de la confusion sur toute la ligne. Des quarante-quatre vaisseaux, la moitié seulement combattait. On ne peut pas comprendre comment les Anglais, si supérieurs en force, perdirent l'avantage de tenir nos vaisseaux enveloppés. »
Tourville le fut deux fois, par cinq, six vaisseaux à la fois, et ne résista que par miracle. Les trente-six vaisseaux hollandais se laissèrent occuper par quatorze des nôtres, et ne firent pas de grands efforts. La journée, au total, fut très-glorieuse pour nous. Les ennemis avaient perdu deux vaisseaux, les Français pas un seul.
Mais on avait beaucoup souffert. On ne pouvait recommencer le lendemain ce terrible combat. Tourville avait besoin d'une retraite. Il n'y en avait qu'une, bien éloignée, le port de Brest. Cherbourg n'existait pas. Nos autres ports ont tous un même inconvénient on n'y entre pas à toute heure; une flotte battue, un vaisseau poursuivi de près par l'ennemi, n'y ont accès qu'aux heures de haute marée. On dépense beaucoup aux ports des vieilles villes, qui la plupart ne vaudront jamais rien, au lieu de prendre les havres naturels, préparés par la mer, où l'on entrerait même à l'heure du reflux. C'est ce qui ressort à merveille des travaux récents de M. Havart.
Le 30 mai, Tourville avait trente-cinq vaisseaux; neuf étaient dispersés. La flotte ennemie apparaissait avec ses cent vaisseaux. Il n'y avait plus de poudre. Son vaisseau amiral, le magnifique Soleil royal, percé, criblé, se traînait lentement; il retardait les autres et compromettait tout. Tourville aurait dû le sentir. Mais