LA LA POLITIQUE Q U B Les déceptions 1 1 de M. Hoover
M. Hoover est mécontent. Il vient d'é- ( prouver un premier désappointement des 1 plus sérieux. Nous n'y sommes, certes, pour rien. Huit des nouveaux croiseurs
américains, à 300 millions la pièce, sont inutili- sables. Il faut les reconstruire, car les Etats-Unis veulent être forts et très bien armés. M. Hoover ressent' une autre tristesse dont nous sommes, cette fois, la cause. D'abord il avait espéré qu'à Londres nous nous laisserions faire. Et, d'autre part, pas plus que M. Léon Blum, il n'approuve le memorandum français sur le désarmement « Le gouvernement de Washington n'envisagerait pas avec satisfaction la thèse française », dit l'Agence Havas. La France est pour ^président des Etats-Unis un .pays décevant. Elle a depuis dix ans, il est vrai, presque jour à jour, amoindri sa victoire elle est le pays qui a perdu le plus grand nombre de ses enfants dans la guerre de conférence en conférence, de plan américain en plan américain, elle a vu réduire sa créance de réparations à peine les chiffres définitifs sont-ils fixés que M. Hoover a réclamé d'elle un nouveau sacrifice. A l'appel, peutêtre plus précipité et plus pressant qu'il n'était nécessaire, du président des Etats-Unis, ce fut un renoncement de plus de deux milliards, pour commencer. Cela ne valut pas même un remerciement et l'on réclama d'elle de plus larges avances. La France à tort ne dit pas non elle demanda seulement qu'on lui offrît pour le plus aléatoire des prêts quelques garanties. L'Allemagne refuse. Et l'Amérique déplore notre peu de confiance. Et du coup M. Hoover désespère de la Conférence du désarmement La France, en vérité, est un pays bien décevant.
La France a donné de son amour de la paix d'autres preuves encore, coûteuses et non douteuses. Elle a abandonné ses gages militaires, follement. Elle àvaitrêvé de-ceitain système.. de sécurité, aîs&u- rée par une sorte de mutualité internationale. Mais cette coopération a eu le sort de bien des projets de solidarité, dont les principes sont applaudis et votés avec enthousiasme, sans que les détails d'exécution soient jamais réglés « Les accords de Locarno, a écrit le rapporteur de la loi de ratification à la Chambre, supposent une Société des Nations active et pourvue, avec la confiance des Etats qui la composent, de moyens efficaces d'action. » Ni ces moyens n'ont été créés, ni cette confiance, certes, n'a grandi depuis que M. Paul-Boncour écrivait ces lignes, en 1926.
Néanmoins, la France n'a cessé de réduire ses armements, diminuant le temps de service et les effectifs, c'est-à-dire à la fois la qualité et la quantité. L'abattement actuel est de 42 à 60 0/0 comparé à 1921, pour l'armée métropolitaine. La marine affaiblie, des débats récents l'ont montré, se reconstitue trop lentement et la réorganisation de notre aéronautique est fort insuffisamment poursuivie. Les demandes d'emprunt, accompagnées des menaces de la presse étrangère, ne peuvent faire oublier à la France ni l'état de l'Europe, ni les desseins de l'Allemagne. Les congratulations échangées en voyage ne suppriment ni les. faits, ni les discours, ni l'instruction donnée aux enfants de l'Allemagne, ni l'entraînement subi par les Casques d'acier et associations similaires, ni les armements plus ou moins secrets, ni le Deulschland. Eupen, Malmédy, le couloir polonais, autant de poudrières autour desquelles rôdent les « boute feu » de l'Europe. N'y a-t-il que ces points géographiques qui commandent la méfiance ? Le déroulement des événements albanais, les interventions possibles qui mettraient face à face Italiens et Yougoslaves ne pourraient-ils émouvoir par répercussion d'autres Etats voisins ?.
La sagesse serait, à l'heure actuelle, l'ajournement de la conférence de février. La France aurait dû le provoquer. Elle est prête cependant à s'y rendre. Elle a déjà soumis ses vues aux nations elle collaborera à toute tentative qui sera de nature à consolider la paix. Mais, moins que jamais, dans l'isolement où l'a mise la néfaste politique briandiste, elle ne veut jeter au hasard ni son or, ni ses armes. Elle n'en a pas le droit, même pour satisfaire la générosité de. M. Hoover ou servir ses programmes.
