terreur qu'on se lançait dans l'épouvantable aventure qui engloutirait tout. Il y eut plus d'une, conférence, où deux jeunes ministres, Barbezieux et Torcy, osèrent argumenter contre celle qu'on craignait tant, hardis de lâcheté, de flatterie pour le Dauphin et le roi même. Barbezieux la poussa de raison en raison, et tellement, qu'elle fut obligée de lui rappeler qu'elle était une femme, et cria « Au secours! E~e fit, dit Louville, une très-belle défense dit au roi qu'il se trompait fort s'il croyait que la parenté dût assurer à la France une alliance éternelle de l'Espagne. M. de Beauvilliers parla comme un sage et un saint, en appela au cœur et à la conscience du roi, lui fit scrupule sur l'incroyable barbarie de recommencer la guerre, et contre toute l'Europe, avec cette pauvre France, blême, amaigrie, étique, et qui n'avait plus que les os. Le roi eut un moment d'honnêteté, de charité, de vraie religion. Il repoussa le démon tentateur qui venait pour perdre son âme, mettre à ses pieds les royaumes de la terre. Il refusa le testament (V. les pièces recueillies par M. Mignet, et citées par M. Moret). Que devenait l'ambition de la cour et de la famille? Une conspiration universelle s'était formée d'elle-même pour l'acceptation, et elle était dans l'air. Le Dauphin, à trente ans, déjà si près du trône, était craint des plus raisonnables. Il eût fallu bien du courage pour se mettre en travers et braver sa rancune. Dans un dernier conseil, tenu chez madame de Maintenon, il n'y eut d'appelé que le chancelier Pontchartrain, M. de Beauvilliers, et Torcy, chargé des affaires étrangères. Torcy reproduisit tous les arguments pour