 1911, in-8, vm-30S p. (et une carte).

Ce qui fait pour le linguiste l'intérêt de ce recueil de textes accompagnés de traductions, c'est que, comme l'indique M. Delafosse dans une excellente introduction, la langue songaï dans laquelle ils sont composés est jusqu'ici très peu connue. Le recueil est d'autant plus précieux que l'auteur a vécu de la vie indigène durant de longues années et qu'il a de la langue une pratique constante: il est allé jusqu'à joindre à son nom français un nom indigène, on le voit. On a donc ici les meilleures garanties d'authenticité. D'après M. Delafosse, le songaï ne se rattacherait immédiatement à aucun des types soudanais déjà connus. A. MEILLET.

P. H. NEEES. Lehrbuch der Jaunde Sprache. Mit einem Anhang. Uebungs- und Hfo~'<er~?<cA mit yeMaMer Ton~'<!?ï~<!o~ von P. H. NEKES und Dr. W. PLANERT. Berlin (G. Reimer), 1911, in-8, xiv-303 p. (~<?~'6~c~s S<?~Ma~ für o/MeAe ~~se~fK ZM Berlin, XXVI). Le P. H. Nekes, principal auteur du livre, a résidé plut. Trois autres ont paru depuis la rédaction de la notice ci-dessus; eUes seront annoncées dans le prochain Bulletin [Note de correction].


CoHEN (Gustave), 7, rue Chasseloup-Laubat, Paris (XV"). É)u te 24 avril i909. CoHEN (Marcet), agrégé de l'Université, 45, Chaussée d'Antin, Paris ()X''). Élu le 2 décembre i90S.

COLINET (Philémon), professeur à l'Université, Louvain (Belgique). Élu le 25 juin 1892; membre perpétuel.

CONSTANS (Léopold-Eugène), professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 42, cours Gambetta.Aix-en.Provence (Bouches-dû Rhône).–Étute4juini898. CORNU (Jules), professeur à i'Université, Laimburggasse, it, Graz (Styrie), Autriche. Élu le i9juittet f873.

CouBRONNE (Louis), professeur au tycëe.i, passage Saint-Ives, Nantes (Loire!nférieure). Élu le 23 janvier 187H.

CounANT (Maurice), secrétaire interprète du ministère des affaires étrangères, maitre de conférences à l'Université de Lyon, 3, chemin du Chancelier, Ecutty (Rhunc). Élu le 7 avril 1900.

CUNY (Albert), professeur a l'Université, 9, rue du Jardin-des-Plantes, Bordeaux (Gironde). Élu le 9 mai <89j, administrateur en i903-t904; viee-presidenteni907.

DAv;D (René), ingénieur, 59, avenue Raspail, La Varenne Saint-Hilaire (Seine).–K)u)ei8 février 1882.

M. DELAIRE (A)exis), 29, boulevard dc~Batigno)tes, Paris (Vtt!'). Élu le i8 novembre 1876; membreperpétuel.

nELAFOssE, chargé de cours a l'École spéciale des Langues orientales vivantes, S4. Rue Vaneau, Paris (Vtt').-Ètu le 18 décembre i909.

DEUPLAKE (A.), chef de bureau lionoraire au Ministère des travaux publics, 82, rue Bonaparte, Paris (VI'). –Admis dans la Société en 1868. DEI.OUSTAL, professeur a l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 9, avenue Marigny, Fontenay-sous-Bois (Seine). Élu le fi janvier t9U. DENY (Joseph), professeur à l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 29, rne Saint-Guillaume, Paris (VU'). Élu le 20 mars 1909.

DESTAING, directeur de la Médersa, Alger. Élu le i2 mars i9i0. DJANU (Jean N.), professeur au séminaire central, Bucarest (Roumanie). Élu le 7 février t89i.

DtHtGO (D' Juan M.), professeur a l'Université, UO, San Ignacio, La Havane (Cuba).–ÈtuJeiS décembre i894.

DOTTIN (Henri-Georges), professeur à l'Université, 39, boulevard Sévigné, Rennes (ttte-et-Vitaine). Élu le 6 décembre 1884 bibliothécaire de i888ai89f.

DUCHESNE (Charles-Edmond), docteur ès lettres, i32, rue du FaubourgPoissonnière, Paris (X*). Élu le 24 février 1900; membre perpétuel. 6n. D!;RAND-GnÉv;LLE(Èmi)e-/t/i~), 3, rue de Beaune, Paris (VU') [de janvier à mars] et Bois-Briou, Angers (Maine-et-Loire) [d'avril a décembre]. Élu le i'avriti882;membre perpétue).

DuTENs (Alfred). 12, rueCtément-Marot, Paris (Vtt !).–È)u te 19 juillet 1879. ERNOUT (Alfred), docteur ès lettres, professeur au lycée, i3, rue du Cirque, Trnyes (Aube). Elu le 3 décembre i904.

En.'<AULTfËmite-yeHM-~a<'«;), professeur à t'Universi te. 2 &M. rue Saint-Maixent Poitiers (Vienne). Elu le i8 décembre i87S: administrateur de 1882 au 24 mai i8h4 membre perpétuel.

FAY (Professor Edwin W.), University of Texas, 200, W, 24"' Street, Austin (Texas, États-Unis). Élu le i;i décem)<re 1804.


FÉGHAu (abbé M. T.), chargé d'un cours libre à l'Université, I3S, rue de SaintGènes, Bordeaux (Gironde). Élu le 24 avril 1909 membre perpétuel. FERKAND (Gabriel), attaché commercial pour les Pays Germaniques, 140, boulevard Saint-Germain, Paris (V)').– Élu le 30 novembre 1901. FIGARET, capitaine d'artillerie coloniale, Nîmes (Gard). Élu le i8 mars 1911. FINOT (Louis), professeur au Collège de France, directeur adjoint a l'École pratique des hautes études, il, rue Poussin, Paris (XVI'). Élu le 2o juin 1892; membre perpétue!; trésorier de 189S à 1898; président en 1910.

GAiDoz (Henri), directeur d'études à t'Ecote pratique des hautes études, 22, rue Servandoni, Paris (VI'). Membre de la Société en 1867 administrateur de 1870-1871 au 37 janvier 1877 président en 1881.

GAsc-DEspossÉs (Alfred), professeur au lycée, 23, rue du Lycée, Évreux (Eure). Elu le 9 mars 1889 membre perpétuel.

GAUDEFROy-DEMOMBYNES (M.), professeur à l'École spéciale des langues orientales vivantes, 9, rue Bara, Paris (VI*). –É)n le 24 mai 1900, président en 1906.

GAUTUioT (Robert), directeur adjoint à l'École pratique des hautes études, 14. rue Mouton-Duvernet, Paris (XIV). -Élu le 4 décembre 1897; membre perpétuel trésorier en 1907; administrateur depuis 1903. VAN GENNEP, 4, rue Froidevaux, Paris (XtV°). Élu le 18 mai 1907. GoELZER (Henri), professeur à l'Université de Paris, 32, rue Guillaume-Tell, Paris (XVtt"). Élu le 16 janvier 1909.

CoNNET (L'abbé), professeur à l'Université catholique à Franchevitte(Rhône). Elu le 12 juin 1875 membre perpétue).

Gov, professeur à t'Ëcote Normale, Lyon. Élu le 18 février 190S. GpA~MONT (Maurice), professeur à l'Université, 4, rue Jacques-Draparnaud, Montpellier (Hérault). Elu le 14 décembre 1888,

GRANDGENT (Charles-H.), professeur à l'Université de Harvard, 107,Watker Street, Cambridge (Massachussets, États-Unis d'Amérique). Élu le 29 mai 1886.

GRASSERIE (Raoul DE LA), docteur en droit, correspondant du Ministère de l'instruction publique, juge honoraire, 12, rue des Fossés, Rennes (Illeet-Vilaine). Élu le 14 mai 1887.

s~. GRENIER, maître de conférences a l'Université, 46* rue Jean-Lamour, Nancy (Meurthe-et-Mosetle). Élu le 18 décembre 1909.

GftÉGomE (Antoine), docteur en philosophie et lettres, professeur à t'Athénée, 49, rue des Crépatles, Huy (Belgique). Élu le 1S février 1896. GREGORIO (Giacomo DE), professeur à l'Université, 207, Via Stabile, Palerme (Sicile). Ëtu le 1" décembre 1900; membre perpétuel.

