Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1917-03-04

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 04 mars 1917

Description : 1917/03/04 (Numéro 63).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2913362

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 69%.


Gaston CALMETTE Directeur, (1902 19 14)

ÏIÉDACTIÔN ADMINISTRATION 26, Bue Drouot, Paris (9° Arr1)

bu *̃ ne ( M. ALFRED CAPUS Rédaction en Chef j M. ROBERT DEFLERS

POUR LA PUBLICITÉ

ies ANNONCES ET LES RÉCLAMES

S'adresser 26, rue Drouot, à l'Hôtel du FIGARO

Les Annonces et Réclames sont également reçues à la Société Cle des Annonces, 8, place de la Bourse

Gens de théâtre

Parmi les professions que la. guerre -éprouve le plus, c'est surtout à présent qu'il convient de ranger celle d'artiste dramatique. Depuis que les théâtres ont vu réduire par ordre te nombre de leurs représentations, lesgens qui en vivaient avec peine déjà cil vivent encore plus mal et même n'en vivent plus du tout. ̃ Us ont tenu jusqu'ici et ils tiendront jusqu'au bout, n'en doutez pas. car le 'propre de Delobelle est de faire bonne contenance dans toutes les circonstances et à tous les âges de sa vie. Avouer sa détresse, lui? Jamais Il meurt et ne se rend pas. Et c'est pourquoi si je ne lé' plains pas plus que les autres-je le plams à part, à part entière dans le malheur.

On pouvait sourire de Delobelle et de son pli professionnel, en temps de paix., L'ironie, aujourd'hui, serait, vis-à-vis de lui -cruelle. Il donne, somme toute, un exemple. Il ne se laisse pas abattre. Il relève la tète. Je l'ai vu, l'autre mois, rasé de frais, le menton bleu de froid, venir au chantier chercher son sac de charbon dans une voiture à bras. Il ne traina.it. pas lui-même la voiture; il se contentait de la suivre. Mais quel air il avait! L'air do Frédérick-Lernaître dans les Crochets du Père Martin Je suis à peu près sûr que son déjeuner, ce matin-là s'était composé d'un petit pain émietté au fond de la poche pour mieux être dévoré à la dérobée. On semble ainsi sucer plutôt une pastille. Bref, on sauve les apparences; et pour Delobelle, sauver les apparences de la misère est la loi suprême!

.C'est à quoi, d'ailleurs, on ne réfléchit pas, en le voyant, à l'heure de l'apéritif. au café des Comédiens, il continue de se rendre. Il n'a pas déjeuner pour payer sa consommation. et c'est à lui que s'applique ce paragraphe délicieux de la Philosophie de Georges Courteline: « Quand on retranche de la vie tout ce qui est l'indispensable, on fait face plus aisément aux exigences du superflu, » Le souci qu'a Delobelle de rester toujours jeune lui joue, au demeurant, un vilain tour. Comme il ne paraît pas son âge, bien loin de là, il s'-est entendu dire plus d'une fois, depuis la guerre, que sa place est au front. Au front? qu'on l'y envoie. Il partira sur l'heure. Puisqu'il y a un Théâtre aux armées, rien ne s'oppose, en effet, à. ce qu'il y remplisse un rôle, de son emploi.

Que" répondre à-'c.ela'? Chacun sert; suivant ses moyens. Quel âge, au l'ait, avait Tyrtée? On dit bien qu'il était borgne et boiteux; mais j'ai toujours pensé que son infirmité n'était qu'une ligure..

Chose assez curieuse, la littérature, qui nous a présenté le même type sous les noms de Delobelle et' de Brichanteau, n'a pas, que je sache, gravé pareillement les traits de la femme de théâtre en proie aux difficultés de l'existence, dans la maturité de son âge et quelquefois aussi de son talent auquel il n'est point donné l'occasion de briller. De quoi vivait-elle avant la guerre? Question bien indiscrète. Je ne suis curieux d'aucune vie privée. Mettons que cette artiste vivait de leçons ou du cinéma, en attendant un rôle par-ci par-là, n'importe où. Caria plupart des théâtres n'ayant plus de troupes, elle jouait non pas même aux pièces, mais à la pièce, et si la pièce ne réussissait pas, elle rentrait dans l'ombre pour des mois, des années.

