toujours a la même place. Les pratiques un peu charitables s'intéressent a'son sort et laissent à l'entrée de leur cuisine, :t son intention, une caisse dans laquelle on jette tous tes rebuts de la cuisine. Il sait qu'il peut s'attabler à la caisse avec confiance le plus souvent il n'y trouve à manger que des rognures de vieux chapeaux, des papiers gras et des os; ses meilleurs morceaux sont des cosses de melons ou de ~!fMJ.
C'est l'une aguador qui fait les commissions et lés déménagements. On empile sur son dos des quantités incroyaMes de meubles, caisses, etc. S'U est par trop chargé ou mal charge et s'il vient à perdre l'équilibre, les meubles tombent avec fracas, et le conducteur, en danger de ne pas être payé de sa commission, au lieu de chercher à retenir quelques meubles, se venge sur le pauvre âne à grands coups de bâton.
Quand l'àne ne fait pas de déménagement et qu'il ne porte pas d'eau, les jours de grande fête, par exemple, il se repose en se promenant avec toute la famille de son propriétaire sur le dos, ou en lattant de vitesse (bien malgré lui) avec quelques camarades dont les maîtres, ainsi que le sien, vont de cabaret en cabaret boire la chica (').
Quelques nègres, un peu plus humains ou plus intelligents que les autres, et comprenant qu'il est de leur intérêt d'économiser les forces de leurs ânes, marchent à pied quand les tonneaux sont pleins. Mais presque tous les aguadors font preuve d'une brutalité et même d'une férocité stupide. L'étranger, en arrivant à Lima, est indigne à la vue de ces pauvres ânes maltraités et mutiMs. Pourrie pas se fatiguer à les battre avec une lanière, on leur fait sKr la croupe une blessure-avec un os ou un morceau de bois, et, afin de stimuler leur ardeur, on les pique constamment dans la même blessure.
Quand un âne tombe pour la première fois épuise parla fatigue, son barbare propriétaire lui fend un naseau; si, non content de cette première leçon, l'âne s'avise de se trouver mal une seconde fois, on lui fend l'autre; la troisième fois, on lui coupe une oreille, puis la seconde; enfin arrive le tour de la queue, dont on coupe un morceau, jusqu'à ce que l'âne soit complètement méconnaissable. Ce système cruel est si ordinaire, que rarement on rencontre à Lima un âne complet.
L'aguador, celui auquel on fait l'honneur de donner ce nom de porteur d'eau, titre qui n'appartient en réalité qu'à l'âne, n'a pas pour seole fonction d'accompagner son quadrupède. La police lui donne ce privilège à deux conditions. La première condition est. de présenter à M. le commissaire une trentaine de ehieus tués par lui dans le courant, de l'année. Les porteurs d'eau se réunissent, à certains jours dans un quartier, font une battue de rue en rue jusqu'à ce qu'ils aient réuni dans la plus grande tous les chiens qu'ils ont rencontrés et qu'ils n'ont pu tuer du premier coup; puis, cernant cette rue, ils assomment les malheureuses bêtes à grands coups de bâton. Ensuite ils se partagent le produit de la chasse; chacun attache sa part à la queue de son âne (si l'animai en a une). De là,.toute la troupe va faire son offrande à l'intendant, traînant ainsi en trophée les chiens morts.
La deuxième condition imposée aux porteurs d'eau est d'arroser les places publiques à l'aide de leur tonneau, qu'ils mettent sur une épaule et qu'ils vident en courant, en imprimant au tonneau un mouvement de zigzag.
U semblerait que ces deux corvées fort dures dussent rendre les porteurs d'eau assez rares à Lima. Loin de là leur nombre est extraordinaire, et cependant la voie d'eau vaut trente centimes.
(1) Voy., sur )a eMcn, t. XX!, p. 32.
Ils ont leurs chefs bien reconnus et très-respects. C'est le. chef supérieur qui juge les grandes querelles, qui sus- pend de ses fonctions tel membre ou admet dans la corporation tel autre. Ils fonMnt'ùn ordre particulier qui ne laisse pas d'avoir son influence dans les affaires du gouvernement, surtout au moment des élections, Il y a quelques années, une compagnie proposa, au gouvernement de se charger de la distribution de l'eau dans toute la ville à des conditions trës-avantageuses pour le pub.tic et pour la salubrité générale. Aussitôt que les porteurs d'eau eurent connaissance de ce projet, ils se réunirent en masse; montèrent sur leurs &nes, se dirigèrent, bannière en tête, vers le palais de la présidence, et firent tant des bras et de la langue, qu'ils obtinrent le renvoi de la pétition. Un fait analogue s'est, du reste, reproduit a Paris toutes les fois que l'on a voulu établir une entreprise générale du chiitunnage la crainte d'une émeute des chiffonniers, et la difuculté de les diriger vers d'autres professions, ont nécessité jusqu'ici des ajournements successifs.
BAGUER.
MODE D'EMBALLAGE DES fHUtTS POCR LE TRANSPORT A DE GRANDES DISTANCES.
Jl-ne sufut pas de produire; il ne faut produire que ce qu'on est assuré de vendre et de bien vendre, et ne pas perdre de vue le précepte du célèbre agronome Matthieu de Dombasle(') a Travaillez toujours les yeux tournes vers. le marché. »
Pour les fruits, le marché par excellence, où tout ce qui se mange peut être vendu en quantités pour ainsi dire illimitées, c'est Paris. Certains fruits qui par leur nature délicate ne semblent pas pouvoir être transportés a des distances un peu considérables, viennent cependant d'assez loin s'offrir aux consommateurs de la capitale; ils y arrivent aussi frais que s'ils venaient d'être cueillis, grâce a l'art de les emballer dans des paniers où ils peuvent séjourner quarante-huit heures et braver toutes sortes de chocs et de secousses sans subir aucune altération.
L'art de bien disposer les paniers renfermant des cerises et des groseilles se nomme en terme de jardinage &M; c'est un talent que possèdent au suprême degré les femmes et les filles des cultivateurs, dans le rayon d'approvisionnement de Paris. Voici comment elles procèdent à cette opération.. Les fruits,, cueillis le plus délicatement possible, sont d'abord déposés dans de grands paniers ronds, plats, qui se portent sur la tête. A mesure qu'elles les reçoivent, les femmes emballent les fruits dans d'autres paniers dont la charge est ordinairement de 4 a 5 Idiogrammes. La forme de ces paniers est parfaitement appropriée à leur destina- tion; ils sont faits en osier brun revêtu ae son écorce; leur contexture'ëst assez lâche pour qu'on puisse, de distance en distance, y insérer des branches de châtaignier affilées par le gros bout et chargées de toutes leurs feuilles. Le fond de chaque panier est garni d'un lit épais des mêmes feuilles. Ces dispositions prises, on remplit les paniers en élevant le fruit en forme de dôme à la hauteur dn sommet de l'anse. Alors, toutes les extrémités des branches sont rabattues sur le fruit; on les fait passer par-dessons l'anso du panier en les enlaçant les unes dans ies autres; le tout est assujetti par quelques tours de grosse ficelle, et l'emballage est terminé. Un panier de cerises ou de groseilles C)Voy.t.'Vm,p.30S. F