JHu Chili, après p. Ibanez p. Pedro Opazo
Santiago-du-Ciiili, 26 juillet. Le président Ibanez ayant remis ses pouvoirs, MM. Pedro Opazo, Bianquier et Martero ont constitué une junte gouvernementale. M. Pedro Opazo, président du Sénat, a assumé la présidence de la République. La résolution déjà adoptée par les médecins et les avocats de ne point exercer leur profession avant qu'une solution soit apportée au problème politique a été imitée par les ingénieurs et les membres d'autres organisations professionnelles, y compris les employés de certaines banques. On signale cent vingt blessés et plusieurs tués au cours des troubles du 24. Hier, après quinze heures, de nouvelles rencontres se sont produites entre les manifestants et la police. Le bilan a été de un mort et plusieurs blessés.
Aujourd'hui le calme est rétabli, mais les esprits demeurent surexcités.
La Coupe Davis reste en France
par trois victoires à deux La Coupe Davis reste en France. Par trois victoires à deux, deux en simples, une en double, notre équipe a triomphe de l'équipe de Grande-Bretagne dans la célèbre et passionnante compétition dont la France sortit victorieuse pour la première fois en 1927.
C'est une belle et grande victoire dont nous pouvons tirer fierté, parce qu'elle a été remportée sur une équipe magnifique qui a lutté avec un cœur ad- mirable et une remarquable intelligence du jeu. ] En H.-W. Austin, J.-F. Perry, Kingsley et Hughes, la Grande-Bretagne possède une équipe de très haute qualité. Par sa victoire sur l'équipe des EtatsUnis dans la finale interzones, l'équipe britannique avait montré qu'elle était redoutable, plus redoutable même qu'on le pensait.
Par la résistance qu'elle a, dans la finale de la Coupe, opposée à l'équipe de France, un instant en péril, elle a donné la mesure de sa très grande valeur. v
Pour conserver en 1932 la garde d'un trophée conquis hier si difficilement et si courageusement, nos joueurs feront bien de ne pas s'endormir sur leurs glorieux lauriers.
Car on avait, semble-t-il, insuffisamment estimé la valeur de l'équipe de Grande-Bretagne, dont tous les membres, stylés par une année de travail opiniâtre, se sont présentés dans la finale de la Coupe Davis dans une condition physique et morale parfaite.
Il a fallu dans les « simples les ressources uniques et incomparables d'un Cochet, au calme inébranlable, et dans le double l'entente exceptionnelle de la paire Cochet-Brugnon pour avoir raison de l'équipe britannique qui, dans le dernier tournoi de Wimbledon, avait fait si grande impression que les plus légtimes espérances d'emporter la Coupe de l'autre côté de la Manche étaient nées en Angleterre.
Et ces espérances, J.-F. Perry, dont on pensait que Cochet disposerait aisément, faillit bien les réaliser.
En battant J.-F. Perry au terme d'une rencontre qui n'a cessé de faire passer l'assistance énervée et palpitante de l'angoisse à l'enthousiasme, et réciproquement, Henry Cochet qui a été l'homme de la Coupe a remporté une de ses plus belles victoires.
J.-F. Perry a la classe, ou guère s'en faut, d'un Tilden, du merveilleux et prodigieux Tilden, avec le jeu duquel sa manière puissante et habile a tant de similitudes. J.-F. Perry a les 'moyens physiques du fameux Américain, aujourd'hui professionnel la taille, la qualité, athlétique, une technique approfondie et variée. Actif, redoutable au fond du court, plus redoutable encore au. filet, voyant vite, devançant la riposte, J.-F. Perty est un exécutant d'une vitesse et d'une précision rares.
Encore une fois, il a fallu l'extraordinaire sangfroid de Cochet, sa maîtrise sans pareille, le véritable génie qu'il a du tennis, de l'attaque ou de la riposte qui surprennent et déconcertent, pour que J.-F. Perry, qui avait tout tenté pour vaincre, ait été comme maté dans les trois derniers jeux de la quatrième manche, celle qui décida de la victoire de la France.
