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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1914-05-26

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 26 mai 1914

Description : 1914/05/26 (Numéro 146).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k290327t

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Gaston CALMETTE

Directeur (ipos -1914)

RÉDACTION - ADMINISTRATION

26, Bue Drouot, Paris (9e Arr 1)

.. M. ALFRED CAPUS

Rédaction en Chef ,,

( M. ROBERT DE FLERS

POUR LA PÙBLICITÉ S'adresser : 26, Rue Drouot, à l'Hôtel du FIGARO Et pour les Annonces et Réclames Chez MM. Lagrange, Cerf et G'e, 8, Place de la Bourse

On s'abonne dans tous les Bureaux de Posta

de France et d'Algérie

LE FIGARO

« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants,, je me presse de rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer. (BEAUMARCHAIS)

H. DE VILLEMESSANT

Fondateur

RÉDACTION - ADMINISTRATION

26, Eue Drouot, Paris (9= Arr') TÉLÉPHONE, Trois lignes : 102-46 - 102-47 - 102-49

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Secrétariat Général : M. HENRI VONOVEN

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SOMMAIRE

Un Bienfaiteur de la Jeunesse française :

FRANTZ-REICHEL.

La Vie de Paris : Discordes artistiques : A. A. L'Affaire Cadiou : L'ingénieur Pièrré en liberté. Mdrt de François Kossuth : R. RECOULY. La Disgrâce de la marine : PIERRE BAUDIN. Mésaventure de trois Français en Allemagne. Aéronautique : Hamel perdu en mer; Perte

d'un dirigeable.

Les idées des autrés : ANDRÉ BEAUNIER. Le.Consistai"$ :-JULIEN DE NARFON.

La Vie litto.- 3 : FRANCIS" CHEVASSU.

Gazette des tribunaux : L'affaire Broussan :

: GEORGES CLARETIE.

COurriEr de la Bourse : Louis AUBERT.

Ballets russes '--«Le Coq d'or» : H. QUITTARD.

POUR LES JEUX OLYMPIQUES

Un bienfaiteur de la jeunesse française

Une note brève mais enthousiaste annonçait ce» jours derniers que M. Basil Zaharolî venait d'ouvrir au Comité national des sports un crédit de 500,000 franc? pour permettre à l'athlétisme français de se préparer, des maintenant et utilement,, en vue d'une participation qu'on veut èspérer brillante et digne des trois couleurs, à l'Olympiade de Berlin, en 1916.

Le geste magnifique lut appris avec émotion et reconnaissance, par tous | ceux qui considèrent que l'avenir de la France, que son salut tient dans les oeu- 1 vres d'éducation physique et de sport qui cultivent là beauté, la force, la santé, l'hygiène du corps, et développent le sang-froid, le courage, la décision et l'énergie.

On sait avec quelle persistance les fé- dérations sportives ont, dépuis 1889 , poursuivi leur tâche et'marché vers leur but, indifférentes aux railleries des uns, à l'hostilité des autres. Elles ont peu à peu triomphé de tout et de tous, ne de- vant rien qu'à elles-mêmes. Et aujour- d'hui l'armée, sincère et conquise, re- connait-qu'elle doit aux sports- ses- meil- leurs soldats, disciplinés par les réglés inflexibles de.-l'effort; aguerris par les luîtes ardentes; violentes et'bravés, vi- vifiés-par'les nobles jeux de plein air.

L'éducation physique a fait,.la .con- quête'du monde, et dans quelques se- maines' lés derniers incrédules seront convaincus du rôle considérable qu'elle jo.ue dans là société moderne lorsque se réunira le-Congrès olympique -'interna- tional qui groupera à Paris, sous la présidence du baron Pierre de Couber- tin, un des fondateurs du mouvement eh France, les délégués de trente-trois nâtions'appelëes! à, participer aux Olym- piades, dans l'espoir d'y faire triompher les races de leurs pays;

Il n'est plus un gouvernement qui ne se préoccupe de soutenir "et de dévelop- per les oeuvres d'éducation physique et dé sports, et partout ces oeuvres - sauf eh France - avaient provoqué, soit des pouvoirs publics, soit des particuliers, les encouragements nécessaires et les largesses indispensables. .

