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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1928-06-17

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 17 juin 1928

Description : 1928/06/17 (Numéro 169).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k295536s

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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CHRONIQUE DU « FIGARO »

LA SÉDUCTION PROVENÇALE

En voici un, cas curieux, celui de Jean-Louis Vaudoyer, et qui lui fournira, j'espère, un charmant sujet de roman.

Vaudoyer, à qui l'Académie, l'autre jour, a eu la très heureuse idée de donner son Grand prix de littérature, est un Parisien de Paris, et, si l'on peut ainsi parler, depuis plusieurs générations. Il n'aime point Paris bruyamment, comme tant de littérateurs qui débarquent de leur province et le découvrent un beau matin. Il aime Paris paisiblement, comme on aime une jeune cousine ou un oncle agréable. Ce devait être, j'imagine, -la manière de Musset et de Nerval, aucunement celle de Balzac, encore moins celle de Stendhal qui pouvait bien, à CivitaVecchia, soupirer après Paris, mais qui ..ne s'y est, au fond, jamais plu. Toute la vie de Vaudoyer et la plus grande partie de son œuvre poétique et romanesque sont marquées de ce signe. Il est né sous cette étoile, je devrais dire dans cette étoile. Tout ce qui se passe à Paris se passe en quelque sorte chez .lui. Dès sa première jeunesse, il a trouvé son plaisir à mille choses qui •peuvent laisser assez indifférents des provinciaux comme moi, mais qui passionneront toujours ceux que leur nourrice a promenés aux Tuileries ou dans le Parc Monceau. Partout où se produit quelque événement parisien, où le goût et l'esprit peuvent s'intéresser, vous êtes sûr d'apercevoir sa haute silhouette, sa charmante et noble ligure de Gaulois né à Lutèce. On l'a quelquefois accusé d'un excès de parisianisme. Autant reprocher à un paysan de se passionner pour son champ et la campagne qu'il habite, ou bien à l'homme d'une petite ville d'avoir de la tendresse pour toutes les histoires de clocher. C'est justement si Vaudoyer ne s'intéréssait pas à Paris, c'est-à-dire à sa ,concierge, à sa femme de, ménjage» à la fleuriste du coin, à son marchand' de journaux, au Louvre, aux bistros, aux cafés, aux arts décoratifs, aux concerts, à l'Opéra, aux salons où l'on cause, à son chemisier, à son tailleur, à la mode de la saison (encore qu'il ne' change guère la sienne, sinon en quelques détails qui ne sont visibles que pour lui); c'est s'il n'apportait pas, dans son goût de Paris, une affection qui embrasse à la fois le beau et le joli, le durable et l'éphémère, les grandes choses qui rayonnent et les petits agréments journaliers, que ce Parisien pécherait contre lui-même et montrerait un goût mal accordé à la nature qu'il tient de la ville où il est né. Tout lui plaît de Paris. Il le découvre tous les jours. Mais dans une ville, comme dans l'art et partout, on ne fait jamais de découvertes que dans ce que l'on connaît très bien. Il faut avoir couru toute sa vie dans la vallée de la Vézère pour découvrir un jour l'homme de CroMagnon. Jean-Louis Vaudoyer excelle à trouver autour de lui, non pas les débris du squelette et les foyers éteints de la tribu, mais, au contraire, toutes ces manifestations d'un jour, d'une heure, d'une minute, dont la suite, incessamment renouvelée, forme ée qu'il y a d'éternel dans la vie de Paris.

