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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1929-03-18

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 18 mars 1929

Description : 1929/03/18 (Numéro 77).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k295810r

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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COURRIER DE PARIS

Le s Ingénus

Pourquoi les hommes d'âge se formalisent-ils que les jeunes croient que le monde a été créé le jour de leur naissance ? (S'ils n'ajoutent pas qu'il finira le joui* de leur mort, c'est qu'ils pensent ne .mourir jamais.) Ces opinions semblent irritantes aux vieux, dont, hélas je suis elles ne supportent pas l'examen, elles sont puériles et absurdes mais au regard de quiconque professe une philosophie rigoureusement idéaliste, elles sont d'une vérité incontestable. Si l'objet n'existe que senti ou conçu par chacun de nous, il est clair que la création a exactement coïncidé avec l'éveil de notre conscience.

On m'objectera sans doute que je suggère aux jeunes gens un argument dont ils ne se seraient pas avisés tout seuls; car ils ne sont pas, ceux du moins d'aujourd'hui, philosophes idéalistes, ni même philosophes tout court. Je l'avoue, et je le trouve regrettable mais je ne veux pas cesser encore de défendre ou d'excuser ces jeunes présomptueux. Admettons que, s'ils se déclarent avec tant d'arrogance les contemporains de l'univers, ce ne soit pas en conséquence d'une doctrine idéaliste et qu'il n'y ait là qu'une erreur de perspective imputable à leur ingénuité qui vous dit que cette optique ne leur est pas indispensable ? De même, à tout âge, l'illusion qui nous fait croire que le centre du monde n'est pas partout, comme le disait Pascal, mais dans chacun des moi qui sentent et qui pensent le monde, n'est-elle pas, cette illusion, la con- dition nécessaire de tout sentiment comme de toute pensée ?

Je prévois trop ce qu'ici encore on va me répondre les hommes ne sont dupes de l'illusion géocentrique que dans la mesure et dans les moments qu'il faut absolument qu'ils le soient quand il leur redevient loisible de raisonner dans l'abstrait, ils savent bien qu'ils ne sont pas chacun le centre du monde. Les plus jeunes géns pourraient aussi bien, en des conjonctures pareilles, user de leur raison, faculté précoce éCdprft'rôiït i*ësseritïëi est "constitué bien ayant l'adolescence ils pourraient, tout en se figurant que le monde a commencé le jour de leur naissance, savoir, au sens propre de « savoir », que cette idée est extravagante.

Malheureusement, on a quasi ruiné, depuis un quart de siècle, le crédit de l'entendement, et un jeune homme de nos jours qui accorderait ainsi les exigences de son âge avec celles de la raison éternelle passerait aux yeux de ses petits camarades pour un intellectuel ou pour un arriéré ces deux épithètes ont maintenant à peu près la même signification injurieuse.

Je dois reconnaître qu'à une époque dont les, survivants sont assez nombreux, le raisonnement et la culture modéraient chez les jeunes gens certaines tendances, d'ailleurs, je le répète, utiles, nécessaires, parfois même séduisantes, de leur âge, et qu'ils tenaient sur le passé de l'humanité ou sur leurs aînés' immédiats des .propos assez peu différents de ce que l'on entend, aujourd'hui, mais qu'ils ne finissaient pas,

yuF. t

comme les gens du Midi, par "cro!irè ce qu'ils racontaient.

C'est à cette époque aussi que les augures se sont mis à tâter le pouls de la génération nouvelle. Ils se sont curieusement penchés sur l'âme des jeunes gens et ils leur ont pris des interviews. Ils leur ont dit à satiété

Quelle France nous préparez-vous? Car vous êtes la France de demain, vous êtes l'avenir.

J'ose dire qu'ils ne leur apprenaient Les jeunes gens le savent bien, qu'ils sont l'avenir, et s'ils n'y songeaient pas, M. de La Palice serait là pour le leur rappeler.