Sauf eh France ! Ceci n'est'pas'tout à fait exact, car les deux ministères à qui notre pays doit la loi de Salut national, la loi de trois ans, les ministères Briand et .Barthou, .avaient compris, apprécié l'ouvre' des' fédérations sportives frân- càisés, et l'avaient soutenue.' Et con- vaincu, comme èlles, qu'il v allait de l'honneur dé la-France que l'athlétisme français se préparât pour l'Olympiade de ferlin, le ministère Barthou avait, quelques jours avant sa chute, si déplo- rable, décidé, dans un conseil des mi- nistres, tenu sous la présidence du chef de l'Etat, d'allouer au Comité national dés sports une subvention de 400,000 francs pour permettre aux fédérations athlétiques de - préparer et. d'entraîner la jeunesse de France au cours des années 1914, 1915 et. 191(3. .

Le ministère Doumergue eut une autre conception de son rôle et de ses devoirs et avec lui s'évanouirent soudain toutes les espérances de la jeunesse athlétique nationale privée formellement de l'ap- pui financier que lui avait promis et ac- cordé le précédent gouvernement. Qua- tre mois de démarches étaient demeu- rés vains et il semblait qu'il fallait dé- sprmais renoncer à tout espoir d'as- surer une participation digne de la I France - "Olympiade de Berlin, quand j survint le don splendide de M. Basil] Zaharoff'. j

Grâce à lui, lés fédérations sont main- 1 tenant armées pour agir, accomplir leur tâche, travailler - dans l'indépendance absolue - à l'entraînement physique et moral des nouvelles générations.

Et c'est pourquoi, conscientes de l'in- comparable service que M.'Basil Zaharoff a, par son ge *e généreux, rendu au pays, elles lui garderont une reconnaissance impérissable ; et je suis persuadé qu'elles n'hésiteraient pas à-lui décerner officiel- lement le titre de « bienfaiteur de la jeu- nesse française » si elles ne craignaient de contrarier les intentions du dona- teur.

M. Basil Zaharofï est un patriote qui est sensible à tout, ce qui touche au re- nom de la France, trouve sa récompense dans le service rendu au pays. Faire son devoir 'et ne rien dire, voilà son idéal. ; Un chef incomparable qui lève autour de lui l'affection, la confiance et le dé- vouement, dispose d'une merveilleuse puissance de décision, et du don rare de choisir les hommes et de les mettre là où il faut qu'ils soient. Une silhouette

de chef, d'ailleurs. Grand, élancé ; un Visage énergique et doux, des yeux gris bleu d'une merveilleuse intelligence, aux regards clairs, francs, qui percent, écoulent, comprennent, décident. Un enthousiaste que ne laisse indifférent aucune cause généreuse, qu'elle touche aux arts, aux cultes, aux sciences, à la vie, à la force, à la gloire de son pays. Ses grands gestes sont innombrables, et s'ils ne sont pas connus c'est qu'il les fit, chaque fois, si simplement, si natu- rellement, qu'ils restèrent ignorés. Qu'il me soit permis d'en noter quelques-uns pour esquisser, si je le puis, le portrait de cet homme, qu'avec sa loyale spon- tanéité, toute la jeunesse française vient d'envelopper de reconnaissance et d'ad-. miration.

Français, mais Hellène par sa mère, le hasard d'un voyage le. conduisit un jour pour les besoins d'un renseignement dans les bureaux d'une légation grecque; c'est à Berlin, je crois. .

Il les trouva si mesquins, si pauvres, si peu dignes du pays auquel il devait sa mère, qu'il demanda au gouverne- ment hellénique d'accepter que toutes les légations européennes de la Grèce fussent, à ses frais, installées comme il convenait, dans des locaux respectables, et de façon confortable. 1

Durant la dernière guerre, et toujours par égard et affection pour le pays _ de sa mère, il versa à son pays d'origine un million par mois du commencement à la fin du conflit qui ensanglantait l'O- rient, et illustra la Grèce, rénovée.

C'est à lui que la Sorbonne doit sa chaire d'aéronautique. Etvoici comment. Un jour il se présenta à la Sorbonne, s'informa près du concierge de la per- sonne à laquelle il fallait s'adresser pour fonder une chaire. On trouva sa démarche étrange,, et on fut sur le point de l'évincer... Un fou peut-être, pensait-on ! Il persista, obtint d'être'mis en rapport avec le recteur, M. Liard, et alors présenta, précisa sa demande.

Son interlocuteur ,?> étonné et peu convaincu, lui fit observer qu'une telle chaire coûterait lourd à créer.

Il insista, exigea des chiffres, les arra- cha bribe par bribe, les inscrivit.

- C'est tout ? demanda-t-il.

- Oui !

Il .fit alors une addition. Elle s'élevait à sept cent mille francs'!

