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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1932-04-21

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 21 avril 1932

Description : 1932/04/21 (Numéro 112).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k296940c

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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V Allemagne et le désarmement

Une grande espérance soulève le monde. L'aube de la paix perpétuelle luit sur le lac. A Genève, les nations assemblées pour le salut du genre hu-

main viennent de l'accomplir en prenant une reso- lution.

Ce n'est qu'un mot de plus dans un déluge de phrases. Nous renonçons à établir le compte des résolutions sans exécution, des pactes sans obligations, des obligations sans sanctions, des sanctions sans application, et des cotisations sans versement, qui font de la S.D.N. une institution aussi féconde en promesses que stérile en résultats.

La dernière résolution prévoit le désarmement par étapes. C'est fort heureux, le désarmement total et immédiat n'étant réalisable que par la fin du monde. Pour élevé que soit le potentiel catastrophique de Genève, il ne va pas encore jusque-là. On nous promet, il est vrai, que la première étape sera « décisive ». Nous ne chicanerons pas le comité de rédaction en lui demandant comment une étape qui n'est pas la dernière s'arrange pour être décisive. Nous ne nous étonnons pas qu'en l'absence de M. Tardieu, nos adversaires, c'est-à-dire toutes les grandes puissances, sauf le Japon, mènent le jeu et manœuvrent notre délégation. C'est ainsi qu'elle leur a emboîté le pas pour « l'étape décisive de la réduction générale au niveau le plus bas possible », sans prendre l'élémentaire précaution de rappeler explicitement qu'en vertu de l'article 8 du Pacte, cette réduction doit être « compatible avec la sécurité nationale et avec l'exécution des obligations internationales imposée par une action commune », alors qu'aucune de ces deux conditions n'est remplie et que le plan Tardieu, ayant pour objet d'y pourvoir, les auteurs de la résolution n'ont d'autre but que de le torpiller. M. Titulesco, en fils pieux du génie latin, épris de logique et de clarté, a jeté le manteau de Noé sur la nudité dialectique de nos représentants, encore ivres d'idéologie. II a rédigé un projet de résolution qui, pratiquement, annule la première. Une étape en avant, une étape en arrière, c'est le rythme du mouvement genevois, avec des reculs qui, plus sensibles que les progrès, le ra? mènent toujours un peu plus en arrière. Il serait facile de démontrer la constance de cette régression. En ce sens, ses étapes sont toujours décisives. En fait selon le rite et le vocabulaire de la S.D.N., résolution et contre-résolution seront renvoyées à une sous-commission, qui chargera un comité adjoint d'élaborer un avant-projet destiné à servir de base à une délibération ultérieure, laquelle pourrait éventuellement fournir un point de départ à de nouveaux travaux en vue d'une réunion préparatoire, dont on serait fondé à attendre une formule définitive de clause obligatoire de désarmement facultatif.

Byzance est à Genève, si les querelles byzantines consistent essentiellement dans de futiles disputes de mots quand les questions les plus graves sont en jeu. II y a une question grave, une seule, que personne ne pose celle de savoir si la comédie du désarmement allemand doit aboutir au drame du désarmement français.

Pour éviter le drame, il suffit de n'être pas dupe de la comédie dont un des épisodes les plus auda- cieux, la dissolution de l'armée hitlérienne, vient de se dérouler. Le Reich estime opportun d'en démobiliser les sections d'assaut pour les lancer plus utilement sur le terrain diplomatique, contre les bastions encore intacts des traités. Lorsque le chancelier Bruning présentera cette mesure comme un gage de ses sentiments pacifiques, nous espérons qu'on lui demandera pourquoi il a attendu la veille de son arrivée à Genève pour s'apercevoir que l'armée hitlérienne était, comme le dit la Gazette de Francfort, exactement copiée sur l'ancienne armée impériale; pourquoi d'autres journaux officieux avouent que son principal tort est d'être une « armée privée » et ne cachent pas que son licenciement n'est qu'une fausse sortie destinée à la faire rentrer plus sûrement dans le bercail de la Reichs̃wehr pourquoi le même traitement n'est pas appliqué aux autres formations militaires, Casque d'Acier, Reichsbanner, etc. pourquoi le budget de la guerre a été doublé depuis Locarno ? etc., etc. M. Bruning se flatte sans doute d'éluder ces questions en revendiquant, dans son organe, la Gazette de Cologne, l'égalité militaire au nom de la démocratie. Tactique renouvelée de celle de Louis Veuillot, disant à ses adversaires « Je vous demande la liberté au'nom de vos principes, et je vous la refuse au nom des miens. » L'égalité militaire du Reich serait une étape, vraiment décisive, vers son hégémonie.

