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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1930-12-02

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 02 décembre 1930

Description : 1930/12/02 (Numéro 336).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2964340

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SOMMAIRE DE FIGARO

PAGE 2. Les Cours, les Ambassades, le Monde et -la Ville. Les Echos. Eugène Marsan Où les dames changent de costume. PAGE 3. Georges Clemenceau aura sa statue aux Champs-Elysées. A la commission d'enquête. La Seine a atteint la cote de grande alerte à Austerlitz. Costes et Bellonte sont nommés membres du Conseil supérieur des transports aériens. Dernière Heure Les décrets-lois sont publiés aujourd'hui à Berlin Le gouvernement britannique proteste contre l'attitude du gouvernement soviétique La campagne antipolonaise de l'Allemagne La conférence du désarmement. PAGE 4. Nouvelles diverses. Dans la marine. Ch. Dauzats Académie des sciences. Gazette des Tribunaux. Revue de la Presse. Jules Laurent La Vie universitaire. -–Le XIIe Salon de l'aéronautique. PAGE 5." Henri de Régnier, de l'Académie française La Viejutéran^- Henry Lyon-_ net La première pièce d'Alfred de Musset. r Marc Logé Le théâtre aux Etats-Unis. Le Prix Fémina. Les Alguazils Courrier des Lettres. Courrier des Arts.

PAGE 6. La Bourse La Cote des valeurs. PAGE 7. Les Spectacles.

PAGE 8. La Vie sportive.

PAGE 9. Capitaine T. Lund Pistes blanches. Déplacements et villégiatures des abonnés de Figaro.

LA POLITIQUE

Les agitations

parlementaires

^NJliPfi Les interpellations n'ont pas manqué

^ï^glp depuis la. rentrée des Chambres. Elles JBpV. n'ont pas suffi à l'opposition. Les désordres financiers ont déjà servi à nommer une commission d'enquête. Ils ont fourni ensuite le prétexte de plusieurs votes. Il paraît que ce n'est pas assez. Le radicalisme-socialiste du Palais-Bourbon, sentant son impuissance, essaie de lancer à l'assaut les valeureux cartellistes du Sénat. Au moment où le pays aurait besoin d'une politique de redressement, le Parlement joue le grand jeu des scandales et travaille à ruiner tout travail sérieux par l'agitation des Assemblées et, s'il le peut, par l'instabilité des gouvernements.

Quelles sont les causes de cette entreprise persistante ? L'affaire Oustric n'est qu'un épisode, un prétexte, un dérivatif. Les raisons vraies sont ailleurs. Les unes tiennent à la politique intérieure, les autres à la politique extérieure. Pour l'opposition, la grande faute du ministère est de n'être pas soumis aux radicaux. Depuis trente ans, le parti radical domine la France. Il n'a renoncé au pouvoir ou n'a consenti à le partager que dans les époques difficiles, où il s'agissait de réparer d'urgence ses erreurs. C'est ce qui s'est produit en particulier lorsqu'en 1926, M. Raymond Poincaré est devenu chef du gouvernement pour sauver le franc. En 1930, pour la première fois depuis longtemps, le parti radical est dans l'opposition, et il y est inutilement, sans espérance de revanche.