Or, voilà que ce Parisien va se faire Provençal. Et c'est là le cas singulier dont je parlais à l'instant: L'année dernière, il nous offrait un livre délicieux, Beautés de la Provence. Un autre va paraître, Nouvelles beautés de la Provence, et je pense qu'il en paraîtra bien un troisième pour nous dire que dans ces beautés il en avait encore oublié Ce qui me frappe dans ces ouvrages, ç'est qu'on sent tout de suite qu'ils n'ont pas été composés par un homme du terroir. Ce n'est pas un reproche que je leur fais, et je n'entends pas dire non plus que s'ils avaient été écrits par un Provençal de race, ils auraient un moindre intérêt. Ils seraient différents, voilà tout. Je constate seulement qu'on y sent à toutes les pages que c'est un homme de Paris, le Parisien Vaudoyer, qui les a pensés, sentis, avec l'esprit particulier que lui a fait Paris. Dieu soit loué, il ne s'est pas improvisé provençal D'ailleurs, le voudrait-il, il ne le pourrait pas. Il est resté fidèle à lui-même. Tel nous le voyons dans sa vie et son oeuvre parisienne, tel nous le trouvons au milieu des beautés de la Provence. Les objets auxquels s'applique son esprit ont pu changer, son esprit, lui, n'a pas changé. C'est toujours le même homme qui parle en connaisseur, avec le même sentiment averti, la même tendresse familière, de poésie et de cuisine, d'histoire et d'art local, du pittoresque des gens et des choses, et de l'âme si sobre, si nuancée de ce pays si peu semblable à Tartarin. Je

sais bien qu'il a été longuement préparé à subir l'attrait de la Provence. A.var<t de vwr Vistre? A Mai liane, Paul Arène à Sisteron, Aubanel en Avignon, le peintre Granet à Aix, Cézanne au Jas de Bouffan, Fragonard sous les oliviers de Grasse et Puget au port de Toulon, nous avons tous vécu plus ou moins avec eux. Et Vaudoyer plus que personne. Il n'a fait que les retrouver làbas, avec cette illusion de la présence que suggère si puissamment la vue des lieux où ils ont habité. Mais l'intéressant n'est pas là. L'intéressant, c'est qu'à propos des ouvrages provençaux de Vaudoyer on soit amené à se dire que la Provence est sans doute la seule province de France qui se prête à être interprétée si fraternellement par quelqu'un d'étranger à son terroir. On ne voit pas du tout, par exemple, un Parisien s'enflammer tout à coup de passion pour l'Auvergne, le Limousin ou bien le Périgord, et donner de ces pays une expression vivante et vraie.

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Il ne manque pas dans ces provinces de ressources pour un littérateur. Mais un homme qui n'est pas de ces terroirs très limités, très spéciaux, s'y sentira, quoi qu'il fasse, un étranger, et tout à fait incapable d'en exprimer le caractère le plus originalement profond. Avec la meilleure volonté du monde, il se sentira toujours très gêné, très à l'étroit, forcé de se contraindre à changer sa.vision habituelle des choses pour en adopter une nouvelle. Rien de pareil en Provence. On trouve ici je ne sais quel caractère d'universalité, si bien que, pour l'aimer, la comprendre, être en parfait accord avec elle, un Parisien, un vrai, n'a pas d'effort à faire, n'a pas besoin de changer d'âme. Il reconnaît en elle un génie qui est celui auquel nous a formés notre éducation classique. Ce n'est pas du tout la campagne (jamais un Parisien n'aimera vraiment la campagne), ce n'est pas non plus la province, c'est Athènes, c'est Rome, c'est Paris, c'est le génie grec et latin. C'est une civilisation, la plus vieille que nous ayons chez nous, la plus fidèle à ses origines. Ce qui pousse là-bas tout naturellement, dans cette .nature un peu sèche, c'est toute cette végétation de 'sentiments et d'idées que nous appelons humanités. Dans Aix, Arles ou Avignon, et plus spontanément encore dans la forme des paysages, dans une certaine conception sensuelle et plastique de la vie, favorisée par le climat et la tradition la plus ancienne et la plus ininterrompue, on retrouvera en Provence, à l'état paradisiaque, une nature qui semble modelée sur la pensée des humanistes, un génie délicat et comme ignoré de luimême, tant il y a de simplicité en lui, et qui se répand également sur les êtres et sur les choses. Voilà, je pense, la raison de l'attrait qu'exerce la Provence sur tout esprit cultivé, et pourquoi un Vaudoyer, sans cesser d'être lui-même, peut s'y attacher à ce point que demain il va quitter Paris, dire adieu au Palais-Royal, pour aller habiter là-bas, dans une maison toute proche de ce Jas de Bouffan où a vécu Cézanne, dans la campagne d'Aix.