Cette quatrième manche tint haletante une assistance partagée en deux foules, française et britan- nique, conduites, d'une balle à l'autre, de l'espé- rance à l'anxiété, jusqu'au troisième jeu où Henry Cochet, dans un émouvant emploi de tous ses moyens, s'assura le meilleur et arracha la victoire, la merveilleuse victoire, dans une fin de partie si magistralement conduite que lorsqu'elle fut acquise les dix mille spectateurs, debout, saluèrent d'acclamations frénétiques un résultat qui les libérait enfin de leurs angoisses, unissant dans leurs acclamations le vainqueur et son splendide adversaire. Contre Austin, Jean Borotra combattit courageusement. Mais après un début étourdissant, une première manche vaillante et brillante, une troisième manche étincelante, Borotra faiblissait sur la fin de la quatrième qu'il perdait, en perdant du même coup et comme on l'avait prévu et redouté la partie.
Malgré des circonstances atmosphériques lamentables, la réunion avait attiré une foule énorme. Le stade Roland-Garros était plein, archi-plein, d'une assistance que des averses multiples ne découVagerent pas, tant elle était prise par les péripéties des rencontres qu'il fallut plusieurs fois interrompre. La Coupe Davis 1931 est terminée. Pensons dès maintenant à la Coupe Davis 1932. Nous retournerons en février prochain à l'Elysée pour le tirage au sort de l'étonnante épreuve, car, nous n'en doutons pas, le président de la République, M. Doumer, qui aime les sports, conservera la tradition inaugurée par le président des Etats-Unis, M. Coolidge, qui l'avait transmise à M. Gaston Doumergue.
Frantz-Reichel.
Les entretiens de Berlin
Ainsi les conférences succèdent aux entretiens particuliers, et les entretiens particuliers aux conférences. M. Macdonal, à son départ de Londres, a naturellement fait une déclaration où il exprime son bonheur de partir pour Berlin. « La situation financière européenne, a-t-iil dit, va être discutée dans son entier par des gens déterminés à l'aborder avec bon sens et avec le sentiment des réalités. » Est-ce à dire que les ministres britanniques, dans les réunions qu'ils vont tenir avec leurs collègues de Berlin, vont découvrir la panacée qui guérira les Allemands de tous leurs maux économiques et financiers ?, r M. Stimson, secrétaire d'Etat des Etats-Unis, a précédé les ministres britanniques dans la capitale allemande. Lui non plus ne s'est pas rendu là-bas pour apporter au chancelier Bruning de nouvelles solutions. Au cours de la conférence de Londres, il a exposé les dispositions actuelles du gouvernement de Washington à l'égard du Reich. Elles ne changeront vraisemblablement pas pour le moment. Les décisions prises à Londres vont permettre à l'Allemagne de souffler pendant quelques semaines, quelques mois peut-être.
D'ici là, on a le temps d'aviser. MM. Macdonald et Henderson rendent aujourd'hui à MM. Bruning et Curtius leur visite de Chequers, et TN1. Stimson accomplit, en se rendant à l'invitation du gouvernement allemand, un geste de courtoisie. Il ne peut guère sortir autre chose des entretiens de Berlin que la mise sur pied d'une nouvelle conférence d'ensemble où ces messieurs ne manqueront pas de nous inviter. • •;
Le retour de l'équipage du M Trait-d'Union
Venus;' par la voie des airs, Le Brix, Doret' et Mesmin
sont arrivés hièr à Chamonix
Le Brix, Doret et Mesmin sont depuis hier de retour en France, où ils ont été ramenés par la voie des airs par les aviateurs Roland Coty et Delage, qui, accompagnés du mécanicien Simon, étaient allés les prendre à Varsovie à bord du Dewoitine «D.35».;
C'est à 8 heures du matin que le monoplan a quitté Varsovie pour rallier l'aérodrome du Fayet, où il a atterri dans la soirée à 18 h. 30. L'avion qui ramenait l'équipage du Trait.d'Union a fait une première escale à Prague, où il a été retardé dans son ravitaillement, Les services de l'aérodrome ne fonctionnant pas, en effet, le dimanche, il a. -fallu* pour .ravitailler le De-woitine, aller quérir par auto dë:î*essence en ville. A Zurich, nouvel arrêt de ravitaillement et dé- part de l'avion, qu'un fort vent debout ralentit dans son vol, pour l'escale terminus, Le Fayet. A l'aérodrome du Fayet, l'avion était attendu par une assistance nombreuse parmi laquelle se trouvaient, venus tout exprès, M. Lavaivre, maire de Chamonix, et le docteur Agnel, président du Comité des sports de la belle cité alpestre. Après que M. Lavaivre eut souhaité la bienvenue à l'équipage du Trait-d'Union et à celui du Dewoitine «D. 35 », Le Brix, Doret et Mesmin ont, en automobile, et acclamés par la foule des villégiaturants accourus sur le parcours, gagné ChamonixMont-Blanc. Ils avaient en effet tenu à rendre leur première visite à M. François Coty et à le mettre au courant, de vive voix, des circonstances qui avaient interrompu la tentative France-Japon. L'équipage du Trait-d'Union est en parfaite santé. Seul Mesmin souffre encore et légèrement d'un muscle de la cheville froissé dans son atterrissage en parachute.