C'est ce qu'il ne peut pas pardonner au ministère Tardieu. Depuis 1928, les radicaux attendent le moment où un cabinet prouvera qu'il ne peut pas vivre sans eux. Le temps passe et le cabinet dure. Premier échec. Mais il est un autre souci plus grave encore. Le ministère de l'intérieur n'est pas gouverné par un radical. Il est dirigé par M. André Tardieu en personne. Et M. André Tardieu, remplissant sa mission de chef du ministère, a osé donner aux préfets les instructions qui convenaient. Du coup, le gouvernement a contre lui les comités, petits et grands, qui avaient coutume de prospérer à l'ombre des préfectures, les associations occultes, les loges et tout l'arrière de l'armée cartelliste. C'est un sujet dont on ne parle pas ouvertement. Mais c'est un sujet qui occupe la pensée des parlementaires radicaux à la Chambre et même au Sénat. Ce mouvement d'hostilité s'accorde avec un autre. M. André Tardieu a eu beau garder M. Briand dans son ministère. Il a eu beau accepter les conséquences de la diplomatie des concessions. Il ne sera jamais, ni par le ton, ni par les sentiments, un internationaliste, un vrai liquidateur, un pacifiste aux ordres des pouvoirs mystérieux qui mènent la politique. En se résignant à proclamer sa solidarité avec la politique de M. Briand, il a fait un sacrifice qui ne suffit pas. Les socialistes lui reprochent déjà d'avoir été beaucoup trop catégorique en ce qui concerne le désarmement et la revision de,s traités. Tout ce que le Parlement compte d'opportunistes de la prétendue politique de paix, d'anciens défaitistes et de partisans des compromis est donc contre le ministère.

C'est indiquer le sens de l'entreprise contre laquelle lutte le gouvernement. Les assauts sont menés par ceux qui veulent faciliter l'avènement d'un ministère panaché ou d'un ministère de gauche, qui rendra aux radicaux toutes les préfectures, et à l'internationalisme toutes les négociations. A l'heure présente, et dans une mesure cependant à notre avis trop discrète, la France résiste. C'est ce que le cartellisme internationaliste n'admet pas. Et l'enjeu des combats parlementaires, c'est, en réalité, toute la direction de la politique. ANDRÉ CjUUMEIXf

BULLETIN DU JOUR

t'imposfure de Moscou

On ne se demande pas assez chez nous quels sont les motifs qui poussent la dictature moscovite à poursuivre avec tant d'éclat cette comédie judiciaire, qui met en cause, à côté du « parti industriel », le gouvernement de Londres et le gouvernement de' Paris. Nos voisins anglais se montrent plus préoccupés que nous de ce procès singulier, et les journaux britanniques annoncent que plusieurs députés se proposent de questionner, à la Chambre des communes, le ministre des affaires étrangères sur ce propos. L'Angleterre s'indigne avec raison des mensonges audacieux que l'Agence Tass, sous couleur de publier les débats du tribunal suprême, met en circulation dans l'univers. Une fois de plus, comment Je inonde civilisé se pfêfM-ii à là'diïfusion. de cette propagande- com̃touniste -qui -mewtce tous les gouvernements, quels qu'ils soient ? Voilà plus de dix ans que notre directeur a posé, ici-même, cette question, et bien que tous les dangers que dénonçait alors M. François Coty soient devenus évidents, et se soient multipliés, rien n'a été tenté, quoi qu'en disent les imposteurs de Moscou, pour faire obstacle à l'immense effort de décomposition des bolcheviques.

Comment dans notre pays en particulier, où l'hypocrisie, le mensonge les dénonciations calomnieuses sont si naturellement antipathiques, où le culte de la justice est proclamé national, supporte-t-on cette parodie de procès ? « Je tiens, écrivait dernièrement, dans la Revue de France, un Russe, M. Boris Bajanov, qui fut l'assistant du dictateur Staline, je tiens à dissiper les illusions des Européens naïfs qui s'imaginent encore qu'il existe en Russie soviétique une justice et des tribunaux. Sans doute, il y a un simulacre, mais les tribunaux ne sont que des officines garnies de fonctionnaires communistes qui exécutent aveuglément les ordres téléphonés par le parti. D'ha)jitu<|6> avant même que ne commence la comédie c}îi débat j'ûdi-

< ciair ed, l' arrêt est <ïèj"à «fans lâïf oohfe. dùV juge,

sous la forme d'un extrait M procès-verbal d'une séance du comité du parti. Combien j'ai eu à en envoyer de ces « extraits » au Guépéou et à la Haute-Cour, au temps où j'étais secrétaire du Politburo. »