On a beaucoup de peine à former des comédiens dans ces conditions-là; aussi n'en forme-t-on plus guère q'u'au Conservatoire. et ceux-là, lorsqu'ils n'abandonnent pas la carrière, y vieillissent souvent eux-mêmes, comme sœur Anne sur sa tour.

Le rôle attendu, l'engagement espéré, ne viennent pas. Ce qui vient, c'est une famille, un enfant à élever. ou plusieurs, des vicissitudes domestiques plus fréquentes, si l'on veut, chez les artistes, que parmi'le commun des mortels. C'est le monde des cigalqs. et le fabuliste, mal inspiré ce jour-là, quoi qu'on dise, y, décidé que les cigales perdaient leur temps a chanter, tout l'été. Leur métier étant de chanter, le temps qu'elles perdent est'plutôt, cependant, celui où elles ne chantent pas. Mais à qui la faute? '? EHes ne demandent qu'à chanter, on peut dire, sans relâche, d'un bout de l'année à l'autre. C'est même pour cela que les tournées ont du bon, et le cinéma, et toutee qui conjure le chômage. Quant à la fourmi, les entomologistes nous assurent qu'elle amasse non par prévoyance, mais par voracité. Elle s'approvisionne des denrées alimentaires qu'elle aime et dont elle a peur d'être privée. Elle consomme beaucoup. Que la cigale ne. soit pas plus sobre, ma foi; c'est bien possible; aussi ne m'intéresse-t-elle que dans la mesure où sa frugalité n'est pas satisfaite.

Et c'est le cas, depuis le début 'des hostilités. La cigale n'a pas mangé tous les jours à sa faim. Pas.d'engagement ou des engagements à prix réduit, et dans quelle proportion Mieux, vaut, ne pas le dire. L'activité du cinéma ralentie. Pas de leçons. Encore quelques tournées à l'étranger, l'année dernière, mais à des conditions qui éloignaient tout de suite la coupe des lèvres. Combien de robes emportez-vous ? demande l'imprésario à l'actrice qui se croit déjà partie. Douze. Il vous en faut au moins douze.

Hélas! c'est à peine si la pauvre enfant peut en avouer deux celle qu'elle porj;e, et puis celle des galas, des représentations de bienfaisance. On a donné beaucoup, pendant la guerre, et elle, a souvent-prêté son concours, même l'hiver, la cigale d'été. Elle l'a prêté, heureuse de soulager une infortune. heureuse aussi qu'on ait pensé à elle en

composant le; programme, Tout de même, les dix ou vingt francs qu'on, lui Í glisse, sous enveloppe dans la^nmin, paient tout juste se^ gants et ses ffiiis

de voiture. ,'̃•:••'• M,

:Et il faut vivre. Et elle a des charges, parents, enfant. Et elle ne touche ni allocation militaire, ni secours dp chômage. 'Et pourquoi, je vous prié* h'au-' rait-elle droit à aucune indemnité ? On le lui a dit

Le loyer et les contributions que vous payez s'inscrivent en faux contre votre indigence.

Plaise à Dieu que je puisse les payer C'est égal. Débrouillez-vous Facile à dire! Ah! que c'est facile à dire à une artiste dramatique surtout, suppose qu'elle soit jeune et jolie Seulement, voilà. Cette artiste, beaucoup plus fréquemment qu'on ne croit, est une femme qui a un mari, comédien comme elle, qui élève ses enfants, vit bourgeoisement et ignore toutdc la vie. en dehors de la vie de théâtre.

C'est ainsi. On ne se fait pas une idée de son embarras devant les réalités. Cour et jardin ont un sens si différent à la ville et au théâtre Elle n'est, en général, la malheureuse, bonne à rien, qu'à jouer la comédie. Elle se révèleal'nne inaptitude prodigieuse à gagner.jsa vie autrement. Il n'y a, de sa parU'.n.ùUfi mauvaise volonté. Elle accepterait n'importe quel emploi. mais quant à en trouver un qu'elle puisse remplir. il n'y en a pas. Il faut convenir, à la fin, qu'il n'y en a pas.