Ils le savent si bien que cela leur est complètement égal ce qu'ils veulent être, c'est le présent. M'accusera-t-on de parti; pris, si j'avoue que cette prétention me paraît à certains égards justifiée, ou explicable ? Les pouvoirs dont ils seront doués, si leur conscience les aperçoit, leur semblent déjà des réalités actuelles, tandis que pour nous, ce ne sont gue des promesses. Mais il faut bien qu'une fois de plus je convienne que leur raison, s'ils daignaient en user, rectifierait cette illusion-ci comnie l'autre, pour leur plus grand bonheur car le vrai mal du siècle, c'est l'angoisse que cause le sentiment de la fuite des- jours et de la brièveté de la vie et je songe combien il doit être plus affreux à vingt ans qu'à soixante de se dire

•–Si j'en ai encore pour une quinzaine d'années, je ne suis pas trop à pjaindre.

En revanche, que d'agréments procure aux jeunes hommes, et même aux hommes mûrs, même à ceux qui ont déjà posé le pied sur le seuil de la vieillesse, cette perpétuelle renaissance du

monde, cette création qu'il faut bien appeler continue, puisque Ttmivers est éffectivement recréé chaque/fois qu'une nouvelle créature y fa.it son entrée, chaque fois qu'une sensibilité s'y ouvre et qu'une conscience y point J. Toujours créé d'hier, de tout à Uheure, le vaste monde est toujours terra incognito, il est toujours à découvrir. Les jeunes s'en donnent à cœur joie. Ils ne tiennent aucun compte de Vespuce ni de Christophe Colomb, et ils découvrent l'Amérique. Il leur arrive même. souvent, de découvrir le Congo. Ils ne, peuvent pas savoir quel passe-temps c'est pour leurs aînés de lire le récit de leurs explorations dans leurs histoires, feintes, mais documentaires je risque; c'est le cas où jamais, ce néologisme de cinéma.

La plus récente de leurs trouvailles est aussi la plus surprenante. Ils se sont avisés tout d'un coup que les passions de l'amour avaient pour élément premier, secret, parfois honteux, un instinct matériel et ils se sont mis à étudier toutes les manifestations 'de cet instinct, mais de préférence les plui baroques, avec un zèle de nouveaux initiés ou, autrement dit, de Hurons. Aucun sujet né leur a semblé mériter mieux d'être élevé la .dignité. littéraire. Sous prétexte de franchise, ou de science, à moins que ce ne soit dans un intérêt commercial d'ailleurs mal entendu, ils l'ont traité avec une brutalité de collégiens ensemble candides et suffisants. Ils ont trouvé moyen d'étonner les personnes qui n'avaient jamais eu occasion de lire des œuvres de cette sorte, bien qu'elles abondent dans les enfers des bibliothèques. Ils ont choqué des âmes timorées elles ont tort de prendre l'alarme pour si peu de chose.

Rien n'est moins dangereux que cette littérature qui distille à la fois le poison et le contre-poison. Son antidote est l'ennui. Elle a une incroyable vertu dormitive. A l'heure même- où, comme disait Baudelaire,

l'essaim des rêves malfaisants

Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents. elle serait plutôt capable de disperser les rêves, et de ménager aux adolescents, bruns ou blonds, le sommeil le plus paisible, le -sommeil de l'innocence.

~r*r*rtp.*T~rr^ vAb>ei-H*rroaat»

•"̃-Vjjjj ^'Académie friïnçâisc.

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Les sanctions en Rhénanie

*i.

Le ministre de la guerre, conformément aux déclarations qu'il avait faites à la Chambre, a décidé de prendre des sanctions.contre certains officiers généraux ou supérieurs. M. Painlevé a convoqué d'urgence à Paris, pour leur communiquer leur dossier et les entendre aujourd'hui dans leur défense

Le général de division de Partouneaux, commandant la 4° division de cavalerie, commandant de la place de Trèves, qui avait signé les ordres de place relatifs à l'organisation de bals masqués et à la participation de l'armée à ces fêtes pendant l'épidémie 1

Le général Goûbeau, commandant le 30" corps d'armée, à Mayence, qui, par un froid rigoureux, a .maintenu, contrairement aux prescriptions, des.' prises d'armes « dans les moments où l'épidémie était particulièrement meurtrière et le froid très vif »

Le colonel Marminia, çqmmàndant une demi-brigade de chasseurs' à pied, à Dures; qui ̃ teipt»sé titiX' soldats une longue marche par une température de 25".