Sans ajouter un mot, il tira de: sa poche un carnet de chèques, fit un chè- que do la somme obtenue, le remit, salua.son auditeur stupéfait et confondu, et se retira.

La chaire.d'aéronautique était fondée. Encore une anecdoté,. celle qui accuse le.chef. " ' ,' 1 ?" \. "

Il y avait alors.dans un pays voisin un ministre des finances remarquable qui venait de se signaler notamment par un rapport budgétaire prodigieux de clarté, d'ordre, de puissance, de sagesse.

AI. Basil Zaharofï est frappé par ce travail- Il cherche pour les établisse- ments Vickers, dont il est un des grands maîtres, un'directeur, et il écrit aussitôt ceci ou à peu près ceci à cè ministre des finances '.

- Vous êtes le directeur que je cher- che, je vous offre 250,000 fr. par an pour tenir ce poste. .

- Impossible ! lui répond l'argentier. Je suis ministre des finances. Mille re- grets. Mais je me dois d'abord à ma fonction.

- Soit, répond M. Basil Zaharofï ; j'attendrai.

"Des mois' se passent) le ministre en question quitte les finances, et M. Basil Zaharolî télégraphie aussitôt. :

- Je vous rappelle ma proposition ; elle tient toujours et aux mêmes condi- tions. Télégraphiez-moi votre réponse. »

La réponse fut une acceptation. Tel est l'homme qui vient de doter l'athlétisme français d'un crédit de 500,000 francs, pour qu'il se prépare à triompher à Berlin, en 1916, et par ses victoires faire hisser lés trois couleurs au mât d'honneur du stade de Charlot- tenbourg. .

Frantz-Reichel.

LA VIE DE PARIS

Discordes artistiques

11 y a de l'orage dans l'air. Ne sais s'il éclatera, mais en ce moment il gronde ferme.

Ce sont même plusieurs orages qui sem- blent se'former, à la fois sur divers points du firmament artistique.

Pareilles menaces ne s'étaient vues depuis 1889, où la foudre, en tombant,, creusa un abîme entre les Champs-Elysées et le Champ- de-Mars.

Comme le vieux Lucrèce a sagement indi- qué qu'il était bon de voir les tempêtes sans en prendre personnellement sa part, du <- lieu élevé » qu'est cette page de journal, je me contenterai de vous exposer les faits sans prendre aucun parti entre les éléments hos- tiles que voilà déchaînés.

Premier foyer orageux. Le distingué ins- pecteur des beaux-arts, M.. Armand Dayot, qui a plus d'une fois organisé d'importantes expositions, avait eu. l'idée d'intervenir au- près du ministère- des beaux-arts et, d'un groupe notable d'hommes politiques pour que l'Etat et le Parlement votassent le. principe et les crédits d'une grande exposition interna- tionale comme celles que' les grandes villes étrangères, notamment Munich,Dresde,Bruxel- les, Amsterdam, etc., font de temps en temps avec le plus grand succès, et où l'art français a sa large et brillante part.

11 s'agissait, en somme, d'un échange de bons procédés, et du même coup, pour rem-; placer l'exposition des arts décoratifs qui semble en ce moment ajournée sine die, d'une manifestation qui aurait créé, cette saison-là, un mouvement d'affaires artistiques considé- rable, et renouvelé pour une fois l'intérêt un peu languissant depuis quelques années des Sàlons;

Le projet a été étudié rue de Valois, exa- miné arec faveur dans divers milieux politi-

[ .ques ; bref il ne resterait qù'à le mettre à exécution, si...

'Si une véhémente protestation n'avait pas été aussitôt présentée par les présidents des deux grandes sociétés, jadis si acharnées ri- vales, les Artistes français et la Nationale !

Car le projet comporte, non point, comme on' l'a dit, ia suppression des Salons (au contraire, on pense qu'ïls n'en seraient que plus brillants, pour cause d'émulation), mais leur transport, à titre extraordinaire et excep- tionnel, dans de spacieux baraquements, mïeux éclairés que le Grand Palais, et instal- lés ? aux Invalides, c'est-à-dire à deux pas du Salon habituel.'

Ce Grand Palais, les artistes protestent fort, -et avec raison, contre son incommodité, et ils ont raison. Mais ils protestent encore lorsque l'Etat, à qui il appartient, leur de- mande d'en disposer pour une fois, - et ils ont raison encore à leur point de vue, mais à : leur point de' vue seulement.

Cet'orage se formait à peine qu'un autre assombrissait l'horizon un peu plus loin.