Les cours à Paris

des monnaies étrangères DEVISES Cours Cours 19 avril 20 avril

i livre sterling. 96 07 95 68 i dollar 2$ M 2$ 3S 100 belgas. 35S » 35OS 100 pesetas 2°° » *98 62 IOo lire 13020 I3° IS ioo francs suisses. 492 75 492 75 100 florins. 102725 10267s 100 couronnes norvégiennes

100 couronnes suédoises. 464 »

Encaisse-or (monnaies et lingots) de la Banque de France 76 909.171. 154 fr.

Proportion de l'encaisse-or aux engagements à vue 70,16 0/0

LES ECONOMIES

LE BUDGET BRITANNIQUE

Le budget britannique pour l'exercice 1932-1933 a été déposé mardi à la Chambre des communes par M. Neville Chamberlain, chancelier de l'Echiquier. Nous avons publié hier, dans notre Dernière Heure, les grandes lignes du projet gouvernemental.

Le total des recettes s'élève à 766.800.000 livres sterling, et les dépenses à 766.004.000 livres, ce qui laisse un excédent de 796.000 livres. D'importantes économies ont été réalisées dans l'administration. La diminution du nombre des chômeurs et le contrôle exercé dans l'octroi de l'indemnité de chômage ont permis de gagner 34 millions et demi de livres sterling.

Le gouvernement, pour assurer l'équilibre, n'a pas voulu réduire le taux de l'impôt sur le revenu, ni abolir l'impôt sur la bière. Bien au contraire, un nouveau droit de quatre pence par livre-poids a été prévu sur le thé, avec toutefois un droit préférentiel pour le thé provenant des Dominions. Enfin tout titulaire d'une pension de retraite sera désormais soumis à l'impôt sur le revenu. Ce budget est peut-être très sévère. Le courage civique des contribuables britanniques est encore soumis à une dure épreuve. Mais le projet est sain. La presse anglaise n'hésite pas, toutefois, à manifester une certaine déception. « Ce budget ne sera pas populaire », a écrit la Morning Post. Pour le Daily Mirror, le contribuable n'ofitient rien, à l'exception de compliments renouvelés, si l'on compte cela pour quelque chose. Les soldats avaient l'habitude de « rouspéter pendant les longues années de la guerre, parce que les officiers d'état-major de l'arrière, faisant de temps à autre une apparition en belle tenue sur la ligne de front après une avance qui avait coûté cher, avaient coutume de remercier les hommes par ce message encourageant « Faites-le encore •» Et c'est la même chose aujour- d'hui avec Chamberlain « Faites-le encore est le commandement donné au contribuable. Tout ce que nous pouvons dire avec espoir, à propos de ce budget, c'est qu'il est équilibré. »

« Pourquoi la bière et les spiritueux, écrit de son côté le Daily Express, sont-ils imposés si lourdement, alors que les boissons non alcooliques sont virtuellement exemptes d'impôt ? Le chancelier vat-il être censeur en même temps que percepteur ? Ce qu'il y a de bon dans le budget est très recommandable, mais, malheureusement, ce qui est mauvais l'emporte. Un peuple qui s'est dressé si splendidement pour affronter l'adversité méritait qu'on montrât plus d'imagination, plus d'espoir et plus de foi que dans le budget présente hier. » Mais si, comme le fait remarquer.le Financial Times, le contribuable britannique, une fois de plus, devra répondre à l'appel, on arrive pour la première fois à obtenir un excédent sans avoir recours à des procédés douteux. « Après une série de budgets malsains, ce qu'a fait M. Chamberlain est énorme », telle est la note du Financial News. Il faut faire la part des choses. C'est ce que dit le Times, et c'est aussi l'avis du Daily Telegraph qui écrit « Le projet du chancelier de l'Echiquier fera disparaître ici même des conceptions erronées qui ont contribué à nos embarras financiers. M. Chamberlain a, de façon appropriée, souligné la gravité de la situation financière. Tel qu'il est le budget causera certainement une profonde impression de déception, mais il fera ressortir aux yeux du monde notre inflexible volonté de consolider la situation du pays. »

