tir. A quoi il répondit « Mon âme est un jardin d'ombrages et de fontaines. »
Basville, dans les commencements, avait cru la chose peu importante, il espérait l'étouffer. Le ministre Chamillart, à son tour, différa, n'en parla qu'à madame de Maintenon, qui prit sur elle de n'en rien dire au roi. Ainsi, dans les six premiers mois, l'insurrection eut le temps de grandir. Enfin, en janvier 1703, les soixante régiments de milice parurent insuffisants. On envoya de vrais soldats sous le maréchal Montrevel, vieux fat sans talent, mais féroce. Sa victoire la plus mémorable fut l'horrible incendie d'un moulin aux portes de Nîmes, où il brûla trois cents protestants. Près de Pâques, aux Rameaux, ces malheureux, hommes, femmes et enfants, n'osèrent pas, malgré le danger, ne pas fêter la grande fête. Quand Montrevel fut averti, il était à table et peut-être ivre. Il enveloppe le moulin, y met le feu. Tout ce qui sort, reçu à la pointe des baïonnettes, rejeté dans le brasier. Une fille seule avait été sauvée par un laquais. Tous deux traînés à la potence! On eut une peine infinie à la sauver. Montrevel était hors de lui, jusqu'à sabrer des catholiques. Il voulait commencer une Saint-Barthélemy de tous les protestants de Nîmes.
Ces fureurs eurent d'abord fort peu de résultats. Si les protestants eussent été en Europe les protestants de Coligny, ils avaient le temps de secourir, de sauver leurs frères du Languedoc. Mais l'Angleterre entrait dans sa voie mercantile. La Hollande baissait de courage. Ni Marlborough, ni le pensionnaire de Hollande, Heinsius, qui conduisaient la guerre, ne corn"