M. Gervex, pour signaler brillamment son entrée . à l'Institut, proposa à ses nouveaux collègues, dont la plupart étaient sgs anciens camarades, de créer'ensemble, cette fois, bel et bien un nouveau Salon !

Non p'aS un 'Salon au . Palais- des beaux- arts, mais à ce Jeu de Paume qui -a décidé- j ment un.grand succès' de demande en'ce-.mo-*! ment.

Le Salon imaginé par M. Gervex aérait conçu à l'instar de ceux de la Royal Acàdemy. Ce serait seulement celui dès la Republican Academy ; mais il serait organisé sur le même plan : les membres de l'Institut,, section des beaux-arts, y seraient entre eux et chez eux, et ils inviteraient ceux de leurs confrères français,et étrangers qu'il leur plairait.

A peine ce projet était-il accepté par M. Viviani, que des protestations non moins vives étaient formulées par M. Roll et par M. Bartholomê, président et vice-président de la Société Nationale des beaux-arts. « Les Salons seront victimes, disaient-ils, de la concurrence que vont créer ces invitations, et ce n'est pas en ce moment qu'il faut contri- buer à les faire péricliter. » D'où, listes de protestations, engagements d'abstention si- gnés de noms favoris du public, enfin tout ce qu'il faut pour se bien quereller.

Ce n'est pas tout. En ce moment même, pour achever de. rendre la situation pacifique, 011 discute avec animation, à la Nationale même, sur le mode des scrutins à employer pour l'élection des sociétaires et des associés ! Et il se trouve que l'on fait un essai de repré- sentation proportionnelle parmi les artistes, avec listes, quotient, tout l'appareil enfin.

Voilà la-situation., Elle. est.assez, embrouil-, f lée, et, comme-je l'ai dit, il est aussi impru- dent qu'inutile de.-donner des conseils, aux belligérant^'." "

Il est certain qu'une ' exposition internatio- nale aurait-beaucoup'd'allure. . ? 1

Il est certain aussi que les artistes ont be- soin de leur Salon annuel, car pour beaucoup i c'est le gagne-pain ou la chance du gagne- pain. , » ,

Il est certain qu'un Salon de l'Académie serait, à tout le moins, une tentative très cu- rieuse.

Il est certain aussi qu'il ne doit ni doubler le Salon, ni lui faire de tort.

Il est certain...

Mais de toutes ces certitudes, on fait bien des incertitudes. On peut donc bien espérer, sans indiquer de solution, que de toutes;ces causes de désaccord résultera d'ici 1915 un accord parfait.

? Arsène Alexandre.

Echos

Aujourd'hui, à deux heures, Courses à Saint-Ouen. - Gagnants du Figaro :

Prix du Brévent : Qui ; Triomphateur.

Prix de la Savoie : Sigismond ; Albanais. Prix de la Flégère : Chloral : Gay Boy.

Prix Killarney : Ramage; Xipharès.

Prix de la Tête-Noire : Sinaï: Ormuzd. 1 Prix des Bossons : M0 Chabiron; Formium. j

LE ROLE DU PRÉSIDENT

^ Le discours de Lyon a une impor- tance extrême, non pas seulement parce que M. Poincaré nous y offre une large et belle définition du rôle prési- dentiel, mais à cause de l'instant qu'il a choisi pour le prononcer.

Nous sommes à. la veille de l'entrée en scène de la nouvelle Chambre, et parler en dépareillés circonstances, des droits et des devoirs du Président de la République, c'est montrer de la façon* la I plus claire et la plus nette l'intention | d'agir. L'opinion et le monde-politique ! le comprennent ainsi. D'où le gros inté- rêt de ce discours.

! Une énergie secrète et prête à se dé- ployer y est comme embusquée sous l'éloquence et apparaît tout d'un coup au tournant d'une phrase, à quelque mot juste et fort.

Nous avons là la véritable physiono- mie de M- Poincaré, cette patience, cette mesure, cet examen complet de toutesles conséquences et dé toute la portée d'une i j décision. Qualitéséminentesqui donnent J tout leur poids aux moindres gestes de i certains hommes quand retentit dans: leur conscience l'heure de l'action, j Pour M. Poincaré, cette heure a sonné |. et il nous l'annonce lui-même avec une 1 tranquille assurances

Ses adversaires - révolutionnaires ou jacobins - ne manqueront pas de sortir i la vieille menace du pouvoir personnel. : Le Président de la République leur a : d'avance répondu i

L'action qu'il prétend exercer désor- mais ne sortira pas des limites constitu- tionnelles, mais ces limites sont moins étroites qu'on ne le croit.