GuESDE, chargé d'un cours libre à l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 1S, avenue Ëtisée-Recius,Paris (VU').–Ètu tel8décembrel009. GutMHT (Emile), directeur du Musée Guimet, avenue d'Iéna, Paris (XVt°), Élu le 22 janvier 1881 membre perpétuel.

GusTApssoN (D~ Fhdotf-~adt'mt)'), professeur a t'Université, 41, Unioninkatu, Helsingfors (Finlande). Élu le 16 mai 1885.

HALÈvv (Joseph), directeur d'études à t'Heote pratique des hautes études, 9, rue Champottion, Paris (V*).–Etu le 13 janvier 1872; président en 1888. HAVERffELD (F.), professeur, Headington Hill, Oxford (Grande-Bretagne). Ëtu le 18 novembre 1882: membre Deroétuet.


aryens (le mot aryen est pris ici dans son sens propre, le seul un linguiste puisse l'employer). On a depuis longtemps supposé que les langues aryennes de l'Inde s'étaient développée-: sur un fond dravidien. La création en des conditions du reste bien définies des cérébrales que l'iranien commun ignore en est une preuve très forte. On a aussi attégué la résistance à la confusion entre r et confusion qui est totale en iranien et dans t'indo-aryen du Nord-Ouest représenté par la langue des parties anciennes du Rgveda et à laquelle le reste de l'indo-aryen a échappé, au moins à l'initiale et à l'intervocalique. Une concordance plus remarquable peut-être que cette dernière est celle-ci que te sanskrit ignore les spirantes, comme le dravidien, et au contraire de l'iranien où le développement des spirantes a joué un rôle décisif. On ne pourra donc déterminer en quelle mesure la forme prise dans l'Inde par t'indo iranien est due à des influences locales que le jour aura été posée nettement la grammaire comparée des parlers dravidiens (on verra d'intéressantes remarques dans le compte rendu de M. HIoch, ./oMma/<i!M~?~ 1911, I, p. 162 et suiv.). Et pour cela, la connaissance d'un parter complètement séparé de tous les autres comme l'est le brahui est de première importance. Aussi doit-on remercier vivement M. Denys de S. Bray d'avoir donné de cette langue une description précise, clairement présentée et qui offre toutes les garanties d'exactitude, puisque l'auteur a résidé quatre ans dans le pays et a largement usé des renseignements fournis par un indigène intelligent et cultivé.

A. MAILLET.

MATER~ALY i'O .)AH-;T'TCHt:SKOMU .)AZYKOX.\AMJU. I. I!'Ja TcHKO~iJA. ~t/S</i.S/ y/OS.{/. -S7~r~ /«' !;0~</y/ 6' ~ot'<i! .S'<?My-~<?M< O/c/Mnx i Davida reA«6!r<7. Pétersbourg, 1910, in-8, vii-74 p. H. N. MARR. G~<!?Mmalika C«'?~Aayo ~<<zyo~ jazyka s My'e~o/MS~c/M i .o<a~7M. i'étersbour~, 1910, in 8, xxx-240 p. III. I. KIPSIIIDZE. /~0/~0/M~<?!~fAUC~M~<!0 Ca'H~'OM<~<!zy~.


Pétersbourg, 1911, vi-33 p. (Publications de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg).

Il est, bien connu que le géorgien forme un groupe très défini avec le mingrélien, le laze et le svane. Mais les matériaux dont on dispose pour faire la grammaire comparée de ce petit groupe, matériaux presque tous publiés dans le Sbornik du Caucase, sont insutEsants et assez incommodes à consulter. M. Marr a donc eu une heureuse idée en fondant la collection annoncée ici, dont les premiers volumes complètent la connaissance que l'on avait du laze- surtout par le travail de M. Adjarian, paru dans nos Afe~ozy'M et du géorgien, et dont les volumes promis doivent renfermer une grammaire du mingrélien par M. Kipsidze et des grammaires du svane et du géorgien par M. Marr, ainsi qu'une grammaire comparée du caucasique du Sud (que M. Marr aime à nommer japhétique) et enfin, comme couronnement, une grammaire comparée du « japhétique)) et du sémitique. On sait que M. Marr tient le groupe caucasique du Sud pour étroitement apparenté au sémitique. Il y aura lieu d'examiner le fond de la thèse quand M. Marr aura publié les grammaires comparées promises. En attendant on se félicitera d'avoir les faits nouveaux qu'apporportent ces nouvelles publications et les observations nouvelles faites sur les lieux (cf. Marr, 7z ~o~ v <ecÂ!/ LasM~a?!, extrait du jP:<<?<zn de l'Académie <~c~!H~-PJ~'s&oMry, 1910). Pour une critique plus détaillée et pour la discussion des critiques adressées à M. Adjarian, on renverra aux articles de MM. Reby et Adjarian (Journal de la .§o<67e<MM!K~ 19i 1,1. p. 361 et suiv.) et de M. Adjarian (dans la revue arménienne Ararat, 1911, p. 414 et suiv.). A. MEtLLET.

t!. C.\RRA DE VAUX. La /a:~MC <'<?'M.~?/C. ~a~/6!C~ pa?'M! les ~~Mex. Étude de quelques textes. Paris (H. Champion),1911,in-8,xxix-195p.

M. Carra de Vaux a eu la révélation que l'étrusque a


des « rapports » avec l' « altaïque », et l' « altaïque M avec l' « aryen ». Je dis des rapports, car la notion de parenté de langues, trop précise, n'est pas celle avec laquelle opère l'auteur. L'exemple suivant donnera une idée de la manière de M. C. de V. et dispensera de toute critique: P. 93. « 7~M~ ou :<~ jour; mot étrusque d'après Varron. Racine UT, temps. Uig. M~, ud, temps. Ce mot se retrouve en magyar ido, temps en allemand /<CM/~ et il paraît une autre fois en latin sous la forme ~oe~'c. ? »

A. MËILLET.

C. C. L'HLENBËCK. Coy:M<!0?! à ?<7ïf phonétique comparative des dialectes basques. traduit avec revision de l'auteur par G. LACOMBE. Paris (Champion), 1910, in-8, 120 p.

Quelques linguistes connaissant et pratiquant vraiment la méthode historique ont enfin abordé de front dans les dernières années l'étude de la langue basque. M. Schuchardt que les tâches neuves et difficiles séduisent toujours, a apporté à cette recherche sa maîtrise admirable. M. Uhlenbeck a eu le courage de rédiger, le premier, un exposé d'ensemble de la phonétique comparative des dialectes basques, et il a donné là un modèle, en même temps qu'il indiquait la voie à suivre.

Il ne peut encore s'agir que d'une esquisse. Car on n'a des dialectes basques qu'une connaissance générale, et l'étude détaillée des parlers locaux n'a pas été faite. On n'a pas encore le moyen de dresser une carte linguistique du pays basque c'est une entreprise urgente et dont les basquisants français et espagnols devraient prendre sans retard l'initiative. C'est seulement quand on aura des données exactes sur tout l'ensemble du pays basque qu'il sera possible de faire une phonétique historique du basque, en s'aidant des vieux textes malheureusement peu anciens et en utilisant les mots empruntés aux langues voisines.


11 y aura )icu aussi de déterminer les emprunts que les dialectes basques se sont faits les uns aux autres. Quand tout ce travail long et délicat aura été fait, et alors seulement, on aura une base solide pour essayer d'établir la position du basque parmi les langues humaines. M. Lacombe a très bien fait de traduire, et la si utile /UM~ des études basques, de publier, d'abord dans ses fascicules, puis à part, ce petit livre de M. Uhlenbeck, qui pose la question avec méthode et avec prudence. Occupé par ses travaux sur les langues américaines, M. Uhlenbeck n'a pu faire que des corrections de détail au texte paru en 1900, et n'a pu refondre son travail, en tenant compte des derniers résultats obtenus par M. Schuchardt, comme il en aurait eu le désir. On souhaitera néanmoins que cette publication suscite des vocations et indique aux linguistes français et espagnols le type des travaux à faire. Il importe qu'une méthode historique rigoureuse vienne entm éclairer le problème basque, si obscur et si troublant.

A. MEH.LET.


.\os confrères sont instamment pries de vérifier sur la liste publiée ci-après les indications qui les concernent, et d'envoyer le plus tôt possible à l'Administrateur les rectifications qu'ils jugeraient utiles.

AVIS


LA SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE DE PARIS AU i" JUILLET 1911

Mil. -(- ASCOU, t Prince AnxjmoM BIBESCO, 5timE<. BnÉAL, t jAms JACKSON. MEMBRES PERPÉTUELS

MM. Lucien ABEILLE.