Le renseignement est édifiant !̃̃

Cherchez, dans ces conditions, les raisons que peut avoir le parti communiste international qui règne en Russie, sous l'apparence de ce Politburo, à faire condamner publiquement, et sous les formes hypocrites d'une justice régulière, M. Poincaré, des généraux français, et un certain nombre d'hommes d'Etat anglais h' Humanité, qui publie en tête de ses colonnes un compte rendu du procès télégraphié de Moscou par M. Marcel Cachin lui-même, parle dans la même page de « craquements révélateurs dans l'édifice capitaliste », et prédit une « crise de régime ». Rapprochez tous ces documents la lumière se fera

Mais comment expliquer à cette lumière la continuation des rapports officiels avec l'association de malfaiteurs qui désigne ouvertement à ses bourreaux les victimes qu'elle a condamnées, au milieu de nous i Lucien Corpechqt-

Une offre de la ville d'Ajaccio à M. François Coty

L'Ami du Peuple publie ce matin une lettre du maire d'Ajaccio, M. Dominique Paoli, exprimant au nom du Conseil municipal et de la population le vœu que M. François Coty soit nommé sans délai maire de la ville d'Ajaccio. M. François Coty a répondu qu'il serait heureux de consacrer à sa ville natale tout son dévouement.

Nous publierons ces deux lettres demain.

Le nouveau président de la fédération aéronautique internationale

Le comité de la Fédération aéronautique internationale s'est réuni hier matin pour procéder à l'élection de son- président, en remplacement du comte Henri de la Vaulx, qui, au cours d'un vol de propagande, de Montréal à New-York, périt.carbonisé dans les' débris de l'avion perdu dans le brouillard, enflammé et jeté à terre à la suite d'une collision avec un câble électrique

C'est le prince Georges-Valentin Bibesco qui a été élu président.

Le prince Georges-Valentin Bibeso^stà Bucarest le 23 avril 1880.

Il est un aviateur de la première heure. Il a appris à voler en 1909, à l'aérodrome de Pau. Alfred Leblanc, qui fut un grand aviateur, fut à la fois son professeur et son examinateur.

En 1909, le prince Georges-Valentin Bibesco subit avec succès l'examen de pilote d'avion. Son brevet porte le numéro 20.

Le nouveau président est très aimé, très apprécié dans les milieux aéronautiques internationaux, où son élection sera accueillie avec la plus vive

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LA COMMISSION D'ENQUÊTE

Oustric, ou la séparation fî>des pouvoirs

Un voté de la Chambre, même unanime en sa passion vertueuse, ne peut transformer d'un coup les institutions du pays. Nous avons un pouvoir judiciaire, un pouvoir législatif qu'il importé de ne pas confondre. Comment les maintenir séparés, avec une commission d'enquête qui recherche certains dessous de l'affaire Oustric, pendant que le juge d'instruction s'efforce de scruter l'ensemble de cette même affaire ? Deux lavandières ne peuvent s'atteler à la même lessive sans que leurs savons se mêlent.

La commission commence à peine ses travaux et cette impossibilité des hier est apparue, malgré la bonne volonté de M. Tardieu, à seconder son effort. La sous-commission qui prépare le travail des 33 avait réclamé au gouvernement diverses pièces destinées â compléter les dossiers que lui a fournis le président du Conseil relatifs à la cotation, de Ja Snia Viscosa. Etant à %,recherche de concours politiques rémunérés par M. Oustric, elle avait réclamé, logiquement, ses livres. Les preuves sont là, s'il en est. Mais ces livres appartiennent à l'instruction. Or, si les commissions d'enquête créent elles-mêmes leurs règlements et ne sont tenues que par la procédure qu'elles improvisent au fur et à mesure de leurs besoins, les parquets, eux, sont ertfermés dans des lois qui sont la garantie de tous les accusés. Et, il en est une essentielle c'est celle du secret de l'inctruction. Les indiscrétions qu'on commet chaque jour ne l'ont pas abrogée. Elles n'ont d'ailleurs rien d'officiel. Elles ne laissent point de traces, elles ne vicient pas la procédure. Elles ne sauraient exposer à des responsabilités graves la magistrature (même trop indulgente à ces-divulgations de couloirs). Mais il n'en serait pas de même d'une communication de pièces ou d'une révélation quelconque commise par le parquet. Ce ser-ait une illégalité. réelle et que suivraient des sanctions.