Et son compagnon dénote la même incapacité. Ces deux êtres, accouplés par la profession, ses grandeurs et ses servitudes, sont perdus comine enfants en forêt, dès que laforètn'estplus peinte et qu'ils n'ont pl'us les feux de la rampe et du cintre pour s'y reconnaître Et, depuis la guerre,le comédien, chaque matin, « fait son marché »,un filet à la main, tandis que sa femme vaqùeaux soins du ménage. Encore ceux-là ontils un ménage.D'autres se rendehtaux soupes populaires, vivent de peu et même de rien. Car les cigales ont ceci de particulier qu'elles supportent la mauvaise fortune aussi bien que la bonne. Il ne faudrait pourtant pas en abuser. On serait bien avancé si l'on mettait tous les gens de théâtre sur le pâvé;! Les choses n'en iraient ni mieux ni plus mal, sans doute. mais quelle, ingratitude envers ce petit monde dont nous sommes tes obligés, puisqu'il contribue à jnouspermettrer;comme dit Courteline, a de faireïacB aux impérieuses exigences

du Superflu !V j ••

Superllü Lucien Descaves.

LA BATAILLE DE L'ANCRE FELICITATIONS ROYALES `' Londres, 2 mars.

Le roi George a télégraphié à sir Douglas Haig

Je désire vous exprimer mon admiration pour l'œuvre splendide que toutes les troupes que vous commandez ont accomplie en forçant l'ennemi, par une pression soutenue et persistante, à abandonner des positions soigneusement ^préparées et puissamment fortifiées.

Ces succès constituent une digne suite des beaux exploits de mon armée au cours de la bataille de la Somme, l'an passé, et font grand honneur aux auteurs des plans de cette campagne.

Sir Douglas Haig a répondu par le télégramme suivant

Au nom de toute l'armée, j'ai l'honneur d'exprimer mes très respectueux remerciemonts ii Votre Très Gracieuse; Majesté pour ]e message par lequel Elle approuve ce que viennent d'accomplir les troupes que je commande, et qui constitue la suije de la bataille de la Somme. C'est une profonde satisfaction pour ceux qui ont conçu les plans de cette campagne de' savoir que, leur œuvre reçoit l'approbation si généreuse de Votre Gracieuse Majesté.

SUR ~2ER

D'autres Américains ont péri

Londres, 3 mars.

Un des canots du voilier ColgroapCastle, qui fut coulé par un sons-marin, vient d'amener dans un port anglais douze hommes de l'équipage. Parmi eux se trouvent deux Américains, M. Harry Merritl.de Beaver-Falls (Pensylvanie), et M. Harry Richardson, de Boston. L'autre canot de sauvetage, dont on est resté sans nouvelles et que l'on croit perdu, portait aussi douze hommes de l'équipage, parmi lesquels deux Américains, M. Seamon Jackson et David Walker, de Baltimore.

La réquisition des navires marchands Le gouvernement met la dernière main aux mesures visant l'emploi systématique de tous les navires marchands.

Il commencera à appliquer le projet auxnayires faisant. Je. trafic avec l'Australie. Tous les navires seront, réfluîsi lionnes par l'Etat. Les armateurs continueront à diriger leurs affaires, réunis en un comité de direction, où le gouvernement sera représenté. Tous les bénélices excédant certaines limites iront à l'Etat. Le gouvernement a l'intention dé gérnéraliser l'application du projet, qui a l'approbation des armateurs et que le public appréciera puisque tout le tonnage disponible sera employé dans l'intérêt de la nation. ?

A Paris

Bordeaux, 3. mars.

Les capitaines des navires américains Orléans et Rochester, profitant de leur séjour à Bordeaux, ont l'intention de partir demain soir pour Paris et d'y passet- Ta, journée de lundi.

« Loue par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants,- je ane-ipresse

de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais*.)