Alexandre ÂLEXANDMWSH.

-j-G.-I.AscoLi.

J. BAUDOUIN DE GOCRTENAY.

t Prince Alexandre BiBESco. AtphonseBLANC.

F. BONNARDOT.

t Alexandre BOUTROUE.

Paul BOYER.

fSophusBnGGE.

-j-HartwiKDERENBOttRG.

LISTE DES MEMBRES

DE

_e"

MEMBRES DONATEURS

Daniel BARBELENET.

Phi)ippeBER6ER.

Michel BRÉAL.

Ph.CoHNET

t Georges COUSIN.

Alexis DELAIRE.

-j- 0. DONNER.

Edmond DUCHESNE.

Emile DupANB-GRÉviLLE.

-{-EmiteEGGER.

Emile ERNAULT.

M.FÉGHALI.

Louis l'MOT.

Jean FLEURY.

~CiH'istia.nGARMER.

AifredGASc-DESFOSsÉs.

Hob. GAUTHIOT.

GONNET.

'{-GoULLET.

GinCOmODEGREGORtO.

Emile GUIMET.

F.HAVERFIELD.

Louis HAVET.

t Victor HENRY.

L.HÊRtOT-BuNOUST.

-j-JamesJACKSON.

<ha.rtesJoRET.

Jean KIRSTE.

MarquisDELABORfE.

GeorgesLA COMBE.

Cliarles R. LANHAN.

Henri LARAY.

MM. Jules LEBRETON.

t Gustave LEGOCQ.

Louis LEGER.

'j-AIbertLEptTRE.

J.-F. LOCBAT.

G. MASPÉRO.

A. MAZON.

A. MEILLET.

Paul MELON.

-j- Demetrios DE MENAGIOS.

Paul MEYER.

Paul OLTRAMARE.

t Gaston PARIS.

t Théodore PARMENTIER.

Paul PASSY.

t S. M. Dom PEDRO II.

MM. Antonio PENAFtEL.

t Charles PLOIX.

Sir John Rtivs.

Milurice ROGER.

-j- Engene HOLLAND.

Jules RONJAT.

Ch.L.RoSAPELLY.

Ch.SACLEUX.

Ferdinand nE SAUSSURE.

A.-H.SAYCE.

Gustave SctiLUMBEMGEK.

Paul §ÉBtLLOT.

Emile SENART.

Edmond SÉNÉCHAL.

Joh~n STORM.

Léopold SUDRE.

Adrien TAVERNEY.

ËS.TECNÉR.

-J-D'TUOLOZAN.

M'" DE TcHERNtTXKU

MM. ViU). TnoMSEN.

M~xVASMER.

JoSfph\'ENt)RYES.

MetehiorDEVocûÊ.

-[-Edwardh.WHARTON.

A. WiLBOtS.

Ludvig WiMMER.


MM.

ABEtLLE (Lucien), professeur à )'Éco)e supérieure de Guerre et au Collège national, Calle Rodriguez Pena, H36, Buenos-Aires (République Argentine). Élu le 23 mai i89t membre perpétuel.

ADJARIAN (Hratchia), étéve diplômé de l'Ecole pratique des hautes études, professeur au séminaire arménien de Nakhitchevan s. 1. Don (Russie). Élu le 27 février 1897.

ALEXANDROWSKI (Alexandre), licencié es lettres. Villa Suvretta, Campfer (Suisse). -Élu le 28 mai i892; membre perpétuel.

ANDREAS (F. C.), professeur de phitotogie orientale à l'Université, Herzberger Chaussee, 101, Gôttin;:en (Allemagne). Élu le 29 avril 1911. ANGLADE (Joseph), professeur de langues et littératures méridionales à l'Université, Toulouse (Haute-Garonne). [Adresse de vacances Lézignan (Aude).l E!u le 28 mars i903.

ANWYL (Sir Edward), professeur, 62 Marine Terrace, Aberystwytb, Wales (Angleterre). Élu le 8 décembre 1906.

Aufto (Alessandro), professeur au Lycée, 3o, ViaSanta Chiara, Turin (Italie). Élu le id janvier 1896.

BAILLY (Anatole), correspondant de l'Institut, 9<, rue Bannier, Orléans (Loiret). Admis dans la Société en i8C6.

BALLY (Charles), privat-docent à l'Université, 3, rue de Candolle, Genève (Suisse). Élu le 10 mars 1900.

'0. BARBELENET (Danie)), professenr au Lycée, 43, rue Edouard-Adam, Rouen (Seine-inférieure). Élu le 17 décembre i892 bibliothécaire en i893; membre perpétuel.

BARTH (Auguste), membre de l'Institut, iO, rue Garancière, Paris (Vl"). Élu le 10 mars J87:i.

BARTHÉLÉMY (Adrien), consul de France, professeur a t'Ecote spéciale des Langues orientales vivantes, directeur adjoint à l'École pratique des hautes études, au Petit Jouy, route de Versaittes(S.-et-0.).–Èiu le t6 février 1884; vice-président en i9i0.

BASSEï(René), correspondant de l'Institut, directeur de l'École supérieure des Lettres, Villa Louise, rue Denfert-Rochereau. Alger. Élu te 3 juin t888. BAuntscH (Ju)ius), docteur en philosophie, Gersthoferstrasse, 43, Vienne (Autriche). Elu le 3 décembre 1892.

BAUDOUIN DE COURTENAY (Prof. D' J.), Yasitievskij Ostrov, Kadetskaja Linija, n" 9, kv. i4, Saint-Pétersbourg (Russie). Ëtu le 3 décembre i88i membre perpétue).

BAUER (Atfred). 17, rue Tournefort, Paris (V"). Ètu le 9 janvier )87H. BENOisT-Lucy (L.). 3 bis, rue Schnappcr, S.tint-Germain-eu-Laye (Seine-etOise). Élu le 2 février t90t.

BERGER (Philippe), membre de l'Institut. professeur au Collège de [''rance. sénateur, 5. rue Leverncr, Paris (V)''). Ktu te i" juin 1872 trésorier depuis le i) avril 1874 jusqu'au 3t dé''em)'ro i89t président en i892; membre perpétuel.


BLANC (Alphonse), professeur au Collège, La Massale, par Ganges, Cette (Hérault). Élu le 20 février I87S membre perpétuel.

BLOCH (Ju)es), agrégé de l'Université, S7, boulevard de Vaugirard, Paris (XV'). Élu le 5 décembre 1903.

BLOCH (Oscar), professeur au Lycée, 13, rue de la République, Orléans (Loiret). Élu le 28 mars i903.

BLUM (Léon), maître des requêtes au Conseil d'État, 126, boulevard du Montparnasse, Paris (XIV). Élu le 18 décembre 1909.

BOGORODITSKIJ (Vasilij Ateksejevië), professeur à l'Université de Kazan (Russie). Elu le 21 janvier 1903.

BotSACQ (Émile), professeur à l'Université de Bruxelles, 14, rue Van Elewijck, Ixelles (Belgique). Élu le 13 février 1892.

BouotEME (Ajuste), chef d'escadron d'artillerie coloniale, 28, boulevard Périer, MarseiHe (Bouches-du-RhGne). Élu le 9 juin 1906.

BoNNAKDOT (François), archiviste-paléographe, conservateur honoraire de la Bibliothèque municipale de Verdun, Champtan parLongjumeau(S.-et-0.). Admis dans la Société en 1868; président en 1890; membre perpétuel. BouDET (L'abbé tL), curé de Rennes-les-Bains (Aude). Élu le 4 décembre 1897.

BoYER (Pa)))-~ca)t-M(t)'i'e-G<!6)-<ef), administrateur de l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 2, rue de Lille, Paris (VU*). Élu le 8 décembre 1888; trésorier de 1892 a 18J4; président en 1901 membre perpétuel.

BnANDSTETTEK (Prof. D~ R.), Reckenbuht, villa Johannes, Lucerne (Suisse). Élu te 21 juin 1902.

30. BRHAL (Miche)-JM~s-.4</t'e<t), membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France, directeur d'études à l'Écoie pratique des hautes études, 87, boulevard Saint-Michet, Paris (V"). Membre de ta Société en 18C5, membre perpétuel, donateur secrétaire depuis 1868.

BnusMAKN (liarl), professeur de linguistique indo-européenne à l'Université, Schillerstrasse, 7, Leipzig (Allemagne). Élu le 20 mai 1911.