Aussi, quand le procureur général, puis le juge d'instruction furent hier saisis par le garde des sceaux de la demande de la sous-commission, aperçurent-ils aussitôt l'impossibilité de satisfaire à la curiosité des enquêteurs parlementaires sans violer le secret de l'instruction. Cependant, soucieux de ne pas résister, a priori, à la requête qui leur était adressée, ils trouvèrent ce biais demander à la défense si};elle consentait à la communication de' la comptabilité saisie. C'était une transaction peut-être peu conforme à séparation 'rigoureuse des pouvdîre^'mais nous sommes en un temps où l'intransigeance ne se porte plus. Heureusement pour les principes, Oustric veillait en sa prison. Il les a sauvés en s'opposant formellement à la divulgation de ses dossiers. Il l'a fait par une lettre qu'on lira d'autre part et qui montre que s'il a jamais méconnu le code pénal, il connaît à fond son code d'instruction criminelle et son droit public. Elle montre aussi l'inconvénient d'improviser Une juridiction en marge de celles qu'organisent les codes.

•: ̃•̃• Henri Vonoven.

Beaucoup de bruits pour rien

Durant toute la journée d'hier des « bruits » extraordinaires, complaisamment propagés par des cartellistes notoires, ne cessèrent de circuler dans les milieux politiques démission collective du cabinet, départ volontaire d'un membre influent du cabinet, grave Sivergence de vues entre trois ministres au cours du conseil qui s'était tenu le matin à l'Elysée, etc., etc.

Informé de ces bruits, M. Tardieu, à la fin de l'après-midi, les démentit de la manière la plus formelle

Ils sont sans aucun fondement, dit-il, car il n'yâ pas plus de démission entière du cabinet que de démission séparée "d'un ministre ou d'un soussecrétaire d'Etat.

En ce qui concerne un prétendu incident qui se serait produit entre trois membres du gouvernement, renseignements pris à bonne source, il se réduisait à une simple et très courtoise 'discussion technique sur un point particulier d'application du plan d'outillage national.

De plus, on apprenait qu'au conseil des ministres il n'avait été question de l'affaire Oustric que d'une façon incidente dix minutes, tout au plus, pendant lesquelles M. Tardieu donna connaissance de la correspondance «changée entre le gouvernement et M. Louis Marin, président de la commission d'enquête parlementaire.

Enfin, la raison des entretiens que le président du conseil eut successivement hier avec MM. Paul Reynaud, ministre des finances Georges Pernot, ministre des travaux publics Henry Chéron, garde des sceaux P.-E. Flandin, ministre du commerce Pierre Laval, ministre du travail, et Alcide Delmont, sous-secrétaire d'Etat aux colonies, n'avait rien de surprenant.

M. Tardieu traita avec quelques-uns de ses collaborateurs d'affaires courantes, et avec les ministres •intéressés, justice, finances et commerce, il se pré;occupa de réunir rapidement la documentation relative à l'introduction des titres de la Snia Viscosa et réclamée au gouvernement par M. Louis ,'Marin pour la sous-commission d'enquête parlementaire. °f;ri l '•

