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Notice complète:

Titre : Le Magasin pittoresque / publié... sous la direction de M. Édouard Charton

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1854

Contributeur : Charton, Édouard (1807-1890). Directeur de publication

Contributeur : Desportes, François. Rédacteur

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32810629m

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32810629m/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 37695

Description : 1854

Description : 1854 (A22).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées

Description : Collection numérique : Thématique : administration publique, sciences humaines et sociales

Description : Collection numérique : Thématique : bâtiment, urbanisme, architecture, arts

Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k314378

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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de son feu de tourbe, et c'était elle qui allait a la pèche avec les deux plus âges de ses frères qu'elle avait élevés tous trois. Elle nourrissait la famille, portait le poids du jour, celui des veilles, satisfaite d'être la providence du cercle étroit qui l'entourait. L'a!né des jeunes garçons pouvait avoir dix-huit ans le dernier, dont la naissance avait coûte la vie à sa mère, et qui semblait a peine âge de neuf ans, en avait treize l'étrange petite créature était le benjamin d'Etta. Inhabile aux choses de la vie, aux rudes travaux de la pèche, aux labeurs des champs, jamais il ne bêchait le petit enclos dont l'orge fournissait les gâteaux, seul pain de la famille; mais là il cueillait, il tressait des fleurs, faisait de petits ouvrages, des sifflets, d'étroites nattes, avec les chaumes qu'il assouplissait dans l'eau il ne creusait pas la terre pour y tailler des briques de tourbe, mais dans celles que préparaient ses frères il découvrait de petits morceaux de jais, et en arrangeait des colliers pour sa soeur; il ne ramassait pas le varech pour le brûler et en tirer la soude, mais, assis des heures entières sur un récif, au bas de l'inaccessible rocher pyramidal qu'on appelle le Storr, et que sépare de l'île un étroit banc de sable recouvert deux fois le jour par la marée, il contemplait le courant qui tourbillonne autour de la hase rugueuse du roc, tourne par derrière, et va mourir sur la plage la plus abordable de Garveloch, au pied même de la cabane. Armé d'une longue baguette, l'enfant attirait de tous les côtés, en se jouant, tes goémons, les ulves, les espèces variées d'algues que les vagues furieuses de ces contrées arrachent sans cesse du sein de l'Océan et poussent vers ses rives. La petite cargaison de plantes marines, appareillée en façon de flotte par ~Moce/!< (ceux des rares habitants de l'île qui le connaissaient le nommaient ainsi), suivait la direction du courant, tournoyait, doublait le roc avec lui, et se venait entasser au pied de la hutte della puis la ménagère et ses frères n'avaient qu'à recueillir. Mais travailler assidûment pour vivre, gagner de l'argent, vendre, acheter, toutes ces idées compliquées ne pouvaient trouver place dans la tête envolée du jeune garçon il vivait avec les oiseaux du ciel et les poissons de l'abîme en amicale communication, s'ébattait avec eux, et, affectueux et bon autant qu'on le peut être lorsqu'on ne comprend qu'imparfaitement, il était cher à ceux auxquels son absence presque complète de mémoire et de persévérance le rendait, à peu de chose près, inutile.

Mais si le sens intérieur dont la conscience s'alimente lui manquait, en revanche il avait un instinct merveilleux, celui que nous admirons dans les animaux, et qui semble une sorte toute particulière d'intelligence. Dès l'abord il m'avait pris à gré, quoique, dans sa nature timide et sauvage, il s'effarouchât à l'aspect de tout inconnu. Quelques boites d'oiseaux empaillés, apportées dans mon bagage, contribuèrent à resserrer nos relations. Chaque fois que le mauvais temps le retenait au logis, il contemplait mes collections et me les regardait arranger avec une admiration enfantine. Bientôt il m'aida, et lorsque je pus sortir, il devint non-seulement mon compagnon, mais un utile guide. Je lui découvris alors de précieux talents il connaissait les gîtes des oiseaux, grimpait comme un chat sur d'abruptes roches qui semblaient à pic, mettait les mains sur le pingouin accroupi sur son œuf, sans le faire fuir où j'avais fait la guerre, il nouait des amitiés. Dès le grand matin, lorsque le soleil pointe au-dessus des montagnes de Lorn, Arkie (affectueux diminutif d'Arkibald) était déjà grimpé sur le haut du Storr. Si je me hasardais de benne heure hors de la cabane, je le voyais, debout sur le sommet de crêtes où j'aurais cru impossible de parvenir, veiller, en leur vol matinal vers le sud, les longues files de /bMs de Bassan, ainsi qu'on nomme ces &eM&tM, qui ne pondent qu'un œuf,