BRUNOT (Ferdinand), professeur a l'Université, 8, rue Leneveux, Paris (XtV') et a Chaville (Seine-et-Oise), maison Bohl. Élu le 20 juin 1903, président en 1907.

CABALLERo (Ramon V.), 29, avenue Henri-Martin, Paris. É)u )e 18 mars 1911. CABATON (Antoine), ci~argé de cours a t'Ëcofe des Langues orientales, 21, rue François-Bonvin, Paris (XV°). Élu le 19 janvier 1901.

CAMEN (Maurice), agrégé de l'Université, Vardegade, 23, Copenhague (Danemark). Élu te 4 mai 1907.

CAMT (Théophile), professeur au lycée Henri IV et a l'École des sciences politiques, 12, rue Soutuot, Paris (V'). –Élu le 17 décembre 1892 bibliothécaire de 1894 à 1898; trésorier de 1899 a 1907, président en 1909. CttAMPtON (Pierre), 4, rue Michetet, Paris (VI'). Élu le 27 janvier 1906. CttAKENuEt (C/tftt~es-Fe'Hyacinthc GouuiEH, comte us), membre du Con&ei) général de t'Orne, 72, rue de t'Université.Paris (VU*). [Adresse de vacances Saint-MauriceIcs-Charencey (Orne)]. Membre de la Société depuis l'origine et son premier secrétaire bibHothéoatre de 1868 à 1873 président en 188B.

CHATELAIN, membre de l'Institut, conservateur de la Bibliothèque de l'Université de Paris, Sorbonne, Paris (V°). Élu te 31 janvier 1903.

iu. CHLUMSKY. impasse Chartiére, Paris. Élu le 18 février 1911.


sieurs années au Cameroun altemand, et son objet a été de faire un manuel pratique de l'un des principaux idiomes du pays. Mais, rentré en Allemagne, il est entre en relations avec M. Planert, qui est, on le sait, l'un des linguistes qui, en ces dernières années, ont montré dans l'étude des langues de populations peu civilisées le plus de clairvoyance et d'ouverture d'esprit. La description a été précisée par des observations de plus en plus minutieuses et précises qu'a permises la présence à Berlin d'un Indigène. Et ainsi a été préparé un ouvrage qui, tout en restant pratique, fournira au linguiste des matériaux précieux et faciles à utiliser. Du reste le temps est passé des descriptions trop brèves les langues « sauvages a ne sont pas plus simples que les langues « civilisées », et, pour être exactes, les descriptions doivent comporter beaucoup de détails et l'indication d'un grand nombre de nuances. Les descriptions doivent même être d'autant plus précises et détaillées que ces idiomes ont pour les Européens un aspect plus insolite. La description grammaticale et le vocabulaire (tout sommaire) sont accompagnés de textes soigneusement notés et surtout soigneusement accentués, si bien que le lecteur est, dans toute la mesure possible, mis en présence de réalités.

Le yaunde est un idiome bantou, mais assez fortement altéré, au point de vue phonétique, par la chute des voyelles finales et par nombre de changements « homme » s'y dit mot. Et surtout sa position au Nord-Ouest du domaine, tout près du groupe soudanais, a eu pour conséquence un aspect tout particulier. Les groupes ~M sont représentés par kp, y6~ comme il arrive si souvent dans les langues soudanaises. Chose plus remarquable encore les tons et les intonations de toute sorte jouent dans la langue un rôle essentiel, tout comme en indo-européen et comme encore en grec ancien et en védique, un rôle si essentiel que la seule connaissance des tons et intonations et du nombre des syllabes des mots dans une phrase permet d'en deviner le sens les tons varient suivant que le mot est à la pause ou à l'intérieur du mot, ce qui est intéressant pour faire comprendre la barytonaison et l'oxytonaison antiques.


Les exercices de la chrestomathie permettent d'étudier ce jeu si original des tons dans la phrase. Les auteurs ont donné là aux linguistes un matériel de faits d'un rare intérêt.

A part même le caractère tout particulier que l'importance de l'élément musical donne à cette langue bantoue de caractère quasi soudanais, on y trouvera matière à beaucoup de remarques curieuses. Ainsi le yaundeestl'un des idiomes où et t subsistent, mais où p devient f on sait que ce contraste se rencontre souvent et un peu partout dans le monde. Le yaunde sait distinguer entre l'inclusif et l'exclusif, en disant nous-toi et ?!OM.u! (p. ~33). Le P. N. a su éviter en général de présenter les faits au point de vue des langues européennes. Cependant il lui arrive encore de faire un chapitre du relatif, pour dire qu'il n'y en a pas (il y aurait tout au plus lieu de faire un chapitre sur la façon dont on traduit en yaunde le relatif des langues indo-européennes). P. 14i, en parlant d'une copule (qui n'est en rien un verbe « être »), le P. N. cite un énigmatique fr. Hc ce pas (évidemment M~s<-c<?'p<M). On aurait aimé à savoir comment on accentue en yaunde les phrases interrogatives.

A. MEtLLET.

DENTS DE S. BaAY. 7'e Bralzui language. Part I. Introduction and Grammar. Calcutta, 1909, in-8, vin-237 p. Les langues dravidiennes occupent tout le Sud de l'Inde et vont dans le centre jusqu'à la ligne du tropique. Très loin au Nord-Ouest, dans le Béloutchistan, se trouve la langue 6r<M!~ sûrement dravidienne. On ne sait comment elle se trouve là. De quelque manière qu'elle y soit arrivée, et même si sa localisation actuelle tient à un assez grand déplacement vers le Nord Ouest, cette langue a l'air d'être un débris deparlersdravidiens parlés autrefois dans des régions de l'Inde qui ont aujourd'hui des parlers


HAVET (Pierre-Antoine-Louis), membre de l'Institut, professeur au Collège de France, chargé de cours à l'Université, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, 18, quai d'Orléans, Paris (!V'). Élu le 20 novembre 1869 secrétaire adjoint de i870 à 1882 membre perpétuel. HÉfuoT-BuNousT (É<tenne-E~e)!<Louis), Villa Bénénat, Cannes (Atpes-Maritimes). Élu le 19 novembre 1887 membre perpétuel.

90. HoMBCRGER (M"' Lilias), S, avenue d'Eylau, Paris (XVI'). Élue le 18 janvier 1910.

HUART (Ctémen~7M6aM<i), consul de France, premier secrétaire-interprète du Gouvernement, professeur à l'École spéciale des langues orientales vivantes, 2, rue de Villersexel, Paris (VII'). Élu le 24 juin 1899 président en 1903.

HUBERT (Henri), directeur-adjoint à l'École pratique des Hautes-Études, conservateur-adjoint des Musées nationaux, 3, rue Nouvette-Stanistas, Paris (Yt~). Élu le 21 mai 1910.

IMBERT (J.), receveur de l'enregistrement et des domaines, Brezolles (Eureet-Loire). Élu le 14 décembre 1889.

JACOBSOHN (D~ Hermann), professeur à l'Université, Marburg (Allemagne). Élu le 5 décembre 1908.

JoB (Léon), docteur ès lettres, professeur au lycée, 107, rue Charles-111, Nancy (Meurthe-et-MoseUe). Elu le 21 novembre 1885.

JORET (Ptefre-~OMM-Chartes-~tc/tard), membre de l'Institut, professeur honoraire de l'Université d'Aix.Marseille, 64, rue Madame, Paris (VI*). Élu le 10 janvier 1874; président en t902; membre perpétuel.

JURET (G.), professeur au Collège, Altdorf (Uri) [Suisse]. Élu le 17 décembre 1910.

KANTCHALOvsKU (M"' V.), répétitrice à l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 11, rue Méchain, Paris (X)V'). Élue le 16 janvier 1909. KELLER (Otto), professor d', K. K. ester. Hofrat, 38, Reinsburgstr. Stuttgart (Allemagne). Élu le 14 janvier 1893.

HO. KERN (H.), membre associé de l'Institut, professeur honoraire, 45, WillemBarentsstraat, Utrecht (Pays-Bas). Élu le 13 mars 1873.

KIRSTE (Ferdinand-Otto-Jean), professeur à l'Université, 2, Salzamtsgasse, Graz (Autriche). Élu le 7 janvier 1882; membre perpétuel.

KLUGE (D' Theodor), Nauen bei Berlin (AUemagne). Eiu te IN janvier 1910. KREBS (Adrien), professeur à l'École alsacienne, 36, rue de Fleurus, Paris (Vt"). Élu le 14 décembre 1901.