Je sens bien toutefois qu'il faut en ce sujet, comme dans la maison provençale, tirer un peu les volets sur la lumière trop crue. Il y a un grand mystère dans cette conquête d'un esprit par un pays. C'est à Vaudoyer lui-même de nous livrer ce secret. En ce moment où les écrivains s'embrigadent dans des collections, où les livres ne marchent plus qu'en troupeau sous la houlette d'un berger, où l'on voit s'établir, dans la littérature, le goût d'aller par bandes (qui n'est d'ailleurs peut-être que la manifestation d'une certaine paresse de l'esprit, une imitation aussi des équipes sportives et le sentiment qu'à plusieurs on vient plus aisément à bout de cette bête rétive qui s'appelle le pu- blic), en ce moment paraît une collection qui s'intitule « Pourquoi je suis ceci ou cela ». « Pourquoi je suis juif ou franc-maçon, radical ou communiste ». Jean-Louis Vaudoyer pourrait écrire « Pourquoi je suis devenu Pro- vençal ». Et ce serait le véritable épilogue à ses Beautés de la Provence, et une de ses beautés de plus comment elle conquiert les esprits.

Jérôme et Jean Tharaud.

Un grand match d'escrime franco -italien

Un grand match au fleuret, en quatorze touches, vient d'être conclu pour le 8 juillet prochain, à Deauville, entre le célèbre escrimeur italien Aldo Nadi et le maître Félix Ayat.

Aldo Nadi, après une série ininterrompue de victoires en France, n'a pas réapparu en match dans notre pays depuis deux ans. Dans quel état reverrons-nous le prodige italien ? Le maître Ayat a accepté la lourde tâche de rencontrer au fleuret celui devant lequel il succomba, il y a deux ans, à l'épée.

On ne sait encore qui présidera le jury de ce match, qui se déroulera- à l'issue du* grand tournoi de sabre et d'épée de Deauville. K. D. .>

L invasion Il',

y

du marxisme

En votant avec les socialistes en faveur de la libération des communistes et contre le gouver-

nement, M. Malvy a montré une fois de plus l'alliance qui unit ses partisans aux révolutionnaires. Est-ce à ce titre qu'il est candidat à la présidence de la commission des finances ? Est-ce à ce titre qu'il trouvera des appuis inattendus dans le centre de la Chambre et jusque dans le ministère ?

Le discours prononcé par M. Vincent Auriol à achevé d'éclairer tous ceux qui veulent comprendre ce que cherche aujourd'hui le socialisme. Une application réelle du marxisme suppose une révolution, comme celle qu'a subie la malheureuse Russie. Il faut des circonstances exceptionnelles de temps et de lieu pour réussir une brusque prise de pouvoir et exercer une dictature. Le socialisme ne se flatte pas de les créer. Il s'est longtemps contenté d'être un parti d'opposition et de combattre bruyamment l'ordre établi. Dans l'Europe de 1914, il se heurtait à des gouvernements assez forts et à des opinions publiques assez sages pour s'installer dans cette fonction commode d'un parti à puissance limitée, qui prétend détenir le secret de l'avenir et qui ne court pas le risque de montrer ce qu'il sait faire. La guerre a passé, et la situation a changé. L'affaiblissement général des partis radicaux a donné, dans beaucoup de nations, des troupes nouvelles au socialisme. Il ne, peut plus représenter la phalange de doctrinaires inactifs qui promettait tout et ne pouvait rien. Il est obligé de se livrer, à des expériences, même brèves, comme ont fait les partis de M. Mac Donald et de M. Vandervelde. L'intransigeance des Congrès a préservé les socialistes français de tenter ces aventures désastreuses. Mais ils sont cependant contraints de faire quelque chose. Ils s'en prennent au travail et à la fortune. Le marxisme intervient, non pas sous la forme d'une solution totale, mais sous la forme de solutions particulières et désorganisatrices. Il n'est pas la révolution. Il est un élément de dissolution. L1 est destiné,, en. faisant la guèrrV aux capitaux, à paralyser l'activité, nationale, et à arrêter les efforts de tout relèvement national.