M. Neville Chamberlain a certes encore demandé de grands sacrifices au pays. Il faut travailler « avec ardeur, courage et patience ». Le chemin est dur mais la stabilité de la prospérité économique et financière, qui apparaissait naguère chancelante, est au bout.

DES TROUPES D'HITLEB

1 i

A I/RSMÉE DE GROE^Ef^

L'incident de la « Bannière d'Empire » aura son épilogue d'ici quarante-huit heures. II paraît certain que le gouvernement du Reich conclura, après enquête, que l'association dénoncée par le maré- chal Hindenburg comme'se livrant à des menées susceptibles de troubler l'ordre public, ne peut en aucune façon être assimilée aux troupes d'assaut hitlériennes et qu'il n'y a par conséquent aucune raison de l'interdire. L'initiative du maréchal-président sera donc désavouée par ses ministres quelle que soit la formule adoptée par le cabinet Bruning afin de ménager la dignité du chef de l'Etat. La presse libérale ne manque pas de souligner la « légèreté avec laquelle les conseillers d'Hindenburg l'ont documenté sur cette affaire. Il semble plus vraisemblable que sa candeur a été victime d'une savante manœuvre du parti raciste qui, à la suite de la dissolution de l'armée hitlérienne, voulait, en manière de riposte, porter un coup mortel aux organisations républicaines et mettre; au moyen d'une documentation falsifiée, le vieux maréchal dans son jeu. Ce complot, comme on le voit, tourne à la confusion de ceux qui l'ont ourdi. Ce serait une grave erreur de croire, toutefois, que le maintien de la Bannière d'Empire et la suppression des formations racistes soient un gage d'apaisement pour l'avenir et un indice rassurant quant aux sentiments pacifiques de l'Allemagne.

Sous prétexte, en effet, de ne point abandonner à un désœuvrement dangereux la jeunesse enrôlée jusqu'ici sous la bannière d'Hitler, le général Groelier se propose de créer, avec ces éléments dissous joints à ceux qui composent les associations autorisées, une formidable milice qui sous l'étiquette sportive, sera entraînée au métier militaire, et constituera une sorte d'armée civile, inoffensive d'apparence, mais susceptible d'être immédiatement versée comme la milice fasciste en Italie dans les cadres de l'armée régulière. L'esprit allemand que le régime soit démagogique ou réactionnaire ne change pas. Le Reich réclame le désarmement intégral mais il accroît et perfectionne sans cesse ses moyens d'agression.

.A.TX GiXJJ^I !D!O:RS.A-*5r

L'entrevue

DE

MM. Macdonald et Tarièti

M. Macdonald, premier ministre de Grande-Bretagne, qui avait quitté Croydon en avion hier, à 15 h. 25, a débarqué à l'aéroport du Bourget à 17 h. 38, après une excellente traversée. Il s'est rendu ensuite à l'ambassade d'Angleterre, d'où, après quelques minutes de repos, il est allé au Quai d'Orsay rendre visite au président du conseil français.

Le Premier anglais y est arrivé à 19 heures. Il a été immédiatement reçu par M. Tardieu. La conversation des deux hommes d'Etat s'est prolongée pendant trois quarts d'heure.

A vingt heures moins le quart, dans le vestibule du ministère des affaires étrangères, MM. Macdonald et Tardieu, que les journalistes entouraient, se sont complaisamment prêtés aux exigences des photographes. Malgré le mauvais état de ses yeux, M. Macdonald n'a pas paru trop incommodé par les éclair^ du magnésium/

A l'issue de cette conversation, M. Tardieu nous a déclaré

M. Macdonald, traversant Paris, a exprimé l'amical désir d'avoir avec moi une conversation. Je me suis empressé d'y accéder.