. - Elles autorisent le Président à être «.l'arbitre et le conseiller »'et à surveiller [ lui-même « les grands intérêts natio- ' naux ». ." . -

Le dire de haut, comme M. Poincaré le fait aujourd'hui, c'est s'engager. Et l'opinion est certaine maintenant que, j

quelle que soit là lutte des partis, la Chambre ne touchera, M. Poincaré étant Président de la République, ni à la loi de trois ans, ni à aucune des garanties de l'honneur français. - A. C.

A Travers Paris

L'ÉCHO D'AUTREFOIS (Extrait du Figaro du 26 mai 1874)

Un vieil habitué du théâtre, qui s'intitule « le doyen des abonnés de l'Opéra», nous transmet une particularité que nous croyons inédite et ignorée de bien des personnes. Elle a irait à Meyerbeer et-au fameux chanteur Nourrit.

Tout le mande connaît l'admirable duo du quatrième acte des Huguenots, le plus beau duo d'amour qui ail jamais été écrit :

Tu l'as dit : je t'aime...

Eh bien, le morceau n'était pas dans la par- tition ; il y fut ajouté pendant les répétitions, et voiçi;dans quelles circonstances :

Mlle Falcon, alors, dans tout l.éclat de sa beauté, de sa jeunesse cl de son incomparable voix, jouait 'le rôle de Valentine, et Nourrit, celui de Raoul.

Or, les charmes irrésistibles de Valentine avaient produit sur le chanteur une telle im- pression que» la tèie en feu, l'âme enfiévrèe,, il composa lui-même la brillante romance, et Çapporta à Meyerbeer. ; '

"*5- Maître, lui dit-il, si voùs mettiez cela en, musique, je crois que cela ferait très bien.

Justement, le- célèbre compositeur nourris- sait, dit-on, au fond de son coeur, un amour timide et discret pour la merveilleuse canta- trice. Il n'était pas fâché de le lui faire com- prendre par le chaut de » Raoul, et il fil aus- sitôt le chef-d'oeuvre que vous savez.

A joutons, d'après lé « doyen des abonnés de. l'Opéra», que Nourrit chantait-ce morceau connue jamais on ne l'a chanté depuis.

Cela devient déconcertant.. Paris, de- puis quinze jours,, haletait sous.les feux d'une canicule survenue trois mois trop tôt. 11 y avilit des chapeaux de paille sur toutes les tètes, et des mouchoirs dans toutes les mains. L'affolement régnait chez les tailleurs, et l'on ne trouvait-plus une maison à louer en banlieue.

Et voici que tout à coup on frémit à la pensée qu'il faudra passer les vacances de Pentecôte à la campagne. Les vête- ments d'été, livrés en hâte, demeurent « dans leurs plis » ; le feutre a repris sur les têtes la place du chapeau de paille, et l'on ne. transpire plus dans son mou- choir : On y éternue.

: A -la-suite de. l'été torride de la se- maine dernière, c'est un petit automne glacïal qui, s'improvise. Habillons-nous chaudement, et courbons l'échiné-.- On écoutera bientôt comme de doux rado- ? tâgés les'récits que'feront' les personnes âgées, du'temps où il y avait' eri France « clés, saisons ».

' Nous reproduisons sans commentaires la dépêche suivante, que-nous adresse notre correspondant du Mans :

« Le Courrier cle Mamers avait signalé la célébration, à Dangeul, d'un banquet destiné à fêter la réélection de M. Cail- laux. Le Pays Fertois confirme que ce banquet comptait dix-huit convives, dont l'instituteur et sa femme, l'institutrice et sa mère. II assure que le menu compre- nait des crêpes au sang de Calmetté {textuel).

» S'il n'y a plus de justice en'France, selon Mme Caillaux, il y a moins de pu- deur encore chez les électeurs cle son. mari. »,

On n'a pas si souvent et, pour ainsi dire, on n'a jamais l'occasion de félici- ter M. Combes. Ne laissons pas cette occasion-ci. Consulté sur le point de savoir s'il est partisan du suffrage des femmes, le Petit Père a nettement ré- pondu que non. De la part d'un tel no- vateur, cela étonne : et quelle opinion réactionnaire!... Peu importe: le Petit Père ne veut pas que les femmes votent.