M. Vincent Auriol, en transformant le problème budgétaire en problème de la répartition des richesses, est dans la pure doctrine. Par là il se prononce contre le crédit, contre le maintien de l'ordre et de la confiance, contre la production, contre l'enrichissement du pays. Les projets socialistes* · contiennent tout ce qu'il faut pour jeter la France dans un affaiblissement qui serait générateur de tous les troubles. Que M. Malvy s'associe à M.' Vincént Auriol, c'est naturel. Mais si la Chambre nouvelle ne voit pas l'importance de la décision qu'elle prendra en plaçant M. Malvy à la tête de la commission des finances, c'est qu'elle est aveugle. Ne se trouvera-t-il personne pour la renseigner ? Est-ce que le gouvernement, est-ce que la changeante gauche radicale n'ont pas assez de l'erreur qu'ils ont commise en donnant au Cartel tout le bureau de la Chambre ? ANDRÉ CHAUMEIX.

Qui gagnera

le Grand Steeple-Ghase ?

Le Grand Steeple-Ghase de Paris, gala hippique essentiellement parisien, présente cette année une particularité de marque un des plus fastueux parmi les propriétaires de l'univers, M. Alfred Lcewenstein, a résolu de le gagner.

Pour ce faire, il s'était déjà assuré, au poids de l'or, la propriété de quelques steeple-chasers anglais réputés, dont Easter Hero, qui, au préalable, devait enlever le Grand National de Liverpool. Malheureusement, quand il s'agit du Grand National, les hommes proposent et les obstacles disposent. Eût-on un Eastern Hero, il arrive que l'on tombe. Dès lors, le crack anglais, même pour Auteuil, ne pouvait plus inspirer seul une suffisante confiance, et M. Alfred Lcewenstein a justement estimé qu'un renfort français était nécessaire à la victoire. Il n'a donc pas hésité à nous acheter, à notre tour, ce que nous avions, en l'occurrence, de mieux à lui offrir, et telle est sa force persuasive qu'il a su toucher le cœur pourtant paternel du comte Pierre de Jumilhac, qui a consenti à lui céder sa fille chérie, Maguelonne. Ainsi armé, M. Alfred Lcewenstein doit vaincre. Maguelonne est une des plus remarquables juments d'obstacles que nous ayons eues depuis longtemps. Elle a tout pour elle la qualité, l'adresse, la condition, le poids et le fait acquis. Pour émettre une réserve sur son compte, il faut vraiment être un ennemi né du meilleur, ou tenir pour impossible qu'un favori gagne une grande épreuve. Nous osons dire qu'il serait grand dommage que l'événement nous donnât tort. Car ceux que réjouiraient la défaite de Maguelonne ne sont pas les amis du bon sport. J. T.-

EN SIXIEME PAGE V

IMPRESSIONS DE JAVA. par CLAUDE EYLAÏ£

L'ARMÉE D'APRÈS-GUERRE

Le rôle de l'infanterie

L'infanterie française est dotée d'un nouveau règlement qui remplace celui de 1920. 1920-1928 Napoléon l'a dit la tactique change tous les dix ans. Avec un peu de hâte, comme il convient à notre époque, nous sommes dans la règle du jeu. Cette transformation a sa raison d'être dans le fusil-mitrailleur modèle 1924, la meilleure des armes automatiques portatives actuelles. 11 reste maintenant à dresser des soldats qui en fassent un emploi digne de sa perfection mécanique.

Ainsi se pose la question du rôle de l'infanterie au combat.

