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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1914-02-16

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 16 février 1914

Description : 1914/02/16 (Numéro 47).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k290228w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Gaston CALMETTE

Directeur-Gérant

RÉDACTION -; ADMINISTRATION 26, rue Drouot, Paris (9° Arr»)

POUR LA PUBLICITÉ S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT

A L'HOTEL DU « FIGARO .

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ET POUR LES ANNONCES ET RÉCLAMES

Chez MM. LAGRANGE, CERF «Se C" 8, place de 1» Bourse

' On s'abonne dans tous les Sureaux de Poste de, France, et d'Algérie.

LE FIGARO

« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte de rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)

H. DE VILLEMESSANT

Fondateur

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Étranger -Union postale... 18 50 36 -« 10 >.

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SOMMAIRE

Courrier de Paris : ALFRED CAPUS.

La Vie de Paris : Le Prix d'Annunzio : Louis LATZARUS.

La Réunion du Havre : Discours de MM. Briand ? . et Barthou : AUGUSTE AVRIL.

Amérique latine : GEORGES BOURDON.

Dessin : Liberté. : FORAIN.

Les Conférences : La Révolution de 1848 vue par un enfant : FRANÇOIS PONCETTON.

La Mode aux courses : GHENYA.

Le Monde religieux : Intégrisme et Catholi- cisme : JULIEN DE NARFON. ,

La Vie littéraire : « Les Géorgiques chrétien- nes » ; « Feuilles dans le vent » : FRANCIS CHEVASSU.

Figaro-Théâtre : Les Grands Concerts : HENRI QUITTARD. - Courrier des théâtres : RÉGIS GIGNOUX.

La Vie sportive.

Feuilleton : « Plus penser que dire » : ANGEL FLORY.

COURRIER DE PARIS

' Il n'y a guère de correspondance poli- tique d'un réalisme 'plus complet éï plus saisissant que les quelques lettres de Napoléon III et d'Emile Ollivier publiées dans le dernier Supplément du Figaro. Elles sont pour ainsi dire calquées sur les événements en train de se l'aire; elles les suivent, avec une émotion et une fa- miliarité qui est la vie même. Les di- mensions que ces événements allaient prendre dans l'histoire n'y sont point prévues ni escomptées. La vision tra- gique des choses et les préoccupations personnélles, le terre à terre de l'égoïsme y alternent; et ces pages, .par leur sincé- rité, par leur frémissement, par le rendu immédiat ont une valeur incomparable, lues surtout aujourd'hui, dans l'état ac- tuel de nos esprits. L'une, entre autres, présente en quelques lignes d'une rédac- tion banale et Courante, et dans un rac- courci prodigieux, tous les effets de la destinée. C'est la lettre de Napoléon III adressée à Èmile Ollivier de Wilhelm- shoehe, le 30 septembre 1870 : « Si, au moins, la France ne sortait pas amoin- drie du conflit, je me consolerais facile- ment d'avoir perdu ma couronne. Il y a eu dans cette malheureuse campagneune suite ininterrompue de guignons qui ont amenés (les tristes résultats, et mainte- nant ,que va faire Paris avec l'anarchie. ' qui règne à l'intériëur ? »

: Qqe} résumé ! je ne çrois. pas que ja- mais ^un' grand acteur de-l'histoire ait écrit sur 'son-rôle rien de plus naît et de plus poignant. Les ' mots même de « .malheureuse campagne » et.de « gui- gnons » ne choquent pas par leur dis- proportion, car cette disproportion n'é- tait pas visible à ce moment : elle ne l'est que de nos jours, à l'endroit où nous; sommes arrivés.

. C'est une coïncidence presque pathé- tique que celle qui, dans la même se- maine, nous a offert la publication de ces lettres et la session extraordinaire du Conseil municipal au sujet du ravi- taillement de Paris en cas de mobilisa- tion. Le ton de la discussion, qui fut si calme et si brève, si dénuée de forfan- terie comme de crainte, nous permet de comparer les. différences entre deux époques, entre les attitudes de deux générations. Que de fois, depuis quel- ques années, sommes-nous tentés par ce genre de comparaisons!,'Elles s'im- posent invinciblement à chaque alerte nouvelle.