» Nous avons parlé de toutes les questions intéressant nos deux pays, mais plus particulièrement de la conférence de Genève.

j> Comme j'avais autant que mon éminent collègue britannique le désir de continuer ces conversations, j'ai décidé de partir avec lui ce soir pour Genève. En route, nous continuerons à causer. » Demain, à Genève, je m'entretiendrai également avec les hommes d'Etat qui s'y trouvent présentement. Je repartirai pour Paris, peut-être demain soir, peut-être après-demain. Oui. je pense être de nouveau ici vendredi matin. »

Dans l'entourage du président du conseil, ministre des affaires étrangères, on confirme que celui-ci n'interviendra pas dans les discussions qui pourraient se produire aujourd'hui à Genève et qu'il se bornera à s'entretenir, comme il l'a dit, avec ses collègues étrangers.

C'est à 21 h. 50 que MM. Macdonald et Tardieu ont quitté Paris. Les deux premiers ministres sont du reste arrivés ensemble à la gare de Lyon, dix minutes avant le départ du train. Ils,ont été salués sur le quai par de nombreuses personnalités, notamment par un représentant de l'ambassade d'Angleterre, par M. Mahieu, ministre de l'intérieur, et par M. Chiappe, préfet de police.

LE MYSTERE 'l-,

DU NAVIRE ERRANT

La fascinante odyssée du Chaco, le navire argentin errant, réveille en l'esprit les puissances du rêve, de ce rêve particulier qui s'alimente aux choses de la mer. A la fin du mois dernier le vapeur quittait Buenos-Ayres ayant à bord une véritable cargaison d'indésirables expulsés, pour des raisons diverses, par le gouvernement du président Uriburu les uns appartenaient à des formations communistes particulièrement actives, les autres avaient exercé dans l'Amérique du Sud la criminelle industrie qui fit aux Etats-Unis la renommée des gangsters d'autres, enfins, étaient coupables d'odieux trafics, Le vaisseau se dirigea vers l'Europe afin de déposer ses passagers dans quelque port. Aucun Etat ne consentit à laisser débarquer sur son territoire le troupeau chassé. D'Espagne en France, de France en Italie, d'Italie en Grèce, il alla. Les Hellènes, à leur tour, se montrèrent inflexibles. Le ministre de la marine de M. Venizelos ordonna à toutes les stations côtières de s'opposer à l'entrée des réprouvés sur le sol national. Le capitaine reprit en sens inverse la route qu'il avait parcourue et, après une vaine escale sur les rivages anglais, parvint au port polonais de Gdynia. Une dépêche de Dantzig annonça alors qu'il n'avait pu se débarrasser que d'un faible contingent de sa charge humaine. A quoj ;se résoudre ? Le Chaco se rendit dans les .eaux des Etats Baltes. Plus loin, la Russie des Soviets, mère de la révolution universelle, accueillerait sans doute ceux dont les pays bourgeois ne voulaient pas, ceux qui se réclamaient de son Evangile maudit. La Russie ne se montra pas hospitalière, puisque de récents élégrammes signalent maintenant la présence du Chaco. à Barcelone, toujours avec ses hôtes reniés par l'univers, pendant que l'on mande de Londres « On attendait le navire à Gravesend le 17 avril, car il avait été annoncé que le capitaine tenterait une' nouvelle chance. Il y a un'Anglais à bord, et deux de ses parents étaient venus scruter l'entrée de la Tamise ils avaient apporté les pièces d'identité nécessaires pour fléchir la police. Mais le Chaco ne s'est pas montré. » Le navire errant, qui évoque le fameux Hollandais volant et le brick de l'Ile au trésor, est-il réellement en vue de Barcelone ? Certains en doutent. L'inquiétude commence à poindre en effet, le Chaco devait prendre à Londres livraison d'une commande passée par le gouvernement argentin à une firme britannique de constructions et d'armements. Il n'a pas donné signe de vie, et les officiers et matelots qu'il débarqua à Gênes le 9 avril afin qu'ils y prissent possession d'un sous-marin construit pour le gouvernement argentin par une maison italienne sont également sans nouvelles.