Jjâ Guérr®

î 944e 'jour de guerre

> Communiqués officiels

Front britannique

3 MARS 9 HEURES SOIR

Une nouvelle progression a été effectuée aujourd'hui au nord de Puisieux-au-Mont et à l'est de Gommécourt. En dépit de la résistance opiniâtre de l'ennemi, notre ligne a été avancée de quatre cents mètres en moyenne sur un front d'environ huit kilomètres. Une contre-attaque sur nos positions avancées au nord-est de Gueudecourt a été enrayée la. nuit, dernière par nos tirs de barrage et nos feux d'infanterie. Une tranchée évacuée ce matin par nos troupes à la suite d'une attaque à la grenade, à l'est de Sailly-Saillisel, a été aussitôt intégralement reconquise. Deux de nos postes ont été attaqués ta nuit dernière au nord-ouest de Roye. Quelques-unis de nos hommes ont dis* paru.

Une forte patrouille qui tentait, ce matin, d'aborder nos lignes à l'est de Givenchy-les-La Bassée a été arrêtée par nos feux d'infanterie.

Des reconnaissances de tranchées ont été exécutées avec succès par nos aviateurs au cours de la journée. Un de nos appareils n'est pas rentré.

Front français r

3 MARS 2 HEURES APRÈS MIDI Au cours de la nuit, nos reconnaissances ont réussi plusieurs coups de main sur les tranchées allemandes près de Moulin-sous-Touvent, à l'est de. la cote 304, en -forêt d'Apremont, et ont ramené des prisonniers et du matériel.

3 MARS 11 HEURES SOIR

Lutte d'artillerie assez active entre l'Oise et l'Aisne, dans la région sud de Nouvr'on, et èîï 'Alsace datifs. Te "sëcteuï dèBurnhaapt. ,•>•̃ •- •> Journée calme sur le reste du front. Faible canonnade sur le front belge.

Armée d'Orient

Activité. d'artillerie sur tout le front, en particulier sur la boucle de la Cerna. Actions de patrouilles à Mcijadag et à Monastir.

Actions violentes à.la cote 1 050 menées par les troupes italiennes. Les tranchées ennemies ont été bouleversées, des prisonniers ont été ramenés. Des contre-attaques de l'ennemi ont été repoussées et lui ont causé des pertes sérieuses..

Chute de neige abondante depuis le Vardar jusqu'au lac Prespa. ̃

Depuis le 27 février l'aviation a été particulièrement active.

Autour de la Bataille

~c;a.

Nouveaux sue-oès anglais L

On no manquera pas de remarquer, daiis le communi«[>tiô.britann,ique, la,me,ntion faite d'un petit engagement au nord-ouest de Roye. C'est la première fois que ce nom apparaît dans les communiqués de nos alliés, et nous apprenons ainsi l'extension considérable de leur front. Il y a quelques jours, le nom d'Ablaincourt y avait été cité, révélant ainsi que les lignes anglaises avaient dépassé la Somme. Ablaincourt est un peu au nord de Chaulnes. Mais Roye est à treize kilomètres au sud de Chaulnes, à vingt kilomètres seulement au nord-ouest de Noyon et à vingt-cinq à peine de Ribécourt.

Pour ce qui regarde la nouvelle avance anglaise dans le Pas-de-Calais, il convient de bignaler qu'elle s'étend sur un front do huit kilomètres à l'est de Gommécourt et au nord de Puisieux. Une ligne tirée sur la carte en suivant ces données touche presque Bucquoy et s'étend jusqu'aux abords immédiàts d'Achiet-le-Petit. Il est évident que les soldats du général Gough ont presque atteint les lisières de ces deux villages. On pourrait en escompter la chute à brève échéance, si l'on était plus exactement fixé sur les intentions du commandement allemand. Quolles que soient les raisons « particulières » de ce mouvement de repli, il paraît de plus en plus certain qu'il n'est pas terminé entièrement. La résistance opiniâtre que signa-' lent nos alliés ne peut avoir d'autre raison que de diminuer l'intensité delapression anglaise et d'en ralentir les effets. Il est peu probable "que les Allemands aient eu réellement; l'intention dé disputer sérieusement les trois ou quatre kilomètres carrés qu'ils viennent d'abandonper en avant de positions intiniineiH plus solides. Mais on sent l'intérêt qu'ils' ont a empêcher l'avance anglaise d'être assez rapide pour gêner l'évacuation du matériel considérable entassé à Bucquoy, à Achiet et dans les abords immédiats de ces deux villages qu'ils ne prétendent plus assurément conserver.

A.U MAROC

Le général Gouraud à Méquinez Mcquinez, 2 mars.