A l'atterrissage du Dewoitine « D. 35 au Fayet, le lieutenant des douanes a détail pittoresque dressé procès-verbal, l'appareil n'ayant pas été dédouané à son passage à la frontière. Ajoutons que Le Brix; et Doret ont déclaré qu'ils étaient prêts à recommencer leur tentative dans le plus court délai possible/:1
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Où nous mènent les Conférences
L'éminent écrivain anglais M. Wickham Steed, ancien rédacteur en chef du Times, et un des publicistes dont l'opinioh fait poids en politique, écrit dans le Sundai) Times, sur la situation financière de l'Allemagne et l'attitude de la France et de l'Angleterre, un article dont nous détachons ces lignes essentielles «
Quelle est la situation réelle de l'Allemagne à l'heure actuelle ? Personne ne le sait. Sont-ce les docteurs Bruning et Curtius qui la contrôlent ou sont-ils contrôlés par elle ? Il y 'a quelques jours, les partisans d'Hitler et -leurs alliés nationalistes adressèrent au docteur Bruning, à Paris, un avertissement qui parut outrageant. L'ont-ils envoyé dans le but de rendre le représentant de l'Allemagne plus fort ou plus faible au cours de ces négociations avec la France ?
Les communistes allemands, dont nous entendons parler beaucoup moins, mais qui ne sont nullement négligeables, ont, là leur tout, adressé un ultimatum âii gouvernement prussien, Ils demandent qu'on leur rende la liberté d'écrire, de parier et d'agir. En cas de refus, ils menacent de se joindre aux partisans d'Hitler et aux Casques d'Acier pour amener la dissolution de la Diète prussienne et la chute du puissant gouvernement prussien qui maintient dans l'ordre, en ce moment, les deux tiers de l'Allemagne. L'extension des vingt millions de livres sterling de crédits à court terme, prolongés de trois semaines à trois mois, ou même la nomination d'une commission d'experts à l'effet de se livrer à une enquête sur la situation financière de l'Allemagne écartera-t-elle cette menace ? i Ici encore, personne ne sait rien. La conférence de Londres ne s'est pas occupée de valeurs réelles. Elle s'est mise à discuter sur des probabilités d'avenir.