KuHN (E.), professeur à l'Université de Munich, Hessstr. 5. Élu le 22 décembre 1906.

LABORDE (Le marquis Joseph DE), archiviste aux Archives nationales, 25, quai d'Orsay, Paris(VIt''). -Élu le 29 décembre 1873;membrc perpétuel. LACOMBE, 137, boulevard Saint-Michel, Paris (V°). Élu le 9 février 1907 membre perpétuel.

LACÔTE (Félix), professeur à l'Université, 20, Cours Morand, Lyon (Rhûne). Élu te 2 décembre I90S.

LAMOUME (Léon), 1~-cotonet de la gendarmerie ottomane (mission française), à Constantinople (Turquie). Élu le 29 février 1896.

LANMAN (Chattes R.), correspondant de l'Institut, professeur à l'Université


HO.

tM.

130.

de Harvard, 9, Farrar-Street, Cambridge, Mass. (États-Unis d'Amérique). Élu le 23 juin 1906; membre perpétuel.

LARAY (Henri), capitaine d'infanterie de marine en retraite, 1, rue SainteGeneviève, Versailles (Seine-et-Oise). Élu le 3i mai 1890 membre perpétuel.

LAURENT, professeur au Lycée, il' boulevard de la Liberté, Bourges (Cher). Élu le 21 décembre 1907.

LEBRETON (l'abbé Jules), docteur ès lettres, 13, rue du Regard, Paris (VI'). Elu le 14 janvier 1899; membre perpétuel.

LEGER (Louis-Paul), membre de l'Institut, professeur au Collège de France, professeur a l'École de guerre, 43, rue de Boulainvilliers, Paris (XVI'). –Membre de ta Société depuis l'origine; administrateur vice-président de 1866 à i869 président en 1883: membre perpétuel.

LEJAY (L'abbé Paut-/lH<otM-~M~!M<Mt), professeur à l'Institut catholique, H9, rue du Cherche-Midi, Paris (VI'). Élu le 17 mai 1890 président en 1898.

LE Roux (Pierre), ma!tre de conférences à l'Université, 17, rue de Vitré, Rennes (Ille-et-Vilaine). Élu le 17 décembre 1910.

LÉv; (Sylvain), professeur au Collège de France, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, 9, rue Guy-de-Labrosse, Paris (V*). Élu le <0 janvier 1885 président, en 1893.

LÉvY (Ernest), agrégé de l'Université, 20, rue Jacob, Paris (VI*). Élu le 15 janvier 1910.

LÈvY (Isidore), directeur adjoint à l'École pratique des hautes études, 4, rue Focillon, Paris (XIV). Élu le 30 janvier 1904.

LÉvv-bRUHL, professeur à t'Cniversité, 7, rue de Lincoln, Paris. Élu le 18 mars 1911.

LtNDSAY (Prof. W.-M.), the University, Saint-Andrews (Écosse). Élu le 8 juin 1895.

LOTH (Joseph), correspondant de l'Institut, professeur an Collège de France, Paris (V'-). Élu le 25 mai 1878.

LOUBAT (le duc Joseph-Florimond), associé étranger de l'Institut de France. 53, rue Dumon~d'Urvitte, Paris (XVI°). Élu le 5 décembre 1903 membre perpétuel.

MAGNIEN, professeur au Lycée, S, boulevard de Courtais, Montluçon (Allier). Élu le 5 décembre 1908.

MARÇAis, inspecteur de l'Enseignement indigène, 27, Rampe Vatée, Alger.Elu le 30 avril 1904.

MAKOUZEAU (Jules), docteur ès lettres, 4, rue Schœteher, Paris (X1V°). -Élu le 27 janvier 1906.

MAUX (J.-P.), élève de l'École des Chartes, 88, rue Lafayette, Paris (!X'). Élu le 18 juin 1910.

MASPERO (CftmtMe-CAaWM-Gaston), membre de l'Institut, professeur au ColtèKe de France, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, directeur général du service des antiquités en Égypte, Le Caire (Égypte). Membre de la Société en 1867 membre perpétuel président en 1880. MAXOUDIANTZ (Mesrop),lS, rue Jean-Goujon, Paris. Élu le 1S janvier 1910. MAZON (A.), secrétaire de l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 9. rue de Lille, Paris (VU*). Ëtu le 9 février 1907, membre perpétuel. MEiLLET (Antoine), directeur adjoint à t'Eeote pratique des hautes études, professeur au Collège de France, 24, boulevard Saint-Michel, Paris (V!).


Élu le 23 février 1889 membre perpétue) secrétaire adjoint depuis 1907. MÉLÈSE (Henri-Gaston), professeur agrégé de l'Université, S, rue Corneille, Paris (VIe). Élu le 8 mars 1889.

MELON (Paul), 24, place Malesberbes, Paris (XVII'). Élu le 19 novembre 1870; membre perpétuel.

MERTz, professeur au lycée, 21, rue Saint-Éloi, Orléans (Loiret). Élu le 16 janvier 1909.

MERWART (Charles), Professor D', ancien professeur à l'Académie MarieThérèse et à la Franz Joseph-Realschule, professeur & l'Académie de Commerce, Bahnhofsstrasse 22, Vienne, XIII (Autriche). Élu le 21 juin 1884. MEUNIER (L'abbé J.-M.), ancien étéve de l'École pratique des hautes études, directeur de l'institution du Sacré-Cœur, Corbigny (Nièvre). Élu le 17 décembre 1898.

MEYER (Alphonse), professeur retraité, 53, rue Lagrange, Bordeaux (Gironde). Élu le 6 février 1875.

MEYER (Afart'e-Paul-act~/te), membre de l'institut, directeur de l'École des Chartes, 16, avenue de Labourdonnais, Paris (VU'). Membre de la Société en 1867 membre perpétuel.

MtCHEL (Charles), correspondant de l'Institut, professeur à l'Université, 42, avenue Blonden, Liège (Belgique). Elu le 16 février 1878.

MtLLARBET, chargé de cours à l'Université, Villa Prolo, 12, rue Saint-Hubert, Montpellier (Hérault). Élu le 21 mars 1908.

'M. MoNSECR (Eugène), professeur a l'Université, 67, avenue Milcamps, Bruxelles, (Belgique). Élu le 9 janvier 1885.

MopEL-FATio, professeur au Collège de France, membre de l'Institut, 15, rue de Jussieu, Paris (V'). Élu le 15 janvier 1910.

NICOLAS (A.-L.-M.), chez Me Veuve Nicolas, 119, rue de la Tour, Paris. Élu le 27 mai 1902.

NITSCH (Casimir), professeur extraordinaire de l'Université, rue Salvator, Cracovie Zwierzyniec (Autriche). Élu le 30 avril 1903.

OLTRAMARE (Paul), professeur a l'Université, 32, chemin du Nant, Servette, Genève (Suisse). Élu le 27 mai 1876; membre perpétuel.

PASCAL (Charles), professeur au lycée Janson-de-Sailly, S, rue Eugène-Delacroix, Paris (XV1-). Élu le 15 mai 1886.

PASSY(Paul-Ët<oxa)'d). directeur adjoint a l'Ecole pratique des hautes études, 11, rue de Fontenay, Bourg-la-Reine (Seine). Élu le 17 décembre 1892; membre perpétuel.

PATRUBANY (Luc de), docent à l'Université, 6, Karatsonyi utcza, Budapest (Hongrie). Élu le 23 mars 1907.

PATTE (Henri), i5, rue Perdonnet, Paris (X"). Elu le 19 décembre 1908. PAULHAN, chargé de cours a l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 2t, rue Saint-Sulpice, Paris. Elu le Ii janvier 1911.

t'<0 PF.xAFtEL (Docteur Antonio), professeur à l'Université, directeur général du Bureau de statistique, Mexico (Mexique). Élu le il mai 1889; membre perpétuel.

PERNOT (Hubert), docteur ès lettres, répétiteur il l'École spéciale des Langues orientâtes vivantes, 7, rue du Clos-d'Orléans, Fontenay-sous-Bois (Seine). Élu le 1" décembre 1894 vice-président en 1910.

PoGNON (Henri), consul de France, chez M. Bourdon, Clos Savoiroux, Chambéry (Savoie). Élu le 16 février 1884.

n


PORTEAU (Paul), professeur au lycée Ampère, 31, rue Malesherbes, Lyon. Elu le 1S janvier 1910.