Le résident général, venant de Fez, est.arrivé à Méquinez à trois heures du soir. Après avoir pasbé en revue les troupes de la garnison et les cavaliers

des tribus présentés par Je. colonel Poẽ mirau, commandant delà "subdivision le général Gouraud a. reçu la colonie française, les notables marocains et les offieierSi .̃̃̃;̃/

De la nouvelle Rnrjieierre et ûe la orocfiaine flmerigue

Aux premiers jours d'août 1911, une chanson ailée fit le tour de l'Angleterre « Nous ne voulons pas faire la guerre, mais, par Jingo.! si nous la faisons, nous avons Tes hommes, nous avons les navires» –etnous avons aussi l'argent »

Les hommes sont devenus les soldats. Ayant nettoyé les mers des flottes allemandes, les navires anglais travaillent l aujourd'hui à les, purger des sous-marins. Des milliards et des milliards anglais, il n'y a pas un shilling qui ne soit à la disposition de la guerre.

Cette. guerre, il ne faut jamais l'oublier, l'Angleterre, pacifique, presque paèifiste, elle l'a décidée en une heure, d'une résolution unanime, rien que pour un mot, comme l'a dit le chancelier allemand, un petit mot,; la plus grande des choses le Droit, incarné, ce jour-là, dans la Belgique.

Un journaliste américain ¡ F. W. Wile, assistait, le 4 août 1914, à la séance du Reichstag. Le chancelier annonce que les troupes allemandes ont pénétré en Belgique. Wilo, à l'oreille de son voisin de tribune, le Suédois Siôsteen « Ça y est; l'Angleterre va entrer dans la guerre. Evidemment », dit Siosteen. 0/ course. Voilà l'estime du Hnonde.

L'Angleterre n'a regardé qu'au droit. 'Elle aurait été ^surprise au delà de tous les étonnements si elle avait regardé devant elle.

L'aventure de: Saiil passait pour la plus extraordinaire de toutes. Parti à la poursuite des ânons de son père, il trouva un royaume.

La vieille Angleterre a trouvé une autre Angleterre. Rome n'a pas été construite en un jour. Cette nouvelle Angleterre a été bâtie en moins de trois ans.

Tout ce qui caractérisait l'Angleterre, j'entends :'tous ses signes extérieurs, a dispapu^P-lus;^ gouvernements de partis. Conscription -obligatoire.' Supré- matie de l'Etat.' Rattachement des Dominions à la mère patrie. Réalité de l'Empire,

Lé plus beau, c'est que cette prpdigieuse révolution impérialiste a été faite, sans violence, par la nation elle-même et, dans le Parlement qui a suivi, par les hommes des partis avancés, de droite et de gauche.

Et cette rénovation de l'Angleterre, qui semble antianglaise, c'est une chose essentiellement anglaise. Politique utilitaire, la vie défendant la vie. C'est le pays de Bentham, la morale utilitaire. Le pays de Shakespeare, la poésie de la vie. Le pays de Darwin, l'origine des espèces.

Sauf la flotte, un peu ankylosée, tout était à créer. L'Angleterre fut quelque temps à s'en rendre compte.D'abord,elle mit son amour-propre àne rien changer. Londres restait elle-mème. que vous alliez, c'était « la chère Londres d'autrefois ». It was dear old London as vsual, écrit ce journaliste américain 'Wile. La guerre fine sport. Churchill, avec son chapeau à haute forme, aux huit reflets classiques, dans les tranchées d'Anvers. Le spectacle de la nonchalance nationale, si rudement décrit par Wells, avait sa beauté, mais ce n'était pas la guerre. On reçut assez mal les premiers,: « Réveille-toi, Angleterre! Old boy! « Ce n'était pas dans la manière anglaise. Puis, on s'aperçut qu'on allait plonger tout droit au désastre. Tous les calculs des prophètes se trouvaient faux. War [of miscalculations. La guerre des faux calculs.

Alors le réveil, le coup de reins, l'Angleterre des tréfonds historiques remontant à la surface.

C'est une même renaissance qui se' prépare pour l'Amérique. Retour à la vraie Amérique, celle de Franklin et d'Emerson, de Washington et de Lincoln.