La presse anglaise rapporte des bruits romanesques, quoique non dépourvus de vraisemblance. Le Chaco aurait été le théâtre d'une révolte l'équipage, mutiné, aurait fait cause commune avec les prisonniers déportés. Cet avènement d'un équipage de modernes forbans expliquerait le mystère dont la marche du navire s'entoure, mais, malgré l'âpre séduction qu'offre ce chapitre vécu d'un roman de Conrad ou de Jack London, comment supposer que des hommes (même résolus aux pires excès pour recouvrer, ne fût-ce qu'un temps, les jouissances d'une vie libre) puissent espérer échapper aux surveillances innombrables qui les cerneraient ? Tenteront-ils, si l'on admet l'hypothèse britannique, une descente nocturne sur quelque coin propice des côtes européennes ?. Le temps des boucaniers, chers à Stevenson, à Louis Chadoume, à Marcel Schwob, n'est plus. Pourtant, M. Mac Orlan en conserve, non sans maléfices contagieux, la nostalgie littéraire, et quand ressuscite, à travers la magie des récits et l'inconnu des flots, une histoire de navire arborant, comme jadis, le pavillon jaune des pestiférés, le vieil appel de l'aventure sollicite, avec son prestige éternel, l'imagination des hommes.

Gaëtan Sanvoisin.

L'HEURE QUI PASSE

CRIMES ''>

D'AMOUR

A moins d'avoir un très bon esprit (Dieu nous en garde !) on éprouve toujours quelque méfiance à l'égard des statistiques officielles mais comment, si l'on a l'esprit scientifique, ne point tenir compte de celles qui se font pour ainsi dire elles-mêmes, qui ne sont point après coup revisées dans les bureaux, et qui, partant, imposent leurs conclusions à tous les hommes de bonne foi ?

Les personnes qui ne lisent pas les faits divers pour le frisson et par une blâmable perversité, mais pour s'instruire, ont dû être frappées, en ces derniers temps, par la baisse sensible d'une certaine sorte de criminalité dans la bonne compagnie. Le crime que l'on appelle fort improprement passionnel, et que je demande la permission d'appeler « crime d'amour », semble n'être plus couramment t pratiqué que par des amateurs d'un rang social, honorable, certes, mais médiocre. Si vous en dressez la liste d'après les journaux qui réservent une partie de leur première page aux histoires de sang, de volupté et de mort, vous'remarquerez que les artisans y ont la majorité. Les professions libérales ne fournissent plus qu'un contingent presque dérisoire de criminels de droit commun. Quant aux gens du monde proprement dits, ils semblent réso- lus de n'avoir désormais affaire à la justice que pour les questions d'argent s'il faut qu'ils versent le sang, c'est sur la route, l'accident d'auto leur suffit, et s'ils ne conduisent pas, ils n'assassinent pas non plus eux-mêmes.

Bref, le crime d'amour tend de jour en jour. à s'encanailler, et cela ne laisse pas d'être regrettable, au moins du point de vue littéraire. Le crime d'amour est le sujet à peu près unique de toutes les tragédies. Il était en conséquence, depuis des siècles, le privilège des rois et des reines. « Les rois s'en vont », a dit Chateaubriand. Ils demeuraient cependant au théâtre, où, émigrés à l'intérieur, ils jouirent longtemps encore d'un droit d'asile ou d'exterritorialité. Ils ont perdu ce maigre avantage, parce qu'ils se sont démodés c'était le dernier coup. Ils ont eu pour successeurs immédiats, précisément les- gens du mondé, c'est-à-dire ceux qui, affranchis par définition des corvées d'un métier manuel et même d'une profession libérale, peuvent consacrer à l'amour, le cas échéant au crime d'amour, toutes leurs facultés, toutes leurs énergies. Ces doublures étaient, en dépit d'un costume plus simple et d'une action plus discrète, des substituts de rois fort présentables; mais que va devenir toute une branche encore très intéressante de la littérature dramatique, si la tragédie tombe de la haute bourgeoisie dans le « milieu », et si les dames de l'école populiste envahissent la Comédie-Française en criant « C'est nous qui sont les princesses »?