-<~s~

La reine Marie de Roumanie traverse Paris

S, M. la reine douairière Marie de Roumanie, accompagnée de la princesse Ileana,.est arrivée à Paris hier matin, à S h. 25, par le Simplon-Orient-Express. Elle a été saluée sur le quai de la gare de Lyon par M. Diamandy, ministre de Roumanie, Mme Diamandy, le prince Cantacuzène, M. Titulesco, ministre de Roumanie à Londres, ainsi que par plusieurs dames de la colonie roumaine de Paris. Le président de la République s'était fait représenter par le général Lasson et M. Aristide Briand, ministre des affaires. étrangères, par M. Carré, chef adjoint du protocole..

La reine Marie s'est rendue immédiatement à la légation de Roumanie. Après avoir assisté dans la matinée au service religieux de l'église roumaine de la rue Jean-de-Beauvais, elle a ténu, accompagnée de M. Diamandy, à aller prendre elle-même des nouvelles du maréchal Foch. .Au domicile de l'illustre soldat, elle a été reçue par Mme la maréchale Foch et le commandant L'hôpital, officier d'ordonnance du maréchal.'

La reine Mat-ie, qui se rend à SaintBriac chez le grand-duc Cyrille de Russie, est partie à. huit heures du soir par l'express de Dinard. Elle a été à nouveau saluée sur le quai de la gare Montparnasse par le général Lasson 'et M. Carré, par M. Diamandy et M. Titulesco et par le personnel de la légation à Paris. Des fleurs lui ont été offertes par les dames de la colonie roumaine à Paris.

Comme nous l'avons déjà annoncé, la reine douairière de Roumanie rentrera dans quelques jours à Paris. Elle repartira ensuite pour Madrid, où elle fera un assez long séjour à la Cour d'Espagne.

Le choix

'1.H" '`~c~y~`~'V :°,~

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wjjfetd Oè serait un'gràndAiènfàit'rsi le

^̃fe; récent congrès tenu par TÂ1'( a. liance démocratique à Dijon servait à éclairer l'esprit public Des hommes qui ont joué un rôle dans les assemblées et qui ne passent pas pour pratiquer un conservatisme borné, ont pris l'initiative, de proclamer hardiment comment se pose de nos jours le problème capital de -la politique. Ils ont dit ce que nous avons expliqué 'bien souvent il faut être pour ou cbntre la politique nationale, pour ou contre le socialisme. M. Paul Reynaud dans son brillant rapport,. M. Léon Bérard dans la déclaration qu'il a rédigée avec art au nom de son parti; M. Antony Ratier dans le courageux discours qu'il a prononcé comme président. ont tous les trois affirmé que désormais il était nécessaire d'optér. Capitalisme ou marxisme, a dit M. Paul Reynaud. Et M. Léon Bérard g. fait applaudir cette formule <<; L'Alliance démocratique répudie toute collaboration directe ou indijecte,; Jateate- ou déclarée avec le parti socialiste ou avec lès: alliés de ceux-cL » Voilà qui est net et qui mettra fin à bien des manoeuvres dont la clairvoyance et l'opportunité n'étaient pas les qualités maîtresses.