Impossible, en toute justice, de ne pas nous donner l'avantage sur nos aî- nés et de ne pas en ressentir une meil- leure confiance. Ce que nous savons du Paris à la veille de la guerre, lorsque les conséquences en étaient encore « assises sur les genoux des dieux », suivant les termes du poète grec, les innombrables témoignages sur le fameux « Paris de l'Empire '» nous montrent une certaine forme de frivolité que nous ne connais- sons plus. Ce n'était pas seulement l'in- souciance française : il s'y était intro- duit, par le fait de; la prospérité trop rapide et trop aisée, une sorte d'étour- dissement, d'ivresse légère qui dissimu- lait la réalité. Quand les rares sur- vivants de ce temps délicieux nous par- lent encore de la musique d'Offenbach, ils nous surprennent par leur exaltation. Non que cette musique et les admirables fantaisies qu'elle a animées aient perdu leur charme : c'est ce charme qui a perdu toute espèce de signification morale, si l'on peut s'exprimer ainsi. L'esprit, certes, y est resté sensible,' mais à la condition d'un effort. Il faut se livrer à quelques contorsions pour en jouir. Nous n'en tirons plus ce plaisir simple et large, comme naturel, dont le souvenir est de- meuré si fort sur les contemporains. Une Belle Hélène, une Grande Duchesse de Gérolstein sont séparées maintenant de leur atmosphère : elles ont leur va- leur littéraire et artistique qui est consi- dérable, mais elles font un trop dur contraste avec les difficultés présentes de la vie.

Ce. sont ces difficultés et ces risques qui ont fait passer le caractère français de la frivolité dite « de l'Empire », et si parfaitement traduite par l'opérette, aux nuances modernes: Quelles sont-elles? On les aperçoit bien dans certaines cir- constances sérieuses, lorsque, .par ha- sard, la politique est éliminée d'un com- mun accord : dans ce débat, par exemple, sur le ravitaillement de Paris au .moment d'une guerre. Nous savons regarder la réalité en face ; entre elle et nous nous n'interposons plus d'illusions. Savez- vous quelque chose de plus net, de plus tranchant, de plus.contrairé à la manière de 1869 et du début de 1870 que la décla- ration du général Michel, gouverneur militaire de Paris, lors de la réunion du comité du budget au Conseil municipal? Tous les aléas de la guerre sont prévus sans émotion, saris- une appréhension

qui fasse trembler la voix, et surtout | sans défi. Là réside peut-être la princi- pale différence entre le réalisme d'au- jourd'hui et le goût des rêves aimables à réveil tragique dont notre race ne veut plus.

***

Le plaisir même a pris une autre, al- lure, car, malgré notre air, par instant plus sévère, nous ne songeons pas à l'écarter de notre existence. Nous som- mes du pays où l'on sait rire au milieu du danger. Il est excellent que le carna- val s'annonce, cette année, particulière- ment brillant. Bien mieux, nous y as- sisterons à une résurrection, celle des bals de l'Opéra. Je vois que nous allons en avoir deux, dont un le jour de la mi- carême, et que l'Association des direc- teurs a décidé d'y apporter son con- cours.

. Seront-ils brillants? Auront-ils la furie et l'élégance anciennes ? Ce sera' un petit phénomène curieux à observer et qui nous livrera quelques secrets sur nos moeurs. Il est probable que le bal de l'Opéra où dans.les Illusions perdues Lucien de Rubempré ' rencontra la Tor- pille ne se reconstituera pas sous nos yeux en plein Paris de ^914 et je doute qu'André Messager y compte beaucoup. Le dernier, autant qu'il m'en souvient, avait été assez morne. Le boulevard y avait envoyé ses types de noctambules et de noceurs à jamais disparus. Ils avaient cette espèce de gaieté tradition- nelle et cet ensemble de gestes que l'on traduisait par l'expression de « bien pa- risien » et que l'on ne trouve plus guère aujourd'hui qu'en province. Ce soir-là, nos noctambules sentirent que leur temps était révolu et il en résulta une profonde tristesse.

Qui se hasarderait à faire un pronostic sur le prochain bal de l'Opéra? Mais si des gens aussi en contact avec le public que nos directeurs de théâtre se mêlent de l'organiser, c'est que Paris contient de nouveau les éléments indispensables à ces solennités, qui ont besoin de joie. La qualité de cette joie nous apparaîtra évidemment changée. Elle aura,' je pense, un je ne sais quoi de violent, de « modem style », d'étranger, qui nous fera réfléchir.