mais le pondent trois fois quand on le leur dérobe. II n& revenait de ses excursions que le bonnet plein'd'ceufs, les poches gonflées de duvet, et souvent tenant des oiseaux cachés sous son plaid. Quand il m'apercevait au bas de son immense piédestal, il bondissait, poussait des cris de joie aigus, jetait son bonnet en l'air en agitant ses bras audessus de sa tête, et des nuées d'oiseaux de mer, sternes et hirondelles criant, pétrels de Saint-Kilda croassant macareux vociférant, mouettes riant, pingouins sifflant. tourhillonnaient autour de lui comme les feuiites mortes dans l'orage.

Plusieurs fois j'exprimai en sa présence le désir d'avoir de jeunes oiseaux de proie, entre autres des petits d'aig!cs pêcheurs. Il levait les sourcils, fixait sur moi des yeux effarés, les détournait soudain, et prenait un certain air narquois, rare chez lui, mais que pourtant je lui connaissais. J'étais enfin assez rétabli pour entreprendre des excursions dans l'île, lorsqu'un matin, de fort bonne heure, voûtant profiter d'un beau jour et faire une longue course, je demandai mon petit compagnon. Point d'Arkie, ni alentour de la cabane, ni prés du récif où d'ordinaire il veillait les goëmons; et je brarluai vainement ma iongue-vue sur le Storr. Résolu, faute de mieux, à une promenade solitaire, je chargeai d'un fusil mon épaule si longtemps endolorie, et je n'eus pas fait vingt pas que je sentis combien ~H?!oceK( me manquait. Accoutumés à te voir franchir l'espace d'un écueit à l'autre, aller, revenir comme un jeune chien, poursuivre l'oie sauvage comme d'autres enfants poursuivent le papillon, mes yeux le cherchaient toujours. Découragé, je souffrais de l'isolement. Continuant néanmoins ma route, je traversai des bruyères, de tristes et marécageux déserts, et, chose étrange, comme si, en nie séparant de mon jeune guide, j'eusse quitté tout à fait la région des oiseaux, je n'en vis pas un à portée. Enfin je me dirigeai vers un groupe de roches à formes bizarres qui se rapprochent de la mer, et, tâchant de retrouver mon pied de chasseur, je m'exerçai à grimper, me gourmandant moi-même de perdre, faute d'usage, mon ancienne intrépidité. Tout à coup le silence de ces solitudes fut brisé .par un cri lamentable, une sorte de hurlement furieux, aigu et plaintif tout à la fois, qui me rappela celui de l'aigle des Alpes dont le nid jadis m'était échappé je tournai rapidement un angle saillant, et demeurai frappé de stupeur du spectacle qui s'offrit à moi. Au bout d'un câble tourné deux fois autour du tronc rabougri d'un vieil arbre, pendait, au-dessus de t'abîme, le petit Arkie, et un aigle formidable, ses talons tranchants repliés sous lui, son bec acéré a demi ouvert, les ailes étendues, l'œil rouge et farouche, menaçait l'enfant qui oscillait au bout de la corde.

Dans le premier moment, je n'aperçus pas même trois autres petits insulaires complices de la témérité d'Arkie, deux desquels s'efforçaient de remonter l'enfant sur le plateau, tandis quele plus hardi, le bâton levé, menaçaitl'aigte, mais de trop loin. Impossible de tirer, de peur d'atteindre Arkie; je n'avais plus ni mouvement ni souffle. Sous son bras il tenait deux aiglons, ces aiglons qu'il savait que j'avais désirés Pauvre enfant le bec de l'aigle allait déchirer sa face lorsqu'il se décida à en lâcher un. J'étais en proie a une angoisse sans nom que je n'aurais pu supporter un moment de plus. L'aigle se précipita pour arrêter dans sa chute son petit qui voletait. Je respirai les deux petits garçons tiraient de leur mieux. Arkie approchait du bord. Prompt comme la foudre, l'aigle reparut. A l'aspect du bec effroyable qui s'ouvrait de nouveau, Arkie lâcha le dernier oiseau, et put prendre pied sur le roc. Quelques secondes plus tard, je serrais dans mes bras le téméraire petit chasseur. A quoi hcn dire que, sans re-