C'est ainsi qu'en qffïttant à 20 h. 30 la place Beauvau le président du conseil, après un dernier entretien avec MM. Paul Reynaud et Henry Chéron, put annoncer aux représentants de la presse Toutes les pièces demandées par M. Louis Marin lui seront remises ce soir même à 22 heures. Sauf naturellement celles dont la communication entraînerait une confusion de pouvoirs. Les cartellistes ont fait beaucoup de. bruit » pour rien. Ils mettaient en fin de journée tous leurs espoirs dans l'interpellation de jeudi au Sénat. M. Héry redevient leur grand porte-parole. On' lui adjoindrait le redoutable M. Jeanneney. On envisageait mille combinaisons plus favorables les unes que les autres, évidemment, à la prospérité na-

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La menace de crise minière en Àngleterte {

Peut-on espérer que tes accords temporaires, intervenus dans les journées de samedi et de dimanche, conjureront le danger d'une nouvelle crise minière en Angleterre ? La répartition des heures de travail qu'ils envisagent est en contradiction avec la loi. Mais périssent les principes plutôt que l'économie britannique, déjà si cruellement éprouvée par le chômage

La menace de grève charbonnière a eu hier son écho à Chambre des communes. M. Shinwell, ministre, des mines, questionné sur la crise, a déclaré que le travail dans la journée a été normal dans les mines anglaises et galloises. Mais il a "déploré l'abstention en Eèosse de 82 0/0 des effectifs miniers.

Le ministre a ajouté que le gouvernement s'occupait de l'illégalité constituée par le fait que le travail .durait plus de sept heures et demie dans certaines mines..

L'espoir de faire cesser la grève dès hier soir .semblait fort compromis. ;Le comité de conciliation, qui « siégé en permanence toute la journée sans aboutir à une transaction, reprendra aujourd'hui sa négociation.

Dans un message qu'il vient d'adresser aux ouvriers en grève, le président de l'Union nationale des mineurs écossais leur recommande de maintenir une attitude très ferme et d'attendre patiemment des instructions de leurs chefs avant de descendre au fond de la mine.

D'autre part, les négociations entre représentants patronaux et délégués ouvriers des bassins anglais et gallois suivent leur cours normal. On espère qu'un accord interviendra dans le bassin gallois avant le 14 décembre, date limite fixée par les propriétaires de mines pour soumettre toute la question à un arbitrage indépendant en cas d'insuccès des pourparlers.

Le gouvernement travailliste, dont la majorité est constituée par les députés mineurs, n'ose pas ajourner l'application de la loi en ce qui concerne la durée du travail. Ce n'est qu'en dernière extrémité qu'il aura recours à ce moyen dépourvu de prestige. 11 attendra pour s'y résoudre l'échec possible des pourparlers en cours entre propriétaires et ouvriers.

Les journaux de la Cité dénoncent la responsabilité du cabinet Macdonald.

Mais n'est-ce pas le propre des gouvernements démagogiques de sacHfJer l'intérêt du pays à leurs préoccupations électorales ?

EN MARGE

La querelle des affiches

Au nom de la Société archéologique de Touraine, dont il est le président, M. le chanoine Victor Guignard vient d'adresser à M. le maire de- la ville de Tours une lettre dans laquelle, avec autant de fermeté que de courtoisie, il demande que soient débarrassés de tout affichage les deux charmants pavillons de,la place Choiseul, construits au dix-huitième siècle.

Cette offensive d'érudits contre « des abus trop prolongés et indignes d'une ville touristique » est un épisode intéressant de la guerre à l'affiche publicitaire qui a été enfin déclarée .sur toute l'étendue de notre territoire. Le vceu poli mais énergique de la Société archéologique de Touraine vient grossir un imposant dossier constitué en peu de semaines et dont les pièces mémorables sont la belle circulaire du marquis d'Arcangues adressée aux maires du pays basque, le retentissant article de M. Roland Engerand paru dans {'Illustration, l'arrêté pris par M. le maire de la Baule, la récente intervention du Touring Club.