PMVAT (Edmond), 10, Florissant, Genève (Suisse). -Elu le 20 février 1909. PSALMON (Fr.), professeur délégué au lycée Condorcet, 27, rue Bouchardon, Paris (X'). Élu le 18 juin 1910.

PSICHARI (Jean), directeur d'études à l'École pratique des hautes études, professeur à ['École spéciale des langues orientales vivantes, 16, rue Chaptal, Paris (1X°). Élu le 1S février 1884; administrateur de 1885 à. 1889 président en 1896.

REBEILLÉ, professeur au lycée, Douai (Nord). Élu le 17 décembre 1910. REBY. bibliothécaire a l'École spéciale des Langues orientales vivantes, 1, rue Thibaud, Paris (XIV). Élu le 22 décembre 1906.

REtNACH (Satomon), membre de l'Institut, conservateur du musée de SaintGermain, 4, rue de Traktir, Paris (XVI'). Élu le 21 février 1880. t6u. REtNACH (Théodore), docteur ès lettres, membre de l'Institut, député, 9, rue Hamelin, Paris. Élu le 14 janvier 1899, président en 1905.

Pays (Sir John), fellow de Jesus College, professeur de celtique à l'Université, The Lodgings, Jesus Collège, Oxford (Grande-Bretagne). Élu le 9 janvier 1873; membre perpétuel.

RIVET, assistant au Muséum, 61, rue Buffon, Paris (V*). Élu le 18 juin 1910.

RoCER (Maurice), professeur au lycée Carnot, 2, rue Barye, Paris (XVtl~). Élu le 20 mars 1886; membre perpétuel.

RoNjAT(Jutes), 11, quai du Rhône, Vienne (Isère). Élu !e 18 décembre 1909 membre perpétuel.

ROQUES (Mario), professeur à l'École spéciale des Langues orientales vivantes, directeur-adjoint ù. l'Ecole pratique des hautes études, 2, rue de Poissy, Paris (V'). Élu le S décembre 1903.

RosApELLy (Le docteur -~tte-Charles-LéopoId), ancien interne des hôpitaux, Appoigny (Yonne). Élu le 27 mai 1876; président en 1900; membre perpétuel.

RossET (Théodore), maître de conférences à l'Université de Grenoble (Isère). Élu le 18 juin 1910.

RouDET (Léonce), professeur au lycée de Nancy, 6, rue Gambetta, Pont-àMousson (Meurthe-et-Moselle). Élu le 28 mai 1904.

RoussEMT (L'abbé Pierre-Jean), professeur à l'Institut catholique, directeur du laboratoire de phonétique expérimentale au Collège de France, 23, rue des Fnssés-Sa.iut-Jaeques, Paris (V'). Élu le 17 avril 1886; président en i895. t70. SACLEUx (Le R. P. Ch.), missionnaire apostolique, 30, rue Lhomond, Paris ('). Élu membre de la Société le 7 avril 1894; membre perpétuel. SAtNÉAN (Lazare), docteur ès lettres, ancien professeur suppléant ~l'Université de Bucarest, 47, rue Denfert-Rochereau, Paris (V'). Élu le 18 mai 190i président en 1908.

SAUSSURE (Ferdinand DE), professeur à l'Université, Genève (Suisse). Élu le 13 mai 1876; secrétaire-adjoint de 1883 a. 1891 membre perpétuel. SAYCE (.'t)-c/ti6aM-Henry), professeur à l'Université, Oxford (Grande-Bretagne). -Élu le 5 janvier 1878; membre perpétuel.

ScHLUMBERGER (Gustave-Léon), membre de l'Institut, 29, avenue Montaigne, Paris (VIII'). Membre de la Société depuis le 3 décembre 1881; membre perpétuel.


SnHRUNEN (Joseph), docteur en philosophie, lecteur à l'Université, Dondersstraat, 18 B, Utrecht (Pays-Bas). Élu le S décembre 1891.

SEBiLLOT (Paul), directeur de la Retiue des J'<-a(!<<<ons populaires, 80, boulevard Saint-Marce), Paris (V'). Elu le 28 avril i883 membre perpétuel. SEKART (Émile), membre de l'institut. 18, rue François 1~, Paris (VtH"). [Adresse des vacances: château de la Pelice, près la Ferté-Bernard (Sarthe)]. Élu en 1868; membre perpétuel.

SÉNKcaAL (Edmond), inspecteur des finances, 10, boulevard de Bellevue, !)ravei) (Seine-et-Oise). Élu le t6 mai t88S; membre perpétuel. SbpET (Marins), bibtiothécaire àfaBibtiotbèque nationale, 23, rue Vaneau, Paris (Vit'). Était membre de la Société le i" février 1870. 'M. SEXRuys (Danie)), directeur-adjoint à t'ÈcoJe pratique des Hautes-Études, 2, rue Le Regrattier, Paris (tV). Élu le i7 juin 19U.

SMiRNov (A)eksanJr-A]eksandrovic). ËIn le H janvier i9ii. SpEUER (J.-S.), professeur à l'Université, 25, Heerengracbt, Leyde (Pays-Bas). Élu le 2 février M78.

SïORM (Johan), professeur à l'Université, Kristiania (Norvège). Élu le 23 novembre i872; membre perpétuel.

STHKiTBERu (Wilh.), professeur à ['Université, Isabellastrasse, 3t, Munich (Allemagne). Élu le ~t décembre 1907.

SuDRE (Léopo)d), docteur es lettres, professeur au lycée Montaigne, 8S, boulevard Port-Royal, Paris (VI''). Élu le 2 avril 1887; membre perpétue!.

ScERBA (Lcv Vladimiroviè), Vasilijevskij Ostrov, itJ* linija, n* 44, SaintPétersbourg (Russie). Élu le 30 mai i9t)8.

TA~ERNEY (Adrien), Bettes-Roches, A, Lausanne (Suisse). Élu le i7 mars 1883; membre perpétuel.

TCHERNITSKIJ (M"* Antoinette DE), répétitrice au Kievskij Institut, Kiev (Russie). Élue le 27 avril 189. membre perpétuel.

TEGNÉR (Esaias), professeur à l'Université, Lund (Suéde). Élu le 17 avril i875; membre perpétue!.

<90. THOMAS (Autoine), membre de f'fxstitut, profL'sseut'àt'Université, directeur d'études à i'Heote pratique des hautes études, M, avenue Victor-Hugo, Bourg-)a-Reine (Seine). Élu le 2S janvier i903, président en 190t. TnuMMEN (Edouard), rédacteur en chef du Bulletin de t'OBice international du Travail, 31, Leon!!ardstrasse, Bitie (Suisse). Élu le 2 décembre t90S. TnoMSEN (Vithefm), professeur a l'Université, membre associé de l'institut, 3ti, St-Knuds Vej, Copenhague (Danemark). Élu le 2t mai i870, membre perpétuel.

THUMB(A)bert), professeur a l'Université, Universitâtsstrasse, 28, Strasbourg (Allemagne). Élu le 2i mars i908.

TuuRNEYSEN (R.), professeur a l'Université, Sternwaldstrasse, 3t, Fribourg (Allemagne). Élu le fi janvier i9H.

\'ASMER (Max), privat-docent à ['Université, Peterburgskaja Storona, Botsoj Prospekt, n°4, kv. IS, Saint-Pétersbourg (Russie). Élu te 21 mai i9i0; membre perpétuel.

VENDRYES (Joseph), chargé de cours a l'Université, 8S, rue d'Assas, Paris (Vf'). Élu le 2i mai 1898; membre perpétue) trésorier depuis i908. VoGiiE (Le marquis Metchior DE), membre de l'Institut (Académie française et Académie des inscriptions et belles-lettres), ambassadeur de France,


2, rue Fabert, Paris (VU'). Membre de la Société depuis le 27 mars 1879 membre perpétuel.

WACKERNAGEL (Jakob), professeur & l'Université, Gottingen (Allemagne). Élu le 20 novembre 1886.

WiLBois (Le lieutenant-colonel A.), président de la réunion d'instruction des ofliciers des services des chemins de fer et des étapes, 8, rue des Cha)ets, Le Mans. Élu te 15 avril 1876; membre perpétuel.

900. WiMMER (Ludvig), professeur à. l'Université, 9, Norrebrogade, Copenhague (Danemark). Élu le 29 mars 1873; membre perpétuel.

WtNKLER (D~ Heinrich), Herdainstrasse, 39, Breslau (Allemagne). Élu le 30 novembre 1889.