Examinons notre situation à nous. Nous allons maintenir pour quatre-vingts millions de livres sterling de crédits à court terme, dont une partie comprend de J'argent appartenant à la France. Dans l'intervalle, on a dû toucher à la réserve d'or de la Banque d'Angleterre. La Banque de France et la Banque d'Angleterre sont en ce moment, sinon en opposition, du moins sans rapports étroits, et cela de façon sérieuse une circonstance qui affecte Wall Street aussi bien que Londres et Paris. L'axiome qui veut que lorsque l'Angleterre et la France sont d'accord, l'Amérique se sent beaucoup plus apte et beaucoup plus prête à collaborer que lorsqu'elle a à marcher- indéfiniment avec une seule des deux puissances est aussi vrai au point de vue financier qu'au point de vue politique. Mais pourquoi, en ce moment de tension, la France retire-t-elle de- l'or des coffres anglais ? On a répondu que le taux de la livre sterling avait baissé. C'est une réponse superficielle. On doit tenir compte ici de la rumeur qui s'est répandue à Paris au moment du récent séjour de M. Henderson en France. Cette rumeur disait que Londres allait recourir à un « moratorium », comnie Berlin Comment la rumeur a-t-elle pris naissance ? C'est un mystère. Un téléphonage entre M. Macdonald et M. Henderson, surpris et mal interprété, a pu en être l'origine. Quoi qu'il en soit, depuis la chute du franc en 1926-27 et la déconfiture imposée aux spéculateurs dans la suite par M. Poincaré, les financiers français ont eu d'importantes réserves d'or à Londres. Sur la rumeur d'un « moratorium », quelques-uns d'entre eux ont jugé plus prudent de retirer. ces précieux dépôts. Wickham Steed.
LES PROBLEMES ACTUELS
Un nouveau complot contre l'or français
Toutes les entreprises politiques interrf tionales greffées sur la crise économique allemande se ramènent à un complot contre l'or français. Nous avons déjà eu l'occasion de signaler l'opinion du Sundaij Referec selon laquelle M. Montagu Norman, le grand meneur du bal, voyait dans les entretiens de Londres le début d'une revision du traité de Versailles, revision amorcée par la mise en discussion de ses clauses financières. Le dessein ainsi révélé aurait-il connu un sort meilleur que ne le laisse percer la presse officieuse en ses articles de commande ? Sans aucun doute, d'après les «renseignements qui nous viennent d'Allemagne et qui nous sont confirmés à Paris.
Nous ne sommes pas sortis sains et saufs du guet-apens anglo-saxon ou, plus exactement, des intrigues nouées par le gouvernement travailliste, fidéi-conimis de la deuxième Internationale. La Gazette de Francfort du 24 juillet écrit «La conférence de Londres a posé les fondements d un traitement international des difficultés allemandes. Les diverses mesures décidées par la conférence doivent servir à préparer une solution durable de la crise allemande et, partant, de la crise internationale ». Après cette constatation, qu'il faut lire entre les lignes, en voici une autre qui montre l'astucieuse transmission des charges « Les divers gouvernements représentés à Londres ont reconnu devant l'opinion publique mondiale que la suppression de la crise mondiale n'est pas le devoir de l'Allemagne elle-même, mais qu'elle constitue un problème international concernant tous les gouvernements». Et le déplacement des responsabilités suit aussitôt « Dans cet ordre d'idées, il est d'importance que la manifestation finale de la conférence ne fait pas remonter l'origine de la crise allemande à un vice de structure de l'économie allemande, mais aux retraits précipités de fonds étrangers ». Voilà l'ultime défense 1 Le Reich n'a été prodigue ni pour ses généraux, ni pour ses princes, ni pour ses fonctionnaires, ni pour son armement, c'est l'étranger qui est cause de tout le mal, c'est le lapin qui a commencé.
Comme le reconnaît la Kœlnische Volkszeitung (organe du chancelier Bruning) du 23 juillet « Le but essentiel qui était de faire établir que la crise allemande est une affaire de la politique mondiale a été atteint, et cela sans que l'orientation de politique étrangère allemande 3it été tFacéB-d'une-façon quelconque ». M. Macdonald, Quittant Londres hier soir pour Berlin, a sanctionné ce bulletin de vic-
a,
De tels signes, de tels aveux ne feraient qu illus- trer la psychologie germanique et les silences de plus en plus serviles d'une partie de notre presse si la manœuvre pour l'obtention des crédits ne continuait, tenace, parallèlement. Le chancelier Bruning ayant réussi à faire créer un comité d'enquête sur l'insolvabilité du Reich comité qui reçut notre agrément et ne compte pourtant aucun représentant français le bruit court avec persistance dans certains milieux que nous assistons au développement d'un plan ayant pour but le lancement, chez nous, d'un emprunt anglais finalement profitable pour partie au Reich par un jeu d'écriture. La publication d'un texte, dans la Gazette de Voss, ne nous permet pas de taire les rumeurs qui courent le 24 juillet, ce journal écrivait « L'action durable, qui doit être préparée au cours des prochaines semaines, repose sur l'éventualité du concours de la France. Et le chemin qui conduit vers l'épargant français passe par la politique étrangère ». L'épargnant français, le bas de laine de nos compatriotes, voilà l'objectif brutalement désigné 1 Les économies de notre pays, péniblement amassées après tant de ruines, feront les frais du relèvement du Reich et ce sans garanties politiques préalables Pour mieux éluder ces garanties, comment procédera-t-on ? On peut douter que l'élévation du taux de l'escompte suffirait à pallier les difficultés de la place de Londres, alors « un emprunt anglais à long terme placé en France et aux Etats-Unis et servant à consolider les engagements anglais à court terme atténuerait les difficultés, s'il ne les supprimait entièrement ». Et goûtez ces précisions « Après la consolidation des engagements à court terme on pourrait songer à un emprunt allemand en IIII ~lngfeterre. Le prêt français à l'Allemagne par virement et sans offrir la moindre sécurité, voilà le mécanisme à déclencher.