. Dans la transformation de notre carac- tère, là est le péril. Nous avons une ten- dance à subir, pour le léger autant que pour le grave, la mode venue de l'exté- rieur, au lieu de la créer nôus-même et de savoir l'imposer.

, Alfred Capus.

' t ;.'r

LA VIE DE PARIS

Le Prix d'

Je suis allé hier à Saint-Cloud pour voir des chiens courir le prix d'Annunzio. M. G. d'Annunzio'nourrit une extrême ferveur pour cé sport qu'on appelle vilainement coursing, et qui consiste à lancer de grands lévriers aux trousses d'un lièvre. Ayant donc résolu de l'encourager, il a fait ciseler un vase d'ar- gent semblable à celui qui fut retiré des cen- dres d'une villa de' Pompéi, et que l'on voit au muséë de Naples. IJn hippocampe forme l'anse. Les flancs sont ornés d'une branche de laurier. C'est le plus magnifique des vases. Il devait être donné au propriétaire du lévrier vainqueur de la course. Et M. d'Annunzio avait fait graver sous le socle ces mots latins : Ut veloçius, aptius et acrius (pour plus de vitesse, d'habileté et de fougue).

Dès onze heures, la lutte commença. Elle avait lieu sur l'hippodrome de Saint-Cloud. On amenait les chiens deux par deux à l'entrée du terrain. On leur enlevait leurs paletots, et on les accouplait par une même laisse. Ils frémissaient d'une noble impatience. Il ne s'agissait plus que de lancer le lièvre.

Une cinquantaine' de lièvres, rassemblés dans un; petit parc, se dissimulaient de leur mieux en des gîtes artificiels. On faisait sor- tir une <fe ces innocentes bestioles et un homme sans entrailles la happait avec un fi- let à peu près semblable à celui des chasseurs de papillons. Puis il la lançait dans le champ. La pauvre fuyait aussitôt, les oreilles dres- sées. Et d'affreux gamins, brandissant des drapeaux jaunes, la contraignaient à suivre la ligne droite. Quand elle avait franchi une vingtaine de mètres, un garçon joyeux, vêtu de rouge, découplait les chiens, qui se lan- çaient aussitôt à la poursuite; .

Les premiers lièvres que je vis ne firent pas grande résistance, et se trouvèrent occis avant d'avoir pu atteindre l'extrémité du champ. Mais soudain apparut un grand dia- ble de lièvre, qui déploya une vélocité si grande qu'il put faire trois fois le tour de l'enceinte sans être rejoint. Une certaine le- vrette nommée White Haven faillit tout à coup le saisir. Mais il se déroba, boula, re- partit, et vainement les deux grandes bêtes dé- talaient derrière lui à perte d'haleine. Je me sen- tis une grande amitié pour ce courageux animal, et une dame ayant dit derrière mo'i que ce spectacle la rendait malade, je ne me retins pas de lui jeter un regard de sympathie. Mais elle ajouta incontinent que les pauvres chiens allaient être rompus. Ainsi je compris que c'était eux qu'elle plaignait et non le lièvre- ce qui modifia les sentiments que je lui avais voués imprudemment.

Le brave lièvre lutta de son mieux pendant de longues minutes, et conduisit ses ennemis jusqu'à une haie lontaine. Je n'ai pu voir ce qui se passa en cet endroit secret. On m'a dit qu'enfin l'animal fut rejoint et brutalement étranglé. J'en fus d'abord désolé, mais M. Marcel Boulenger m'expliqua que je plaçais mal ma pitié, et que les lièvres sont les .plus vilaines bêtes du monde. De même que l'homme est un loup pour l'homme, le lièvre est un chien pour le lièvre, et une cruauté effroyable habite son coeur démesuré.

Toutefois, je conserve une grande sympa- thie pour un levraut qui n'avait l'air de rien, et qui mérite d'être appelé l'Ulysse des lièvres. Il se laissa forcer après une toute petite course, et poussa tous les cris qu'il fallait pour laisser croire à ses assassins qu'il était mortellement atteint. Puis il se tut et ne bougea plus. Les valets écartèrent les chiens, et les emmenèrent. Alors, brusquement, le

levraut se leva et fila comme une flèche 1 jusqu'à un champ voisin, ou, je pense, il ] vit tranquille, à l'heure où j'écris. Puisse-t-il atteindre un grand âge et jouir d'une vie que s.a ru?e et son habileté lui conservèrent.