Les assaillants qui ont l'opinion pour eux dès maintenant ne manquent pas d'armes mais un argument unique leur suffirait pour monter à l'assaut et vaincre. A chaque Français toute la beauté de la France appartient. Puis-je souffrir que vous masquiez par, des panneaux tel paysage qui était moralement mon bien ? Est-il admissible qu'en couvrant de papier bariolé ou de toile enluminée un monument dont j'avais le droit de réjouir mes yeux, vous réduisiez ou supprimiez un plaisir qui était en quelque sorte une part de mon patrimoine ? A toutes les précieuses possibilités d'enrichissement intérieur que représente pour chacun de nous le visage magnifique de la patrie, pouvons-nous tolérer plus longtemps que soit substituée la hantise de recommandations strictement commerciales qui fixent sans cesse notre esprit sur des réalités banales et ne le nourrissent que d'éléments médiocres ? 7

Qu'on ne vienne pas nous dire « Dans tel et tel pays tout se passe ainsi et personne ne le trouve mauvais » Ce n'est pas à la France, à la vieille France, d'invoquer des exemples, c'est encore à elle d'en donner. Fallacieuse riposte, d'ailleurs. En Italie, nos voisins se sont bien gardés de laisser libre carrière à la publicité par affiches et placards; ils n'ont pas commis une erreur aussi préjudiciable aux vrais intérêts d'un pays. Les nations de longue culture, les races affinées doivent résister à des modes qui, sous couleur de modernisme, s'adressent aux plus primitifs instincts. Lorsque nous imitons, imitons du moins les peuples qui sont nos pairs et. non pas ceux dont la roture intellectuelle n'a pas encore été savonnée.

Raymond Lécuyer-

Les Expositions de « Figaro » Nous rappelons que l'inauguration de la deuxième série des Expositions de Figaro aura lieu demain mercredi 3 décembre, à quinze heures.

Œuvres de MM. Andrieux, Delétang, Despujols, Jaulmes, Jourdan, Ladureau, Madrassi, Claude-René Martin, Léopold Pascal, Jacques Simon, G. Venet, Mme Rieunier-Rouzaud, Mlle Bernard d'Attanoux.

Invités étrangers MM. A. Ortiz Echagûe, Victor Gilsoul, José de La Pena, Bernard Hàr-

risœ^ Serge IyanofiEjJagoxleffji

NOTES SOCIALES

Sur le sens commun

Le sens commun est une concordance entre ce qui est et le jugement qui en est porté. Il pleut. Vous dites « Il pleut. » Les hommes sont des êtres déchaînés quand aucune discipline ne les retient. Cette constatation vous ouvre les yeux. Vous con, cluez que pour maintenir l'ordre dans une société, il faut des régimes d'autorité servis par le concours des soldats, des prêtres et des gendarmes. Tels autres confondent les bouffées de l'amour-! propre avec la supériorité de l'esprit. Vous écout tez poliment et vous retirez en vous jurant qu'on! ne vous y reprendra plus. Le sens commun règne dans l'interprétation des images qui dessinent la réalité, et non dans l'acceptation de celles qui la déforment. Aussitôt que la reproduction est mensongère et s'égare dans les traits de la fantaisie^ le sens commun fait l'école buissonnière et s'évade! 'par ailleurs.

Or, si nous cherchons l'origine de ces défigura* tions grotesques, c'est encore dans les conceptions du dix-huitième siècle que nous en découvrons les premières, ébauches. Dans ses ouvrages publié? avant 1789, l'abbé Siéyès, après Rousseau, et d'une manière plus sourcilleuse et plus didactique. peut être considéré comme le champion des doctrines qui ont inauguré le règne des folies. Cet abbé, qui l'était si peu, mais passait pour posséder son bon sens, nous avait déjà légué cette formule dont M. Paul Bourget avait souligné la démence « La saine politique, déclarait Siéyès, n'est pas ce qui est, mais ce qui doit être. » C'est-à-dire que nous devons méditer sur les événements non d'après les leçons de l'expérience et les enseignements de l'histoire, mais à la lumière des idées théoriques et des jugements préconçus où se sont enivrés les phantasmes de notre imagination. Montesquieu pensait tout autrement. Il avait établi les fondements de son œuvre sur l'exemple des coutumes et des mœurs transmis par les Annales des nations. Mais que pèse un cerveau bien fait à côté d'un au* tre épris de chimères