« L'infanterie agit par son feu et par son mouvement », proclament à l'envi tous 1:0s règlements de manœuvre. Est-ce vrai ? Est-ce vrai encore ? L'infanterie diffèrel-elle de l'artillerie dont toute l'efficacité consiste à détruire, à tuer des soldats adverses ?

Cela n'a, croyons-nous, jamais été vrai, bien que pourtant cette formule du double mode d'action de l'infanterie persiste à travers l'évolution plus de cinq fois séculaire des transformations de cette arme. Voici comment. Après avoir tué de loin par ses armes de jet, l'infanterie tuait de près par t'arme blanche. L'intervalle entre les deux phases, occupé par le mouvement de rapprochement, a toujours été un temps nul au point de vue de la destruction. Aussi s'est-on efforcé de le réduire en prolongeant le plus possible la phase du tir, si bien qu'à présent la deuxième phase, celle de l'arme blanche, se trouve à peu près supprimée.

Faut-il alors éliminer de nos règlements l'aphorisme, cité plus haut, dont s'enorgueillissent les vieux fantassins ? Au risque de les contrister, je crois cette suppression opportune. Je crois que, par analogie avec l'artillerie qui n'agit que par son feu, on devrait se borner à dire que l'infanterie agit elle aussi, simplement par son feu. Quitte d'ailleurs à ajouter sitôt après que ce feu facilite le mouvement en avant de l'ensemble des troupes et non pas seulement de l'infanterie.

En effet, c'est en donnant à l'infanterie seule la mission de se porter en avant, sous prétexte d'entretenir son esprit d'offensive, qu'on fausse, dans les périodes de paix, les méthodes d'instruction de cette arme. Entre le feu imparfaitement figuré sur le teriain d'exercice et le mouvement qu'on y réalise intégralement, l'homme et les cadres ont vite fait de choisir ils négligent le feuT'iïe s'intéressent qu'au mouvement. Et voilà expliqué comment, à chaque début de campagne, l'infanterie s'imagine pouvoir résoudre le problème du combat par ses, propres moyens. Elle néglige les autres armes et court se faire massacrer. Le fantassin, l'artilleur, le sapeur, le combattant en général à quelque arme qu'il appartienne, tous ont un rôle uniforme supprimer dé loin l'adversaire. Ce faisant, l'ensemble organique que constitue une grande unité progresse, avance, conquiert du terrain et en assure l'occupation définitive précisément quand, dans ce mouvement de translation, on a su éviter le relâchement des liens tactiques établis au préalable entre les nombreux éléments de cette grande unité.

Fantassins, mes amis, renonçons à la baïonnette, comme le cavalier renonce à la lance, et vouons-nous à l'usage de l'arme automatique.

Colonel J. Revol.

AU JOUR LE JOUR

LE CHER LYCÉE

»§«

Il existe, aux portes de la capitale, à cheval sur les territoires de Sceaux et de Bourg-laReine, un magnifique et glorieux lycée, le lycée Lakanal. Il fut inauguré en 1885. Avec le lycée Michelet, il est le plus beau de Paris, et sans doute, après le collège de Normandie et l'école des Roches, le plus beau de France. Dressé au milieu d'un parc d'arbres centenaires, taillé dans l'ancien domaine du duc de Trévise, il fut un des rares efforts donnés par le ministère de l'instruction publique pour doter la jeunesse studieuse française d'établissements sains, clairs, aérés, où elle supporterait, sans en souffrir physiquement, le rude labeur qu'imposent les écrasants programmes universitaires.

Beau lycée, Lakanal fut d'emblée un grand lycée, car pour le lancer on y réunit au début l'élite des « boursiers de France qui servirent utilement, par des succès au concours général, la valeur de son enseignement administré par des maîtres éminents, sous la direction d'un chef remarquable, M. le proviseur Frinquet. Dans le prodigeux mouvement qui devait, en 1888-80, entraîner la jeunesse scolaire à pratiquer les exercices physiques de plein air dont le goût avait été donné par les enthousiastes campagnes de Pierre de Coubertin, le lycée Lakanal joua un rôle capital. Lakanal fut, en effet, le premier lycée de l'Etat dans lequel a été fondée, en 1888, la première association sportive scolaire, le Sport athlétique du lycée Lakanal, où je fis mes débuts sportifs et présidentiels.

