tion, surprennent à Lagos cette énorme flotte. Ils battent, ils dispersent, ils détruisent, calamité immense. Quelque Français qu'on soit, comment se réjouir de ces grandes destructions de paisibles marchands, pères de famille étrangers à la guerre, de ces vastes noyades de trésors qui ne profitent à personne ? De telles expéditions, très-cruelles à nos ennemis, nous rapportaient fort peu. Pôntchartrain en tirait quelques millions à peine. La guerre s'en irritait, s'envenimait. L'Angleterre enragée, de plus en plus, se donna à Guillaume et lui fournit les sommes fabuleuses qui lui firent sa victoire, son traité vainqueur de Ryswick. Ce qui exaspéra l'Anglais, c'est que, depuis la Hogue, se croyant le maître des mers, il ne pouvait cependant bloquer nos ports. Devant Dunkerque, il tenait à grand frais une escadre permanente, et Jean Bart sortait à toute heure.
Il s'appelait Bart, et nom Barth, c'est-à-dire qu'il était Français, d'origine normande, de Dieppe, du Pollet, ce faubourg des pêcheurs. De longue date, les Bart s'étaient établis à Dunkerque pour se faire pêcheurs d'hommes, autrement dit, corsaires. Les Hollandais faisaient tant de cas de ces Dunkerquois, qu'ils n'en prenaient pas un sans le faire pendre. Mais on n'en prenait guère; ils se faisaient sauter. Ainsi fit Jacobsen, grand-oncle de Jean Bart, nommé le Renard de la ~M~
Il y avait dans ces familles, où l'on ne savait lire, une science étonnante. Le détroit et la Manche, la mer du Nord, ils savaient tout cela de tradition dans le plus terrible détail. Ils connaissaient les bancs, à