dame de Miramion, la sainte, la charitable. On joua une autre fois devant Bossuet. On était bien sûr que les saints ne verraient rien que de pieux dans une pièce qui lançait la croisade d'Angleterre.
Qui résistait? Louvois, le bon sens, la nécessité. Le roi qui avait mis cent mille francs aux costumes d'Esen était à envoyer sa vaisselle à la monnaie. A grand'peine, on vendait des charges, on pressurait des financiers par une petite Terreur. Pouvait-on donner une armée à Jacques, quand les nôtres affaiblies quittaient le Rhin en brûlant tout, et perdaient Cologne et Mayence? Madame de Maintenon et son ministre Seignelay obtinrent qu'il aurait au moins une flotte et quelques officiers. Le général devait être Lauzun, le favori de Saint-Germain.
Chose curieuse, Lauzun voulait être payé d'avance de ses exploits futurs. Il fallait que le roi le fît duc avant le départ. Refusé sèchement. Alors, il eut l'impertinence de se fâcher, de dire qu'il ne partirait pas. Pour le consoler, Jacques lui donna la Jarretière, qu'on ne donne guère qu'à des rois, et, pour comble, lui conféra cet ordre par le don d'un précieux joyau de famille, la propre médaille que Charles 1~, le martyr, à la séparation de sa famille, avait remise à Charles II.
C'était aller de sottise en sottise. Enfin, ce cher Lauzun, il le fit dîner en tiers entre lui et le nonce du pape. A ce moment, chose bizarre, Saint-Germain possédait un nonce, et Versailles n'en avait pas. Était-ce assez de ridicule? Non. Jacques, comme roi de France, exerça son grotesque droit de faire des mi-