Le dix-huitième siècle ne voit plus les choses -,omme elles sont. Il les aperçoit à travers la défor» mation que leur impriment les verres de ses illusions. On saisit comment ce même Siéyès, pour, justifier ses écarts théoriques et ses faux pas, s'appuyait sur la témérité d'une donnée primordialè incroyable dans l'audace de son affirmation « Ce qu'on' appelle le sens commun, professait-il, loin d'être commun, en effet, est une anomalie, une difformité dans la nature humaine. » Le sens commun. une difformité Etonnez-vous alors Les pension"nâifës'de. Ssintë-Anne ne s'expriment pas autrement. Seulement, les aliénés n'ont pas d'auditoire et l'abbé Siéyès en avait un. Il était allé jusqu'à inspirer une admiration respectueuse à Mirabeau. Aussi, les mille déviations dans la rectitude dé la pensée contemporaine n'ont-elles pas lieu de surprendre. Karl Marx, par exemple, n'a pas fait autre chose que de se ranger parmi les disciples de Siéyès. Lui aussi s'imaginait rénover la société. Dans son évaluation des valeurs qui règlent le prix du travail, il oubliait simplement l'adjonction des mérites essentiels l'initiative, l'intelligence, la méthode, l'invention qui mettent en œuvre les produits de l'effort manuel. Et pourtant, là encore, que d'âmes candides Elles ne veulent pas avoir affaire à cet 'apôtre du socialisme et secouent, sans qu'elles s'en doutent, les anneaux de la même chaîne d'un chaine le sens commun est en souffrance dès l'origine. Si l'aberration totale triomphe à la fin, ce malheur n'est dû qu'à la transmission de l'erreur initiale. Par le seul développement des déductions logiques, elle conduit l'esprit qui s'est imprégné de son poison vers l'adoption des pires sottises.

D' Ch. Fiessinger.

« L'AMI DU, PEUPLE » EN ESPAGNE

ftueun mouvement politique ne peut réussir v

sans l'aide eîfieaee de l'armée

Par MARCEL ESPIATJ

BARCELONE, décembre (De notre envoyé spécial)

Dans quelques heures le rapide m'emportera vers la France. Je ne verrai pas Segovie, Valladolid ni Burgos, où dort, pour l'éternité, le Cid Campeador. J'ai trop de hâte à retrouver mes habitudes, mes lieux familiers et mes manies. Et pourtant, j'éprouve une tristesse imprécise en quittant l'Espagne. Est-ce parce que le ciel y est bleu et qu'il pleut de la boue en France, que la Seine déborde ou que le Parlement est violemment rentré ? Je ne sais. Mais je me suis senti soudainement mélancolique, tout à l'heure, en empilant mes notes et tout l'attirail du reporter .avec mes paquets de linge.

Mes notes i

Je les ai glanées dans le calme solennel des bureaux officiels, dans celui, plus douillet, des appartements privés, dans les rues balayées par l'émeute, près des vieilles pierres du Palais Royal devant lesquelles s'agitent de beaux petits soldats, si haut en couleur qu'ils semblent sortis d'une boîte de jouets j'ai griffonné dans l'ombre douce des cathédrales, dans les lumières des cafés, dans les quartiers pleins d'ombres et de mauvais coups, parmi des puissants pessimistes et d'autres assurés, et je ne sais plus si j'ai souligné, comme elle devrait l'être, cette agitation à la fois tenace et molle qui tient l'Espagne sous le coup d'événements soudains. Une chose est certaine je n'ai pas vu « man.ger le dompteur ». Pourtant, la veille des émeutes de Madrid, l'un des chefs du parti. républi- cain me disait « Qu'un homme soit tué dans la