M. Laval ne verra dans ce dévoilement des tractations germaniques que le souci de l'aider à les déjouer. Il téléphonait à un de nos confrères, le soir même de l'arrivée des ministres allemands à la gare du Nord « N'omettez pas de dire que l'on m'a crié « Tenez bon, monsieur le » président ». Ce cri avait été, en effet, jeté au président du conseil quand sa voiture démarra. Si journalistes et parlementaires étaient moins prompts à encenser et à approuver, il n'y aurait peut-être pas d'aussi fréquents glissements chez ceux que les hasards de l'élection préposent à la charge de nos destinées.
Gaëtan Sanvoisin.
Le maréchal Chiang Kaï Chek contre le communisme
Changhai, 26 juillet. Le maréchal Ghiang> Kaï Chek publie une déclaration dans laquelle il insiste sur la nécessité d'exterminer les communistes, d'écraser la rébellion de Canton et d'étouffer le mouvement révolutionnaire du nord de la Chine qui a, à sa tête, le général Chih Yu Chan. Le chef nationaliste affirme qu'il possède des preuves irréfutables de l'existence d'une alliance secrète entre les communistes et les sécessionnistes cantonais. Il prétend que ces derniers ont versé une somme de 500.000 dollars au général Chih Yu Chan pour s'assurer sa complicité.
Le maréchal .Chiang Kaï Chek déclare, en terminant, que si ses efforts devaient être voués à l'échec, il rechercherait la mort afin de se réhabiliter aux yeux de son pays.
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« L'AMI DES SPORTS» Directeurs Frantz-Relchel et Roland Coty PARIS 9,10 DEPARTEMENTS 0,15
L'HEURE QUI PASSE.
La civilité en série
C'est plus ordinairement quand on regarde la Colonne qu'on se sent fier d'être Français mais il ne manque pas d'autres circonstances, moins épiques, où l'on ferait preuve, soit d'un patriotisme tiède, soit d'un excès d'humilité, si l'on demeurait capable de mettre à la raison, ou au point, l'orgueil national. Par exemple, dans un restaurant, lorsque l'on a en son voisinage une tablée de citoyens de la cité future.
Leur arrogance de conquérants, leur verbe haut, leurs confidences nasalisées, leurs éclats de rire pour rien, pour rire, leur cigarette allumée dès les horsd'oeuvre jusqu'au dessert, et qui doit plus efficacement que n'importe quelle loi de prohibition leur faire passer le goût du vin, tout cela, sans doute, est incommode, ou irritant mais quelle compensation de se pouvoir dire qu'en France, malgré la décadence des belles manières, beaucoup plus précipitée que celle des bonnes mœurs* nous n'en sommes pas encore là!