Après maintes courses éliminatoires, deux levrettes seulement demeurèrent en présence. C'étaient Hayesland, à M. Lazard,!et Delavan, à Mme J. Hubin. Delavan l'emporta, à la fin d'une randonnée où un. vieux matois de lièvre lui donna beaucoup de mal. Mme Hubin, qui a le plus délicat et le plus charmant visage, reçut donc la coupe des propres mains de M. d'Annunzio, lequel l'embrassa galamment. Et on versa du Champagne dans ce vase pré- cieux. M. Henri de Régnier avait assisté à cette course. Il plaignait beaucoup les lièvres. Un jeune homme lui affirma qu'ils ne souf- fraient nullement.

- Pourquoi crient-ils ? demanda quelqu'un.

- Parce que c'est dans leur nature de crier, répondit sans trouble ce jeune homme intré- pide.

Louis Latzarus.

Echos

£. Température

Temps humide, ciel entièrement couvert, menaces de pluie. Tel est le bilan de la jour- née d'hier dimanche. La température, bien supérieure à la normale, a été de n° le ma-, tin et 13°5 le soir. La pression barométrique,' qui décroît lentement, accusait à midi 764mm5.

Le vent est très fort du sud-ouest, avec mer houleuse ou grosse sur nos côtes de la Man- che et de la Bretagne ; il est faible du sud- est en Gascogne, de l'est en Provence.

Des pluies sont tombées dans le nord et l'ouest de l'Europe.

La vague de froid continue à sévir sur tou- tes les cotes de l'Atlantique. Le nombre des victimes, dans la seule ville de New-York, s'élève jusqu'à présent à dix-huit.

Pourvu qu'elle ne vienne pas jusqu'à nous î

En France, un temps doux et pluvieux reste probable dans le Nord et l'Ouest.

(La température du 15 février 1913 était, à Paris : le matin, au-dessous de zéro ; le" soir, 6°5. Baromètre, 768mm. Belle journée.)

Monte-Carlo. - Température prise sur la terrasse du Casino de Monte-Carlo : à dix heures du matin, 26°; à midi, 30°. Temps splendide.

Du New York Herald :

A New-York : Beau. Température : max., - 2°7 ; min., - 10°5.Vent nord-ouest. - A Londres : Nuageux. Température : max., i2°8 ; min., 9°4. Vent sud-ouest. - A Berlin :. Température (à midi) : io°.

tes Courses

" 'Aujourd'hui, à deux heures, Courses à Vincennes (trot). - Gagnants du Figaro :

Prix Bàyard : Jitomir ; Kara (B).

Prix de Domfront : Kiel Ville ; Kinsacaise.

Prix Polka : Kosciuszko ; Jean Qui Rit.

Prix du Plateau : Eric Rousseau; Jaculor II.

Prix Reynolds : Iris (D) ; Jarnac.

Prix de La Varenne : Karr ; Kydia.

Prix Beaugè : Junon ; Juarez.

UNE FÉCONDE JOURNÉE

Le triomphe de M. Briand et de

M. Barthou dans la chaude et fé- conde journée d'hier est une terrible leçon pour ceux qui avaient préparé les misérables sifflets du Havre et qui guet- taient, embusqués, très loin du danger, l'accident suggéré vainement par eux à quelques pauvres diables mal rétribués pour une besogne ingrate ou à quelques inconscients enivrés de mensonges et de surenchères.

En dépit de la manifestation préparée et des sifflets imitant les cris d'oiseaux qui donnaient, suivant la spirituelle ex- pression de M. Barthou, l'illusion d'un printemps précoce, le voyage a cons- tamment conservé le caractère trîom- phal qu'il- méritait ; et c'est en voilure" découverte, sans redouter un seul ins- tant les jets de pierres de quelques im- béciles, que les deux anciens ministres ont accompli, au milieu des ovations enthousiates d'une foule vengeresse, la mission confiée par la Fédération répu- blicaine.

A cette heure si importante pour nous tous, les deux ministres acclamés dans cette immense ville de commerce et de travail, ne représentaient pas seulement les éclatants services que l'un et l'autre, en des temps si difficiles, ont eu l'hon- neur et la joie de rendre à leur pays : ils apparaissaient comme les reconstruc- teurs d'ordre au milieu du gâchis ; ils interprétaient, avec la splendide élo- quence que donnent le courage et la foi, le cri de tout ce qui s'inquiète, de tout ce qui souffre, de tout ce qui veut vivre et survivre chez nous. C'est la parole nationale qu'ils venaient faire entendre malgré les protestations intolérantes de ceux qui considèrent la discussion comme une offense ; et c'est la France elle-même qui, avec ces deux envoyés, et par eux, a triomphé.