Les radicaux, eux, ont choisi ils se sont précipités, sous la conduite de M Daladier, vers les socialistes. Le Congrès d'Angers, qui n'avait pas beaucoup d'autorité, n'a pas été l'effet du hasard. Il a servi à prendre publiquement des décisions mûrement méditées dans le secret des comités et des loges. Les radicaux ont rompu délibérément avec M. Poincaré ils. ont voulu dès cette époque reformer le néfaste Cartel. Une pareille résolution était si. étonnante, que le monde parlementaire V eu besoin de quelque temps pour croire qu'elle était véritable Les plus intéressés à se mé- fier ont été les plus confiants et les plus disposés à garder des illusions. Les faits ont été probants. Et les radicaux, laissons-leur du moins ce mérite, ont mis tous leurs soins à publier leurs mauvais desseins. 1 Le dernier Congrès de l'Alliance prouve :1 qu'elle a parfaitement compris la leçon des événements. Elle rie- ferme pas de parti pris j la porte aux radicaux, peu nombreux et ttOtables, qui ne voudraient pas delà servitude socialiste, et en qui se réveillerait le sens de la responsabilité. Mais elle déclare avec fermeté son intention de garder à la majorité de la Chambre de 1928 sa cohésion et sa discipline. C'est la conclusion logique de tout ce que l'histoire parlementaire nous a appris depuis le mois de mai dernier. André CHAUMEIX.

Ii'flssemblée générale de la Société des Gens de lettres

La Société des Gens de lettres a tenu son assemblée générale hier après-midi, à ila mairie du dixième arrondissement, sous la présidence de M. Batilliat.

Après la lecture du rapport, les débats furent, par moments, très animés. Un. orateur ayant formulé un voeu, adressé aux députés et sénateurs, en ces termes « La Société des Gens de lettres demande respectueusment à MM. les membres du Parlement. » un grgnd nonjjjre dj protestations se firent entendre

Non, pas" 'respectueusement 1

Demandent impérativement.

L'orateur se résigna à rectifier sa, fomule et à dire « La Société des Gens. de lettres demande à MM. les membres du Parlement. » ̃

L'ordre du jour comportait la réélection d'un tiers du bureau, soit huit membres à désigner sur les treize proposés par, l'assemblée préparatoire.

Furent proclamés élus MM. Paul Brulat, 160 voix Gaston Rageot, 159 José Germain, 150 Sébastien-Charles Lècohte, 148; Pierre Bonardi, 133; FortunatStrôwski, 133 Henry Champly, 123.

Un second tour de scrutin fut nécessaire pour le choix d'un huitième membre du comité. M. Eugène Le. Mouel fut élu. Aujourd'hui lundi, première réunion du nouveau comité, élection du bureau. On connaîtra ce soir le nom du. président. L'élection de M. Pierre Benoît semble assurée. ''̃ ̃•̃• AUJOURD'HUI

LA CHRONIQUE DRAMATIQp ̃ par Mme Gérard d'Houville

DEMAIN

LA VIE LITTERAIRE

par Henri de Régnier

de l'Académie française

~E FIGARO'

Fondé le 14. Janvier 1826.

Anciens Directeurs H. de Villemessant, F. MAGNARD, G. Calmette, A. Capus,

• DE Flers.

ADMINISTRATION RÉDACTION PUBLICITÉ ANNONCES *14, ROND-POINT DES CHAMPS-ELYSEES.* PARIS. Téléphone' Elysées 98-31 Q8-38 ABONNEMENTS ̃: 3 mois 6 mois • i<an Paris,Départemems& Colonies. 30». 54» 1QO ÉTRANGER

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'àat&r-' ̃ Twç-^L'açÉE.ïa^Bî»