Quelles joies, quels instants enivrants, mes camarades et moi, nous avons alors vécus Encouragés par le proviseur Frinquet, qui avait compris la merveilleuse vertu des sports et l'influence qu'ils auraient sur la rénovation d'une jeunesse dont on avait bridé tous les élans, nous avons connu de passionnantes années d'action, d'efforts, de lutte en rivalité ardente et généreuse avec nos camarades de Monge, de l'Ecole alsacienne, de Louis-le-Grand, Henri-IV, Condorcet, Janson-de-Sailly, Buffon, Michelet, Charlemagne, qui avaient suivi le mouvement.

Et hier, à l'issue d'un déjeuner qui, sur l'initiative heureuse et charmante de Paul Mariage, directeur à la S.T.C.R.P. et président de l'Association, dès anciens de. Lakanal, nous. avait réutiis dans, le réfectoire de notre jeunesse,, autour du proviseur actuel, M. Bruet, et de quelques

vénérés maîtres, dont notre cher et vieux répétiteur, M. Bauillac, nous avons retrouvé, en parcourant les cours, le parc et la piste pédestre, le terrain de jeux, le hall de gymnastique, les adorables souvenirs de notre vie de potaches et de nos débuts sportifs.

Cent cinquante au moins avaient répondu à l'appel du président, qui reprirent, en élèves bien sages, la place qu'ils occupaient dans le réfectoire il y a 40, 35, 30 ans et moins encore. Parmi eux il y avait H. Roy, sénateur Motta, député Angoulvant, gouverneur colonial honoraire Antebi, ancien président de l'Association générale des étudiants F. Wiet, consul général Lafenestre, sous-directeur du cabinet du préfet de police Lucas, censeur à Lavoisier Yvanhoé Rambosson, homme de lettres H: Goirand, avoué Luquet de SaintGermain, R. François, Denoix, ancien directeur du budget Aragon, R. Depreux, avocat Sauvageon, Grossin, Fals, Charaire, Lucien Faure-Dujarric, le docteur Dauzat, etc. Il y eut quelques discours, comme à une distribution de prix. Ils furent académiques, chaleureux aussi, émus surtout. Et la charmante fête se termina par une respectueuse et émouvante visite au monument élevé dans le parloir aux élèves de Lakanal morts pour la patrie. Qu'elle est longue, la triste et glorieuse liste 1

Frantz-Reichel.

JÉCHOS La Température

Probabilités pour aujourd'hui

Vent modéré.

Ciel clair et peu nuageux.

Température stationnaire.

Les autographes de Victor Hugo. Selon le vœu du grand poète, ils seront tous un jour réunis à la Bibliothèque nationale. Voici que viennent d'y entrer les lettres pour la plupart sans doute publiées déjà et connues que Victor Hugo écrivit à Paul Meurice. En souvenir de leur père, qui fut l'ami intime du poète, son représentant à Paris pendant l'exil, et l'un de ses exécuteurs testamentaires, Mmes Albert Clemenceau, Montargis et Ozenne viennent de faire don à la Bibliothèque de ces précieux documents.

Les petits ennuis du Parisien.

Sur les lignes des tramways 26 et 28, nous fait observer un lecteur, deux voitiU'es sont accouplées et, depuis toujours, celle de tête est de première classe et l'autre de seconde. Mais voilà qu'on se met à intervertir l'ordre consacré et, souvent, c'est la voiture de deuxième classe qui occupe la tête.

Jl en résulte qu'aux arrêts les voyageurs de première classe se dirigent régulièrement vers la voiture de seconde, et vice versa, et s'ils ne veulent pas rater le départ ils sont forcés de monter précisément dans la voiture qu'ils voulaient éviter.