ZuBATY (Joseph), professeur à l'Université, Smichov, Ferdinandovo nâbrezf, 3, Pracue (Bohême). Élu le 19 décembre 1891.

ZiiND-BuRGUET (Adolphe), 1, rue de Stockholm, Paris (VU!'). Élu le 12 juin 1897.

BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE FRANÇAISE D'ARCHÉOLOGIE, Palais Farnése, Rome (Italie). Admise dans la Société le 25 mai 1889.

BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE FRANÇAISE D'ExTRÊME-ORIENT, Hanoï, Tonkin. Admise dans la Société le 7 avril 1906.

BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES (section des sciences historiques et philologiques), àla Sorbonne, Paris (V'). Admise dans la Société le 22 février 1902.

BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE SPÉCIALE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, 2, rue de Lille, Paris (VII'). Admise dans la Société le 18 juin 1910. BIBLIOTHÈQUE DES FACULTÉS CATHOLIQUES, Lyon, 33, rue du Plat. Admise dans la Société le 18 février 1911.

BIBLIOTHÈQUE ROYALE, Berlin (Allemagne). Adresser: a MM. Asher & C", libraires, Berlin, chez MM. Ch. Gaulon et fils, 39, rue Madame, Paris (VI°). Admise dans la Société le 28 janvier 1899.

ïtO. BiBuoTHÈQUE ROYALE UNIVERSITAIRE, Berlin (Allemagne). Adresser à MM. Asher v C°. libraires, Berlin, chez MM. Ch. Gaulon et fils, 39, rue Madame, Paris (M').–Admise dans la Société le 17 décembre 1910.

BIBLIOTHÈQUE ROYALE UNIVERSITAIRE, Bonn (Allemagne). Adresser à MM. Asher & C°, libraires, Berlin, chez MM. Ch. Gaulon et fils, 39, rue Madame, )'aris(Vl').–Admise dans la Société le 17 décembre 1910.

BtBuoTHÈQUE ROYALE ET UNIVERSITAIRE, Breslau (Allemagne). Adresser: iJ. MM. Asher & Co, libraires, Berlin, chez MM. Cb. Gaulon et fils, 39, rue Madame, Paris (VI'). Admise dans la Société le 28 janvier 1899. BIBLIOTHÈQUE ROYALE UNIVERSITAIRE, Gottingen (Allemagne). Adresser: à MM. Asher & C". libraires, Berlin, chez MM. Ch. Gauloi et fils, 39, rue Madame, Paris (VI"). Admise dans la Société le 28 janvier 1899. BiBuoTHÈQUE ROYALE ET UNIVERSITAIRE, KSnigsberg i. Pr. (Allemagne). Adresser: à MM. Asher & C°, libraires, Berlin, chez MM. Ch. Gaulon et fils, 39, rue Madame, Paris (VI°). Admise dans la Société Ie28janYieri899.

BtBuoTHÈQUE ROYALE UNIVERSITAIRE, Marburg i. H. (Allemagne). Adresser: à MM. Asher etC", libraires, Berlin, chez MM. Ch. Gaulon et fils, 39, rue Madame, Paris (Vl<). Admise dans la Société le 28 janvier 1899. BiBuoTHÈQUE UNIVERSITAIRE, Aix-en-Provence(Bouches-du-Rhône).– Admise dans la Société le 19 février 1898.


BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE, Bordeaux (Gironde). Admise dans la Société le 12 mars 1910.

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Admise dans la Société te il juin 1887.

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE, Palais de l'Université, Montpellier (Hérault). Admise dans la Société le 24 juin 1893.

MO. BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE, Nancy (Meurthe-et-t~ose)te) Admise dans la Société le i6 janvier t909.

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE, Rennes (Ille-et-Vilaine). Admise dans la Société te 7 mai 1898.

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE, Strasbourg (Alsace). Admise dans la Société le 13 mai 1837.

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE, section Droit et Lettres, 2, rue de l'Université, Toulouse (Haute-Garonne). Admise dans la Société le 2 mai 188S. BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ, à la Sorbonne, Paris (V'). Admise dans la Société le 22 février 1902.

BODLEIAN LIBRARY, Oxford (Angleterre). Admise dans la Société te 4 mai 1901.

BRiTisn MusEUM, Londres (Grande-Bretagne). Adresser à Messrs. Dulau & C°, libraires, Londres, chez M. H. Le Soudier, 174, boulevard Saint-Germain, Paris (Vt*). Admis dans la Société le 22 novembre 1890. CAMBRIDGE PHILOLOGICAL SOCIETY, A. Cowman, Little Saint-Mary's Lane Cambridge (Angleterre). Admise dans la Société le 28 mai 1904.

tNDOGERNANiscHE BiBUOTHEE, Universitat, Vienne (Autriche). -Admise dans la Société le t8 décembre 1909.

tNDOGERMANiscuEs SEMINAR, Universitat, Munich (Allemagne). Admis dans la Société le 19 juin 1909.

2! LiBRARY op QuEEN's COLLEGE, Oxford (Angleterre). Admise dans la Société le 1S luin 1901.

MEYRiCE LIBRARY, Tur[ Street, Oxford (Angleterre). -Admise dans la Société le 13 juin.1901.

PniLOLOGisK-HisïORisK LABORATORIUM, Universitetet, Copenhague (Danemark). Admis dans la Société le 20 mars 1909.

PAULiNiscHE BIBL10THEK, Munster-en-Westpt)a)ie (Allemagne). Adresser: a MM. Asher & C", libraires, Berlin, chez MM. Ch. Gaulon et fils, 39, rue Madame, Paris (VI'). Admise dans la Société le 16 mars 1901, SpRACHWissENscHAFrucHEs SEMiNAR der Universitât, Akademisches Kunstmuseum, Bonn (Allemagne). Admis dans la Société le 12 mars 1910. TAYLOR INSTITUTION, Oxford (Angleterre). Admise dans la Société le 1S juin 1901.

UNIVERSITY OF CHICAGO PRESS. Adresser The University of Chicago Press, Library Department, S7SO-S7S8 Ellis Av, Chicago (ttt.) Etats-Unis de l'Amérique du Nord. Admise dans la Société le 1S janvier 1910.


MM.

1864-65. f A. D'ABBADIE.

1866. ~ÈMiLEEGGER.

1867. t ERNEST RENAN.

1868. f WL. BRUNET DE PRESLE. 1869. F. BAUDRY.

i870-71.f t ÉMILE EGCER.

1872. fCHARLEsTHUROT.

1873. fGASTON PARIS.

1874. t CHARLES PLOIX.

187! fL.VAtSSE.

1876. fÉMiLEEGGER.

1877. fEuGENEBENOlST.

1878. t RoBERT MOWAT.

1879. -j- ABEL BERGAIGNE.

1880. G. MASPERO.

1881. H. GAIDOZ.

1882. Loois T.EGER.

1883. t D'ARBOIS DE JUBAINVILLE. 1884. t STANISLAS GUYARD.

188S. H. DE CHARENCEY.

1886. t RUBENS DUVAL.

1887. t JAMES DARMESTETER. 1888. JOSEPH HALÉVY.

MM.

1889. fCHARLESPLOIX.

1890. F. BONNARDOT.

1891. t M. DE ROCHEMONTEIX. 1892. PHILIPPE BERGER.

1893. SYLVAIN LÈVI.

1894. t ALEXANDRE BIBESCO. 189S. P. ROUSSELOT.

1896. JEAN PSICHARI.

i897. t ALEXANDRE,BOUTROUE. i898. PAUL LEJAY.

1899. -j-TH.PARMENTIER. 1900. Cn. ROSAPELLY.

1901. PAUL BOYER.

1902. CHARLES JORET.

1903. CLÉMENT HUART.

190! t ALEXANDRE HÉTARD. 190t. ANTOINE THOMAS.

i903. THÉODORE REINACH. 1908. GAUDEFROY-DEMOMBYNES. 1907. F. BRUNOT.