"Mmifiee Hauriou

'Je; «faisais, .^en 1892, ma: philosophie, /au iyçée de Toulouse à la fin du cours, les élèv.es se, groupaient -pour une conversation familière autour de la chaire du jeune maître, Victor Delbos, qui me tendit un jour un livre à couverture bleue, dont il venait de Couper les pages. « Tenez, me difâl, lisez cela, vous qui1 avez une voca- tion juridique c'est plein d'idées; vous me direz votre sentiment. » C'ost ainsi que je pris pour la première fois possession du Précis de Droit administratif de Maurice Hauriou qui vient de mourir à Toulouse mais le bon philosophe se faisait illusion sur mes capacités. Les mots contentieux, délibération, règlement d'administration publique, avaient paru bien maussades, bien grisâtres à une jeune tête toute bruissante du grand murmure philosophique. « Eh bien ? me demanda le maître en souriant doucement de ses magnifiques yeux bleus. Je n'ai pas compris. Vous comprendrez un jour », me dit-il sèchement en haussant un peu les épaules. L'année suivante, à la Faculté de Droit de Toulouse, on annonce un cours libre de Science sociale, Le nom d'Hauriou, qui doit .le professer, excite nia curiosité de .'jfcurie étudiant. Cinquante personnes dans l'amphithéâtre. Assemblée composite. Quelques jeunes gens, des avocats, des ma'gistrats. Nous nous montrions, sur la première travée de l'amphithéâtre, les quatre philosophes dont s'enorgueillissait alors Toulouse Frédéric Rauh, Jean Jaurès, Georges Dumesnil qui occupaient les chaires de la Faculté des lettres Victor Delbos, qui enseignait au lycée Le professeur parut dans sa robe, grand, mince, un peu distant. Ce qui me frappa tout de suite en lui, ce fut l'impression de calme et souveraine intelligence qu'il donnait. J'ai bien souvent fréquenté le doyen Hauriou depuis cette époque lointaine j'ai été son élève, son collègue, son ami. Je peux bien dire que ce coup de foudre intellectuel ne s'est jamais effacé. Je n'ai pas connu de pensée plus haute, d'intelligence plus largement humaine que la sienne.

̃ •V:V,& V; "̃̃

Ce cours était, très préparé. Il ne lisait pas ses notes, niais il semblait prolonger devant l'auditoire même sa longue méditation. Il posait sur nous son" regard (trancnïille et parfois semblait répondre à une 'objection pressentie. Rien du cours A effet

ni de:4'è"nseignèment stéréotypé. Cne'pen--

sée toujours en mouvement, en travail aucune éloquence et même un extraordinaire dédain de l'éloquence; à chaque tournant du chemin, des horizons nouveaux, des trouvailles. Parfois le maître s'arrêtait ̃quelques secondes sans nulle coquetterie et, semblant oublier l'heure et le lieu, griffonnait sur ses notes l'indication rapide d'une réflexion. « Ah dis-je à l'un de mes camarades en sortant enthousiasmé, je Voudrais un jour parler comme cet homme-là N'est-ce pas '? Tu le préfères à Jaurès ? » Mon sentiment, n'a pas changé. Trente-sept années, j'ai vu Maurice Hauriou à l'ouvrage, nous donnant l'exemple. Ses livres de Droit administratif, de Droit constitutionnel, sont devenus classiques. Sa Scicnce sociale traditionnelle, moins connue, est pleine de morceaux magnifiques. Depuis 1892, pas un cahier du grand recueil mensuel du Sirey n'a paru sans une importante annotation de sa main. Ses livres, ses articles, ses brochures, tous riches de' substance, apportaient toujours des aperçus inattendus, d'une profondeur et d'une élégance inégalées, avec un renouvellement et comme un rajeunissement des problèmes qu'il abordait. Je le vois encore dans ce tranquille cabinet de trasaj} de la rue de la Palbade hii il a passé tant d'heures, tant d'années, paisiblement, occupé, comme Descaries en son poêle, à construire, à créer,, à trouver ce que les autres cherchaient en vain, à essayer un système d'idées, à le démolir, puis à le remettre sur pied, à le parachever. Ses livres, d'une édition à l'autre, étaient développés, repris, sans cesse mis au point. Cet homme, tranquille a été un grand conquérant en suivant, parfois en précédant les démarches du Conseil d'Etat, il: a pour ainsi dire annexé à l'empire du Droit l'immense domaine de l'activité administrative.