Mais pourquoi? Et l'on insista. Le Petit Père était-il bien sûr de ne pas se tromper dans l'expression de sa doc- trine ? Parfaitement. Il n'admet pas qu'une femme ait un candidat qui ne soit pas celui du mari : ce qui arriverait si les femmes votaient. Alors, voilà les ménages défaits, les familles troublées.

Le Petit Père n'entend point de cette oreille : et les femmes ne voteront pas. D'ailleurs, oh dit qu'en France elles sont plus pieuses que les hommes : le Petit Pèré, conséquemment, n'aime, pas les femmes.

-

Tous les amateurs d'autographes et les bibliophiles se trouveront domain dans les salons du ministère de la jus- tice, au premier après-midi de la vente de charité organisée par les Trente Ans de théâtre. Car nos plus - illustres écri- vains ont tout spécialement écrit sur les pages de garde de leurs meilleurs ou- vrages des pensées et réflexions qui donneront à chaque volume une grande valeur. De plus, ces ouvrages ne seront pas vendus par des libraires à lunettes, cheveux en broussailles et en blouse grise, mais par les plus charmantes artistes de Paris.

La vente, d'ailleurs, comportera qua- tre autres comptoirs et un buffet à tables fleuries, qui seront tenus, par les dames patronnesses, de l'oeuvre, entourées en- core, de nos plus; gracieuses, comédien- nes. On aura rarement une telle occa- sion de faire le bien avec agrément.

. Glaneuses.

Ce sont trois gamines blondes, pareil- lement habill ées et coiffées à la miss Helyett. Elles n'ont pas quinze ans. Elles sont soeurs jumelles, filles d'un jockey, mort il y a quelques années aù cours d'une ascension dans les Alpes.

Chaussées d'escarpins vernis imper- méables à la rosée, oh les voyait hier matin, parcourir en tous sens la prai- rie de banlieue où des courses avaient eu lieu la veille, s'arrêter, se,baisser vive- ment et jeter quelque chose dans leur

réticule. Mais quoi? Que glanent-elles?

Des sous, de menue monnaie blanche, quelquefois une pièce d'or, semés la veille par des joueurs distraits. EWa récolte ne semblait pas mauvaise, v'

Les trois petites glaneuses font leurs dots. ^

BILLET

à l'ingénieur Pierre

.Monsieur, j'ai souvent entendu dire qu'en France il n'y , a que le provisoire qui dure. Aussi ai-je ressenti une vraie joie', en appre- nant la mesure généreuse dont vous bénéfi- ciez enfin. La libération «-provisoires que vous accorde le juge, c'est - si le proverbe n'est pas menteur - la tranquillité assurée pour votre existence tout entière ; et je pense que si nous sommes contents,, vous allez l'être au- tant que nous, dites ? et sans arrière-pensée ?

On raconte qu'une vive émotion règne parmi vos amis, et que déjà la question se pose de savoir quelles réparations vous devront être accordées, pour quatre 'mois de prison pré- ventive injustement subis. Je vous en prie, monsieur, ne vous mettez point en colère, et n'écoutez pas les, mauvais conseils.

En somme, qu'est-ce que vous demandait j la Justice ?. De prouver qu'à un- certain mo- ment - qu'on indiquait - vous, n'aviez pas commis un meurtre. Est-ce que vous avez prouvé? cela ? Non. Pas plus que je 11e serais en état de prouver moi-même, si j'y étais in- vitée, que dans la journée d'hier, entre huit et neuf heures du matin, je, n'ai assassiné per- sonne. On ne prouve jamais'ces choses-là. Aussi est-ce continuellement unp chance énorme, pour chacun de nous, de' n'être pas en prison. Vous avez moins de chance que d'autres, puisque vous venez d'y passer plu- sieurs mois ; mais enfin, considérez que vous en êtes sorti ! Et rappelez-vous la réflexion du loup parlant à la cigogne :

Quoi ! ce n'est pas encor beaucoup

D'avoir, de mon gosier retiré votre cou ?

Allez, vous êtes une ingrate..'.

C'est certainement ainsi que se fût exprimé M. Bidart.de la Noë, s'il avait vécu sous La Fontaine. - SONIA.

Rencontré hier sur la route de Plessis- Belleville à Cliaalis une vieille connais- sance : c'était, transformé en « ton- neau » de famille, chargé de touristes allant voir le désert d'Ermenonville, un de ces vieux cabriolets postaux qu'ont remplacés à Paris les automobiles des P. T. T.