1908. L. SAINÉAN.

1909. TH. CART.

1910. Lonis FINOT.

LISTE DES PRÉSIDENTS

DE LA SOCtÊTË DE LINGUISTIQUE DE PARIS DEPUIS SA FONDATION

Lvma

1911. H. PERNOT.


TABLE DU TOME XVII DU BULLETIN

Pages

Procès-verbaux des séances du 19 novembre 1910 au 17 juin 1911. j Ouvrages reçus par la Société.. xiv Pubiications de la Société. xv Bibliographie. xvj Liste des membres de la Société au l' aout 1911.. ccij

COMMUNICATIONS

On n'indique ici que les communications qui ont fait l'objet d'un résumé un peu détaillé et qui ne figurent pas :')t extenso dans les Mémoires. 0. BLOCH. Une évolution phonétique dans quelques patois terrains. vj DEmossE. Du nom des Pfui- xj De~Y. De la forme de la racine des verbes en osmanli. viij ij Rnof'Es. Des représentants dialectaux du mot geai.. ix ROUSSELOT. Phonétique aïno. vj WACKEft~AGEL. De la valeur de la tradition avestique d'après M. Andréas. ix

COMPTES RENDUS CRITIQUES

Les noms des auteurs des comptes rendus sont donnés entre parenthèses à la suite du titre des ouvrages. Les initiales A. M. désignent M. A. Meillet, et R. G., M. R. Gauthiot.

ÂBBA TAKLA MARYAM. Marha sahifa malakt (M. Cohen).. cxl Kafa) Sawassaw salas (M. Cohen). cxl MamharaLasânaC'a'z(M. Cohen).. cxl


AftLQMST. Studien zur spâttateinischen Mulomedicina Chironis (A. Ernout). Ixxxj AscuMAM~. Thesaurus linguae Tschuvaschorum (R. G.).. clij BAUER. Die Tempora im Semitischen (M. Cohen). cxxxij BENDER. The suffixes -msnt and -vant (A. M.). xlv BENNET. Syntax of the early Latin. Voi. 1 (A. M.). lxviij BERNEKER. Slavisches etymologisches Worterbuch (R. G.). cxviij v. BLANKENSTEiN. Untersuchungen zu den langen Vokalen indere-Reihe(A.M.). xxxv BoGORODtCKfj. Obscij kurs russkoj Grammatiki (A. M.).. cxxxj BRA~usTETTER. Sprachvergleichendes Charakterbild eines indonesischen[diomes(Ferrand). dix BROCH.SiavischePhonetik(R.G.). » cxix BpuGMANK-DELBRûcK. Grundriss der vergleichenden Grammatik der indogermanischen Sprachen, U, 2, 2 (R.G.).. xxviij BRUNOT. Histoire de la langue française, t. 111 (A. M.).. xcvj BuTAYE. Grammaire congolaise (J. Delafosse). cxcj <ACtERË. Monographie de la semi-voyelle labiale en sinoariLnamiteetenannamite(A.M.). clxv CALLOC'H. Vocabulaire français-sango et sango-français (A. M.). cxciij CARRA DE VAux. La langue étrusque (A. M.). cxcviij UELBRucK. Germanische Syntax. 1. Il (R. G.). oj DENYSDËS.BRAY.TheBrahuiLanguage(.M.). cxcvj DuBûts. Cuû'c ngû' (M. Grammont). clxj Annamite et Français (M. Grammont). ctxix Duputs-YAKOuBA. Les Gows (A. M.). cxciv DussAUD. Les civilisations préhistoriques dans le bassin de taMerËgée(A.M-). xxxj EcKHARDT. Die Dialekt- und Ausiàndertypen des âlteren Englischen(A.M.). cxiij EKBLON. L'extinction des verbes avec prétérit en -si et en -utenfrançais(A.M.). xcv E~DZELi~. Stavjano-baltijskieEtjudy(A.M. cxxv Festschrift zum 14ten Neuphilologentage in Zürich (A. M.). cxvj FR.ENKEL. Geschichte der griechischen Nomina Agentis auf-T:!)p,-i:Mp,-T!];(A.M.). xivij FROGER. Étude sur la langue des Mossi (J. Delafosse). clxxx GAUTIER. La langue de Xénophon (A. M.). lix GLAUE u. HELM. Das gotisch-Iateinische Bibelfragment der Bibliothek zu Giessen (A. M.). cvij HAVET. Manuel de critique verbale appliquée aux textes )atins(A.M.). lxxiv HELM.V.GIaue.

HESSELMAN'<. De korta Vokalerna i och y i svenskan (R. G.). cxv


HoFFMA~. Geschichte der griechischen Sprache, t (A. M.), xlvj HoLBROOKE. Aryan word-building (A. M.). xxxv HUJER. StovanskédekHnacejmenna(A. M). cxxxij JACOBSOHN. Altitalische Inschriften (A. M.). lxvij KLUGE. Seemannssprache (R. G.). cxj KtjL'BAKtN. Drevne cerkovno-slovjanskij jazyk, 1 (A. M.), cxxix LANDRY. La théorie du rythme et le rythme du vers fran-

çais (A. M.). Ixxxiij L.4NGDON. A Sumerian Grammar (A. M.). cxlij LAUTENSACH. Die Aoriste bei den attischen Tragikern und

Komikern (A. M.). Iv V. LE CoQ. Sprichwôrter und Lieder von der Gegend von

Turfan (R. G.). clj LEWY. Zur finnisch ugrischen Wort- und Satzverbindung

(R. G.). cxliij LCDERS. Bruchstücke buddhistischer Dramen (A. M.). xlij Materialy pojafét.iceskomu jazykoznaniju, 't à 3 (A. M.). cxcvij MEILLET. Linguistique (De la méthode dans les sciences)

(R. G.). xviij MEt~Hop. Grundriss einer Lautlehre der Bantu-Sprachen

(M"' Homburger). clxvj Mé)anges d'Indianisme oCTerts. à M. S. Lévi (R. G). xlj MESzoLY. Az -it képzonek két rosszul olvasott alakjàrôt

(R. G.). cxlix

A-~<képzoeredete(R. G.). cxlix MEYER-LCBKE. Romanisches Etymotogisches Worterbuch

(A. M.). lxxxj MtGEOD. The languages of West-Africa, 1 (Delafosse). clxx Minneskrift. afutoiogiska Samfundeti Goteborg (A. M.). xxvij MLADE~uv. Staritè germaniski Elementi v stavjanskitè

icize. t(A. M.). cxxvij NAOtMA'sso~. Beitrâge zur Kenntnis der a)tgriechischen

Volkssprache (A. M.). txj NEKEs. LehrbuchderJaundeSprache(A.M). cxciv NfEDERMA~n. Historische Lautlehre des Lateinischen (A.

M ). Ixxj

Proben aus der sogenannten Mulomedicina

Chironis (A. M.). lxxvij ?<tTSCH. Mowa ludu polskiego (A. M.).. cxxxv PA'scorfCELu-CALZtA. ltatiano (A. M.). xciv PEDËRSE?). Vergleichende GrammatikderKeltischenSpra-

chen, H, 1 (À. M.). xcix PEKARSKU. StovarJakutskagoJazyka(R.G.). ctiv PoszEZtx'smj. Einleitung in die Sprachwissenschaft (A.M.). xvj Prinzipienfragen der romanischen Sprachwissenschaft

(A. M.). ixxviij Revue de Phonétique (A. M.). xxj


RevueStavistique,UI(A.M.). cxxiij RossET. Recherches expérimentales sur l'inscription de la voixpartée(A.M.). xxij RoucET. Ëtéments de phonétique générale (R. G.). xxiv RUDNEV. Materjaty po Govoram vosto~noj Mongotii (R. G.). clvj ScHRAOER. Die Indogermanen (A. M.). xxx ScHRODER. Ablautstudien (A. M.). cv ScnuLTz-GoRA. Altprovenzalisches Elemeritarbuch (A. Millardet). ixxxiv SEIDEL et STRUYF. La langue congolaise (Delafosse). cxcj STOLZ. GeschichtedertateinischenSprache(A.M.). lxvj STREtTBEHG. Die gotische BiheJ, )I (R. G.). cviij STRUYF. V. Séide!.

S~xMATOv. Mordovskoj etnograficeskij Sbornik (R. G.).. cxlvij TtiMAs o MAtLLE. The language of the Annals of Ulster (A. M.). <-j t'ULE~BECK. Contributions à une étude comparative des dialectes basques (A. M.) cxcix Vo~DRtK. Kirchenslavische Chrestomathie (R. G.). cxxiij W\LnE. Lateinisches etymologisches Worterbuch. 2* éd. (A.ErnoutetA.M.). lxij \At.TER. Der Wortschatz des Attfriesisehen (R. G.). cxix WESTERMA: Die Sudansprachen (Delafosse). clxx v. Wijr.K. Franck's etymologisch Woordenboek der nedertandscheTaat(R.G-). cix WôrterundSachen,t.H(R.G.). xxxij

CIIARTRES. IMPRIMERIE OUM~D, RUE t'ULMRT.