Le Droit administratif a eu longtemps une presse déplorable la description y avait pris le pas sur la construction, et l'arbitraire y régnait en maître. Partout des distinctions, des classements, des numérotages, utiles sans doute, mais d'un inj térêt bien problématique. Après Laferrière, Hauriou s'attache à ordonner ce chaos, à en scruter audacieusement les pénombres, à. révéler l'ordre latent que comportait le dédale des textes et des solutions, à humaniser cette discipline, qui est devenue, aux mains, des maîtres contemporains, l'une des plus Vivantes, des plus sévocatr'ices qui soient. "1'.

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L'originalité souveraine d'Hauriou était faite à la fois de calme et d'audace, d'ingéjiliositéet de sagesse, auxquelles.s'ajoutait > le' iion ailé, car, grand savant, il était aussi' grand artiste, au plein sens du mot. Pour lui, le Droit était, non certes cette sèche mécanique où certains voudraient le réduire sous prétexte de. technicité, mais à la fois.la plus humaine des sciences et < l'art suprême, ars boni et aqui.

Rarement, Hauriou s'attardait aux polé- iniques il était pourtant redoutable ̃ c'était avant tout un grand constructeur et son' œuvré immense est toute positive il n'est pas une page de'lui qui n'apporte à qui la médite un accroissement. Par là, il s'apparente aux plus grands parmi les créateurs il est de ceux très rares qui ont non seulement augmenté le savoir, mais

^apporté aux esprits de nouveaux modes de la pensée. H a été inaccessible aux laideurs, aux vilenies. Contre la sottise, la Vulgarité, l'ar- rivisme, dont il avait une égale horreur, il employait une arme terrible des silences d'une qualité spiendide. f

Vous pouvez, Maître, dormir en paix dans la joie de la moisson achevée. Nous, vos disciples, nous ne craignons pas de vous oublier vous dhblier, ce serait nqus renier nous:mêmes, nous qui ayons vécu de votre pensée et qui avons aimé les grandes leçons de'vos livres,de votre vie. C'est vous que nous retrouverons au fond de notre cœur dans ces heures gravés où l*âme a besoin de sincérité absolue, a soif d'honneur et de justice, où, pour tout dire, elle cherche le Dieu que votre bouche confessait avec simplicité et devant, lequel.pliaient vos genoux.

Maître au grand cœur, travailleur infatigable, intelligence dominatrice et flère, âme chrétienne `pleine d'humilité, vous avez bien mérité la plénitude de la lumière, la paix.

Açhille Mestre.

ÉCHOS

1, r 1

T La Température j

Vent d'est, 'très faible. -fe- ( Beau temps. « •>̃• •'• '"̃*

La requête inutile. "i

C'est un conseiller général qui la présente au préfet de la Seine cet élu au grand coeur demande, en effet, s'il ne serait pas possible de placer, dans les abris de la T. C. R. P., des strapontins automatiques, analogues à ceux qui existent dans le Métro, pour que puissent s'y asseoir, en attendant l'autobus ou le tramway, « les personnes âgées, impotentes ou infirmes, et,. ^particulièrement les mutilés».

Souhaitons qu'on l'entende. Mais aussi qu'on mette un'agent de service auprès de chaque strapontin. Sinon, ceux-ci seront régulièrement occupés par de tout jeu.nes gens, cependant que « les personnes âgées, impotentes ou infirmes resteront debout. Il suffit d'avoir voyagé une fois dans le Métro, environ six heures du soir, pour en être convaincu.

̃̃̃ 1– ̃̃ ̃̃

Là musique chez les aliénés.

Pn constatant lu résultat d'une vente

SH-i >vÀÇnt d/àvoir, Jieu, à, J!asile clinique

-de Sainte-Anne, on pourrait soutenir que les pensionnaires de cet établissement soHt,;>'pour la plupart, sensibles il la musique et même exécutants. Sur trente-neuf mobiliers d'aliénés que la préfecture de lâ Seine faisait adjuger, on ne comptait pas moins de trois pianos droits et de nombreux. vioI.oiis, cythares, harpes, 'vielles, frûles, hautbois, clarinettes, ophicléides, serpents et trombones.