Ce succès d'heureux augure relève les coeurs.

celui qui depuis deux mois a saisi' dans la colère le fardeau passager d'un pouvoir haineux, celui qui gouverne sans courtoisie dans la rancune des amitiés de la veille, dans la recherche incessante des combinaisons d'affaires, dans la servitude quotidienne d'alliés ! qu'il fnéprise, n'ayant en vue que de doubler le cap des élections perver- | ties pour appliquer alors sans frein, sa politique fiscale inquisitoriale et j vexatoire, et pour détruire, selon sa cri- 1 minelle promesse, la loi de trois ans, au risque de nous entraîner dans un abîme i de malheurs, celui-là est dès maintenant : condamné par les réunions du Havre, de Bordeaux, de Saint-Etienne, parles discours du Sénat, par les protestations de toutes les Chambres de commerce, de tous les comités d'agriculture, de tous les syndicats d'industrie, par tous et partout.

C'est le soulèvëment du bon sens pu- blic.

Plaignons donc l'homme qui a cher-

chê à répandre encore un peu' dte bruit avec quelques sifflets. Le pressentiment du désastre rend percluse l'âme impuis- sante, - Gaston CALMETTE. ,

A Travers Paris

Il paraît que la manie ombrageuse des expulsions, excommunications et châti- ments divers n'est pas une spécialité de nos socialistes : elle sévit pareillement chez les socialistes transalpins.

A Rome, le député Labriola, socialiste indépendant, conquit, dès son élection, la sympathie des ' socialistes officiels. Bien entendu!... Leurs statistiques-en profitaient; et ils étaient fort heureux de compter un socialiste de plus au Parle- ment : ils l'eurent bientôt revendiqué, comme un frère.

Puis, voici que le député Labriola n'a pas craint de.faire un discours. Il se croyait indépendant : il a bien vu qu'il l'était, à sa guise, non au goût de ses frères nouveaux. L'on traitait, à la Chambre italienne, de la guerre afri- caine. Et le citoyen Labriola commit la généreuse imprudence d'approuver, comme un bon patriote, cette expédition coloniale. Même, il insista et fit otoserver que les résultats de cette initiative, très .-bons assurément pour les bourgeois, profitaient plus encore au prolétariat d'Italie.

Les socialistes, indignés, se. turent. Après la séance, ils tinrent une réunion du parti. Le citoyen Labriola fut excom- munié solennellement, - pour pa- triotisme; - et il fut même traité de « Briand » : c'est flatteur pour le citoyen Labriola, et, vu le motif, c'est également flatteur pour notre compatriote.

Le socialisme serait-il si international, en vérité, qu'il portât partout sa folie et que ni les conjonctures ni les climats n'y pussent rien ?...

Dans le petit cimetière de La Celle- Saint-Cloud, la tombe de Paul Dérou- lède disparaissait sous les fleurs.

Mais un hommage nouveau et partir culièrement touchant a été rendu hier à la mémoire du grand patriote.

Venus de Strasbourg, des jeunes sens se sont rendus en groupe à La Celle- S aint-Cloud avec une couronne d'im- mortelles autour de laquelle s'enroulait un large ruban noir et blanc portant cette inscription : « A Paul Déroulède, un groupe de jeunes annexés de Stras- bourg. » -

, lift ont déposé cette couronne sur la tombe simplement, sont demeurés quel- qués instants profondément recueillis, puis sont rentres à Paris.

Dans' la soirée, ils repartaient pour l'Alsace. i

Ne pourrait-on trouver dans le budget quelques crédits pour la restauration du palais de Trianon ?

Cette restauration, en vérité, paraît urgente. La remarque peut échapper au visiteur qui passe et que distrait la beauté de l'ensemble formé par le palais et les admirables jardins étendus devant ses terrasses, mais elle frappe quiconque ne se contente pas de voir et regarde.

Les pilastres de marbre rose sont ron- gés par de très anciennes végétations qu'on laisse croître à plaisir, des portes- fenêtres que ne protègent plus la pein- ture semblent vermoulues, les dalles des terrasses sont déchaussées et leurs fer- ronneries rouillées.