Du point de vue de la morale, on ne peut au premier abord que se féliciter de l'esprit de paix qui règne maintenant parmi les gens de la bonne compagnie. Ils semblent avoir renoncé à la violence dans la passion, probablement à la passion elle-même. Le fameux article du Code qui excuse l'honnête homme trompé qui voit rouge n'est pas abrogé, mais les gens du monde qui savent vivre ne se mettent plus dans le cas de l'invoquer cela ne vaut-il pas mieux, s'il est vrai que c'est les mœurs qu'il s'agit de réformer et non les lois ? L'honnête homme trompé n'écoute plus la voix qui lui disait: Tue-la Il ne brandit plus son revolver. Il s'éloigne et ne dit mot. Il ne part même plus pour la Crète. Encore une fois, cela est mieux ainsi et A serait monstrueux de ne pas s'en réjouir. Mais estce que ce pacifisme n'indique pas aussi je ne sais quel relâchement du vieux sentiment de l'honneur, dont, au reste, nous n'avons que faire, puisque, sous le présent régime, nous devons nous contenter de la vertu ? 9

Abel Hermant,

de l'Académie française.

Le raid Paris-Le Cap

des aviateurs Goulette et Salel

Les aviateurs Goulette et Salel, qui ont quitté le Bourget dimanche matin à 5 heures 25 pour accomplir le raid Paris-Le Cap, soit à vol d'oiseau 10.500 kilomètres environ, ont atteint hier, dans l'après-midi, Walfish-Bay, à 2.000 kilomètres du but de leur voyage. Après ravitaillement en essence, ils ont repris leur vol à 15 heures 40 (heure locale), à destination du Cap, où ils étaient attendus dans la nuit.

Les deux aviateurs voulaient, à bord de leur Farman 190-Lorraine 300 CV « Algol », de la Société générale aéronautique, réaliser une brillante performance, si possible meilleure que celle de Mollisson, lequel réalisa dernièrement le vol de Londres-Le Cap en 4 jours 17 heures 19 minutes. Il semble bien que nos deux compatriotes, déjà recordmen à bord d'un avion de même marque et de même puissance du record France-Madagascar, ont réussi dans leur tentative.

Ils auront relié Paris au Cap en moins de 95 heures, et c'est là un très bel exploit, qu'on pouvait attendre, d'ailleurs, d'un équipage qui a fait ses preuves, comme d'un matériel depuis longtemps à l'abri de la moindre défaillance.

La venue au Cap d'un équipage français, le premier qui ait régulièrement assuré la liaison entre la France et la grande colonie britannique, a déterminé là-bas une vive animation et un gros enthousiasme.

On fait remarquer avec quelle vitesse extraordinaire, avec quelle régularité et quelle précision aussi ce raid a été mené, malgré des conditions atmosphériques peu favorables, des vents contraires, des tourbillons et une tornade que les deux aviateurs subirent sur la fin de leur randonnée. On s'apprête au Cap à faire une chaleureuse récep- 1 tion à nos deux compatriotes. A. R. t

LA « LOI FOLLE »

Sera-t-elle facultative avant d'être revisée ?

Pour assagir cette déplorable loi des Assurances sociales, les efforts se multiplient. Et c'est un spectacle curieux que celui des manifestations diverses qui se produisent au cours de cette période électorale afin d'excuser l'erreur qui fut commise il y a quatre ans, en avril 1928, à la veille des élections. On pensait alors que le texte voté assurerait pour longtemps la reconnaissance de l'électeur. Pour le satisfaire aujourd'hui, les députés s'efforcent de réformer la réforme votée pour faire son bonheur et qui le mécontente. Y reussiront-ils ? Voici un document qui permet d'en douter

Dans une lettre communiquée à la presse, M. Henri Laniel, député, qui présidait dans la dernière Chambre le groupe constitué pour la révision de la loi sur les assurances sociales, s'élève contre les conceptions exposées récemment dans certaines professions de foi, notamment dans la Seine, et qui tendraient simplement à un retour « aux principes de la mutualité et de la liberté ». Les signataires d'une telle déclaration, fait observer M. Laniel, pourraient, tout en tenant leurs engagements

Maintenir le taux excessif de la contribution actuellement exigée des employeurs et des employés

2'° Maintenir le précompte, source de désunion sociale

3° Maintenir l'obligation qu'une bonne loi mutualiste rendra inutile.