Les pauvres aliénés sont-ils mélo^manes? `?

Les coutumes des gitanos.

En voici une qui n'est peut-être pas connue du grand public. Et c'est ta raison même pour laquelle, si vous avez le désir d'acheter une roulotte d'occasion, il faut résister à cette envie Lorsqu'un vrai chef gitano meurt, on fait brûler sa roulotte le jour de ses obsèques. S'il existe donc une roulotte ou, comme ils disent, une « caravane » d'occasion, elle a appartenu à un romanichel de la plus basse espèce. IJ est sage, pour diverses raisons, de s'pn. méfier

1NSTANflWN¡Í;i 'I.F;

FRANCIS DE MIOMANDRE

Xçr Vie amoureuse de Vénus

Ah l'adorable fantaisie que celle de Francis ̃ de Miomandre Elle est faite d'abandon, de certaine bonhomie poétique, d'une philo- sophiè nourrie de la plus tendre et" indulgente connaissance du cœur humain. "Et quel délicieux prétexte lui apporte une Vie amoureuse de Vénus

Avec ce livre dont lé succès grandit chaque jour •• Miomandre tend, à nos sœurs, le miroir où, même les plus fortes, reconnaitront leur divine faiblesse. ̃̃•'̃̃• Modernisme et distinction, qualités difficilement conciliables qui font dé la collection d'été de la nouvelle maison Maggy Rouff, 136, avenue des ChampsElysées, la collection que toute femme vraiment élégante doit avoir vue avant de commander ses robes du printemps et du prochain été.

La Succursale de Luxe de la Samaritaine, 27, boulevard des Capucines, vient d'établir pour les fêtés de Pâques une collection ravissante dé tissus, de rdbeS, 'de fourrures et de manteaux, de souliers et de bas de soie, de chapeaux et de gants.

Elle vendra demain mardi, 19 mars, et pendant huit jours des costumes, des robes et manteaux pour le sport et le voyage à 750 francs une redingote tailleur à 800 francs une blouse crêpe de Chine à 200 francs un chapeau manille à 150 francs un bas de soie 44 fin avec grisottes à 40'francs un carré crêpe de Chine à 150 francs un gant suède lavable à 32 francs un pull-over soie et métal à 250 francs un soulier Charles IX fantaisie couleur à 150 fr.; dé superbes renards argentés à 2,500 et 3,900 francs.

Enfin, une très belle collection d'impressions, dessins nouveaux, sur crêpe de Chine, voiles et mousselines, largeur 100, à 49 francs le mètre. Le Masque 4$ Fer.

AU JOUR ILE JOUR

Patachon

dompteur de lions

Laisse Pluton tranquille, Patachou Tu. finiras par te faire mordre., Mais Pluton, le chat noir, semble aujourd'hui tout fleuri de patience, indolence et bienveillance. Patachou le tient sur ses genoux et tente de lui nouer une ficelle à la queue.

Patachou, il ne faut point tourmenter les animaux. Daigneras-tu enfin m'expliquer ton entreprise ? C'est une expérience Mais encore? Tu vois bien. J'attache le bout de la queue du chat puis, je lui ferai un peu tourner la tête je lui ferai passer la queue entre les dents et, en tirant doucement, je lui nouerai l'autre bout de la ficelle à sa patte de derrière, de l'autre côté. -Et alors ? Alors il ne pourra plus mordre. Et pourquoi donc ? Eh tu pourras lui mettre le doigt dans la bouche S'il serre les dents, tu comprends bien qu'il te mordra la queue. En attendant, il va te griffer. Non Non Pluton est mon ami et puis, il dort à moitié. Mais ce n'est qu'une expérience. J'ai une grande idée. Si je réussis, il n'y aura plus aucun danger à traverser les déserts et les forêts sauvages. Une ficelle ne suffira plus, je le sais bien mais avec une grosse corde, on pourra traiter les lions de la même façon. Tu comprends ? On ne trent» blera plus en Afrique. On pourra déjeuner tranquillement sous un palmier. Les lions viendront se mettre en cercle autour de nous, avec des mines désolées. Ils ne pourront plus mordre ils auront tous la queue en. travers de la bouche, comme un mors. Tu comprends? Certes, oui, je comprends et je comprends surtout que tu raisonnes comme un rat. Tu sais bien, les rats avaient tenu un conseil pour se défendre du chat Rodilardus Dès l'abord, leur Doyen, personne fort prudente, Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard, Attacher un grelot au cou de Rodilard. Mais Eustache Deschamps, déjà répondait au Rat Doyen de La Fontaine