Devant cette négligence d'entretien et, disons le mot, devant cette pauvreté, on est confondu que l'Etat: ne puisse assu- rer aux merveilles qui lui ont été léguées là belle tenue qu'on admire ailleurs, à Chantilly, par exemple.

JSt si l'on songe aux nombreux étran- gers qui visitent Versailles, on éprouve quelque honte.

L'Association des infirmières visi- teuses.

On nous communique quelques ren- seignements complémentaires sur la réunion dont nous avons parlé hier et où a été constituée l'Association des in- firmières, visiteuses.

L'article 2 des statuts porte que : l'Association se composera d'infirmières diplômées, laïques ou religieuses, des écoles de l'Assistance publique, des éco- les de la Croix-Rouge ou d'autres écoles encore.

Les infirmières visiteuses, sans avoir à passer de nouvel examen, suivront des cours organisés par des médecins praticiens et recevront du corps médical des instructions leur enseignant les soins à donner à domicile et les mesures à prendre ou à recommander aux mala- des eux-mêmes en vue de combattre la contagion des maladies.

Elles visiteront les malades qui leur seront indiqués non seulement par les services hospitaliers, mais par les dis- pensaires privés, par les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul et par toutes au- tres sociétés s'occupant des pauvres et des malades.

. Ainsi la bienfaisance privée prêtera son concours indépendant à l'Assistance publique, et de la combinaison de ces efforts on peut attendre les plus heureux résultats dans la lutte contre les mala- dies contagieuses et en particulier contre la tuberculose.

On nous communique également les quélques mots par lesquels la comtesse d'Haussonville, qui avait été invitée, ainsi que Mme Pérouse, à ouvrir la réu- nion et qui a été nommée présidente d'honneur, a terminé son émouvante et gracieuse allocution :

Je ne suis ici, aujourd'hui, qu'en atten- dant votre choix d'une présidente active et pouvant entièrement se donner à votre oeuvre. Je viens seulement vous dire mes voeux pour que Dieu donne longue et belle vie à cette oeu- vre, si, comme je l'espère, toutes les ouvrières, à quelque école qu'elles appartiennent, y ap- portent un esprit de charité. Le mot est

vieilli, dit-on, mais étant vieille moi-même, je n'en connais pas qui rende mieux notre désir ' et notre volonté de bien faire, notre union dans" 1^ dévouement et notre amour commun pour les misères humaines.

Nous n'aurons ' qu'à nous inspirer de l'exemple des diverses congrégations qui, depuis des années, soignent et toujours soi- gneront les pauvres malades dans leurs tristes demeures.

On sait avec quelle autorité et quel dévouement M. Emile Loubet, président de la Fondation Carnegie, administre cette oeuvre de haute philanthropie. L'ancien Président de la République vient d'adresser au ministre de l'inté- rieur le rapport où il rend compte des travaux de la Fondation en 1913.

Deux cents dossiers y ont été exami- nés ; vingt seulement ont été éliminés. La commission a décerné 161 médailles pour actes de courage. Les récompenses pécuniaires ont été, comme toujours, de trois sortes : il y a eu. 139 allocations une fois données, variant de 100 à 10,000 francs, selon l'acte accompli et la con- dition matérielle de l'intéressé ; 19 allo- cations, de 100 à 500 francs, annuelles et renouvelables, accordées le plus souvent aux ascendants; aux veuves, aux enfants de ceux dont les actes d'héroïsme avaient été signalés à la commission; enfin, 15 livrets de caisse ^d'épargne, de 100 à 500 francs, délivrés a des enfants.

Au total, la Fondation a distribué (nous donnons des chiffres ronds) 65,000 francs en allocations « une fois don- nées » ; 18,000 francs en allocations re- nouvelables ; 7,150 francs en livrets de caisse d'épargne.

La Fondation Carnegie a distribué, depuis qu'elle existe, près de 320,000 francs ! /

Ce sont des travailleurs de la mine que le « Fonds des héros » a, l'année der- nière, principalement récompensés. Sur 100 adultes, ils furent 36. Les héros de la mer furent 27, et l'on compte à côté d'eux 19 employés de-chemins de fer, 11 militaires et 7 médecins.

On sait que, parmi les bénéficiaires des récompenses delà Fondation, figure toujours un certain .nombre d'ado- lescents ou même d'enfants. Aux mieux doués de . ces protégés, la Fondation fournit, en dehors des dons d'argent, le moyen de continuer leurs études; elle fait d'eux,, véritablement, ses pupilles.