Nous n'en sommes pas encore là, mais nous y viendrons sous peu il ne faut pas nous faire d'illusions. Dans le prochain univers, tout sera en série, le savoir-vivre comme le reste. Jusqu'à hier, nous avions pu espérer d'échapper cette disgrâce. Quand les gens du monde futur se trouvaient, chez nous, dans un lieu public, en contact avec ceux du monde passé, ils les observaient du coin de l'œil, ils s'étudiaient à faire les mêmes gestes, ils maintenaient leur voix au même diapason, ils ne détonnaient que par inadvertance, et rarement. Les nouveaux hommes étaient des sortes de nouveaux riches, mieux et plus vite dégrossis. C'était ce que les philosophes de l'histoire appellent une période de transition. Mais, on ne se met pas en travers du progrès. Je ne sais quels auteurs anonymes ont remanié le vieux code de la Civilité puérile et honnête ils ont réduit à l'unité la diversité charmante des coutumes de la politesse, et ils ont proposé leur texte sans nuances à cette humanité de demain qui ne connaîtra plus ni les frontières ni les physionomies.
Que servirait de se plaindre? Epictète nous le défend. « Garde-toi, nous dit-il (à peu près), de vouloir autre chose que ce qui arrive; essaie, quand c'est arrivé, de te figurer que tu l'as voulu, c'est le seul moyen d'être ^tranquille-- ici-bas* > Soit»- et"' selon ce sage conseil, nous ne. refusons pas Yirripri-' matur à cette nouvelle Civilité puérile et honnête, que les hommes bien élevés d'autrefois auraient nommée d'un autre nom. Mais pouvons-nous abdiquer lâchement notre droit de critique? nous retenir de protester contre le véritable sabotage de la politesse auquel nous assistons?
Il est d'autant plus surprenant que, de nos jours, la fabrication en série produit au moins des apparences de merveilles ses ennemis lese plus déclarés se voient obligés de le reconnaître loyalement. Elle triomphe jusque dans le domaine du vêtement et de la chaussure. L'élégance, qui sait compter, s'est mise au régime du tout-fait. Leibnitz disait qu'il n'est point dans une forêt deux feuilles exactement semblables en revanche, est-il sur le marché deux voitures de la même marque qui présentent ombre de dissemblance? Cependant, toutes ces voitures pareilles ont fort bon air pourquoi donc, seule, la civilité en série est-elle, si je puis emprunter à l'argot des industriels ce mot, « loûpée » ?
pée ? Abel Hermant, I de l'Académie française.
R la Sorbonne
Par HENRY BORDEAUX
Dans les Mémoires de M. Henri Massis Mémoires qu'il a si heureusement intitulés Evocations le tableau qu'il trace de la nouvelle Sorbonne m'a reporté vingt-cinq ans en arrière. C'était la Sorbonne de l'érudition pédantesque. « Le germanisme et l'anticléricalisme l'emportaient alors à la Sorbonne, écrit M. André Bellessort, et en faisaient un temple de la Nouvelle Idole qui, par ses ramifications et son apparence de cité, ressemblait aux temples hindous. » Sous le pseudonyme d'Agathon, M. Henri Massis et Alfred de Tarde (qui devait mourir prématurément au Maroc après avoir écrit un excellent livre sur le Maroc, école d'énergie) publièrent en ces temps lointains leur enquête sur l'esprit de la Nouvelle Sorbonne qui fit scandale.
Cependant tous les professeurs n'étaient pas atteints de germanisme et d'anticléricalisme. Je me souviens d'être entré, vers cette époque, dans le temple de la rue des Ecoles pour y observer les élèves beaucoup plus que pour y surprendre les professeurs, et voici les notes que je retrouve sur un vieux cahier
« Je suis le long couloir qui conduit au hall d'où part l'escalier de la bibliothèque. Dans ce hall, des étudiants, des étudiantes attendent j l'heure du cours, mais ne l'attendent pas longtemps. Je compte autant d'étudiantes que d'étudiants. Elles portent comme un fardeau habituel une serviette sous le bras. La plupart ne relèvent leur toilette d'aucun de ces détails de coquetterie courageuse que l'on découvre parfois avec une certaine admiration sur le corsage ou sur les cheveux des petites ouvrières de Paris. Voici une Russe dont la mince silhouette cambrée rappelle Mlle Van Doren dans Oiseau de passage ses yeux inquiétants lui donnent généreusement ce que l'on est en droit d'attendre d'une étudiante russe, un air de nihiliste. Celles-ci, qui portent des lunettes et des jus-