J'ai la conviction, écrit M. Laniel, que, dans sa très grande majorité, le corps électoral exige da-

vantage.

» Qu'il demande donc à ses élus de voter, dès la rentrée, une loi rendant facultative l'application de la loi actuelle jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par un texte nouveau mûrement étudié et établi d'après lès purs principes de la mutualité.

L'UNION NATIONALE

LA CANDIDATURE DE M. JEAN-RENAUD Cédant à la sollicitation de nombreuses et influentes personnalités du Calvados, en plein accord avec notre directeur qui vient de préciser, une fois de plus, le programme indispensable aux candidats d'union nationale, notre ami Jean-Kenaud se présente comme candidat de cette union dans la circonscription de Pont-l'Evêque. L'état de santé de M. Flandin, député sortant, dont la noble figure reste comme un exemple vivant d'intégrité et de patriotisme, ne lui permet plus de tenir, comme il le désirerait, la place que, depuis trente ans, ses électeurs ont réservée à sa fidélité et à sa loyauté politiques.

Les électeurs connaîtront rapidement notre ami en réunion publique et dans ses visites à travers la région.

Le voici maintenant avec le programme de e L'Ami du Peuple, qu'il dit être son « pavillon de combat », et le voici aussi avec un programme local très poussé, où avec le bon sens de l'homme élevé à la campagne, dont il connaît les besoins et les aspirations, il met tout au point en ne promettant rien qu'il ne puisse tenir et évitant toute surenchère électorale.

D'ailleurs, il conclut ainsi c- Si je vous dis je ferai ceci, ça sera fait. Si, après avoir accepté votre confiance, je la trahis de quelque manière que ce soit, renvoyez-moi sans autre forme.

C'est net et c'est là, aussi, à la fois un programme neuf et un langage tout nouveau.

Après trente mois de crise éeqnemique aux Etats-Unis Par BERNARD FAY

Février 1932 fut un mois d'espérance aux EtatsUnis. L'hiver après tout n'avait point apporté d'aggravation notable à la crise quelques signes faisaient même espérer que l'amélioration approchait. La lente hausse des céréales et celle du coton donnait de l'espoir aux agriculteurs les faillites de banques se faisaient moins nombreuses les mesures que le gouvernement fédéral envisageait et que le Congrès se hâtait d'adopter (première loi Glass pour l'aide à donner aux banques et industries) produisaient dans tout le pays un effet stimulant. M. Ford jetait sur la table son atout, la prochaine « Ford » à 8 cylindres et annonçait qu'il jouerait son reste sur le retour de la prospérité. On applaudissait. Enfin les nouvelles venues d'Angleterre et la stabilisation de la livre donnaient à penser à tous que la France, l'Angleterre et les Etats-Unis réussiraient à sauvegarder l'étalon-or pour leurs trois pays. Dans les milieux politiques républicains, on respirait chacun murmurait « Avec 10 0/0 0 d'amélioration dans les affaires, nous sommes sûrs de faire élire Hoover », et l'on escomptait uno. réac-. tion bien plus vive.

Mars 1932 fut le mois des déceptions. La crise, loin de prendre fin, s'aggrava. L'état des chemins de fer empira l'acier baissa de nouveau. De toutes parts, si l'on en excepte quelques coins de la Nouvelle-Angleterre, où prévalaient des conditions spéciales, les comptes rendus industriels affluèrent de plus en plus défavorables. Le nombre des sanstravail crut à nouveau. Mais surtout la politique sc jeta en travers de tout ce que le gouvernement et ses conseillers voulaient faire pour enrayer le mal grandissant. Wall Street et la Maison Blanche, pour la première fois peut-être depuis dix ans, se trouvèrent impuissants à diriger la machine politique. Un bloc radical, adroitement et vigoureusement mené, refusa de ratifier la taxe sur les ventes commerciales, et susbtitua à cette mesure des impôts tombant sur les riches, sur les grosses fortunes et sur les banquiers et agents de change. C'était la réapparition, dans la politique américaine, d'un courant brutal, que depuis la guerre on avait oublié. C'était au moment critique un conflit de clast ses, la marque d'une opposition entre pauvres et ri-