L'Allemagne, dans sa prodigieuse inconscience, travaille bien. Cette Amérique de l'Ouest, tournée vers le Pacifique, était terriblement loin de l'Europe. Trésor, s'il en fut, à garder avec un soin jaloux par l'Allemagne. Elle l'offre comme pourboire au Japon, au Mexique L'Empereur allemand, l'auteur du fameux dessin « pompier» sur les Jaunes, leurteM la .main. Le malheureux Mexique, tourmenté par tant d'affreuses révolutions, n'est plus aisément dégoûté. Il s'étonna. Rien n'étant impossible à l'Allemagne, /elle est .capable de refaire le Mexique d'iturbide et de Juarez. Il v a dans le vent de la haute mer une vertu tonjfiante, pour l'âme comme pour le corps, qui manque aux brises molles et embaumées des vallées de Tempe. Voyant s'alanguir un peu ce grand corps souple de l'oncle Sam, c'est T'Allcmagnc elle-même qui crève les outres d'Eole. 11 n'y a pas beaucoup d'exemples dans l'histoire d'une pareille folie. Et comme le Zimmermann n'a point agi à l'insu du Bethmann-Holl-: weg, ni celui-ci à l'insu de l'Empereur, c'est bien l'Empereur qui a voulu cela comme le reste. Il viendra un 'jour où l'Allemagne tout entiëre se redira avec amertume le mot de Bismarck, prophétique dans ses rages de grand serviteur chassé « Ce garçon-là, gâtera

tout. » u. U

•̃'• Polybe.

L'Allemagne avoue

` "l'ris la main dans le sac et comprenant qu'ils n'ont plus rien à risquer, les Allemands avouent cyniquement l'odieuse, machination qu'ils avaient tramée au Mexique. L Agence Wolff a envoyé hier à Bâle la dépêche suivante La presse américainè publie des renseignements sur des ordres donnés par l'Office des affaires étrangères au ministre d'Allemagne à Mexico, pour le cas où l'Allemagne ne réussirait pas, après la déclaration de la guerre sous-mariue à outrance, à obtenir la neutralité des Etats-Unis. Voici les faits Lorsque, le 1er février, fut prise la décision de commencer la guerre sous-marine à outrance, on dut, étant donnée l'attitude antérieure du gouvernement américain, tenir compte de la possibilité d'un conflit avec les Etats-Unis. Les faits démontrèrent que cette prévision était justifiée.. Car dès la notification de notre blocus, le gouvernement des Etats-Unis rompit les relations diplomatiques avec l'Allemagne et invita les autres neutres à se joindre à lui.

En prévision de ces possibilités, le gouvernement impérial avait non seulement le' droit, mais le devoir, de prendre à temps ses mesures pour le cas d'un conflit armé avec .les Etats-Unis en compensant, si possible, l'entrée en scène d'un nouvel adversaire aux côtés de nos ennemis..

C'est pourquoi le injnis.tre d'Allemagne à Mexico fut chargé, au milieu de janvier, au Cas: les Etats-Unis nous déclareraient la guerre, de proposer au gouvernement mexicain une alliance et d'en fixer les détails. Le ministre avait, au surplus, l'ordre exprès de ne faire aucune démarche auprès du gouvernenient mexicain avant d'avoir la certitude de la déclaration do guerre des EtatsUnis.

On ignore de quelle manière le gouvernement américain a eu connaissance de l'instruction secrète envoyée à Mexico. L'aveu est donc complet, et toute l'infamie allemande apparaît dans sa complète monstruosité quand on considère l'attitude et lesdéclarations du comte .Bernstorll à la lueur des révélations que l'on possède maintenant. Cet homme qui avait en mains les instructions qu'il était chargé de transmettre au consul von Eckart, qui avait mission lui-même de présider au sabotage des navires aldemands et de « tout faire pour mettre les Etats-Unis dans l'impossibilité d'agir, avait l'audace de proclamer « les senti.ments d'admiration et d'aû'ection qu'il portait à la nation américaine. », et il déclarait « qu'il considérait les Etats-Unis comme sa seconde patrie ».

