Le quinziesme d'octobre, le duc d'Albe, général do toute l'armée de l'Empereur, accompaigné de l'avantgarde qui montoit en nombre de vingt mille piétons et quatre mille chevaux, arriva en un village qui s'appelle Saincte-Barbe, distant de Metz environ une lieue et demie, estant situé à l'endroit de la ville, entre levant et my jour.
Le jour ensuivant vint une grande quantité de chevaux et piétons, pour remarquer et espier la ville devers le costeau de la Belle-Croix, et à l'encontre desquelz sortit, par commission de monsieur de Guise assez bon nombre de gentz à pied et quelques chevaulx; mais pour autant que le païs estoit un peu scabreux, à cause de tant de vi gnes, la cavalerie ne feit pas beaucoup, tellement que la fanterie pour ce jour-là soustint l'escarmouche, estant blessez tant d'un costé que d'aultre, quelque nombre de soldatz. Mais pour ce que les impérialistes avoient ce désavantaige à tirer harquebusades pour estre sus la summité de la colline-, ils receurent plus grande perte que ne ferrent les François encore que de nostre partie fussent tuez monsieur de Marigny et l'enseigne du capitaine Gordan et que le capitaine de Soles fust griefvement blessé et que le capitaine Monfa, lieutenant de monsieur de Randan, fust semblablement blessé, de sorte qu'un bien peu après il rendit l'ame. Et s'estre retiré le duc d'Albe, pour ce jour ne s'en retourna point camper sur la colline de !a Belle-Croix (de luy desjà fort bien remarquée) jusqu'au vingt-uniesme jour, commençant à y faire tranchées. Mais il se travailla en vain, pour autant qu'aucunes églises estant situées à l'opposite de la colline dans lesquelles estoient assises aucunes pièces d'artillerie, leur feirent fort grand ennuy. Si est-ce que pour tout cela le duc ne laissa point de faire mener troys ou quatre petits passé-volantz, avec