Qui pendra la sonnette au chat ?

Qui donc nouera la corde à la queue des lions, Patachou ?. Et si nous rêvions que, par quelque miracle; on y pût parvenir, tu connais mal encore ces bêtes redoutables. Quand la fureur les emporte, elles mordraient, s'il le fallait, en leur propre chair. Elles sont, je pense, toutes pareilles aux hommes qui, en de certaines heures, seraient prêts à se déchirer.eux-mêmes pour se venger de quelque rival. Songe encore à cet animal, "que je comparerais à une cartouche volante. C'est l'abeille. Dans sa colère, elle plante son dard et le laisse au cuir de l'ennemi. Elle en crève. Elle, a perdu sa balle elle n'est plus qu'une douille vide. La nature la jette au revers d'un fossé. Crois-tu pourtant que l'abeille balance à piquer son ennemi ? Et penses-tu que le lion hésiterait à se mordre, pour te mieux ` mordre ? Tu n'aurais fait qu'accroître sa fureur.

Alors, me dit Patachou, avec mélancolie, on ne peut rien changer dans ce monde ? Je le crains. Les chats mangeront toujours les souris et les lions toujours dévoreront des hommes. Ce n'est pas la peine que je me donne tant de mal avec mes inventions. C'était pourtant joli, ma troupe de lions, la queue entre les dents. C'était comme la plupart des rêves qui nous enchantent, où tout, est heureux et paisible, Patachou ce ne sont .que des rêves..

Tristan Dèrème.

Les Coopératives agricoles

Par RAYMOND DE PASSILLÉ

Le statut des coopératives agricoles a fait au Congrès de Pau l'objet d'une étude approfondie. Les rapports de M. Knowbelock, directeur de l'Union coopérative du sud-est, de M. Bessen, qui dirige celle des syndicats du Finistère, de M. Augé-Laribé, secrétaire général de la Confédération nationale des associations agricoles, enfin l'exposé juridique de M. Souriac, avocat au Conseil d'Etat ont éclairé cette question qui figurera prochainement à l'ordre du jour de la Chambre des députés. On sait combien le commerce réagit aujourd'hui contre le. fonctionnement des coopératives agricoles qui opposent à son action une forme économique différente dans l'accomplissement des échanges. Les dernières lois fiscales ont exacerbé cet antagonisme entre les représentants de deux systèmes qui ne peuvent cependant se comparer ni en droit ni en fait. Néanmoins comme ils évoluent dans un parallélisme étroit, en contribuant tous les deux à la circulation des richesses, certains négociants, qui réalisent sur une continue des transformations multiples, ont tenté pour être exonérés de la patente et de l'impôt sur les bénéfices, de se servir à la base de leurs opérations de la formule coopérative., L'administration des finances et le Parlement s'en sont çmus et certaines coopératives agricoles, .vè'rïf 7 tables celles-là, ont élé comprises dans les poursuites fiscales. Donc maintenant l'établissement d'un statut s'impose pour distinguer le vrai du faux *et pour déterminer les principes qui donnant à une sor ciété sa qualité coopérative^

Le Congrès des syndicats agricoles se trouvait particulièrement idoine pour montrer les caractères économiques qui constituent la qualification de coopérative agricole. M. Souriac 's'y est appliqué avec une remarquable connaissance du sujet. Qu'il s'agisse de la transformation ou de la vente des produits du sol, les coopératives relèvent d'une condition primordiale