Tout passe... Les cabriolets écraseurs d'autrefois se doutaient-ils qu'ils trans- porteraient un jour, au petit trot de braves chevaux de campagne, dos pro- meneurs de l'Oise., ..et .que, .sur tes routes, les .poules les regarderaient pas- ser, sans avoir, peur ?...

Amener l'étranger à. apprécier notre art, à connaître notre .industrie, à aimer nos produits, c'est faire un travail utile- ment et réellement patriotique, au- quel coopèrent effectivement les grandes- marques françaises, qui acquièrent ainsi leur universelle renommée. En tête de ce mouvement s'est toujours placée la maison Marie Brizard et Roger, qui, depuis uii siècle et demi, répand ses liqueurs superfines, ses cognacs réputés et son exquise^fine Champagne dans le monde entier.

Samedi soir, S. A. I. la grande-du- chesse Vladimir assistait à ia repré- sentation de l'Homme riche, à la Re- naissance. La grande-duchesse parut prendre le plus vif plaisir, à l'audition de l'oeuvre de MM. Jean-José Frappa et Dupuy - Mazuel, et. ne ménagea pas\ ses applaudissements à Mlle Van Doren et à M. de Max, les parfaits protago- nistes de cette oeuvre aussi spirituelle qu'attachante.

Guerlain aux Champs-Elysées :

C'est la plus récente conquête de' la voie triomphale qui exerce sur le com- merce de luxe un si irrésistible attrait : le célèbre parfumeur vient d'installer au point lo plus brillant, le plus animé de l'avenue, un magasin décoré avec un goût exquis où sa clientèle d'élite sera charmée de trouver dans le cadre rêvé ces suaves créations qui ont fait la re- nommée des mâgagins fameux de la rue de la Paix, dont les destinées se pour- suivent, bien entendu, plus brillantes que jamais.

La voiture Berliet, qui sur la piste au- tomobile de Brooklands, près de Lon- dres, a ces jours derniers réalisé la vi- tesse moyenne de 115 kilomètres h l'heure, est actuellement exposée dans les magasins de la direction parisienne de Berliet, aux Champs-Elysées.

Cette Berliet, qui est à la disposition de quiconque veut l'essayer, est d'une li- gne superbe. Munie d'une nouvelle sus- pension qui Supprime tout heurt, toute trépidation, elle se complète d'une dy- namo d'éclairage et d'un démarreur élec- trique commandé du siège clu conduc- teur.

... ? .

Voici le moment venu où le Jardin des Roses attire à Enghien tous les ama- teurs de la renie des fleurs.

Féerie de couleurs et de parfums, la délicieuse Roseraie qui borde le lac fa- meux est digne de la ravissante station thermale, de ses thermes si justement réputés, cle son théâtre et de son restau- rant dont l'éloge n'est plus à faire depuis que Négresco'y règne en maître incon- testé de l'art:culinaire. .

'

Où est l'argent?

. Est-il vrai que le commissariat géné- ral de l'Exposition de 1900 avait prélevé sur ses recettes et réservé une part con- tributive de-104,000 francs destinée à la remise en état du pont d'Iéna ? . Un fonctionnaire d'alors nous l'affirme. Et cette affirmation nous étonne un peu: car alors où serait l'argent?

Voilà quatorze ans que le pont d'Iéna, « provisoirement » élargi, hérisse sur ses

flancs, au-dessus des aigles de Barye, sa hideuse ferraille. Deux ou trois fois par. an,- on nous annonce que le pont d'iena va reprendre son ancienne figure. Les mois passent, et le poht ne se rétrécit, toujours pas. Qu'est-ce qu'on attend,? Et qu'est-ce que ces 104,000 francs'sont devenus? " ' . \

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Jeudi prochain,à l'hôtel Drouot,.salle?, s'ouvrira une exposition où l'on ne verra, que deux tableaux, mais deux tableaux d'uné toute spéciale importance. L'un est un pastel de Maurice-Quentin de La Tour, un admirable Portrait de l'artiste, par lui-même, dépendant de la succes- sion de Mme veuve P..., née T. L. L'autre est une oeuvre remarquable de Jean-honoré Fragonard : Jésus chassant les marchands du Temple.

Ces deux tableaux seront vendus "le vendredi 29 mai : le premier, par le mi- nistère de Me A. Marlio; lo second, par le ministère de M0 André Desvouges. Les commissaires-priseurs seront as- sistés de M. Georges Sortais, peintre, expert près .le Tribunal civil de la Seine.

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- C'est vrai, ce qu'on dit? Il parait ; que la G. G. T. elle-même est hostile à ces malheureux petits Chinois...