La Fondation Carnegie est une des oeuvres les plus nobles dont puisse s'ho- norer,notre temps. .

. Au théàtre des Variétés, les Merveil- leuses viennent de réaliser en trente jours, plug de' deux tient vingt mille francs de recettes, - et- cela malgré ia suppression des soixante fauteuils dont la place est occupée par l'excellent or- chestre du maëstro Emile Lassailly.

Il y avait plusieurs années que M. Samuel n'avait monté d'opérette. Et pour celle-là il a fait des folies. Il adonné aux Merveilleuses une distribution vrai- ment admirable: Brasseur, Guy, Prince et Galipaux, ce quatuor extraordinaire de comiques; Méaly, Jeanne Saulier, Mary Perret et Marthe Régnier, ces exquises chanteuses et comédiennes ; enfin, *le ténor Fabert, acclamé chaque soir dans le récit chanté de la bataille de Rivoli. ' Une véritable constellation, qui brille aux., cieux d'apothéose, peints par le maître Amable pour le maître Victorien Sardou.

En une plaquette, ravissante par la composition et l'exécution, la Société des Automobiles Peugeot a résumé de la façon la plus intéressante et la plus instructive les exploits accomplis et les retentissants succès obtenus dans le monde entier par les automobiles Peu- geot. ?-

Cette tout à fait belle plaquette est gracieusement mise, par la Société Peu- geot, à la disposition de nos lecteurs.

Aujourd'hui, à l'Hôtel Drouot, salles 9 et 10, M° Lair-Dubreuil dirigera la pre- mière vacation de la vente des joyaux appartenant à Mme S... Il sera assisté des experts Falize, anciens joailliers de la couronne de France. La vacation comprend tous les numéros impairs.

Nouvelles à la Main

- Dans les écoles de Tanger on n'a pas de bancs.

- Notre domination serait-elle donc si mal assise?

Le Masque de Fer.

Souscription au monument Paul Déroulède

Nous avons reçu au Figaro pour le monument à élever à Déroulède :

M. G. Poulenc Fr. 100 »

M. A. Basire (Twickenham) 100 »

MM. Ferdinand Meyer et Louis d'Hurcourt,-fondateurs du jour- nal le Drapeau 100 »

Mme Mantin aîné 50 »

M. et Mme Maurice Billois....... 20 »

M. Ernest-Albert Glandaz 20 »

M. Jules Truffier 20 »

M. O. de la Mazelière 20 »

Comte de Rouville... 40 »

M. Pierre Contant 20 »

Total... Fr. 490 »

Listes précédentes....Fr. 1.410 »

Total général... Fr. 1.900 »

Nous transmettrons ces sommes à la Ligue des Patriotes.

Voir à la f page :

PLUS PENSER QUE DIRE

roman écrit pour les lecteurs du FIGARO par ANGEL FLORY

La réunion du Havre

(PAR DÉPÈCHE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL) Le Havre, 15.février.

La réunion a eu lieu. Elle fut magni- fique.

M. Meyer - le bouillant caillautiste havrais - a fait des économies. Il a en- gagé au rabais quelqués nègres, quel- ques gamins et quelques chômeurs - que M. Barthou a spirituellement appelé les oiseaux du port-et cela faisait envi- ron deux ou.trois cents manifestants.

Disséminés au milieu d'une popula- tion très sympathique et très nombrèuse qui attendait à la gare MM. Briand, Bar- thou, Chéron et leurs amis, ils ont à peine donné' l'illusion d'une manifesta- tion hostile. Et, cependant, ils s'effor- çaient. Armés de sifflets stridents, ils ont merveilleusement obéi au mot. d'ordre qui leur avait été d onnë

A peine le train dé Paris entrait-il en, gare du Havre que.la musique commen- çait. Groupés sur les trottoirs et mêlés à la foule, les « oiseaux du port » font rage. Ils ne s'arrêtent.de siffler que pour hurler : « A bas Briand ! A bas Bar- thou ! » cependant qu'une immense ac- clamation dë la foure, dé la vraie foule, leur répond. On agite des chapeaux," des mouchoirs, et on répond aux cris hosti- lespar les cris nourris dé : « Vive Briand ! Vive Barthou ! Vive la République ! »