Avec notre lecteur, nous demandons s'il n'est pas possible de revenir à l'ancien système, qui donnait satisfaction à tout le monde

Blanc sur noir.

Chacun se souvient d'avoir vu, jadis aux devantures des magasins de mode ou des salons de coiffure, des mannequins dont on ne savait qu'admirer le plus, de la robe, de la coiffure, du teint ou du sourire. C'était le symbole d'un temps classique.

Nous avons vu, après guerre, des mannequins dorés de pied en cap. C'était le symbole des richesses nouvellement acquises.

Aujourd'hui, on nous présente des négresses d'un noir plus foncé que celui de Joséphine Baker; elles ne sont point vêtues de pagnes, mais des tissus les plus modernes et les plus élégamment coupés on en voit même qui, autour de leur cou d'ébène, portent en sautoir des fourrures blanches. C'est le symbole d'une époque de métèques et de déchéance de l'art.

Vacances à crédit.

C'est une ville d'eaux allemande qui, pour attirer de nombreux clients, a lancé cette idée les visiteurs verseront un petit cautionnement à leur arrivée, mais ne paieront la note complète que par des versements échelonnés sur les dix mois qui suivront le retour au foyer. C'est la municipalité de la ville qui a pris une pareille initiative l'hôtelier ou le loueur de garnis reçoit immédiatement son salaire, et c'est la ville qui se charge de récupérer ensuite les sommes dues par les visiteurs. On comprend le tourisme en Allemagne.

-s e

« As-tu bien déjeuné Jacko ? » Telle est, comme chacun sait, la question traditionnelle qu'il convient de poser au moindre perroquet. Et !e grimpeur, de son perchoir, invariablement répondra « Coco a bien déjeuné »

M. King, demeurant à Brownsville, dans le Texas, a, lui aussi un perroquet. Mais il est fatigué de l'entendre chanter les louanges de son repas, à des heures où celui-ci est sans doute digéré. Aussi, après avoir recueilli quelques subventions, vient-il de fonder une école pour fournir à ces volatiles un répertoire plus varié. Et il a réussi. Devant les perroquets assemblés, M. King fait fonctionner un gramophone dont les disques répètent des phrases marquées 'au coin du bon sens américain. Et il-ne libère ses pensionnaires qu'après examen.

Le Masque àe Fer.

LA POLITIQUE

Une machine

détraquée

Tous les six mois paraît un gros volume qu'on ne lit guère C'est le recueil des principales lois d'intérêt général délibérées par les députés au cours de la législature. Le dernier tome (janvier à mai 1928) se compose de 597 pages et pèse 800 gr. A défaut de qualité, quelle quantité 1 Il n'existe pas de recueil des projets qui n'ont pas abouti, ou qui, partis d'une Chambre vers l'autre ne sont jamais revenus. Il serait lourd aussi. De ces projets, quelques-uns, au début des législatures, reparaissent, tels jadis les marins échappés des galères barbaresques. On les revoit soudain dans la « distribution » de la Chambre, sans qu'on sache pourquoi ni comment ils ressuscitent. Nous en avons eu toute une série ces jours-ci.