- Dame, ce sont des jaunes.

Le Masqua de Fer.

Pour les trois ans

Une déclaration de M. Maginot

Si M. Doumergue reste et si M. Magi- not ne s'en va pas, c'est que le cabinet est décidé à opposer son veto à toute mise en discussion de la loi de trois ans. On sait quelle fut au cours de la dernière session l'attitude nette et catégorique du sous-secrétaire d'Etat à la guerre. Avec M. Nouions, il soutint éloquemment la nécessité d'appliquer la loi de trois ans, loyalement, intégralement. Ses inten- tions n'ont pas varié.

Samedi, à la séance de clôture du congrès des étudiants, à Nancy, M. Ma- ginot a prononcé un discours fout vi- brant de patriotisme, dont nous déta- chons le passage suivant. :

Le pays n'a rien à redouter de votre ardeur, ni des échos même bruyants de votre jeu- nesse. C'est en effet sa vitalité qui s'affirme, ce sont ses espérances qui se poursuivent.

Parmi ces espérances, il en est une qui doit nous tenir particulièrement à coeur, et que jo me garderai bien de taire devant un auditoire comme .celui-ci : c'est que là France s^attache - demeurer toujours assez forte pour faire respecter- ses droits, son indépen- dance et "sa dignité.'

Il est des sacrifices qu'un pays doit savoir s'imposer lorsqu'il s'agit ? de son existence même, et dans Lesquels il lui faut avoir le cou- rage de persévérer tant que l'exigent les né- cessités de sa défense. Si lourds qu'on puisse les juger, ils sont préférables aux éventua- lités de la défaite avec son cortège de mal- heurs et de ruinés dont nous n'avons pas perdu le souvenir.

J'ai foi dans la sagesse des hommes do mon pays ; j'ai foi dans la République," qui s'est toujours montrée la gardienne vigi- lante de la patrie, pour que la France puisse continuer dans la . paix que lui assureront des frontières bien gardées l'oeuvre d.e pro- grès et de. haute civilisation dont ses fils n'ont cessé d'être, au cours des siècles, les généreux artisans.

On comprendra toute l'importance d'une pareille déclaration à la veille de la réunion des Chambres. Mais que vont dire les socialistes ?

G. D. .

L'AFFAIRE CADIOU

L'ingénieur Pierre en liberté

(DE NOTRE CORRESPONDANT)

Brest, niai.

Enfin, c'est chose faite. Après cent dix jours de détention préventive, l'ingé- nieur Pierre a été remis ce soir en li- berté provisoire. '

Cette liberté que le juge et la Cour lui avaient une première l'ois refusée, il a bien fallu, devant le néant des charges et l'émotion persistante-de l'opinion pu- blique, la lui accorder.

L'opiniâtreté de M. Bidard de la Noë n'a abouti qu'à souligner l'injustice de cette trop longue détention préventive.

C'est seulement à sept heures et de- mie, que, les formalités de levée d'écrou étant accomplies,' l'ingénieur Pierre est sorti de la prison du Bouguen.

Il a embrassé sa vieille mère qui pleurait d'émotion et est monté avec elle dans une automobile qui les a con- duits chez M° Feillard, son dévoué dé- fenseur qui, depuis le début dc.cette lon- gue instruction, l'a soutenu. et récon- forté.

Pierre n'est resté que quelques minu- tes chez son'avocat. Aux journalistes qui étaient venus le féliciter, il. a fait les déclarations suivantes :

: Je:remercie la presse qui, par ses.inves- tigations minutieuses, a empêché plusieurs erreurs de témoignage et m'a fait enfin ren- dre à la liberté après quatre mois de déten- tion.

Je suis heureux pour ma pauvre mère, qui vient de parcourir un si douloureux calvaire, pour mon cher père malade, pour mes pa- rents et mes amis, qui n'ont pu croire un seul instant à ma culpabilité.

Il paraît que mon affaire a fait couler beaucoup d'encre.

J'emporte de mon séjour à la maison d'ar- rêt un souvenir reconnaissant, pour les gar- diens qui m'ont toujours traité avec beau- coup de ménagements. J'ai rencontré dans mes codétenus de nombreux déshérités de la vie ; leur infortune m'a aidé à supporter la mienne.

J ai beaucoup réfléchi et aussi mi peu tra- vaillé ; ce'fut pour moi un réconfort.

Maintenant, je Vais attendre près des * miens, à Landerneau, la fin de mon cauche- mar; avec 111011 dévoué défenseur, devenu