Des automobiles attendent les invités de la municipalité républicaine du Havre. Comme le: temps est menaçant, ces au- tomobiles sont couvertes. Mais MM. Bar- thou et Briand ne veulent pas entrer au Havre en se dissimulant dans une limou- sine bien close. Ils réclament une voi- ture découverte : ils veulent que les ma- nifestants voient "bien qu'ils ne redou- tent ni leurs clameurs, ni leurs sifflets: On se met à la recherche de la voiture réclamée et cela prènd quelques minutes pendant lesquelles, la manifestation est assez violente. Des poussées se produi- sent. Mais le préfet, plein de sollicitude, a mobilisé la gendarmerie à cheval et.la police, qui contiennent la foule, sans grand peine du reste. 11 faut dire qu'elle résiste très bien aux frénétiques qui veulent l'entraîner.

MM. Briand et Barthou, avec quel- ques membres de la municipalité ha- vraise et les organisateurs de la réunion ont enfin.pris place dans l'automobile découverte.. Lentement la voiture se met en route et prend le boulevard de Stras- bourg. -V'

Les sifflets et les acclimations, .se confondent'.. Les manifestants" rqippent lecordon d'agents et s'élancent à la pour- suite de l'automobile. Les gendarmes lui font escorte et à un certain moment on se demande, en présence des vivats qui répondent aux sifflets si la popula- tion havraise n'acclame pas des minis- tres reçus avec sympathie par de bons citoyens.

Pendant le trajet qui sépare la gare de l'hôtel, où doit avoir lieu le banquet offert aux conférenciers par le comité .de l'Union des . gauches, une . foule -très dense, à laquelle peu de manifestants hostiles sont mêlés, acclame MM. Briand et Barthou. Cependant, quelques isolés risquent des cris discordants, et une pierre même vient frapper la'voiture dans laquelle les anciens ministres ont pris place.

Devant l'hôtel, lès organisateurs du charivari ont posté quelques débardeurs. Rejoints bientôt par les manifestants de la gare, ils se groupent de nouveau, et le petit concert recommence.

Cela dure un quart d'heure.

Une pluie fine et serrée tombe main- tenant et vient en aide aux gendarmes qui n'ont aucune peine à deblayer les trottoirs encombrés. Une petite prome- nade au pas suffit pour disperser tout .ee joli monde.

Il est midi. Les manifestants.qui ont- consciencieusement gagné la moitié de leur salaire vont déjeuner.

Tout cela n'a pas été bien grave et si, rue de Valois, on escomptait une jour- née, ce doux espoir aura été déçu.

La population havraise n'a pas rendu, elle ne s'est pas une minute associée auxprotestations des malheureux qui pour gagner quarante sous ont prêté leurs concours aux partisans de M. Cail- laux.

Le banquet

Une centaine de convives ont assisté au banquet offert par les membres du comité de l'Union des gauches, à MM. Barthou, Briand et Chéron.

M. Vigné, président du comité a, au dessert, souhaité la bienvenue aux deux anciens présidents du Conseil et les a cordialement remerciés d'avoir accepté son invitation. Il a rappelé, dans cette improvisation très applaudie, les servi- ces rendus au port du Havre par M. Bar- thou qui fit voter, comme ministre des travaux publics, le projet d'agrandisse- ment du port.

Dans une allocution très spirituelle et vigoureusement applaudie, M. Barthou, après avoir remercié M. Vigné, M. Jules Siegfried et ses amis de leur si cordial accueil, ajoute :

Nous n'avons pas, dit-il, à nous plaindre des manifestations qui ont accueilli notre venue. Les dockers nous ont donné l'impres- sion anticipée de frémissement, de gazouille- ment d'un printemps précoce. Nous ne sau- rions leur en garder rancune. Une seule chose nous étonne : c'est que ceux qui ont organisé cette manifestation et qui se donnent comme des amis du peuple n aient pas su aujour- d'hui en respecter le repos hebdomadaire. (Rires et applaudissements.)

Le ministère a pris des mesures dont la discrétion nous a touchés. Nous devons lui en marquer notre gratitude.

Les instructions du ministre de l'intérieur, exécutées par le sous-préfet du Havre, nous ont entoures d'un apparat militaire qui nous a rappelé les prescriptions du décret de Mes- sidor. C'est un hommage rendu sans doute aux fonctions que nous exercions hier ou. un signe d'espérance en prévision des fonctions