Rip n'avait dormi que vingt ans. Voici deux propositions votées au Luxembourg et qui se réveillent après quarante-cinq années. L'une fut adoptée le 26 février 1883, et l'autre le 16 juin, il y a juste 45 ans. La première est relative à la formule du serment en justice, l'autre aux demandes de bourse à Polytechnique L'une est signée du président Le Royer et l'autre de G. Humbert Lointains souvenirs évoqués. Voici, adopté le 23 novembre 1886, un code de la chasse voici, pour MM. Uhry et Renaudel, une aggravation de la peine du bagne substituée à la peine de mort « six ans de cellule avant la transportation » Ces humanitaires sont féroces Voici un projet de rattachement au budget de l'Etat des dépenses de la police parisienne (novembre 1888). Voici, sous la signature de Challemel-Lacour, une interdiction de détruire les petits oiseaux. devenus grands sans doute depuis le 7 juillet 1893, date de l'adoption de ce projet protecteur. Les noms de MM. Loubet et Fallières ensuite se succèdent au bas d'une réforme judiciaire, au bout d'un texte qui indignera la gauche, s'il ne se rendort, à jamais, dans les bureaux du Palais-Bourbon: il réprime la grève des employés et ouvriers d'Etat. 1914. C'est la guerre 1916, préparation militaire obligatoire des jeunes Français, privilèges successoraux accordés aux,enfants des combattants tués à l'ennemi repopulation. Les bonnes intentions se succèdent et restent immobilisées.,La paix est faite M. Léon Bourgeois signe des propositions relatives au divorce, à la falsification dit rhum, à la protection des enfants du premier âge.

Pourquoi ces projets sont-ils restés de cinq à quarante-cinq ans, après le vote, dans les oubliettes du Luxembourg? Pourquoi, M. Doumer, aujourd'hui, transmet-il ce lot au président de la Chambre, brusquement, et comme pour passer la revue des présidents du Sénat défunts ou retraités '?. Pourquoi ces lois et non d'autres ? '? Quels que soient le motif et le but, le premier résultat est de donner l'impression que la machine à fabriquer les lois est détraquée et qu'elle a besoin d'un sérieux rajustage.

Henri Vonoven.

Les Droits de .f historien

La Vie amoureuse de George Sand

Par GEORGES CLARETIE

La vie amoureuse de George Sand, ce pourrait être là (si Mme Aurore Sand le permettait) le titre d'un volume de la collection Leurs amours. En tout cas, c'est celui qu'il faut donner, à la très intéressante audience d'hier à la première Chambre, où M" Henri Coulon et Maurice Garçon, devant une assemblée nombreuse, citèrent des vers des inuits et nous parlèrent de Musset, de Pagello, et d'autres aussi. Ce sont ces « autres qui font l'objet du curieux procès intenté par Mme AuroreLauth Sand, la petite-fille de l'auteur d'Indiana, qui a récemment donné au musée Carnavalet de si intéressants souvenirs de sa grand'mère elle-même artiste et écrivain de talent à notre excellent confrère, l'érudit M. Jacques Boulenger. Mme Marie-Louise Pailleron, qui a fait de remarquables études sur tout ce qui touche à la Revue des Deux Mondes, qu'elle connait si bien, avait communiqué à M. Jacques Boulenger de fort intéressants dossiers provenant de Buloz. Et, le 15 janvier de l'an dernier, lors du cinquantenaire de Buloz, M. Boulenger écrivit un article dans l'Opinion, intitulé « Les premiers amants de George Sand », utilisant les documents que lui avait communiqués Mme MarieLouise Pailleron.

« Qui pourra jamais, disait-il, établir la liste de ses amants, depuis l'honnête Jules Sandeau, jusqu'aux derniers divertissements de son âge mûr. Il est difficile de comprendre tout à fait George Sand, si on néglige de considérer ses mœurs singulières ». Et M. Boulenger énumère Sandeau, Mérimée, Gustave Planche, ajoutant « peutêtre pour le critique Musset, Pagello,, Michel de Bourges, Pelletan, Chopin, « le petit Chopin », comme elle disait dans une lettre. « Et je ne parle que de ceux, que. nous connaissons, naturellement, écrivait, en terminant son article, M. Jacques Boulenger.

Mme Aurore Sand a trouvé cet article outrageant pour celle qu'elle a connue, aimée, la grand'mère vénérée et tendre, « la bonne dame de Nohant » qui faisait la charité aux pauvres du Berri et donnait à sa petite-fille ses premières leçons de dessin tous ces souvenirs émouvahts qu'elle a réunis elle-même dans une délicieuse brochure. Certes, on comprend la tristesse da Mme Aurore Sand. Et elle fit un procès à M. Boulenger lui demandant dix mille