Et pendant ce temps, il préparait le guet-apens qui a fait long feu et que Vient de. révéler VAssocialed Press. La révélation n'est même pas encore terminée. Le New York World nous apprend que le texte de la dépêche Zimmermann qui a été publié n'est pas complet: Attendons donc la suite. En attendant, l'effet produit est déjà décisif. Le Sénat américain a donné au président Wilsoii. les pleins pouvoirs que la Chambre des représentants lui avait un peu marchandés dans son premier vote de vendredi, et qu'elle a dît sans doute compléter hier avant de se séparer pour la clôture de la session. Mais la décision peut être dès à présent considérée comme prise la guerre entre les Etats-Unis et l'Allemagne ne peutplusètreévitéeet, s'ilen étaitbesoin d'une preuve, nous la trouverions dans le fait, que M. Bryan, qui était rentré à Washington, est subitement reparti pour la Floride. Il considère évidemment qu'il n'y a plus rien à faire et que les pacifistes comme lui n'ont plus qu'à se terrer, car après la révélation de la dépèche Zimmermann, ce serait un véritable acte de trahison de la part d'un Américain que de tenter le moindre effort pour empêcher les événements de suivre leur cours.

A. Fitz-Maurice.

De la rupture à la guerre

Les votes du Sénat américain

Nous ne connaissons pas encore les derniers votes du Congrès américain dont la session doit être légalement close aujourd'hui 4 mars, mais il n'est pas douteux qu'il ne séparera pas sans avoir voté tous les pouvoirs que demande le président Wilson.

Le Sénat, après les décisions importantes que nous avons annoncées déjà, a continué sa séance toute la nuit dernière. Hier matin, au lever du jour, après huit heures de débats sur le projet d'armement des navires marchands, il avait décidé de suspendre la séance jusqu'à dix heures.

L'opposition n'a pas été très vive. Les sénateurs ont déclaré que la crise internationale reste en dehors des partis politiques et que même les éléments les plus pacifistes sont prêts à se ranger derrière le Président pour une politique de neutralité armée. Quelques membres de l'assemblée ont exprimé 'l'avis que l'adoption du projet signifiait la guerre tôt ou tard; mais tous, presque sans exception, se sont affirmés prêts à accepter la guerre.

La duplicité du comte Bernstorff New-York, 3 mai'.s.

En dehors des preuves relatives au complot allemand au Mexique, le gouvernement américain posséderait également la preuve des faits suivants Le gouvernement allemand donna le 17 janvier dernier des instructions télégraphiques au comte Bernstorlï pour que les machineries des navires allemands internés fussent sabotées etrendues inutilisables dès que les relations diplomatiques seraient rompues. Le gouvernement allemand, contraireinent aux affirmations mensongères de M. de Bethmann-Holhveg, prévoyait la rupture et prenait ses dispositions en conséquence- Par ailleurs, plusieurs

H. DE VILLEMESSANT, Fondateur

KÊDACTION ADMINISTRATION 26, Rue Drouot, Paris (9* Arr')

TÉLÉPHONE, Trois lignes: Gutenberg 02-46 02-47 02-49

Secrétariat Général M. HENRI VONOVEN

Abonnements trois mois, six mois un as Paris, Départements ) Q ""J ,n et Colonies françaises ̃) 9 *8 » 34 Étranger'-Union postale. 18 50 "36 » 70 » On s'abonne dans fous les bureaux de posto de France et d'Algérie

fuis, le comte Bernstorff de'manda à M. Lànsing de vouloir bien l'autoriser à. user d'un code spécial pour 'chvoyerso'esdépèches urgentes à son gouvernement et donna sa. parole d'honneur de gentilhomme. (sic) que ces dépêches avaient pour seul but de servir les boiïs rapports entre les deux pays.

M. Lansing donna alors courtoisement son autorisation. Or, on possède la preuve que lesdites dépêches avaient exclusivement pour but de fomenter un complot contre les Etats-Unis. L'opinion à Washington se montre particulièrement indignée contre ces derniers pror cédés.

Le gouvernement américain

va publier ses preuves

Washington, 0 mars.

Le département. d'Etat à Washington •va publier incessamment des documents dévoilant, dans tous leurs détails, les plans des agents allemands à Cuba, au Mexique, et même aux Etats-Unis. Un démenti indigné du Japon

New-York, 3 mars.

Une dépêche de Tol<io dit que le baron Motono, ministre des affaires ôtran- gères, a déclaré au correspondant de Y Associated Press qu'il n'avait reçu aucune, proposition,, en vue d'une adhésion du Japon à une guerre éventuelle contre- les Etats-Unis. Le baron Motono a -ajouté que c'était une idée ridicule basée sur la monstrueuse présomption que le Japon pourrait abandonner ses alliés il a dit encore que si le gouvernement du Mexique reçut de telles propositions, ce fut de sa part une preuve de sagesse que de ne pas les communiquer. Une conférence à Londres

Londres, 3 mars.

L'ambassadeur des Etats-Unis a conféré hier dans l'après-midi avec M. Balfour, puis les deux hommes d'Etat ont eu une longue entrevue avec M, Lloyd George.

M. Ritter reste

Borne, 3 -mars.

Contrairement aux informations de presse relatives au rappel du ministre de Suisse à Washington, on remarque que dans les déclarations faites à la presse jeudi par le secrétaire d'EtaL américain, M. Lansing a reconnu l'attitude entièrement correcte du ministre,1 M. Ritter, et a exprimé ses regrets des reproches que lui ont adressés certains journaux.

La Chine contre. l'Allemagne

^Washington, 3 mars.

L'ambassadeur d'Allemagne à Pékin, M. de Ilintze, vient d'aviser le gouvernement allemand que la Chine était décidée à rompre les relations diplomatiques avec l 'Allemagne si celle-ci n'apportait pas immédiatement des modifications çssentielles à sa politique du blocus. {Agence Radio.)

INFAMIES ALLEMANDES

Discours calomnieux du ministre von Steia

1 Les fausses représailles

1 Trenleetun mois d'infamies allemandes n'ont pas pu nous habituer aux procédés de mensonge inqualiiiable et répugnant de nos ennemis.

Le pire de tous consiste imputer aux Alliés des crimes qu'ils imaginent et préparent contre eux.

Gaz asphyxiants, vivres empoisonnés, navires-hôpitaux coulés toutes leurs inventions atroces, les Boches nous lcs ont imputées au moment d'en inaugurer l'emploi.

Dans un discours odieux, le ministre de la guerre, jeudi, s'est chargé une fois de plus de ce genre de besogne.

Notre confrère Henri Galli, député de Paris, avait dévoilé dès avant-hier cette nouvelle infamie

Un nombre considérable de prisonniers français écrivait-il hier, dans le Matin, ont été envoyés par les Allemands à l'ar-. riôro-front, aux secondes et troisièmes lignes, pour y travailler aux travaux de défense, do ranchées, de batteries et de voies ferrées. Ils sont en quelque sorte, transformés en soldats contre leur propre patrie et exposés au feu des batteries françaises.

Depuis le début de la guerre, des camps de prisonniers français et russes avaient été créés en Belgique et dans les départements occupés. Quelques milliers de captifs y étaient durement employés et soumis à un régime d'exception, privés du droit de correspondre et de recevoir des colis mais ces malheureux restaient maintenus à une certaine distance des lignes et exposés seulement aux bombardements par dirigeables ou par avions.

Aujourd'hui, en vertu d'ordres nouveaux, leur nombre a presque décuplé et ils sont poussés jusqu'en pleine zone de feu. M. Galli ayant posé à ce sujet une question au président du Conseil, M.- Briand lui a répondu

Vous avez bien voulu appeler mon attention sur le fait que, sous prétexte de représailles, lo gouvernement allemand aurait l'ait transférer derrière le front, en territoire envahi, un certain nombre de prisonniers do guerre français.

J'ai l'honneur de vous informer qu'à la date du 5 janvier, le gouvernement français a eu connaissance des mesures annoncées à cet égard par le gouvernement allemand. Dès le 15 janvier et après le plus attentif examen de la question, j'ai répondu à la communication transmise uar l'ambassade des Etats-Unis par une note de protestation contre les allégations inexactes, du gouverinent allemand et contre les décisions injustifiables- qu'il faisait connaître. J'ajoutais, bien que les réclamations forniuiées au sujet des prisonniers allemands dans la zone des